APAISÉE par la création du tribunat et de l’édilité, qui donne satisfaction aux réclamations populaires, la lutte du privilège et du droit commun se renouvelle avec l’acharnement le plus vif. La culture des terres avait été interrompue par la retraite des plébéiens sur le Mont Sacré à l’époque de l’année où il aurait fallu les ensemencer. Sous la menace d’une disette, les édiles envoient chercher du blé en Étrurie, à Cumes, en Sicile, et prennent des mesures pour le faire distribuer aux plébéiens. Il y avait dans la famille patricienne des Marcii un jeune homme distingué, Caïus Martius, qui avait reçu le nom de Coriolanus, pour avoir pris Corioli, ville des Volsques. C’était une âme vigoureuse, inébranlable ; mais il était implacable dans ses colères, d’un entêtement inflexible, plein de sauvage humeur et de morgue patricienne. Ces défauts de caractère ne pouvaient manquer de devenir un fléau public au milieu des déchirements civils. La popularité de Coriolan l’avait déterminé à briguer le consulat ; mais la faveur trop manifeste des patriciens lui avait nui dans l’esprit du peuple : il n’avait pas été élu. Profondément irrité de cet échec, Coriolan n’attendait qu’une occasion de se venger. Elle se présente. A la proposition de distribuer le blé aux plébéiens, Coriolan répond que le sénat ne consentira que si le tribunat est aboli. Le peuple, en apprenant cette nouvelle, se précipite sur Coriolan à la porte de la curie. On est près de le mettre en pièces. Les tribuns le citent en jugement. Sicinius demande la mort. L’intervention des patriciens fait adoucir la sentence. Coriolan est condamné à un exil perpétuel. L’arrogant patricien n’est ni étonné, ni abattu ; mais, prenant une résolution aussi conforme à la hauteur de son caractère que redoutable à sa patrie, il se rend à Antium, chez les Volsques, auprès de leur chef Tullus Amphidius. Tous deux marchent contre Rome, s’emparent d’un grand nombre de cités latines et s’arrêtent à cinq milles de la ville, aux fosses Cluiliennes, où s’était livré le combat des Horaces et des Curiaces. A l’approche de Coriolan, Rome est remplie de terreur. On lui envoie successivement en députation des sénateurs, les prêtres, les augures ; mais l’implacable exilé ne veut accueillir aucun accommodement. Il aperçoit enfin un immense cortège de femmes, à la tête desquelles est sa mère Véturie, accompagnée de sa femme Volumnie et de ses petits enfants. En vain Coriolan cherche à demeurer ferme dans ses sentiments inflexibles : il cède à la tendresse ; il vole au-devant de sa mère, la tient étroitement embrassée et se laisse emporter à. l’effusion de son âme. Véturie lui adresse alors les plus touchantes paroles. L’âme fière et violente de Coriolan ne peut résister. Il donne le signal du départ et se retire avec les Volsques, qui le tuent et conservent les villes conquises. Selon d’autres, il mourut avancé en âge et répétant que l’exil est bien dur pour un vieillard (488). Un temple dédié à la Fortune des femmes (Fortuna Muliebris), consacre la délivrance de Rome et le triomphe moral de Véturie, immortalisés en outre par le récit de Tite-Live et par le beau drame de Shakespeare. Délivrés de Coriolan, les Romains reprennent le dessus contre leurs ennemis journaliers, les Èques et les Volsques. La tribu montagnarde des Herniques (hernæ, roches), située entre le lac Fucin et le Trerus, leur oppose une vigoureuse résistance. Ils sont battus par Spurius Cassius, qui conclut une alliance importante entre Rome et le Latium (486). Grâce à cette trêve, Spurius Cassius, par un sage esprit de prévoyance, essaie de rapprocher les plébéiens des patriciens. Il revendique, pour être distribuée aux citoyens, une partie de l’ager publicus, terres arables et grands pâturages, dont les patriciens réclamaient exclusivement l’usufruit, comme un privilège de leur classe. Ce fut la première loi agraire. Les sénateurs combattent vivement cette libéralité de Cassius. Comme il avait proposé de la faire voter par les comices de tribu (comitia tributa), dans lesquels se trouvaient compris les alliés admis au droit de cité, les patriciens l’accusent d’aspirer à se faire roi, avec le concours des tribus latines. Les tribuns se laissent prendre à cette accusation et se tournent contre Cassius. Convaincu de haute trahison, Spurius Cassius est condamné à mort et précipité du haut de la roche tarpéienne. La place où s’élevait sa maison reste déserte, et, quelques années plus tard (473), lorsqu’un tribun du peuple, Genucius, menace les consuls d’une plainte à cause de l’exécution incomplète de la loi cassienne, on le trouve, avant le procès, assassiné dans sa maison. Durant cette période obscure de l’histoire romaine, les guerres au dehors, les troubles au dedans se succèdent avec une sorte d’uniformité monotone. Les peuples voisins, Étrusques, Volsques, Èques, Tusculans, repoussent ou subissent, après de sanglants combats, la domination de Rome. La ville étrusque de Véies oppose une résistance qui met en relief le courage héroïque de la famille sabine des Fabii. Cette gens Fabia, douée d’un grand cœur, bien que suspecte aux tribuns, semble avoir incliné vers la loi agraire. Lasse du rôle oppresseur des patriciens de Rome, elle demande à faire une guerre acharnée aux Véiens. Autorisés par le sénat, les trois cent six Fabius, suivis de cinq mille clients, sortent par la porte Carmentale, passent le Tibre, longent la rive droite, et, remontant le cours du fleuve, vont se porter sur une colline dominant la vallée de la Cremera, petite rivière aux eaux noires, qui se jette dans le Tibre. Là, ils s’établissent dans une position forte et se mettent à guerroyer pendant trois ans contre les Véiens. Un jour ils aperçoivent dans la campagne un troupeau de bœufs non gardés. Ils descendent pour l’enlever. C’était une embuscade. Les Fabius surpris, entourés par des forces supérieures : sont massacrés jusqu’au dernier (477). Un seul d’entre eux, resté à Rome, fut la tige des autres Fabius, parmi lesquels se distingue le vainqueur d’Hannibal. Le consul Menenius, accusé plus tard d’avoir laissé écraser les Fabius, est alors vaincu par les Véiens. Les Romains s’enfuient et rentrent dans la ville. Les Véiens s’emparent du Janicule, d’où la ville se montre tout à découvert. Ils descendent ensuite jusqu’au Champ de Mars, mais le consul Servilius lus repousse avec un grand carnage. Il y avait alors trois cent mille citoyens ça état de porter les armes. On conclut un armistice de quarante ans avec les Véiens (474). De nouveaux troubles agitent le Forum et le Comitium, au sujet de la mort violente du tribun Genucius. Les plébéiens sont consternés. Un seul, Publius Volcro, ose refuser le service militaire. Les consuls envoient un licteur l’arrêter : J’en appelle aux tribuns, s’écrie-t-il, les tribuns ne paraissent pas. J’en appelle au peuple, s’écrie Volero. On accourt ; Volero est délivré, et lorsque les centuries s’assemblent dans le Champ de Mars, il est élu tribun. On lui donne pour collègue un vaillant soldat Lætorius. De leur côté, les patriciens élèvent au consulat Appius Claudius, fils du premier Claudius, aussi odieux aux plébéiens que son père, et un homme modéré, de la famille Quinctia, Titus Quinctius Cincinnatus (le frisé). La lutte s’engage par une proposition de Volero qui demande que les tribuns et les édiles soient nommés dans les comices par tribus. Malgré la violente opposition d’Appius, la loi passe, et Appius, sorti de charge, est mis en jugement. Il prévient une condamnation certaine en se donnant la mort (470). Une guerre contre les Volsques et les Sabins suspend un moment les troubles de la place publique. L’ennemi est repoussé par Cincinnatus qui s’empare d’Antium. Moins heureux, le consul Spurius Furius est assiégé dans son camp (464) ; mais délivré par son collègue Postumius. Une maladie contagieuse ajoute aux malheurs de la ville. Les deus consuls sont enlevés par le fléau ; et ce sont les édiles qui exercent le pouvoir consulaire. Le mal passé et les ennemis de nouveau repoussés, les attaques recommencent contre les consuls. Un tribun, Terentillus Arsa, propose de nouveau une loi destinée à restreindre leur autorité. La proposition est d’abord ajournée. Reprise, elle est écartée par une incursion des Èques. Les tribuns déclarent que cette incursion n’est qu’une fable. Le fils de Cincinnatus, Quinctius Cæso, fier de sa grande taille et de sa force, les citasse du Forum et met les plébéiens en déroute. Le tribun Virginies, plus ardent que les autres, intente contre Cæso une accusation capitale pour avoir violé la sainteté tribunitienne. Ln vain Cincinnatus demande grâce pour la jeunesse de son fils. Cæso est arrêté, gardé à vue pendant qu’on délibère et obligé de donner une caution de trente mille as, afin de quitter le Forum. Il sort de la ville pendant la nuit. Cincinnatus, pour payer la caution de son fils, est contraint de vendre ses biens et d’aller cultiver au delà du Tibre ses quatre arpents de terre, nommés plus tard les prés de Quinctius. La proposition de Terentillus est encore présentée ; mais, un matin, le bruit se répand que des exilés, Cæso peut-être et des esclaves, au nombre de quatre à cinq mille, se sont emparés la nuit du Capitole. Ils avaient à leur tête un Sabin, Appius Herdonius, qui avait eu sans doute la pensée de profiter des divisions de la République pour s’emparer de Rome. La ville comptait alors près de cent vingt mille citoyens en état de porter les armes. Le consul Valerius fait appel au patriotisme des Romains. On accourt, on refoule les envahisseurs dans le temple de Jupiter. Valerius périt vaillamment : Herdonius est tué. Les hommes libres faits prisonniers sont décapités, les esclaves mis en croix. Cincinnatus est nommé consul (459). C’est à l’année 457 qu’on rapporte l’établissement des Jeux séculaires, institués pour conjurer la peste et les divinités malfaisantes. Tombés eu désuétude, ils furent célébrés solennellement par Auguste l’an 27 avant J.-C. En 247, l’empereur Philippe l’Arabe les célébra pour la dernière fois en commémoration du millième anniversaire de la fondation de Rome. La même année on nomme dix tribuns au lieu de cinq. Mais l’événement le plus important de cette période est la dictature de Cincinnatus. Les Asques, après avoir ravagé les environs de Labicum, s’étaient établis sur le mont Algide, à l’est de Tusculum. Des envoyés romains viennent se plaindre de la rupture du traité. Le chef de la nation ennemie était assis près d’un chêne. Parlez à ce chêne, dit-il, je suis occupé. Alors les envoyés s’adressant au chêne, le prennent à témoin du droit violé et appellent sur les parjures la vengeance divine. Le consul Minucius marche contre les Èques. Il est assiégé dans son camp par les ennemis qu’il allait combattre. Dans ce péril extrême on songe à nommer Cincinnatus dictateur : le vainqueur des Volsques labourait sa terre au delà du Tibre. Les envoyés du sénat le trouvent occupé à son travail champêtre ; aidé de sa femme Racilia. Ils lui offrent les insignes de la dictature. Cincinnatus, essuyant la sueur de son front et la poussière de ses habits, accepte l’honneur de sauver l’armée et suit les envoyés. Il prend pour maître de cavalerie le patricien Tarquitius, proclame le justitium ou suspension de toutes les magistratures et ordonne à tous ceux qui sont eu état de porter les armes d’être réunis au Champ de Mars avant le coucher du soleil, avec des vivres pour cinq jours et douze pieux pour les palissades. On part, on arrive vers le milieu de la nuit au mont Algide, et, au lever du jour, les Èques, qui avaient enveloppé le camp de Minucius, se voient enveloppés à leur tour. Ils demandent la vie. Je n’ai pas besoin de votre sang, dit Cincinnatus, et il les fait passer, privés de leurs armes, sous un joug formé de trois lances (457). Au bout de seize jours, Cincinnatus abdique et retourne à son champ. Tant que les plébéiens n’étaient point initiés aux mystères du droit, dont les patriciens s’étaient réservés l’application et l’explication, ils désespéraient d’obtenir l’égalité civile pour laquelle combattaient les tribuns. La loi Terentilla, qui réclamait des institutions uniformes, un code écrit, finit par être votée, en même temps que le tribun Icilius faisait assigner aux plébéiens les terres publiques de l’Aventin. Ce ne fut pas sans quelques rixes sanglantes que ces deux motions triomphèrent, nais les partis, las de lutter, signèrent une sorte de trêve eu envoyant dans la Grande Grèce, peut-être même à Athènes, des délégués, Postumius, Sulpicius et Manlius, chargés d’étudier la législation hellénique et d’en choisir ce qu’ils jugeraient le meilleur. A leur retour, les deux classes conviennent de faire déposer leurs charges à tous les fonctionnaires publics, consuls, tribuns, édiles, et d’investir dix patriciens d’un pouvoir absolu pour élaborer un code de lois. On donne à ces patriciens le nom de décemvirs (452). Le plus influent d’entre eux était Appâts. Leurs lois, adoptées par l’assemblée du peuple et sanctionnées par le sénat, reçoivent le nom de Lois des Douze Tables, parce qu’elles étaient gravées sur douze tables d’airain. On les affiche en plein Forum, et chaque citoyen peut désormais prendre connaissance de la législation qui régit la cité. Ce code, dont on n’a plus que des fragments, niais que Cicéron préférait à tous les traités de philosophie, se divisait en trois parties : droit sacré, droit public, droit privé. Il ne reste de la première partie que des règlements somptuaires relatifs aux funérailles : défense de faire oindre le cadavre par des mercenaires, d’avoir plus d’un lit de parade, plus de trois voiles de pourpre, d’étaler de l’or et des bandelettes flottantes, d’employer dans les bûchers des bois ouvragés, de l’encens, des aspersions parfumées de myrrhe, de faire accompagner le cortége par plus de dix joueurs de flûte, d’y amener des pleureuses, d’y donner des repas funéraires. Personne ne peut être enseveli ni brûlé dans l’enceinte de Rome. Point de couronne au mort, si elle n’a été gagnée par sa vertu ou son argent. Point d’or sur un cadavre : toutefois, s’il a les dents liées par un fil d’or, on ne l’arrachera point. Le droit public a pour première garantie le caractère immuable de la loi qui garantit aussi le droit privé. Ce que le peuple a décidé en dernier lieu, est le droit fixe et la justice. Tout privilège est aboli. Si le patron machine contre le client, que sa tête soit dévouée. L’usurier est condamné à restituer au quadruple. Trois ventes simulées émancipent le fils de l’autorité absolue du père. Toutes les associations ou sodalités sont permises, s’il n’y a rien dans leurs règlements de contraire aux lois. Quiconque incendie une maison ou une meule de blé, périt par les verges et par le feu. La peine capitale n’est prononcée que par les comices curiates. Nul ne peut faire périr un citoyen sans jugement. Quelques prescriptions de procédure ou de police fixent la largeur des rues à huit pieds et à seize dans le détour, à quelle distance de la limite dans chaque terrain on doit élever un mur, une maison, creuser un puits, planter un arbre. D’autres montrent que les patriciens ne se laissent pas arracher leur vieux droit sans protester et sans se défendre. Point de mariage entre les familles patriciennes et plébéiennes. Peine de mort contre les attroupements nocturnes. Peine de mort pour qui fera ou chantera des vers diffamants. L’œuvre des décemvirs était accomplie. Leur devoir était de se retirer et de laisser fonctionner la constitution nouvelle. Mais ils abusent de leur pouvoir pour se livrer à des actes d’arbitraire et de violence. Ils opposent la prison, l’exil et la hache du bourreau à leurs antagonistes plébéiens. Les plus grandes cruautés sont exercées surtout par Appius Claudius, héritier de l’arrogance patricienne de ses ancêtres, jusqu’à ce que ces excès entraînent la chute du décemvirat. Il y avait dans les rangs de l’armée un brave soldat, nommé Siccius Dentatus, dont la franchise était odieuse à Appius. Il le charge d’aller combattre contre les Èques, qui étaient revenus sur l’Algide, pour épier les querelles des Romains. Les soldats de Dentatus, gagnés par les décemvirs, ne rougissent pas de devenir les assassins de leur chef, qui défend chèrement sa vie, ruais qui finit par être écrasé sous les pierres. Le peuple ne se méprit pas sur les vrais auteurs de cette lâcheté, et il attendait l’occasion d’une vengeance. Appius la lui fournit bientôt. Virginius, centurion à l’armée de l’Algide, avait une fille d’une grande beauté, nommée Virginie, et fiancée au jeune Icilius. Appius conçoit pour elle une passion violente, comme celle de Sextus pour Lucrèce. Un jour que Virginie traverse le Forum avec sa nourrice pour se rendre n une école de lecture, un client d’Appius, nommé Marcus Claudius, met la main sur elle et la revendique comme esclave. Virginie épouvantée se tait ; sa nourrice implore à grands cris la foi publique. Claudius entraîne les deux femmes au tribunal d’Appius, près de l’autel de Vulcain. Les amis de Virginius demandent qu’on attende, pour statuer sur la condition de Virginie, l’arrivée de son père qui peut venir en quelques heures. Appius, dissimulant ses coupables desseins, discute la question légale, et déclare que, en attendant le père, le réclamant ne peut perdre ses droits sur son esclave, mais qu’il doit garder la jeune fille jusqu’à ce qu’il ait été prononcé sur la paternité. En ce moment arrivent Numitorius, oncle de Virginie, et Icilius, son fiancé. Les licteurs les repoussent, et, tandis que la liberté est accordée provisoirement à Virginie, Appius, qui a déclaré que la jeune fille serait adjugée à Claudius, si son père ne venait la réclamer le lendemain, dépêche des affidés au camp de l’Algide pour faire refuser un congé à Virginius. Ces affidés n’arrivent qu’après le frère d’Icilius et le fils de Numitorius qui les avaient devancés en toute hâte. Aussi, le lendemain, lorsque Appius monte à son tribunal pour prononcer sur l’état de Virginie, il aperçoit la figure menaçante de Virginius. Mais bravant la colère et la douleur du père, il déclare la fille esclave. Virginius prend alors une résolution désespérée. Emmenant sa fille à l’écart comme pour lui faire ses adieux, il aperçoit et saisit un couteau sur l’étal d’un boucher. Ma fille, s’écrie-t-il, je te revendique à la liberté par le seul moyen qui me reste. A ces mots, il plonge le couteau dans le sein de sa fille, et, le dirigeant ensuite vers Appius : Par ce sang innocent, je te dévoue toi et ta tête. — Qu’on l’arrête ! s’écrie Appius. Mais Virginius, avec son couteau, se fait un chemin et regagne l’armée. Icilius et Numitorius soulèvent le cadavre de Virginie et le montrent au peuple. La foule indignée menace Appius, qui cherche vainement à faire arrêter Icilius. Deux consuls provisoires, Lucius Valerius et Marcus Horatius, se déclarent pour le peuple, qui redemande à grands cris la puissance tribunitienne. Appius se sauve dans sa maison. Virginius, qui a excité les soldats à la récolte et à la vengeance, revient à Rome suivi de ses compagnons d’armes qui s’établissent sur l’Aventin. On demande au sénat l’abdication des décemvirs. Le sénat hésite. Un ancien tribun, Duilius, propose de se retirer sur le Mont Sacré. Toute la population se met en marche avec lui. Les décemvirs vaincus sont forcés d’abdiquer. La population calmée rentre alors dans Rome. Le consulat et le tribunat sont rétablis. Appius, arrêté et cité en jugement, est jeté dans la prison Mamertine. Il se donne la mort avant de comparaître devant ses juges. Un de ses collègues, Oppius, se suicide également. L’affranchi Claudius est condamné à mort, mais Virginius, élu tribun avec Numitorius, Icilius et Duilius, dédaigne de frapper un subalterne et l’autorise à s’exiler à Tibur (449). |