LA GUERRE DE TROIE

PREMIÈRE PARTIE. — LA VILLE DE TROIE.

CHAPITRE II. — HOMÈRE ET LA VILLE DE TROIE.

 

 

Les fouilles d'Hissarlik sont, avec les données géographiques et ethnographiques dont je parlerai plus loin, les faits les plus positifs auxquels on puisse rattacher une théorie de la guerre de Troie. Il faut, pour cela, rapprocher des lieux le texte le plus ancien que nous ayons, le plus voisin des événements, celui qui a été la source principale de tous les autres textes anciens qui ont repris la question dans la suite : l'Iliade.

 

La question Homérique.

Mais d'abord qu'est-ce que l'Iliade, quelle valeur peut-on lui attribuer ? Je rappelle brièvement où en est la question, qui, depuis cent ans surtout, a fait couler plus d'encre que la question d'Orient n'a fait répandre de sang et n'a pas soulevé moins de disputes entre savants que le problème politique entre diplomates, véritable question d'Orient de la littérature, que la science allemande a certainement contribué à approfondir, mais qu'avec son esprit de système et sa manière souvent pédante et confuse, elle a aussi grandement embrouillée.

Elle porte sur trois points : le mode de formation du poème, sa date, la société et la région où il est né.

Sur le premier, le signal de la dispute fut donné par Wolf ; ses Prolégomènes à l'Iliade (1795) ont été le point de départ de la théorie folklorique, qui a été très en faveur, surtout en Allemagne, et dont Lachman[1] a été le principal promoteur. Dans ce système, l'Iliade, comme l'Odyssée, se sont faites... toutes seules ; ce sont des productions organiques, dynamiques, de la conscience populaire. L'Iliade a été décomposée ainsi en 16, en 18, en 40 lais juxtaposés, d'origine et d'époques différentes ; système insoutenable, œuvre de savants myopes, qui ont disséqué artificiellement le poème, chant par chant, vers par vers, mot par mot, sans tenir compte de l'unité et de l'harmonie certaines de l'inspiration, des sentiments et des idées. Entre cette théorie et la théorie opposée de l'unité absolue et complète de l'œuvre, qu'on ne peut pas maintenir intégralement, se placent deux tendances intermédiaires. Dans l'une, on admet l'existence d'un noyau primitif, restreint, mais indécomposable, autour duquel seraient venus se grouper et se cristalliser une série d'additions postérieures et de remaniements successifs, comme les Évangiles synoptiques, autour du proto-Marc ; c'est le système de Wolf, d'Egger, de Grote, de Bergk, de Christ. Il ne me parait pas non plus acceptable. Si ce noyau avait existé, on finirait par le découvrir ; or aucun des partisans de cette méthode ne s'accorde avec les autres, après plus de cent ans de recherches, sur la constitution de ce chant originel. La seconde, celle qui semble prédominer de plus en plus, surtout en France, est celle de l'unité relative : l'Iliade forme un ensemble, un poème développé, comprenant l'action dans toute son étendue et attribuable à un même poète, mais qui a subi des altérations, des additions, des suppressions, des transpositions au cours de sa transmission à travers les âges. Cette conception, que Croiset a développée dans son Histoire de la littérature grecque, me parait être la vraie ; la question est seulement de savoir quelle a été l'importance et l'étendue des remaniements. J'incline très fortement, comme M. Bréal[2], V. Bérard[3], A. van Gennep[4], A. Lang[5], à les restreindre considérablement. Je ne crois même pas, comme le soutient Bréal, que les morceaux qui ne nous apprennent rien et les répétitions soient nécessairement des morceaux ajoutés après coup ; je suis très porté à croire, par exemple, comme je le développerai plus loin, que le Catalogue des confédérés grecs, des Troyens et de leurs alliés, à la fin du IIe chant, appartient au poème primitif.

La question de date est, en un sens, indépendante de la précédente. On peut admettre la multiplicité de l'Iliade, et placer les divers morceaux dont on la compose à des époques assez voisines. Mais les partisans. de cette conception ont pour la plupart supposé que cette mosaïque de fragments se répartissaient sur une longue durée, généralement sur quatre siècles : du Xe au VIIe ; idée inacceptable, je crois, comme celle dont elle dérivé et que contredit l'unité remarquable des mœurs, des idées, de la religion, de la société homérique ; cette unité me parait incontestablement faire de l'Iliade, pour l'essentiel, l'œuvre d'un seul âge. Reste à savoir duquel, de quelle époque et de quelle société.

Un petit nombre d'auteurs, Kirchoff[6], par exemple, et tout récemment M. Bréal[7], en ont abaissé la date jusqu'au VIIe et même jusqu'au VIe siècle, vers l'époque où, d'après des textes très tardifs et en grande partie légendaires, Pisistrate aurait confié le recensement du texte athénien à une commission, qui l'aurait définitivement arrêté[8] ; ils pensent que le poème a été, dans l'ensemble, l'œuvre d'un seul et même auteur, qui aurait utilisé des rapsodies et des cantilènes antérieures. Mais la plupart le considèrent comme plus ancien et le placent entre le Xe et le début du VIIIe siècle. Croiset et V. Bérard indiquent la date admise par Hérodote : 850 avant notre ère.

Où a-t-il pris naissance ? Cette question est connexe à la précédente. Les uns, ceux qui abaissent au vine ou au vue siècle la date de la composition du poème, pensent que c'est dans la société déjà développée de la Grèce archaïque, dans une des cours des rois de Lydie ou d'Ionie. Sept villes se disputaient dans l'antiquité la gloire d'avoir donné le jour à Homère : Cyme, Smyrne, Colophon, Chio en Asie Mineure ; Argos, Salamine et Athènes en Grèce propre. Si l'on rejette la théorie de la formation populaire de l'Iliade, si l'on admet l'unité du poème et, pour la plus grande part, sa composition par un seul poète, comme on s'accorde aujourd'hui de plus en plus à le faire — après la longue critique dissolvante du ma siècle, qui n'a abouti en somme à aucun résultat positif —, le fait même de cette incertitude des anciens tend à la reculer très haut. Comment n'aurait-on pas conservé le souvenir, dans une société aussi avancée, de la composition d'un poème, jouissant d'une telle célébrité ? D'autre part, il n'est question ni dans l'Iliade, ni dans l'Odyssée, d'Éoliens, d'Ioniens[9], ni de Doriens. Si l'Iliade avait été créée lorsque ce grand mouvement de colonisation était achevé dans ses grandes lignes, on y trouverait des traces de cet événement considérable. Or Fauteur de l'Iliade et de l'Odyssée l'ignore complètement ; sauf Milet qui, ainsi que nous l'avons vu, remonte à l'époque mycénienne, il ne mentionne aucune des colonies grecques qui florissaient en Asie Mineure : Cyme, Phocée, Smyrne, Colophon, Éphèse, Samos. Il ne connaît pas non plus Sardes et le grand royaume lydien. Le tableau qu'il nous fait des peuples de- la Grèce ne coïncide en aucune façon avec ce que nous savons de la Grèce de cet âge : Mycènes, Argos, Pylos, qui au Ville siècle ont perdu toute prédominance, sont les grands centres militaires et politiques de l'Iliade. La société homérique est une société féodale, qui, socialement et politiquement, est toute différente des tyrannies des VIIIe et VIIe siècles. Les rites funéraires, les croyances religieuses, le rôle de la femme, la conception du mariage, les armes, la tactique militaire, l'usage des métaux appartiennent à une autre époque. Or, un poète décrit ce qu'il voit autour de lui — la comparaison de l'Iliade avec l'Énéide de Virgile est à ce point de vue très instructive — ; il me semble impossible d'admettre qu'un rapsode, qui n'était certainement ni un érudit, ni un archéologue soucieux de restituer avec exactitude une société de deux ou trois cents ans antérieure à la sienne, ait pu soutenir, pendant vingt-quatre chants, sans défaillances et sans trahir son labeur scientifique, la description d'un milieu qui n'était pas le sien. L'Iliade me parait donc appartenir à une époque intermédiaire entre l'époque mycénienne, qu'elle décrit sans en rendre l'exacte physionomie, et l'époque grecque archaïque des vine et vie siècles, à une société qui devait être contemporaine des premiers établissements hellènes en Asie Mineure, vers le IXe ou le Xe siècle.

On ne peut arguer, je crois, comme on le fait souvent, de ce que l'Iliade et l'Odyssée n'ont rien de primitif, ni de barbare, pour en faire l'œuvre d'une colonie lydienne ou ionienne de la Grèce archaïque. Les fouilles méditerranéennes ont montré que la Grèce avait une civilisation beaucoup plus brillante et développée au XIIe qu'au VIIe siècle où l'art, sous toutes ses formes, mérite bien davantage que celui de Mycènes d'être qualifié de barbare. Ce n'est qu'ensuite, au VIe siècle, que la beauté fleurit de nouveau sur le sol hellène. L'Iliade et l'Odyssée me paraissent témoigner d'une persistance de la civilisation mycénienne, modifiée et rénovée par l'infusion d'un esprit nouveau venu du Nord, qu'elle a absorbé et qui, dans la région où ces poèmes sont nés, ne l'avait pas étouffée. Cette infusion n'a pas eu partout et à toutes époques les mêmes effets ; c'est surtout sous la forme dorienne qu'elle a fait régner dans la Grèce mycénienne, du IXe au VIIe siècle, une sorte de moyen âge beaucoup plus primitif et barbare. Homère est-il antérieur à ce mouvement dorien ? Il lui est resté en tout cas étranger.

Est-ce dans les îles d'Ulysse ou dans le Péloponnèse que cette floraison poétique s'est produite ? Cette idée est trop opposée à la principale et la plus persistante tradition antique, qui désigne l'Asie Mineure, pour pouvoir être adoptée. La langue d'Homère, où se mêlent les formes éoliennes, ioniennes, chypriotes et même attiques[10], n'a pas pu naître dans une région déterminée de la Grèce propre, mais dans un milieu où voisinaient les divers dialectes de l'Hellade. La Grèce paraît d'ailleurs submergée dès le ixe siècle par les invasions venues du Nord. C'est du côté de l'Asie Mineure et des Sporades, qu'il faut en chercher l'origine, dans la région de Lesbos et de l'Éolide, qui paraissent avoir été la terre la plus ancienne de la colonisation, déjà très mêlée dès l'origine, des peuples helléniques[11].

La connaissance précise et positive, que son auteur possède de la géographie et de la topographie de la Troade, me semble être en faveur de cette conjecture. C'est à quoi j'arrive maintenant.

Quelles données l'Iliade nous offre-t-elle sur la ville de Troie ? Ces données sont-elles de fantaisie ou s'appliquent-elles à la citadelle que les fouilles ont mise à jour ? Que sait-elle de la plaine où la grande lutte s'est développée et des régions environnantes ?

 

Identification du site de Troie.

Dès l'antiquité on discutait déjà sur le site de la Troie homérique. On ne contestait pas l'historicité de la guerre, ni l'existence de la ville, mais tous les auteurs n'étaient pas d'accord sur son identification. La tradition constante et la plus ancienne indiquait la colline d'Hissarlik, le site de la ville gréco-romaine d'Ilion et du temple célèbre d'Athéna Ilias; c'est ce que pensaient les habitants mêmes de la ville, la plupart des écrivains anciens et des personnages illustres qui firent des pèlerinages à la cité chantée par Homère : Xerxès, Alexandre, César, les Empereurs romains. Le premier écrivain qui contesta la valeur de cette tradition fut une femme auteur, célèbre en son temps et qui composa un Commentaire de l'Iliade : Hestiée d'Alexandrie (début du IIe siècle av. notre ère) ; le grammairien Démétrius de Scepsis (180 av. J.-C.) et le célèbre géographe Strabon (18-20 ap. J.-C.) adoptèrent son opinion ; ils situèrent la Troie homérique à l'emplacement d'un petit bourg, le village des Iliéens (Ίλτέων κώμη), qui se trouvait sur la même rangée de collines à trente stades (5 kilomètres) à l'Est de la nouvelle Ilion, en un point où quelques voyageurs modernes ont trouvé des vestiges de poteries.

La question n'a été reprise qu'à la fin du XVIIIe siècle par un explorateur français, Lechevalier, patronné par Choiseul-Gouffier, alors ambassadeur de France à Constantinople, et qui fit en 1795 un voyage en Troade, accompagné de l'architecte Cazas. Il plaça, assez arbitrairement, la Troie homérique sur les hauteurs du Bali-Dagh et la ville basse[12] sur les pentes de ces hauteurs, qui descendent au village moderne de Bounarbaschi[13]. Le système de Troie-Bounarbaschi, adopté par Choiseul-Gouffier[14], a joui de la plus grande faveur jusqu'aux travaux de Schliemann. Quelques auteurs ont cherché Troie sur le site de Chiblak, à quelques kilomètres à l'Est, ou d'Alexandria Troas, sur la côte, au sud de Ténédos[15]. C'est un Anglais, E. Maclaren, qui, cinquante ans avant Schliemann, fut le premier auteur moderne à revendiquer l'identité de Troie avec Hissarlik[16].

L'exploration de la région et les fouilles d'Hissarlik ont définitivement tranché la question. Il n'y a pas trace d'une ville à l'endroit indiqué par Strabon[17] ; il n'y a nulle part, dans les environs, de vestiges d'une autre forteresse de l'importance de la forteresse d'Hissarlik, remontant à l'époque qui a précédé la colonisation grecque. Les ruines du Bali-Dagh, à Bounarbaschi, sont insignifiantes et la céramique qu'on y a trouvée ne remonte pas au delà du VIIe siècle ; le site ne répond d'ailleurs en aucune façon aux indications d'Homère.

Donc, ou bien la Troie d'Homère n'est qu'un produit de l'imagination poétique, sans rapport avec la ville mise à jour par les fouilles, ou c'est la ville même dont j'ai décrit les ruines. Comment en décider ?

Le fait qu'il ait existé, là même où la plaçait la tradition principale, la seule tradition ancienne, une forteresse de cette importance, qui remonte à l'époque homérique et qui a été détruite systématiquement au temps même que cette tradition a assigné au sac de la ville, est un fait extrêmement probant, qui suffirait à lui seul à établir l'historicité de la cité homérique. Mais voyons de plus près ce que nous en dit le poète.

 

Caractères généraux de la ville dans Homère.

Il n'existe pas dans l'Iliade de description suivie de Troie, mais le poème nous ouvre sans cesse des perspectives sur son caractère.

Au vieux village de Dardania, antérieur à Troie, bâti sur les pentes de l'Ida, Homère oppose la ville de Priam, construite dans la plaine (XX, 216).

Troie est une grande citadelle, bien bâtie, bien entourée de murs et de tours ; les murs se dressent abrupts, en pente raide, ils sont formés de pierres bien taillées ; la ville possède de hautes portes, elle est escarpée, exposée aux vents. Il ne se trouve pas une seule épithète qui ne convienne admirablement à la ville qu'on peut imaginer d'après les ruines. Celle qui désigne le travail très soigné des blocs de pierre est extrêmement remarquable. Tant qu'on ne connaissait que les murs cyclopéens de Mycènes, de Tyrinthe et d'Athènes, construits en appareil irrégulier, avec des pierres à peine dégrossies, disposées sans joints vifs ni surfaces aplanies, ces épithètes d'Homère pouvaient paraître inspirées par le désir d'embellir la ville qu'il célèbre. Le fait qu'elles ne s'appliquent dans le poème qu'à la ville de Troie et qu'elles répondent précisément à la seule ville mycénienne, où ce procédé de construction ait été en usage, est tout à fait frappant.

Que Troie soit éventée, exposée aux vents, tous les voyageurs peuvent en témoigner ; Schliemann a dressé et publié dans son grand ouvrage Ilios un tableau météorologique, d'où il ressort que le calme de l'atmosphère est très rare (il n'en est pas ainsi à Mycènes, ni à Tyrinthe par exemple) et qu'un fort vent du Nord, le meltem, y domine sans cesse.

Une épithète cependant pourrait susciter des doutes. Homère dit quelque part que Troie est une ville aux larges rues (II, 141). Or les ruelles, qui montaient entre les maisons de l'enceinte extérieure au centre de la citadelle, étaient certainement, pour la plupart, fort étroites. Mais nous avons vu que la terrasse inférieure était bordée, le long des murs, par un chemin très important, qui avait huit à dix mètres de large. Il pouvait en exister d'autres sur les terrasses supérieures. C'est, en outre, un fait remarquable, que rien de semblable n'existe dans les autres villes de l'époque, comme Mycènes, Tyrinthe, Athènes, Ithaque ; les fouilles l'ont montré. Il n'est pas surprenant qu'une ville superposée en terrasses, avec de larges allées circulant autour, ait frappé l'esprit et fourni ce caractère de ville aux larges rues. Ces épithètes homériques ne sont donc pas de simples expressions poétiques, mais traduisent la réalité.

 

Les portes de la ville.

Ce qu'Homère dit des portes de la ville ne concorde pas moins avec ce qui a été trouvé.

Il résulte de plusieurs passages de l'Iliade qu'il existait plusieurs grandes portes. Cette mention n'est pas insignifiante : Athènes, Mycènes, Tyrinthe ne possédaient qu'une porte avec une petite poterne à l'arrière, qui ne peut être qualifiée de πύλη[18].

L'une d'elles, dont il est parlé plusieurs fois, la porte de Skées[19], était flanquée par une grande tour ; la tour et la porte ne font qu'un d'après les textes : dans l'Iliade s'asseoir à la porte de Skées ou s'asseoir sur la tour sont des termes équivalents. C'est précisément la disposition trouvée pour les deux portes qui ont été déblayées et qui étaient ouvertes avant la destruction de la ville.

La porte de Skées n'a malheureusement pas été dégagée ; mais son emplacement est à peu près certain. Par là des chariots descendent dans la plaine, c'est de là qu'Hector attend l'arrivée d'Achille et l'observe lorsqu'il s'avance en venant du Scamandre, c'est de là que les Troyens guettent les mouvements de la lutte. Or il n'y a qu'un seul point, où l'on ait en même temps une vue complète de la plaine et une pente assez douce pour permettre le passage des véhicules : c'est à l'angle Sud-ouest. Ce point n'a pas été fouillé, il est recouvert par de gros amas de déblais provenant des fouilles de Schliemann.

Cet emplacement est encore confirmé par un détail curieux : j'ai indiqué que, dans la partie Sud-ouest, le mur était moins épais, en pente plus douce et moins bien construit que sur le reste du circuit mis à jour. Or ce point faible de la muraille joue précisément un rôle dans l'épopée. Quand les dieux Poséidon et Apollon construisirent les murs[20], ils furent aidés par le mortel Aiaque[21] ; là où Aiaque avait travaillé, la forteresse était censée plus vulnérable. Dans l'admirable passage où Andromaque supplie Hector de ne pas risquer sa vie, elle lui dit (Iliade, VI, 429 et sq.) : Ô Hector, toi qui es pour moi un père et une mère vénérables, toi qui es pour moi un frère et un époux dans la fleur de la jeunesse, aie pitié, reste ici sur les remparts..., dispose tes hommes près du figuier sauvage, là où l'approche de la ville est la plus facile, où il est le plus aisé d'escalader la muraille et de s'en emparer. Elle indique en outre que c'est là que trois fois l'attaque a été tentée. Il est singulier que le point le plus faible ait été précisément celui où l'approche était la plus facile ; il y a là une particularité curieuse, qui a dû frapper l'esprit et qui peut avoir été l'origine de la légende de la construction par un mortel. Il est non moins remarquable que les fouilles ont précisément mis à jour ce point faible à l'endroit voulu. La concordance est si étonnante qu'elle ne peut être due au hasard. Elle repose certainement sur une donnée historique.

Parmi les autres portes, Homère ne donne de nom qu'à une deuxième : la porte Dardanéenne[22]. Il nous dit que les femmes troyennes ne pouvaient plus sortir par cette porte, lors du siège, pour laver leur linge aux belles fontaines (V, 789). Or il existe une porte située non loin de sources importantes et qui répond bien à ce passage et à d'autres : c'est la porte du Sud, dont j'ai parlé dans la description des fouilles. Le nom de Dardanéenne convient également tout à fait. Les noms des portes étaient en effet très souvent choisis, dans l'antiquité comme de nos jours, d'après la ville la plus voisine où elles conduisaient. Or le chemin qui part de cette porte mène justement à un village important à l'époque homérique, dont il sera question plus loin' : Dardania, plusieurs fois mentionné dans Homère et qui se trouvait au Sud-est de la ville aux pieds de l'Ida. La porte Dardanéenne était très probablement la porte de Dardania[23].

 

Édifices intérieurs

Nous savons par Homère que dans la ville s'élevaient : une demeure importante, le palais de Priam, les maisons d'Hector et de Paris, des habitations et deux temples. Le palais de Priam était la demeure d'un seigneur et d'un roi : Il contenait cinquante chambres contiguës, où reposaient les fils de Priam auprès de leurs épouses légitimes ; du côté opposé, dans l'intérieur de la cour, se trouvaient à l'étage supérieur et construites en pierre bien taillées, douze autres chambres destinées à ses filles, où reposaient ses gendres auprès de leurs chastes compagnes (VI, 242-250). Devant la porte était l'agora, la place publique (VII, 345-6).

Les maisons d'Hector (VI, 370) et de Pâris étaient voisines, à proximité du palais ; celle de Paris était somptueuse et avait été construite par les plus habiles artistes d'Ilion (VI, 313-315). Elles se trouvaient dans la ville haute près du temple d'Athéna, qui contenait une statue assise de la déesse (VI, 88, 92, 273, 297, 384, etc.) et du temple d'Apollon, d'où le dieu regardait ce qui se passait chez les mortels (V, 445-6 ; VII, 20-21) ; les deux divinités se rencontraient sous un grand chêne situé près de la porte de Skées et qui est mentionné plusieurs fois dans l'épopée (V, 693 ; VI, 237 ; VII, 22 ; IX, 354 ; XI, 170). Il semble qu'il y ait eu aussi un autel de Zeus, sur lequel Hector sacrifiait des cuisses de bœufs (XXII, 169-172). Des rues descendaient du palais de Priam jusqu'à la porte de Skées, bordées de maisons bien bâties (VI, 391) et assez larges pour donner passage au char du roi traîné par des mules (XXIV, 322-329)[24].

Tous ces édifices ont disparu. Les parties hautes de la ville ont été détruites, comme nous l'avons vu. Ce qui reste vérifiable, d'une façon générale, c'est la disposition de la ville, qui montait des murailles jusqu'au sommet par terrasses successives. Accessoirement, la division de la maison de Pâris en trois parties (VI, 316) se retrouve dans les maisons VI A et VI B. D'après ce que nous voyons dans Homère, elles n'étaient d'ailleurs pas toutes de type uniforme, ce que l'archéologie a confirmé[25]. Enfin on peut remarquer que les maisons mentionnées dans l'Iliade y paraissent être bien isolées les unes des autres, ce qui est précisément l'un des caractères du plan troyen. Ce caractère ne se retrouve pas dans les autres villes mycéniennes et semble indiquer qu'H2mère avait une connaissance assez précise de la disposition de la cité, que la destruction par les Grecs et l'occupation peu importante qui l'a suivie, n'avaient pas dû modifier profondément.

 

Le combat d'Achille et d'Hector.

Le combat d'Achille et d'Hector, aux pieds de la forteresse, illustre d'une façon étonnante la connaissance qu'il parait avoir eue de sa topographie. Cet admirable récit prend une vie et une réalité saisissantes, lorsqu'on le place dans son cadre sous les murs de la haute citadelle, où autrefois le héros avait amené, en des noces somptueuses, la vierge Andromaque, qu'Eétion de Thèbe lui avait accordée comme épouse[26], où, avant d'entrer dans la mêlée, il avait échangé avec elle de si doux et si émouvants adieux et où, le jour de sa mort, sa mère Hécube et son père Priam trouvèrent des accents si pathétiques pour tacher de l'arracher à l'inexorable destin.

Achille a mis en fuite une troupe de Troyens et en a rejeté une partie dans le Scamandre, le reste a regagné la ville ; puis il entre lui-même en lutte avec le fleuve, soulevé contre lui par le dieu des eaux ; il ne doit la vie qu'à l'intervention d'Héphaistos, qui oppose ses flammes à l'élément liquide, jusqu'à ce que celui-ci demande grâce.

Achille s'avance fièrement vers la ville. Le vieux Priam, de la tour qui domine la porte de Skées, l'aperçoit le premier (XXII, 25). Hector se tient debout devant la porte (6, 35) ; il est sur le petit plateau au Sud, près de l'endroit où Andromaque nous a dit que le mur était le plus faible et où se trouvait un figuier sauvage. Hector attend de pied ferme son redoutable adversaire, il appuie son  bouclier brillant et sa lance sur une saillie de la tour (97, 112). Son père et sa mère tâchent de le dissuader du combat et de le décider à rentrer dans la ville par la porte qui est derrière lui. Priam se penche du haut de la tour et, lui tendant les mains, lui représente d'une voix touchante ce que sera sa vieillesse misérable après la mort de tous les siens ; Hécube découvre sa poitrine et lui montre son sein, qu'elle lui tendait lorsqu'il était enfant, pour endormir ses chagrins (79-81). Hector ne se laisse pas attendrir. Mais lorsque Achille le rejoint, semblable à Arès, brandissant sa lance, son armure toute étincelante comme l'éclat de la flamme ou du soleil levant, il est pris d'un saisissement. En l'apercevant, Hector est d'abord saisi d'épouvante ; il n'ose plus l'attendre et se met à fuir, laissant la porte derrière lui. Mais Achille fond sur lui ; Hector court sous la muraille, passe le guet et le figuier battu par les vents ; puis les héros atteignent le chemin des chars et arrivent aux sources...., aux grands lavoirs de pierre aux belles ondes, là où les femmes des Troyens et les belles jeunes filles venaient pendant la paix, avant l'arrivée des Achéens, laver leurs robes brillantes (136-156).

N'est-ce pas étonnant ? La tour, la porte, nous les voyons ; Hector suit la muraille, sur laquelle se trouve un guet, un poste de sentinelle, situé sur cette partie du mur dont j'ai dit que de là, et de là seulement, on embrassait toute la plaine[27] et où sa présence est d'autant plus indiquée que la ville y est plus accessible et son enceinte plus menacée d'un assaut ; ce sont les propres paroles d'Andromaque. Que le figuier se soit trouvé tout près est confirmé par deux autres passages : VI, 433 et XI, 167 ; aujourd'hui encore plusieurs figuiers sauvages sont là près du mur. Achille, comme l'indique le début du chant XXI, ayant traversé le Scamandre[28], est arrivé du Nord, de la plaine du Simoïs et, d'après notre texte, a dû rejoindre Hector non loin du figuier. Hector cherche à gagner la porte de l'Ouest, bouchée à l'époque, mais où il pouvait trouver un appui ; Achille l'en empêche.

Quelle direction a-t-il pu prendre alors ? Ainsi que le montre la petite carte de la photographie 14 (planche VIII), il y a là un petit plateau, figuré par l'élargissement des lignes de niveau tracées de mètre en mètre et dont la photographie 15, planche VIII donne une vue prise du Sud. Un coureur, partant du bord de ce plateau près des murs et restant autant que possible en terrain plat, atteindra précisément le chemin tracé sur la carte à une distance d'environ cinquante mètres au Nord des sources. Ce chemin est celui que prennent actuellement les charrettes pour arriver devant les fouilles, qui ne sont accessibles que de ce côté ; le terrain est exhaussé aujourd'hui de quelques mètres, mais l'entrée principale de la ville, celle où accédait le commerce, ne pouvait se trouver qu'à la porte Dardanéenne et le chemin des chars, comme cela résulte de la configuration du terrain, ne pouvait être qu'à proximité du sentier actuel.

Les sources ont été retrouvées en 1879 et 1882[29], elles sont à cent cinquante mètres des murs ; on y a mis à jour deux conduites d'eau très anciennes et des bassins beaucoup plus récents d'époque romaine ; l'endroit est tout indiqué pour avoir servi de lavoir et se trouve précisément au point qu'exige le récit.

Mais continuons ce récit : Achille poursuit Hector sans relâche... Chaque fois qu'Hector s'élance pour gagner la porte Dardanéenne et s'appuyer aux tours bien bâties, d'où les Troyens auraient pu couvrir sa retraite par leurs flèches, Achille le devance et l'oblige à gagner la plaine. Hector se rejette toujours du côté de la ville (188-198).

Hector cherche de nouveau à gagner un abri, mais Achille (nous voyons bien sa tactique) se place entre lui et le mur et l'oblige à prendre du champ. La poursuite se continue jusqu'à ce que les deux héros aient fait trois fois le tour de la ville. Cette course est encore facile de nos jours. Il n'y a aucun obstacle ; la plus grande différence de niveau est, au total, d'une vingtaine de mètres, le seul point où la pente soit un peu raide est du côté Nord-est ; mais il y existe aujourd'hui un sentier qui descend obliquement en pente douce. La distance couverte représente environ 2 kilomètres ½ à 3 kilomètres au plus ; il n'y a là rien que de très vraisemblable, même pour des guerriers recouverts d'une armure. Essayez de placer la même scène en un autre point : à Bounarbaschi, par exemple, vous n'y réussirez pas ; les rochers, les difficultés du terrain creusé de vallons s'y opposent ; la disposition des lieux ne cadre pas avec le récit[30].

Et lorsqu'ils arrivèrent pour la quatrième fois aux sources, le père (il s'agit de Zeus) leva ses balances d'or les tenant par le milieu, y pesa les deux destinées, et le jour fatal d'Hector pencha vers les demeures de Hadès et Phébus Apollon l'abandonna (208-213). Hector est tué derrière la fontaine, entre celle-ci et la porte Dardanéenne ; le point est indiqué assez exactement. On l'aperçoit bien aujourd'hui du grand pylône de terre situé à l'emplacement probable de la tour de Skées. Mais à l'époque mycénienne, les maisons et les fortifications barraient certainement la vue. Et il y a là encore une coïncidence curieuse. La lutte finale n'a pas lieu, en effet, sous les yeux des Troyens postés sur la tour ; nous voyons dans Homère que Priam et Hécube n'assistent pas à la mort de leur enfant. Mais Achille espère qu'à la vue du cadavre ses ennemis se sentiront perdus et abandonneront la partie. Il attache alors le cadavre à son char par les pieds avec des lanières de peaux de bœuf, en laissant pendre la tête. Il aiguillonne ses chevaux, un nuage de poussière s'élève et les cheveux noirs d'Hector, sa tête autrefois si belle, traînent dans la poussière (396-403). Ce n'est qu'à ce moment, lorsque le char débouche dans la plaine visible de la porte de Skées, que sa mère, la première, l'aperçoit. Elle s'arrache les cheveux, rejette loin d'elle son beau voile et pousse de grands gémissements à la vue de son enfant (405-407). Andromaque, qui filait dans sa haute demeure une robe de pourpre brodée et avait fait préparer un grand trépied plein d'eau pour Hector à son retour du combat, n'avait rien appris encore de l'issue fatale, mais les sanglots et les cris qui partent de la tour arrivent jusqu'à elle.... Elle s'élance comme une folle et parvient à la tour assez à temps pour voir son époux fretté par les chevaux rapides, qui sans pitié l'emportent vers les vaisseaux creux des Achéens (437-465).

Toute la grande scène dramatique revit devant nos yeux.... J'ai fait le tour de la citadelle, recherchant les traces des héros, presque l'empreinte de leurs pas, comme s'il s'était agi d'un fait qui s'était passé la veille.

Ce que l'on peut dire en tout cas c'est, ou bien qu'Homère s'est inspiré d'un récit plus ancien où un combat de cette sorte était détaillé, ou, plus probablement, qu'il connaissait bien le site et la ville, dont la disposition générale ne s'était pas notablement modifiée et qu'il en avait l'image dans les yeux, lorsqu'il a composé son récit pour des auditeurs, auxquels elle n'était pas moins familière.

Ainsi, qu'il s'agisse de l'aspect général de la ville, de sa disposition, de l'importance et de la construction de ses murs, de leur aspect, des tours et des portes, de la configuration du terrain à l'entour, partout le poème concorde avec la réalité. Il n'y a pas de divergences ; il n'y a même pas d'efforts à faire pour le replacer dans son cadre. Aucune autre ville mycénienne ne s'y prêterait. Ce qu'Homère nous dit de Troie n'est donc pas une fiction. Tant de coïncidences ne peuvent pas être dues au hasard. Il connaissait la ville. Nous allons voir qu'il ne connaissait pas moins bien la plaine, où la clameur des armées vient de rompre de nouveau le long sommeil des siècles.

 

 



[1] Betrachtungen über Homers Ilias, 1835.

[2] M. Bréal, Pour mieux connaître Homère, Paris, 1906.

[3] V. Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée, Paris, 2 vol., 1903, II, conclusions, p. 544-608. Voir aussi G. Sortais, Ilios et Iliade, Paris, 1892.

[4] A. van Gennep, La question d'Homère, Paris, 1909.

[5] Andrew Lang, Homer and the Epic, Londres, 1894 ; Homer and his age, 1906, et The World of Homer, 1910.

[6] Edit. de l'Odyssée, 1859, et Gesammelte Aufsätze, Berlin, 1869.

[7] Loc. cit.

[8] Sur le recensement de Pisistrate, voir Lang, Homer and his Age, p. 32-35 et p. 44-50 ; The World of Homer, p. 281-288. Que l'Iliade et l'Odyssée aient pu être transmises par l'écriture et non seulement par récitation orale, est un fait généralement admis aujourd'hui, depuis, que l'usage de l'écriture dans la Méditerranée, à partir du XVe siècle au moins, est établi par les découvertes des tablettes minœnnes.

[9] Le mot Iaones est prononcé une seule fois : entre Béotiens et Locriens ; il désigne les Athéniens et non pas les colons de l'Ionie (Iliade, XIII, 685).

[10] M. Bréal, Revue de Paris, 15 février 1903.

[11] Sur la bibliographie de la question homérique : article Homeros dans Pauly-Wissowa, Real Encyclopädie, Stuttgart, VIII, 2, 1913; excellent résumé méthodique d'Ad. Reinach dans van Gennep, loc. cit., p. 63-86. On lira avec intérêt la très vivante discussion de V. Bérard, dans Les Phéniciens et l'Odyssée, II, p. 544-608. Lang, ouvrages cités plus haut, pense que l'auteur était un Achéen.

[12] Sur cette question de la ville basse, voir plus bas.

[13] Lechevalier, Voyage de la Troade, 3 vol., Paris, 3e édit., an X (1802).

[14] Choiseul-Gouffier, Voyage pittoresque de la Grèce, II, Paris, 1820.

[15] Bibliographie très complète de la question jusqu'en 1883 dans Schliemann, Ilios, trad. franç., p. 231 et sq.

[16] Dissertation on the topography of the plain of Troy, Edimbourg, 1822 ; The plain of Troy described, Edimbourg, 1863.

[17] En réalité, on a proposé trois endroits pour le village des Iliéens de Strabon Kara Your, le Konak d'Ali-Aga et Thymbra ; la question n'a qu'un intérêt très secondaire.

[18] On a soutenu, il est vrai, que le pluriel du mot porte dans l'Iliade était équivalent à un singulier, et que, lorsque Homère nous dit : Toutes les portes étaient ouvertes (II, 809), il faut entendre La porte était ouverte toute grande ; les noms de Skées et de Dardania seraient employés indifféremment pour désigner la même porte. Cette conjecture d'un grammairien du IIe siècle avant notre ère, Aristarque, n'a été acceptée par presque personne. L'interprétation grammaticale est très douteuse et Homère distingue nettement les portes de Skées et de Dardania.

[19] Notamment, Iliade, III, 149 ; VI, 393 ; IX, 354 ; XXII, 6.

[20] Iliade, VII, 452-453.

[21] Pindare, Olympiques, VIII, 31-46.

[22] Iliade, V, 789 ; XXII, 194, 413.

[23] On a soutenu que Dardanéenne était simplement équivalent à Troyenne. Mais le territoire des Dardaniens et celui des Troyens étaient distincts et Dardanos n'était pas le fondateur de Troie, d'après Homère.

[24] Dussaud, loc. cit., p. 144, est d'avis que ce chemin suivi par Hector à travers la ville pour gagner son palais ne peut être qu'une pure fiction. Pourquoi ? Rien ne s'y oppose dans la disposition des ruines, mais rien non plus n'en peut établir l'exactitude.

[25] Sur la maison homérique à Troie et à Ithaque et, d'une façon générale, sur la maison mycénienne et prémycénienne, voir : G. Leroux, Les origines de l'édifice hypostyle, Paris, 1913, p. 170, où l'on trouvera la bibliographie la plus récente.

[26] Il s'agit de la Thèbe située dans la Troade du Sud près du golfe d'Adramytte. Cet épisode, indiqué dans l'Iliade, est développé dans une vingtaine de vers de la poétesse Sappho, qui viennent d'être déchiffrés sur un papyrus d'Égypte. Voir sur ce sujet la très belle communication de P. Girard, Le Mariage d'Hector, dans le Bulletin de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, novembre 1914, p. 658-669.

[27] Ce fait, que j'ai constaté sur place, a été maintes fois observé par Dörpfeld. Voir Troja und Ilion, p. 629.

[28] Sur la position du Scamandre, voir plus bas.

[29] Schliemann, Ilios, p. 340-1, et Dörpfeld, loc. cit., p. 628. Voir plus bas.

[30] Voir discussion dans Schliemann, loc. cit., p. 243-244. Voir plus bas.