HISTOIRE ROMAINE

 

LIVRE III — CHAPITRE VINGT SIXIÈME

 

 

GALLUS (An de Rome 1002. — De Jésus-Christ 249)

LES débris des légions vaincues donnèrent l’empire à Gallus, issu d’une ancienne famille romaine, que ses talents avaient d’abord illustrée, et qu’il déshonora en la décorant d’une couronne achetée par une lâche trahison. Ses rapports artificieux trompèrent le sénat : ce corps, le regardant comme le sauveur des légions qu’il avait livrées, confirma son élection : Gallus n’obtint des Goths la paix, qu’en leur payant un tribut. Ce traité eut les tristes effets que produit toujours la faiblesse ; elle expose à l’insulte et fait naître le péril qu’elle veut éviter. La Macédoine, la Thessalie, la Mœsie, la Thrace furent inondées d’ennemis, Sapor rentra en Syrie et enleva l’Arménie à Tiridate.

Gallus, revenu à Rome, se livrait au plaisir, négligeait les affaires, et  apprenait avec indifférence les pertes de l’empire et les progrès des barbares.

Le mépris du peuple commençait à se manifester par ses murmures ; l’empereur crut regagner sa confiance en adoptant Hostilien, fils de Decius ; mais bientôt, craignant que ce jeune prince, dont le nom était cher aux Romains, ne voulut venger son père, il l’empoisonna, et s’efforça vainement de faire croire qu’il était mort victime de la peste. Cette contagion désolait alors l’Italie.

La persécution des chrétiens y répandait toujours la crainte et la mort. Le règne de Gallus est une époque de honte et de calamités qui n’eurent pour compensation qu’un seul événement heureux : Émilien, attaquant les Goths dans la Mœsie, les défit en bataille rangée. Cette victoire valut au vainqueur l’honneur ou plutôt le malheur d’être porté au trône : les légions l’élurent empereur ; Gallus, à la tête des troupes d’Italie, marcha contre lui avec son fils Volusien, lui livra bataille, et fut tué dans le combat, ainsi que Volusien, par ses propres soldats. Ses légions se réunirent à celles d’Émilien. La mort de Gallus arriva l’an 1004 de Rome, 251 de Jésus -Christ. Son règne de dix-huit mois avait plus affaibli l’empire qu’une longue guerre.