Dans sa Chronique de Modène, Lancellotti notait, à la date du 28 août 1547 : En ce jour de Saint-Augustin, il y a cinquante-trois ans que Charles Le Petit, roi de France, vint en Italie et que les Français passèrent par Modène, pelisses au dos et faucons au poing, s'en allant à la conquête de Naples : c'était en 1494. Jamais, depuis lors jusqu'aujourd'hui, ne fut paix ni abondance en Italie[1]. Cette lassitude amère, qu'exprimait, au début du règne de Henri II, un bourgeois de l'Etat de Ferrare, pays pourtant des moins dévastés, les Français eux-mêmes l'éprouvèrent, quelques années plus tard. Un agent fort belliqueux de la politique italienne du Très Chrétien écrivait, le 24 juin 1554, dans le bruit de la guerre de Toscane : Je m'esbahis que ces princes ne sont las et du travail et de la despence, car moy mesmes, qui suys icy à mon aise, m'en fasche[2]. Le moment vint ofi les conquérants, comme les peuples soumis, appelèrent la paix fille de Dieu[3]. L'émouvant Lamento d'Italia, dans lequel un poète de l'année 1554 a peint la ruée cruelle des animaux étranges, coqs gaulois, ours allemands, lévriers d'Espagne, qui mettaient en lambeaux la Péninsule, pouvait éveiller un écho chez les autres peuples de l'Europe occidentale[4]. La guerre avait laissé les frontières de la France plus meurtries que les campagnes de l’Italie. Les victoires du Roi étaient, pour ses sujets, presque aussi dures que les invasions de l'ennemi. Les chevauchées de l'expédition de 1552 et les préparatifs de la défense de Metz avaient ruiné toute la région de l'Est. A Metz, Toul et Verdun, — dans ces Trois Évêchés si facilement acquis —, les monastères, les églises, pour ne citer que les ruines considérées comme scandaleuses, avaient été dépouillés, parfois pillés et démolis, sous prétexte d'opérations militaires ou de fortifications ; les capitaines du Roi y avaient commis, d'abord par nécessité puis par amour du butin, des exactions, dont le clergé se plaignait avec une vivacité qui n'était point permise au peuple[5]. On ne combat plus pour vaincre ou pour conquérir des terres, écrivait le nonce Santa-Croce, mais pour brûler et pour détruire le pays, avec des homicides et des cruautés infinies[6]. En deçà et au delà de la frontière, sur les terres de l'Empereur comme sur les pays du Roi, l'incendie et les massacres créaient un désert[7]. Et rien ne pouvait calmer ces forces destructrices, dont la fureur renaissait sans cesse, entretenue et irritée par l'égalité même des adversaires[8]. Aussi, toute vie disparaissait-elle peu à peu des régions de bordure : aux incursions des Bourguignons, qui massacraient femmes et enfants, répondaient des représailles françaises, non moins cruelles[9]. Les populations succombaient tour à tour sous les coups de leurs ennemis et de leurs protecteurs, animés par un égal désir de vengeance. Comme la frontière de l'Est, celle du Nord offrait le spectacle d'une terre de deuil, couverte des débris de l'incendie et de la dévastation[10]. Pour n'être point ruinés par le passage des gens de guerre, les autres pays du royaume de France ne souffraient pas moins des exigences du fisc, démesurément accrues par la politique de magnificence extérieure. A vrai dire, le Trésor de l'Epargne s'alimentait d'urgence aux banques des marchands de Lyon ; mais ceux-ci prêtaient leurs deniers à seize pour cent, et le Roi payait les intérêts en grevant le peuple[11]. Avant même que Henri II eût déclaré aucune guerre, l'ambassadeur de Charles-Quint, Saint-Mauris, adressait au Conseil impérial, le 24 février 1548, ces renseignements sur l'état de la France : Je note que leur peuple est très foullé, en commençant à soy désespérer et crier d'estre si rudement traitté en ce règne nouveau, tellement que sy la guerre luy tumboit sur les bras, ils seroient à peu près perdus[12]. Saint-Mauris se trompait, en doutant des ressources et de la patience du peuple français : ces ressources et cette patience furent singulièrement éprouvées au cours des années suivantes. Ce qui rendit plus graves et surtout plus apparents les excès de la fiscalité de Henri II fut qu'ils lésèrent le clergé : moins coutumiers de cette misère que le peuple et soutenus par les remontrances du Saint-Siège, les clercs ne tardèrent point à demander, au nom de la charité chrétienne, la cessation de la guerre. Les années 1552 et 1553 apportèrent aux bénéficiers beaucoup d'ennuis. Dès l'automne 1552, parmi les préparatifs de la défense du pays de Lorraine, le Roi songeait à demander au clergé en don la moitié de ses revenus[13]. Quelques semaines après, au mois de décembre, on résolut d'imposer les immeubles de l'Eglise de France : vendre toutes les maisons que possédaient à Paris les églises du royaume, maisons qui étaient fort nombreuses, sous réserve que le clergé recevrait annuellement une rente égale à celle représentée par la valeur marchande de ces immeubles. Le nonce fit une vive opposition à cette mesure qui eût bientôt abouti à une simple confiscation[14]. De fait, la mise en pratique fut retardée. Mais au mois de février 1553, un édit chargea les officiers de finances de dresser une liste de tous les biens immeubles, censives et fiefs, que possédaient les églises, afin de s'en servir au besoin. A la même époque, le gouvernement royal encourageait les pratiques des clercs, qui, nommés aux bénéfices, se contentaient, pour entrer en possession, d'une lettre royale et d'une supplique au pape, sans faire expédier de bulles par la chancellerie apostolique : inaugurées dès les premières guerres du règne, ces pratiques privaient les officiers de la Curie d'énormes revenus et, en arrêtant les deniers du clergé dans le royaume, renouvelaient d'une manière subreptice les conséquences du fameux édit de 1551 sur les petites dates, dont s'était servi naguère Henri II comme d'une arme particulièrement efficace contre le pape Jules III[15]. Cette persécution financière rendait le clergé et la Cour de Rome plus enclins à la pitié pour le peuple que grevaient des charges nombreuses et diverses, d'autant que les cardinaux et prélats italiens possédaient beaucoup de bénéfices en France et souffraient des mesures du fisc royal[16]. Pendant l'année 1553, les impôts sur le peuple furent aggravés. D'abord, sous prétexte de fortifier Paris, le Roi fit payer aux habitants une grosse contribution, dont le produit, environ trois cent mille francs, fut versé au Trésor de la guerre[17]. Dans le même temps, un édit créait les greffes d'insinuation, dont la vente aux officiers rapporta près de trois cent mille écus. Encore, au printemps de cette même année, le Roi décida de suspendre, pour la durée d'un an, les salaires de tous les officiers et des juges eux-mêmes, lesquels devaient sans doute prendre compensation sur leurs administrés. Cette dernière mesure rapporta au Trésor plus d'un million d'écus d'or[18]. A l'automne, le Conseil inventa d'autres procédés. On obligea les provinces à racheter le lourd impôt du sel, dont elles avaient été grevées quelques années auparavant. Le Poitou paya un million et quatre cent mille francs, la Bretagne quatre cent mille écus, et ainsi toutes les provinces intéressées : ce rachat fit entrer au Trésor plus de deux millions d'écus d'or[19]. Au mois de décembre 1553, on eut recours à des expédients plus graves. Après la création de nouveaux officiers, auxquels furent assignés de gros salaires, dont ils durent acheter la jouissance, Henri II promulgua un édit ordonnant à tous les habitants de Paris de remettre aux commis du fisc l'argenterie des maisons privées, pour être monnayée, contre un intérêt de huit deniers et un tiers pour cent. En même temps, les archevêques et évêques du royaume étaient imités à fournir au gouvernement royal la liste de tous les bénéfices de leurs diocèses, pour faciliter la répartition d'un nouvel impôt sur le clergé[20]. En 1554, le Roi atteignit les gentilshommes par la distribution, contre argent, de nombreuses lettres de noblesse, mesure qui excita un grand concours de gens alléchés par l'ambition de devenir gentilshommes[21]. Mais les plus grosses sommes furent avancées, en cette année 1554, par la banque de Lyon, qui était intéressée au sort des armes françaises en Toscane. Dans le discorso
di pace qu'il adressait aux princes ennemis, à Charles-Quint et à
Henri II, Reginald Pole écrivait, au printemps de 1554 : Si le tiers des dépenses que Vos Majestés ont faites pour
s'abattre l'une l'autre, avait été employé contre l'ennemi commun de la Foi,
il aurait suffi, votre puissance aidant, pour le vaincre et reconquérir tout
l'Orient[22]. Ce devait être l'œuvre du Saint-Siège et de ses légats de restaurer, contre l'infidèle et l'hérétique, la république chrétienne, si malheureusement divisée par les guerres dynastiques. Il y avait fort longtemps que les hommes pieux ou dévoués au Saint-Siège signalaient les dangers qui menaçaient la Chrétienté par la rivalité des deux grandes dynasties catholiques. Les exemples que je vois du peu de crainte que l'on a de Dieu, écrivait de France, en 1537, l'évêque d'Ivrée, et le peu de honte qu'on éprouve à dévier de la vertueuse coutume des ancêtres, et l'ambition qui s'est tant accrue qu'elle a perverti les deux sens principaux, lesquels n'entendent ni ne voient que, par suite de leur rivalité, la religion chrétienne, la foi et la justice sont tout en confusion, grâce à leur tolérance, d'où résulte la puissance du Turc et son audace plus grande à ruiner et à détruire, avec l'effusion de tant de sang innocent, avec des incendies et des captivités innombrables, la pauvre Chrétienté et surtout l'Italie[23]. L'attention du Saint-Siège ne fut longtemps préoccupée que du Turc, parce que ce péril, plus proche et plus apparent, menaçait directement la sécurité de Rome. Chaque année, la diplomatie du Très Chrétien ramenait dans la mer Tyrrhénienne les flottes unies du sultan et des corsaires Barbaresques[24], et la Curie tremblait sous la menace d'un coup de main qui aurait livré la Ville éternelle au pillage et au massacre des disciples effrénés de Mahomet. Nous avons vu paraître ces craintes dans les discours qu'adressait Jules III au roi de France, tantôt sous forme d'anathèmes, tantôt sous forme d'adjurations[25]. Les ravages portés sur les côtes de Calabre, en 1552, et la croisière de la flotte infidèle dans le golfe de Naples, plus tard le pillage de l'île d'Elbe et la conquête de la Corse avaient excité l'effroi du pontife[26]. Enfin, au mois d'août 1554, les gestes horribles accomplis en Pouille par les Turcs, qui s'emparèrent de Vesta, enlevèrent quatre mille âmes et brûlèrent le pays, provoquaient l'indignation des politiques les moins sensibles[27]. Mais les Turcs, pour cruels et terrifiants qu'ils fussent, offraient un péril visible, limité et matériel, qu'on pouvait prévoir et arrêter facilement par l'intervention d'une armée chrétienne. Combien plus dangereuse était, pour le Saint-Siège, la pénétration subtile, insaisissable, irrégulière de l'hérésie ! Ce serait une histoire singulièrement instructive, qui suivrait le progrès de la peur gagnant de plus en plus chaque jour l'âme frivole des pontifes de la Renaissance, débordés par l'hérésie pullulante. Lorsque Henri II monta sur le trône de France, l'image de la secte luthérienne commençait d'obséder les esprits. L'erreur s'infiltrait dans l'Italie même[28]. À Ferrare, à Modène, à Bologne, dans les Etats d'Este et la Romagne, les hérétiques s'étaient établis, et la répression, qu'y dirigeait la Compagnie de Jésus, ne faisait qu'animer leur zèle et leur constance[29]. De même, à Venise[30] à Brescia[31], à Vérone[32], La Mirandole[33], à Trévise[34], en Piémont[35], vivaient des foyers d'hérésie, qu'alimentaient les voyageurs descendus par les grandes routes des Alpes centrales. En 1547, la secte s'implantait à Faenza[36]. Les Français la trouvèrent dans le Siennois, où, depuis longtemps, l'Inquisition de Rome tentait de la détruire[37]. A Montalcino même, au sud des montagnes de Toscane, l'hérésie pénétra[38]. Enfin, à Rome, dans l'église Sainte-Marie de la Minerve, avec de belles et longues cérémonies, on jugeait les hérétiques et on brûlait leurs écrits[39]. Sous le pontificat de Jules III, la vigilance de l'Inquisition redoubla. Le pape renouvela les défenses générales promulguées par ses prédécesseurs, touchant les livres suspects de luthéranisme[40]. De plus, il stimula le zèle des souverainetés indépendantes, en particulier à Venise et à Florence, contre les scélérats Anabaptistes[41]. Les nouvelles venues d'Allemagne et de France surexcitaient les inquiétudes de la Curie. Ce n'est pas ici le lieu d'exposer l'histoire des conquêtes de l'hérésie dans ces deux nations[42]. Seulement quelques traits nous permettront d'indiquer brièvement quel était, à la Cour de Henri II, l'état des esprits touchant ce sujet. Au début de l'année 1547, on avait brûlé de nombreux Luthériens à Paris[43]. Lorsque le nouveau Roi prit le gouvernement de son Etat, l'hérésie lui sembla, à lui et à ses conseillers, une infection très répandue. On vit alors des Luthériens partout, en dehors de la vraisemblance. Ces craintes étaient souvent le prétexte de vengeances politiques. Madame d'Etampes, la célèbre favorite de François Ier, tombée dans une juste disgrâce à l'avènement de Henri II et jetée dans une prison de Bretagne, en 1548, fut accusée par quelques-uns de luthéranisme, et l'ancien chancelier Poyet offrit de lui faire son procès en mode qu'elle serait brûlée[44]. La même année, lorsqu'éclata, en Guyenne et en Saintonge, la révolte de la gabelle, on jeta bientôt la responsabilité de ces troubles sur la secte luthérienne[45]. Au nonce qui l'interrogeait sur ce sujet, après la soumission sanglante des rebelles, Charles de Guise déclara, les larmes aux yeux, comme personne qui voit les choses de la religion aller chaque jour de mal en pis, que, selon les lettres du connétable et de M. d'Aumale, se trouvaient en Gascogne de nombreux mal-sers tants de la foi. Au surplus, le cardinal ajoutait que les gallicans, conseillers du Roi et adversaires du Saint-Siège, n'étaient pas moins dangereux par leurs sinistres offices que les hérétiques[46]. Un fait, pourtant, a trompé beaucoup d'historiens, quant aux sentiments de Henri II : c'est le procès du président d'Oppède. Jean Maynier, sieur d'Oppède, premier président du Parlement de Provence, — le massacreur des Vaudois —, fut menacé, dans ses biens et dans sa vie, dès les premiers jours du règne nouveau. Au mois de mai 1547, on parlait déjà de son incarcération[47]. De fait, au début de l'année suivante, il fut emprisonné et l'on commença d'instruire son procès, qui dura près de trois ans. Comme motif de cette arrestation, on incrimina les procédures barbares dont le président avait usé, au mois d'avril 1545, pour exterminer les malheureux hérétiques ou prétendus hérétiques de Mérindol et de Cabrières[48]. Mais ce serait se tromper fort que d'attribuer au gouvernement royal des sentiments de pitié rétrospective ou de justice réparatrice à l'égard des victimes de Jean Maynier. La vérité est que, dans la personne du président de Provence, les nouveaux ministres et Henri II lui-même voulaient frapper le cardinal de Tournon : celui-ci portait, devant l'opinion de la jeune Cour, toute la responsabilité de l'ancien gouvernement, mais, comme on ne pouvait toucher à sa personne. vu sa dignité cardinalice et, d'autre part, son intégrité absolue, on attaquait ses parents et ses amis. Grignan avait été disgracié, d'Oppède, qui offrait un passé sanguinaire, fut emprisonné. L'arrestation produisit à la Curie romaine une vive émotion. Le 3 juillet 1549, Paul III adressa des brefs à Henri II et au cardinal de Guise, les exhortant instamment à faire relâcher Jean Maynier[49]. Sur l'ordre du pape, Michele della Torre, évêque de Ceneda, nonce auprès du Roi, fit de grands efforts pour obtenir la libération du président[50]. Mais ces efforts trouvaient une résistance tenace dans les rancunes politiques de Montmorency, d'autant qu'au mois d'août de cette année, une procédure régulière fut engagée devant le Parlement de Paris[51]. Aussi, le 23 octobre 1549, Paul III se décida-t-il à envoyer des brefs au connétable lui-même et à son neveu, le cardinal de Châtillon[52]. Quelques jours après, le pontife mourait, victime de sa propre famille, et d'Oppède demeura en prison. Jules cinq mois après son avènement, le 28 juillet 1550, renouvela avec plus de vivacité, auprès du gouvernement royal, les instances de son prédécesseur. Il adressa trois brefs, au Roi, au connétable de Montmorency et au Parlement de Paris. Le pontife demandait nettement et sous une forme impérative la libération du président, et priait Montmorency de donner ordre aux officiers royaux d'empêcher que Maynier ne fût molesté par les restes des hérétiques, si quelques-uns avaient survécu[53]. Jules III exhortait le gouvernement royal à relâcher aussi les compagnons du président, emprisonnés avec lui depuis plus de vingt-quatre mois[54]. On sait qu'intervint, quelque temps après, un arrêt général d'acquittement des accusés[55]. Cet épilogue concordait avec la rentrée en grâce du cardinal de Tournon. L'année même où celui-ci revint à la Cour et fut nommé président du Conseil de régence, d'Oppède se vit rétablir dans sa charge au Parlement de Provence[56]. Toute cette affaire était née d'intrigues politiques et il n'y a pas lieu de la considérer comme un essai de réparation envers les victimes hérétiques. Ce qui mérite toute attention, c'est la défense de Maynier par le Saint-Siège et surtout les arguments de cette défense. L'exposé qu'envoya Paul III à Henri II, au mois de juillet
1549, est une véritable apologie du massacre. Cette œuvre
d'exécution qui a été faite des hérétiques pour la conservation de l'Eglise
et de la religion chrétienne, disait le pontife, est bonne, juste, digne de
mémoire et propre à valoir au dit seigneur d'Oppède honneur et gloire.
Le pape priait encore le Roi de vouloir bien
adresser des lettres patentes aux juges et commissaires, chargés d'instruire
le procès, pour leur interdire de prendre connaissance aucune de tout ce que
le dit d'Oppède pourrait avoir commis ou perpétré dans le fait de la dite
exécution, vu qu'il en résulterait un très grand scandale pour la religion
chrétienne et qu'on donnerait occasion au peuple chrétien de persévérer dans
la secte et fausse opinion que professaient ceux qui ont été détruits[57]. Il est certain que Henri II portait une haine impitoyable aux hérétiques et que ses sentiments sur ce sujet furent toujours également intenses. Le 5 juillet 1549, le Roi suivit lui-même dans les rues de Paris une procession solennelle : cette manifestation religieuse, inspirée par la crainte des progrès de l'hérésie luthérienne dans le royaume, avait pour but d'implorer l'aide de Dieu contre les malsentants de la foi. Ce jour-là Henri II dîna au palais de l'évêché, à Notre-Dame. Pour l'après-dîner, des supplices de Luthériens avaient été ordonnés. Trois hérétiques furent brûlés vifs, deux étranglés. Le Roi, son repas consommé, se mit incognito à une fenêtre et regarda flamber le bûcher funèbre[58]. C'est bien le même homme qui, dix ans plus tard, abandonnera d'un trait les conquêtes de son père et les siennes propres, afin de mieux se vouer tout entier à la chasse de l'hérétique. Mais les préceptes sévères du Saint-Siège, la vigilance appliquée de l'Inquisition, les cruautés du pouvoir civil n'arrêtèrent point le courant : née le plus souvent d'une indignation spontanée contre les abus de l'Eglise, et, parfois aussi, prétexte commode aux libertins pour s'affranchir des canons, l'hérésie se répandit, subtile, diverse, individuelle ou collective, naïve ou espiègle, tantôt agressive, tantôt prudente, fortifiée par ses martyrs et ses obscurs apôtres, doublement armée de foi et d'ironie. Un moment fut où le pape et les princes rencontrèrent, à chaque pas de leur action, des hérétiques. Tout préoccupés de leurs vieilles histoires dynastiques, le Roi et l'Empereur ne donnaient à la répression de l'erreur que les restes de leur temps et de leur énergie. Au surplus, la répression ne s'appliquait encore qu'aux petites gens, soit que les autres fussent prudents, soit qu'ils eussent des protecteurs et des garants, soit que, parmi eux, on trouvât un grand nombre de libertins, jugés moins dangereux que les vrais hérétiques. Dans cette troupe d'hommes cultivés, mi-hérétiques, mi-libertins, clercs pour la plupart, on rencontrait les meilleurs agents de la politique royale à l'extérieur, diplomates de seconde classe mais rompus et habiles aux démarches, souples soldats de la guerre d'intrigues, secrétaires, abbés, protonotaires, dont un évêché récompensait, sur le tard, les services. Le Roi hésitait à les frapper pour leurs opinions, et, d'ailleurs, ils savaient dissimuler à propos leurs pensées, n'ayant point la conviction forte des âmes simples. Mais on ne doit pas oublier, pour comprendre l'extraordinaire et presque subite diffusion de l'hérésie, que ceux-là mêmes, qui ne défendaient pas la Réforme au grand jour, la propageaient en secret. Les cas abondent, particulièrement dans le personnel de la diplomatie française en Italie. Une des histoires les plus plaisantes et les plus instructives est celle du Dominicain Jean de Monluc. Nous avons dit quelles ressources d'esprit, d'éloquence et de souplesse doctrinale offrait au service du Roi ce clerc gascon, qu'on employait dans toutes les affaires difficiles, qu'il s'agit de marier une princesse, de séduire une République ou d'adoucir le courroux d'un pontife[59]. Protégé des Guises, Monluc demanda, un jour, pour sa peine, une grosse récompense d'Eglise. Au mois de juin 1551, précisément à l'époque où il représentait à Rome, dans une passe fort difficile, la politique royale, Jean sollicitait de la Curie son institution à l'archevêché de Bordeaux. Ce fut l'occasion, en consistoire, d'une scène qui, sous un air de comédie, montre quelle diversité de sentiments et quelles difficultés complexes soulevait alors la question d'hérésie, lorsqu'il s'agissait, non de quelques paysans bons à massacrer ou de pauvres clercs qu'on brûlait sans inconvénient, mais de personnages de qualité, dont les services étaient notables. Quand fut présentée au consistoire la candidature de Monluc, les membres rigoristes du Sacré-Collège, en particulier le célèbre cardinal Théatin et le cardinal de Saint-Jacques, se récrièrent avec vivacité, alléguant que les mauvaises mœurs et la vie dissolue du candidat étaient connues, et poussèrent leur réquisitoire jusqu'à l'accusation d'hérésie. Monluc — c'est le côté plaisant de l'histoire — fut défendu par le pape lui-même, pour des raisons politiques. Au cours d'entrevues que nous avons racontées, l'éloquent Gascon avait séduit Jules III[60]. On ne peut, déclara celui-ci, lancer de telles accusations contre un homme qui a promis de faire auprès du Roi de bons offices en faveur du Saint-Siège[61]. De fait, le 3 juillet 1551, l'église de Bordeaux fut conférée à Jean de Monluc, bien que les cardinaux opposants l'eussent encore accusé d'être apostat et engagé en de nombreux vices charnels[62]. Le séduisant apostat reçut le rochet, le 4 juillet[63]. Par malheur, le cardinal du Bellay, qui était titulaire de l'archevêché de Bordeaux, refusa de céder au nouveau bénéficier l'administration du riche diocèse, dont pourtant les décrets ne lui permettaient pas de cumuler la charge avec celle de l'évêché de Paris[64]. Monluc dut attendre : au mois d'août 1553, on lui donna l'évêché de Valence, qui rapportait dix ou douze mille francs l'an[65]. Que Monluc fût surtout un libertin de mœurs et d'esprit, on peut le déduire sans témérité des témoignages que donnent sur lui ses contemporains. Il n'était pas homme à laisser tomber sa fortune, pour cause de religion. La manière qu'il employa pour obtenir l'évêché de Valence prouve toute sa souplesse : il prit les devants, multiplia les politesses à l'égard du nonce et fit intervenir l'influence du cardinal de Lorraine, son patron[66]. Mais, d'autre part, comment n'être pas frappé du fait que cet homme d'apparence sceptique et de caractère ondoyant fut un propagateur secret de l'hérésie ? Un malheureux frate, que l'Inquisition fit brûler à Rome, au Campo di Fiori, en septembre 1553, confessa, dans son interrogatoire, qu'il avait entendu prêcher par Monluc l'opinion des sacramentaires[67]. Ces exemples, tirés de la chronique du temps, permettent de mieux comprendre et la pénétration invisible de l'hérésie et l'attitude variable des pouvoirs civil et religieux touchant la répression. L'historien, qui étudierait pleinement révolution des rapports de la Réforme avec ces pouvoirs, aurait à distinguer bien des périodes. Pour le règne de Henri II, la première période religieuse s'achèverait vers 1552 : l'attitude du pouvoir royal, comme celle du Saint-Siège, y apparaît fixe sans doute dans sa doctrine et sa règle, mais incohérente dans la pratique, sensible aux variations de l'intérêt politique, poursuivant l'hérésie avec cruauté mais par sautes d'humeur, dure aux petits, indulgente aux habiles. Au vrai, l'hérésie n'est encore, pour le Roi, qu'une affaire secondaire, la révolte traditionnelle de quelques-uns contre les canons : le gallicanisme, jusqu'à l'année 1552, domine toujours la politique royale et empêche une collaboration sérieuse du pouvoir civil avec le Saint-Siège. Concordats, indults, conciles général et national, collations de bénéfices, taxes abusives de la chancellerie pontificale, c'est dans ces fourrés de la procédure ecclésiastique que se perdent les forces des princes et des pontifes. Pourtant, si la crainte de l'hérésie n'est pas encore passée au premier plan, elle gagne de plus en plus les esprits : on s'accoutume à dénoncer l'erreur partout. L'année 1554, en dépit de l'énorme guerre qui absorbe, sur tous les champs du Nord, de l'Est et de l'Italie, les forces et l'activité du gouvernement royal, marque une aggravation des mesures répressives contre les dissidents. C'est au début de cette année que Henri II crée un Conseil particulier sur les affaires d'hérésie[68]. L'influence du cardinal de Tournon, qui exerce alors une grande action dans la politique, contribue sans doute à stimuler le zèle catholique du souverain. A ce moment, les démarches pacifiques des légats pontificaux deviennent plus pressantes, et les idées de charité chrétienne commencent à pénétrer le cœur des rois. Aussi bien, depuis deux ans, Jules III employait un effort persévérant à cette œuvre de paix. Le fou s'instruit à ses dépens, dit Erasme[69]. Les événements de la crise gallicane et de la guerre de Parme avaient infligé au pape Jules III une dure leçon. Suivant le mot d'Annibal Caro, on peut dire qu'il y avait pris une excellente médecine[70]. Le premier effet de ces déboires fut de ramener le pontife à la vie de mollesse qui lui était naturelle et dont il s'était départi avec si peu de succès. Après que sa réconciliation avec Henri II eût été réglée, Jules III acheva l'année 1552 dans les plaisirs et le repos, plus occupé des vendanges romaines, des chasses au cerf et des bals de contadines que des querelles de la chrétienté[71]. Sans doute la leçon n'eût été guère profitable si elle n'avait qu'endormi le pape dans la volupté des heures romaines. Mais ce goût du repos, qui prit souvent à Rome l'apparence de la mollesse, se manifesta, dans la politique extérieure du Saint-Siège, par une action considérable au service de la paix. Ce pontife, qu'un souffle de fureur avait transformé un jour en chef de guerre et dont la vie restait d'ailleurs entravée par l'indolence et la bonne chère, acquiert, après la guerre de Parme, une notion élevée du rôle chrétien que doit remplir le Saint-Siège dans la politique européenne : moins préoccupé, dès lors, du sort de l'Italie que de l'avenir du catholicisme, battu par le flot de l'hérésie qui monte et menacé par le Turc dans son existence matérielle même, Jules III consacre son énergie à réconcilier les princes de la communion catholique pour les tourner contre les fidèles de l'erreur et contre les disciples de Mahomet. Cette préoccupation a donné à la seconde période de son pontificat une grandeur que ne permettaient pas d'espérer les premiers gestes du successeur de Paul III. L'inspiration de cette politique chrétienne vint de quelques cardinaux, qui passaient pour Espagnols, mais qui furent, en réalité, les ouvriers de la paix. Reginald Pole et Giovanni Morone représentent éminemment ce groupe. Hommes de conciliation, d'intelligence ouverte et accessible aux questions générales, très attachés à l'Eglise romaine et soucieux de l'unité religieuse, ils insistèrent sur l'urgente nécessité d'oublier les vieilles histoires dynastiques, d'abandonner les querelles de nations, afin de renouveler la Chrétienté du moyen âge, république homogène dont les forces seraient tout entières vouées à la lutte contre l'hérésie et à la restauration de la discipline ecclésiastique[72]. On pouvait craindre que le roi de France ne fût le principal adversaire de cette œuvre de paix, — l'œuvre sainte disent les agents du Saint-Siège. La politique européenne du Très Chrétien s'appuie, en effet, sur les ennemis de l'orthodoxie et sur ceux même de la Chrétienté. Quelques persécutions qu'il inflige aux hérétiques du royaume de France, Henri II, comme son prédécesseur, fonde néanmoins sa puissance extérieure sur l'alliance des Turcs et des Luthériens, et il n'est point douteux qu'à défaut d'une telle base, cette puissance croulerait. Aussi faudra-t-il une véritable conversion pour qu'un jour le Roi sacrifie au bien de la foi catholique les garanties de l'équilibre européen et de sa propre sécurité. A vrai dire, les exhortations à la paix n'étaient souvent que formules d'usage. Le jour même de la mort de François Ier, Paul III donnait au cardinal-légat de Saint-George, envoyé en France, des instructions ainsi conçues : Votre Seigneurie Révérendissime devra exhorter le nouveau roi à établir une vraie paix et union avec Sa Majesté impériale pour se vouer plus facilement à quelque entreprise glorieuse et digne du nom qu'il porte de Très Chrétien contre les ennemis de la foi catholique[73]. Mais Henri II avait alors raison de ne pas s'embarrasser des exhortations du pape, puisqu'à ce moment même, la diplomatie du Saint-Siège offrait au gouvernement royal une ligue offensive contre l'Empereur[74]. D'ailleurs un roi ne pouvait accepter de paix définitive, sans avoir éprouvé ses armes sur les champs de bataille. On sait que cette épreuve se fit précisément contre le successeur de Paul III, en 1551. Lorsque, à l'automne de 1551, recommença la grande lutte dynastique, un temps assoupie, entre le fils de François lei et le vieil empereur Charles-Quint, ce dernier vit sans plaisir les armes rentrer en jeu. Le César malade, qui promenait, à travers l'Allemagne et les Pays-Bas, son corps endolori et sa conscience triste, orgueilleux, obstiné et austère, ne voulait rien céder, il est vrai, de ses prétentions ni de celles de ses alliés, mais il aimait choisir l'heure de les faire valoir. Or, il se trouvait sans ressources d'argent, sous la menace du Turc et des ligues allemandes, l'esprit même tourmenté par les difficultés dont souffrait le Saint-Siège, son allié moral, à propos de la crise gallicane et du concile de Trente[75]. Par contre, tous les vents poussaient Henri II à la guerre : il était jeune et entouré surtout de jeunes gens au sang chaud, il désirait venger l'ancienne captivité de son père et la sienne propre, dont le souvenir assombrissait encore de honte la gloire des Valois, les circonstances lui étaient favorables, sa politique, soutenue par les Suisses et les Anglais, dirigée de complicité avec les Turcs et les protestants d'Allemagne, était excitée par des succès militaires remportés en Piémont et à Parme. Au roi de France, vigoureux et grand soldat lui-même, s'ouvrait la voie belliqueuse, facile et séduisante : la paix n'était qu'un vain mot, dont on berçait l'espérance des peuples qui gémissaient sous l'impôt. Au mois de février 1552, partant pour la campagne de Lorraine, Henri II déclarait au Parlement de Paris son programme : maintenir les droits et les prétentions de sa maison sur la Flandre, la Lombardie et le royaume de Naples, en considérant comme annulées les renonciations antérieures[76]. Jules III, qui sortait de la guerre de Parme, n'oublia point, parmi les voluptés de sa mollesse, les graves responsabilités qu'il portait du fait de la conflagration, dont il avait été l'auteur direct. A Henri II, par l'intermédiaire du jeune nonce Santa-Croce, le pontife fit entendre des propos de conciliation : il représentait que la chrétienté, pauvre et affligée, avait besoin de respirer, après de si longues guerres, et qu'au lieu de s'épuiser en luttes sans fin, les deux princes ennemis devaient grouper leurs forces pour châtier l'insolence des infidèles et des hérétiques[77]. Jules III espérait en la sagesse de Montmorency. Pourtant, celui-ci même donnait une réponse peu rassurante : les choses étaient engagées depuis si longtemps qu'on tournait dans un cercle de représailles et l'honneur ne permettait point au combattant le plus pacifique d'abandonner le terrain. En octobre 1552, le connétable, après avoir déclaré au nonce qu'il inclinait à la paix personnellement comme chrétien, comme vieillard et comme ministre arrivé au faîte des honneurs, ajoutait : Mais, comme serviteur du Roi, je ne vois pas de quelle manière elle se pourrait traiter, aujourd'hui que l'Empereur a offensé si cruellement Sa Majesté Très Chrétienne, fait incendier de nombreux villages et perpétrer des meurtres affreux, car je sais que Sa Majesté en veut, certes, tirer réparation et vengeance, de sorte que le monde connaisse sa puissance et que l'Empereur se repente de l'avoir tant provoquée[78]. L'année 1552 combla les vœux de Henri II. Alors, sa politique et ses armes triomphent partout, dans les Trois-Evêchés, à Metz, en Allemagne, à Sienne, en Piémont où Brissac conduit une guerre brillante, en Angleterre même, dont le roi, Edouard VI, se montre hostile à l'Empereur. Henri II use sans vergogne de l'alliance avec les Turcs et avec les protestants d'Allemagne. Le prince de Salerne, fuoruscito napolitain qui vient de passer au service de la France, se rend à Constantinople, avec une compagnie vêtue à la turque, pour capter la bonne grâce de Soliman, est logé par celui-ci dans un palais et demande au sultan, de la part (lu Roi, le secours d'une flotte de cinquante galères nouvelles qui chasseront les navires génois et porteront la dévastation sur le littoral de la Campanie et de la Calabre[79]. Mais, en 1553,1a fortune incline plutôt vers Charles-Quint. Le roi d'Angleterre, en mourant, laisse son royaume ouvert à l'influence espagnole ; le mariage de la reine Marie avec Philippe, prince d'Espagne, est en projet[80]. Maurice de Saxe périt à Sievershausen ; Albert de Brandebourg et les confédérés allemands font la sourde oreille aux sollicitations de l'ambassadeur français, Charles de Marillac[81] ; le duc de Florence précise ses intentions hostiles contre la république de Sienne. Le faix de la guerre, qui s'accroit démesurément, devient trop lourd pour les armées de Henri II, dispersées dans le Nord et l'Est, en Piémont, en Toscane et en Corse. Pourtant, ce changement de fortune ne favorise point l'œuvre de la paix. A son tour, l'Empereur montre des exigences inacceptables. Jusqu'au printemps de 1553, si tendu que fût son orgueil, il avait laissé paraitre le désir qu'il ressentait de la paix[82]. Mais plus tard, ces dispositions changent radicalement. En vain, joignant ses efforts à ceux de Jules III, le duc de Ferrare tente-t-il de proposer un arbitrage : les deux adversaires s'y refusent[83]. Henri II est plus belliqueux que jamais. Aux ambassadeurs anglais, parlant de traité, le Roi répond qu'il ne se soucie point d'une paix avec l'Empereur et que si l'on veut engager des négociations, il faut parler avant tout du royaume de Naples et de l'Etat de Milan[84]. Comment espérer d'arrêter un prince, dont les capitaines viennent de triompher à Metz et que poussent de toutes forces les partis belliqueux, les Guises excités par la victoire, les fuorusciti toscans enivrés par la révolte de Sienne, tandis que la flotte turque, renforcée, croise dans les eaux de la mer Tyrrhénienne[85] ? C'est parmi ce déchaînement de forces ennemies que Jules III crée des légats pour la paix. Jean du Bellay qui, après trois ans d'absence, revit le pape au printemps de 1553, le trouva bien changé. Je l'ay ces jours icy considéré en pourpoinct, écrivait-il le 20 juin à Montmorency, et y ay trouvé tant de différence depuys que je ne l'avoys yen et luy ay veu les cuisses tant agrellées et le col aussy que je ne l'eusse creu sans veoir, et sy l'ay veu n'estant encores du tout guary se jecter sy asprement sus les vyandes qu'on luy défend que je ne puys trouver sa vye bien asseurée à la longue[86]. Ce pontife intempérant et chétif, en sa vieillesse douloureuse, portait le souci de la paix du monde. Le 14 avril 1553, il députait en Allemagne et en France des légats pour réconcilier les princes. Hieronimo Capodiferro, cardinal de Saint-George, irait auprès de Henri II, tandis que le cardinal d'Imola, Hieronimo Dandino, se rendrait auprès de Charles-Quint e. Le pape donnait ainsi une satisfaction morale à ses propres désirs : malade de la goutte, depuis l'automne de 1552, sa pensée était pleine des images affreuses de la guerre qu'évoquaient les relations des ambassadeurs, dans le bruit lointain des grands carnages qui précédèrent et suivirent le siège de Metz[87]. En Italie, Jules III allait travailler lui-même à guérir la plaie de Toscane ; par delà les Alpes, il envoyait ses légats. Si beaux qu'ils fussent, ces gestes paraissaient vains, à telle heure. Henri II, au début du mois de mars, n'avait-il pas fait enlever secrètement, à Lyon, le courrier du nonce apostolique, pour empêcher la diffusion des bruits de paix qui auraient découragé les Turcs ?[88] Les légats se mirent en route. Ils rencontrèrent à Ferrare l'ambassadeur Lanssac, nouveau représentant du Roi, qui allait à Rome ; ils tirèrent de lui bon espoir de succès[89]. Cependant la nouvelle de l'envoi des légats, qui parvint à Saint-Germain le 20 avril dans la soirée, y fut accueillie avec la déférence polie qui était d'usage à la cour de France. Seul, l'ambassadeur d'Angleterre ne put cacher sa mauvaise humeur : ayant déjà fait lui-même des ouvertures de conciliation, il était dépité que le pape prit l'affaire en mains et craignait au surplus que, traitée par cette voie, la paix ne se conclût au détriment de l'Angleterre[90]. Le Roi, il est vrai, se montra un peu froissé de ce que le pape eût créé deux légats, donnant ainsi des preuves d'amitié à l'Empereur : susceptibilité qui laisse voir combien les esprits étaient peu enclins à l'apaisement. De tous cotés, écrit le nonce, on fait des préparatifs gaillards en vue de la guerre[91]. Par Turin et Lyon, à grandes étapes, le légat Saint-George poursuivit son voyage : le 13 mai, il arrivait en Ile-de-France, et, le lendemain, il fit son entrée solennelle à Paris[92]. Reçu par les prélats de la Cour, par le Parlement en corps et par un peuple de deux cent mille personnes, au témoignage de Santa-Croce, il prit logis à l'évêché[93]. Dans la matinée du 20 mai, le cardinal se rendit à Saint-Germain, où Charles de Lorraine lui offrit un banquet, en compagnie de trois autres princes d'Eglise, Châtillon, Vendôme et Lenoncourt[94]. Ce jour et les suivants, Saint-George, qu'assistait le nonce, exposa sa mission au Roi, au connétable, aux divers personnages d'influence. Le légat éprouva toutes les politesses de la cour de France. Henri II et ses ministres le comblèrent de tant de promesses et de tant de marques de gratitude qu'il crut, un moment, sa tâche près de réussir. Mais, quand on en vint à l'effectuation, la résistance surgit. Deux méthodes s'offraient comme possibles pour rétablir les négociations de paix entre les princes rivaux : laisser jouir chacun de ce qu'il détenait, en s'efforçant de traiter sur la base du statu quo ; ou bien discuter au long les droits juridiques et les prétentions des parties, qui se soumettraient à un arbitrage supérieur, celui du pape. Le Roi se disait prêt, en principe, à favoriser l'une ou l'autre méthode[95]. Mais cette bonne volonté n'était que d'apparence. En réalité, l'idée même d'une simple suspension d'armes provoquait des objections nombreuses. Arrêter le cours de la guerre ou négocier avec l'Empereur, c'était décourager les alliés d'Allemagne, s'aliéner définitivement les Turcs, refroidir et désespérer les fuorusciti d'Italie. Aussi bien, l'ivresse née des récentes victoires transparaissait encore sous les déclarations polies qu'on adressait au légat de Jules III[96]. Comment le Roi aurait-il engagé des pourparlers de paix, quand l'Empereur, vaincu, las, accablé de douleurs morales et physiques, refusait d'entendre raison ? On apprit bientôt, en effet, qu'à la Cour impériale, Dandino avait été accueilli froidement. Monsieur le duc de Ferrare, écrit du Gabre, a lettres de l'Empereur qui font mention du peu de recueil qu'il a faict au cardinal Dandin, n'ayant voulu que personne de sa part soit allé au devant de luy. Et l'agent français commentait le fait avec assurance : Je crois que c'est pour faire à maulvais jeu bonne mine et monstrer qu'on leur faict desplaisir de parler de la paix ; mais, si vous luy tenez bon tout test esté, il fault qu'il confesse estre devenu de très grand bien fort petit, et qu'il se rende ou qu'il meure de despit[97]. De cette part, Jules III dut quitter toute illusion : il apprit, au mois de juillet 1553, qu'on n'avait pu obtenir de Charles-Quint ni parole de paix ni promesse de suspension d'armes. L'Empereur refusait de déléguer aucun plénipotentiaire, tant que le Roi n'aurait pas déclaré abandonner toutes ses prétentions[98]. Quelque temps après, il précisait les exigences qu'il entendait faire subir à Henri II : renonciation aux droits sur le royaume de Naples et le duché de Milan, restitution de la Savoie et du Piémont à la dynastie légitime, évacuation de Sienne par les troupes françaises, abandon des Trois Évêchés et des conquêtes du Luxembourg, rupture du pacte d'alliance avec les Farnèse[99]. C'était une plaisanterie ou un défi. Parmi de telles circonstances, la tâche des légats n'était point aisée. Au mois de juin, le cardinal de Saint-George, désespérant d'obtenir un résultat durable, s'accordait avec Dandino pour négocier au moins une suspension d'armes de six mois[100]. Ce fut peine perdue. Le 15 août 1553, Henri II congédia les ambassadeurs pour se rendre au camp de Picardie : avant de partir, il donna audience au légat et fort aimablement le pria de vouloir bien aller se reposer où il lui plairait, avec d'infinies caresses et démonstrations d'amour[101]. A la fin du mois d'août, les esprits les plus optimistes reconnurent qu'il était impossible, non seulement d'aboutir à un résultat pacifique, mais encore d'engager des négociations à ce sujet[102]. Lorsque Henri II fut de retour, Saint-George lui demanda une réponse définitive : le Roi renouvela l'assurance générale de sa bonne volonté et, en même temps, informa le légat des préparatifs belliqueux qu'il était obligé de faire. Le 16 octobre, Saint-George prit congé de la Cour à Villers-Cotterêts et se remit en route pour l'Italie[103]. Jules III avait rappelé les cardinaux d'Imola et de Saint-George par un bref du 8 septembre ; le 20 du même mois, il chargeait le cardinal d'Angleterre, Reginald Pole, de reprendre et de poursuivre les négociations pacifiques, au nom du Saint-Siège[104]. Le même jour, le pape adressait à l'Empereur et au Roi des brefs d'exhortation[105]. De tristes pressentiments et des craintes chaque jour plus grandes envahissaient son âme. La flotte du Turc, amenée par les Français, venait de ravager l'île d'Elbe et s'établissait en Corse. Ce sera un tourment et une infection pour tous ces pays-ci, écrivait le duc de Florence, et les Romains eux-mêmes n'en riront pas[106]. Dans les instructions remises au cardinal Pole, Jules III exprimait des considérations dolentes. Dieu pourrait, si les péchés de la Chrétienté étaient purgés et si ces deux princes voulaient prêter l'oreille, adoucir leur cœur et leur faire connaître de quelle faute, par action et par omission, ils auront à rendre compte, au jour du grand jugement. Mais, à vrai dire, Nous avons peu d'espoir qu'ils écoutent ces conseils, car Nous savons que, bien qu'ils fassent profession d'être catholiques et pieux et d'avoir Dieu et la justice devant les yeux, l'intérêt personnel leur obscurcit la vue en sorte qu'ils ne voient pas la calamité et la ruine de la pauvre Chrétienté, de la Foi et de notre religion, et leur bouche les oreilles si bien qu'ils n'entendent pas nos prières et les malheureuses voix des âmes et des corps qui, à toute heure, se perdent par centaines et par milliers[107]. Après quelques retards, Reginald Pole arrivait à Bruxelles, en février 1554. Il y visita l'évêque d'Arras, la reine Marie de Hongrie et Charles-Quint. Celui-ci désirait alors secrètement la paix, se trouvant épuisé de fatigues et voyant son trésor ruiné[108]. Mais, trop orgueilleux pour laisser paraître sa faiblesse et son désir, il répondit aux sollicitations de Pole par des assurances vagues[109]. Le 12 mars, Pole fit son entrée à Saint-Denis. Mais, comme Henri II ne voulait point s'occuper d'affaires politiques pendant les Jours Saints, le légat pria seulement Montmorency de transmettre au Roi un Discours sur la paix qu'il avait rédigé au cours de son voyage d'Italie en Flandre, et que déjà il avait présenté à Charles-Quint. Ce mémoire contenait des doléances sur les maux que la guerre provoquait dans la Chrétienté : seuls les infidèles et les mauvais fidèles, disait Pole, tirent avantage de l'état de guerre. Pour finir, le cardinal faisait appel aux sentiments chrétiens des princes, les pressant de se réconcilier afin d'obéir au précepte évangélique de la charité et d'éviter les châtiments divins[110]. A Fontainebleau, le 29 mars, Pole fut reçu par le Roi, auquel il assura le désir que Sa Sainteté avait de la paix être tel que, si l'âge et la maladie ne l'en avaient empêchée, Elle aurait volontiers supporté toutes les fatigues pour mener à bien en personne cette sainte négociation. Henri II répondit qu'il avait pour très chers cet esprit paternel et ces bons offices de Sa Sainteté ; quant à lui, qu'il ne manquerait point de prouver qu'il désirait la paix et le bien public[111]. La Reine fut aimable, mais d'une éloquence vague. Montmorency, que Pole entretint longuement le même soir, déclara au légat que personnellement il avait été toujours désireux et fauteur de la paix, et le pria de formuler des propositions précises pour servir de base aux négociations. Quant au cardinal de Lorraine, il s'en tint aux paroles générales[112]. L'ambassadeur de Sienne, Eneas Piccolomini, qui se trouvait alors à Fontainebleau, concluait, enquête faite parmi les courtisans, que toutes ces paroles n'étaient que pour la cérémonie[113]. Deux jours après cette première audience, Pole fut prié à dîner chez le Roi. Henri II lui affirma que, si la paix avait été rompue, ce n'était point de sa faute ni qu'il y eût donné occasion, mais que de justes causes l'avaient contraint d'entrer en guerre, ajoutant que le succès de ses armes lui permettait d'attendre sans hâte la résipiscence de son adversaire[114]. Le légat ayant alors soumis au Très Chrétien les réclamations de Charles-Quint, telles que l'Empereur les avait fait rédiger quelques mois auparavant pour le cardinal d'Imola, Henri II ne cacha point son irritation[115]. Le 3 avril 1554, le légat prit congé du Roi : de ses efforts il n'avait obtenu aucun résultat[116]. Henri II restait ferme dans ses prétentions d'arracher à son rival la Navarre, le royaume de Naples, le duché de Milan, Plaisance et la suzeraineté de Flandre[117]. Montmorency lui-même mettait du zèle à rassurer les alliés
italiens, qu'avaient troublés les bruits de négociation. Je croy bien, écrivait-il le 23 avril au cardinal
Farnèse, que en telz affaires le dict Empereur est
fort subtil et ne se laisse pas entendre du premier coup. Mais il trouvera
aussi que le Roy ne se haste pas de faire chose qui soit aucunement à son
désadvantaige ne à quelque dyminucion, tant petite soit-elle, de sa grandeur
et répputation, en sorte que le dict Empereur et ses ministres se peuvent
bien asseurer de ne riens guigner sur luy par leurs subtillitéz, ne pour
tenir la bride Imite, vous advisant que, quant le Roy viendroit à quelque
conclusion d'accord, l'on peult tenir pour certain qu'il ne vouldroit oblier
un seul de ses amis et alliéz qui se sentent intéresséz[118]. On était alors
dans le grand enthousiasme de la guerre de Toscane. Au surplus, tout le monde
connaissait la pauvreté de Charles-Quint, auquel les marchands prêtaient à
gros intérêts[119]. Si grande que fût la résistance des princes, Jules III ne renonça
point à ses exhortations. Dans les deux dernières années de son pontificat,
sa pensée resta obsédée par les images de l'hérésie et du Turc. Au printemps
de 1554, il rappela de France le nonce Santa-Croce : celui-ci s'était montré
trop complaisant, semble-t-il, aux projets belliqueux des ministres du Roi[120]. Aussi, dans
les instructions que reçut le nouveau nonce, Sebastiano Gualterio, le 19 mai,
Jules III reprenait-il plus longuement ses lamentations antérieures. Il
ordonnait à son nouvel agent de remontrer au Très Chrétien, avec les plus affectueuses paroles, combien il était
urgent d'arrêter ces deux pestes, l'hérésie qui pullule et le Turc dont
les forces s'accroissent de jour en jour : lesquelles deux pestes sont telles que, si l'une et
l'autre Majesté tardent à se réconcilier, l'heure viendra où l'on ne pourra
plus les réprimer[121]. Et le pontife,
répétant la même plainte, ajoutait : Vous direz aux
ministres du Roi que Nous ne pouvons manquer, pour le devoir de notre charge,
de rappeler à leurs seigneuries quels murmures, médisance et scandale
provoque en la Chrétienté et quels désastres peut produire, avec le temps, la
venue chaque année de la flotte turque dans les mers d'Italie, attirée par
les agents de Sa Majesté. En outre, nous avons appris qu'en France s'impriment
des livres hérétiques. Il appartiendra à la piété de ces seigneurs d'y porter
remède, pour le service de Dieu, le bien de la religion et l'honneur de la
couronne très chrétienne[122]. Il faut dire, pour expliquer en partie ces plaintes, que la guerre maritime et les croisières de la flotte turque ruinaient le commerce de l'Etat pontifical[123]. En Italie, Jules III, dont les exhortations ne pouvaient vaincre la mauvaise volonté des belligérants, eut lui-même une peine infinie à maintenir sa neutralité. Au mois de mars 1552, pendant les pourparlers qui préparèrent la réconciliation de la France et du Saint-Siège, le pontife proposa un jour au cardinal de Tournon d'étendre le champ des négociations et d'embrasser dans une trêve tous les princes et tous les pays catholiques. Saint Père, répondit Tournon, pour proposer une telle chose, il faut que Votre Sainteté soit neutre et hors de jeu[124]. Jules III devait ne pas oublier cette parole sensée. Les efforts qu'il fit pour garder la neutralité, convenable au Vicaire du Christ, offrent le mérite le plus grand de son pontificat. Ce souci de la neutralité fut mis à rude épreuve. Comment en aurait-il été autrement ? La tradition historique montrait le Saint-Siège comme ayant toujours pris parti dans les conflits italiens. Tournon lui-même, qui donnait, à titre privé, de sages conseils au pape, devait, comme représentant du Roi, le solliciter de favoriser ce dernier[125]. Puis, l'affaire de Sienne, née au lendemain de la réconciliation de Jules III avec Henri II, n'offrait-elle pas, sur les frontières de l'Etat pontifical, une occasion tentante au Saint-Siège d'intervenir et de retirer des profits ? En tout cas, on ne pouvait douter que la victoire irait du côté où se rangerait le pape[126]. Aussi Jules III dut-il opposer une résistance quotidienne aux sollicitations du duc de Florence, aux pressions et aux menaces des agents du roi de France. Devant le duc de Florence, la résistance du pontife fut particulièrement méritoire. Cosme avait été, parmi les intrigues du conclave de 1550, le grand électeur de Jules III. Celui-ci, du reste, professait pour le duc une sincère affection et une franche gratitude. Le duc de Florence et moi, disait-il publiquement, nous sommes sicut pater et filius[127]. De plus, Lucrezia de Médicis était fiancée à Fabiano, fils de Baudoin del Monte et neveu du pape, qui l'entourait d'une affection particulière. Ce Fabiano, que le Roi avait créé page du Dauphin, au mois d'octobre 1552[128], devint l'enjeu des diplomaties rivales. Nous avons vu qu'en juillet 1553, les ambassadeurs du Très-Chrétien, Lanssac et du Bellay, avaient proposé à Jules III de marier son neveu à une princesse française[129]. Pendant toute une année, les agents royaux s'obstinèrent dans cette négociation. Au mois d'août 1554, on disait encore dans les Cours que les cardinaux d'Armagnac et Farnèse préparaient le mariage de Fabiano avec Diane de France, veuve d'Horace Farnèse[130]. Mais Jules III ne varia point : le 6 avril 1554, en consistoire, il avait déclaré publiquement les fiançailles de son neveu avec Lucrezia de Médicis[131]. Tout le monde estima que, par cette attitude, Jules III se déclarait enfin pour le duc de Florence et pour l'Empereur. Cependant, il n'en était rien. Le pape avait dit, dans le même consistoire du 6 avril 1554, et répété ensuite au cardinal du Bellay que, malgré ce mariage, il ne manquerait point à ses devoirs de pasteur et de père, qu'il resterait neutre et s'emploierait à rétablir la concorde et la paix parmi les princes chrétiens[132]. Ce n'était pas là paroles vaines. Comme l'ambassadeur impérial, à cette même époque, le pressait de se décider pour un parti, Jules III lui répondit brusquement et en colère que jamais personne n'aurait la force de l'entraîner en de telles erreurs ni en de semblables entreprises[133]. Au duc de Florence le cardinal del Monte répondait, le 10 mai 1554 : Il n'est pas au pouvoir de Sa Sainteté de prendre les armes comme le fait un prince séculier. Elle serait obligée de se justifier d'un tel acte devant Dieu et devant le Sacré-Collège, devant les princes et les peuples chrétiens ; Elle devrait prouver qu'Elle s'arme, non seulement pour des causes justes et honnêtes, mais par nécessité. Dans le cas présent, sans apporter à Votre Excellence de grands avantages, Elle perdrait l'obédience de la France, au dommage extrême et perpétuel de cette Cour, au déshonneur de Sa Sainteté, qui en aurait toute la responsabilité. Et ce déshonneur ne lui tient pas moins à cœur que le dommage[134]. A Charles-Quint le pape opposait le même non possumus. Sa Sainteté ne désire de Sa Majesté ni alliances de famille, ni Etats temporels, ni bénéfices ecclésiastiques. Elle se tiendrait pour satisfaite si on la laissait jouir de ce qui lui appartient, et ea quæ sunt Cæsaris haheret Cæsar et quæ sunt Dei haberet Deus et ejus vicarius in terris[135]. Les hommes d'Etat ne reconnaissaient plus en ce pontife obstinément pacifique, l'irascible et inconstant Jules III de la guerre de Parme. Avec le roi de France surtout le malentendu était grave. Henri II ne pouvait croire à la métamorphose de celui qui avait étonné le monde, en 1551, par sa fureur aveugle. Lorsque Sebastiano Gualterio, successeur de Santa-Croce à la nonciature de France, se mit en route pour gagner la Cour du Roi, le cardinal del Monte lui laissa entendre qu'il aurait besoin, dans sa nouvelle charge, d'une tête de fer — testa di ferro[136]. Tandis que Sebastiano Gualterio partait pour la France, chargé d'amener le Roi à résipiscence chrétienne, Henri II envoyait à Rome le cardinal Farnèse, avec mission d'entraîner le pape à une alliance belliqueuse. Rien ne peut montrer plus vivement à quelles instances
Jules III était en butte, que les instructions remises par le gouvernement
royal au cardinal Farnèse, le 24 juin 1554. Le Roi n'avait fort à cueur qu'une chose : gagner l'appui du pape dans
la guerre de Toscane. Ce mémoire était, au
surplus, un éloquent exposé des ambitions de Henri II. Se voyant assailly par le duc Cosme de Médicis avec très
injuste querelle, et remémorant d'autre conté l'ancienne affection que de
tout temps la république de Florence a porté à la couronne de France, Sa
Majesté a assemblé ses forces non seulement pour chastier le dict duc de sa
témérité, venger le tort et repoulser l'injure qu'il luy a voulu faire, mais
aussi pour, par ung mesme moyen, restituer la dicte république en sa première
liberté, estimant le dict seigneur en l'ung et l'autre endroit faire acte
digne de sa magnanimité et grandeur, où chascun la deust assister et
favoriser. A tout le moings, il désire que ceulx qui ne le vouldront faire,
pour quelques respects particuliers, ne soient si contraires à la justice,
raison et équité que de la vouloir empescher... Si le dict seigneur cardinal trouve Notre Sainct Père en
bons termes, et que les affaires du Roy soient en quelque augmentation de
grandeur et réputation, au moyen de quoy il fust aysé et facille de pratiquer
une ligue avec le pape, ce seroit un grant coup frappé. Et en cella le dict
cardinal employera ses sens, dextérité, vigilance, avec la bonne intelligence
qu'il a à l'endroit de Nostre Sainct Père et ceulx qui le gouvernent[137]. L'arrivée de Gualterio en France n'avança guère les négociations de la paix. Henri H se disposait précisément à se rendre dans le Nord pour commander son armée. Le nonce eut beau s'efforcer, dans la rapide audience du 28 juin, de lui exposer les misères de la Chrétienté, le Roi répondit sèchement qu'il avait déjà informé de ses intentions le cardinal Pole[138]. Seulement le 31 août, un mois après le désastre de Marciano, Gualterio revit le souverain et ses ministres. On pouvait espérer alors, vu la défaite de Piero Strozzi, l'insuccès de la politique royale en Angleterre et en Allemagne et l'échec de l'armée française dans le Nord, que les avances du nonce seraient mieux accueillies. Mais il ne tira du Roi et de son entourage que des paroles de colère outrée contre Cosme de Médicis[139]. Parmi les incidents de la crise qui se développa dès lors à Sienne, Henri II voulut obtenir à tout prix l'alliance du pape. Et, pour preuve de son amitié, il libéra le neveu de Jules III, Ascanio della Corgna, qui avait été fait prisonnier en Toscane, le 23 mars précédent, dans les rangs de l'armée impériale[140]. Afin d'allécher le pontife, Henri I1 lui offrit de mettre
Sienne et son territoire sous la protection du Saint-Siège. Il se déclarait
prêt à favoriser toute combinazione de
ce genre, pourvu que la république restât soustraite à l'influence de
l'Empereur et à celle du duc de Florence. Montmorency, d'ailleurs, usant de
la renommée de pacifique qu'il s'était acquise, donnait avec abondance de
beaux conseils au pape : Le Roi n'a jamais eu et ne
veut avoir d'autre but, dans les affaires de Sienne, que de soustraire cette
république, en toute sécurité, à la domination des Impériaux ; car s'ils en
devenaient les maîtres, il faudrait considérer comme un fait accompli
l'établissement de la tyrannie en Italie, — ce
qui est le terme des aspirations de l'Empereur —, et en particulier l'asservissement de l'Etat de l'Eglise,
qui n'est déjà que trop entouré par les forces de Sa Majesté Impériale[141]. D'accord avec le gouvernement royal, Hercule d'Este, duc de Ferrare, faisait des démarches auprès de Jules III pour l'inviter à intervenir dans l'entreprise de Sienne. Toute l'action des diplomaties de France et de Ferrare tendait alors à provoquer un conflit entre les intérêts du pape et ceux de Cosme de Médicis. La tentation était forte pour le pontife de se prêter à une combinaison qui lui aurait permis d'accroître le domaine temporel de l'Eglise. C'est son honneur d'avoir résisté. Il observa constamment son rôle naturel de pacificateur. Son premier soin, en ces circonstances, pour ne point paraître partial, fut de communiquer au duc de Florence les propositions que faisaient au Saint-Siège les agents royaux[142]. Du mois d'octobre 1554 jusqu'à la fin de janvier 1555. Jules III multiplia les lettres à l'Empereur, au roi de France, au duc de Ferrare et au duc de Florence pour obtenir une solution pacifique de la question de Sienne, qui est une semence de guerre et de conflits en Italie. A la fin d'octobre, il proposait la réunion d'une conférence de plénipotentiaires et s'offrait à la présider[143]. Devant cette obstination pacifique, le Roi et ses ministres, irrités par l'état des affaires françaises en Italie, tombèrent dans une véritable fureur et accablèrent le nonce de récriminations[144]. Gualterio n'osait plus se présenter. Les conseillers de Henri II sont mezzo amutinati et Montmorency, qui' a le parler rude, tient sur le pape des propos très vifs. Dans la conservation de Sienne, s'écriait le connétable, l'intérêt du Saint-Siège, de Rome et de toute l'Italie est grandement engagé : Sa Sainteté devrait donc seconder le succès de cette entreprise au moins tacitement et ne pas souffrir que, dans son domaine et sous ses yeux, on y apporte des obstacles[145]. Comme pour exaspérer le mécontentement des Français, Jules III, dans le même temps, accordait solennellement l'investiture du royaume de Naples à Philippe, prince d'Espagne. Le secrétaire Villandry fut chargé par le Roi de présenter à Rome une protestation contre cet acte[146]. L'attitude de Jules III finit par vaincre les mauvaises ambitions de la cour de France, que refrénait d'ailleurs l'insuccès de la guerre de Toscane. Montmorency, voyant les alliances italiennes s'évanouir, estima, vers la fin de l'année 1554, que la France n'était plus en mesure de soutenir, seule, la lutte dans la Péninsule. Une fois le parti de la paix accepté, il s'y tint avec la ténacité pratique et un peu sournoise qui lui était propre. Les fuorusciti et la Reine, naguère alliés du connétable, ne manquèrent point de lui reprocher cette volte-face. Il se défendit, — fait significatif —, en rejetant la responsabilité de son propre découragement sur le pape et les Vénitiens, qui se renfermaient dans une neutralité obstinée. Le Roi et le connétable, écrivait Alvarotti en janvier 1555, blâmèrent vivement la conduite du pape dans ces négociations de Sienne et plus encore celle des Vénitiens. Ils leur reprochèrent d'avoir toujours refusé de prendre la moindre initiative, de faire le plus petit effort pour le salut de cette ville. Le connétable dit d'une voix forte et claire, à trois ou quatre reprises : Ce sont des poltrons, des poltrons, des poltrons, ils pourront s'en repentir un jour ![147] Jules III n'était pas un poltron. Il avait jadis montré trop de folle audace dans la guerre de Parme. On ne pouvait plus mal reconnaître, que ne le faisait ainsi Montmorency, le mérite d'un pontife qu'avait instruit une douloureuse expérience. Le parti des Guises et celui des fuorusciti, réunis de nouveau contre la paix,
s'opposaient au revirement du Roi. Le duc de Guise
m'assura, écrit Alvarotti en mars 1555, que
le Roi était résolu de faire de grandes choses cette année en Italie. Mais le
connétable a été plus influent que tous les autres : c'est lui qui a fait
échouer ces projets, en insistant auprès de Sa Majesté sur ce point que
l'Empereur rassemblait de grandes forces à la frontière de Picardie, où il
fallait organiser la résistance, et que, par conséquent, il convenait d'être
prudent en Italie[148]. Quelques promesses que fit alors Henri II aux partis belliqueux, il ne se souciait plus de Sienne, nous l'avons dit. Laisser courir le temps jusqu'à l'abandon définitif, telle était son intention secrète. Le duc de Guise lui-même en informait Alvarotti, au début de février 1555[149]. Aussi, dès le mois de décembre 1554, le cardinal Pole était-il rentré en scène. Par une lettre, datée du 13 décembre, il avait annoncé à Henri II la réconciliation de l'Angleterre avec le Saint-Siège, et, en même temps, il l'avait invité à reprendre les négociations de la paix[150]. Bientôt après, Reginald apprit de Gualterio que les dispositions du Roi étaient favorables[151]. Le nonce lui-même proposa la réunion d'une conférence, dans laquelle les représentants de l'une et de l'autre parties discuteraient les conditions d'un traité, sous l'arbitrage et par l'entremise du cardinal Pole[152]. Le légat, Henri II et ses ministres, le roi et la reine d'Angleterre accueillirent cette proposition avec faveur. Charles-Quint, par une vieille habitude d'hypocrisie, se fit beaucoup prier. Enfin, le 14 mars 1555, on reçut de lui une réponse favorable[153]. Le 23 mars, on annonçait officiellement la réunion prochaine des conférences de Marcq. Ce même jour, Jules III mourait. Le pontife toscan s'endormait avant que fût achevée son œuvre de paix. Sans lui et malgré bien des obstacles, elle va se poursuivre. Au début de mai, Montmorency quitta la Cour, en compagnie du cardinal de Lorraine, pour se rendre à Ardres. Le connétable était optimiste et assurait alors Octave Farnèse que pour le falot de la paix, les amys, alliéz et serviteurs du Roy ne seront oubliéz[154]. L'histoire des conférences de Marcq est connue. On sait qu'après de vaines discussions, elles échouèrent[155]. Cet échec résulta de l'arrogance des deux partis. On prit pour base de discussion les anciens traités et les vieilles querelles : cette méthode de juristes ne pouvait aboutir qu'à ranimer les levains de guerre. On faisait ainsi de la question italienne une question de généalogie. Montmorency, après coup, disait excellemment : Pour faire les princes amys, fault faire papier neuf et laisser toutes querelles à part[156]. Il convient de remarquer quelle importance prirent, en ces
conférences, les questions morales.
L'assemblée des plénipotentiaires devait sans doute sa réunion aux efforts de
Jules III pour restaurer l'unité politique du catholicisme. D'autre part, si
elle n'aboutit à aucun résultat, la cause en fut principalement dans la question de Savoie[157]. Claudio
Malopera écrivait de Gravelines, le 2 juin, à son maître Emmanuel-Philibert :
On a commencé de toucher les points importants, sur
lesquels l'une et l'autre partie restent si dures que jusqu'aujourd'hui il
n'y a point d'apparence d'accord. Les François sont plus endurcis que jamais
à réclamer l'Etat de Milan, surtout quand on leur parlé de restituer les
biens de Votre Altesse : ils disent que, du jour où ils abandonneront votre
Etat, non seulement ils seront chassés pour toujours de l'Italie, mais que
l'Empereur pourra pénétrer en France sans difficultés[158]. Au cours de
ces conférences, Charles-Quint fit savoir qu'on n'obtiendrait de lui ni
traité ni même un signe favorable, tant que l'on n'aurait pas réglé la
restitution des Etats de Savoie à leur duc légitime, comme l'exigeaient la conscience et la justice[159]. Montmorency,
il est vrai, montrait sur ce sujet quelque esprit de conciliation[160], mais le
cardinal de Lorraine offrait seulement à Emmanuel-Philibert, pour
compensation, de passer au service de la France[161]. Il était aisé
de prévoir que les Impériaux prêteraient une oreille malveillante à de tels
propos. Quand les plénipotentiaires se séparèrent, le 7 juin, Reginald Pole, qui avait présidé aux délibérations, reprocha en termes très vifs au cardinal de Lorraine son attitude : il lui remontra le scandale qui serait par le monde du fait que tant de personnages distingués, délégués par les deux Majestés, n'avaient pas voulu s'accorder ; il ajouta que, puisque la négociation avait échoué par la dureté des Français, qui ne voulaient point consentir à la restitution des Etats du duc de Savoie, on les taxerait de méchanceté à l'égard du bien public et envers ledit duc[162]. Etienne Gardiner, évêque de Winchester, voyant que les représentants de Henri II et de Charles-Quint ne pouvaient s'accorder, avait insisté dans le congrès pour qu'on remît au concile de Trente le jugement du différend[163]. Les événements favorisaient alors la superbe des Français. Au pape Marcel II, saint vieillard qui régna seulement quelques jours, avait succédé, le 23 mai 1555, un fougueux Napolitain, Paul IV Carafa, tout porté à la guerre. Brissac, en Italie, remportait de nouveaux succès, et l'escadre de Soliman croisait dans la mer de Gênes. En Allemagne, le roi des Romains cédait devant les protestants. Aussi Henri II se vanta-t-il d'avoir éludé les ruses des agents de l'Empereur, estimant le dict Empereur, écrivait-il, en ceste négociation, qu'il auroit aussi bon marché de nous qu'il a eu ès traictéz précédans du temps du feu Roy, mon père, pour se tenir roidde sur ses piedz[164]. Mais le connétable voulait la paix. A l'encontre de toutes les forces qui tendaient à ce moment vers un renouveau de la guerre italique, il poursuivit son dessein. Au mois de décembre 1555, Gaspard de Coligny, neveu de Montmorency, et Sébastien de L'Aubespine, abbé de Bassefontaine, se rendirent sur la frontière du Nord, et entrèrent en propos avec les envoyés de l'Empereur, Charles de Lalaing et Simon Renard, à l'occasion d'un échange de prisonniers. Une négociation rapide, facilitée par Charles-Quint lui-même qui était alors pressé d'abdiquer, aboutit, le 5 février 1556, à la signature de la trêve de Vaucelles. La nouvelle de cette trêve éclata, comme le plus imprévu des accidents, parmi les intrigues qu'ourdissaient alors tous les partis de guerre. On tonnait les clauses de cet acte glorieux. La France était maintenue maîtresse de toutes ses conquêtes : en Italie, le Piémont, le Montferrat, les places de la Toscane, du Parmesan et de la Corse restaient au pouvoir du Roi. Les choses ne scauroient mieulx aller qu'elles font, Dieu mercy, en cest endroict pour Sa Majesté, laquelle, après tant de belles et heureuses conquestes qu'elle a faictes, a esté recerchée de faire et accorder la dicte trefve, libre et communicative, avec toutes les advantaigeuses condicions qu'elle eust sceu honnestement désirer[165]. C'était le triomphe de Montmorency. Pourtant, la question de Savoie non résolue empêchait par avance la durée de cet accord pacifique. La France, aux termes du traité de la trêve, gardait les Etats du duc de Savoie. Mais les plénipotentiaires avaient stipulé qu'Emmanuel-Philibert recevrait du Roi, à titre de compensation temporaire, une annuité de vingt mille écus. Les Impériaux avaient sollicité cette pension comme une véritable aumône[166]. Le duc se révolta contre cet acte qui ruinait ses dernières espérances : il versa des larmes, repoussa avec mépris la pension qu'on lui offrait, et, comme Philippe envoyait l'évêque d'Arras pour le consoler, il accabla celui-ci de reproches, l'accusant d'être responsable de son infortune[167]. Réalisée par la volonté pacifique de Montmorency, grâce aux circonstances favorables de l'abdication de Charles-Quint, la trêve de Vaucelles était vraiment l'œuvre posthume de Jules III : première ébauche de cette paix catholique qu'avait conçue, au lendemain de la guerre de Parme, le mol Epicurien de la villa Giulia. Le turc et l'hérétique, fantômes inquiétants, ont été dénoncés par lui aux princes de la communion romaine. Pour la France, la trêve de Vaucelles marque l'apogée de la puissance extérieure, sous la dynastie de Valois. Ephémère suprématie, que va détruire, au cours d'une brève histoire de quatre ans, le travail des passions, des intérêts et des craintes. Ô, à la mienne volonté, que nous fussions demeuréz dans la trefve de cinquante-six, sans la rompre ![168] |
[1] LANCELLOTTI, Chronaca (Monum. di
storia patria per le prov. Modenesi, Chronache, t. X, p. 141).
[2] Dominique du Gabre à Octave
Farnèse, 1554, 24 juin, Ferrare (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes.,
Roma ; orig.).
[3] Joachim du Bellay : sonnet
dédié à Jules III, vers 1534 (Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. I, p. 283.).
[4] Lamento d'Italia,
publié p. A. MEDIN et L. FRATI, Lamenti storici dei secoli
XIV, XV e XVI, t. IV (Vérone-Padoue, 1894, in-16), pp. 96-99.
[5] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 29 septembre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia. t. III, fol. 23
: orig.).
[6] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 17 octobre. Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia,
t. III, fol. 33 ; orig.).
[7] P. Santa-Croce (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 35 ;
orig.).
[8] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 5 décembre, Compiègne (Arch. Vatic.,
Nunz. Francia, t. III, fol. 67 ; orig.).
[9] P. Santa-Croce, 1552, 9 novembre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 33 :
orig.).
[10] Sur les incendies et les
ravages à la frontière du Nord, voyez L. ROMIER, Le maréchal de Saint-André,
pp. 104 et sqq.
[11] P. Santa.-Croce au cardinal
del Monte, 1553, 18 février, Paris (Arch. Vatic.,
Nunz. Francia, t. III, fol. 92 ; orig.).
[12] DRÜFFEL, Akten und Briefe, t. I, pp. 99-100.
[13] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 9 novembre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 53 ;
orig.).
[14] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 24 décembre, Compiègne (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol.
71 ; orig.).
[15] P. Santa-Croce, 1553, 10
février, Paris (Arch. cit., Nunz. Francia, t. III, fol. 92 ; orig.).
[16] Les clercs italiens faisaient
administrer ou louer leurs bénéfices en France, par l'entremise des marchands.
Voyez S. Gualterio au cardinal del Monte, 1554, 13 juillet, Reims, publ. p. R.
ANCEL,
Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 68.
[17] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1552, 15 février, Paris (Arch. d'Etat de Modène Francia : orig.).
[18] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 15 avril, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 124 ;
orig.).
[19] P. Santa-Croce, 1553, 12
septembre, Clermont (Arch. cit., Nunz. Francia, t. III, fol. 210 ; orig.).
[20] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1533, 14 décembre, Paris (Arch. Vatic.. Nunz. Francia, t. III, fol. 246
; orig.).
[21] S. Gualterio au cardinal del
Monte, 1554, 10 juin, Lyon, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, p. 38.
[22] Discorso di pace di Mons. Reginaldo Polo, 1534 (Arch. Vatic., Inghilterra. III ; imprimé s. l. n. d.).
[23] L'évêque d'Ivrée au cardinal
Farnèse, [1537, août] (Arch. Vatic., Arch. S. Angelo, Nunz. Gallica, t. III, fol. 38 ;
orig.). — Nous ne pouvons donner ici, sur la question d'hérésie, que de brèves
indications. On trouvera, à sa place, dans le second volume de cet ouvrage, une
étude plus approfondie.
[24] Voyez plus haut, et X. POLI, Histoire militaire des
Corses, t. I, p. 63.
[25] Voyez plus haut, livre II, ch.
II et III.
[26] Voyez plus haut, livre II, ch.
II et III et livre III, ch. I.
[27] Vinc. Buoncambi à Octave
Farnèse, 1554, 15 août, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes.,
fascio 260, fasc. 7 ; orig.).
[28] Pour l'histoire générale de
l'hérésie et des abus ecclésiastiques en Italie, voyez le livre connu de B. FONTANA, Renata di Francia, et
deux ouvrages plus récents : P. TACCHI-VENTURI, Stato della religione in
Italia nella metà del secolo XVI (Rome, 1908, in-8°), et G. BUSCHBELL, Reformation und
Inquisition in Italien um die Mitte des XVI lahrhunderts (Paderborn, 1910,
in-8°).
[29] Loc. supra cit., et Archivio
della Società romana di storia patria, t. XV, pp. 418, 419, 423 et 434
(années 1550-1555).
[30] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, pp. 401, 406, 411 (années 1547-1550).
[31] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 420 (1551).
[32] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 403 et 410 (1548-1550).
[33] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 404 (1548).
[34] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 409 (1549).
[35] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 421 (1551). — Cf. L. ROMIER, Les Vaudois et le
Parlement français de Turin (Mél. d'Archéologie et d'Histoire, t.
XXX).
[36] Archivio della Società
romana di storia patria, t. XV, p. 402 (1547).
[37] Voyez les documents publiés p.
Paolo Piccolomini, dans Bulletino senese di storia patria, années
1908-1910.
[38] Le cardinal Mignanelli au Reggimento de Sienne, 1553, 27 février, Rome
(Arch. d'état de Sienne, Lett. al Reggimento, XV, 39 ; orig.).
[39] Récit d'une cérémonie, où
furent condamnés sept hérétiques, rapporté par A. Amerighi à la Balia de Sienne, 4551, 28 octobre, Rome (Arch.
d'état de Sienne, Lettere alla Balia, CCXII, 22 ; orig.).
[40] Archivio della Società
romana di storia patria, XV, p. 412.
[41] H. Dandino au nonce de Venise,
1552, 2 janvier, Rome (Arch. Vatic., Principi, 146 E ; reg.
orig.). Le même au
légat de Pérouse, 1552, 3 février (Ibid.).
[42] Pour la France, voyez H. HAUSER, Les sources de l'histoire
de France au XVIe siècle, fasc. II. — L'ouvrage le plus important, en ce
qui touche l'attitude du pouvoir royal, est celui de N. WEISS, La Chambre ardente, Étude
sur la liberté de conscience en France sous François Ier et Henri II
(Paris, 1887, in-8°).
[43] Giulio Alvarotti au duc de
Ferrare, 1547, 21 janvier, La Ferté-Milon (Arch. d'État de Modène, Francia ;
orig.).
[44] Avis de la Cour de France,
1548, 23 mars (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 389, fol. 30 vo ; orig.).
[45] Dès le 25 août, cette
interprétation des troubles était connue à Rome. A. Serristori au duc de
Florence 1548, 25 août, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 204 ;
orig.).
[46] L'évêque de Ceneda au cardinal
Farnèse, 1548, 23 octobre, Moulins (Arch. Vatic., Principi, 14 A, fol. 214 et
sqq. ; orig.).
[47] Il Pero au duc de Florence,
1547, 14 mai, Lyon (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 4392 (1), fol. 5 ;
orig.).
[48] La liste des Luthériens
condamnés au feu, à Cabrières, en 1545, est conservée aux Arch. d'Etat de Naples,
Cartes Farnes., fascio 742. fasc. A. — Cf. G. BUSCHHELL, Reformation und
Inquisition in Italien um die Mille des XVI Iahrhunderts, p. 324. — Voyez,
pour l'historique général, P. GAFFAREL, Les massacres de Cabrières
et de Mérindol en 1545, dans Revue historique, t. CVII (1911), p.
241.
[49] Brefs de Paul III à Henri II
et au cardinal de Guise, 1549, 3 juillet, Rome (Arch. Vatic., Brev. Pauli III,
arm. 41, t. XLVI. fol. 8 minutes). — Les Guises étaient les obligés du
président d'Oppède. J. Maynier au duc d'Aumale, 1547, 21 juillet, Aix (Bibl.
Nat., ms. fr. 20449, fol. 297 : orig.).
[50] Brefs de Paul III à Henri II
et au cardinal de Guise, 1549, 3 juillet, Rome (Arch. Vatic., Brev. Pauli III,
arm. 41, t. XLVI. fol. 8 minutes). — Les Guises étaient les obligés du
président d'Oppède. J. Maynier au duc d'Aumale, 1547, 21 juillet, Aix (Bibl.
Nat., ms. fr. 20449, fol. 297 : orig.).
[51] Article de Gaffarel supra
cité, p. 265.
[52] Brefs de Paul III à
Montmorency et au cardinal de Châtillon, 1549, 23 octobre, Rome (Arch. Vatic.,
Brev. Paul III. arm. 4-1, t. XLVI, fol. 352-353 : minutes.)
[53] Brefs de Jules III au Roi, à
Montmorency et au Parlement de Paris, 1550, 28 juillet, Rome (Arch. Vatic.,
Brev. Jul. III, t. I, fol. 156-160 ; minutes.).
[54] Brefs de Jules III au Roi, à Montmorency
et au Parlement de Paris, 1550, 28 juillet, Rome (Arch. Vatic., Brev. Jul. III,
t. I, fol. 156-160 ; minutes.).
[55] 1551, 15 février. — L'avocat
général Guérin fut condamné, non pour cruauté. mais pour faux et mensonges.
Voyez P. GAFFAREL, art. cit., p. 269.
[56] P. GAFFAREL, art. cit., p. 230. —
Cf. N. WEISS, La Chambre ardente, p. XLII.
[57] Arch. Vatic.,
Brev. Pauli III, arm. 41, t. XLVI, fol. 9 ; minute.
[58] Giulio Alvarotti au duc de
Ferrare, 1549, 5 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).
[59] Voyez plus haut, livre I, ch.
II et liv. II, ch. II.
[60] Voyez liv. II, ch. II.
[61] B. Buonanni au duc de
Florence, 1551, 28 juin, Rome (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 3270, à la
date ; orig.).
[62] A. Serristori au duc de
Florence, 1531, Rome (Arch. cit., Mediceo, 3270 ; orig.).
[63] A. Serristori au duc de
Florence, 1531, Rome (Arch. cit., Mediceo, 3270 ; orig.).
[64] Sur cette affaire, voyez Arch.
Vatic., Index de Garampi, art. Bordeaux, et le registre des brefs de
Jules III (1551).
[65] Giulio Alvarotli au duc de
Ferrare, 1553, 18 août, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, Francia : orig.).
[66] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 2 septembre, Chantilly (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol.
208 orig.).
[67] Le cardinal del Monte à P.
Santa-Croce, 1553, 30 septembre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220,
fol.17-18 ; reg. orig.).
[68] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1333, 18 février, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 96 ;
orig.). — Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1553, 20 mars, Rome (Arch.
Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 33 ; reg. orig.).
[69] Eloge de la folie, éd.
Jouaust, p. 53.
[70] An. Caro à l'évêque de Pola,
1551, 18 septembre, Rome, publ. p. P. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di
Annibale Caro, t. II, pp. 23-26. — Niccolo Bendidio au duc de Ferrare,
1552, 23 avril, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).
[71] Sur la vie rustique et les
récréations de Jules III, voyez lettres de l'évêque de Mariana au cardinal del
Monte. 1552, septembre-octobre (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 202 et sqq ;
orig.), et correspondance de Balduino del Monte, 1552-1553 (Arch. cit.,
Principi, 21, fol. 1 et sqq. ; orig.).
[72] Sur le rôle de R. Pole, qui
fut le plus important, voyez QUIRINI, Epistolarum Reginaldi Poli
colleclio, III et IV ; RAWDOWN BROWN, Calendar of State
papers... preserved in the archives of Venice..., V et VI ; les savantes études
de D. R. Ancel dans la Rev. d'histoire ecclésiastique (1909) et la Revue
d'histoire bénédictine (1905) ; les biographies de A. Graziani (Gènes,
1856, in-8°) et de Dudley Baxter (Londres, 1901, in-8°).
[73] Publ. p. DRÜFFEL, Akten und Briefe, I, p. 50.
[74] Voyez plus haut, livre II, ch.
I.
[75] Ces sentiments de l'Empereur
sont analysés dans une lettre de Pandolfini au duc de Florence, 1552, 3
janvier, Innsbruck (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 4313, fol. 47 ; orig.).
[76] Le cardinal Morone à Paolo
Giovio, 1552, 7 janvier, Rome (Lettere di principi, t. III, fol. 914
v°).
[77] Le cardinal del Monte au nonce
Santa-Croce, 1552, 29 septembre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 9-10
; reg. orig.). Même sujet, 1552, 10 décembre (Ibidem, fol. 15-16 ;
orig.).
[78] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1552, 25 octobre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III. fol. 42 ;
orig.).
[79] Carlo Massaini au Reggimento de Sienne, 1552. 24 décembre, Rome
(Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, VIII, 86 ; orig.).
[80] G. CONSTANT, Le mariage de Marie Tudor
avec Philippe II (Rev. d'histoire diplomatique, janvier-avril 1912).
[81] Voyez P. DE VAISSIÈRE, Charles de Marillac.
[82] Dominique du Gabre à Henri II,
1553, 8 avril, Ferrare, publ. p. A. VITALIS, Correspondance de
Dominique du Gabre, pp. 41-42.
[83] Le duc de Ferrare à son
ambassadeur à Rome, G. Grandi, 1553, 24 avril (Arch. Vatic., Principi, 17, fol.
216 ; min.).
[84] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 30 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 147 ;
orig.).
[85] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 7 mai, Poissy (Arch. cit., fol. 153 ; orig.).
[86] Le cardinal du Bellay à
Montmorency, 1553, 29 juin, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 21 ; orig.).
[87] Jules III à Henri II, 1553, 14
avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 39 ; reg. orig.).
[88] Au mois d'avril 1553, Jules
III, bien qu'affirmant sa neutralité, avouait être l'ami de l'Empereur poichè lui solo è quello che si oppone et sostiene le forze
delli heretici et inlideli. (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272,
fol. 52 ; orig.). Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 10 mars, Paris
(Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).
[89] Le duc de Ferrare au duc de Florence,
1553, 24 avril, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2879 ; orig.).
[90] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 20 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 434 ;
orig.).
[91] P. Santa-Croce, 1553, 24
avril, Poissy (Arch. cit., Nunz. Francia, t. III, fol. 266 ; orig.).
[92] P. Santa-Croce, 1553, 7-13
mai, Poissy (Arch. cit., fol. 153-155 ; orig.).
[93] P. Santa-Croce, 1553, 25 mai,
Poissy (Ibidem, fol. 161 ; orig.).
[94] P. Santa-Croce, 1553, 25 mai,
Poissy (Ibidem, fol. 161 ; orig.).
[95] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 25 mai, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 157 ;
orig.).
[96] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 25 mai, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 157 ;
orig.).
[97] Dominique du Gabre à
Montmorency, 1553, 3 juin, Ferrare, publ. p. A. VITALIS, op. cit., p. 59.
[98] Voyez Correspondance
originale de Dandino, durant sa légation de 1553 (Arch. Vatic., Nunz.
Fiandra, t. I).
[99] Cl. Tolomei au Reggimento de Sienne, 1553, 21 septembre, Poissy
(Arch. d'Etat de sienne, Lett. al Reggimento, XXII, 39 ; orig.).
[100] P. Santa-Croce au cardinal del
Monte, 1553, 23 juin, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 169 ;
orig.).
[101] P. Santa-Croce, 1513, 17 août,
Compiègne (Arch. et loc. cit., fol. 178 ; orig.).
[102] P. Santa-Croce, 1553, 27 août,
Chaalis (Arch. et loc. cit., fol. 181 ; orig.).
[103] P. Santa-Croce, 1553, 12,
septembre-17 octobre, Paris (Arch. et loc. cit., fol. 2I4 ; orig.).
[104] Instructions de Jules III au
cardinal Pole, 1553, 20 septembre, Rome, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, pp. 1-6.
[105] Arch. Vatic., arm. XLI, t. LXIX, 642-643 ; minutes.
[106] Cosme de Médicis à
l'ambassadeur Serristori, 1553, 6 septembre, Florence (Arch. d'Etat de
Florence, Mediceo, Minute, filza 28, 31). Cf. G. LIVI, La Corsica e Cosimo I,
p. 66.
[107] Publiée p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, pp. 5-6.
[108] H. Muzzarelli au cardinal del
Monte, 1554, 8 mars, Bonn. Le même, 1554, 21 mars, Bruxelles (Arch. Vatic.,
Fiandra, II, 33 v. et 29 ; orig.).
[109] Le cardinal Pole à Jules III,
1554, 23 février, Bruxelles, publ. p. GACHARD, La bibliothèque Corsini,
p. 130.
[110] Discorso di pace di Mons.
Reginaldo Polo (Arch. Vatic.. Inghilterra, III, 36 : imprimé).
[111] Pole au cardinal del Monte,
1554, 4 avril, Paris, publ. p. R. ANCEL, op. cit.. I, 1, pp.
12-14.
[112] R. ANCEL, op. cit., I, 1, pp.
16-17.
[113] En. Piccolomini au Reggimento, 1554, 29 mars, Fontainebleau (Arch.
d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIX, 31 : orig.).
[114] ANCEL, op. cit., I, 1, p. 48.
[115] Response de la part du Roy
aux propositions du cardinal d'Angleterre, publ. par G. RIBIER, Lettres et Mémoires
d'Estat, t. II, pp. 523-525.
[116] Le cav. Tiburtio au cardinal
Farnèse, 1551, 4 avril, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio
Farnes., Francia ; orig.).
[117] Henri II à Octave Farnèse,
1554, 8 avril, Limours : Vous aurez entendu comme te
cardinal d'Angleterre, légat de Nostre Sainct Père, est venu par devers moy,
pour la négociation de la paix. Et voyant qu'il n'avoit seeu apporter de
l'Empereur sur la d. négociation sinon parolles généralles, je luy ay respondu
de mesmes par certains articles, où je ne vous ay pas oblyé pour vostre
compréhension en la restitution de ce qui vous est détenu et occuppé.
(Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 238, fasc. 40 : orig.).
[118] Montmorency au cardinal
Farnèse, 1554, 23 avril, Houdan : ... Cependant nous
ne perdons temps à faire ce que nous devons pour parachever noz provisions pour
la guerre que j'espère estre telles, dedans la fin du mois de may prochain, que
le Boy pourra non seullement comparoir en quelque lieu et endroict que son
ennenty se vouldra trouver, mais entreprendre et exécuter sur luy ce que le
temps et l'occasion luy permettront... (Arch. de Parme, Carteggio
Farnes., Francia ; orig.).
[119] H. Muzzarelli au cardinal del
Monte. 1554, 24 juin, Bruxelles (Arch. Vatic., Fiandra, II, fol. 147 ; orig.).
[120] Les causes de ce rappel sont
exposées dans une lettre de G. Ardinghello au cardinal Farnèse, 1554, 27
janvier, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 732, fasc.
A ; orig.).
[121] Instruttione per il vescovo
di Viterbo, 1554, 19 mai, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, pp. 23-24.
[122] R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, pp. 25-25.
[123] R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, p. 29.
[124] Giulio Grandi au duc de Ferrare,
1552, 26 mars, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).
[125] A. Serristori au duc de
Florence, 1552, 30 mai, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3271 ; orig.).
[126] Giulio Alvarotti au duc de
Ferrare, 1534, 6 août (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia : orig.).
[127] Les ambassadeurs de Sienne au Reggimento, 1551, 1er octobre, Rome (Arch. d'Etat
de Sienne, Lett. al Reggimento, I, 54 ; orig.).
[128] Ant. Amerighi au Reggimento, 1552, 28 octobre, Rome (Arch. de Sienne,
Lett. al Reggimento, III, 36 ; orig.).
[129] Le cardinal del Monte au duc
de Florence, 1553, 6 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 577, fol. 98-99
; reg. orig.). — Cf. plus haut, livre III, ch. II.
[130] H. Muzarelli au cardinal del
Monte, 1554, 14 août, Bruxelles (Arch. Vatic., Fiandra, II, fol. 165 ; orig.).
[131] Le cav. Ugolini à Monterchi,
secrétaire d'Octave Farnèse, 1554, 4 avril, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Cartes
Farnes., fascio 260, fasc. 2 ; orig.). — L'évêque de Pienza au Reggimento de Sienne, 1554, 8 avril, Rome (Arch.
de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIX, 60 ; orig.).
[132] Sources supra citées.
[133] L'évêque de Pienza au Reggimento de Sienne, 1554, 31 mars, Rome (Arch.
d'État de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIX, 38 ; orig.).
[134] Le cardinal del Monte au duc
de Florence, 1554, 10 mai, Rome (Arch. d'État de Florence, Mediceo, t. 3273,
fol. 193 ; orig.). — Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, t, pp. XLIII-XLIV.
[135] Le cardinal del Monte à
l'archevêque de Consa, 1554, 12 septembre, Rome (Arch. Vatic., Varia Politic.,
LXXIX, fol. 39 : reg. orig.).
[136] Le cardinal del Monte au nonce
Gualterio, 1554, 26 mai, Rome, publ. p. R. ANCEL, op. cit., I, 1, p. 33.
[137] Mémoire pour Mons. le cardinal
Farnèse, 1554, 24 juin (Arch. d'état de Naples, Carte Farnes., fascio
728 ; orig.).
[138] Gualterio au cardinal del Monte,
1554, 23 juin, Laon, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV,
I, 1, pp. 47 et sqq.
[139] Gualterio au cardinal del
Monte, 1554, 1er septembre, Compiègne, publ. p. ANCEL, op. cit., p. 107.
[140] Gualterio au cardinal del
Monte, 1554, 1er septembre, Compiègne, publ. p. ANCEL, op. cit., p. 106.
[141] Gualterio au cardinal del
Monte, 1534, 14 septembre, La Ferté-Milon, publ. p. R. ANCEL, op. cit., I, 1, pp.
116 et sqq.
[142] Jules III au duc de Florence,
1534, 27 septembre-3 octobre, Rome (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 3715 :
orig.).
[143] Jules III à l'archevêque de
Consa, 1554, 23 octobre, Rome (Arch. Vatic., Varia Polit., t. LXXIX, fol. 44 ;
minute).
[144] Gualterio au cardinal del
Monte, 1551, 31 octobre, Paris, publ. p. ANCEL, op. cit., pp. 159-160.
[145] ANCEL, op. cit., pp. 152 et
sqq.
[146] G. RIBIER, Lettres et Mémoires
d'Estat, t. II, pp. 543-545.
[147] G. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1555, 16 janvier (Arch. d'Etat de Modène, Francia : orig.).
[148] G. Alvarotti, 1555, 5 mars
(Arch. et loc. cit. ; orig.).
[149] G. Alvarotti, 1555, 3 février
(Arch. et loc. cit. ; orig.).
[150] Arch. Vatic., Nunz.
Inghilterra, III, fol. 177 ; copie.
[151] Gualterio à Pole, 1554, 23
décembre. Poissy, publ. p. ANCEL, op. cit., I, I, pp.
179-180.
[152] Gualterio au cardinal del Monte, 1554, 27 décembre, Poissy, publ. p.
ANCEL, op. cit., I, I, pp. 183 et sqq.
[153] ANCEL, op. cit.. p.
229.
[154] Montmorency à Octave Farnèse,
1555, 29 avril, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes.,
Francia ; orig.). — R. Pole à Ferrante Gonzague, 1555, 8 mai, Richmond (Arch.
cit. ; orig.).
[155] Giac. Soranzo au doge de
Venise, 1555, 23 mai, Melun (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 1a ; orig.). — G. Capello au doge
de Venise, 1555, 23 mai, Melun (Arch. et loc. cit. ; orig.). — Voyez
dans les Sources de M. Hauser les ouvrages relatifs à la tréve de Vaucelles
(fasc. IL pp. 163 et 190). Le meilleur et plus clair récit des négociations de
Marcq est celui de M. DECRUE, Anne de Montmorency,
t. I, pp. 163 et sqq. Aux sources connues ajoutez A. MOREL-FATIO, Une histoire inédite de
Charles-Quint par un fourrier de sa cour (Paris, 1911, in-4°. Extrait des Mémoires
de l'Académie des Inscriptions).
[156] Cité par F. DECRUE, op. cit., II, p. 169.
[157] Le duc de Savoie s'efforçait
alors d'intéresser le pape à sa cause. H. Muzarelli au cardinal del Monte,
1554, 31 mars, Bruxelles (Arch. Vatic., Fiandra, II, fol. 39, orig.).
[158] Claudio Malopera au duc de
Savoie, 1555, 2 juin, Gravelines (Arch. d'Etat de Turin, Lettere di ministri, Vienna.
mazzo III ; orig. chiffré).
[159] Cl. Malopera au duc de Savoie,
1555, 3 juin (Arch. de Turin, Lettere di ministri, Vienna, mazzo III ; orig.
chiffré).
[160] Cl. Malopera au duc de Savoie,
1555, 3 juin.
[161] Cl. Malopera au duc de Savoie,
1555, 3 juin. Cf. le même, 1555, 6 juin (Arch. de Turin, Lett. di ministri,
Vienna, mazzo III ; orig. chiffré).
[162] Cl. Malopera au duc de Savoie,
1555, 8 juin, Calais (Arch. cit. ; orig.).
[163] R. DE SAINTE-ALBINE, Abrégé annoté de
l'histoire de J.-A. de Thou, t. II, p. 24, n. 2.
[164] Henri II au duc de Ferrare,
1555, 14 juin. Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.).
[165] Montmorency à Octave Farnèse,
1556, 7 février, Pontlevoy, — et au comte de La Mirandole, 16 février, Blois
(Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Francia ; orig.). — Henri II
au duc de Ferrare. 1556, 7 février, Pontlevoy : ... Vous
advertyr comme ce jourd'huy j'ay eu lettres du sr de Chastillon, admiral, et de l'abbé de Bassefontaine, contenant
comme ilz avoient faict, passé et accordé avec les depputés de l'Empereur et du
roy d'Angleterre une trefve libre et communicative pour cinq ans, commençans le
5e jour de ce moys, avec toutes les advantageuses condicions que j'eusse sceu
honnestement désirer : c'est assavoir la compréhension de tous mes amyz et
alliez, et sans ce que par le moyen de lad. trefve, je soye tenu à aucune
restitution de places ne aultres choses déppendantes de mes conquestes. (Arch. de Modène, Enrico II :
orig.). Le 19 février, Henri II dépêche en Italie le sr de Rambouillet, gentilhomme de
sa chambre, porteur de la coppie collationnée à
l'original du traicté de la trefve (Arch. cit. ; orig.). — Henri II à
Octave Farnèse, 1556, 12 mars. Amboise : J'ay receu ce
jourd'huy la ratiffication de l'Empereur et du roy d'Angleterre du traicté de
la trefve... vous advertissant que présentement
partent deux courriers depeschez par lesd. ssrs, l'ung pour aller en Espaigne, l'autre en Ittallye, pour y fère
publier et observer lad. trefve...
(Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 250, fasc. 2 : orig.).
[166] Tiburtio au cardinal Farnèse,
1556, 6 février, Blois (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 70, fasc.
T ; orig.).
[167] Badoer au doge de Venise,
1556, 8 février, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Spagna, filza 1a ; orig.).— Cf. le récit de A.
SEGRE,
La questione sabauda... (Arch. di Torino, serie 2a, t. LV, p. 431).
[168] PASQUIER, Œuvres, t. II (Lettres), p. 77.