LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST

D'APRÈS LE NOUVEAU TESTAMENT, L'HISTORIEN FLAVIUS JOSÈPHE ET LES TALMUDS

LIVRE PREMIER. — LA VIE SOCIALE

 

CHAPITRE III. — LES HÉRODES. - PONGE-PILATE. - FINIS JUDÆÆ.

 

 

Mort d'Hérode le Grand. — Ses fils. — Les premières années de la vie de Jésus. — Les premières révoltes. — Judas le Gaulonite. — Les procurateurs. — L'administration de Pilate. — Hérode Antipas. — Hérode Agrippa Ier. — Hérode Agrippa II. — L'insurrection finale. — La guerre. — Le siège et la ruine de Jérusalem.

 

Lorsque Jésus naquit il y avait trente-quatre ans qu'Hérode le Grand régnait sur la Palestine[1]. Il devait mourir quelques mois plus tard. Ce roi, rusé à la fois et barbare, avait été un abominable tyran. Son nom n'était prononcé qu'à voix basse et avec terreur. Les Juifs le détestaient. D'abord il était d'origine étrangère, il était d'Idumée. C'est un esclave Iduméen se disaient à l'oreille les Pharisiens quand ils étaient sûrs que personne ne les entendait ; esclave parce qu'il servait les Romains et que, tout en s'appelant roi, il n'était en réalité qu'un lieutenant de l'Empereur.

Tour à tour valet d'Antoine ou d'Octave, suivant que l'un ou l'autre était maître du monde, il avait poursuivi la politique la plus insensée aux yeux des Juifs parce qu'elle humiliait la nation, lui ôtait son indépendance, renversait toutes ses espérances de domination universelle. À l'intérieur, il avait fait des dépenses extravagantes, et avait cherché par des flatteries à se faire bien voir du peuple. Car il était de ces souverains qui tâchent de faire oublier à leurs sujets la perte de leur liberté en la remplaçant par des plaisirs et par des fêtes.

Cette tactique pouvait réussir à Rome où le peuple était avili ; elle ne pouvait réussir à Jérusalem où le peuple était soutenu par de fortes croyances religieuses et par un patriotisme ardent. Aussi rien n'avait diminué la haine des Juifs pour leur souverain. L'effroi qu'il inspirait n'était du reste que trop justifié. Déjà meurtrier de la plupart des membres de sa famille, il ordonnait encore la mort de son fils aîné peu de jours avant de mourir lui-même. On avait essayé de se débarrasser de lui ; plusieurs complots régicides avaient été formés, il les avait tous déjoués et avait livré les conjurés à d'atroces supplices. Cette dernière année, celle même de la naissance de Jésus[2], il fait placer un aigle d'or sur le grand portail du Temple. De courageux Pharisiens osent l'arracher et le briser ; mais ils sont reconnus et Hérode les fait brûler vifs. Sa manie de braver sans cesse le sentiment national préparait la lutte dernière, celle qui devait mettre fin à l'existence même du peuple Juif. L'exaltation de ce malheureux peuple ira toujours en grandissant ; elle a commencé le jour où Pompée, 63 ans auparavant, s'est emparé du sanctuaire et a profané de sa présence le Saint des Saints.

C'est dans cette atmosphère politique et religieuse si agitée que Jésus vient de naître et va grandir. Quant au vieux roi de soixante-dix ans, il est atteint d'une cruelle maladie. Sentant la fin venir il se fait transporter dans son palais de Jéricho. Là il est à la campagne, au milieu des palmiers, au sein d'une nature splendide. On est aux premiers jours du printemps ; mais il faut mourir. Il a alors la folie de vouloir foire perdre à tout le monde cette vie qui lui échappe. Il ne rêve que meurtres et deuils. Le massacre des dix ou douze enfants de Bethléem[3] est un de ces crimes comme il s'en commit beaucoup alors. Plus ombrageux que jamais, rempli de soupçons et poursuivi de craintes chimériques, ayant au cœur, avec le désir insensé de régner toujours, le besoin insatiable de répandre le sang, il ordonne ce massacre de petits enfants et la mort de son fils aîné ; enfin il fait emprisonner quelques-uns des meilleurs citoyens et des plus considérés de Jérusalem avec l'ordre secret de les assassiner en même temps qu'il expirerait. Devinant que personne ne regretterait sa mort, il voulait, suivant son propre aveu, qu'il y eût des larmes répandues au moment de son décès. Il succomba enfin le 28 mars, le jour même de la Pâque ; mais son ordre sanguinaire ne fut pas exécuté.

Hérode laissait par son dernier testament : 1° à Archélaüs, sa succession au trône avec la Judée, l'Idumée et la Samarie ; 2° à Antipas le titre de tétrarque avec la Pérée et la Galilée ; 3° à Philippe (fils de Cléopâtre) le titre de tétrarque avec la Batanée, la Gaulanitide, la Trachonitide et Panéas.

Délivrés d'Hérode le Grand, les Juifs devaient rester aussi malheureux qu'auparavant. Il faut le dire, ils n'étaient plus dignes de la liberté et, quand le roi n'était pas un tyran au joug de fer, des émeutes éclataient partout. Ils ne savaient plus que se révolter ; ce qui arriva sous Archélaüs.

Celui-ci avait célébré à son père de splendides funérailles et il en avait profité pour faire des promesses au peuple ; mais quand ce peuple lui demanda la punition des espions d'Hérode le Grand, qui avaient fait tant de mal par leurs délations, il refusa et il s'ensuivit un soulèvement où trois mille Juifs périrent. Archélaüs cependant s'était rendu à Rome ; il voulait soumettre à Auguste le testament de son père ; les désordres n'en forent que plus grands en Judée. On a peine à se faire une idée de l'état des esprits à cette malheureuse époque ; on vivait dans une atmosphère enfiévrée ; les passions politiques et religieuses qui animaient les Juifs étaient arrivées à leur dernier degré d'exaltation. Le joug de Rome devenait plus odieux chaque jour. La haine de l'étranger était d'autant plus profonde et farouche qu'elle était sans espoir. Le peuple Juif ne peut rien ; il est matériellement impuissant, il le sait et il n'en est pas plus sage pour cela ; moins il attend de la terre, plus il attend du ciel. Le miracle, l'apparition du Messie, le Deus ex machina, voilà son suprême désir et sa seule espérance. Toutes les classes de la société partagent cette espérance aussi bien les sicaires assassins que les dévots pieux et doux. Tous attendent la consolation d'Israël. La révolte, sans être unanimement approuvée, est dans l'air ; elle est inévitable ; elle devient l'état normal de la nation. Nous ne sommes pas surpris d'apprendre que la prédication de Jean-Baptiste réussit ; elle devait réussir dans un tel milieu. Il suffisait d'annoncer à ces Juifs exaltés que le Messie allait paraître, qu'il exercerait un jugement terrible contre les impies, pour acquérir aussitôt une grande popularité ; et il faut se reporter aux plus mauvais jours de notre histoire nationale, aux temps des grandes révolutions où plus rien n'était normal et où les passions populaires étaient déchaînées, pour avoir une juste notion de l'état des esprits pendant les années qui s'écoulèrent de l'an 83 avant Jésus-Christ à Tan 70 après lui, et, en particulier, pendant la vie de Jésus, fies cas de folie étaient fréquents alors comme ils le sont toujours en temps de révolution. Les démoniaques dont parlent les auteurs du temps n'étaient le plus souvent que de pauvres fous, des cerveaux brûlés, des illuminés prenant leurs rêves pour des réalités et dont une foi religieuse exaltée avait tourné la tête.

Les premières années de la vie de Jésus furent au nombre des plus mauvaises. Hérode, le fou criminel et détesté, n'est plus là, mais les Juifs n'ayant rien à espérer de son successeur et le sentant plus faible que son père commencent à se remuer. Ces émeutes partielles qui éclatent sans cesse jusqu'au dernier soulèvement de l'an 66 sont comme les premiers et sourds grondements d'un volcan dont l'éruption va se produire et s'annonce déjà par quelques jets de lave et une longue agitation souterraine.

Que se passe-t-il pendant qu'Archélaüs est à Rome ? Sabinus, procurateur du légat de Syrie, envahit la Palestine et s'empare de Jérusalem. Les Juifs lui opposent une résistance terrible. Les portiques du Temple sont brûlés et Sabinus, enfermé dans le palais royal, demande du secours au général Varus, alors en Orient, le même qui fut plus tard tué en Germanie. Varus accourt, force les insurgés à lever le siège du palais et, s'emparant de deux mille d'entre eux, il les fait crucifier. Qu'on se représente ces deux mille croix dressées aux portes mêmes de Jérusalem, dans les champs, dans les carrefours, sur les collines, le long des routes. Ce n'est pas tout ; pendant cette émeute, provoquée par Sabinus, le pays tout entier avait été dans l'anarchie. Un certain Judas, fils d'un patriote galiléen mis à mort par Hérode le Grand, répandait la terreur en Galilée. Des brigands conduits par un ancien esclave d'Hérode, un certain Simon, pillait la ville de Jéricho ; enfin un berger, appelé Athrongœus, se faisait nommer roi, se mettait avec ses quatre frères à la tête de véritables armées et parcourait le pays.

Auguste approuva cependant le testament d'Hérode, malgré les plaintes des Juifs ; il espérait sans doute que le fils ressemblerait au père et saurait tenir cette nation. Mais Archélaüs ne parvint pas à asseoir sa domination en Judée et l'empereur, se décidant à écouter les doléances de ses sujets, le déposa et l'exila à Vienne dans les Gaules (6 ap. J.-C.). Ses états, c'est-à-dire la Judée, l'Idumée et la Samarie furent réduits en province romaine, annexés à la Syrie et administrés par un procurateur. Auguste avait enfin la paix. Quant aux Juifs ils ne perdaient ni ne gagnaient au change. Les émeutes pourront devenir moins fréquentes, en tout cas elles seront plus vite réprimées, mais le joug de l'étranger sera plus lourd que jamais. Les soldats romains, en effet, tiendront partout garnison et ces soldats, les officiers surtout, envoyés ainsi dans l'extrême Orient, au milieu de ces Juifs détestés, pourront tout se permettre : aucune plainte ne sera désormais écoutée ; quoi qu'ils fassent, ils resteront impunis. Les Juifs qui ne voudront pas se soumettre tiendront la campagne. Leurs bandes indisciplinées attaqueront les Romains partout où ils les rencontreront.

Josèphe les appellera des chefs de voleurs, remplissant la Judée de brigandages[4]. En parlant ainsi il ne dira qu'une partie de la vérité. Ces brigands n'étaient souvent que des .patriotes exaspérés, des hommes sincèrement religieux, et qui n'avaient d'autre tort que de se laisser entraîner par t'exaltation de leur fanatisme.

Pour comprendre ce qu'était l'administration nouvelle il faut se souvenir de l'organisation générale de l'Empire romain à cette époque. Quand les Romains ne laissaient pas un pays conquis se gouverner lui-même, ils l'annexaient purement et simplement à l'une des grandes provinces qui partageaient l'empire. Ces provinces étaient de deux sortes, les impériales et les sénatoriales. Les premières qui relevaient directement de l'empereur étaient les provinces frontières; leur importance militaire était considérable. La Judée, la Samarie, l'Idumée furent annexées à la province impériale de Syrie.

Chacune de ces provinces impériales était administrée par un légat ou propréteur, sorte de gouverneur militaire choisi par l'empereur. Au-dessous de lui, un procurateur était chargé de percevoir les impôts. Dans les provinces étendues et importantes (et la Syrie était de ce nombre) ce personnage réunissait les administrations de la guerre, de la justice et des finances. Pontius Pilatus, par exemple, qui n'était que procurateur sous les ordres du légat de Syrie, avait tous les pouvoirs d'un préteur. Ces procurateurs résidaient à Césarée et ils ne se rendaient à Jérusalem qu'au moment des grandes fêtes. La population était à ces moments-là si nombreuse et si turbulente, les émeutes étaient si fréquentes, que leur présence était indispensable. Ils demeuraient alors, sinon dans la tour Antonia même, qui servait de caserne à la garnison romaine, du moins tout à côté; on leur avait bâti un modeste palais, un pied-à-terre avec une vaste salle pavée au rez-de-chaussée qui servait de prétoire et où ils rendaient la justice. Nous avons déjà précisé ces détails en décrivant Jérusalem.

Quand la Judée fut annexée à la Syrie, Sulpicius Quirinius venait d'y être nommé légat impérial et Coponius (6 à 9) fut le premier procurateur de Judée. Rien de saillant ne se passa sous son administration non plus que sous celles de ses trois successeurs : Marcus Ambivius (9-12), Annius Rufus (12-15), Valerius Gratus (15-26).

Le recensement de Quirinius fut seul le signal d'une émeute provoquée par Judas le Gaulonite. Ce recensement se fit après l'an 6 de l'ère chrétienne c'est-à-dire après la déposition d'Archélaüs[5]. Cet ordre de dénombrer la population excita un vrai scandale en Judée. Il parut une tyrannie de plus, une menace d'aggraver les impôts. Livrer son nom, se faire inscrire sur des listes romaines, c'était, en quelque sorte, consacrer sa servitude. Judas le Gaulonite ou le Galiléen[6] se mit à la tête du parti des révoltés. Il était né à Gamala en Gaulonite et son cri de ralliement était celui-ci : Nous n'avons pas d'autre Maître que Dieu, nous ne devons pas payer le tribut à César ni reconnaître son autorité[7]. Il avait avec lui un Pharisien appelé Sadok, disciple de Schammaï, représentant par conséquent de la droite pharisienne. Ces révolutionnaires s'organisèrent et devinrent redoutables. Ils prirent un nom officiel, les Kanaïm, c'est-à-dire les zélateurs ou les zélotes en souvenir de Phinées qui avait été zélateur de la Loi[8]. Ils ne se distinguaient des Juifs dévots que par la fermeté de leurs principes politiques. Conséquents avec leur foi religieuse, ils la mettaient en pratique en professant des idées républicaines, et en se déclarant implacables ennemis de la royauté au dedans, des Romains au dehors. Josèphe dit qu'ils attirèrent à eux tous ceux qui aimaient la liberté[9]. Le mouvement insurrectionnel de 66 était déjà en germe dans cet important soulèvement. Un des apôtres de Jésus[10], Simon, semble avoir été un de ces zélateurs, disciple de Judas le Gaulonite, avant de s'attacher à Jésus de Nazareth. Un certain Éléazar qui devait jouer plus tard un rôle important dans le siège de Jérusalem était aussi un des parents et des amis de Judas le Gaulonite. Jésus devait avoir alors de dix à quinze ans. Il était à cet âge où son âme s'ouvrait aux premières impressions religieuses et où ses parents l'emmenaient au Temple pour la première fois. On se représente que le bruit du soulèvement de Judas le Gaulonite pénétra jusque dans l'échoppe du charpentier de Nazareth et que l'enfant entendit parler de cette révolte, des idées ardentes qui l'avaient inspirée, de la répression terrible qui l'étouffa. Judas fut tué en effet. Il eut pour successeur ses fils : Jacques, Simon et Ménahem. Jacques et Simon furent pris et crucifiés[11]. Ménahem devait leur survivre et jouer son rôle lui aussi dans le siège de Jérusalem[12].

Pontius Pilatus fut le cinquième procurateur romain en Judée. Il resta dix ans au pouvoir (26-36). Son supérieur, le légat de Syrie, était Ælius Lammia, qui fut remplacé deux ans après la mort de Jésus-Christ par Pomponius Flaccus, puis par Vitellius, le père du futur empereur de ce nom. Ce Pilatus (de pilum, javelot) fut encore plus détesté que ses prédécesseurs[13]. Il n'était pas un méchant homme, mais il était faible à la fois et violent et ne sut pas gouverner les Juifs. Il est vrai que ce gouvernement de la Judée était bien la lâche la' plus ingrate et la plus difficile qu'on pût imaginer. L'Évangile de Jean, et ce n'est pas un des traits les moins remarquables de l'historicité de cet écrit, nous a conservé un portrait admirable de vérité du caractère de Pontius Pilatus. Il avait bien la physionomie qui lui est donnée dans le récit que fait cet Évangile du procès de Jésus ; désireux de bien faire, accessible aux idées de .justice, d'équité, de droiture, mais vindicatif, sceptique, irrésolu il craignait avant tout de perdre la confiance du légat de Syrie ou du César de Rome. Tel il nous apparaît pendant toute la durée de son administration. Une fois il fit entrer à Jérusalem pendant la nuit les enseignes romaines portant l'image de l'empereur, bravade inutile que les Juifs ne pouvaient tolérer, aucun signe de la divinité impériale ne devant paraître dans le voisinage du Temple. Ils réclamèrent ; ils allèrent importuner Pilate à Césarée, et Pilate céda ; il fit retirer les enseignes. Plus tard il prit de l'argent dans le trésor du Temple pour construire un aqueduc qui devait amener de l'eau à Jérusalem, il s'ensuivit une émeute, et Pilate envoya à la foule révoltée des soldats romains déguisés en Juifs ; ceux-ci, se démasquant tout à coup, firent un affreux carnage des insurgés. II aimait le guet-apens et l'Evangile nous parle d'un massacre qu'il ordonna dans le Temple, devant l'autel même des sacrifices, mêlant le sang de malheureux Galiléens à celui des animaux qu'ils faisaient immoler. Ce fut à la Pâque de l'an 30, le vendredi 7 avril[14], qu'il ratifia la sentence de mort prononcée par les Juifs contre Jésus-Christ.

Après la mort du Christ, Pontius Pilatus devait encore gouverner la Judée pendant six ans. Ce fut une maladresse qui le perdit. Il voulut empêcher les Samaritains de se réunir sur le mont Garizim. Ceux-ci prétendaient y chercher des vases sacrés du tabernacle de Moïse qui y auraient été enfouis, croyaient-ils, par les Romains. Pilatus envoya des soldats les massacrer. C'était trop, et cette fois, les plaintes des malheureux Samaritains furent écoutées. Vitellius, légat de Syrie, destitua Pontius Pilatus et l'envoya à Rome se justifier. Il n'y arriva qu'après la mort de Tibère (37) et l'historien Eusèbe[15] a recueilli une tradition d'après laquelle Caligula l'aurait exilé dans lés Gaules où il se serait tué de désespoir. Tel fut cet homme, souvent au-dessous de sa tâche, quelquefois cruel, mais beaucoup moins mauvais que ne l'a cru l'Église. Nous étudierons plus loin, mi parlant du Sanhédrin, la part de responsabilité qui lui incombé dans le procès et la condamnation de Jésus. Son successeur fut Marcellus.

Les autres fils d'Hérode, Antipas et Philippe le Tétrarque, avaient été plus habiles qu'Archélaüs, ou plutôt, n'ayant pas à gouverner Jérusalem, ils ne s'étaient pas trouvés aux prises avec les mêmes difficultés que lui. Aussi les Romains ne les avaient-ils destitués ni l'un ni l'autre. Antipas avait eu, nous l'avons dît, la Galilée et la Pérée ; Jésus, habitant Nazareth, était donc un de ses sujets. Philippe était tétrarque de la Batanée, de la Trachonitide, de l'Auranitide et de Panéas. Il bâtit une ville à la place du village de Bethsaïda et lui donna le nom de Julias. Il changea aussi le nom de Panéas qui devint Césarée de Philippe. Il régna trente-sept ans et mourut à Julias (34 après J.-C). Ce prince fait certainement contraste avec les autres membres de sa famille par la douceur de ses mœurs et de son caractère. Il ne laissa pas d'enfants, et ses provinces furent réunies à la Syrie. Philippe n'est nommé qu'une seule fois dans le Nouveau Testament[16].

Antipas, son frère, était aussi tétrarque, et non pas roi, comme le dit à tort l'Évangéliste Marc[17]. Le Jourdain divisait son domaine en deux parties : la Galilée et la Pérée. Il était bien le fils d'Hérode le Grand par son caractère et par ses mœurs, ήσυχίαν άγαπών dit Josèphe[18] ; moins actif que son père, il était, comme lui, faible, cruel et voluptueux, Jésus-Christ le comparaît à un renard[19]. De temps en temps Antipas était obligé de repousser par la force les violations de son territoire par les Arabes sur les frontières de la Pérée ; aussi se hâta-t-il d'épouser, dans un but politique, la fille de leur roi Arétas. Il pensait par là se garantir de leurs incursions mieux encore que par la guerre ou des forteresses. Peut-être était-ce Auguste lui-même qui l'avait contraint à ce mariage[20].

Antipas, comme tous les Hérodes, aimait le luxe et la prodigalité. Il voulut une capitale magnifique, une résidence royale, choisit pour rétablir la plus belle partie de la Galilée, la rive occidentale du lac et le voisinage des sources d'Emmaüs ; il peupla cette ville d'étrangers, y bâtit des édifices nombreux et lui donna une physionomie aussi païenne que possible. En l'honneur de Tibère il appela cette ville Tibériade.

Vers la fin de sa vie, il tomba au pouvoir d'une de ses nièces, Hérodiade, dont il est parlé dans le Nouveau Testament. Il fit sa connaissance dans un voyage à Rome, on ne sait à quelle époque. Elle avait épousé un de ses ondes, Philippe, un frère d'Antipas, qui n'avait pas été nommé dans le dernier testament d'Hérode et qui vivait à, Rome en simple citoyen. Cette femme ambitieuse le suivit en Galilée avec sa fille Salomé, et Antipas, répudiant la fille d'Arétas et la renvoyant à son père, vécut publiquement avec elle.

Arétas marcha contre son gendre et le battit. Antipas demanda du secours à Tibère, et Vitellius reçut Tordre de secourir le tétrarque. C'est à cette époque que Jean-Baptiste languissait dans un des cachots de Machéronte, et était mis à mort par Antipas à l'instigation d'Hérodiade pour avoir prononcé cette héroïque parole : Il ne t'est pas permis de vivre avec la femme de ton frère[21].

Josèphe nous a conservé, sur la prédication de Jean-Baptiste, des détails qui sont probablement accommodés au goût des Grecs et des Romains ses lecteurs, et les renseignements que nous donnent les Evangiles sur l'activité publique de Jean sont assurément plus authentiques. Quant aux causes véritables de l'emprisonnement de Jean, nous sommes disposé à croire avec Josèphe que la politique n'y fut point étrangère. Jean prêchait l'attente messianique avec une passion et une puissance qui devaient porter ombrage à Hérode. Ses auditeurs, sinon lui-même, ne séparaient pas la politique de la religion dans leur espoir d'une délivrance prochaine, et les allusions à Antipas, inconscientes ou non, étaient, en tout cas, faciles à découvrir dans les paroles de Jean. Il fut enfermé dans la monstrueuse forteresse de Machéronte où le tétrarque se trouvait précisément à cause de sa guerre avec Arétas ; c'est là qu'il fut mis à mort[22].

Cependant Vitellius apprit la mort de Tibère et n'exécuta pas ses ordres. Caligula nomma, à son avènement, roi de Judée, Agrippa Ier, frère d'Hérodiade, son favori et son compagnon de débauches. La série des procurateurs de Judée se trouvait par li interrompue et Agrippa devait bientôt réunir sous son sceptre tous les états de son aïeul Hérode le Grand. Hérodiade, en effet, furieuse que son frère eût un titre plus élevé que son mari, poussa celui-ci à faire le voyage de Rome et à demander le diadème. Sa demande fut rejetée et bientôt les intrigues d'Agrippa Ier firent déposséder Antipas de ses États. Condamné à l'exil, il se rendit à Lyon dans les Gaules, suivi d'Hérodiade qui lui resta fidèle. Plus tard il passa en Espagne où il mourut. Sa tétrarchie fut ajoutée au royaume d'Agrippa Ier.

Le règne de ce prince fut relativement paisible. Il n'y eut pour ainsi dire point d'émeutes sous son administration. Il sut se faire aimer et joua toute sa vie le rôle d'un Juif fervent. Il agrandit Jérusalem, fit construire le mur dit d'Agrippa dont les restes se voient encore aujourd'hui. Mais la tranquillité de la nation n'était qu'apparente ; c'était le calme trompeur qui précède d'ordinaire les grandes tempêtes et après Agrippa (mort en 44) les soulèvements recommencèrent. Theudas se mit à prêcher la délivrance prochaine et invita la foule à le suivre au désert. II annonçait qu'il traverserait le Jourdain à pieds secs[23]. Il périt et quatre cents de ses partisans périrent avec lui.

La série des procurateurs Romains avait recommencé, toujours plus détestés les uns que les autres : Cuspius Fadus, Tibère Alexandre, ancien Juif devenu Romain, renégat par conséquent, et qui fit crucifier les deux fils de Judas le Gaulonite, enfin Cumanus et avec lui les préliminaires de l'insurrection filiale, la révolte des Zélotes de Jérusalem et le massacre de vingt mille d'entre eux[24]. Sous Félix, l'affranchi de Claude, le père du fameux Pallas, paraissent les sicaires, armés de poignards, qui frappent dans la foule quiconque leur paraît suspect[25]. La terreur se répand partout ; les honnêtes gens n'osent plus sortir dé chez eux[26]. Les prétendus prophètes, les magiciens, les faux Messies surgissent de tous côtés et mettent le comble à la surexcitation des esprits[27]. L'un de ces imposteurs venu d'Egypte, réunit trente mille hommes sur le mont des Oliviers. Cette immense armée est taillée en pièces[28].

La misère est affreuse, car les travaux du Temple sont achevés et dix-huit mille ouvriers se trouvent sans pain. Festus succède à Félix et Agrippa II est nommé roi, mais il n'a que l'ombre du pouvoir et ne possède aucune autorités Festus disparaît bientôt ; Albinus, son successeur, se laisse acheter par les malfaiteurs. Son administration est particulièrement détestable. Il était lui-même, dit Josèphe, le principal chef des voleurs. Sous Gessius Florus, le dernier de ces procurateurs, les Juifs de Césarée saisissent le premier prétexte venu pour se soulever. Ceux de Jérusalem en fait autant, trois mille six cent trente hommes, femmes, enfants sont massacrés ou crucifiés ; mais cette fois la répression est inutile, l'insurrection l'emporte et ni le procurateur ni le légat lui-même, Gestius Gallus, ne parviennent à se faire écouter. Agrippa II vient à son tour haranguer les Juifs, il les supplie de s'apaiser, il leur démontre la folie de leur conduite, on ne lui répond que par l'insulte et la révolution s'organise partout (66). Onze cent mille Juifs devaient périr dans cette lutte suprême, d'après Josèphe ; six cent mille d'après Tacite. Les insurgés, maîtres de Jérusalem et du Sanhédrin,^ fout de cette assemblée une sorte de convention nationale. Elle est présidée par Simon, fils de Gamaliel l'Ancien (bien différent de son père). Il frappe des monnaies dont l'exergue porte : Simon, Nâssi d'Israël, et au revers : Liberté d'Israël. C'est la République avec une dictature de salut public.

Cependant un groupe de modérés envoie une députation secrète à Gessius Florus pour le supplier d'agir ; il en est encore temps. Mais les démagogues, dirigés par un certain Éléazar, le propre fils du grand prêtre Hananiah[29], apprennent cette démarche ; ils accusent les modérés de trahison et la guerre civile éclate dans Jérusalem. Les radicaux sont vainqueurs, ils s'emparent de la ville haute ; les palais royaux sont brûlés, les greffes des actes publics pillés et tous les titres de créance anéantis. Il faut en finir, disent les révolutionnaires, avec les aristocrates, les réactionnaires, les Saducéens. Éléazar poursuit son père, le grand prêtre Hananiah ; celui-ci se réfugie avec plusieurs Saducéens dans les égouts ; ils sont découverts et mis à mort (14 août 66).

Bientôt après, la tour Antonia est prise et sa garnison massacrée. Les insurgés sont maîtres de Jérusalem, et, par suite, du pays tout entier. Un immense et fol espoir de vaincre s'empare de ces forcenés. Les Romains répondent à cette gigantesque révolte par le massacre des Juifs disséminés dans l'empire. Il en périt vingt mille à Césarée, treize mille à Scythopolis, deux mille cinq cents à Ascalon, dix mille à Damas, deux mille à Ptolémaïde, cinquante mille à Alexandrie. Les insurgés de Judée répondent à leur tour en mettant les païens hors la loi (9 février 67).

Cestius Gallus, moralement obligé d'agir, fait semblant d'envahir le pays. Il va jusque sous les murs de Jérusalem. Josèphe affirme qu'avec un peu d'énergie il aurait mis fin à la guerre ; niais il n'ose pas provoquer les Juifs et se retire sans combat. Les Juifs, enhardis par cette retraite, la poursuivent, le harcèlent, changent sa fuite en déroute.

De plus en plus exaltés par cette victoire, les insurgés organisent la défense dans tout le pays. Un comité d'hommes intelligents et modérés se réunit et nomme des commissaires généraux qui iront soulever la province. Josèphe, le futur historien, est chargé du poste le plus périlleux, la Galilée. C'est alors que les Romains, exaspérés par ce petit peuple si remuant[30], se décident à en finir et envoient contre lui le général Vespasien.

Nous avons raconté, en parlant de Josèphe, comment celui-ci, chargé de défendre la Galilée, la perdit au contraire. Cette perte irréparable fait éclater encore une fois la guerre civile à Jérusalem. Le parti de la guerre à outrance l'emporte de nouveau ; deux insurgés, Jean de Gischala et Simon ben Gioras ; s'emparent du pouvoir, remplissent les prisons de suspects et les font massacrer. Les anciens zélotes deviennent les modérés ; ils sont les Girondins de la révolution tandis que les sicaires, avec Jean et Simon à leur tête, en sont les Jacobins. Quant au parti sacerdotal, il est considéré comme 'traître à la patrie et tout entier condamné à mort. C'est le règne de la terreur. Hanan, le fils du grand prêtre de ce nom dont parle l'Évangile, est massacré dans cette formidable tuerie qui met fin au sacerdoce juif.

Les Pharisiens conservateurs de l'école de Hillel auraient aussi péri s'ils n'étaient parvenus à sortir de la ville par un stratagème ingénieux. Les terroristes faisaient garder les portes, mais Jochanan ben Zacchaï, le chef de ces Pharisiens modérés, se fait passer pour mort et placer par ses disciples dans un cercueil. Un convoi funèbre n'inspire point de défiance, on les laisse passer aux portes ; c'est ainsi qu'ils s'échappent et réussissent à gagner Jabné[31]. Les chrétiens parvinrent aussi à sortir de la ville, à ce moment-là, et se réfugièrent à Pella.

Cependant Néron était mort (9 juin 68). Ses trois successeurs, Galba, Othon, Vitellius ne font que passer et le général Vespasien est proclamé empereur par les légions. Il part pour Rome et charge son fils Titus de continuer la guerre. Titus vient mettre le siège devant Jérusalem.

Dans l'intérieur de la ville, l'anarchie était effroyable. Les insurgés s'étaient divisés en trois partis en guerre les uns contre les autres. Ils ont pour chef respectifs : Jean de Gischala, Simon ben Gioras et, un troisième forcené, Eléazar ben Simon. Les rues sont inondées de sang ; et, pendant que les habitants s'entr'égorgent comme des fous furieux, les Romains font le siège et le poursuivent avec cette admirable stratégie dont ils ont depuis longtemps le secret et qui leur assure d'avance la victoire. Grâce à des travaux d'une précision étonnante, ils arrivent à rendre le blocus complet le 10 avril 70. Au bout d'un mois, ils ont franchi la première enceinte, et le nord de la ville est en leur pouvoir. Ils attaquent ensuite la tour Antonia, et Titus, sur les instances de Bérénice, fait un dernier essai de conciliation. Josèphe est envoyé aux assiégés ; il tâche de parlementer. On le reçoit à coups de pierre. Titus, irrité, décide alors de crucifier cinq cents prisonniers par jour, et bientôt le bois manque pour faire les croix. La famine et la peste éclatent dans la ville ; il y circule d'horribles histoires : une mère a mangé son enfant. Le 17 juin, le sacrifice perpétuel est interrompu au Temple. Il n'y a plus de victimes à offrir ; il n'y a plus de prêtre pour sacrifier. Cependant les Romains avancent toujours. Ils prennent toute la ville, sauf le Temple qui se dresse, forteresse imprenable et dernier asile des insurgés. Au mois d'août, les machines romaines commencent à en battre les formidables murailles et y font des brèches. Un des premiers jours de ce mois d'août[32], un légionnaire lance un tison enflammé sur la toiture du sanctuaire et parvient à y mettre le feu. Les portiques étaient déjà brûlés. Le sanctuaire est bientôt réduit en cendres, et alors il ne reste plus de la ville que quelques tours démantelées, le mur occidental du Temple et ces formidables soubassements qui datent du roi Salomon et sont encore en place aujourd'hui.

Cependant Jean de Gischala et Simon ben Gioras vivent encore et luttent toujours. Ils occupent un demi quartier de la ville haute. Un combat suprême leur est livré, et le 6 septembre tout est fini. Simon ben Gioras fait prisonnier est réserve pour le triomphe de Titus à Rome. Il sera ensuite flagellé et crucifié. Les autres chefs de l'insurrection sont condamnés à une prison perpétuelle.

Josèphe raconte que Titus laissa dans le pays un certain Terentius Rufus[33]. Il s'agit sans doute de ce Turnus Rufus dont il est dit : Le 9 du mois Ab, Turnus Rufus, l'impie, Edomite, fit passer la charrue sur l'emplacement du Temple et les endroits environnants[34]. Et ailleurs : La ville de Jérusalem fut fouillée par la charrue[35]. C'est ainsi que s'accomplit la prédiction de Jésus-Christ : Il n'en sera pas laissé pierre sur pierre[36].

Il nous est impossible de ne pas rendre hommage en terminant au patriotisme des Juifs et à la grandeur de ce peuple infortuné, victime de ses idées religieuses et du rêve gigantesque de rénovation universelle que, depuis tant de siècles, il portait dans son sein. Il fallait qu'il mourût ; il fallait que cette nationalité prît fin pour que l'idée religieuse, l'idée juive et maintenant l'idée chrétienne débarrassée de tout ce qui l'attachait à un pays, à une ville, à un Temple et à une race pût se répandre dans le monde. Elle ne devait conquérir la terre qu'en se spiritualisant, et elle ne devait se spiritualiser qu'en voyant disparaître tout ce qui faisait d'Israël une nation. Les convulsions du Judaïsme expirant sont les premières du monde antique. Elles annoncent qu'il va bientôt mourir. Elles seront suivies des convulsions autrement longues et terribles de l'empire romain, et toutes ses souffrances seront les douleurs de l'enfantement du monde moderne et de rétablissement da christianisme.

 

 

 



[1] Voir livre II, chapitre XV, Les dates principales de la vie de Jésus.

[2] Il est possible cependant que Jésus fut né déjà depuis deux ou trois ans.

[3] Ev. de Matth., chap. II, vers. 1 et suiv.

[4] D. B. J., II, 6.

[5] On connaît l'erreur de Luc, chap. II, 1. Il place ce recensement l'année même de la naissance de Jésus-Christ tandis qu'il ne se fit que quelques années plus tard.

[6] Actes des Apôtres, V, 37. Josèphe, Ant. Jud., XVIII, 1, 6. XX, 5, 2. D. B. J., II, 8, 1.

[7] Josèphe, Ant. Jud., XVIII, 1, 1 et 6.

[8] Nombres, XXV, 7, 10.

[9] Josèphe, Ant. Jud., XVIII, 1.

[10] Ev. de Luc, VI, 15.

[11] Josèphe, Ant. Jud., XX, 5, 2.

[12] Josèphe, D. B. J., II, 17, 8, 10 ; Vita, § 5.

[13] Ant. Jud., XVIII, 3, 1.

[14] Voir pour la justification de cette date, Livre II, chapitre XV, Les Dates principales de la Vie de Jésus.

[15] H. E., II, 7.

[16] Ev. de Luc, III, 1.

[17] VI, 14.

[18] Ant. Jud., XVIII, 7, 2.

[19] Ev. de Luc, XIII, 32.

[20] Suétone, Auguste, ch. 48.

[21] Ev. de Marc, ch. VI, 14-30.

[22] M. Gustave Flaubert nous a laissé dans le conte d'Hérodias une merveilleuse description de Machéronte et de la mort de Jean-Baptiste. — Trois contes, par G. Flaubert, Paris, Charpentier, 1877.

[23] Josèphe, Ant. Jud., XX, 5, 1.

[24] Josèphe, Ant. Jud., XX, 5, 3. Il est évident que ces chiffres de Josèphe sont très exagérés.

[25] Mischna, Sanhédrin, IX, 6. Voir aussi Ev. de Jean, XVI, 2. Josèphe, D. B. J., livre IV et suiv.

[26] Josèphe, D. B. J., II, 33.

[27] Voir sur les séditions continuelles, Josèphe, Ant. Jud., livres XVII et XVIII. D. B. J., livres I et II.

[28] Quand saint Paul fut arrêté à Jérusalem il fut un instant confondu avec cet Egyptien. Actes des apôtres, XXI, 38.

[29] Hananiah n'était plus grand prêtre en exercice, mais il avait conservé une grande influence sur le parti sacerdotal. Le véritable grand prêtre était un homme obscur, Matthias. (Josèphe, Ant. Jud., XX, 9, 7).

[30] Tacite, Annales, livre V, ch. 10.

[31] Midrasch sur Kohelet, VII, 11.

[32] Le samedi 9 ou 10 du mois d'Ab. (Taanith, IV, 6. Dion Cassius, 66, 7). Titus, dit Josèphe, était personnellement opposé à la destruction du Temple. Sulpicius Severus au IVe siècle affirme au contraire que Titus tenait à le brûler pour en finir avec les révoltes des Juifs. Il est possible que Sulpicius Severus ait puisé ce renseignement dans les Histoires perdues de Tacite.

[33] D. B. J., VII, 7.

[34] Maimon., Taanith, ch. V.

[35] Taanith, ch. IV.

[36] Ev. de Math., XXIV, 2. Quelques murs cependant subsistèrent, deux ou trois tours et peut-être aussi la porte appelée aujourd'hui porte dorée ou porte d'or.