Le mariage de François de Guise avec Anne d'Este procura, parmi d'autres avantages, à la maison de Lorraine l'appui d'un personnage considérable, Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare, oncle de la jeune épousée. Ce prélat fut, sous le règne de Henri II, le représentant le plus fastueux de la France en Italie. Par un système traditionnel, la politique royale, comme d'ailleurs la politique impériale, confie aux cardinaux le soin de défendre, dans la Péninsule, ses intérêts et surtout son prestige. Ces hommes d'Eglise sont les vrais princes de la Renaissance italienne. Le luxe et l'amour des arts compensent alors, dans l'Eglise romaine, le relâchement de la discipline mystique. Entourés de gens d'armes, de serviteurs et d'amis, de cette famille innombrable qu'ils entretiennent avec les plus riches bénéfices de la Chrétienté, et dont ils tirent en retour la force, le lustre et l'influence, les cardinaux construisent des palais, recueillent artistes et lettrés, parcourent les grands chemins de l'Europe, répandant autour d'eux la paix, le luxe et la beauté. Ils s'offrent, par leur faste, leurs richesses et le respect qu'ils inspirent toujours, comme des ambassadeurs naturels dans les affaires de la politique. Aussi bien, pour les cardinaux italiens, c'est un usage ancien et lucratif qui les pousse à la solde des grandes puissances d'outremonts. Devenue l'enjeu des rois, l'Italie ne peut être conquise qu'avec l'aide de ces princes d'Eglise, lesquels, pour la plupart, appartiennent de naissance aux familles qui dominent les petits duchés de la Péninsule, de sorte que, outre le prestige de leur personne et de leur état, ils apportent l'alliance de leur casa plus où moins souveraine. Dans le Sacré-Collège, chaque parti a ses avocats officiels, et, selon leur intérêt, les cardinaux italiens suivent la fortune du Roi ou celle de l'Empereur, se mêlant aux cardinaux nationaux et parfois les dirigeant. La charge prestigieuse et profitable que désiraient tous les cardinaux était celle de Protecteur en la Cour romaine. De droit exclusif, le Protecteur proposait en consistoire la collation des bénéfices qui ressortissaient aux provinces de sa Protection. C'était une source de gros revenus, et parfois l'on voyait deux protecteurs se disputer âprement la présentation des bénéfices de ressort douteux : une querelle de cette nature se produisit, au mois d'août 1549, entre les cardinaux de Carpi et de Ferrare qui revendiquaient l'un et l'autre la protection d'Ecosse[1]. Le souverain des pays protégés attribuait lui-même cette charge au cardinal favori, qui représentait en même temps, à Rome, sa politique. Aussi des compétitions violentes s'élevaient-elles entre les défenseurs d'une même nation, afin d'obtenir l'honneur de servir au faict de protection pour autruy, qui est sans doute, écrivait Jean du Bellay, la plus grande estime en nostre Collège, qu'un prince puisse monstrer à homme de l'Estat[2]. La Protection des affaires de France en Cour de Rome rapportait à son titulaire une rente d'à peu près cent vingt mille livres, compris les bénéfices casuels[3]. En outre, le protecteur était investi de la surintendance des affaires royales en Italie. A l'avènement de Henri II, cette charge se trouvait en possession du cardinal Trivulzio. Ce vieillard effacé[4], que le nouveau Roi connaissait à peine, mourut le 30 mars 1548, à midi, dans la Ville éternelle[5], après avoir désigné comme exécuteurs de son testament les cardinaux Farnèse, Ridolphi, du Bellay et d'Armagnac[6]. Il laissait en France quelques bénéfices, que le souverain distribua entre les familles d'Humières, de Saint-André et Strozzi[7]. Trois candidats briguèrent la Protection : Hippolyte d'Este, à qui François Ie% de son vivant, avait promis la succession de Trivulzio, Alexandre Farnèse, que soutenait son grand-père le pape Paul III, et Nicolas Ridolphi, qui sollicitait l'appui de la Reine. Grâce à son crédit personnel et à l'influence des Guises, Hippolyte d'Este obtint des lettres de provision, avant même que la mort de Trivulzio fia confirmée[8]. Bien qu'il dût être remplacé à Rome, durant ses absences fréquentes, par de nombreux protecteurs intérimaires, le cardinal de Ferrare resta en possession de ce titre solennel jusqu'à la fin du règne. Il domina, au Sacré-Collège, tout le parti français. Un pasquil de l'an 1553 mettait sur les lèvres du cardinal de Ferrare, pour symboliser le service qu'il faisait à Henri II, ce verset : Docebo iniquos vias tuas et impii ad te convertentur[9]. Mieux que personne, cet Italien offrit à la Péninsule le spectacle glorieux des honneurs, de la puissance et des richesses que donnait l'amitié du roi de France. C'était un des rares personnages qui avaient passé de la cour de François Ier à celle de Henri II, avec une fortune égale. Second fils de Lucrèce Borgia et frère d'Hercule d'Este, auquel il ressemblait peu, Hippolyte, né le 25 août 1509, vécut sa jeunesse parmi les joies et les succès. Il en garda l'habitude d'une existence licencieuse et dissolue, qui devait lui procurer plus tard des ennuis, sous le pontificat de l'austère Paul IV[10]. Archevêque de Milan, dès 1519, il vint, au mois d'avril 1536, chercher plus ample fortune à la cour du roi François, et y réussit parfaitement[11]. Il fut créé cardinal, le 5 mars 1538, sur les instances de François Ier, du titre de Sainte-Marie in Aquiro, titre qu'il échangea ensuite contre ceux de Sainte-Marie in via lata, Saint-Anastase et Sainte-Marie la nuova ; en France, il obtint l'archevêché de Lyon, l'évêché d'Autun, puis l'archevêché de Narbonne, et un grand nombre d'abbayes. Le cardinal de Ferrare avait exercé sur François ier une véritable séduction, par la finesse de son goût artistique. En 1540, revenant de Rome, où il était allé recevoir le chapeau, il apporta des orfèvreries de Benvenuto Cellini, des statues antiques, des armures de Giampietro, des peintures et des médailles, amenant aussi, dit-on, un cheval bardé d'argent : il donna ces belles choses au Roi, au Dauphin et au connétable. Devenu le conseiller préféré de François Ier eu matière d'art, il se fit bâtir un palais à Fontainebleau par Sebastiano Serlio, mêla son faste de grand seigneur aux fêtes de la Cour et, malgré son origine étrangère, fut nommé membre du gouvernement. Son entrée comme archevêque à Lyon, en 1540, avait été illustrée par les ystoires et mistaires de Maurice Scève, Guillaume Meslier et Benedetto del Bene, ainsi que par les peintures du Petit-Bernard. Jean des Gouttes lui dédia la première traduction en prose française du poème de L'Arioste, qui parut en 1543[12]. Fidèle à celui qui avait créé sa fortune, Hippolyte assista jusqu'à ses derniers instants François Ier agonisant. Un moment avant de mourir, le vieux Roi l'appela : Eh ! monsieur le cardinal de Ferrare, je connais bien à la compagnie assidue que vous me faites que vous êtes de mes bons amis[13]. Le cardinal fit célébrer au Dôme de Milan même, capitale de l'Italie impériale, des funérailles solennelles à son maitre[14]. L'avènement de Henri II ne diminua pas la situation d'Hippolyte d'Este. Le nonce Dandino constatait, au contraire, un accroissement de son influence, dans les premiers jours du règne[15] ; tout de suite le nouveau souverain lui fit un don magnifique, en restituant la juridiction temporelle à l'archevêché de Lyon[16]. Pourtant, le cardinal se sentit un peu dépaysé dans cette Cour-transformée, manifestant le désir d'aller résider à Rome, où il retint même, pour son logement, le palais Sant'Apostolo[17]. C'est qu'en effet, il ne tarda pas à souffrir de la distribution nouvelle des influences, à la cour de France. Le connétable n'avait jamais ressenti pour lui de grande sympathie, et le Roi lui-même, peu sensible aux arts, goûtait moins que son père la société du prélat. Surtout, l'influence grandissante des fuorusisti florentins et en particulier des Strozzi, élevés à la première place par la faveur de la Reine, offusquait Hippolyte d'Este, qui se trouvait en inimitié ouverte avec eux[18]. A l'automne de 1547, les courtisans voyaient baisser le crédit du cardinal, bien que celui-ci offrit sans cesse des banquets et jeux de corde au Roi, aux princes et à Diane[19]. C'est alors que se nouèrent des rapports étroits entre Hippolyte d'Este et la maison de Guise, au sujet des négociations qui précédèrent le mariage de François de Lorraine. Quelques jours avant le départ de Charles de Guise pour l'Italie, en septembre 1547, le cardinal offrit une fête en son honneur[20]. Mêlé fort activement aux affaires de l'année 1548, Hippolyte regagne toute son influence, qui s'accroît de celle des Lorrains. Il obtient alors, comme nous l'avons dit, la Protection de France à Rome[21]. Mais les négociations et la célébration du mariage de sa nièce retardèrent son départ pour l'Italie. Il accompagna le Roi en Piémont et contribua à rendre efficace l'entrevue d'Hercule d'Este avec Henri II[22]. Au reste, pendant toute cette année, il prit à cœur de représenter dignement la grandeur de la maison de Ferrare. Il reçut le Roi et la Reine dans son palais archiépiscopal de Lyon, au mois de septembre, et réjouit les souverains par une fête nautique et par une représentation de la Calandra de Bernardo Divizio di Bibbiena, dont l'éclat fut vanté surtout en Italie : pour cette fête, il dépensa douze mille écus[23]. Après les noces d'Anne d'Este, il s'attarda quelques mois en France, séjournant tantôt à Saint-Germain, tantôt dans son abbaye très amène de Chaalis en Picardie, qu'il avait fait rebâtir et embellir et où plus tard logèrent les légats et le Roi lui-même[24], parfois enfin à Saint-Maur-les-Fossés, dans ce paradis qu'avait laissé inoccupé le cardinal du Bellay, qui résidait alors à Rome[25]. Le 8 mai 1549, après avoir payé sa dette de gratitude à Diane de Poitiers et à François de Lorraine, il prit congé du Roi à Saint-Germain et se mit en route pour l'Italie[26]. Parti de Lyon, le 26 mai, il passa par Chambéry, le 29, arriva à Turin, le 6 juin, s'embarqua sur le Pô et débarqua à Plaisance[27]. Il s'arrêta quelque temps à Ferrare, puis, par la route de l'Ombrie, Pesaro, Urbin et Foligno, il parvint à Rome, le 13 juillet[28] : son entrée fut saluée par le cardinal du Bellay et toutes les personnes de qualité de la Ville éternelle[29]. Hippolyte d'Este prit aussitôt possession de la charge de Protecteur, dont Jean du Bellay avait assuré l'intérim. La venue du cardinal de Ferrare à Rome était le résultat d'une habile manœuvre de Montmorency. Le connétable avait vu sans plaisir se nouer la nouvelle alliance des Guises et des Este, qui s'était manifestée tout de suite, à la Cour et au Conseil, par l'union et amitié étroites d'Hippolyte avec les Lorrains. Par un procédé habituel, il résolut de se délivrer du cardinal, en l'éloignant. Un prétexte s'offrit, lorsque les Farnèse, qui depuis longtemps étaient en coquetterie avec la diplomatie royale, parurent incliner de nouveau vers l'Empereur : Montmorency s'empressa de persuader au Roi que le cardinal du Bellay se trouvait, à Rome, au-dessous de sa tâche et qu'il convenait d'envoyer à la Curie un personnage plus influent et plus énergique, le titulaire même de la Protection de France. Les Guises accueillirent cette proposition sans défiance, vu qu'eux-mêmes s'intéressaient vivement aux négociations engagées avec la casa Farnèse. C'est seulement en cours de route que le cardinal de Ferrare s'aperçut de la ruse de Montmorency : il était trop tard pour retourner en arrière[30]. Désormais, Hippolyte d'Este, qui ne devait plus rentrer en France avant la mort de Henri II, prit une part éminente à toutes les négociations et entreprises du Roi en Italie. Pendant ce règne, il fut le candidat officiel de la France au trône pontifical, candidat malheureux que déçurent les quatre conclaves de 1550, 1555 et 1559 : en vain distribua-t-il des tapisseries aux cardinaux pour gagner leurs votes. Le cardinal de Ferrare incarna l'Italie française dans le type le plus brillant de prince et de Mécène. L'aigle blanc de ses armes figura, aux yeux des peuples qui le virent passer, — Vénitiens, Ferrarais, Parmesans, Bolonais, Toscans, Siennois et Romains —, la grandeur et le faste des Valois[31]. Voyageur infatigable, amateur de vie large, brûlé d'une soif jamais apaisée de domination et de splendeur, cardinal digne de briguer le trône de Léon X, cet archevêque qui plus tard, légat du Saint-Siège, osera passer par Genève et y saluer Calvin[32], sut dépenser, pour les lettres et les arts, à la gloire de la France, les trésors qu'il tirait des bénéfices d'outremonts. Par malheur, la vertu de son action politique resta bien au-dessous de sa grandeur décorative. Cette vie de prince ne montra, en dehors d'un mécénat éclatant, que des résultats petits. Son esprit, malgré l'apport d'une culture très distinguée, demeura étroit, vide de qualités réelles ; quant à son caractère, on y trouve un orgueil mesquin, sans habileté et rebelle aux concessions indispensables. Ce cardinal fut sans doute le plus maladroit des négociateurs, conduit par des idées politiques presque puériles : il rêvait d'une intervention française en Italie, toute d'éclat et de faste, sorte de comédie brillante pour impressionner les peuples, où lui-même aurait joué le rôle de grand apparat, sans poursuivre du reste aucune fin solide et pratique. Pour lui, la rivalité incurable entre la maison d'Autriche et celle de France se réduisit à une dispute de vanité. Son caractère et son esprit correspondaient bien à la nature du roi François lei, qui l'avait tant aimé. Sous Henri II, il ne fut que l'instrument le plus brillant de la maison de Lorraine. Mais, pour être juste, il faut reconnaître la couleur incomparable que donna ce prince d'Église à la politique française en Italie. Le cardinal de Ferrare, écrit de Rome l'agent Buonanni, est le plus splendide et le plus aimable des seigneurs : par le sang, par la richesse et par la clientèle, il n'a pas de pair en ce Sacré Collège. Une telle grandezza devait exciter les jalousies. A peine arrivé à Rome, le cardinal fut entouré de défiance : dans cette Cour maligne où chacun veut peser les cervelles des hommes et alambiquer leurs actions, on l'accusa d'ambitions démesurées et déshonnêtes. Sa richesse surtout provoquait l'envie et donnait prétexte aux calomnies : on ne lui pardonnait pas de dépenser quatre cents écus, chaque jour, pour l'entretien de sa maison. Comme il avait coutume de tenir cercle de conversation, le soir après dîner, Hippolyte d'Este ne tarda pas à éprouver les ennuis de ce monde romain, où il faut serrer la bouche et ouvrir quatre oreilles. Le secrétaire Cesano fit comprendre, un jour, avec esprit, au cardinal quelle prudence il convenait d'observer : questionné par son maître sur les raisons pourquoi il se taisait, Cesano, jetant alentour des regards soupçonneux, répondit que la bouche devait proférer seulement les mots oui et non[33]. A son arrivée dans la Ville éternelle, en 1549, Hippolyte d'Este prit logis au palais Orsini à Montegiordano ; le palais Sant'Apostolo, qu'il avait souhaité d'habiter, était encore occupé par Jean du Bellay[34]. C'est au palais Orsini qu'à l'occasion du conclave de 1550, il reçut les cardinaux de Guise, de Vendôme et de Châtillon, qui y séjournèrent[35]. Le 30 mars de la même année, avant le départ des cardinaux français, il offrit, en leur honneur, un banquet dont la magnificence éblouit la société romaine. Dans l'assistance se trouvaient, outre les neuf cardinaux français qui étaient alors présents à Rome, les cardinaux italiens Salviati, Crescentio, Farnèse, Santa-Fiora, Sant'Angelo, Mcdicis, Verallo, Sermonetta, Visco, Cornaro, Pisani, Doria et San Giorgio ; parmi les laïques, le duc de Ferrare et son fils le prince Alphonse, Horace Farnèse et l'ambassadeur de France, D'Urfé. Aux portes étaient tendues de grandes toiles, portant les armes du Roi, avec cette devise qui rappelait les victoires de la guerre contre les Anglais : Henrico II Francorum regi ob Bononiam receptam ac Galliæ et Scotiæ regnum terra marique feliciter pacatum. Ce fut occasion au cardinal de montrer à ses invités des œuvres d'orfèvrerie rare, dont le détail fut bientôt célébré dans Tes petites cours italiennes, et de les divertir par plusieurs sortes de musiques que Serristori trouvait divinissime[36]. Après l'avènement de Jules III, Hippolyte d'Este obtint pour y loger des stanze au Vatican[37]. Il demeura peu de temps au palais pontifical : on le voit, en effet, durant l'année 1550, louer, acheter, bâtir des palais et des villas. Il occupa d'abord la vigna de Medicis à Montemario, qui appartenait à la reine de France[38], puis il loua les jardins de Monte-Cavallo, proches du palais de Saint-Marc[39] ; il transforma ces terrains du Quirinal en parterres magnifiques, horti magnificentissimi, où il fit construire, dans un bosquet d'orangers, une loggia peinte par Girolamo Muziano[40]. Enfin, cette même année, il prit possession de Tivoli, dont il avait été nommé gouverneur, en dépit du Sénateur. Au milieu d'une pompe extraordinaire, accompagné de deux cent cinquante gentilshommes, le Protecteur de France fit son entrée dans cette petite ville couchée aux racines des monts Sabins. Séduit par les délices célèbres de ce lieu, il résolut d'y bâtir la plus belle villa de l'Italie. Ayant acquis la valle gaudente, le cardinal en fit abattre les maisons, ainsi qu'une église dédiée à sainte Marguerite, puis il donna crédit d'un million d'écus d'or à Pirro Ligorio pour créer des enchantements. L'illustre architecte put fouiller librement la villa d'Hadrien et en transporter les marbres à Tivoli. A la construction et à la décoration de ce palais d'été travaillèrent des artistes de tous pays, parmi lesquels des Français[41]. Et dans ces montagnes salubres, le cardinal vint s'abriter des chaleurs de Rome et contempler en paix la grandeur de sa vie[42]. Il y vint aussi pour fuir les querelles que sa vanité soulevait sans cesse dans la Ville éternelle. En 1550, il passa les mois de septembre et d'octobre à Tivoli, en suite de disputes avec l'ambassadeur d'Urfé et le cardinal du Bellay, au sujet de la surintendance des affaires. Hippolyte d'Este voulait exiger que toutes les négociations lui fussent communiquées directement de la Cour, sans avertir l'ambassadeur : M. d'Urfé, ami de Montmorency, refusa de se laisser mettre en sujétion[43]. Le Roi, après avoir d'abord donné raison à son ambassadeur, le rappela enfin pour satisfaire les Guises. Le cardinal de Ferrare eut une clientèle immense. Lorsqu'il vint à Sienne, en novembre 1552, on compta quatre cents personnes dans sa famiglia, et il ne s'agissait là que de ses serviteurs. Pour l'expédition des affaires de la Protection en Cour de Rome, Henri II lui attacha un secrétaire français, informé des négociations secrètes, et cieux secrétaires italiens[44]. Le secrétaire français fut Jean Niquet, appelé souvent Nichetto, abbé de Saint-Gildas et de Meobec, aumônier du Roi : ce personnage qui, chargé de missions confidentielles, fit plus de cent vingt voyages diplomatiques d'Italie en France, joua un rôle fort important. Il remplit aussi les intérims des agents royaux ; au début de 1552, on le trouve secrétaire de l'ambassade de Rome, sous la direction de Claude de la Guiche, évêque de Mirepoix[45]. Les principaux secrétaires italiens d'Hippolyte d'Este furent l'humaniste Gabriel Cesano[46], que Benvenuto Cellini représente comme tanto brutto et tanto dispiacevole[47], et le jeune Antonio Buonaccorsi[48]. En 1552, ce dernier, qui se trouvait alors à Ferrare en compagnie de son patron, fut mêlé au procès curieux né au sujet de la Léda de Michel-Ange qu'avait vendue jadis à François Ier fra Mini de l'Ordre des Servites[49]. Son père, le trésorier Giuliano Buonaccorsi, qui résidait en France depuis quarante ans, était un personnage influent de la colonie italienne. Après son départ de la Cour, en 1549, le cardinal de Ferrare entretint auprès du Roi un agent permanent, chargé de le renseigner et de sauvegarder sa fortune politique et matérielle en France. Ce fut d'abord le Florentin Giovanni Lanfredini, ancien serviteur des Strozzi, qui remplit ces fonctions jusqu'à la fin de l'année 1550 ; il passa ensuite au service de Cosme de Médicis[50]. Pero Gelido, dit Il Pero, succéda à Lanfredini[51]. Puis, le 2 octobre 1551, au lieu de Pero Gelido trop âgé, le cardinal délégua auprès du Roi Alessandro Bendidio, son maître de chambre, en lui adjoignant, pour écrire, Baldassare Cimicello, son camérier. Enfin, Bendidio étant tombé malade, il fut remplacé, le 2 mai 1552, par Scipion Piovene[52]. Celui-ci, qui devint écuyer de Henri II en 1555, mena ensemble les négociations diplomatiques et la gestion des bénéfices du cardinal, en France[53]. L'abbé Rossetto, conseiller intime du duc de Ferrare, servit aussi fréquemment Hippolyte d'Este[54]. Le cardinal possédait, dans le royaume, des biens immeubles fort importants, entre autres des vignes à Thorigny, Corbeilles et Argenteuil[55]. Parmi les hommes qui administraient cette fortune, d'aucuns figurent assez souvent dans la vie de l'illustre prélat : ce sont le trésorier Thomaso Mosti, Roman Mazzon maître général des comptes, Alessandro Zerbinato vicaire de l'archevêché de Lyon, Pasquier Cailleu intendant de son hôtel à Paris[56]. M. du Puy, avocat à Paris, homme de grande valeur et d'excellente réputation, défendait les causes judiciaires du cardinal[57]. Hippolyte d'Este accorda libéralement sa protection à tous les artistes et humanistes qui la sollicitèrent. Il a droit à ce rare éloge : nul ne se repentit d'avoir accepté ses faveurs. Mécène plein de tact, il respectait la dignité et la liberté de ses protégés[58]. Marc-Antoine Muret, Paul Manuce, D'Ossa ; furent ses familiers, Grôlier son ami[59]. Les Italiens qui reçurent de lui aide et protection ne se comptent pas : Benvenuto Cellini est le plus célèbre. Luigi Alamanni figura de même parmi les clients du cardinal, et celui-ci appuya la tentative que fit le frère du poète, Niccolô, pour obtenir la main de l'héritière de Thomas Gadagni, le fameux banquier lyonnais[60]. Au reste, Hippolyte était le créancier d'une foule de gens de toutes conditions, et en particulier des Italiens qui vivaient à la cour de France. Ruinée par tant de frais et aussi par des dettes de jeu[61], la fortune du cardinal n'eut parfois qu'un équilibre précaire. Hippolyte d'Este montra toujours des tendances pacifiques. Bien qu'il ait été, en Italie, l'interprète obligé des ambitions des Guises, il présenta aux poussées belliqueuses un obstacle résistant : ses intérêts étaient trop nombreux et dispersés, ses amitiés trop diverses, pour qu'il ne craignît pas les risques de la guerre. La guerre de Toscane lui fournit l'occasion de montrer son aversion pour les conflits violents. Au reste, dès 1551, les événements durent fortifier ses sentiments pacifiques : il perdit en effet, dans la guerre de Parme, son fief patrimonial de Brescello. Pourvu de moyens incomparables, muni par la naissance, la fortune et les alliances, le cardinal de Ferrare pouvait remplir une destinée illustre. Mais, si grande qu'aient été les charges qu'il occupa, ce prince fastueux ne réussit pas à exercer une action efficace. Son caractère s'épuisa dans une incurable frivolité. Lieutenant du Roi à Sienne, en 1553, à l'heure où sa mission lui imposera de protéger, contre les entreprises astucieuses de Cosme de Médicis, la liberté de la République et les intérêts de son patron, il sollicitera du duc de Florence l'envoi de vins suaves et de melons doux[62]. Tandis que le cardinal de Ferrare représentait, en Italie, avec modération, il est vrai, mais fidèlement la pensée des Guises, Jean du Bellay fut, au Sacré Collège, l'homme de Montmorency. Dans la période qui précéda la trêve de Vaucelles, du Bellay remplit deux fois les fonctions de Protecteur intérimaire en cour de Rome. En dehors de ces délégations officielles, il s'était acquis, depuis longtemps, auprès de la Curie, une situation politique de premier plan[63]. L'avènement de Henri II n'apporta, quoi qu'on ait dit, aucune disgrâce au célèbre cardinal de Paris. Lié d'une ancienne amitié avec le connétable, amitié qui lui avait attiré autrefois la haine de Marguerite de Navarre[64], Jean du Bellay ne pouvait craindre la révolution qui donnerait la toute-puissance à son ami. De fait, seul des ministres influents de l'ancien règne, il resta membre du Conseil[65], et dans les premiers jours qui suivirent la mort de François 1er ; le nouveau Roi lui montra de grands égards. Le cardinal fut aussitôt considéré par l'opinion publique comme une créature de Montmorency[66]. Bientôt après, Jean du Bellay devait recevoir une mission de haut prestige, la seule qui convînt à son état, dans la distribution nouvelle des influences. Depuis plusieurs années, le pape Paul III désirait la présence à Rome des cardinaux français. Le légat Hieronimo Capodiferro, envoyé pour saluer Henri II à son avènement, communiqua au Roi un décret rendu en consistoire, qui ordonnait aux cardinaux de se rendre à la Curie, afin d'y résider et d'assister le pape, comme c'est le propre de leur office[67]. Le nouveau souverain, qui montrait le désir d'assurer l'observance des lois canoniques, devait bien accueillir une telle mesure : lui-même avait décidé, dans les premiers jours de son règne, que tous les prélats et clercs, dont la présence n'était pas indispensable à la Cour, se rendraient dans leurs diocèses et n'en pourraient sortir qu'avec sa permission. Au reste, l'assemblée des cardinaux français en cour de Rome parut à Henri II le meilleur moyen de fortifier le parti gallican auprès du Saint-Siège, en face du parti espagnol toujours plus nombreux et plus assidu : force d'autant plus nécessaire que la politique royale menait alors des négociations étroites avec les Farnèse et que, d'ailleurs, on prévoyait comme prochaine la mort de Paul III[68]. En effet, dès le mois d'avril 1547, le Roi décida qu'aussitôt après les obsèques de François Ier, les cardinaux français partiraient pour Rome. Les cardinaux de Bourbon et de Lorraine, en considération de leur grand âge, obtinrent dispense de se mettre en route ; le cardinal de Tournon, bien qu'il eût exprimé lui-même le désir d'aller en Italie, se vit refuser cette faveur ; enfin, le neveu de Montmorency, Odet de Châtillon, resta au Conseil, sur les instances de son oncle, pour tenir tête aux Guises[69]. Le cardinal du Bellay reçut de Henri II pleine autorité sur les autres membres français du Sacré Collège, ainsi que la surintendance générale des affaires royales en Italie[70]. Jean du Bellay partit de Reims, après les cérémonies du sacre, le 27 juillet 1547[71], et, le 27 septembre, il entrait à Rome, salué par de nombreux personnages du parti français[72]. Il habita quelques jours la maison de l'ambassadeur, puis s'installa au palais Sant'Apostolo. Au mois d'avril 1548, sur sa demande et grâce à l'intervention de Montmorency, il obtint le titre et la fonction de Protecteur intérimaire, en l'absence du cardinal de Ferrare : celui-ci garda néanmoins l'émolument fixe de quatre mille écus, attaché à celte charge, laissant à Du Bellay les bénéfices casuels[73]. Le cardinal de Paris demeura à Rome jusqu'au 22 septembre 1549[74]. Pendant ces deux années, il représenta la politique française en Italie, avec une clairvoyance remarquable, mais gêné dans son action par la défiance dont l'entouraient les principaux meneurs de cette politique, les Guises et les Farnèse. Au début de 1548, une première fois, à la suite du voyage de Charles de Guise en Italie, on parla de son rappel. Mais le pape lui-même demanda le maintien de Jean du Bellay, à cause de sa vertu et expérience[75]. La seconde fois, au printemps de 1549, il ne put éviter la disgrâce, disgrâce tout anodine du reste, qui était la conséquence d'intrigues étrangères à sa personne[76]. Lorsque le cardinal du Bellay fut envoyé en Italie, au début du règne de Henri II, sa vaillance n'était plus telle, semble-t-il, qu'il pût supporter le poids de la surintendance : le Roi et Montmorency le grevaient d'une confiance trop onéreuse pour sa vieillesse. Aussi montra-t-il bientôt son inclination aux plaintes. Pendant la crise de 1549, qui précéda sa disgrâce, la correspondance de ce sensitif laisse paraître un lamentable pessimisme : il demande qu'on lui permette d'aller respirer l'ayr de la doulce terre du Mayne et qu'on lui donne le repos sur la fin de ses jours[77]. Irritable et souffrant, il se considère comme persécuté, il voit des traverses et des ennemis partout. Persécution imaginaire : du Bellay fut simplement le jouet, puis la victime ingénue des rivalités qui divisaient le Conseil du Roi. Pour des raisons contraires, les deux partis, Montmorency et Guises, voulurent d'abord le maintenir à Rome. Le connétable voyait avec plaisir l'influence du cardinal apporter un contrepoids efficace, en Italie, aux intrigues des Lorrains : en 1553, lorsque Montmorency voudra mettre un frein de nouveau aux dangereuses menées de ses adversaires, c'est encore du Bellay qu'il enverra à Rome, après avoir renoncé à y déléguer son neveu, Châtillon. On peut s'étonner qu'il ait laissé tomber le cardinal de Paris dans une sorte de disgrâce, en 1549 ; la cause en est, comme nous l'avons vu, qu'un intérêt impérieux lui commandait d'éloigner Hippolyte d'Este de la Cour, intérêt plus fort que son affection pour du Bellay. D'autre part, les Guises, connaissant les liens qui unissaient le cardinal à Montmorency, ne pouvaient souhaiter le retour au Conseil d'un homme qu'ils prévoyaient devoir soutenir la politique de leur rival. Les accidents de la politique italienne, en 1549, leur fournirent une occasion qui parut bonne d'écarter du Bellay de Rome et du Conseil. Ils ne montrèrent jamais, au surplus, d'animosité très apparente contre le cardinal de Paris : celui-ci, qui ne manquait pas de souplesse, sut les ménager, ainsi que la favorite Diane, mais il n'en obtint guère que du dédain. Au reste, l'imagination triste de Jean du Bellay était surexcitée par d'incessantes souffrances physiques. La sciatique, des douleurs de reins et aussi, semble-t-il, la malaria[78] firent des dix dernières années de sa vie un martyre, brisant son énergie. Le cardinal revenait d'Italie, en 1549, et se disposait à jouir enfin du repos tant désiré, lorsqu'au mois de novembre, il apprit la mort de Paul III et reçut l'ordre du Roi qui lui commandait de retourner sans délai à Rome, pour assister au conclave[79]. Débarqué à Livourne, le 8 décembre, il rentra le 12 dans la Ville éternelle[80]. Dès lors, apparut l'épuisement de ses forces : le 26 décembre, harassé par les travaux de ce conclave interminable, il subit une grave indisposition, suite des douleurs qu'il supportait depuis plusieurs mois[81]. Après le conclave, il se reposa quelque temps à Rome, qu'il quitta, le 19 juillet 1550 ; il arriva à Florence deux jours plus tard[82]. Mais bientôt, à Scarperia en Toscane, un violent accès frappa le cardinal, au point de mettre sa vie en danger. François Rabelais, son médecin, était sans doute rentré en France. Et Jean du Bellay dut se livrer, dans ce village, à ung vieil bon homme de médecin trouvé cy alentour, qui lui administra les premiers soins. Par fortune, le duc de Florence informé lui envoya ses médecins et ses gens avec les remèdes nécessaires. Du Bellay remercia Cosme de Médicis de lui avoir rendu la vie, et repartit à petites étapes[83]. Le 9 décembre seulement, après cinq mois de voyage, le malheureux cardinal rejoignit la Cour à Blois[84]. Durant le temps de la seconde délégation qu'il reçut de la Protection de France, — charge qu'il recouvra le 22 juin 1553 et quitta de nouveau le 27 juillet 1554, — Jean du Bellay jouit heureusement d'une santé meilleure : les années 1553 et 1554 marquent, dans sa vie, une période d'activité[85]. Dès 1552, on le vit reprendre part aux affaires : avec l'amiral d'Annebaut et le cardinal de Meudon, il fut nommé membre du Conseil de régence qui assista la Reine, pendant la campagne des Trois-Evêchés[86]. Ce qu'il faut louer sans réserve, dans l'attitude de cet homme souvent défaillant, c'est la haute conscience avec laquelle, au mépris de ses souffrances, malgré les amertumes dont il se croyait abreuvé, il s'efforça toujours de remplir sa tâche et de représenter dignement le roi de France. Il servit l'influence française, en Italie, par son faste, sa libéralité et sa culture. Il parlait et écrivait la langue italienne, et devint l'un des plus grands seigneurs de Rome. En 1549, dans la période peut-être la plus douloureuse de sa vie, alors que, malade, il se sentait calomnié et sacrifié, Jean du Bellay mit de la coquetterie à éblouir la Cour pontificale. On sait qu'au mois de mars de cette année, il offrit, à l'occasion de la naissance du duc d'Orléans, une fête, cette Sciomachie dont Rabelais nous a donné la relation fameuse et qui valut au cardinal la gratitude du Roi et les compliments des princes italiens[87]. Quelques mois plus tard, lorsque Hippolyte d'Este vint le déposséder de sa charge et de son autorité, du Bellay célébra l'arrivée de son rival par un banquet qui réunit ses propres amis et ceux de Ferrare, les cardinaux Santa-Fiora, Sant'Angelo, Visco, Sermonetta, Ivrea, Cornaro et Crispo ; après quoi fut récitée L'Amphitryon de Plaute, comédie traduite et augmentée par Gobbo dell'Anguillara. Mais Jean du Bellay lui-même ne put assister aux plaisirs qu'il avait ordonnés : saisi, le jour même, par la fièvre et les douleurs de reins, il se retira, tandis que les cardinaux, ses invités, étaient l'objet de plaisanteries dignes, selon un témoin, des écoles de l'Université de Paris[88]. En septembre 1547, comme nous l'avons vu, le cardinal du Bellay prit logis au palais Sant' Apostolo. Plus tard, revenu à Rome, le 22 juin 1553, il descendit pour un temps au nouveau palais Farnèse, que mit à sa disposition le cardinal Alexandre, résidant en France[89]. Puis il s'installa dans un palais du Borgo San Pietro. A Rome, encore, il acheta les Thermes de Dioclétien, releva une partie des ruines, y fit aménager un casino et des jardins amènes, où, parmi la verdure des citronniers, des grenadiers, des cèdres, des cyprès, des lauriers et des myrtes, un peuple de statues, épars en deux séries, au cours des allées et dans le casino, charmait les yeux de ce collectionneur infatigable d'antiquailles. Les Horti Bellaiani restèrent à Rome comme un témoignage de la grandeur et du goût de ce cardinal français, plus humaniste que politique[90]. Au reste, les antiquailles rassemblées aux Thermes — près de deux cents pièces — ne constituaient qu'une partie des richesses archéologiques de du Bellay. Dans son beau lieu de Saint-Maur-les-Fossés, il avait amené des marbres, au retour de chacun de ses voyages en Italie, avant qu'il se fixât définitivement à Rome[91]. Lorsqu'il revint du conclave, en 1550, une mésaventure le priva d'une grande piècze de porphire, qui, transportée en France sur mer, fut coulée par les corsaires dans le canal de Toscane, entre l'île d'Elbe et Piombino. Grâce à l'obligeance du duc de Florence, qui chargea son maître d'hôtel de sonder la mer, le cardinal put, semble-t-il, recouvrer son butin[92]. Jean du Bellay passait d'ordinaire loin de Rome le mois de septembre, pernicieux aux fiévreux. En 1548, il s'en alla à Monterotondo, aux confins de l'Ombrie[93]. Mais, dès cette époque, il aimait à séjourner près des bouches du Tibre, Porto et à Ostie, lieux charmants et malsains, où se ruina encore sa santé. Porto, en particulier, fut son séjour d'élection[94]. A la fin de l'année 1553, il en devint évêque, tandis que le cardinal Théatin, son ami, recevait l'évêché d'Ostie, tout proche[95]. Lorsque le cardinal Théatin prit la tiare, en 1555, sous le nom de Paul IV, il conféra à du Bellay cet évêché même d'Ostie, avec le décanat du Sacré Collège. C'est à Porto que le protecteur de Rabelais fit planter ce parc où, écrivait-il à Montmorency, les plus fâcheuses ombres qui soient d'un bout à l'autre sont de lauriers, myrtes, rosiers marins, avec chevreulz, faysans et toutes sortes d'oyseaux, chasses, voleries et pescheries[96]. La fortune du cardinal était assez considérable. De son aveu, nous savons qu'il possédait en France pour cinquante mil escuz d'héritaige et à Rome pour dix mil de meubles. D'autre part, la reine Catherine de Médicis lui donna, en 1548, ses droits sur les Paludes Pontines, dont le revenu, écrivait-il en 1554, ne passe pour ceste heure deux mil escuz par an, mais j'espère bien qu'en brief elles en vauldroni encore autant[97]. Jean du Bellay dépensait grandement. Il entretenait à Rome une famiglia nombreuse, plus de cent personnes ; il fut bâtisseur et Mécène libéral. Pour couvrir tant de frais, il dut emprunter aux banquiers et aux princes italiens. Lorsqu'il retourna en Italie, au mois de mai 1553, Henri II lui octroya des lettres de congé pour transporter trente cinq mil escuz d'or soleil, destinés à l'entretien de sa maison[98]. Les principaux agents politiques qui assistèrent le cardinal, durant le règne de Henri II, furent le protonotaire François de Bouliers, son parent, qu'on appelait l'abbé de Manne[99], et le jeune Robertet, son secrétaire[100]. Les souffrances physiques et la défaillance morale qui en résultait empêchèrent que Jean du Bellay ne prît, dans la politique italienne de Henri II, l'influence qu'il eût été digne d'exercer. Douée d'un sens rare d'observation, son intelligence, d'ailleurs réaliste, était nourrie par une imagination et une sensibilité trop excitables, qui usaient vite son énergie. Sa correspondance offre parfois des visions, des portraits, même des caricatures, où l'on surprend, caché sous l'ennui des négociations et des intrigues, un génie moqueur, amoureux du relief et de l'ironie pittoresque. S'il est vrai, comme l'annonce quelque part du Bellay lui-même, qu'il ait écrit des Mémoires, on y trouvera assurément une des œuvres les plus colorées de la Renaissance. Par malheur, rien ne résistait en lui aux blessures d'une susceptibilité qui se heurtait souvent à des fantômes. Pourtant, il convient de ne pas négliger la valeur de cette
personnalité. En Italie, nous l'avons dit, Jean du Bellay représenta, non
sans quelques écarts, l'esprit de Montmorency. Il possédait l'estime et la
confiance du connétable, que lui-même admirait comme homme
d'autorité, prudence, expérience et affection, et en temps où ces qualitez
sont autant que jamais requises[101]. Il comparait
leurs rapports à ceux d'Achille et de Diomède qui, selon Homère, s'enhortent l'ung l'autre à bien faire[102]. Tant d'idées
et de sentiments communs rapprochaient ces deux hommes. Plus que Montmorency,
Jean du Bellay était désintéressé ; au même degré il aimait son Roi. Quant je seroye aux Indes, écrivait-il à
Saint-André, je ne demanderoye mon retour, s'il
desplaisoit à mon maître. C'était, en effet, une preuve de dévouement
que d'accepter le labeur, les ennuis et les risques de l'exil en Cour
romaine, vu que, dèz le temps du feu Roy, sa vraye
résolution estoyt de se retirer à ses études, estant, après si long service,
temps de penser à quelque aultrc chose qu'à la politique[103]. Aussi gallican
que le connétable, du Bellay exprima parfois des opinions audacieuses. Le
nonce, en 1547, le signalait comme un personnage peu sûr : le cardinal
n'osait-il pas se moquer du concile de Trente[104] ? Doué de telles qualités et gêné par de telles faiblesses, Jean du Bellay devait montrer, dans la politique italienne, plus de clairvoyance que d'initiative et d'énergie. Il ne cessa de prêcher aux ministres du Roi qu'on ne peut cuillir les roses que entre les espines. A l'automne de 1547, il opposa son scepticisme aux sollicitations et aux entraînements des Farnèse, qui tiraient vers Naples la politique royale. Je vous laisse penser la belle yssue que vous en verrez, écrivait-il au connétable, et si ce qui seroyt aujourd'huy prins ne seroyt demain perdu[105]. Durant la guerre de Sienne, en 1553 et 1554, il montrera une intelligence pareille, très pénétrante, soucieuse à l'excès des obstacles. Mais il avait trop peu le goût des intrigues pour imposer ses idées, et il ne sut jamais répondre à ses ennemis que par des lamentations. Les idées, les sentiments, le caractère du cardinal François de Tournon forment un contraste presque absolu avec la personne de Jean du Bellay. Discret, d'intelligence toute pratique et active, de tempérament patient et peu sensitif, Tournon mit au service de ses idées un ensemble de dons remarquables et très rares en son temps. Ce fut un homme très fort, qui, sur un sol moins mouvant, eût fourni sans doute une carrière illustre : représentant convaincu des idées ultramontaines en matière religieuse, il se trouva rangé par les circonstances dans le parti des Guises. A défaut de preuves meilleures, on reconnaîtrait l'habileté de Tournon à la manière dont il se tira de la disgrâce très grave qui l'atteignit, lorsque François l°° mourut. Il avait été l'un des ministres les plus influents de l'ancien règne. Malgré les recommandations suprêmes de son père, Henri II chassa le cardinal de la Cour et le poursuivit, pendant deux ans, d'une véritable haine[106]. Pressentant l'orage dont le menaçaient la rancune de Montmorency et l'antipathie du nouveau Roi, Tournon avait exprimé, aussitôt après la mort de François Ier, le désir de s'en retourner à Rome, disant que l'air lui convenait admirablement et, en outre, que c'est la vraie et propre place des cardinaux[107]. Mais Henri II refusa le congé et déclara rudement ne pas vouloir que cet homme fût mêlé à ses affaires. Le cardinal s'en alla à son abbaye de Ferrières[108]. Cassé de ses charges à la Cour[109], privé de son palais de Fontainebleau, qu'on donna au maréchal de Saint-André[110], Tournon vit persécutés par le Roi ses parents et ses créatures[111] : le capitaine Polin, baron de la Garde, le fameux président d'Oppède, le comte de Grignan furent cités en justice, les deux premiers emprisonnés, le dernier dépouillé de ses charges et, entres autres, du gouvernement de Provence, que le Roi conféra à M. de Tende, beau-frère de Montmorency[112]. Tournon lui-même ne dut son salut qu'au prestige de sa dignité cardinalice : au mois de janvier 1548, on voulut le forcer à résigner l'abbaye de Saint-Germain de Paris, qui rapportait plus de douze mille écus d'entrées[113]. C'est à l'automne de 1549 que, l'influence de Montmorency baissant, on voit le cardinal de Tournon se rapprocher discrètement du Roi. Il vint habiter son abbaye de Saint-Germain, au mois d'octobre de cette année. Pour expliquer ce retour à Paris, s'offrent beaucoup de raisons : d'abord les Guises voulaient obtenir du cardinal la résignation de certains bénéfices, au profit de l'évêque de Troyes, Louis ; de plus, Henri II ayant résolu d'imposer le royaume d'une crûe de quatorze millions de francs, sous forme de taillon, le nouveau Conseil désirait connaître les moyens employés à cette fin, au temps de François Ier ; enfin, Tournon qu'avaient ému les procédures dirigées contre ses parents et amis, s'était décidé à intervenir, surtout en faveur du comte de Grignan[114]. Le 2 novembre, le cardinal alla faire la révérence à Henri II : le Roi l'accueillit de bonne grâce et le connétable lui-même se montra aimable. Les courtisans prévirent qu'une fois rentré dans l'estime du souverain, Tournon ne tarderait pas à regagner davantage, par sa valeur[115]. Huit jours après, Paul III mourait : le cardinal partit pour Rome, où il arriva, le 12 décembre 1549 ; il ne devait rentrer en France que trois ans plus tard. Pendant les premiers mois du pontificat de Jules III, Tournon resta encore dans la pénombre. 11 était trop prudent pour s'aventurer en fâcheux sur la scène diplomatique qu'occupait, avec tant de morgue, le cardinal de Ferrare. Mais, lorsque se produisit la brouille entre Hippolyte d'Este et l'ambassadeur d'Urfé, par un phénomène politique assez plaisant, Tournon se trouva porté à la direction des affaires royales en Italie : d'Urfé, en effet, heureux de nuire à son adversaire Ferrare, adressa des lettres au Roi pour vanter l'honneur et les mérites de Tournon, par opposition aux insupportables modes d'Hippolyte d'Este, et Montmorency, saisissant l'occasion d'atteindre l'influence de ce dernier et partant celle des Guises, se mit à soutenir la renaissance de son ancien adversaire[116]. Tournon sut garder le tact nécessaire et conserver l'amitié du cardinal de Ferrare : pendant les premiers mois de l'année 1551, il joue, à Rome, un rôle très actif, tout en s'efforçant de ne pas blesser le Protecteur titulaire. Mais, lorsqu'à la suite de la guerre de Parme et des incidents qui remplirent l'année 1551, l'hostilité entre le gouvernement royal et le Saint-Siège prit une forme dangereuse, Tournon apparut aux deux parties comme le seul homme capable, par son habileté diplomatique et par son crédit auprès de la Curie, de résoudre le conflit. Ses qualités le rendirent indispensable et Henri II finit par lui accorder toute sa confiance. Après avoir, en 1552, réconcilié le Pape et le Très Chrétien, Tournon prépara et fit aboutir, dans la même année, la révolte de Sienne contre les Espagnols et la protection du Roi sur cette ville[117]. Le cardinal, tombé ensuite gravement malade, ne rentra à la Cour que l'année suivante, voyageant par petites étapes et séjournant longtemps à Ferrare, à Padoue, puis à Lyon, ville dont il était devenu archevêque, en 1551, par résignation d'Hippolyte d'Este[118]. Arrivé à Paris, le 14 juin 1553, il fut dès lors un des conseillers les plus écoutés du Roi ; nommé président du Conseil privé, il reçut avec Catherine de Médicis, la régence du royaume, pendant les campagnes de 1553 et 1554. Il intervint alors dans la direction de la guerre de Toscane[119]. A l'automne de 1555, Tournon reprit la route d'Italie, en compagnie de Charles de Guise, qui allait signer la fameuse alliance de Henri II et des Carafa. Ami du cardinal de Ferrare, en bons rapports avec les Guises, de qui le rapprochaient ses idées ultramontaines et quelque rancune contre Montmorency, Tournon fut, de fait, indépendant des partis. Discret, niais singulièrement habile, il exerça une action très personnelle. Dans le groupe bigarré des hommes qui formeront plus tard la faction catholique, ce cardinal apporte une capacité originale et forte. Il fut assurément le plus adroit de ceux qui manièrent les affaires de Henri II, en Italie. Parmi les cardinaux français, Tournon se distingue par son intelligence du milieu italien. Il montra toujours un goût particulier de la littérature de ce pays, préférant, semble-t-il, les savants, les lettrés et les hommes politiques de la Péninsule. Il y jouit d'une renommée favorable : on sait qu'en 1550, .1a courtisane Tullia d'Aragona elle-même lui adressa une canzone pour implorer sa protection[120]. Le cardinal rassemblait autour de lui des serviteurs et des clients italiens, qui le renseignaient sur les affaires des petits États. Au moment où il négocia la protection de Sienne, il avait ainsi à son service le médecin siennois Giulio Vieri, lettré et compétent dans sa profession[121]. Tournon résida assez peu dans la Ville éternelle : durant le plus long séjour qu'il y fit, du 12 décembre 1549 au 21 juin 1551, date à laquelle il quitta Rome pour se rendre à Venise, le cardinal habita le palais Fieschi, ancienne résidence du cardinal Trivulzio. Dans la nuit du 23 décembre 1550, un incendie détruisit les deux tiers de ce palais ; on put sauver les meubles et la bibliothèque[122]. Quelques jours après son arrivée à Rome, Tournon avait demandé à la Reine de lui donner logis à la vigna de Médicis : Catherine, nous l'avons dit, loua cette demeure à Hippolyte d'Este[123]. Plus tard, lorsque le cardinal rentra à Rome, le 5 février 1552, Jules III lui offrit des stanze au Vatican, qu'il occupa, semble-t-il, jusqu'à son départ, qui eut lieu le 18 mai. Mais au séjour de la Ville éternelle, il préférait celui de l'Italie du Nord : Ferrare, surtout Venise et Padoue furent ses résidences d'élection. A Venise, il trouvait de grandes ressources de librairie ; de Padoue il aimait le climat et l'université que fréquentaient les étudiants français[124]. Le cardinal de Tournon fut parmi les défenseurs les plus ardents de la papauté et de l'orthodoxie catholique. On le trouve mêlé aux misérables persécutions qu'infligea Hercule d'Este à son épouse, Renée de France. Il jouit d'un crédit absolu auprès de la Curie, et, tandis que les autres cardinaux du parti français souffraient, à Rome, de la défiance qu'inspiraient leurs doctrines gallicanes, Tournon y était considéré comme dévoué, avant tout, au Saint-Siège. Je désirerais, écrivait le nonce en 1547, que Sa Sainteté pût l'avoir en ce moment auprès d'Elle, parce qu'il est, certes, homme de vaste savoir et de grande expérience, d'où je conclus qu'il lui serait très utile. Et, en vérité, il m'a toujours paru être un bon et grave cardinal, qui constamment a estimé et respecté les affaires du Siège Apostolique plus que personne autre de ce royaume[125]. Ce crédit procura sans doute le succès de ses démarches ; mais il avait aussi une force personnelle. Tournon fut, en effet, l'un des politiques les plus intelligents de son temps. Quoi qu'on pense du rôle qu'il joua sous François P' et de l'action qu'il devait exercer plus tard, au début des guerres religieuses, son intervention dans la politique extérieure de Henri II montre un esprit intéressant et solide. Il possédait la pratique de toutes les affaires, habile à négocier un emprunt comme un traité ; de plus, au contraire de tant d'esprits de la Renaissance ouverts et ondoyants et aussi de tant de politiques querelleurs et intéressés, il eut des principes, limités et partant discutables, mais qui donnèrent de l'ordre à sa conduite. Il est sans doute le seul ministre de Henri II qui ait vu clair dans la vie complexe de l'Italie et qui ait tenté d'appliquer à ce terrain un système réfléchi. Mises à part ses idées sur le rôle du Saint-Siège qu'il semble avoir considéré comme une puissance au-dessus des rivalités temporelles, Tournon suivit une politique de protection française : s'établir dans les petits Etats de la Péninsule, non par la conquête, mais par la tutelle. Cette politique, qui eût permis de refouler les forces impériales par le seul jeu de la diplomatie et sans léser les susceptibilités ou les intérêts des petits potentats, était d'autant plus facile à réaliser que les sympathies des Italiens s'adressaient alors aux Français. Mais ce procédé se heurtait aux ambitions des hommes de guerre et exigeait, dans le maniement des factions locales, un doigté que possédèrent seulement quelques agents royaux, tel Lanssac ; de plus, il y fallait employer de grandes sommes de deniers. On vit se dresser ces obstacles, dans la protection de Sienne. Quoi qu'il en soit de telles idées, Tournon obtint de très grands succès. L'année 1552, pendant laquelle il guida la politique royale en Italie, marque une période d'hégémonie incontestée pour la France. C'est lui qui, au début de cette année, négocia et signa un traité, par lequel le pape Jules III abandonnait, devant le Roi, ses prétentions politiques ; c'est lui encore qui prépara et provoqua, au mois de juillet, la révolte de Sienne contre les Espagnols. On regrette que le cardinal n'ait conservé plus longtemps la direction des affaires d'outremonts. Mais, à vrai dire, son action aurait bientôt gêné les intrigues des Guises, ses propres amis, et les menées des fuorusciti : il avait trop pâti de sa disgrâce récente, pour n'être pas tenté de se garer lui-même hors d'un terrain si brûlant. Au cours de son ministère en Italie, Tournon plaça quelques-unes de ses créatures dans les charges du Roi. Claude de la Guiche, évêque de. Mirepoix, fut nommé ambassadeur à Rome, en 1552, après que le cardinal eut réconcilié Jules III avec le gouvernement royal : c'était un agent sans grande personnalité, connu pour l'ardeur de ses sentiments ultramontains ; ces sentiments excessifs et la mollesse de son action diplomatique le firent disgracier, en 1553, quelques jours avant sa mort[126]. Plus durable fut la fortune de Dominique du Gabre, évêque de Lodève, qui était le protégé et la nourriture de Tourno[127] : ce personnage bavard, grand donneur de conseils, occupa longtemps le poste important de trésorier des armées royales à Ferrare ; il y montra une heureuse activité et Henri II le récompensa par l'ambassade de Venise[128]. Le 27 juillet 1554, le cardinal Alexandre Farnèse prit possession, à Rome, de la charge intérimaire de Protecteur de France, dépouillant ainsi le cardinal du Bellay qui l'avait occupée jusqu'alors. Le stimulant le plus actif de la politique royale en Italie pendant les premières années du règne de Henri II, fut donné par les Farnèse. Plus loin, nous étudierons les rapports qui unirent à la France les petits-fils de Paul III. Mais l'un d'eux, le cardinal Alexandre, doit figurer, en dehors de ses frères, parmi les protecteurs de la politique royale au Sacré Collège. Ce prélat fut au nombre des plus ambitieux et des moins scrupuleux. Poussé par une fortune extraordinaire, cardinal à quatorze ans, puis vice-chancelier de l'Eglise romaine à seize ans, comblé de dignités et de faveurs par son grand'père, il avait été l'ouvrier du pontificat de Paul III[129]. Le retour de Montmorency au pouvoir, lorsque Henri II monta sur le trône, empêcha d'abord Alexandre Farnèse d'exercer une action prépondérante dans la politique italienne du nouveau règne. Une rancune ancienne, née jadis au sujet de la légation d'Avignon que s'étaient disputée Odet de Châtillon et Alexandre Farnèse et que ce dernier avait finalement obtenue de la faveur de Paul III, divisait le connétable et le fameux cardinal-neveu[130]. Mais l'assassinat de Pier Luigi Farnèse, en septembre 1547, fournit à celui-ci l'occasion de se montrer l'un des plus ardents promoteurs des entreprises françaises en Italie. De concert avec Charles de Guise, il s'efforça d'entraîner le Roi dans les aventures, et le cardinal du Bellay, qu'effrayaient ses intrigues, le représentait comme un jeune et fol politique[131]. Lié par l'ambition à la famille de Guise, en relations amicales avec Piero Strozzi, qui était le favori de la Reine, et avec le maréchal de Saint-André, favori du Roi, il devint persona grata à la Cour de France[132]. Ses premiers alliés furent les Guises, par l'entremise desquels il obtint aussi la faveur de Diane de Poitiers. Il avait jadis projeté le mariage de sa sœur, Vittoria Farnèse, avec François de Lorraine. En 1548, comme nous l'avons dit, Alexandre Farnèse brigua la charge de Protecteur de France qui fut donnée au cardinal de Ferrare : Farnèse félicita son heureux rival, mais lui garda rancune[133]. D'une religion assez pieuse, protecteur fidèle de la Compagnie de Jésus, au reste prélat d'esprit cultivé, d'allure élégante et grave, Alexandre Farnèse eut pourtant des mœurs fort relâchées. En Avignon, à Rome, à la cour de France, il obtint les faveurs des dames belles et bonnes[134]. Du vivant de Paul III, il échappait la nuit à la vigilance sévère de son grand'père pour se divertir dans le Borgo San Pietro. Surpris, une nuit du mois de juin 1549, et dénoncé par Jérôme de Pise, le cardinal ne devait jamais pardonner à l'indiscret capitaine[135]. Possesseur d'innombrables bénéfices en Italie et en France, héritier, à la mort de Paul III, d'un patrimoine considérable, il fut un grand mécène et un bâtisseur prodige. L'achèvement du nouveau palais Farnèse, l'aménagement des jardins du Palatin et du Transtevere, et plus tard la construction du Gesu occupèrent ses loisirs. Hospitalier et fastueux, il offrit aux cardinaux des banquets fréquents et des chasses appréciées[136]. Caprarola, Valentano, Capodimonte et Gradoli furent ses résidences d'été favorites. Sa maison comprenait, en 1554, trois cent personnes, humanistes, artistes et clercs de toutes sortes[137]. Les principaux agents qu'il employa en France, sous le règne de Henri II, furent Giuliano Ardinghello, Montemerlo et le chevalier Tiburtio, diplomates, Giovanni Dalmatio, juriste chargé de la défense de ses intérêts devant les cours judiciaires ; enfin, le majordome Jérôme Curtio, qui administra parfois les biens fonciers de la casa Farnèse. L'exploitation des bénéfices du cardinal était confiée aux banquiers Nasi : Baccio Nasi résidait en France à telle fin[138]. Aventurier disert[139], mais fourbe, Alexandre Farnèse, parmi les grands cardinaux du parti français, représente l'influence la moins pacifique. D'une ambition cupide et toujours en éveil, envieux de toutes les charges qu'il ne possédait pas, d'ailleurs infiniment séduisant, il montra aux affaires du Très Chrétien un attachement qui fut étroitement soumis à son intérêt personnel. Il possédait un peu de cet esprit d'entreprise, dont nous verrons que furent animés les fuorusciti de Florence et de Naples, ses amis. Bientôt ingrat envers Henri II qui pourtant lui avait montré une véritable affection, Alexandre souleva, par ses intrigues, l'inimitié des autres cardinaux ; il fit échouer toutes les combinaisons du parti français dans les conclaves. Il dut son influence aux énormes richesses, aux relations et à la clientèle que lui avait procurées le long pontificat de son grand-père. De nature, c'était un homme peu franc, capable de trahir toutes les causes, selon l'occasion ou le prix, sans autre intelligence que celle des affaires et le goût des arts, et qui ne connut qu'un seul frein, dans ses entreprises, c'est à savoir la crainte de perdre les biens qu'il tenait des deux partis. Il exerça sur la politique italienne de Henri II l'action la plus fâcheuse. Tels furent les quatre chefs de la faction française, au Sacré Collège. Beaucoup d'autres cardinaux, français et italiens, figurent dans la politique de ce temps, mais ils ne servirent que de nombre, chargés de missions particulières ou conclavistes à gages ; la plupart se rangèrent parmi la clientèle des grands protecteurs. Lenoncourt, appelé le cardinal de Châlons, ne représenta en Italie que les intérêts des Guises. Parti de Saint-Germain, le 26 mai 1547[140], il passa par Ferrare le 10 juin[141], et arriva à Rome le 21 du même mois ; il logea sa famiglia au palais d'Horace Farnèse[142]. Tous ses efforts furent alors employés à préparer l'élection du cardinal Jean de Lorraine, son patron, au trône pontifical[143]. Il assista au banquet qui suivit la Sciomachie, et quitta Rome bientôt après, le 9 mai 1549, pour régler en France des affaires particulières[144] ; il devait revenir à la fin de cette année en Italie et prendre part au conclave qui élut Jules III. Lenoncourt fut, semble-t-il, l'un des protecteurs de cet évêque de Noyon, Jean de Hangest, père du concile de Trente, qui s'enfuit de Rome, au mois de juillet 1553, sans payer ses dettes[145]. Dans le parti des Guises, on peut aussi ranger le cardinal Nicolà Caetani de Sermonetta, le Sermonette de la Sciomachie, membre d'une illustre famille romaine. Ami intime du cardinal de Ferrare[146], il défendit avec sincérité la politique française. Au mois de juin 1550, il reçut en sa maison d'été le maréchal de La Marck et le duc de Nemours, ambassadeurs extraordinaires du Roi[147]. Il partit lui-même pour la France quelques mois après et joignit Henri II à Rouen, le 1er octobre, jour de l'entrée solennelle[148]. Sermonetta vécut à la Cour plus de quatre mois ; il y tomba gravement malade. Le 13 février 1551, il quitta Blois et s'achemina, par Turin, Mantoue et Florence, vers Rome[149]. Avant son départ, il avait eu occasion d'éprouver l'humeur tracassière de Montmorency. Une pension de deux mille écus sur le Trésor étant devenue vacante par la défection du capitaine Ascanio della Corgna, neveu de Jules III, le cardinal avait prié Henri II d'agréer son frère avec la même provision. Le Roi y consentit, mais il se trouva, à l'expédition des lettres, que Montmorency avait réduit la pension de deux mille écus à quatre mille livres. Le cardinal entra dans une telle colère qu'il jetait du feu[150]. Sermonetta se querella fort, en 1554, avec le cardinal du Bellay, qui tenait à Rome la Protection de France et y représentait la politique du connétable[151]. Découragé plus tard par l'échec de la campagne de Guise, en 1557, Nicolà Caetani garda assez de délicatesse pour ne pas suivre la volte-face de la Curie qui, de française, devint alors tout espagnole. Le nom du cardinal d'Armagnac apparaît assez souvent dans les lettres d'Italie. Parti de Fontainebleau le 23 septembre 1547[152], il s'embarqua à Turin, passa par Plaisance le 1er octobre[153], par Reggio le 8, par Florence le 19[154], et arriva à Rome le 26 octobre[155]. Lorsque Charles de Guise vint recevoir le chapeau et négocier un traité de ligue avec le pape Paul HI, à l'automne de 1547, Georges d'Armagnac se plaignit vivement d'être tenu en dehors des affaires qu'on préparait[156]. Il rentra en France, après le conclave de 1550. Sa vie à Rome avait été assez brillante, mais sans importance politique. Durant la guerre de Toscane, il reprit quelque influence : revenu à la Curie, le 12 juin 1554, il y resta jusqu'au mois d'août 1557[157]. Armagnac était un ami du cardinal Farnèse, mais il parut toujours au second plan, victime, semble-t-il, des Guises. Il habita dans la Ville éternelle le palais du patriarche Colonna, près de Saint-Marc[158] ; l'été, il se retirait volontiers à Lorette[159]. Plus effacée encore fut l'action des cardinaux d'Annebaut et de Meudon. Annebaut occupa la chronique romaine, pendant les années 1548 et 1549, par une infortune amusante. Arrivé à Rome le 7 novembre 1547[160], il fut excommunié quelques mois après, sur les instances du cardinal Pio, pour raison de dettes. Malgré les lettres qu'il adressa au Roi pour obtenir son congé, il dut rester à Rome sous le coup de cette excommunication qu'il supportait, au dire de ses créanciers, plus gaillardement que les Luthériens d'Allemagne[161]. Parmi les cardinaux italiens, dont le plus grand nombre étaient d'opinions fort mouvantes, il convient de nommer seulement l'archevêque de Trani, Cupi, qui assuma l'intérim de la Protection de France, après le départ de Tournon, en 1552, jusqu'à l'arrivée de Jean du Bellay, au mois de juin de l'année suivante. Vieux serviteur de la France, il éprouva beaucoup de chagrin de quitter cette charge, et il mourut le 19 décembre 1553[162]. Si divisés qu'ils soient par leurs doctrines, leurs ambitions et leurs rancunes, les cardinaux protecteurs n'en constituent pas moins un parti qui exerce sur la politique royale une influence propre. Leurs idées politiques, qui ail fond apparaissent semblables, émanent de leur état : ce sont, pour ainsi dire, idées de robes longues, où se fondent les tendances pacifiques de l'Eglise et l'aversion secrète pour la guerre des gens qui n'en peuvent avoir ni la direction ni les profits. Même les plus belliqueux, comme Alexandre Farnèse, mis en présence d'un cas de guerre, hésitent, s'arrêtent, calculent les pertes possibles, sans trouver de compensation dans les gains que la victoire procure toujours aux laïques. Aussi leurs préférences politiques s'adressent-elles au système qu'on appellerait de nos jours le protectorat, tutelle des petits États italiens, sans violences ni conflits inutiles. Par leurs richesses, leur faste et leur culture, les cardinaux qui représentaient le Roi éblouirent l'Italie. Rome, des Thermes de Dioclétien au Palatin, des jardins du Quirinal à ceux du Transtevere, offrait le spectacle d'une terre française, embellie, grâce aux largesses du Très Chrétien, par l'or venu des bénéfices de son royaume. Mais ce prestige, et parlant la force qui en résultait pour la politique française, s'affaiblirent en des rivalités déprimantes. Avec un puéril acharnement, ces cardinaux, qui servaient une même cause, se persécutèrent entre eux ; jamais, fût-ce dans les circonstances les plus graves, ils ne consentirent à soumettre leur intérêt personnel. Et les agents inférieurs, capitaines ou ambassadeurs, tombaient successivement en disgrâce, victimes de ces inimitiés. C'est pendant la grande crise italienne des années 1553 et 1554 que parurent au vif ces dissentiments. Dès le printemps 1553, Jean du Bellay, brouillé avec Hippolyte d'Este, s'efforcera de ruiner la situation de celui-ci à Sienne et se disputera, entre temps, à Rome avec le cardinal Sermonetta. Au mois de septembre 1554, le Roi ayant ordonné à Hippolyte d'Este de se rendre à la Curie, le cardinal s'y refusera, de peur d'entrer en contact avec du Bellay, et demandera qu'on remplace celui-ci à Rome par Tournon. Le souverain paraissant accéder à ce désir, aussitôt Alexandre Farnèse, brouillé avec Hippolyte d'Este et avec du Bellay, demandera congé pour quitter Rome. L'enjeu habituel de ces rivalités était la charge de surintendant des affaires du Roi en Italie[163]. Rivalités qui, de premier abord, paraissent étonnantes : l'entourage de ces princes d'Église n'était-il pas formé des mêmes lettrés ou artistes, clientèle mouvante qui passait d'une casa à l'autre, comme cet évêque Claudio Tolomei, serviteur tour à tour de Jean de Lorraine, de Jean du Bellay, d'Alexandre Farnèse et d'Hippolyte d'Este[164]. Mais, à vrai dire, plus que les détestables querelles ou les rivalités mesquines, en cette fin de la Renaissance, la mollesse paralysait les grands cardinaux. Dans les allées de leur vigna, bordées d'antiques, où murmurent des eaux profanes, parmi les fleurs et les abeilles, à l'ombre des roseaux et des cyprès, s'ouvre leur âme, heureuse d'oublier la Curie et ses lancinantes intrigues. En la Ville, où dès lors frémissent tant de nostalgies de beauté, où chaque tertre enfante un marbre, ils s'abandonnent à la volupté d'un humanisme indolent. C'est le temps où, dans ce cirque immense et désolé, que ferment les monts de la Sabine, du Latium et les collines du Viterbois, les hommes tirent sans cesse du sol des dieux et des amours. Privés de leurs adorateurs anciens, les marbres obtiennent turc fortune nouvelle : baignés par la fraîcheur et le silence des villas, ils collaborent à la quiétude des clercs. Enfin, ces cardinaux n'aimaient pas seulement les plaisirs de l'esprit. Les jouissances de la table et de la chair leur étaient précieuses. Rivaux, un festin les réconciliait : jamais il n'y eut tant de banquets en Cour de Rome. Et les prélats français joignaient à d'autres capacités un goût célèbre pour la bouteille. Rappelez-vous, écrivait le cardinal Salviati à son majordome, qu'aux Français on ne peut faire chose plus agréable que de leur offrir de bons vins[165]. Au reste, sur les mœurs de ces beuveurs très illustres, trop d'histoires seraient à conter. En février 1549, mourut à Rome la courtisane Pénélope, amie de la célèbre Tullia. L'agent florentin dépeignait à son maître la douleur que ressentirent tous les Ulysses de la Curie : Ulysses cardinaux, Ulysses abbés, Ulysses camériers, et autres Ulysses, dont je remplirais un folio[166]. Trop indolents, mus seulement par le goût et la vanité des honneurs, plus occupés de leurs querelles que de leurs fonctions, les grands cardinaux ne pouvaient opposer de résistance efficace à la poussée des passions qu'incarnaient les fuorusciti. |
[1] A. Serristori au duc de
Florence, 1549, 31 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3268, fol.
340 ; orig.).
[2] Le cardinal du Bellay au
connétable, 1548, 26 mars, Rome (G. RIBIER, op. cit., t. II, pp.
123-124).
[3] Giac. Soranzo au doge de
Venise, 1555, 14 mai, Melun (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 1a ; orig.).
[4] Le nonce au cardinal Farnèse,
s. duc [1540], 20 décembre, Lyon (Arch. Vatic., arm. VIII, ordo 1a, vol. V, fol. 57 et suivants ;
orig.).
[5] Bon. Ruggieri au duc de
Ferrare, 1548, 31 mars, Rome (Arch. d'Etat de Modène, ambasciatori, Roma ;
orig.).
[6] Alvarotti au duc de Ferrare,
1348, 11 avril, Sens (Arch. de Modène. estero, Francia ; orig.).
[7] L'évêché de Bayeux, de douze
paille francs d'entrées, fut donné à un fils de
M. d'Humières ; l'abbaye de Périgueux, de huit mille francs
d'entrées, à un neveu du maréchal de Saint-André ; l'abbaye de Saint-Victor, du
six mille francs d'entrées, à l'évêque de
Béziers, frère de Piero Strozzi ; enfin une autre abbaye, de trois ou quatre
mille francs, à Hieronimo Dandino, ancien
nonce. G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 21 avril, Sens (Arch. d'Etat de
Mantoue, amb. Francia ; orig.).
[8] S. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1547, 1er avril, Paris, et 1548, 2 avril, Melun (Arch. de Modène, loc.
cit. ; orig.). Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1548, 2 avril,
Fontainebleau : raconte avec complaisance l'honneur que lui a fait le Roi
(Arch. de Modène, Principi estensi, Ippolito II ; orig.). Fr. Vinta au duc de
Florence, 1545, 4 mai, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3101, fol.
1123 v° ; orig.).
[9] Mémoires-journaux de Guise,
pp. 214-215.
[10] P. NORRES, La guerra di Paolo IV
contro gli Spagnuoli, p. 28.
[11] A. VENTURI, Ippolito II di Ferrara in
Francia (Rivista Europea, 1881, fasc. I).
[12] Sources supr. cit., et
A. CHENEVIERE,
Bonaventure des Périers, p. 46 ; L. DIMIER, Le Primatice, pp.
62-63 ; Catalogue des actes de François Ier.
[13] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1517, 31 mars, Rambouillet (Arch. d'Etat de Modène, amb. Francia ;
orig.).
[14] Fr. Vinta au duc de Florence,
1547, 3 mai, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3101, fol. 493 ; orig.).
[15] Hier. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547, 2 avril, Saint-Germain (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol.
325 ; orig.).
[16] Fr. Giustiniani au doge de
Venise, 1547, 20 avril, Poissy (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg.
3 ; orig.).
[17] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 9547, 29 mars-2 avril, Rambouillet, Saint-Germain (Arch. Vatic., Nunz.
Francia, t. II, fol. 317-325 ; orig.).
[18] Le cardinal Salviati au duc de
Florence, 1547, 11 octobre, Ferrare (Arch. de Florence, Mediceo, filza 611,
fasc. 2 : orig.).
[19] G. B. Ricasoli au duc de
Florence, 1547, 21 novembre, Melun (Arch. de Florence, Mediceo, 4599, fol. 365
et 373 ; orig.).
[20] G. B. Ricasoli au duc de
Florence, 1547, 18 septembre, Melun (Arch. de Florence, loc. cit., fol. 244 ;
orig.).
[21] Aux revenus de cette charge,
le cardinal joignit ceux de ses bénéfices en France, qui montaient à
quatre-vingt mille livres. G. Soranzo au doge de Venise, 1555, 14 mai, Melun
(Arch. d'Etal de Venise, Dispacci, Franza, filza 33 ; orig.).
[22] Voyez plus haut, chap. II.
[23] Hippolyte d'Este au duc de
Ferrare, 1548, 26 septembre, Lyon (Arch. de Modène, estero, Francia : orig.).
L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1548, 24 septembre, Lyon (Arch. Vat.,
arm. VIII. ordo 1a, t. V, fol. 275, v° 3 orig.). A. Serristori au duc de
Florence, 1548, 28 septembre, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 261
; orig.).
[24] Alvarotti au duc de Ferrare,
1547, 7 janvier, la Ferté-Milon (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).
Hippolyte d'Este à Bendidio, 1552, 8 mars, Ferrare (Arch. de Modène, reg.
lettere Ippolito II, 1551-1552 ; orig.). — Le cardinal S. George, légat, y
logea en 1553. P. Santa Croce au cardinal del Monte, 1553, 17 août, Compiègne
(Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, vol. 178 : orig.).
[25] L'évêque de Ceneda au cardinal
Farnèse, 1549, 17 mars, Poissy (Arch. d'Etat de Naples, Carte Faines., fascio
751, fasc. C. ; orig.).
[26] Alvarotti au duc de Ferrare ;
1549, 8 mai, Paris (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).
[27] Hippolyte d'Este au duc de
Ferrare, 1549, 26 mai, La Verpillière (Arch. de Modène, Principi Estensi,
Ippolito II ; orig.). L'abbé Rossetto au duc de Ferrare, 1549, 5 juin, Rome
(Arch. cit., ambasciatori Roma ; orig.).
[28] Voici l'itinéraire du cardinal de Ferrare, depuis
l'avènement de Henri II jusqu'à son arrivée à Rome, d'après sa correspondance
conservée aux Arch. de Modène.
1547. |
31 mars. |
Rambouillet. |
1er mai. |
Rueil. |
|
11 mai. |
Saint-Germain. |
|
23 mai. |
Paris. |
|
11 juillet. |
Saint-Germain. |
|
18 juillet. |
Chaalis. |
|
3 août. |
Château-Thierry. |
|
2 septembre. |
Compiègne. |
|
14 septembre. |
Fontainebleau. |
|
Septembre, octobre, novembre, décembre. |
id. |
|
1548. |
Janvier, février, mars, avril. |
Fontainebleau. |
7 mai. |
Meudon. |
|
Mai-juin. |
Meudon. |
|
19 juillet. |
Beaune. |
|
23 juillet. |
Mâcon. |
|
9 août. |
Bramans. |
|
18 août. |
Poirino. |
|
15 septembre. |
Heyrieux. |
|
22 septembre. |
Lyon. |
|
1er octobre. |
Lyon. |
|
20-21 octobre. |
Moulins. |
|
29 octobre. |
Sauserre. |
|
5 novembre. |
Montargis. |
|
29 novembre. |
Saint-Germain. |
|
1549. |
Janvier. |
Saint-Germain. |
12 janvier. |
Brie-Comte-Robert. |
|
28 janvier. |
Saint-Germain. |
|
Février-mars. |
id. |
|
27 mars-18 avril. |
Chaalis. |
|
5 mai. |
Saint-Germain. |
|
26 mai. |
La Verpillière. |
|
3 juin. |
Santo-Andrea. |
|
7 juin. |
Casale. |
|
12 juin. |
Brescello. |
|
4 juillet. |
Pesaro. |
|
7 juillet. |
Urbin, Gualdo, Foligno. |
|
13 juillet. |
Rome. |
On
complétera cet itinéraire avec les
mentions citées ailleurs et, plus bas.
[29] Hippolyte d'Este au duc de
Ferrare, 1519, 15 juillet (Arch. de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ;
orig.).
[30] Buonanni au duc de Florence,
4439, octobre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3268, fol. 456 ;
orig.). — Cesano était le premier secrétaire et le confident d'Hippolyte
d'Este. — Voyez plus bas, livre II, ch. I.
[31] A. SOZZINI, Il successo delle
rivoluzioni di Siena, p. 457.
[32] F. DECRUE, La politique de Calvin
(Genève, 1910, 8°).
[33] Buonanni au duc de Florence,
1549, 3 septembre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3268, fol. 355-356
; orig.).
[34] Hippolyte d'Este au duc de
Ferrare, 1549, 22 avril, Chaalis : il envoie à Rome Boccabella, son majordome,
pour louer et préparer les case Orsini de Montegiordano (Arch. de Modène, Pr.
Estensi, Ippolito II ; orig.). Le cardinal Cornelio au duc de Florence, 1549,
12 janvier, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3719, fol. 1 ; orig.).
[35] A. Serristori au duc de
Florence, 1550, 26 février, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3269, fol. 581 v°
; orig.).
[36] A. Serristori au duc de
Florence, 1550, 31 mars, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3269, fol. 18 ;
orig.).
[37] A. Serristori au duc de
Florence, 1550, 17 mars, Rome (Mediceo, 3269, fol. 695 ; orig.). J. Alvarotti
au duc de Ferrare, 1550, 2 avril, Paris (Arch. de Modène, estero, Francia ;
orig.).
[38] Alvarotti au duc de Ferrare,
1550, 29 janvier, Melun (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).
[39] Julio Grandi au duc de
Ferrare, 1550, 16 juillet, Rome (Arch. de Modène, ambasciatori, Roma ; orig.).
[40] BOISSARD, Topographia Urbis Romæ,
1a
pars, p. 94 ; R. LANCIANI, Storia degli scavi di Roma, t. III, pp. 186 et
suivantes.
[41] FR. BULGARINI, Noticie intorno
all'antichissima città di Tivoli, p. 72 ; A. BERTOLOTTI, Artisti francesi in Roma
nei secoli XV, XVI e XVII ; R. LANCIANI, op. cit., t. II, pp.
110 et suivantes. — Parmi les nombreuses descriptions, voyez surtout celle du sr de Villamont, souvent citée
(entre autres p. AUBERY, Histoire des cardinaux, t. III, p. 596).
[42] Hippolyte d'Este à
Montmorency, 1550, 13 septembre, Tivoli (Bibi. Nat., ms. fr. 3137, fol. 33 :
orig.) ; le même au duc de Ferrare, 1550, 17 septembre, 11 octobre, 25 octobre,
Tivoli (Arch. de Modène, Pr. Estensi, Ippolito II ; orig.). J. Grandi au duc de
Ferrare. 1550, 22 octobre, Rome (Arch. de Modène, ambasc., Roma ; orig.).
[43] Henri II au maréchal de La
Marck, 1550, 10 juin, Saint-Germain-en-Laye (copie collat.) ; Hippolyte d'Este
au Roi, 1550, 6 juillet, Rome : très vexé il revendique la surintendance qu'on
lui a promise (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.). — Ce conflit éclata avant
l'affaire de lady Flaming : le Roi était encore sous l'influence de
Montmorency.
[44] Buonanni au duc de Florence,
1549, 3 août, Rome (Arch. de Florence Mediceo, 3268, fol. 263 v. ; orig.).
[45] Comptes d'Hippolyte d'Este
(Arch. de Modène). A. Serristori au duc de Florence, 1552, 6 avril, Rome
(Mediceo, 3271 ; orig.). Niquet figure dans toutes les correspondances
diplomatiques du temps. Cf. FL. VINDRY, Les ambassadeurs
permanents au XVIe siècle, p. 54.
[46] Dans les comptes, G. Cesano
figure toujours en tête de la famiglia.
[47] Vita di B. Cellini, éd.
O. Bacci, p. 247.
[48] Comptes d'Hippolyte d'Este.
[49] Aux rares documents connus sur
ce procès, nous pouvons ajouter le suivant, que nous croyons inédit. Fr. Babbi
au duc de Florence, 1552, 22 juillet, Ferrare (Mediceo, 2884, à la date ;
orig.). — Sur les Buonaccorsi, voyez Catalogue des actes de François Ier,
et les travaux cités de M. E. Picot.
[50] Alvarotti au duc de Ferrare,
1547, 7 mars, Paris, et 1540, 19 avril, Paris (Arch. de Modène, estero. Francia
: orig.). Le cardinal de Ferrare au duc de Florence, 1552, 21 mai, Ferrare :
recommande Lanfredini (Arch. de Florence, Mediceo, 3721, fol. 172 : orig.).
[51] Alvarotti au duc de Ferrare,
1551, 2 janvier, Blois (Arch. de Modène, estero, Francia, orig.).
[52] Instructions et lettres de
recommandation (Arch. de Modène, reg. lettere Ippolito II, 1551-1552, non fol.
; reg. orig.).
[53] Lettres de naturalité
octroyées au sr Scipione de Piovene, natif de Vicence en Italie, escuyer d'escuyrie ordr. du Roy, contenans permission et
octroy d'accepter et posséder par luy bénéfices en ce royaume jusques à IIIIm
l. t. de revenu par chacun an : 1555, juin, Fontainebleau (Arch.
Nat., X1a 8620, fol. 111 ; enreg.). Alvarotti au duc de Ferrare,
1553, 2 mars, Paris (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.). Le 6 octobre
1555. Henri II recommande au duc de Mantoue Scipion de
Piovene qu'il envoie en Italie pour y recouvrer
ung nombre de chevaulx des plus beaufs (Arch. d'Etat de Mantoue,
Principi, Francia : orig.).
[54] Voyez ses lettres, qui sont
conservées à Modène et au Vatican, citées passim.
[55] Comptes de vendanges et de
frais viticoles (Arch. de Modène, reg. 1544-1547, fol. 163 et suivants ; reg.
orig.).
[56] Comptes et instrumenta
du cardinal (Arch. de Modène, reg. 1544-1547, fol. 163 et suivants ; reg.
orig.).
[57] Alvarotti au duc de Ferrare,
1550, 8 juin, Poissy (Arch. cit., estero, Francia : orig.).
[58] CH. DEJOB, Marc-Antoine Muret, p.
135.
[59] Alvarotti, 1549, 6 mai, Poissy
(Arch. cit. ; orig.).
[60] Le cardinal de Ferrare au duc
de Florence, 1551, 3 mars. Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3720, fol.
35-36 ; orig.).
[61] Les comptes du cardinal
montrent qu'on jouait fort de son temps, en particulier à la Cour de France.
Voici, par exemple, une mention de perte : A di 7 di
marzo [1547], in Santo Germano a Laye, perse S. S. Rma scudi cento cinquanta d'oro moro, li qualli havea pigliato in
presto da M. della Megliere, che io non vi era, e cosi gelli restitui. Compte de Thom. Mosti,
1544-1547, fol. 12 v° (Arch. de Modène). Aux folios suivants, recettes de jeu.
[62] Le cardinal de Ferrare au duc
de Florence, 1553, 18 juillet, Sienne (Arch. de Florence, Mediceo, 3721, fol.
691 ; orig.).
[63] Sur les du Bellay, voyez les
savants travaux de M. V.-L. Bourrilly.
[64] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1540, 31 décembre, Melun (Arch. Val., Nunz. Francia, t. II, fol. 142).
Cette haine s'adoucit sans doute, comme le laisse à penser la lettre de
Alvarotti écrite le 31 janvier 1547, de Blois (Arch. de Modène, estero, Francia
; orig.).
[65] L'ordre du Conseil établi par
Henri II, 1547, 2 avril, Saint-Germain (G. RIBIER, op. cit., t. II, pp.
1-2).
[66] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547, 8 avril, Paris (Arch. Vat., min. VIII, ordo 1a, t. V, fol. 463 et suiv. ;
orig.).
[67] A. PIEPER, Zur Enstehungsgeschichte
der ständigen Nuntiaturen, p. 193.
[68] Fr. Giustiniani au doge de
Venise, 1547, 2 mai, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ;
orig.).
[69] Fr. Giustiniani au doge de
Venise, 1547, 20 mai, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ;
orig.).
[70] Fr. Giustiniani au doge de
Venise, 1547, 27 juillet, Reims (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg.
3 ; orig.). A. Serristori au duc de Florence. 1547, 23 juin, Rome (Arch. d'Etat
de Florence, Mediceo, 3464, à la date ; minute).
[71] Henri II au duc de Ferrare,
1547, 31 juillet, Rosay (Arch. de Modène, Enrico II : orig.). Hippolyte d'Este
au duc de Ferrare, 1547, 3 août, Château-Thierry (Arch. de Modène, Ippolito Il,
orig.). — J. du Bellay suivit l'itinéraire habituel : Lyon, Turin (embarquement
sur le Pô), Plaisance, Ferrare. Marches, Ombrie. Rome (cf. voyages supr. cit.
de Ch. de Guise et d'Hipp. d'Este). On sait que Rabelais fut peut-être de ce
voyage.
[72] A. Serristori au duc de
Florence, 1547, 28 septembre, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3464, à la date
: minute). — G. Ribier (op. cit., t. II, p. 51) publie une lettre de J.
du Bellay, datée 13 août 1547, Rome : c'est 13
octobre qu'il faut lire au reste, on constate que les autres lettres de Rome,
août 1547, portent les seules signatures de Lenoncourt, Boulogne et Trivulzio.
[73] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1548, 2 avril, Melun (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.). G.
Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 21 avril, Sens (Arch. d'Etat de Mantoue,
amb. Francia ; orig.).
[74] Voyez l. II, ch. I.
[75] Le cardinal de Farnèse à
l'évêque de Ceneda, 1548, [février] (Arch. Vat., Borghèse, I, 3, fol. 125 v.).
L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse. 1548, 21 février, Melun (Arch. Vatic.,
arm. VIII. ordo 1a, t. V, fol. 224).
[76] Voyez l. II, ch. I.
[77] A. HEULHARD, Rabelais en Italie,
pp. 261-281 : L. ROMIER, Jacques d'Albon de Saint-André, pp. 411-413.
[78] On peut reconnaître assez
sûrement les symptômes de ces maladies, dans les mentions fréquentes qu'en
fournit la correspondance de Serristori, agent florentin à Rome.
[79] Le duc de Ferrare à Jean du
Bellay, 1549, 27 novembre (Arch. d'Etat de Modène, cardinali Bellay. carteggio
restituito ; minute).
[80] Voyez l. II, ch. I.
[81] Scipione Gabrielli à la Balia de Sienne, 1549, 26 décembre, Rome (Arch.
d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCVII, 88 ; orig.).
[82] B. Buonanni au duc de
Florence, 1550, 21 juillet-6 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo,
3269, fol. 235 et 273 v° ; orig.).
[83] Le cardinal du Bellay au duc
de Florence, 1550, s. d, Scarperia : ... Jay baillé
l'estat de ma malladie à ced. porteur par ung mémoyre que me a faict ung vieil
bon homme de médecin que j'ay trouvé cy alentour, duquel j'ay esté bien
secouru. Mais pour ce que je suys en lieu où je ne puis avoyr tout ce qui me
seroyt nécessayre pour ma guérison, je vous supplye commander à quelqu'ung de
voz meilleurs médecins qu'après avoir veu le mémoire susd., il me vienne trouver
en ce lieu pour ayder à l'autre... De
Lescarperie, ce sabmedi matin. (Arch. de Florence, Mediceo, 3719, fol.
763 ; orig. autog.). Le même au même. 1550, 31 juillet, Scarperia : Dieu scayt si tous voz serviteurs m'ont icy, chacun endroict
soy, falot cognoistre qu'ilz cognoissoyent l'intention de leur maistre, et si,
entre aultres, me y estait nécessaire le soin, scavoir et prudence de vostre
premier médecin... Il remercie également la duchesse et annonce qu'il va
se mettre en chemin (Arch. cit.. Mediceo, 3719, fol. 705 ; orig. autog.). — La
nouvelle de cette maladie parvint à Rome, le 2 août. Claudio Ariosti au duc de
Ferrare, 1550, 2 août. Rome : il dit que Du Bellay est soigné par tre medici spetiali du duc de Florence et que il caso suo è periculisissimo. Cf. Julie Grandi au
même, 1550, 2 août, Rome (Arch. de Modène, ambasciatori, Roma : orig.).
[84] L. Capponi au duc de Florence,
1550, 11 décembre, Blois (Arch. de Florence, Mediceo, 4593, fol. 35 v° ;
orig.). — A peine arrivé en France, J. du Bellay fut de nouveau la proie de griefve maladie, comme il l'annonce lui-même au duc
de Florence, 1551, 12 mai, Saint-Maur (Mediceo, 3720, fol. 79 ; orig. autog.).
[85] Voyez livre III.
[86] Hercule Strozzi à la duchesse
de Mantoue, 1552, 9 mars, Reims (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasc. Francia ;
orig.).
[87] On peut comparer à la relation
de Rabelais celle qu'adressa B. Buonanni au duc de Florence, 1549, 7-14 mars,
Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3368, Fol. 719-720 et 748 suivants :
orig.). L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 10 avril, Poissy (Arch.
d'Etat de Naples, Carte Farnes., fasci. 751. fasc. C ; orig.). — L'agent
Schifanoia porta à Rome la nouvelle de la naissance du duc d'Orléans et fit au
Roi et à la Reine, à son retour, le récit de la Sciomachie. G. Corregrani au
duc de Mantoue, 1549, 3 février, Poissy (Arch. de Mantoue, amb. Francia ; orig
). — Sur l'accouchement de la Reine, Corregrani donne des détails pittoresques,
1549, 3 février, Poissy (Arch. cit.).
[88] B. Buonanni au duc de
Florence, 1549, 21 juillet, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3268, fol. 262 v.
; orig.).
[89] L. ROMIER, Les premiers représentants
de la France au palais Farnèse (Mél. d'arch. et d'histoire, t. XXI,
p. 26).
[90] J.-J. BOISSARD, Romanæ Urbis topographiæ....,
I, 90 : A. HEULHARD, Rabelais en Italie, p. 74 et passim ; R. LANCIANI, Storia degli scavi di Roma,
t. II, pp. 138 et suivantes. — Inventaire des antiquités publié par L. CLÉDAT, ap. Courrier de l'art,
1883, pp. 99-206, et A. BERTOLOTTI, Artisti francesi in Roma
net secoli XV, XVI e XVII, pp. 40 et suivantes.
[91] Le 4 avril 1550. Jules III
donne licence au cardinal du Bellay (Arch. Vatic., Divers. Camer., arm. XXIX,
vol. 161, fol. 105 ; reg. orig.).
[92] Le cardinal du Bellay au duc
de Florence, 1551, 12 mai, Saint-Maur : Vostre
ambassadeur estant près du Roy... a dict à mon
agent à la court qu'il vous avoyt pieu ordonner à vostre maistre d'hotel qu'il
feist faire toute extrême diligence de faire retirer de mer une grande piecze
de porphire que l'an passé les coursaires ostèrent à mes gens ou canal de
Plombin et misrent le navire à fondz. Je n'eusse esté si presurnptueulx de vous
faire ceste requeste, encores que par aultre moyen que par le vostre je ne
puysse recouvrer la dicte piecze. (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo,
3720, fol. 79 ; orig. autog.).
[93] Il quitta Rome pour
Monterotondo, le 4 septembre 1548. A. Serristori au duc de Florence, 1548, 5
septembre, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 217 ; orig.).
[94] En décembre 1548, il séjourna
à Porto ; il rentra à Rome, le 29 décembre. A. Serristori au duc de Florence,
1548, 30 décembre, Rome (Mediceo, 3267, fol 409 ; orig.).
[95] C. Titio au duc de Florence,
1553, 13 décembre, Rome (Mediceo, 3272, fol. 426 ; orig.). C'est dans le
consistoire du 11 décembre 1553 que du Bellay reçut l'évêché de Porto. Marchio
Valerii au cardinal Farnèse, 1553, 11 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples,
Carte Farnes., fasci nuovi IX ; orig.). Il était auparavant évêque d'Albano,
depuis le 28 février 1550. Concilii Tridentini diariorum pars secunda,
éd. S. Merkle (Fribourg en Brisgau, 1911, in-4°), p. 158.
[96] A. HEULHARD, op. cit., p. 341-342.
[97] Le cardinal du Bellay au duc
de Ferrare, 1554, 28 avril, Rome : Passant
dernièrement par Ferrare... vous me feistes
offre de me secourir là où, estant par decza, j'auroye à faire d'argent. Depuis
ceste heure là je n'en ay eu nul besoing jusques à maintenant, pour le faict
qui s'ensuict. La Royne me donna et céda, il y a environ six ans, tout le
droict qu'elle povoit prétendre sus les paludes pontines qui par Terracine
entrent en la mer. J'ay tant employé de temps, de paine et d'argent à
l'esclaircissement dud. droict que maintenant mes parties se voyants pour à la
fin succomber m'offrent de nie quicter tant la propriété que la possession
d'icelles pour la somme de six mil escuz comptants, laquelle facilement je ne
puys fournir de moy mesures pour la grande des-pence que je suys icy contreunct
faire pour le service du Roy. Et, sans grant mistère et comme une déclaration
de nécessité, je ne la puys icy emprunter, pour estre toutes les bourses des
bancquiers florentins par le duc de Florence fermées en ce que peult reguarder
le Roy et ses ministres, et à aultres bancquiers n'avons icy communication ne
guères de cognoissance. S'il vous plaisoit, Monseigneur, me faire prester lad.
somme pour ung an, je vous en donneroye, oultre ma foy et mon honneur, toute
telle seurté qu'il vous plairoit adviser et que vostre ambassadeur estant icy
verroit estre bonne. J'ay en France pour cinquante mil escuz d'héritaige et icy
pour dix mil de meubles, et en ma compagnye ay des évesques et abbez, aussi
quelques gentilzhom mes bien héritéz, qui tous nous y obligerons...
(Arch. dé Modène, cardinali, Bellay ; orig.).
[98] 1553, 6 mai.
Saint-Germain-en-Laye (Arch. dép. du Rhône, B, Sénéchaussée, Livre du Roi
1532-1559, fol. 206 ; insinuation).
[99] A. Serristori au duc de
Florence, 1553, 18 avril, Rome (Mediceo, 3272, fol. 59 ; orig.). Cf. E. PICOT, Les Français italianisants,
I, 102.
[100] A. Serristori au duc de
Florence, 1549, 22 août, Rome (Mediceo, 3268. fol. 307, orig.).
[101] Le cardinal du Bellay à
Montmorency, 1549, 28 janvier, Rome, p. p. DRÜFFEL, Beiträge zur
Reichsgeschichte, I, 196.
[102] Loc. supr. cit.
[103] Le cardinal du Bellay à
Saint-André, 1549, 10 juin, Rome, p. p. L. ROMIER, Jacques d'Albon de
Saint-André, pp. 411-413.
[104] L'évêque d'Imola au cardinal
Farnèse, 1547, 15 avril, Saint-Germain-en-Laye (Arch. Vatic.,
Nunz. Francia, t. II, fol. 325).
[105] DRÜFFEL, Beiträge, t. I, p. 78.
[106] F. Giustiniani au doge de
Venise, 1547, 10 avril, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3
; orig.).
[107] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547, 31 mars, Rambouillet (Arch. Vatic., Nunz. Francia. t. II, fol.
318-320). Relevé des nouvelles envoyées par M. de S. Mauris, 1547, juin (Arch. Nat..
K 1486, n° 59).
[108] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547. 15 avril, Saint-Germain (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II,
fol. 314 vo). F. Giustiniani au doge de Venise, 1547, 2 mai, Paris (Arch.
d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.).
[109] Pour la charge de chancelier
de l'ordre, voyez plus haut, ch. II. J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 5
avril, Paris (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).
[110] G. B. Ricasoli au duc de
Florence, 1547, 15 septembre, Melun (Arch. d'Etat de Florence. Mediceo, 4592,
fol. 237 vo ; orig.).
[111] G. B. Ricasoli au duc de
Florence, 1547, 5 septembre, Paris (Arch. cit., Medicco, 4592, fol. 217 v° :
orig.). Sur l'affaire d'Oppède, voyez livre IV. Bon. Ruggieri au duc de
Ferrare, 1547, 6 août, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).
[112] Alvarotti au duc de Ferrare,
1547, 5 avril. Paris (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).
[113] Alvarotti au duc de Ferrare,
1543. 28 janvier, Melun (Arch. cit. ; orig.).
[114] Alvarotti au duc de Ferrare,
1549, 2-25 octobre, Compiègne, Paris (Arch. cit. : orig.).
[115] Hercule Strozzi au duc de
Mantoue, 1549, 3 novembre, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ;
orig.).
[116] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1551, 8 janvier, Blois (Arch. de Modène, estero, Francia : orig.).
Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1551, 11 février, Rome (Arch. de Modène.
Principi Estonsi. Ippolito, II ; orig.).
[117] Voyez livres II et III.
[118] Bulle de Jules III confirmant
la résignation de l'archevêché de Lyon au profit du cardinal de Tournon, 1551,
10 kal. maii, Rome (Arch. Vatic., Bull. Jul. III, t. XXXVI, 195-198).
[119] Voyez l. III.
[120] E. PICOT, Les Français italianisants
au XVIe siècle, t. I, pp. 105 et suivantes.
[121] Tournon recommande ce
personnage aux Huit de Sienne, 1553 (?) 19 mars (Arch. d'Etat de
Sienne, Lettere alli Otto sopra la querra, I, 92 ; orig.).
[122] B. Buonanni au duc de
Florence, 1550, 23 décembre, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3269, fol. 525 ;
orig.).
[123] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1550, 22 janvier, Melun (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.). La
casa de' Medici est aujourd'hui le palais
Madame.
[124] Voyez l. II et III. Au sujet
des étudiants Français à Padoue, Pandolfini écrit au duc de Florence, 1547, 6
août, Venise : Alcuni scolari in Padova hanno forzato
la casa di certi Franzesi, gentilhomini et molto nobili, et ne ammazzorno tre
et poi li ribborno, et la cagione dicono essere state, per differentie nate tra
loro nal creare il rettore dello Studio. (Arch. de Florence, Mediceo,
2967, fol. 633 ; orig.).
[125] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547, 2 avril, Saint-Germain (Arch. Vatic. Nunz. Francia, t. II, fol.
324 v°). Tournon reçut l'évêché de Tusculum, dans le consistoire du 28 février
1550. Concilii Tridentini diariorum pars seconda, p. 158.
[126] Voyez l. III.
[127] Le cardinal de Ferrare le
nomme : Nurritura di Mons. Rmo Tornone et mio amicissimo. (1553, 22 septembre, Sienne). (Arch. d'Etat de Florence,
Mediceo, 3724, fol. 756 ; orig.).
[128] Voyez A. VITALIS, La correspondance
politique de Dominique du Gabre, passim. Du Gabre mourut le 1er février
1558, à Paris. J. Alvarotti au duc de Ferrare. 1558, 1er février, Paris (Arch.
d'Etat, de Modène, Francia ; orig.). Le nom d'Hercole,
que portait son fils naturel, laisse supposer que cet enfant était né à
Ferrare.
[129] Il n'existe aucun ouvrage
intéressant sur ce personnage. On peut lire un court mémoire de C. TRASMONDO FRANGIPANI DI MIRABELLO, Memorie sulla vita del
cardinale Alessandro Farnese. Cf. surtout la bibliographie du pontificat de
Paul III, entre autres les travaux de L. Pastor.
[130] H. Dandino au cardinal
Farnèse, 1547, 4 mai (Arch. Vatic., arm. VIII. ordo 1a, t. V, fol. 172 et suivants).
Sur les origines du conflit, voyez F. DECRUE, Anne de Montmorency,
t. I, p. 390-391.
[131] Jean du Bellay à Montmorency,
1547, 26 novembre, Rome (DRÜFFEL, Beiträge, t. I, p.
77).
[132] Le cardinal Farnèse au duc
d'Aumale, 1547, 23 août, Rome ; le même à Piero Strozzi, 1547, 24 août, Rome ;
le cardinal de Guise au cardinal Farnèse, 1518, 21 février, Fontainebleau (Arch.
d'Etat de Parme, Carteggio Farnesiano, Francia et Roma min. et orig.). Le 10 mars
1548, Saint-André écrivait au cardinal Farnèse pour le prier d'appuyer la
sécularisation de l'abbaye de l'Île-Barbe ; le 13 mai 1548, il lui recommande
son oncle, M. de Lustrac, pourvu de l'évêché de Périgueux (Arch. cit., Francia
; orig.).
[133] Le cardinal Farnèse au
cardinal de Ferrare, 1548, avril (Arch. Vatic., Borghèse, I, 3, fol. 396 ; cop.
XVIe s.). Fr. Viola au duc de Florence, 1548, 4 mai, Milan (Arch. d'Etat de
Florence, Mediceo, 3101, fol. 1123 v° ; orig.).
[134] Voici, par exemple, une lettre
adressée au cardinal Farnèse par une dame d'Avignon.
Marguerite de Levis (?), le 1er juillet 1558 : Monsieur, Estant revenue du pays de Guasconie, ey treuvé en
ceste ville une lettre vostre acompaignée de deux Peres de grenains pour ma
pention, desquelz très humblement vous inertie. Je vous donne à palmer, puisque
le présent m'a esté agréable, pour combien je l'eusse tenu plus chair m'aiant
esté baillé de la main de eelluy que plus extime et honnore en ce monde, y
estant par tant et tant d'occasions obligée que je ne puis si n'est dire que
très humble servante m'y veulx je desdier. Je n'estimeray ma vye que trop
heureuse si tant de bien m'est donné de Dieu : c'est au moyen, une fois avant
finir niez jours, baizer une de vous mains et vous racompter la peyne et annuy
qu'ay santeu et sens pour l'absence voustre, voiant que mon principal heur est
pour un temps hors de la présence miene, à quoy il ne se l'omit donc estonner
si suis en continuel désir de vostre venue et priant Nostre Seigneur que soict
toust et en bonne santé. Monsieur, je larray toutes ses saigesse.s qui ne sont
guieres uzitées en mon esprit, comme par le passé lavés aperceu, pour vous dire
ung miracle qu'est venu à Monseigneur le vice-légnat. Le jour de Sainct-Pierre,
l'évesque de Larye donna à disner aud. vice-léguat et à tout plain de dames et
à moy, là où le vice-léguat danssa une gualharde le plus dispostement qu'il
estoit poussible avecques Madaelle de Montfaulcon pour entretenir les amytiés
ancienes qui estoient entre eulx, desquelles ay veu autreffois leur en avez
faict la guerre, et lo seigneur évesque de Larye avecques Madaelle de La
Brugnière que treuve aultant belle et à son gré qu'il y en aie dans la ville.
Et vous, noustre bon seigneur, denierés à jouyr d'une infinité de belles et
plus belles dames qui soient soubz la cape du siel. Et celles qui vous revèrent
et honnorent en ce pays de dessa, fault que dient : Pasientia, poy que altre
non se posse per adesso. Je m'obliès vous mander qui est le serviteur de
Madaelle de Lers : est messer Marc, à faulte d'autre. Sy pas trop presomptueuse
ne me voilés nommer, je vous supplieray très humblement comander à quelc'ung de
vos secrétaires me mander quelqueffois de vous nouvelles... (Arch.
d'Etat de Parme, Carteggio Farnes, Francia ; orig.). Les Carte Farnes.
de Naples contiennent aussi des billets de ce genre.
[135] A. Serristori au duc de
Florence, 1549, 29 juin, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, fol. 226 ; orig.).
[136] Voyez la chronique de Rome
adressée au duc de Florence par l'ambassadeur Serristori et le secrétaire
Buonanni (Mediceo, 3464-3469 orig.). Cf. budget du cardinal Farnèse pour
l'année 1548 (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 1337 ; orig.).
[137] Rotolo de' familiari
presenti dell'Illmo
et Rmo cardinal Farnese, fatto questo
di, primo d'agosto MDLIIII
(Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 400 ; orig.).
[138] La correspondance de ces
personnages se trouve à Naples et à Parme. Cf. le Rotolo de' familiari supr.
cit. Ardinghello était Florentin et portait le titre de ce thesaurarius
Provinciæ Marchiæ (Arch. Vatic., Brev. Pauli III, t. XXXXII, fol. 324 ;
minute. — 9 juillet 1548). Montemerlo de Montemerlo, rector curæ S. Johannis Baptistæ della Varola dioc. Cenetensis
(Arch. Vat., Brev. Pauli III, t. XXXX, fol. 329). Sur Dalmatio, voyez des lettres
de lui ap. Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1910. — Cf. A. CARO, Lettere scritte al nome
del cardinal Farnese, passim, et M. STEBZI, Studi sulla vita e sulle
opere di Annibal Caro (Atti e Mem. della R. O. di storia patria per le
provincie delle Marche, n. série, t. V, pp. 74-199). Baccio Nasi,
Florentin, était parent du poète Luigi Alamanni. B. Nasi au cardinal Farnèse,
1555, 18 nov., Paris (Arch. d'Etat de Parme. Francia : orig.).
[139] Il disait volontiers : Ornate munus verbis.
[140] G. B. Ricasoli au duc de
Florence, 1547, 3 juin. Saint-Germain (Mediceo, 4592 (1),
fol. 39 v° ; orig.). H.
Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 30 mai, Paris, au sujet de Lenoncourt (Arch.
Vatic., arm. VIII, ordo 1a, t. V, fol. 83 v°).
[141] A. Serristori au duc de
Florence, 1547, 13 juin, Rome (Mediceo, 3464 ; minute).
[142] Bon. Ruggieri au duc de
Ferrare, 1547, 22 juin, Rome (Arch. d'Etat de Modène, ambasciatori, Roma ;
orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1547, 23 juin, Rome (Mediceo. 3464 ;
min.).
[143] A. Serristori au duc de
Florence, 1547, 11 juillet, Rome (Mediceo. 3464 ; min.).
[144] A. Serristori au duc de
Florence, 1549, 4 mai, Rome (Mediceo, 3268, fol. 40 ; orig.). Bon. Ruggieri au
duc de Ferrare, 1549, 12 mai, Rome (Arch. de Modène, ambasciatori, Roma orig.).
[145] Arrivé le 10 mai 1549 à
Bologne, Lenoncourt prit logement à la maison de J. de Hangest. Massarelli au
cardinal Cervini, 1549, 11 mai. Bologne, p. p. G. BUSCHBELL, Reformation und
Inquisition in Italien uns die Mille des XVI Jahrhunderts (Paderborn, 1910,
8.), p. 310. Sur le scandale que provoqua J. de Hangest, en 1553, voy. P.
Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553. 15 août, Compiègne (Arch. Vatic..
Nunz. Francia, t. III, fol. 176 ; orig.).
[146] On trouve un grand nombre de
lettres adressées par Ferrare à Sermonetta dans les Registri lettere
d'Ippolito II, aux Arch. de Modène.
[147] Julio Grandi au duc de
Ferrare, 1550, 21 juin. Rome (Arch. de Modène, ambasciatori, Ronia, orig.).
[148] Hercule Strozzi à la duchesse
de Mantoue, 1550, 4 octobre, Rouen (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ;
orig.).
[149] L. Capponi au duc de Florence,
1551, 12 février, Blois (Mediceo, 4592. fol. 72 ; orig.). Le cardinal
Sermonetta au duc de Florence, 1551, 15 mars, Florence (Mediceo, 3720. fol. 46
; orig.).
[150] J. Alvarotti au duc de
Ferrare, 1551, 18 février, Blois (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).
[151] A. Serristori au duc de
Florence, 1554. 21 mars, Rome (Mediceo, 3273, fol. 30 ; orig.).
[152] Henri II au duc de Ferrare,
1547, 23 septembre, Fontainebleau (Arch. de Modène, Principi esteri, Enrico II
; orig.).
[153] Fr. Vinta au duc de Florence,
1547, 1er octobre, Plaisance (Mediceo, 3101. fol. 803 ; orig.).
[154] Nic. Campana au duc de
Florence, 1547, 8-19 octobre, Bologne (Mediceo. 383. fol. 324-406 : orig.).
[155] A. Serristori au duc de
Florence, 1547, 25 octobre, Rome (Mediceo, 3465, fol. 2 : minute).
[156] L'abbé Rossetto au duc de
Ferrare, 1547, 5 novembre, Rome (Arch. de Modène. ambasciatori, Roma ; orig.).
[157] A. Serristori au duc de
Florence, 1554, 14 juin, Rome (Mediceo, 3473, fol. 369 : orig.). J. Grandi au
duc de Ferrare, 1557, 20 août, Rome (Arch. de Modène, ambasciatori. Roma
orig.). Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, I, p. 67, n. 3.
[158] L. ROMIER, Les premiers représentants
de la France au palais Farnèse (Mélanges d'arch. et d'histoire, t.
XXXI, pp. 28-29).
[159] A. Serristori au duc de
Florence, 1548, 4 septembre, Rome (Mediceo, 3267. fol. 217 orig.).
[160] A. Serristori au duc de
Florence, 1547, 7 novembre, Rome (Mediceo, 3465, fol. 4 ; minute). Il avait
passé par Florence, le 21 octobre.
[161] J. Alvarotti au duc de Ferrare,
1548, 25 mai, Vassy (Arch. de Modène, Francia ; orig.). Bon. Ruggieri au duc de
Ferrare, 1549, 9 février, Rome (Arch. cit., Roma ; orig.).
[162] Lanssac au connétable, 1553,
10 juillet, Rome (SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 114-115).
[163] A. Serristori au duc de
Florence, 1554. 3 octobre, Rome (Mediceo, 3273, fol. 677 ; orig.). G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Etat,
t. II, pp. 521-527.
[164] Cf. TOLOMEI, Lettere, éd. de Venise
(1547), passim.
[165] Il s'agissait de traiter les
cardinaux français et en particulier le cardinal de Guise. Le cardinal Salviati
à Francesco Olive, 1547, 14 octobre, Ferrare (Mediceo, 385, fol. 47 ; cop. XVIe
s.). Le cardinal du Bellay, en particulier, avait la réputation d'être un beuveur très illustre. Le bruit courut, au mois
d'août 1558, qu'il était mort d'ivresse, avec deux fiaschi
au chevet de son lit. Pasino de Giusti au cardinal Farnèse, 1558, 3 août, Rome
(Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi II ; orig.).
[166] B. Buonami au duc de Florence, 1549, 5 février, Rome (Mediceo, 3268, fol. 648 orig.). Nous imaginons difficilement aujourd'hui l'impudeur des cardinaux de ce temps. La grossièreté amoureuse est un des caractères les plus frappants des hommes du XVIe siècle. Rabelais, Brantôme, comme aussi bien Marguerite d'Angoulême dans l'Heptaméron, ont peint des mœurs qui étaient ordinaires en leur temps. Pour les clercs, l'opinion publique autorisait facilement ce que nous considérons comme un libertinage scandaleux. On ne se plaignait des maîtresses royales que le jour où elles devenaient des gouvernantes. L'introduction de la délicatesse morale dans la vie amoureuse fut le fruit de la Réforme protestante qui, par contrecoup, détermina la Réforme catholique. Il nous semble que le mérite de cette réformation des sentiments appartient surtout aux femmes protestantes du XVIe siècle, dont les maris, du reste, ne furent pas moins volages que les gentilshommes catholiques. Il y eut aussi, bien entendu, parmi les fidèles de l'Eglise romaine, beaucoup de personnes austères.