§ 12. — Organisation militaire. Isocrate prête ces paroles au roi de Sparte Archidamos : Il est évident pour tout le monde que nous ne l’emportons sur les autres nations de la Grèce ni par l’étendue du territoire, ni par le nombre des habitants, mais parce que la République est organisée comme un camp où règnent la discipline et l’obéissance. De même, Platon dit que les institutions îles Spartiates les font ressembler moins à des citoyens qui habitent une ville qu’à une armée campée sous une tente, et développent en eut non la vertu politique, eu d’autres termes la force intellectuelle et morale, mais uniquement la force militaire qui en est taie partie et une des principales, mais qui n’en est qu’une partie[1]. Sparte en effet est un camp, et les Spartiates font bien l’effet d’une garnison, ainsi que l’indique le mot φρουρά, qui originairement s’appliquait à toute la population en état de porter les armes, bien que depuis il ait désigné spécialement les levées faites à chaque entrée en campagne. Jusqu’à soixante ans, tous les Spartiates étaient έμφρουροι, c’est-à-dire incorporés dans la réserve dont la principale attribution était de défendre la patrie contre les entreprises des populations soumises que la force pouvait seule contenir, et contre les attaques du dehors. Le pays lui-même avait l’aspect d’une immense forteresse, bâtie par la nature[2]. Un rempart de montagnes laissait peu de points accessibles à l’ennemi, et la garnison pouvait toujours s’y porter facilement. Les autres armées de la Grèce étaient aussi des milices bourgeoises, mais elles différaient de la milice spartiate eu ce que le métier des armes n’était pour elles qu’accessoire. Gomme les troupes alliées se plaignaient à Agésilas de ce qu’elles étaient astreintes à marcher toujours à la suite des Spartiates de beaucoup inférieur en nombre, le roi, après avoir ordonné à tout le monde de s’asseoir, fit lever successivement les potiers, les charpentiers, les forgerons et tous les corps de métiers. Presque tous les alliés se levèrent, les Spartiates restèrent assis. Vous voyez, dit en riant le roi, de quel côté les soldats sont plus nombreux[3]. Dans ce sens, il n’y avait en effet d’autres soldats que les Spartiates. D’après Hérodote, ce fut Lycurgue qui renforça l’organisation militaire, en instituant les énomoties, les triacades et les syssities[4]. On a vu plus haut que les compagnons de table étaient aussi des compagnons de guerre, et que pour cette raison les syssities étaient placées sous la surveillance des polémarques. Les énomoties sont souvent mentionnées comme des subdivisions de corps d’armée, mais il n’est pas question de triacades avant Hérodote. Ce nom suppose une réunion de trente membres[5], et s’il est exact, comme le dit Plutarque, que chaque syssitie ou chaque table comprenait généralement une quinzaine de convives, il en résulte que chaque triacade se composait de deux syssities. Dans ce cas, on peut supposer que l’énomotie était l’agglomération immédiatement supérieure, et était formée, par exemple, de deux triacades ; mais ni Thucydide, ni Xénophon ne nous renseignent à ce sujet. D’après Xénophon dont l’exactitude ne saurait être mise en doute, toutes les forces militaires des Spartiates, hoplites et cavaliers, se divisaient en six mores dont chacune était commandée, du moins en ce qui concerne les hoplites, par un πολέμαρχος, deux λοχαγοί, huit πεντηκοστήρες, et seize ένωμόταρχαι, d’où l’on peut conclure que la μόρα se divisait en deux λόχοι, le λόχος en quatre πεντηκοστύες, la πεντηκοστύς en deux ένωμοτίαι[6]. Ainsi, d’après ce calcul, à la place de la triacade d’Hérodote qui paraît avoir été une subdivision de l’énomotie, nous avons la pentécostye ou réunion de cinquante hommes, dont l’énomotie semble être au contraire une subdivision. Il est douteux que la triacade ait jamais été un élément effectif de l’armée ; Hérodote n’avait en effet sur les usages des Spartiates que des connaissances fort peu précises, en particulier pour ce qui a trait à l’organisation militaire, qu’ils prirent grand soin de tenir secrète[7]. La pentécostye est le point de départ qui permet de fixer la force numérique de chacun des autres groupes. L’énomotie, d’après cela, était composée de vingt-cinq hommes[8], la division appelée λόχος de deux cents, la more de quatre cents, et par conséquent les six mores formaient un total de deux mille quatre cents soldats. Tel devait être approximativement le nombre des Spartiates en état de servir comme hoplites, lorsque Xénophon composa son traité, c’est-à-dire peu de temps après la bataille de Leuctres ; mais au moment même de la bataille, l’énomotie comprenait trente-six hommes[9], nombre qui, multiplié par seize, donne pour chaque more cinq cent soixante-seize soldats, et en comptant les officiers, six cents deux hommes. Une fois en effet, Xénophon, dans le récit de ce combat, évalue la force de chaque more à six cents hommes environ[10], et comme d’ailleurs il n’y eut guère plus de sept cents Spartiates engagés, et que le roi Cléombrote avait quatre mores sous ses ordres[11], il faut bien admettre que les Périèques entraient aussi dans la formation des mores, et qu’ils y étaient même en majorité. Sans chercher s’ils étaient mêlés aux Spartiates, ou s’ils formaient des subdivisions à part, nous pouvons être sûrs que le cas qui se présenta à Leuctres ne fut, pas un fait isolé, et que chaque fois qu’il est question de mores, il s’agit de Périèques aussi bien que de Spartiates. Nous devons d’autant moins nous étonner que la valeur numérique de ces corps augmente ou diminue suivant l’occasion[12], puisque les différences peuvent porter sur les uns et sur les autres. Il dut en résulter des variations correspondantes dans la force, et peut-être même dans le nombre des subdivisions que contenait la more. — Thucydide rapporte qu’à la bataille de Mantinée, dans la quatorzième année de la guerre du Péloponnèse, le lochos contenait quatre pentécostyes, et la pentecostye quatre énomoties, au lieu de deux. D’après le même historien, l’énomotie aurait été composée de trente-deux hommes[13], ce qui en donne pour la pentécostye cent vingt-huit, et pour le lochos cinq cent douze, de sorte que si deux λόχοι eussent composé une more, cette dernière agglomération n’eût pas renfermé moins de mille vingt-quatre soldats. Mais Thucydide ne parle pas~de la more, il n’indique aucune division supérieure au lochos qui, d’après le calcul précédent, possède une valeur numérique plus que double de celle que lui assigne Xénophon, puisque le lochos, d’après Thucydide, dépasse de cent douze hommes la more composée de deux lochoi, tels que les évalue Xénophon. Il ne faut pas perdre de vue d’ailleurs que Xénophon est le premier qui mentionne la more, et qu’il le fait à propos d’un événement survenu en 403[14]. Cela autorise à supposer que l’organisation de l’armée en mores ne fut introduite qu’au temps de, la guerre du Péloponnèse, bien que le même historien dans son écrit sur le gouvernement de Lacédémone la fasse remonter à Lycurgue.. Ce qui est clair, dans tous les cas, c’est que la more décrite par lui est la more réglementaire, c’est-à-dire uniquement composée de Spartiates, non la more effective[15], et qu’il en a vu rarement de telles opérer sur le champ de bataille, si cela même est arrivé. Pourquoi compte-t-il six mores ? Il est difficile de le dire ; on peut toutefois assurer que ce nombre ne s’explique pas par les trois anciennes tribus doriennes que certains critiques considèrent comme ayant constamment subsisté à Sparte, et dont chacune aurait compris deux mores. On sait en effet que les plus proches parents, pères, fils, ou frères, ne servaient pas nécessairement dans le même more[16]. Il en était des énomoties, les plus petites divisions de la more, comme des syssities, qui se recrutaient par le libre choix de leurs membres. Dès que les énomoties étaient formées, tous ceux qui en faisaient partie s’engageaient par serment les uns vis-à-vis des autres. De là leur nom de ένώμοτοι. Les rois, de concert avec le polémarque, groupaient les ένώμοτοι en πεντηκοστύες, les πεντηκοστύες en λόχοι et les λόχοι en μόραι, suivant les besoins du service. Que toute la milice, les Périèques aussi bien que les Spartiates, fussent instruits durant la paix au métier de la guerre, cela va de soi. Les exercices tactiques en pelotons ou en corps d’armée, les marches, les évolutions et les manœuvres de toute espèce ne tenaient pas moins de place chez eux que chez les nations modernes, et préparaient les troupes à exécuter tous les mouvements rapidement et sans confusion. Les ordres émanant du général se communiquaient instantanément à tous les officiers inférieurs, jusqu’à l’énomotarque, de sorte que les simples soldats savaient toujours ce qu’ils avaient à faire. Chaque homme servait de guide à celui qui le suivait, et l’armée entière, d’après l’expression de Thucydide, formait une série non interrompue de commandants, dont l’accord assurait l’exécution prompte et ponctuelle de toits les ordres transmis[17]. Aucune autre armée grecque ne possédait le même degré de cohésion, et si l’on y ajoute le sentiment de l’honneur qui faisait que, dès l’enfance, chaque Spartiate préférait la mort à la honte d’être vaincu, on lit, s’étonne ra pas que Sparte ait conservé si longtemps sur toute s les nations rivales sa supériorité militaire. La cavalerie toutefois était loin de valoir l’infanterie. Cette arme en effet, ne pouvait avoir chez les Grecs, en raison de la nature du sol, une importance décisive. Seule, la Thessalie faisait exception. Au temps de Xénophon, les riches avaient la charge d’entretenir les chevaux et de fournir les équipages ; pour les cavaliers, ils étaient pris parmi les hommes de complexion faible, jugés impropres au service des hoplites, et on les mettait à cheval sans aucune préparation, au moment de partir en campagne[18]. Il n’y a pas de doute qu’ils fussent tous des Périèques ; seul le commandant (ίππαρμοστής) était Spartiate. Régulièrement chaque more comprenait un escadron dont on ne petit fixer la force numérique. On sait seulement que le mot ούλαμός désignait un détachement de cinquante hommes, et il est possible qu’à chaque more fussent adjoints deux ούλαμοί, qui réunis composaient aussi une more[19], ce qui aurait porté à sis cents hommes le nombre total de la cavalerie ; mais il était rare qu’elle fût au complet. Dans la huitième année de la guerre du Péloponnèse, lorsque Cythère et Pylos furent occupées par les Athéniens, et que les Spartiates mirent, tout en œuvre pour se défendre, ils n’équipèrent pas plus de quatre cents cavaliers. Il n’y en avait guère que six cents dans l’armée qu’ils envoyèrent en 394, pour prendre leur revanche de la journée d’Haliarte. La cavalerie ne devint un peu plus redoutable que du moment où Sparte la recruta en partie à l’étranger[20]. Quand l’armée devait entrer en campagne, les éphores ordonnaient la levée, en indiquant les classes dont le tour était venu. Ils convoquaient par exemple tous les hommes depuis vingt ans jusqu’à trente, quarante ou cinquante ; car on comprend que tous ne pouvaient pas toujours quitter la ville en même temps. Il fallait que l’on y conservât une garnison, et les vieillards à partir de cinquante-cinq ans ne prenaient, les armes qu’en cas d’absolue nécessité[21]. Dans la huitième année de la guerre du Péloponnèse, Brasidas partant pour la presqu’île Chalcidique, n’emmena avec lui aucun corps spartiate, mais seulement sept cents Hilotes équipés en hoplites, auxquels il adjoignit mille mercenaires. Plus tard on n’envoya au loin, particulièrement en Asie, que des Périèques, des Néodamodes, des Mothaques, des Hilotes et des mercenaires. Le commandant en chef n’avait pas avec lui plus de trente Spartiates[22], qu’il chargeait de missions et de commandements, ou qui lui servaient d’adjudants et de conseillers. Au bout de l’année, ils étaient remplacés par d’autres[23]. En dehors de la milice, les réquisitions comprenaient un certain nombre d’artisans, pour le service des armées en marche et l’organisation des campements, ainsi que les moyens de transports[24]. Toute cette partie accessoire était fournie naturellement par les Périèques et les Hilotes. Avant le départ, le roi sacrifiait dans la ville à Zeus Agétor et, si les présages étaient favorables, le pyrphoros allumait à l’autel le feu qu’il devait porter en tête de l’armée. A la limite du territoire, un second sacrifice était offert conjointement à Zeus et à Athéna, et lorsque les auspices persistaient à être encourageants, on prenait encore une partie du feu sacré et on passait la frontière[25]. En pays ennemi et partout où une attaque était à redouter, on établissait un camp volant qui, au lieu d’être rectangulaire suivant l’usage des autres nations, affectait la forme circulaire. Les fossés et les glacis ne paraissent pas avoir été en usage ; du moins la ville, qui était disposée sur le, modèle d’un camp, n’avait rien de semblable. En revanche, on avait grand soin d’établir des postes ; les uns étaient tout proches du camp, pour en surveiller l’entrée et la sortie ; d’autres, plus éloignés, étaient ordinairement confiés à des cavaliers ; et servaient à observer les mouvements de l’ennemi. Nul ne pouvait circuler dans le camp sans être armé d’une pique ; ceux qui en sortaient de nuit étaient escortés par un détachement de Skirites ; les Hilotes qui accompagnaient l’armée comme valets d’équipages devaient camper au dehors[26]. Tous les combattants étaient astreints à des exercices qui se renouvelaient régulièrement deux fois par jour, le soir et le matin, et consistaient surtout en marches au pas ou à la course[27]. Cependant on s’affranchissait un peu ; en temps de guerre, du régime sévère auquel les Spartiates étaient assujettis dans la paix, et en somme la vie était plus douce dans les camps qu’à la ville. Leur costume était missi moins triste ; à la place d’un sarrau dont la laine n’était pas teinte, les Spartiates portaient en campagne un vêtement couleur de pourpre, que relevait encore l’éclat des armes. Leur chevelure était soigneusement peignée ; ils marchaient au combat la tête couronnée, comme pour une fête[28]. A la première heure, on faisait un sacrifice en attendant le signal[29]. Parmi les divinités auxquelles on sacrifiait, une place était faite à Éros et aux Muses ; au premier parce que le succès repose sur l’accord des combattants, aux Muses pour rappeler aux guerriers les pensées généreuses qu’ils devaient aux exhortations de leurs poètes[30]. En outre, avant d’en venir aux mains, le roi immolait une chèvre à Artémis Agrotera ; les joueurs de flûte faisaient entendre un hymne en l’honneur de Castor ; enfin on entonnait le chant du combat (έμβατήριον), et la phalange destinée à maintenir intact l’honneur des armes spartiates s’ébranlait en lignes serrées, au son des instruments à vent et à cordes, confiante dans la victoire qui lui fut rarement infidèle[31]. Le triomphe le moins chèrement acheté était cependant le plus précieux ; s’il était obtenu par la ruse sans effusion de sang, on, sacrifiait un bœuf à Arès ; dans le cas contraire le dieu devait se contenter d’un coq[32]. Une fois l’ennemi en déroute, la loi interdisait de le poursuivre, moins par générosité que par prudence, et dans l’espoir qu’il abandonnerait plus tôt le champ de bataille s’il était sûr de s’échapper librement[33]. On craignait aussi que la poursuite amenât un désordre dangereux pour les vainqueurs. La loi défendait encore de combattre à plusieurs reprises le même ennemi ; il suffisait que les Spartiates lui eussent fait sentir leur supériorité ; il ne fallait pas risquer de L’aguerrir et de le forcer à égaler ses maîtres[34]. Dans la guerre du Péloponnèse, Sparte se vit contrainte d’équiper une marine plus considérable que par le passé. Elle avait, il est vrai, toujours été à la tête d’une flotte : elle avait mis en ligne dix vaisseaux à Artémisium, seize à Salamine[35]. Elle avait un port militaire à Cythion, ville occupée par les Périèques, sur le golfe de Laconie, où les vaisseaux et les chantiers furent brûlés en 454, par le général athénien Tolmidès[36] ; mais ce ne fut qu’en 429 qu’elle osa engager avec les Athéniens un combat naval. Leur flotte, à laquelle s’était jointe celle de leurs alliés, fut battue à Naupacte, et en 413, au moment où ils faisaient la guerre avec le plus d’acharnement, ils ne purent fournir à la flotte confédérée plus de vingt-cinq vaisseaux[37]. Plus tard, ils prirent bien la résolution d’envoyer quarante bâtiments au secours de habitants de Chio qui avaient déserté le parti des Athéniens, mais ils n’en équipèrent on réalité que cinq[38]. Nulle part il n’est dit comment on procédait aux armements ; on sait seulement que chaque galère était commandée par deux triérarques, et l’on voit par un passage de Thucydide que, au moins une fois, les chefs furent, ainsi que les pilotes, très disposés à ménager leurs navires[39]. Il ne faudrait pas cependant en inférer que la triérarchie fut un impôt, comme chez les Athéniens (λειτουργία), et que le triérarque dut équiper, conserver et restituer la galère placée sous ses ordres. Il est très probable que les bâtiments étaient construits et équipés par les Périèques répandus dans les villes maritimes, et que l’État les leur payait ou les dédommageait en les déchargeant d’autres impôts. Les matelots étaient certainement aussi des Périèques ; les Spartiates se bornaient çà exercer le commandement. Peut-être même cette prérogative ne leur était-elle pas exclusivement dévolue. Les rameurs étaient ou des Hilotes ou des étrangers enrôlés à cet effet[40]. Le commandement supérieur de la flotte appartenait au navarque, au-dessous duquel venait immédiatement l’épistoleus. Il a été question plus haut des ces deux officiers, qui étaient, toujours des Spartiates. Étaient pris aussi parmi les Spartiates les épibates que l’on adjoignait aux chefs pour les assister ou les conseiller, et leur rendre les services que rendait aux rois le Conseil des Trente[41]. |
[1] Isocrate, Archidam., 81 ; Platon, de Legib., II, 10, p. 666 E et 667 A.
[2] Strabon, VIII, p. 366.
[3] Plutarque, Agésilas, 26.
[4] Hérodote, I, 65.
[5] Et non un trentième, comme le supposent Rustow et Kœchly (Giesch. des griech. Kriegswesens., p. 38).
[6] Les manuscrits de Xénophon (de Republ. Laced., II, § 4) portent λοχαγούς τέσσαρας, et c’est bien là la leçon qu’a reproduite Stobée (Floril., tit. XLIV, c. 36) ; mais je ne doute pas que ce soit, ainsi que l’a établi Em. Muller (Jahrb. für Philol., t. 75, p. 99), une erreur provenant de la confusion du mot δύο avec le signe numérique δ', Xénophon en effet, dans deux autres passages (Hellen., VII, 4, § 20, et 5, § 10) compte 12 λόχοι, ce qui ne peut s’expliquer qu’à la condition que chacune des 6 μόραι eut été composée de 2 λόχοι. Notons toutefois qu’une variante donne δέκα au lieu de δώδεκα. On pourrait à la rigueur justifier le mot τέσσαρας, dans le passage du de Republ. Laced., en supposant que chaque λόχος était commandé par deux λοχαγοί ; mais cette hypothèse est fort peu vraisemblable ; il est facile au contraire de s’expliquer la confusion du nom de nombre et du signe numérique.
[7] Thucydide, V, 68. Périclès, dans son Oraison funèbre (Thuc., II, 39), attribue les lois faites contre les étrangers par la nation rivale à la crainte qu’ils profitent d’une expérience qu’elle tient à se réserver pour elle seule.
[8] C’est aussi le nombre donné par Suidas s. v. Ένωμοτία.
[9] Xénophon, Hellen., VI, 4, § 12.
[10] Ibid., IV, 5, § 12.
[11] Ibid., VI, 1, § 1, et II, § 5.
[12] Les évaluations varient entre 700 et 500 (Plut., Pelop., 17) ou même 400, si l’on tient compte de celle que fournit le de Rep. Laced.
[13] Thucydide, V, 63.
[14] Hellen., II, 4, § 31. Niebuhr (Vortræge, t. II, p. 225) remarque que les μόραι sont pour les Spartiates des temps postérieurs ce qu’étaient, pour leurs ancêtres les λόχοι, et Haase, dans son Comment. sur le de Rep. Laced., (p. 201), constate que les deux appellations ont été souvent confondues.
[15] Cela serait évident, alors même qu’on lirait (c. 11, § 4) τών όπλιτικών μορών, et non pas τών πολιτικών ; mais Haase a fait prévaloir par de très bonnes raisons la leçon τών πολιτικών.
[16] C’est ce qui ressort d’un passage de Xénophon (Hellen., IV, 5, § 10). Bien n’empêche de donner place ici à une conjecture que je n’aurais osé faire entrer dans le texte. Si, comme cela est vraisemblable, Sparte se composait de 5 cômes, ne peut-on pas avoir institué 5 mores pour les Spartiates proprement dits, et en avoir ajouté une sixième pour les descendants des colons envoyés jadis en garnison dans les villes des Périèques, et qui, sans jouir des mêmes droits que leur anciens compatriotes, étaient cependant mieux traités que les populations soumises.
[17] Thucydide, V, 66 ; Plutarque, Pélopidas, 23.
[18] Xénophon, Hellen., VI, 4, § 11.
[19] Plutarque, Lycurgue, 23 ; Xénophon, Hellen., IV, 5, § 12.
[20] Thucydide, IV, 55 ; Xénophon, Hellen., IV, 2, § 16, et Hipparch., 9, § 4.
[21] Xénophon, Resp. Laced., II, § 2 ; voy. aussi les notes de Haase sur ce passage.
[22] Xénophon, Hellen., III, 4, § 2, et V, 3, § 8 ; Plutarque, Lysandre, 23, et Agésilas, 6.
[23] Xénophon, Hellen., III, 4, § 20, et IV, I, § 5, 30 et 34.
[24] Xénophon, Resp. Laced., II, § 2.
[25] Ibid., 13, § 2 et 3. On a cru assez généralement que les généraux spartiates s’interdisaient d’une manière absolue d’entrer en campagne avant la pleine lune ; mais cette prohibition ne résulte pas sûrement du texte d’Hérodote (VI, 106). Voy. les notes de Bæhr et de Stein à ce sujet.
[26] Xénophon, Hellen., 12, § 1-4.
[27] Ibid., 12, § 5 et 6.
[28] Plutarque, Lycurgue, 22. Elien, Var. Hist., VI, 6.
[29] Xénophon, Resp. Laced., 13, § 3.
[30] Athénée, XIII, 12, p. 561 ; Plutarque, Lycurgue, 21.
[31] La musique que l’on faisait entendre au moment d’en venir aux mains n’avait pas un sens religieux. On lit dans Thucydide (V, 70) : ού τοΰ θείου χάριν, άλλ' ίνα όμαλώς μετά ρυθμοΰ βαίνοντες προέθοιεν καί μή διασπασθείη αύταΐς ή τάξις. Le judicieux historien, habitué à voir les choses telles qu’elles sont, a saisi l’occasion de protester contre la manie, dont les anciens n’étaient pas plus exempts que nous, d’idéaliser les institutions spartiates. — Sur les instruments à cordes, voy. Trieber, Quæst. Lacon., p. 15-17.
[32] Plutarque, Agésilas, 23 ; Marcellus, 22 ; Instit. lacon., 25.
[33] Plutarque, Lycurgue, 22.
[34] Ibid., 23, et Agésilas, 26.
[35] Hérodote, VIII, 1 et 13.
[36] Thucydide, I, 108 ; Diodore, XI, 84 ; Pausanias, I, 27, § 6.
[37] Thucydide, II, 83 et 84, et VIII, 3.
[38] Thucydide, VIII, 6.
[39] Thucydide, IV, 11.
[40] Xénophon, Hellen., VIII, 1, § 12.
[41] Thucydide, VIII, 61.