La conquête des Héraclides et les bouleversements dont elle fut la cause, eurent pour conséquence de nombreuses migrations. Les anciens habitants, chassés de leur pays, allèrent se réfugier dans les îles de la mer Égée et sur les côtés de l’Asie-Mineure, d’où leurs ancêtres avaient passé en Grèce dans les temps préhistoriques, laissant derrière eux, de nombreuses populations avec lesquelles ils avaient des liens de parenté, et que les Asiatiques désignèrent sous le nom d’Ioniens, ce qui ne veut pas dire que toutes appartinssent là la pure race ionienne ; cependant cela est probable pour la plupart[1]. A la suite de cette migration, ou, si l’on veut, de ce retour au point de départ, une série de colonies grecques allèrent successivement s’établir sur les côtes occidentales et septentrionales de la Grèce, sur les rivages de la mer intérieure jusqu’en Sicile et en Gaule, et au sud sur le littoral de la Libye. Les causes qui amenèrent ces colonisations relativement récentes sont de diverse nature : longtemps même après l’invasion des Héraclides, il arriva que des nations vaincues, pour ne pas se soumettre aux vainqueurs, abandonnèrent leurs foyers. C’est ainsi que les Messéniens, lorsque leur pays fut conquis par les Spartiates, s’associèrent avec les habitants de la Chalcidie, et allèrent chercher un refuge dans la partie méridionale de l’Italie. De même, pour se soustraire à la domination des Perses, les Ioniens de Téos et de Phocée désertèrent leur patrie, et se dirigèrent les uns vers Abdère, sur les côtes de la Thrace, les autres vers Vélie, dans l’Italie méridionale, d’où ils se rendirent à Massalia près de l’embouchure du Rhône. Quelquefois aussi des troubles et des déchirements intérieurs déterminèrent une partie de la population à chercher ailleurs une existence plus tranquille ; c’est ainsi qu’Archias, de la race des Bacchiades, quitta Corinthe avec ses partisans pour aller foncier Syracuse, et qu’en remontant plus haut, les Parthéniens abandonnèrent la Laconie sous la conduite de Phalanthos, et devinrent les fondateurs de Tarente. Enfin, l’envoi de colonies était considéré, surtout dans les états oligarchiques, comme un excellent moyen d’écarter une population trop nombreuse, et de conjurer des dissensions intestines, tout en se créant au dehors des relations avantageuses. Cette exportation se produisit parfois sous la forme d’un hommage rendu aux dieux. Les Chalcidiens souffrant de la disette interrogèrent l’oracle ; il leur conseilla de consacrer à Apollon la dixième partie des habitants qui, sur l’ordre du Dieu, allèrent bâtir la ville de Rhégion. Toutefois le plus grand nombre des colonies durent leur naissance à un intérêt commercial et eurent pour objet d’assurer ou de faciliter les relations entre des contrées lointaines[2]. Les rapports des colonies avec la métropole variaient naturellement suivant les causes qui avaient amené leur établissement. Ce qui dominait en général, c’était un sentiment réciproque de piété, attesté par l’usage habituel des noms de mère et de fille[3]. Les colonies qui n’étaient pas assez puissantes pour se suffire à elles-mêmes, et étaient forcées d’invoquer l’aide de la métropole, devaient accepter des rapports de subordination, auxquels ne pouvaient se prêter celles qui s’étaient développées librement, et dont quelques-unes surpassaient la mère patrie en ressources et en puissance. Celles-là seules qui ne se sentaient pas de force à se créer une existence indépendante consentaient à n’être que des instruments subalternes ; les autres prétendaient à l’égalité et à la réciprocité des bons offices. Si quelques différends venaient à s’élever entre ces membres d’une même famille, ils ne pouvaient être tranchés que pacifiquement par une sentence judiciaire. L’emploi de la force était considéré comme une énormité, excusable seulement dans les circonstances qui ne laissaient place à aucun autre parti[4]. Il est évident que ces considérations morales avaient moins de force chez les colons qui avaient émigré à la suite de discordes que parmi ceux qui s’étaient séparés à l’amiable. Tel était aussi le cas des colonies fondées par une population mixte, sur l’établissement desquelles la métropole n’avait eu qu’une action indirecte, en opposition avec celles où les émigrants étaient partie intégrante de la population qui demeurait dans ses foyers. On n’avait guère l’idée, au moins dans les temps historiques, d’établir des colonies sans avoir préalablement consulté l’oracle, et surtout l’oracle de Delphes[5]. On peut juger à quel point cette précaution était nécessaire d’après le passage où Hérodote raconte l’entreprise avortée du spartiate Doriens[6], et en attribue formellement le mauvais succès à ce qu’on avait négligé de prendre l’avis de l’Oracle. On comprend d’ailleurs facilement que le Dieu ou ses prêtres fussent mieux renseignés que personne sur les conditions des pays lointains. Nulle part, en effet, on n’était plus à même de recueillir des informations que dans les lieux où les temples attiraient constamment une foule de visiteurs dont un grand nombre étaient familiers avec les contrées étrangères. La déférence envers les dieux se trouvait ainsi récompensée par de sages avis, et l’on peut affirmer que la part prise par l’oracle de Delphes à l’établissement des colonies grecques doit compter parmi ses plus signalés services. Il est facile aussi d’expliquer l’intérêt que les prêtres attachaient à ces entreprises. Ce n’était pas seulement pour eus un moyen d’accroître par d’utiles conseils la considération de l’Oracle ; les colonies propageaient l’hellénisme au loin, et répandaient le culte de leur dieu, non sans profit réel pour le sanctuaire et ceux qui le desservaient, à mesure qu’augmentait le nombre des cités qui apportaient leurs hommages et leurs offrandes. Dès que l’Oracle avait donné une réponse favorable, le premier soin était de réunir tous ceux qui devaient prendre part à l’expédition projetée. Si une partie de la population n’était pas d’avance préparée au départ, on invitait les hommes de bonne volonté à se faire connaître. Quelquefois cet avis ne s’adressait qu’à certaines classes déterminées, par exemple aux Thètes et aux Zeugites, s’il s’agissait d’une colonie athénienne. C’est le cas qui se présenta du temps de Périclès, lorsque les Athéniens envoyèrent des colons à Bréa, dans la Thrace[7]. Parfois aussi chaque famille dans laquelle-il y avait plusieurs enfants mâles élevait en fournir un au sort[8]. Enfin des étrangers, citoyens d’états avec lesquels on entretenait des relations amicales, étaient souvent invités à s’inscrire[9], ce qui dans certaines circonstances, mais non pas toujours, entraînait pour tous ceux qui concouraient à l’entreprise un égal partage des droits. Les émigrants appartenant à la classe pauvre recevaient de l’État des armes et une somme d’argent[10]. Pour présider au départ et à l’installation, on choisissait un chef nommé οίκίστής, auquel étaient adjoints plusieurs auxiliaires chargés de mesurer et de partager les terres[11], de fixer l’emplacement de la ville, et de veiller à toutes les opérations de même nature[12]. Mais il n’était pas toujours nécessaire de bâtir une ville ; souvent les colons étaient envoyés dans une cité déjà existante, que l’insuffisance de la’ population ou quelque événement disposait à les recevoir[13]. Parmi les auxiliaires des οίκισταί, on distinguait un ou plusieurs devins (μάντεις), qui avaient mission, comme dans toutes les affaires importantes, de s’assurer de l’assentiment des dieux par l’observation des signes célestes. A l’occasion de la reconstruction par les Athéniens de la ville de Thurii sur les ruines de Sybaris, un devin alors célèbre, Lampon, est désigné comme οίκίστής concurremment avec un certain Xénocrate[14]. Le feu sacré était transporté du foyer national entretenu dans le prytaneion, et servait à allumer le foyer de la ville nouvelle[15]. Chacun des émigrants emportait de même ses autels privés, qui ne devaient pas, cesser d’être en honneur dans sa patrie adoptive. Il n’est pas besoin de dire que la religion des grands dieux passait aussi de la métropole aux colonies, mais on y joignait quelqu’un des cultes que l’on trouvait établis, s’il s’en trouvait qui parussent mériter cet honneur. Chaque colonie révérait en outre son οίκίστής, et celles qui remontaient trop haut pour avoir conservé le souvenir de leur fondateur, adoptaient comme tel quelque ancien héros, parfois même un personnage imaginaire[16]. Chaque colonie avait une charte[17] contenant des prescriptions générales sur son établissement et sur ses rapports avec la cité d’où elle était partie. Dans le cas où les émigrants étaient pris sans exception dans la bourgeoisie de la métropole, le parti le plus simple était que la colonie fût autant que possible constituée sur le même modèle. Mais s’ils étaient fournis par plusieurs états, et n’avaient pas pris soin de s’assurer des droits égaux, la population se trouvait nécessairement divisée en différentes classes. A côté de la foule il y avait les privilégiés dont les prétentions donnaient souvent lieu à des troubles et à des déchirements intérieurs ; c’est ce qui arrivait lorsqu’une cité recevait des colons (έποικοι) qui n’allaient pas de pair avec les premiers habitants. Plusieurs exemples prouvent que les colonies payaient tribut à la mère patrie, qui se chargeait de leur choisir les autorités les plus considérables, voire même, en certaines occasions, des prêtres[18]. Telles n’étaient pas cependant les relations les plus ordinaires. Régulièrement les colonies, aux fêtes solennelles, envoyaient à la métropole des théories qui offraient des sacrifices aux dieux[19]. Lorsque elles-mêmes célébraient leurs fêtes, les habitants de la mère patrie qui étaient présents, soit à titre d’ambassadeurs, soit comme simples citoyens, occupaient une place à part et avaient droit à des distinctions dans les cérémonies préliminaires[20]. Aux habitants de la métropole appartenait également la présidence des spectacles publics, ainsi que d’autres privilèges dans le détail desquels il est superflu d’entrer. Il était aussi d’usage que si une colonie en fondait à son tour une autre, elle ne le fît pas sans la participation de la métropole qui fournissait au moins le chef de l’expédition (οίκίστής)[21]. Il n’est pas cependant sans exemple que les colons se soient eux-mêmes choisi un chef[22], et qu’une colonie, rompant avec la mère patrie, ait déposé le premier οίκίστής c’est-à-dire ait aboli sa mémoire et l’ait remplacé par un autre[23]. En général, l’histoire enseigne que dans les rapports des colonies avec la métropole les éléments de liaison eurent toujours moins d’effet que les motifs dissolvants. Une mention spéciale est due aux Clérouquies, qui se distinguent des colonies en général (άποικίαι) en ce qu’elles étaient toujours rattachées à la métropole par un lien que rien ne pouvait briser. Nous n’avons de renseignements à peu près certains que sur les Clérouquies athéniennes[24], mais il n’est pas douteux que d’autres états en aient eu de pareilles[25]. Ce fut en Eubée que peu d’années avant les guerres médiques les Athéniens partagèrent pour la première fois un territoire qu’ils venaient de conquérir sur les habitants de Chalcis ; cinq cents lots (κλήροι) furent distribués à un égal nombre de citoyens pauvres. Peu de temps après, l’île de Scyros fut enlevée par Cimon aux Dolopes, mis pour leurs pirateries hors du droit des gens, et occupée par des κληροΰχοι athéniens. Lenmos et Imbros éprouvèrent de bonne heure le même sort. Des Clérouquies furent établies aussi sous Périclès et plus tard, les unes dans des contrées occupées par des barbares, les autres dans des îles où des alliés infidèles furent dépouillés de leur territoire en tout ou en partie. Les vaincus n’eurent pas partout le même sort, à Scione et dans l’île de Mélos, durant la guerre du Péloponnèse, tous les hommes adultes furent mis à mort[26], les femmes et les enfants furent réduits en esclavage ; quelquefois il y eut des expulsions en masse, comme à Potidée et à Ægine[27]. Ailleurs les anciens habitants furent laissés dans leur pays, mais sans autre ressource pour la plupart que de se faire fermiers ou mercenaires sous la dépendance de ceux qui les dépouillaient, à moins de tomber dans la condition plus triste encore des πελάται, qui ressemblait fort à la servitude[28]. Les Lesbiens conservèrent le droit de cultiver leurs champs, en s’engageant à payer annuellement deux mines par chaque lot aux nouveaux propriétaires[29], et maintinrent entre eux une espèce d’association communale[30], tout en formant, bien entendu, une classe inférieure par rapport à celle des Clérouques et en restant vis-à-vis d’Athènes, dans la sujétion la plus étroite. Nulle part les Clérouques, bien qu’unis entre eux par un lien communal et faisant gérer par des mandataires leurs affaires locales, ne cessaient d’être citoyens d’Athènes, membres des tribus, des dèmes et des phratries, remplissant tous les devoirs[31] et exerçant tous les droits civiques, comme s’ils n’avaient pas émigré[32]. Ils avaient aussi leurs tribunaux propres pour toutes les affaires considérables ; les juridictions locales n’étaient compétentes que dans les cas de moindre importance. Divers témoignages prouvent encore que l’on envoyait d’Athènes des prêtres et des fonctionnaires civils, que les résolutions prises dans ces assemblées devaient être sanctionnées par la métropole et que souvent des Épimélètes athéniens venaient voir ce qui se passait[33]. Naturellement ces mesures n’étaient pas réglées d’une manière absolue ; elles variaient suivant les lieus et les circonstances. Pour les Clérouquies des autres États, nous manquons de renseignements précis. Les Clérouquies athéniennes durent être abolies après la bataille d’Ægospotamoi ; quelques-unes cependant furent rétablies, lorsque Athènes recouvra la prépondérance maritime, mais elles ne furent jamais aussi nombreuses que précédemment[34]. Il y a lieu encore, pour ne rien omettre d’important, de signaler des établissements à l’étranger, qui ne peuvent être considérés comme des colonies proprement dites ou άποικίαι. Il arriva souvent, en effet, que des commerçants s’installèrent hors de leur patrie d’une manière permanente. Lorsqu’ils étaient en petit nombre, ils vivaient à l’état de métèques, soumis aux conditions que devaient observer cette classe d’habitants ; si au contraire ils étaient en force, ils formaient des associations auxquelles le gouvernement local octroyait des privilèges plus ou moins étendus. A cette classe appartiennent les comptoirs fondés par les Ioniens dans l’Asie Mineure, par les Doriens et les Éoliens en Égypte, où le roi Amasis leur permit de se filer à Naucratis[35]. On trouve également dans les villes grecques de semblables associations d’étrangers qui n’étaient pas confondus avec les métèques, et constituaient une communauté distincte et indépendante, tout en conservant leurs droits dans leur patrie[36]. Ce n’étaient pas seulement des Grecs qui jouissaient de ce privilège ; il s’étendait aussi à des populations barbares, notamment à des Phéniciens établis sur différents points de la Grèce[37]. |
[1] On lit dans Bultmann, ueb. die Mythol. Verbind. zw. Griechenl. u. Asien (Mythol., t. II, p. 184) : Ainsi que les historiens critiques en sont convaincus depuis longtemps, ce n’est pas à partir de Codros que les Ioniens habitèrent l’Asie ; des races ioniennes y étaient établies auparavant sur différents points. C’est cette parenté qui décida les chefs d’émigrants, tels que Nélée par exemple, à se fixer dans ces lieux. On comprend en effet que les Grecs, de retour en Asie, se soient unis facilement avec les populations de même origine qu’ils retrouvaient à leur berceau. Une partie des nouveaux venus se soumirent à des races princières indigènes, ainsi que le remarque expressément Hérodote (II, c. 147). Les légendes sur les dieux et les héros se confondirent (Ritter, Erdkunde, t. XII, p. 220). Des deux côtés les familles dominantes contractèrent des alliances, lies dynasties grecques sortirent de dynasties asiatiques et réciproquement, de façon à rendre impossible de distinguer ce qui dans les traditions est originairement grec, c’est-à-dire européen, et ce qui est asiatique. La fable même de la guerre de Troie peut avoir pour fondement un événement asiatique, arrangé à l’européenne, car il est difficile de croire à la vérité du récit que nous a transmis l’épopée, et sous ce rapport je partage l’opinion que Niemeyer a développée dans l’écrit ueb. Griechenl. alte Zeit nach der Darstellung des Thukydides, Anclam, 1860.
[2] Il n’entre pas dans le plan de cet ouvrage de donner la liste de toutes les colonies et l’histoire de leur fondation. Je me borne à renvoyer aux documents que C. Hermann a rassemblés dans ses Staatsalterth., § 73-86.
[3] Platon, Leges, VI, c. 3, p. 754 ; Polybe, XII, c. 10, § 3 ; voy. aussi Spanheim, de usu et præst. Numism., t. I, p. 517,
[4] Hérodote, VII, c. 150, et VIII, 22 ; Thucydide, I, c. 28, 34 et 38 ; Justin, II, c. 12.
[5] Cicéron (de Divinat, I, c. 1, § 3) cite, en même temps que l’oracle de Delphes, celui de Dodone et celui d’Ammon.
[6] Hérodote, V, c. 42.
[7] Une inscription relative à ces levées et découverte depuis peu a été commentée par Sauppe, (Berichte der Kœnigl. Sæchs. Gesellsch. der Wissensch., 1853, p. 44 et suiv.) ; par Bœckh (Monatsber. der Akad. der Wissensch. su Berlin, 1853, p. 148) ; par Rangabé, (Antiq. Hellen., t. II, p. 404) et par Thiersch (Abhandl. d. Meinch. Akad., t. VIII, 1858, p. 383).
[8] Hérodote, IV, c. 153.
[9] Thucydide, III, c. 92 ; Diodore, XII, c. 10.
[10] Libanius, Argum. Demosth. Orat. de Chersoneso, p. 80.
[11] L’inscription de Bréa mentionne en particulier des γεωνόμους.
[12] On peut se renseigner sur les coutumes en vigueur, en lisant le récit de la fondation de Mégalopolis, dans Pausanias, IV, c. 27, § 3, et de celle d’Alexandria, dans Plutarque, Alexandre, 26.
[13] Les colons envoyés ainsi en masse s’appellent proprement έποικοι ; voy. Antiq. Jur. publ. Græc., p. 420, n° 1, et Krüger, Notes sur Thucydide, II, c. 27, § 1. Dans un sens plus général, on désigne par le nom d’έπξίκοι tous les citoyens qui émigrent d’une ville dans une autre où il sont autorisés à fonder des établissements.
[14] Diodore, XII, c. 10 ; Plutarque, Præc. Reipubl. Ger., c. 15.
[15] Hérodote, I, c. 46 ; voy. en particulier sur ce passage les remarques de Larcher.
[16] Voy. O. Müller, die Dorier, t. I, p. 412 et suiv.
[17] Cette charte s’appelait άποίκια, comme la colonie elle-même, et non τά άποίκια ; voy. Bœckh, dans les Abhandl. der Berl. Akad., 1834, p. 19, et Sauppe, dans les Berichte. der Sæchs., Gesellsch., p. 48.
[18] Voy. les Schol. de Thucydide, I, c. 25. - On peut consulter, sur les colonies envoyées de Sinope à Trapézonte, à Cérasonte et à Kotyora, Xénophon, Anabasis, V, c. 5, § 7 et 10. Au sujet des Æginètes, nous savons par Hérodote (V, c. 83) que déjà dans des temps reculés ils portaient leurs affaires contentieuses, au moins les plus importantes, devant les tribunaux de leur métropole, Epidaure. Thucydide (I, c. 56) cite un έπιδαμιουργός envoyé de Corinthe à Potidée.
[19] Thucydide, VI, c. 3 ; Aristide, Eleusin,, t. I, p. 416, éd. Dindorf ; Schol. d’Aristophane, Nubes, v. 385.
[20] Thucydide, I, c. 25 ; ce passage n’est pas toutefois d’une entière clarté.
[21] Thucydide, I, c. 24.
[22] Id., VI, c. 3. A Thurii, comme on ne pouvait s’entendre sur le choix du fondateur qu’il convenait d’honorer, on eut recours à l’oracle, qui se prononça en faveur d’Apollon ; voy. Diodore, XII, c. 35.
[23] Thucydide, V, c. 11.
[24] Voy. Bœckh, Staatshaush. der Athener, t. I, p. 555 et suiv.
[25] Voy. Schœmann, Antiq. Jur. publ. Græc., p. 424, n° 6, Ross, Inscript, t. II, 69 ; Bœckh, Staatshaush., t. II, p. 703.
[26] Thucydide, V, c. 32 et 116 ; Diodore, XII, c. 76 ; Isocrate, Panégyr., § 85 et 86.
[27] Thucydide, II, c. 27 ; Diodore, XII, c. 44.
[28] Il n’est pas vraisemblable que le πελάτης dont parle Platon (Euthyphron, p. 4 c.) soit un travailleur libre, car on ne peut guère supposer que son patron, dans ce cas, ait eu le droit d’introduire l’action de meurtre (δίκη φόνου). Les expressions de Pollux (IV, c. 165) : έκτημόριοι οί πελάται παρά τοΐς Άττικοΐς autoriseraient à supposer qu’ils payaient la redevance dont il a été question dans le tome Ier de cet ouvrage ; mais cela est fort incertain.
[29] Thucydide, III, c. 50.
[30] Antiphon, de Cæde Herodis, § 77 ; voy. aussi les remarques de Mætzner sur ce passage, p. 236.
[31] Sur l’exemption des liturgies dont jouissaient les Clérouques, et sur les tributs auxquels étaient astreintes quelques Clérouquies, voy. Bœckh, Staatshaush., t. I, p. 704 et 565.
[32] Un certain nombre d’entre eux conservaient en Attique leur résidence principale et affermaient les biens qu’ils possédaient au dehors ; d’autres habitaient alternativement l’un et l’autre pays ; voy. les notes d’Arnold sur Thucydide, III, c. 50.
[33] Voy. Bœckh, Staatshaush., t. I, p. 564 ; Bergk, dans la Zeitschr. für die Alterthumsw., 1855, p. 166. Sur les stratèges et les hipparques envoyés d’Athènes à Lemnos, voy. A. Schæfer dans le Jahrb. f. Philol., t. XVIII, p. 28 et 29, et Kirchhoff, Zur Gesch. d. Att. Kleruch. auf Lemnos, dans l’Hermès, t. I, p. 221.
[34] Voy. A. Schæfer, Demosthenes u. seine Zeit, t. I, p. 30, 87 et 90.
[35] Hérodote, II, c. 178.
[36] C’est sans doute à une colonie de ce genre qu’appartenait l’Athénien devenu habitant de Milet dont il est question dans les Adelphes de Térence (acte IV, sc. v, v. 20), qui est appelé quelques vers plus bas Milesius et veut néanmoins aller chercher à Athènes l’héritage que lui a laissé une riche héritière. La même observation peut s’appliquer aux κατοικοΰντες έν Ψυροϊς, mentionnés dans le Corpus Inscript. Græc., t. II, n° 2245, et aux Ίεραπύτνιοι κατοικοΰντες έν..., ibid., n° 2555.
[37] Par exemple, les commerçants phéniciens cités dans le Corpus (n° 2271) qui forment une association religieuse (θίασος) consacrée à l’Hêraklès phénicien. Nous devons ajouter cependant qu’un certain nombre des établissements fondés par les Phéniciens à une époque reculée doivent être considérés non comme des colonies, mais comme des factoreries.