HISTOIRE ROMAINE

SECONDE PARTIE. — RÉPUBLlQUE

CHAPITRE XIX.

 

 

AU moment où Pompée revenait triompher à Rome, la République se divisait en deux grands partis. L’un, suivant le plan des Gracches, essayait de constituer un état démocratique avec un chef populaire, l’autre, d’après l’exemple de Sulla, voulait fonder un état aristocratique avec un dictateur. Entre les deux flottait une masse d’esprits hésitants, prêts à se rallier au parti qui allait dominer. Au-dessous, la foule, qui se meut par sentiment plutôt que par calcul, s’habituait à considérer la concentration des pouvoirs dans une seule main comme l’unique moyen de gouvernement. Avant que César révélât son génie, ce chef absolu se personnifiait dans Pompée, couvert de gloire, tout-puissant, mais modéré et observateur des formes légales, affable, prévenant, sans hauteur dédaigneuse dans les plis de sa robe de triomphateur.

Telle fut la grandeur de ce triomphe, dit Plutarque, que, bien que divisé en deux jours, le temps n’y put suffire. En tête on portait des écriteaux où l’on voyait les noms des nations conquises : c’étaient le Pont, l’Arménie, la Cappadoce, la Paphlagonie, la Médie, la Colchide, les Ibères, les Albaniens, la Syrie, la Cilicie, la Mésopotamie, la Phénicie, la Palestine, la Judée, l’Arabie, tous les pirates pris sur terre et sur mer. On y lisait que Pompée avait pris mille forteresses et près de neuf cents villes, enlevé aux pirates huit cents vaisseaux, et colonisé trente-neuf villes. Les écriteaux disaient encore que les revenus publics, qui n’étaient que de cinq mille myriades (cinquante millions), avaient été portés par Pompée à huit mille cinq cents myriades (quatre-vingt un millions cinq cent mille francs) ; qu’il avait versé dans le trésor public, soit en numéraire, soit en objets d’argent et d’or, vingt mille talents (cent vingt millions), sans compter ce qu’il avait donné à ses soldats, dont le moins payé avait reçu, pour sa part, quinze cents drachmes (quinze cents francs). Les prisonniers menés en triomphe étaient, outre les chefs des pirates, le fils de Tigrane l’Arménien avec sa femme et sa fille ; Zozime, femme du roi Tigrane lui-même ; Aristobule, roi des Juifs ; une sœur et cinq enfants de Mithridate ; des femmes scythes, des otages des Albaniens, des Ibères et du roi de la Commagène. Joignez-y de nombreux trophées, en quantité égale à toutes les batailles gagnées par lui-même ou par ses lieutenants. Mais ce qui mettait le comble à sa gloire, ce qui n’était jamais arrivé à aucun Romain, il triomphait en troisième lieu de la troisième partie du monde. Il y en avait eu déjà d’autres qui avaient triomphé trois fois ; mais Pompée après avoir triomphé la première fois de la Libye et la seconde de l’Europe, semblait en triomphant cette dernière fois de l’Asie, triompher, après ses trois triomphes, de toute la terre habitée (61).

A côté de Pompée, d’autres acteurs entrent en scène, et jouent un rôle important dans le grand drame que présente alors l’histoire de Rome.

Compatriote de Marius, né comme lui près à Arpinum, Marcus Tullius Cicéron, vaste intelligence, mais caractère plus souple que résolu, est le type de l’homme nouveau et moyen, vaniteux et loyal, ami sincère de la liberté, mais ne sachant point agir pour la défendre. Son père lui fait donner des leçons par les maîtres les plus célèbres, entre autres par le poète Archias ; Une forte éducation développe ainsi cette riche nature. Eloquence, poésie, jurisprudence, philosophie, merveilleuse facilité épistolaire, goûts artistiques, tout contribue à le faire briller au premier rang. A vingt-six ans, il débute au barreau (81) par un plaidoyer en faveur de P. Quintius, sur une question de possession de biens. L’année suivante, il défend Sextus Roscius d’Améric, accusé de parricide par Chrysogonus, affranchi favori de Sulla. Le gain de cause qu’il obtient lui faisant redouter la vengeance du dictateur, il passe en Grèce pour y compléter ses études. A Athènes ; il se lie avec Pomponius Atticus d’une amitié qui dure jusqu’à sa mort, et à Rhodes il suit les leçons du rhéteur Apollonius Molon. De retour à Rome, il parait sur la place publique comme orateur et acquiert une grande renommée. Nommé questeur en Sicile, il est choisi, après son départ de Lilybée, par les chevaliers romains, les Italiens et les. Grecs en Sicile pour plaider contre le préteur Verrès coupable d’exactions, de violences, de spoliations et de vols sacrilèges dans la province qu’il avait mission de gouverner.

Faire le procès à un des nobles, c’était le faire à presque toute la noblesse. Afin d’éviter le scandale, les sénateurs qui composaient le tribunal se hâtent de condamner Verrès après l’audition des témoins. Il est frappé d’une amende de sept cent cinquante mille drachmes, faible compensation des dix millions qu’il avait volés et il part volontairement en exil. Les éloquentes invectives que Cicéron avait préparées contre lui ne furent pas perdues : il les publia et elles furent lues avec un empressement funeste à la noblesse.

Pompée, aidé de Crassus, profite de ce mouvement de l’opinion pour ôter aux sénateurs le privilège exclusif de la judicature et le leur faire partager avec les chevaliers et les tribuns. Cicéron continue sa marche vers les plus hautes magistratures. Edile curule, puis préteur, il appuie de son éloquence la loi Manilia qui confère à Pompée le commandement de la guerre contre Mithridate, et arrive deux ans plus tard au consulat (63).

Les ménagements, que la politique de Pompée gardait vis-à-vis du parti populaire, laissaient le champ libre aux entreprises les plus audacieuses et les plus criminelles. Des hommes appartenant aux familles patriciennes, mais criblés de dettes ou perdus de débauche, Lentulus, Cornelius, Cethegus et d’autres encore, forment le complot de tuer les consuls, d’incendier Rome, de renverser la constitution, de s’emparer du pouvoir et d’instituer une dictature militaire. Ces élégants, à la barbe et aux cheveux parfumés, à la parure recherchée, sont tout prêts à rétablir les proscriptions, la confiscation, l’abolition des créances et à se jeter comme des brigands sur la société civile. Le chef le plus pervers de cette bande perverse était Lucius Sergius Catilina. Doué d’énergie, d’intelligence et de talent militaire, mais dépravé par des passions basses, une cupidité sans bornes et une ambition monstrueuse, souillé de crimes, plein de haines pour tout ce qui était au-dessus de lui, son visage pale, son regard égaré, sa marche tantôt lente, tantôt précipitée trahissaient les agitations et les troubles de son âme. Son ascendant réunit autour de lui quatre ou cinq cents hommes déterminés, chevaliers, patriciens, vétérans de Sulla, citoyens notables de villes alliées. Il essaie de se faire nommer consul ; mais Cicéron, élu avec Antonins, est instruit de toutes ces menées. Il convoque le sénat dans le temple de la Concorde et lui apprend que, le cinquième jour dis kalendes de novembre, un soulèvement doit avoir lieu en Étrurie ; le lendemain une émeute éclatera dans Rome ; la vie des consuls est menacée des amas d’armes de guerre et des tentatives pour embaucher les gladiateurs indiquent des projets effrayants. Catilina, interpellé par le consul, s’écrie que la tyrannie de quelques-uns, leur avarice, leur inhumanité sont les seuls dangers qui menacent la République. Le peuple romain, dit-il, est un corps robuste, mais sans tête ; je serai cette tête. Il sort, laissant le sénat indécis et tremblant. Une seconde tentative pour arriver au consulat ne réussit pas mieux à Catilina que la première. Les conjurés songent à recourir à la force et à exécuter leur projet. Les agents secrets de Cicéron, hommes et femmes, le tiennent heure par heure au courant de tous les mouvements des conjurés. Le consul, menacé d’assassinat, met une cuirasse, s’entoure d’amis dévoués et redouble de vigilance.

Catilina réunit alors ses complices dans la nuit du 6 au 7 novembre chez Porcius Læca, et leur distribue les rôles. Cicéron rassemble les sénateurs dans le temple de Jupiter Stator et prononce ses premières catilinaires. Le conspirateur, chargé d’imprécations, est obligé de sortir du sénat, mais il lance, en partant, ces paroles sinistres : Vous allumez un incendie contre moi, je l’éteindrai sous des ruines ! Un grand mouvement agite alors l’Italie : on court aux armes, on se forme en bandes compactes et résolues : on fait appel aux esclaves. A Rome, les conjurés cherchent à entraîner dans leur parti, les députés des Allobroges, qui étaient venus prier leur patron Fabius Sanga d’obtenir pour eux une allégeance d’impôts. Nombre de personnes connaissaient la conspiration. Ni César, ni Crassus n’y étaient étrangers. Comment Cicéron n’aurait-il pas eu de sûrs indices ? Au moment où les députés des Allobroges quittent Rome, on les arrête au Pont Milvius : on saisit sur eux des preuves incontestables de leur complicité. Le sénat réuni par le consul, le 3 décembre 62, dans le temple de la Concorde, cite devant lui les conjurés. Lentulus, Cethegus, Gabinius, Cæparius et Statilius sont convaincus du crime et gardés à vue dans la maison de magistrats désignés à cette effet. Cicéron instruit le peuple de ces faits dans sa troisième catilinaire. Comme on redoute une tentative violente pour la délivrance des prisonniers, le sénat est de nouveau convoqué, le 5 décembre. Silanus demande l’application du dernier supplice : Jules César requiert la prison perpétuelle et la confiscation des biens ; mais Cicéron et Caton soutiennent la requête de Silanus. Les conjurés sont conduits dans le Tullianum et étranglés à la lueur des torches par la main du bourreau. Le soir, quand on demande au consul ce que sont devenus les prisonniers : Ils ont vécu, répond-il. A la nouvelle de cette exécution, une grande partie des conjurés abandonnent Catilina. L’occupation des défilés des Apennins par Metellus Celer empêche le chef des conjurés de pénétrer de l’Étrurie dans la Gaule italienne. L’armée consulaire se hâte de marcher sur lui. Antonius, dont on n’était pas très sûr, est remplacé par Petreius. La rencontre a lieu dans une vallée étroite, fermée par des rochers, près de Pistoria (Pistoia). La résolution et la bravoure des soldats de Catilina et de son lieutenant Mallius auraient été dignes d’une meilleure cause. On laisse le javelot pour s’attaquer à l’épée, corps à corps ; mais, malgré leur valeur, les conjurés sont défaits. Lorsque Catilina, dit Salluste, voit ses troupes dispersées, et que seul il survit avec un petit nombre des siens, il se précipite dans les rangs les plus épais de l’ennemi et succombe en combattant. On le trouva bien loin de sa troupe au milieu des cadavres des ennemis : il respirait encore et ce courage féroce, qui l’avait animé pendant sa vie, demeurait empreint sur son visage (6 janvier 63). Sa tête coupée est envoyée à Rome.

L’enthousiasme des vainqueurs est à son comble. Cicéron, salué du nom de Père de ta patrie, s’abandonne à son penchant pour la gloire, invite les poètes et les historiens à célébrer son consulat, le célèbre lui-même, et s’écrie : Que les armes cèdent à la toge, et le laurier des combats aux trophées de la parole ! Il se figurait avec trop de complaisance que lui seul avait anéanti le parti de Catilina. Le tribun Metellus Nepos, créature de Pompée, le rappelle au sentiment plus humble de la stricte équité. Cicéron voulait haranguer le peuple pour justifier et glorifier sa conduite ; Metellus lui dit : L’homme qui n’a pas permis aux accusés de se défendre n’a pas le droit de se défendre à son tour ; et il lui ordonne de se borner au serment d’usage qu’il n’avait rien fait de contraire aux lois. Une heureuse inspiration dicte à Cicéron cette fière réponse : Je jure que j’ai sauvé la République ! Caton et les assistants applaudissent, mais on comprend qu’un jour peut venir où suivant le mot de César, on oubliera les fautes des plus grands criminels pour ne se souvenir que de la sévérité outrée du châtiment.

A son retour d’Asie, Pompée trouve Rome encore toute frémissante de la crise qu’elle venait de traverser. Deux hommes s’étaient fait remarquer dans la délibération relative au sort des conjurés, Jules César et Caton le jeune : on commençait à sentir leur influence dans l’Etat. Issu d’une famille qui prétendait remonter à Iules ou Jules, fils d’Enée, descendant de Vénus et d’Anchise, Jules César était fils du préteur C. J. Cæsar, mort subitement à Pise, et d’Aurelia d’une illustre famille plébéienne. Par sa tante Julia, il était neveu de Marins. Sa merveilleuse intelligence, sa mémoire, son talent oratoire annonçaient le génie. L’éducation avait fait de lui un des hommes les plus distingués de son temps, avant qu’il fût un grand homme. Lettres, sciences, arts, connaissance approfondie de la langue grecque et de la langue latine, rien ne lui était étranger. A ces avantages, il joignait un extérieur remarquable, taille élevée, membres bien proportionnés, yeux noirs, regard pénétrant, teint pâle, nez droit et assez fort, bouche petite et régulière avec les lèvres un peu grosses. Il avait la voix sonore et vibrante, excellait dans tous les exercices du corps, marchant tête nue sous la pluie ou sous le soleil, alliant l’élégance des formes qui plaît à l’énergie du caractère qui impose. Au moment où Sulla s’empare de la dictature, César, âgé de dix-huit ans attire à lui les regards par son nom, son esprit, ses manières affables. Fiancé à Cossutia, fille d’un riche chevalier, il se dégage de sa parole, et épouse Cornelia, fille de Cinna, ancien collègue de Marius. Il eut d’elle Julia, qui fut la femme de Pompée. Sulla n’aimait pas César. Il veut lui faire répudier Cornelia : César refuse obstinément et s’exile dans la Sabine afin d’échapper à la colère du dictateur. Des amis s’interposent pour obtenir son pardon, alléguant sa jeunesse : a Je vous l’accorde, dit Sulla, mais dans cet enfant je vois plusieurs Marius. n Pont- plus de sûreté, César se réfugie en Asie. C’est alors qu’il tombe entre les mains des pirates et qu’il leur fait payer cher sa captivité. De retour à Rome, après la mort de Sulla, il emploie toute son habileté et toutes ses richesses à gagner la faveur du peuple, prend son logis dans la Subura, relève, en sa qualité d’édile, les trophées et les Victoires de Marius qui gisaient à terre dans le Capitole, donne des jeux brillants, favorise, questeur, les colonies latines, intente un procès à Dolabella pour ses exactions en Macédoine, et se fait ainsi bien venir non seulement des. Romains, mais des étrangers. Il était, comme on l’a dit, en bien et en mal, l’homme de l’humanité.

Caton est l’homme de la loi. Tandis que César réclame pour les complices de Catilina une peine moins sévère, Caton vote la mort. Arrière-petit-fils de Caton le Censeur, et surnommé Uticensis, parce qu’il se tue à Utique, Caton, dès sa première enfance, avait perdu son père et sa mère. Il est élevé dans la maison de son oncle maternel, Livius Drusus, avec son frère Cæpion et sa sœur Porcia. Caractère -inflexible, difficile à s’émouvoir jusqu’au sourire, lent à apprendre, mais gardant bien la chose apprise, âpre et rude à la flatterie, il incline de bonne heure au stoïcisme et affecte même quelques-unes des allures de Diogène. Son âme imployable se révèle dès son enfance. Conduit, à quatorze ans, dans la maison de Sulla par son pédagogue Sarpédon, il voit emporter les têtes sanglantes d’illustres personnages victimes de la proscription. Pourquoi, demande-t-il à son maître, personne ne tue-t-il le monstre qui ordonne ces horreurs ?On a peur de lui. — Alors donne-moi une épée, je le tuerai, moi, et je délivrerai ma patrie de l’esclavage. Quelques années après, il était le chef respecté du sénat et de l’aristocratie.

Bien que Crassus ait toujours repoussé comme une calomnie le bruit qui le représentait de connivence avec Catilina, on ne peut douter qu’il n’ait eu connaissance de la conjuration, et que, de toute manière, il ne songeât à en profiter. A la faveur des proscriptions de Sulla, le vainqueur de Spartacus avait porté sa fortune de trois cents talents à sept mille (trente-cinq millions). Il s’imaginait finir tôt ou tard par acheter Rome. Orateur habile comme son parent Licinius Crassus que loue Cicéron, il avait surtout pour passion dominante l’argent, en vue duquel il eût remué ciel et terre et qui fut plus tard la cause de sa perte. Il achetait des multitudes d’esclaves, et, pour les revendre avec bénéfice, il les dressait aux métiers lucratifs, exploitait des mines d’argent, faisait valoir des fermes, spéculait sur le blé, sur des terrains, et construisait des maisons, dont il tirait de gros loyers. Honoré de l’ovation pour avoir défait Spartacus, il est consul avec Pompée en 70, traite la populace dans un banquet de dix mille tables et donne à chaque citoyen du blé pour trois mois. Tels sont les hommes, qui, à l’exception de Caton, aspiraient au premier rang dans la cité maîtresse du monde.

Dans la lice ouverte aux compétiteurs, Pompée les avait devancés, mais non vaincus. Il considéra quel était le meilleur parti à prendre pour réussir. Il ne redoutait pas Cicéron, trop faible pour une action continue ou décisive i mais il craignait l’influence de l’argent de son collègue Crassus et celle du génie de César. Pour s’attacher l’un et l’autre, il fait des concessions à la démocratie et se détache du sénat, qu’il est toujours sûr de retrouver à sa discrétion. Mais incapable de prendre une résolution suprême, il perd en hésitations un temps précieux et laisse échapper l’occasion de s’emparer du pouvoir souverain. César, souple et fin meneur d’intrigues, ne s’endort pas. Après un court séjour en Espagne, il revient l’an 60, avec le titre d’Imperator, une armée dévouée, et surtout des coffres pleins avec lesquels il apaise ses créanciers. Maître alors de la situation, délivré par la mort de Catulus d’un chef distingué de l’oligarchie, il se substitue à Pompée dans le rôle que celui-ci n’a pas su prendre, l’unit à sa fille Julia, âgée de vingt-trois ans, épouse en secondes noces Calpurnia, parente de Pompée, promet à Crassus de lui rendre dans l’État l’influence due à ses services et à son importance personnelle, et forme ainsi le premier triumvirat. Fort de l’appui de ses deux rivaux devenus ses collègues, il demande le consulat (59), l’obtient à l’unanimité, propose une loi agraire, qui passe malgré l’opposition de Caton, et se fait donner pour cinq années le commandement de la Gaule Cisalpine et de l’Illyrie avec trois légions. Caton s’écrie : C’est la tyrannie que vous armez et que vous placez dans un fort au-dessus de nos têtes ! Le sénat ajoute une quatrième légion et une troisième province, la Gaule Transalpine. Avant de s’éloigner de Rome, César songe à y conserver la prédominance de son parti. Claudius, d’une famille patricienne, étant passé par adoption dans la famille plébéienne des Fonteius avec son nom changé en Clodius, se fait élire tribun du peuple, pour soutenir la politique de César. Le point important était de mettre à l’écart Caton, dont les protestations honnêtes étaient souvent gênantes et Cicéron qui avait refusé d’entrer dans la coalition triumvirale. Caton est envoyé à Byzance pour régler les affaires embrouillées de cette cité, et à Cypre pour incorporer ce royaume à la République. C’était un exil déguisé sous le couvert d’une mission honorable. Cicéron est traité avec plus de rudesse. Clodius, son ennemi personnel, le poursuit devant le peuple pour avoir condamné des citoyens romains sans les entendre. Cicéron est frappé d’une sentence d’exil ; ses biens sont confisqués et sa maison rasée.

César peut maintenant partir pour la Gaule : au delà des Alpes l’attend une gloire immortelle, qui, en rejaillissant sur Rome, doit changer la face du monde. Son génie et son armée vont lui assurer l’empire.