ANTIQUITÉS GRECQUES

DEUXIÈME PARTIE DE LA DEUXIÈME DIVISION  - ANTIQUITÉS RELIGIEUSES.

CHAPITRE VINGTIÈME. — CULTE DOMESTIQUE.

 

 

Il n’est pas douteux qu’Apollon Patroos et Zeus Herkeios ne fussent aussi les objets d’un culte domestique, dans toutes les anciennes familles de la bourgeoisie. A la vérité, les citoyens de fraîche date pouvaient bien ne pas honorer Apollon sous le surnom particulier de Patroos, mais ils ne lui rendaient pas moins un culte intérieur, et dès lors leurs enfants étaient autorisés à l’invoquer comme leur divinité paternelle, πατρώος. D’autres divinités rentraient aussi dans le culte domestique, chacun suivant l’inclination qui le portait vers telle ou telle, ou s’attachent à l’un ou l’autre des attributs qui leur avaient valu leurs surnoms divers. Le culte le plus suivi était celui de Zeus κτήσιος, qui avait pour mission de conserver et d’accroître les patrimoines. On lui témoignait d’autant plus de zèle qu’on sentait avoir plus besoin de son secours, et souvent, dans les sacrifices qu’on lui offrait, on avait bien soin de tenir éloignés tous les étrangers, esclaves ou hommes libres, et de n’admettre que les membres les plus proches de la famille, de qui l’on n’avait pas à craindre qu’ils pussent détruire l’effet des sacrifices et des prières[1]. Zeus έφέστιος était aussi l’objet d’un culte domestique, en tant que gardien du foyer[2]. Le foyer était considéré comme un autel d’Hestia, et c’était la coutume, lors même que l’on honorait d’autres dieux, de commencer et de finir par elle[3]. Beaucoup plaçaient au-dessus ou à côté du foyer une figure d’Héphaïstos, le dieu du feu[4]. On peut admettre, en outre, sans témoignages précis, que les dieux et les héros qui présidaient à certaines professions recevaient de la part de ceux qui les pratiquaient des honneurs particuliers. Ainsi un culte domestique était rendu à Athéna Ergané et à Héphaïstos par les artistes et par les artisans, à Prométhée ou à Kéramos par les potiers, à Hermès par les rhéteurs et les instituteurs de la jeunesse, à Héraclès par les athlètes, à Asklépios par les médecins, à Dionysos par les poètes et les acteurs. Naturellement aussi les étrangers, s’ils venaient s’établir dans taie ville oit ils ne trouvaient pas de culte public établi en l’honneur de la divinité qui, dans leur patrie, avait leur préférence, pouvaient se croire tenus de lui consacrer à l’intérieur de leur mai son un culte privé. C’est ainsi que, chez Aristophane, il est question d’un dieu barbare, dont un certain Exékestidès s’était fait un dieu πατρώος, et qu’Hérodote cite un personnage du nom d’Isagoras, qui sacrifiait à Zeus Karios, dont sans cloute il avait apporté le culte de Carie[5]. Plutarque, de son côté, raconte que Timoléon, reconnaissant de la chance inespérée qui l’avait fait réussir dans de difficiles entreprises, avait élevé chez lui un autel au Hasard (Αύτοματία) et offrait à ce dieu de fréquents sacrifices[6]. De pareils exemples durent se renouveler souvent. Les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, se trouvaient en possession d’une couvre d’art représentant une divinité et qui l’installaient chez elles pouvaient être tentées de disposer une chapelle et d’y établir un culte domestique, comme le raconte Cicéron d’un riche habitant de Messana, qui avait fait construire un oratoire, pour y recevoir une statue d’Éros par Praxitèle et une statue d’Héraclès par Myron, et avait disposé des autels devant ces images[7]. Des cas de ce genre sont sans doute exceptionnels. Les chapelles et les oratoires ne pouvaient trouver place que dans les grandes habitations. Dans les demeures étroites à l’usage des gens peu aisés, il fallait bien se contenter d’une niche pratiquée dans la muraille ou d’une armoire où l’on serrait des figurines le plus souvent en argile[8]. Zeus Ctésios était honoré dans les greniers, et souvent, à défaut d’image, il y était représenté symboliquement par un vase de terre[9]. L’assertion que Zeus Herkeios avait un autel dans la cour intérieure, aula[10], ne peut être évidemment acceptée que sous la réserve qu’il y eût, en effet, une cour intérieure[11]. Il est bien vrai que généralement il en était ainsi, mais il est difficile de croire que cette disposition existât dans les habitations trop modestes. Il y avait à Athènes des maisons qui ne coûtaient pas plus de quatre ou cinq cents francs[12], et qui ne pouvaient être évidemment aménagées comme les habitations importantes, où les bâtiments se développaient autour d’une cour intérieure. La façon de construire variait en Grèce, non moins qu’à Pompéies, où il ne manque pas non plus de petites maisons sans Cavædium[13]. — Aux divinités domestiques appartient encore Hermès Strophaios, gardien des gonds sur lesquels tournent les portes, en l’honneur de qui l’on plaçait volontiers derrière le seuil de la maison une niche ou une armoire[14]. Souvent aussi on disposait près de l’entrée un petit Hékatéion, c’est-à-dire un meuble renfermant une image d’Hékate à laquelle, chaque fois que l’on passait devant, on faisait ses dévotions, avec l’espoir d’en obtenir certains signes réputés favorables[15]. Devant la porte, il y avait aussi d’ordinaire une petite colonne de forme conique, symbole du dieu chargé de veiller sur la voie publique, que l’on représentait à Athènes et presque partout sous les traits d’Apollon Agyieus, dans quelques pays cependant, sous ceux de Dionysos et d’Hermès[16]. Au coin des rues et sur d’autres emplacements encore, on voyait çà et là des Hermès, qui n’étaient plus comme les précédents attachés à des habitations particulières, mais étendaient leur protection sur tout le voisinage et se recommandaient à la dévotion publique. Athènes en possédait un grand nombre dus à des libéralités particulières ou offerts par des corporations. Ils s’étendaient en une longue colonnade reliant le portique royal et celui du Pœcile, d’où était venu à la voie elle-même le nom de portique des Hermès[17]. Depuis le règne d’Hipparque, fils de Pisistrate, les Hermès servaient aussi, dans les grandes routes de l’Attique, de bornes milliaires et de poteaux indicateurs[18].

Dans les temps que nous décrit l’épopée homérique, chaque animal immolé était l’occasion d’un sacrifice aux dieux ; c’était une fête domestique où la religion avait sa part. Nous ne saurions dire si cette coutume se maintint longtemps. Il n’arrivait pas plus souvent aux Grecs qu’à nous de tuer de gros animaux pour les besoins d’une maison particulière. On se fournissait au jour le jour chez le boucher, κρεωπώλης, car il n’est pas douteux que cette industrie existât dès lors[19]. Nous laisserons indécise la question de savoir si le’ boucher offrait lui-même une partie des viandes en sacrifice ; mais lorsque la bête était tuée à l’intérieur d’une habitation particulière, on ne pouvait guère s’en dispenser. Ordinairement, ce n’était pas le chef de la famille qui se chargeait lui-même de l’exécution ; il laissait ce soin à des valets, s’il en avait d’assez experts, ou il louait un homme du métier qui accomplissait en même temps la cérémonie religieuse, au nom du maître[20]. Ce n’est que dans des cas exceptionnels, lorsque, par exemple, on célébrait une fête de famille, que le chef pouvait prendre part à cette besogne. — En semblables circonstances les dieux domestiques n’étaient pas oubliés, alors même que les actes religieux auxquels on se livrait s’adressaient à d’autres divinités, lesquelles variaient suivant le caractère de la fête. Dans les noces qui, partout en Grèce, étaient accompagnées de cérémonies religieuses, il n’est guère fait mention des dieux domestiques ; il est cependant difficile de croire que leur pensée ne fût pas présente, que la nouvelle mariée ne se plaçât pas sous leur garde ; mais, par cela même que la chose allait de soi, il n’est pas expressément question de ces exercices intérieurs de piété et l’on ne parle que de ceux qui se pratiquaient ouvertement. Les rites n’étaient pas partout les mêmes. Le particularisme des populations grecques se montrait en cela comme dans le reste. D’ailleurs nous ne possédons des détails à peu près complets qu’en ce qui concerne Athènes ; nous sommes réduits pour les autres États à quelques indications insuffisantes.

Le mariage est généralement représenté par les Grecs comme un achèvement, τέλος, et les dieux qui président aux unions conjugales sont appelés θεοί τέλειοι. Ces mots n’entraînent pas, à vrai dire, l’idée d’un acte religieux, d’un sacrement ; ils signifient seulement que le mariage est le complément obligé de la vie, et que l’existence d’un célibataire n’est qu’une demi-existence[21]. Par là, toutefois, les Grecs reconnaissaient de façon assez nette pour qu’on ne puisse s’y méprendre que le mariage n’est pas seulement une institution humaine, qu’il est de fondation divine, placé à ce titre sous la surveillance et la protection des dieux[22], bien que la pratique ne répondît pas toujours à la théorie. Cet accord, en effet, fut plus rare peut-être chez eux que chez nous ; leurs législations, notamment, soit qu’elles ne se proposassent pas un but aussi élevé, soit qu’elles n’eussent pas la même confiance dans la vertu inhérente à la loi, s’appliquèrent moins que la plupart des législations modernes à encourager les bons sentiments et à réprimer les mauvais procédés.

Les cérémonies religieuses qui précédaient le mariage étaient désignées par le nom général de προτέλεια ; elles avaient lieu la veille et peut-être même commençaient plusieurs jours auparavant[23]. Elles consistaient surtout en prières et en sacrifices adressés aux divinités dont la bénédiction devait le plus porter bonheur au ménage, et qui, pour cette raison, étaient appelés θεοί γαμήλιοι. Au premier rang était placée Aéra, qualifiée plus souvent qu’aucune autre déesse de γαμηλία ou γαμήλη ; après elle viennent Artémis, à qui, ainsi que nous l’avons vu déjà, les Athéniens consacraient leurs jeunes filles sous le nom d’άρκτοί, et les Parques, Μοΐραι[24]. D’autres divinités encore sont désignées ; la liste d’ailleurs n’était certainement pas la même dans tous les pays et varia avec le temps. Ainsi beaucoup d’entre les Athéniens invoquaient avant le mariage Uranos et la Terre[25], ou bien les Tritopatores, représentés comme des puissances cosmogoniques et les auteurs de la race humaine, à qui l’on demandait de rendre les unions fécondes[26]. Dans d’autres contrées, Zeus Téleios était mis aussi ait rang des divinités nuptiales[27], ainsi qu’Aphrodite, à qui sacrifiaient les fiancées d’Hermioné[28], et dont le nom avait été donné comme surnom à Héra par les Spartiates[29] ; enfin, à Haliarte et ailleurs encore, on invoquait l’assistance des Nymphes[30]. Chez les Athéniens, la fiancée était conduite par ses patents à l’Acropole, dans le temple d’Athéna Polias, où l’on offrait un sacrifice à la Déesse, en lui demandant de bénir l’union que l’on allait contracter[31]. A Trézène, les jeunes filles consacraient leur ceinture[32] à Athéna honorée sous le nom d’Apaturia, c’est-à-dire comme protectrice des Gentes et des Phratries, et déposaient une boucle de leur chevelure dans le temple d’Hippolyte, dieu vraisemblablement d’ordre solaire ou stellaire, associé d’abord à Artémis et ramené, par la mythologie, à l’état de héros[33]. Les filles de Mégare offraient leur chevelure à Iphinoé, celles de Délos à Opis et à Hékaergé ou bien à Hypéroché et à Laodiké[34]. En un mot, chaque contrée avait ses usages. Dans la nouvelle Ilion, la coutume voulait que les fiancées se baignassent dans les eaux du Scamandre et invoquassent le dieu en s’écriant : Je te sacrifie, à Scamandre, ma virginité[35]. Il va de soi que les cérémonies appelées προτέλεια étaient accomplies par le marié aussi bien que par sa femme, et par les deux familles[36]. Ceux qui voulaient être bien sûrs de ne rien négliger devaient se renseigner auprès des Exégètes[37]. Ajoutons encore un détail pour finir cette énumération : dans les sacrifices offerts à Héra Gamélia, le fiel des victimes n’était pas déposé sur l’autel et brûlé, mais enfoui ou jeté, pour montrer, dit l’écrivain à qui nous devons ce renseignement, que la colère et l’amertume ne doivent pas trouver place dans le mariage[38]. On observait aussi dans ces sacrifices les signes favorables ou défavorables, et suivant qu’ils se prononçaient dans un sens ou dans l’autre, on procédait au mariage dès le lendemain ou on l’ajournait[39]. C’était une coutume générale que le jour même des noces, de bon matin, les deux fiancés prissent un bain dont l’eau, en tout pays, venait d’une fontaine affectée à cet usage spécial : Athènes avait la source Callirhoé ou autrement appelée Ennéakrounos[40], Thèbes la rivière Isménos. L’eau devait en outre être puisée par une personne jeune et appartenant à la famille, fille ou garçon[41]. Le soir, la mariée était amenée en pompe à sa nouvelle demeure, sur un char traîné par des mulets ou des bœufs dans lequel sa place était marquée entre son mari et le garçon d’honneur, παρανύμφιος ou πάροχος, toujours choisi parmi les parents ou les amis du mari. D’après une disposition attribuée à Solon, la mariée apportait avec elle toutes sortes d’ustensiles de ménage et en déposait une partie à la porte de la chambre nuptiale, pour indiquer le rôle actif qui lui était destiné[42]. Si le fiancé se mariait en secondes noces, il ne lui était pas permis d’aller chercher sa femme lui-même ; il se faisait remplacer par un parent ou un ami, appelé pour la circonstance νυμφαγωγός. Derrière la voiture suivait un cortège de personnes unies au jeune couple par le sang ou par l’amitié. On portait des torches que les mères du mari et de la femme avaient allumées chacune à leur foyer. On chantait, en s’accompagnant de la flûte, des cantiques appelés Hyménées[43], du nom d’un personnage que diverses légendes représentaient comme un dieu ou un démon du mariage, mais qui doit uniquement son existence aux chants appelés de son nom. Les Hyménées, quoi qu’ils pussent avoir un caractère religieux, affectaient le plus souvent une allure joyeuse, quelquefois même lascive[44], laisser-aller d’autant moins surprenant qu’ils étaient chantés au sortir d’un repas où des vins généreux avaient coulé en abondance. Le repas de noces était offert par le père de la fiancée ; les femmes y étaient admises, au moins en certains pays, bien que généralement elles fussent exclues des réunions auxquelles les hommes prenaient part. Toutefois on disposait pour elles des tables à part et la mariée restait voilée[45]. Il paraît que l’on servait aussi, dans la maison du fiancé, un banquet auquel étaient invités ceux de ses amis qui ne pouvaient trouver place à l’autre[46]. Les mariés y étaient amenés par des personnes de leur entourage et salués par des acclamations joyeuses ; on leur jetait, pour leur porter bonheur, des gâteaux, des fruits et autres friandises[47]. De là, la Nympheutria, femme âgée et de la famille, que le père et la mère avait requise pour cet office, conduisait la mariée dans la chambre nuptiale, préparée et ornée à l’avance, et la remettait aux mains de l’époux qui aussitôt fermait la porte. A cette porte, un ami montait la garde pour protéger les époux contre les plaisanteries risquées qu’auraient pu se permettre les convives. Pendant ce temps, on chantait des Ephithalames, analogues aux Hyménées, et qui quelquefois sont compris sous ce nom général.

Le lendemain du mariage, les parents et les amis offraient les présents de noce. Le beau-père envoyait à son gendre divers objets mobiliers, dont une partie entrait dans la composition de la dot. Ces cadeaux étaient portés en pompe, sous la conduite d’un jeune garçon vêtu de blanc et d’une jeune fille faisant office de Canéphore. C’était aussi la coutume que, le lendemain ou le surlendemain de la noce, le marié se séparât de sa femme et allât passer la nuit chez son beau-père. Là, il recevait de la part de sa femme un vêtement de laine appelé χλανίξ ; et lui donnait en échange les άνκκαλυπτήρια ou όπτήρια, ainsi nommés parce qu’à partir de ce moment elle se montrait à visage découvert[48] ; son voile était d’ordinaire consacré à Héra[49].

Le mari avait le devoir de présenter sa femme dans la Phratrie à la quelle il appartenait et de faire enregistrer son union. Cette formalité avait lieu régulièrement dans les premiers jours qui suivaient le mariage. Un sacrifice était accompli et un banquet était offert aux Phratores, peut-être aussi une somme proportionnée à la fortune de chacun était-elle versée dans la caisse de la Phratrie ou servait-elle à couvrir les frais du banquet[50]. Mais le mari ou son père, si tous deux habitaient encore ensemble, donnaient aussi un repas aux parents et aux amis les plus intimes, pour inaugurer et consacrer le nouveau ménage. A ce repas s’appliquaient les expressions γάμον έστιάν[51], comme à celui qui avait eu lieu le jour des noces dans la maison de la fiancée. Il y avait cependant cette différence que cette fois les hommes seuls étaient admis[52].

C’est ainsi que les choses se passaient en général chez les Athéniens ; mais il est évident que ce programme ne pouvait pas toujours être uniformément suivi. Ainsi la fiancée n’était pas toujours conduite dans un char à la maison de l’époux ; on était forcé quelquefois d’aller à pied[53]. Il y avait aussi des noces sans chants, sans musique et sans régal ; enfin les cérémonies religieuses qui précédaient le mariage pouvaient, suivant les sentiments intimes de chacun, être accomplies avec plus ou moins de conscience ou même être complètement négligées par les libres penseurs, sans que cela portât aucune atteinte à la validité du mariage. Il suffisait, pour qu’il fût légitimement accompli, qu’il eût été précédé par les fiançailles et suivi de l’inscription sur les registres de la Phratrie. Que des prêtres aient, en cette circonstance, rempli des fonctions officielles, qu’ils aient uni les époux, qu’ils les aient bénis et aient prononcé des paroles sacramentelles, c’est ce que l’on peut nier d’une manière absolue[54]. Il paraît que, au temps de Plutarque, il était de tradition quelque part, vraisemblablement à Chéronée, que l’union du nouveau couple s’accomplît en présenté et par les soins de la prêtresse de Déméter[55] ; dans tous les cas, le silence général des écrivains ne permet pas d’admettre que cet usage ou quelqu’autre semblable ait été répandu en Grèce. A Athènes, la prêtresse d’Athéna se bornait à visiter les époux, en emportant l’égide avec elle[56]. Cette coutume, si même elle a existé réellement, ne pouvait du moins s’appliquer qu’en certains cas, lorsque, par exemple, la fiancée avait été conduite à l’Acropole par ses parents et recommandée d’une manière particulière tant à la déesse qu’à sa prêtresse. Ailleurs, notamment à Thespies, un sacrifice était offert le jour des noces à Éros, le dieu par excellence des Thespiens[57]. Dans d’autres contrées, le sacrifice était accompli sur l’autel de Déméter Eucléia[58]. Il n’est pas douteux qu’il n’existât encore çà et là, à l’occasion des mariages, diverses cérémonies sur lesquelles aucune indication ne nous est parvenue[59].

Il nous reste, pour terminer, à faire quelques remarques an sujet des mariages spartiates. Nous avons vu déjà que le fiancé devait s’emparer violemment de sa fiancée par une espèce de rapt[60]. Il ne pouvait donc être question de conduire en pompe la mariée dans la maison nuptiale, à la suite du repas de noces. Il est clair toutefois que l’enlèvement, avait lieu avec le consentement de la famille, puisqu’il était là comme ailleurs précédé des fiançailles[61]. Les cérémonies religieuses devaient se borner à ce que la mère de la jeune fille se rendait avec elle au temple d’Héra-Aphrodite, offrait un sacrifice à la Déesse et lui demandait de bénir l’union[62]. Le fiancé avait ensuite à chercher les moyens de s’emparer de sa fiancée. Celle-ci continuait de visiter avec ses compagnes les lieus publics ; consacrés aux exercices de la gens dont elle faisait partie. Les choses se passaient vraisemblablement comme en Crète, à l’occasion de l’enlèvement d’un jeune garçon[63]. La fiancée et ses compagnes opposaient aux entreprises du fiancé une résistance plus ou moins sérieuse, jusqu’à ce qu’il eu fût venu à ses fins et qu’il se fût emparé de sa proie. Il conduisait alors l’épousée à la maison où elle était attendue, et la confiait aux soins de la Nympheutria, qui lui coupait les cheveux, lui mettait des vêtements et des chaussures d’hommes, et la menait dans la chambre où, le soir venu, elle introduisait l’époux auprès d’elle.

La naissance d’un enfant donnait occasion à une seconde fête de famille, ou plutôt, à une série de réjouissances. Les femmes grosses, à l’approche de leur délivrance, sacrifiaient non seulement en l’honneur d’Ilythie, ou bien d’Artémis, considérée, à son défaut, comme la déesse qui présidait aux naissances, mais aussi en l’honneur des Nymphes[64]. Aussitôt qu’un fils était né, une couronne d’oliviers était suspendue à la porte de la maison ; si l’enfant était une fille, on se contentait de bandelettes de laine[65]. C’était une manière de souhaiter la bienvenue au nouveau-né, car la couronne d’olivier était le symbole de la vie civique, et la laine celui de l’activité laborieuse. On se proposait, en outre, en arborant ces signes, de prévenir les passants qu’il y avait, dans la maison, une femme en couches ; les gens timides qui craignaient les souillures étaient ainsi avertis de ne pas y pénétrer. Nous avons déjà vu, en effet, qu’une femme en mal d’enfant communiquait un principe d’impureté à tous ceux qui en approchaient. Un peu plus tard, mais non pas avant le cinquième jour qui suivait l’accouchement, on procédait à la purification ; cet acte religieux était appelé les Amphidromies. L’enfant était promené par son aïeule ou par quelqu’une des femmes qui avaient donné leurs soins à sa mère autour du foyer domestique ; on le frottait d’huile, et on répandait sur lui de l’eau lustrale en récitant des prières, cérémonie à laquelle se joignaient toutes les personnes qui avaient prêté leur aide au moment de la naissance, et que suivait un repas solennel[66]. Le septième jour, ou plus souvent le dixième, on nommait l’enfant[67]. A cette occasion encore, des sacrifices étaient accomplis en l’honneur des dieux révérés comme les protecteurs de la jeunesse[68] : Apollon, Artémis, les Nymphes et les divinités fluviales. Un banquet était de nouveau servi aux parents et aux amis de la maison ; l’enfant leur était présenté, et, de leur côté, ils apportaient des présents de toute espèce[69] ; les esclaves n’étaient pas dispensés de ce tribut[70]. Enfin, le quatorzième jour, lorsque les lochies ont cessé, on fêtait la purification définitive de l’accouchée, et les sacrifices recommençaient. Au premier anniversaire de la naissance, les parents et les familiers Effraient de nouveaux présents[71] ; il faut bien admettre que, dans les familles dévotes, cette fête prenait aussi un caractère religieux. L’usage ne paraît pas avoir existé anciennement de célébrer les anniversaires ; ce n’est qu’après Alexandre, et surtout durant la période romaine qu’on trouve des exemples fréquents de ces commémorations (γενέθλια). Ce n’étaient pas seulement les parents ou les amis qui se réunissaient à cette intention : les sujets fêtaient l’anniversaire du prince, les écoliers ou les disciples, celui de leur maître[72]. — Nous savons déjà comment l’enfant était introduit dans la phratrie du père, le troisième jour des Apaturies, et que cette formalité donnait lieu à de nouveaux sacrifices. Chez les Athéniens, les parents pieux avaient à cœur de faire initier leurs enfants aux Mystères le plus tôt possible ; c’était une espèce de confirmation, à l’occasion de laquelle des présents étaient encore offerts au catéchumène, sans qu’il soit cependant question de cérémonies religieuses[73]. Plus tard, entre la cinquième et la dixième année, les filles étaient consacrées à l’Artémis de Brauron ; cette cérémonie était appelée άρκτεία, ainsi qu’on l’a vu plus haut. Le passage des garçons dans la classe des Éphèbes était marqué aussi par des fêtes. Des libations étaient faites en l’honneur d’Héraclès, par les nouveaux éphèbes, qui régalaient de vin leurs amis. De plus, on coupait les cheveux de ces adolescents, qui les avaient portés longs jusque-là, on les offrait à Apollon et on plaçait devant la porte de la maison une branche de laurier, l’arbre cher à ce dieu, après avoir pris soin de l’entourer de bandelettes (κορυθάλη)[74]. Ceux des Athéniens qui tenaient à se singulariser emmenaient leurs fils jusqu’à Delphes, pour y déposer leur chevelure dans le temple[75], mais, en général, on se contentait d’accomplir cette cérémonie dans la ville, où Apollon avait aussi un temple, sous l’invocation de Patroos. Il est à supposer que des coutumes analogues existaient dans d’autres États.

Il n’est ni nécessaire ni possible de signaler tous les accidents de la vie qui pouvaient devenir l’occasion d’actes religieux, accomplis soit à l’intérieur des maisons, soit dans les sanctuaires publics. Les gens pieux qui se préparaient à un long voyage ne se mettaient guère en route sans faire des sacrifices, tant pour obtenir des signes favorables que pour se mettre sous la garde des dieux, et ceux qui revenaient sains et saufs, ne manquaient pas de témoigner leur gratitude par des sacrifices et des offrandes[76]. Il en était de même, lorsqu’on avait échappé à quelque danger, qu’on relevait de maladie[77], à l’arrivée d’une bonne nouvelle et à propos d’événements rares et heureux[78], comme, par exemple, une victoire remportée dans les grandes fêtes de la Grèce[79], et généralement toutes les faveurs dont on se croyait redevable à la divinité. Le cultivateur, qui se sentait à la merci des dieux protecteurs ou destructeurs des moissons, se croyait plus que tout autre tenu à s’assurer leur bon vouloir par des invocations et des présents. Nous possédons un fragment de calendrier où sont énumérées les fêtes rurales de l’Attique et qui marque les jours où doivent être offerts les sacrifices, les dieux en l’honneur desquels ils doivent être accomplis et les victimes à sacrifier. La plus précieuse de toutes celles qui figurent dans ce tableau est un cochon de lait, qui devait être offert à Déméter et à Cora, le 17 de Boédromion. D’autres divinités avaient droit à des coqs et à des poulets, mais le plus souvent tout se bornait à des gâteaux et à des libations[80]. Nous ne pouvons pousser plus loin ces recherches minutieuses, et il ne nous reste plus qu’à étudier les usages religieux, relatifs aux funérailles et à la mémoire des morts.

 

 

 



[1] Sur les motifs qui déterminèrent celte exclusion des étrangers, voy. Lobeck, Aglaophamus, p. 276. Il résulte assez clairement d’un passage d’Isée (Orat. VIII, c. 16, § 8) que quelques citoyens seulement, et non pas tous, témoignaient cette jalousie ombrageuse à l’endroit de leur culte domestique ; c’est ce que Stark a reconnu, dans ses notes sur les Griech. Alterth, d’Hermann (t. II, § 8, 2). Nous ne pouvons donc admettre les conséquences qu’un érudit considérable a tiré de l’exemple cité par Isée, non plus que l’opinion exprimée par le même savant, que la question εί τά τέλη τελεΐ a trait aux cultes domestiques ; la vérité est dans Bœckh, Staatshaus., t. I, p. 660 ; voy. aussi Schœmann, Opusc., t. IV, p. 197 et suiv.

[2] Hérodote, I, c. 44.

[3] Cornutus, de nat. Deor., c. 28 p. 159 et 161, avec les remarques d’Osann, p. 340.

[4] Scholiaste d’Aristophane, Aves, v. 436.

[5] Aristophane, Aves, v. 764 et 1527, éd. Didot ; Hérodote, V, c. 66 voy. aussi Schœmann, Opusc., t. III, p. 434.

[6] Plutarque, Timoléon, c. 36 ; Cornélius Nepos, Timoléon, c. 4. Αύτοματία est à peu prés l’équivalent de Άγαθή Τύχη.

[7] Cicéron, c. Verrès, II, c. 2 et 3.

[8] Νάϊςκος, ναϊσκάριον. Voy. le Scholiaste d’Æschine, c. Timarque, § 10, p. 13, éd. de Zurich, et O. Muller, Archæol. der Kunst, § 72.

[9] Voy. Overbeck, Pompeii, p. 197. Un Scholiaste d’Aristophane (Plutus, v. 395) parle aussi de peintures représentant Hestia et Zeus Ephestios. Voy. Reuner, Hestia, p. 86.

[10] Zeus Ktésios était quelquefois aussi honoré en dehors des habitations privées ; voy. à ce sujet une inscription d’Anaphé, publiée par Rangabé (Antiq. hellén., n° 820), où il est question d’un autel et d’une statue de ce dieu, placés dans le péribolos d’un temple d’Apollon.

[11] Harpocration, Photius et Suidas, s. v. έρκεΐος. Voy. aussi Becker, Chariklès, t. II, p. 81, et Petersen, der Hausgottesdienst der alten Griechen, p. 17.

[12] Voy. Bœckh, Staatshaush., t. I, p. 94.

[13] Overbeck, Pompeii, p. 196.

[14] Aristophane, Plutus, v. 1153, avec les Scholies.

[15] Aristophane, Vespæ, v. 804 ; Lysistrata, v. 64, éd. Didot ; voy. aussi Schœmann, Opusc., t. II, p. 234.

[16] Harpocration, s. v. άγυιάς. Voy. aussi Becker, Chariklès, t. II, p. 96 ; Wieseler, Intorno al Agyeus, dans les Annali dell’ Instituto archæol., t. XXX, p. 222 et suiv.

[17] Harpocration, s. v. Έρμαΐ ; Æschine, c. Ctésiphon, § 183 ; Xénophon, Hipparchikos, c. 3, § 2 ; Ross, das Theseion, p. 63.

[18] Corpus Inscript. græc., t. I, p. 32.

[19] Machon, cité par Athénée, VIII, c. 43, p. 550 ; Pollux, VII, c. 25 ; Scholiaste d’Aristophane, Pax, v. 364 ; Hesychius, s. v. κάπηλα. Télés, dans Stobée, Florilegium, tit. V, p. 19 (p. 139, éd. de Leipsick), appelle les boucheries μαγειρεΐα.

[20] Dans Athénée (XIV, c. 75, p. 659), Olympias recommande à son fils Alexandre un cuisinier qu’elle dit fort entendu en ce qui concerne les sacrifices domestiques. Le chapitre entier d’Athénée prouve que les μάγειροι étaient θυτικής έμπειροι. On lit aussi dans le même compilateur (c. 80, p. 661, v. 41) le passage suivant du poète comique Athénion : καταρχόμεθ' ήμεΐς οί μάγειροι, θύομεν, σπονδάς ποιοΰμεν. Cf. ibid., IV, c. 70, p. 170, IX, c. 29, p. 352, et Babrius, Fab., 21 et 51.

[21] Scholiaste de Pindare, Néméennes, X, v. 23 ; Hesychius, s. v. προτέλεια, C’est à tort que Ruhnkenius, dans ses Notes sur Timée, p. 325, et Bœttiger, Kuntsmythol., t. II, p. 252, émettent une opinion contraire.

[22] Vov. Nægelsbach, Griech. Volksglaube, p. 274, et surtout Lasaulx, zur Gesk und Philos. der Ehe bei den Griechen, dans les Mémoires de l’Académie de Bavière, 1851, phil. CI, t. VII, Ire part.

[23] Suivant Hesychius, s. v. γάμων έθη, cette cérémonie s’accomplissait la veille. On peut conclure d’un passage d’Euripide (Iphigénie à Aulis, v. 707) qu’elle comprenait plusieurs jours ; voy, aussi Becker, Chariklès, t. III, p. 298.

[24] Pollux, Onomast., III, c. 83. Eschyle (Euménides, v. 946, éd. Hermann) attribue aussi aux Parques une part dans le bonheur domestique. Autoninus Liberalis (Fab. 1) parle d’un sacrifice accompli par les jeunes fiancées dans le temple d’Artémis, à Céos. A ce que nous avons dit plus haut, de la consécration des jeunes Athéniennes à Artémis Brauronia, nous ajouterons que cette cérémonie ne s’accomplissait pas nécessairement à Brauron ; elle pouvait avoir lieu aussi dans la ville, où il existait sur l’Acropole un temple d’Artémis Brauronia, et même dans la presqu’île de Munychie ; voy. Welcker, Gœtterlehre, t. I, p. 572.

[25] D’après Proclus, dans ses notes sur le Timée de Platon, p. 711, éd. Schneider ; voy. cependant aussi Welcker, ibid., p. 327.

[26] Suidas, s. v. ; voy. aussi Preller, Mythol., t. I, p. 318.

[27] Diodore, V, c. 73. Une inscription gravée sur un des sièges du théâtre à Athènes : ίερέως Διός τελείου βουζύγου, montre qu’il en était ainsi dans cette ville. L’épithète βουζύγης rappelle l’expression άροτος παίδων dans Plutarque (Præc. Conjug., c. 42) ; voy. à ce sujet la note de Wyttenbach.

[28] Pausanias, II, c. 34, § 12.

[29] Pausanias, III, c. 13, § 8 et 9.

[30] Plutarque, Amator. Narrat., c. 1 ; Scholiaste de Pindare, Pyth., IV, v. 104 ; Euripide, Électre, v. 624.

[31] Photius, s. v. προτελείαν ήμέραν. Voy. Jahn, Archæol. Auss., p. 103.

[32] Pausanias, II, c. 33, § 2.

[33] Euripide, Hippolyte, v. 1425 ; Pausanias, II, c. 32, § 1.

[34] Pausanias, I, c. 43, § 4 ; Hérodote, IV, c. 3-35.

[35] Pseudo-Æschine, Epist., n° 10.

[36] Pollux, Onomast., III, c. 38 ; Cf. Achillès Tatius, II, c. 12.

[37] On peut considérer les prescriptions de Platon (Leges, VI, p. 774 E) comme étant réellement la règle de tous les hommes religieux.

[38] Plutarque, Præc. Conjug., c. 27, et fragm. de Dædalis Platæens., c. 2.

[39] Voy. Wernsdorf, dans ses Notes sur Himérius, p. 346.

[40] Pollux, Onomast., III, 43 ; Euripide, les Phéniciennes, v. 347, avec les notes du Scholiaste.

[41] Harpocration, s. V. λουτροφόρος. Voy. aussi sur ce point et pour ce qui suit, Becker, Chariklès, t. III, p. 301 et suiv.

[42] Pollux, Onomast., I, 246, et III, 37.

[43] D’après Pollux (ibid., IV, 80) deux flûtes concouraient au γαμήλιον αΰλημα, l’une plus grande et plus basse, l’autre plus petite.

[44] Comp. par exemple, Aristophane, la Paix, v. 1329 et suiv. et les Oiseaux, v. 1705 et suiv.

[45] Lucien, Convivium seu Lapithæ, c. 8, § 5 et 46 ; Démosthène, c. Onétor, I, § 21, p. 869 ; Isée, Or., VIII, c. 9 ; Térence, l’Andrienne, a. II, se. 2, v. 211 et suiv.

[46] Térence, l’Andrienne, a. II, sc. 6, v. 19 et suiv. ; dans Plaute (Aulularica, a. II, sc. 4, init.) des dispositions sont prises dans les deux maisons pour le repas de noces ; cf. ibid., a. II, sc. 6, v. 3 et sc. 8, v. 14. Ailleurs (Curculio, a. V, sc. 2, v. 61), le repas est à la charge du fiancé. Il n’était pas d’ailleurs absolument nécessaire qu’un festin précédât l’arrivée de l’épousée dans la maison de son beau-père ; voy. Térence, l’Andrienne, a. III, sc. 4, v. 1. Au repas des noces se rattache aussi cet usage, mentionné par plusieurs écrivains de l’antiquité, d’un jeune garçon couronné d’épines et de glands qui allait portant un vase rempli de gâteaux et s’écriant : έφυγον κακόν, εύρον άμεινον. Voy. Zenobius, Prov., cent. III, n° 98, t. I, p. 82, éd. Leutsch et Schneidewin.

[47] Les fruits du cognassier que, suivant les prescriptions de Solon, la mariée devait manger, avaient aussi une signification symbolique que Plutarque indique (Præc. Conjug., c. 1) ; en général, ces fruits et leurs congénères jouaient souvent un rôle dans l’amour et dans le mariage ; voy. Bœttiger, Kunstmythol., t. II, p. 249.

[48] Voy. Becker, Chariklès, t. III, p. 312.

[49] D’après un épigramme d’Archiloque (Anthol. palat., VI, n° 133).

[50] γαμηλίαν είσενεγκεΐν. Voy. Schœmann, Notes sur Isée, p. 263. Le mot γαμηλία est expliqué tantôt par θυσία, tantôt par δωρεά, comme dans le discours de Démosthène, c. Eubulide, § 43, p. 1312. C’est évidemment par erreur, ainsi que l’a démontré Meier (de Gentib. att., p. 18), que l`on a fixé cette formalité à l’ήμέρα κουρεώτις, c’est-à-dire au troisième jour des Apaturies. Il n’est pas d’ailleurs prouvé, quoique Meier paraisse le croire, qu’elle ait eu lieu un jour plutôt que l’autre. Tout ce que l’on peut soupçonner c’est qu’elle devait revenir le plus souvent dans le mois de Gamélion, qui était celui où les mariages étaient le plus fréquents.

[51] Isée, Or., VIII, c. 18, avec le commentaire de Schœmann, p. 388. Cf. l’Hymne homérique in Venerem, v. 141.

[52] C’est à un semblable repas qu’a trait le passage du comique Apollodore cité par Athénée, VI, c. 43, p. 243 D. Le mot νύμφη désigne dans ce passage non pas une fiancée, mais une jeune femme ; de même, le mot νυμφίος (ibid., I, c. 9, p. 6) s’applique à un jeune mari.

[53] Pollux, III, 40. Voy. aussi Photius, p. 53, 4.

[54] Voy. Petersen, der Hausgottesdienst der alten Griechen, Cassel, 1851, p. 37.

[55] Plutarque, Præcepta conjug., prœm.

[56] Cette tradition est mentionnée par Suidas s. v. Αίγίς et par Zonaras, Lexicon, p. 77, qui, à vrai dire, ne comptent que pour un à eux deux ; ni l’un ni l’autre ne citent leur garant, et nulle part ailleurs il n’est question d’un pareil usage.

[57] Plutarque, Amatorius, c. 27.

[58] Plutarque, Aristide, c. 10 ; Pseudo-Æschine, epist. 10.

[59] Plusieurs critiques et notamment Gerhard (Mythol., t. I, p. 279, § 289, 5) ont avancé que, à Naucratis, les noces se célébraient dans le Prytanée, et s’appuient sur un passage d’Athénée (IV, c. 31, p. 149), qui ne dit pas un mot de cela. Dans les Choéphores d’Æschyle (v. 435), il est question de χοαί γαμήλιοι, d’où l’on peut conclure que les fiancées ou les nouvelles mariées faisaient des libations sur les tombeaux de leurs ancêtres.

[60] Voy. Schœmann, Antiq. grecques, t. I, p. 306.

[61] Ælien, Var. Histor., VI, c. 4 ; voy. aussi Hérodote, VI, c. 65, où le mot άρμοσάμενος s’applique aux fiançailles.

[62] Pausanias, III, c. 13, § 9.

[63] Rossbach (Römische Ehe, p. 215) présente les choses différemment, mais sans vraisemblance, à mon avis. La coutume spartiate peut être un reste d’un usage plus général dans les temps reculés, auquel paraissent avoir trait différentes légendes racontant des enlèvements. Voy. Welcker, Kret. Colon., p. 69.

[64] Euripide, Electre, v. 625.

[65] Hesychius, s. v. στέφανον έκφέρειν.

[66] Ephippus, cité par Athénée, II, c. 70, p. 65, et IX, c. 10, p. 370.

[67] Harpocration, s. v. έβδομενομένου. Voy. aussi Schœmann, dans son Commentaire sur Isée, p. 245. D’après Aristote (Hist. animal., VII, c. 12), les enfants n’étaient nommés que le septième jour, à cause de la mortalité qui jusque-là sévit sur eux.

[68] Voy. Schœmann, Opusc., t. II, p. 227.

[69] En raison de la présentation, ces présents étaient appelés όπτήρια ; voy. Pétersen, ueber die Geburtstagsfeier (Jährb. f. class. Philol., 1857, suppl. II, p. 295), et O. Schneider, dans ses Notes sur Callimaque, (Hymn. in Dianam, v. 74).

[70] Térence, Phormion, a. I, sc. 1, v. 13. Hesychius, dit (s. v. Άμφιδρόμια) que l’enfant était nommé dans la fête des Amphidromies, et il est certain que la double cérémonie s’accomplissait souvent en même temps ; mais je n’oserais affirmer, comme le fait Pétersen (ibid., p. 290), qu’il en fût toujours ainsi. Les Grecs n’avaient pas coutume de s’astreindre, pour des choses de ce genre, à des règles bien uniformes ; voy, d’ailleurs Reuner, Hestia, p. 53 et suiv.

[71] Térence, Phormion, a. I, sc. 1, v. 14.

[72] Vov. Hermann, Privatalteth., § 32, 25.

[73] Térence, ibid., v. 15.

[74] Etymol. Magn., p. 531, 23.

[75] Théophraste, Caractères, c. 21, περί μικροφιλοτιμίας. Plutarque (Thésée, c. 5) signale l’usage de consacrer les chevelures comme une pratique des anciens temps, qui n’existait plus.

[76] Ces offrandes s’appelaient έμιδήμια. Voy. Himérius, p. 308, éd. Wernsdorf.

[77] C’est ce que l’on nommait σώστρα σωτήρια. Voy. Hérodote, I, c. 118, avec les remarques de Bæhr ; Achillès Tatius, I, c. 1 ; Xénophon, Anabase, III, c. 2, § 9.

[78] Εύχαστήρια. Voy. Corpus Inscr. græc., n° 2429 ; εύαγγέλια, d’après Pollux, V, 128.

[79] Έπινίκια. Voy. Platon, Sympos., p. 173 A et 174 A.

[80] Corpus Inscr. græc., n° 523. Cette inscription date du temps des empereurs ; mais elle ne peut, non plus que le calendrier des fêtes commenté par Bœtticher, dans le Philologus (t. XXII), servir à prouver que les sacrifices qu’elle mentionne rentrent dans le culte public.