La Pâque.
— Son époque. — Sa durée — L'après-midi du 14 nisan. — La soirée du 14 nisan.
— Le repas pascal. — L'institution de la Sainte Cène.
— La Pentecôte.
— Les Tabernacles. — Le grand jour des Expiations. — La Dédicace. — Les
Purim.
Les grandes fêtes se célébraient au Temple et nulle part
ailleurs. Les Israélites montaient alors à Jérusalem de toutes les parties de
la Palestine. On
voyait aussi dans la ville des disséminés en
grand nombre et, en parlant de la cité Sainte[1], nous avons
décrit cette affluence extraordinaire de pèlerins à telles ou telles époques
de Tannée. La confusion dans les rues était extrême[2]. Les étrangers
logeaient où ils pouvaient, sous des tentes[3], sous des abris
élevés à la hâte, ou dans les villages des environs s'ils y avaient quelque
connaissance. La Pâque
surtout attirait beaucoup de monde. Les païens eux-mêmes y venaient eh
curieux ; c'était le moment, en effet, de visiter Jérusalem. Quant aux Juifs,
ceux de Galilée par exemple, ils montaient à la ville Sainte en caravanes et
chantaient en route les Psaumes dits des pèlerinages[4]. Ces voyages
solennels étaient faits régulièrement par les jeunes garçons, à partir de l'âge
de douze ans.
La
Pâque était un mémorial et son but unique était la
célébration du souvenir de la délivrance d'Égypte. Elle se fêtait à date fixe
et durait sept jours ; commençant le quinze Nisan, elle se terminait le vingt
et un[5].
Ces sept jours étaient appelés jours des Azymes (άζυμος),
c'est-à-dire des (pains) sans levain.
Le premier et le dernier étaient les plus solennels. Comme la journée chez
les Juifs commençait non le matin mais la veille au soir, la fêle se trouvait
débuter, en réalité, le 14 Nisan au coucher du soleil, et c'était dans l'après-midi
du 14 que l'agneau ou le chevreau pascal était immolé au Temple.
Reportons nous par la pensée à la mémorable journée du 14
Nisan de l'an 30. C'est
à deux de ses apôtres que Jésus confie le soin de préparer la fête[6]. En effet, les
disciples des Rabbins sacrifiaient la Pâque et apprêtaient pour leurs maîtres le
repas sacré[7].
Pierre et Jean vont donc choisir et acheter, sur la bourse commune, l'agneau
sans défaut et sans tache. Ils le portent au Temple sur leurs épaules,
suivant la coutume[8]
et le présentent aux sacrificateurs sous le nom d'agneau pascal à rentrée de
la cour des prêtres[9]. Ceux-ci s'en
emparent et l'égorgent sur l'autel des holocaustes. Une foule immense de
Juifs les entourent, apportant chacun ranimai consacré dont ils réclament
l'immolation[10].
Le peuple s'amasse aux abords du Temple et dans le parvis des Gentils. Un
coup de trompette donne le signal de chaque sacrifice. Le sang, recueilli par
un prêtre, est répandu par lui au pied de l'autel et s'écoule par des canaux
souterrains dans le torrent de Cédron. L'animal est dépouillé et vidé ; ses
entrailles et sa graisse sont jetées dans le feu. Une prière est prononcée,
puis les apôtres prenant le corps, remportent et préparent le repas sacré
dans la chambre haute d'un disciple inconnu qui déjà attendait le maître et
savait qu'il viendrait chez lui ce soir-là.
L'animal devait être rôti et non bouilli[11]. Aucun de ses os
ne devait être brisé et on brûlera ce qui ne sera pas mangé.
Le soir venu, Jésus arrive avec les dix autres apôtres. La
salle est garnie de tapis[12] sur lesquels ils
s'asseyent ou plutôt se couchent à demi, suivant la mode orientale, le bras
gauche supportant le poids du corps ; Jean qui est à côté de son maître,
est penché sur son sein[13].
Autrefois l'usage était de prendre le repas pascal debout,
en costume de voyage, le bâton à la main, pour reproduire dans tous ses
détails la scène du départ d'Egypte, la nuit de la délivrance[14], mais cette
coutume était depuis longtemps tombée en désuétude.
Le festin sacré se célébrait dans un ordre rituel. Les Talmuds
nous l'ont décrit dans ses plus grands détails, tel qu'il se passait au
premier siècle. Quatre fois la coupe devait circuler parmi les convives.
Celui qui présidait annonçait, avant tout, le commencement de la fête,
prononçait une formule de bénédiction sur la coupe, en buvait et la faisait
passer aux assistants[15], puis tous se
lavaient les mains. C'est pendant que cette première coupe circulait que
Jésus dit : J'ai fort désiré de manger cette Pâque
avec vous avant que je ne souffre, car je vous le déclare, je ne la mangerai
plus, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. Et
ayant pris une coupe et rendu grâces, il dit : Prenez
cette coupe et distribuez-la entre vous ; car je vous le déclare, je ne
boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le Royaume de Dieu
soit venu[16]. Il ne s'agit
nullement ici de l'institution de la Sainte-Gène, mais seulement de la première
coupe du repas pascal. Après le passage de cette coupe on apportait les
herbes amères et on les mangeait avec les pains azymes ; le pain d'abord, car, disent les Talmuds, ce
n'est pas la coutume des hommes de manger des herbes avant le repas[17].
Ces herbes amères trempées de vinaigre ou d'eau salée
rappelaient les souffrances endurées autrefois en Égypte.
A ce moment, l'un des assistants interrogeait celui qui
présidait au repas et lui demandait la signification de ce qui se passait
bous ses yeux. Cette interrogation était faite deux fois et, entre les deux,
le vin de la seconde coupe était versé. Celui qui présidait répondait en
disant : Ceci est la Pâque que nous
mangeons, parce que Dieu est passé sur les maisons de nos pères en Égypte,
et prenant les herbes amères, il disait : Nous
mangeons ces herbes amères parce que les Égyptiens ont rendu amères les vies
de nos pères en Égypte.
Puis il élevait dans ses mains les pains azymes et disait
: Nous mangeons ces pains sans levain, parce qu'on
n'eut pas le temps de faire fermenter la pâte avant que Dieu se révélât à nos
pères et les rachetât ; nous devons louer, célébrer, honorer, magnifier Celui
qui a fait ces grandes et admirables choses à nos pères et qui nous a amenés
de la servitude à la liberté, de la douleur à la joie, des ténèbres à une grande
lumière. Disons donc : Halleluiah ! Louez le Seigneur. Toute l'assemblée
chantait alors les Psaumes CXIII et CXIV. Les Pharisiens de l'école de
Schammaï s'arrêtaient à la fin du Psaume CXIII ; ceux de l'école d'Hillel
allaient jusqu'à la fin du CXIV. Ce chant appelé Hallel
sera repris à la fin du repas[18]. Après le chant,
celui qui avait parlé disait encore : Béni sois-tu
Seigneur, ô notre Dieu, Roi Éternel, qui nous a rachetés, qui a racheté nos
pères de l'Égypte et qui nous a amenés à cette soirée où nous sommes, pour
que nous mangions ces pains sans levain et ces herbes amères. On
buvait alors la seconde coupe, on se lavait encore une fois les mains, puis
le président prenait deux pains, en rompait un, en plaçait les morceaux sur
le pain resté entier et disait : Béni soit celui qui
a produit le pain pur de la terre. Puis il trempait les morceaux dans
le plat d'herbes amères et disait : Béni
sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi éternel, qui nous as sanctifiés de tes
préceptes et qui nous as appris à manger ce repas.
Il mangeait ensuite du pain, puis des herbes après avoir
rendu grâces séparément pour chacun de ces aliments. Les mêmes faits se
passaient lorsque l'agneau était partagé et distribué entre les convives.
Il ressort clairement des textes évangéliques que Jésus
institua la Sainte-Cène
en deux fois. Il établit la communion du pain pendant
le repas pascal et celle du vin après[19]. C'est donc au
moment précis où il venait de tremper le morceau de pain rompu dans les
herbes amères que Jésus institua la communion du pain. Ce fut pendant qu'ils mangeaient dit Marc[20]. L'agneau mangé,
le repas pascal était considéré comme terminé ; la troisième coupe circulait
alors et elle portait le nom de coupe de bénédiction.
C'est avec elle que Jésus institua la communion du vin[21].
Enfin venait la quatrième et dernière coupe et le chant de
la seconde partie du Hallel (Psaume CXIV à
CXVIII)[22].
Tout était terminé.
Le lendemain 13 Nisan était le premier et le grand jour de
la fête. Il n'était permis de travailler ni ce jour là, ni le dernier.
Le 16, on offrait dans le sanctuaire une gerbe de la
moisson nouvelle, car la
Pâque était aussi la fête de l'ouverture des récoltes. Le
Sanhédrin déclarait solennellement la moisson commencée. L'obligation de
manger des pains sans levain pendant les sept jours était absolue, et pendant
tout ce temps il n'était pas permis de sortir de Jérusalem. On s'est demandé
comment les disciples d'Emmaüs[23] avaient pu
quitter la ville ; mais il faut remarquer que l'on était déjà au soir du
troisième jour, c'est-à-dire au commencement du quatrième, et que les Rabbins
ne faisaient pas du séjour obligatoire une question d'une très-grande
importance. Il est plus louable,
disaient-ils, de rester les sept jours à Jérusalem.
On peut s'éloigner le troisième s'il y a nécessité. Le traité Moed
Katon, qui parle de ce qui est permis et de ce qui est défendu pendant les
fêtes, condamne l'absence et l'éloignement de Jérusalem, surtout parce qu'on
ne sera pas là le dernier jour qui est très solennel, or il faut se rappeler
que les disciples d'Emmaüs revinrent à la ville sainte le soir même de leur
départ.
Nous ne savons rien ni par les Talmuds, ni par Josèphe, de
l'usage de relâcher un prisonnier à la fête de Pâque[24]. Il est probable
que cette coutume avait été récemment établie par les Romains et au moment où
ils avaient ôté au Sanhédrin le droit d'exécuter une sentence capitale.
Nous ne ferons que mentionner la fête de la Pentecôte, car
notre intention n'est pas de décrire en détail les fêtes juives, mais
seulement d'éclairer tels ou tels chapitres du Nouveau Testament en
recueillant soit dans les écrits de Josèphe, soit dans les Talmuds les
passages qui peuvent aider à leur interprétation ; or il ne nous est parlé
qu'incidemment delà Pentecôte et dans un seul verset du livre des Actes[25]. Cette fête se
célébrait le cinquantième jour après le 16 Nisan, c'est-à-dire le 5, le 6 ou
le 7 de Sivan, suivant les combinaisons des mois caves ou pleins en Ijar[26]. Elle était
beaucoup plus civile que religieuse, car on y fêtait avant tout la clôture de
la moisson[27].
L'usage semble avoir été établi de célébrer aussi à ce moment là le souvenir
de la promulgation de la Loi
sur le Mont Sinaï[28]. Moïse n'avait rien
ordonné de semblable, mais la
Loi ayant été donnée cinquante jours après la sortie
d'Egypte, la date de sa promulgation tombait précisément sur le jour de la
Pentecôte[29].
Les Juifs rappelaient la tête des Semaines[30] ou des Prémices[31] ; Josèphe
l'appelle fête Hasartha ou Hatsartha, c'est-à-dire du Rassemblement, et ce
mot se retrouve dans les Talmuds[32]. Il l'appelle
aussi Πεντηκοστή[33], et ce nom lui
est resté quand elle est devenue une fête chrétienne. Il nous raconte qu'on
la célébrait avec joie et empressement[34]. Elle consistait
surtout en offrandes faites au Temple, un gâteau nouveau, deux pains levés et
un bouc pour le péché[35].
Nous nous étendrons davantage sur la fête des Tabernacles,
qui est nommée dans les Évangiles[36], et avait aussi
une importance beaucoup plus grande que celle de la Pentecôte.
Elle se célébrait en automne et rappelait le voyage des
Israélites dans le désert pendant quarante ans ; elle servait en même temps à
fêter la clôture de toutes les récoltes et en particulier de la vendange.
Enfin elle était au commencement de l'année civile dont le premier jour
était, nous l'avons dit[37], le premier du
mois de Thischri[38], qui correspond
à la fin de septembre et au commencement d'octobre.
Les trompettes du Temple annonçaient solennellement le
commencement de l'année[39]. Le 2 Thischri
était férié. Le 10 était le grand jour des Expiations ou du Pardon[40]. Déjà depuis six
jours, c'est-à-dire depuis le 4, le grand-prêtre avait été éloigné de sa
maison et s'était rendu dans une salie spéciale du Temple[41], car il lui
fallait se sanctifier et se mettre h l'abri de tout contact impur. Un prêtre
ordinaire le remplaçait au Sanhédrin et ailleurs pendant ce temps de
retraite. Le 5, le 6 et le 7 Thischri, il offrait lui-même le matin le
sacrifice perpétuel ordinaire, brûlait les parfums, préparait les lampes et
apportait à l'autel la tête et les cuisses de la victime[42] ; quelques vieillards
de la section Beth Din[43] du Sanhédrin se
rassemblaient et lisaient devant lui l'office ordinaire. Le huitième jour,
les vieillards le remettaient aux anciens parmi les prêtres qui l'adjuraient
de remplir ses devoirs quand le dix serait arrivé. Pendant les neuf jours qui
précédaient le jeûne solennel, il lui était permis de se nourrir comme
d'habitude, mais le soir du neuvième, il devait peu manger, pour pouvoir
résister au sommeil ; car il devait veiller toute la nuit. Les prêtres
l'entouraient, et s'ils le voyaient s'assoupir, ils le réveillaient en lui
parlant ou en faisant du bruit. Enfin voici le 10, le jour du Jeûne solennel,
de l'Expiation, du Pardon. Le grand prêtre entrait pour la première et la
dernière fois de toute Tannée dans le Lieu Très Saint. Le peuple passait
toute la journée dans le jeûne le plus rigoureux, il lui était interdit de
manger, de boire, de se laver et de s'oindre d'huile[44]. L'onction sacrée,
autorisée le jour du Sabbat, était défendue le jour des Expiations[45]. Les 11, 12 et
13 Thischri, le peuple se réunissait encore pour se sanctifier et aussi pour
préparer ce qui lui serait bientôt nécessaire, des tentes, des branches de palmier
et de saule. Ceux qui s'étaient souillés du contact d'un cadavre étaient
depuis sept jours à Jérusalem, occupés à se purifier.
Le 15, premier jour des Tabernacles, on immolait treize
taureaux, et on passait la nuit à Jérusalem.
Le 16, deuxième jour de la fête, on immolait douze
taureaux.
Le 17, troisième jour de la fête, on en immolait onze.
Le 18, le quatrième jour, dix ; le 19, le cinquième jour,
neuf ; le 20, le sixième jour, huit ; le 21, le septième jour, sept ; et
enfin le 22, le huitième et dernier jour, on n'en immolait qu'un seul. Le
premier et le dernier de ces jours était comme pour la Pâque, les plus solennels[46], on les appelait
: jours de repos.
Chacune des huit journées de la fête était marquée par de
grandes manifestations de joie. Chaque famille demeurait sous des cabanes de
feuillage. On chantait l'Hosannah, en agitant des palmes[47], et chaque jour,
une libation de vin renfermé dans deux vases d'argent, était faite à l'autel,
ainsi que des libations d'eau puisée dans une cruche d'or, par un prêtre, à
la fontaine de Siloé, et apportée au Temple en grande pompe. Le prêtre
montait à l'autel, le peuple lui disait : Elève ta
main, et il versait du côté de l'Occident l'eau de la fontaine de
Siloé, et le vin du côté de l'Orient.
Le soir[48] on allumait deux
candélabres dans le parvis des femmes et une danse sacrée, dont l'origine
était récente[49],
était exécutée devant ces candélabres et au son de la musique. Elle était
appelée : de l'eau de la libation ; nous en avons le programme détaillé dans
les Talmuds[50].
Le voici : Le soir du premier jour de la fête on
descend dans la cour des femmes, et là on prépare une grande scène. Des
candélabres d'or y sont fixés aux murailles, et sur eux de petites coupes
d'or ; on y parvient par quatre marches, quatre jeunes prêtres ayant dans
leurs mains des flacons contenant cent vingt logs d'huile, en versent le
contenu dans chacune de ces petites lampes. Ils les allument et il n'y a pas
une place dans Jérusalem qui ne brille éclairée par elles. Des hommes pieux
et graves dansent devant elles ayant dans leurs mains des torches allumées et
chantent des cantiques et des doxologies. Les lévites, avec leurs cithares,
leurs cymbales et d'autres instruments, se tiennent en grand nombre sur les
quinze marches qui séparent la cour des femmes de la cour d'Israël et
chantent un cantique. Deux prêtres se tiennent à la porte qui est au sommet
de ces quinze marches ayant chacun une trompette dans la main. A un signal
donné par le capitaine du Temple ils sonnent de la trompette. Ils descendent
et sonnent encore sur la dernière marche, ils font de même dans la cour des
femmes, dans le parvis des Gentils et continuent à jouer delà trompette
jusqu'à la porte orientale. Là ils tournent leurs torches de l'Orient vers
l'Occident et disent : Nos pères en cet endroit, le dos tourné au Temple et
la face vers l'Orient, ont adoré le soleil ; mais nous, nous tournons nos
faces vers Dieu.
Le septième jour on effeuillait les branches de saules qui
avaient recouvert les tentes. Les Pharisiens attachaient à cet acte une telle
importance qu'ils le permettaient même si le septième jour se trouvait être
un Sabbat. Plus tard ils s'arrangèrent pour qu'il ne tombât jamais sur le
samedi.
Le dernier et grand jour de la fête nous intéresse
particulièrement parce qu'il est spécialement mentionné dans l'Évangile[51]. C'était,
avons-nous dit, le huitième[52], la conclusion sainte de l'année dit Josèphe. Le
peuple abandonnait ses tabernacles de feuillage et se rendait en foule au
Temple. Malheureusement les Talmuds ne nous ont laissé aucune indication
spéciale sur les actes sacrés accomplis ce huitième jour. Il semble même
qu'il était moins solennel que les autres puisqu'on n'y sacrifiait qu'un seul
taureau. Cependant le traité Succah l'appelle, mais sans préciser, le dernier et bon jour de la fête.
Il est remarquable que c'est pendant ces journées où l'eau
répandue sur l'autel et les lumières allumées dans le Temple jouaient un si
grand rôle que Jésus prononça ces paroles : Si
quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive[53] et je suis, moi, la lumière du monde[54].
Au mois de Kisleu venait la fête de la Dédicace[55]. Elle durait
huit jours, à partir du 25, et avait été instituée en mémoire du triomphe de
Judas Macchabée, qui avait restauré le Temple après sa victoire sur Antiochus
Épiphane[56].
Voici ce que nous en dit un des Talmuds : Les Rabbis
enseignent que le 28e jour du mois de Kisleu[57] on commence les huit jours en souvenir de la Dédicace pendant
lesquels on ne doit ni s'attrister, ni jeûner, car lorsque les Grecs
entrèrent dans le Temple ils souillèrent toute l'huile qui était dans le Temple,
mais le grand roi des Asmonéens les vainquit, on chercha et on ne trouva
qu'une fiole d'huile qui avait été placée sous le sceau du grand-prêtre et où
il n'y avait d'huile que pour un jour. Il se fit un miracle, car on s'en
servit pendant huit jours. L'année suivante on fit de ce souvenir des jours
de fête. Maimonide tient le même langage et ajoute ceci[58] : Ces huit jours sont des jours de joie ; on allume des
lumières aux portes des maisons, pendant huit nuits, pour rappeler ce
miracle. Y a-t-il plusieurs habitants dans une maison ? on n'allume pourtant
qu'une seule lumière. Toutefois celui qui veut honorer le commandement en
allume autant qu'il y a de personnes et même davantage, car on double le
nombre des lumières la seconde nuit, on le triple la troisième, etc., par exemple, s'il y a dix habitants dans la maison, on
allume dix lumières la première nuit, vingt la deuxième, trente la troisième
et la huitième quatre-vingts. Il faut noter aussi que la fête de la Dédicace ne se
célébrait pas seulement à Jérusalem et au Temple, mais dans tout le pays.
Les Purim, pendant lesquels on lisait solennellement le
livre d'Esther, parce qu'on commémorait en ces jours la délivrance des Juifs
sous Assuérus, se célébraient les 14e et 15e jours du mois d'Adar. La veille,
le 13, était un jour de jeûne. Nous croyons que cette fête est mentionnée
dans un passage de l'Évangile de Saint-Jean[59].
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