HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL

TOME QUATRIÈME

LIVRE IX. — AUTONOMIE JUIVE

CHAPITRE XV. — L'ECCLÉSIASTE.

 

 

C'est à peu près vers ce temps qu'on peut placer la composition d'un des livres les plus singuliers de la littérature hébraïque, le Cohélet ou Ecclésiaste[1]. Nulle part ailleurs on ne voit aussi bien l'étrangeté, la variété, l'imprévu du génie juif. Depuis Antiochus Épiphane, Israël a la fièvre ; il enfante le christianisme dans la douleur ; il souffre pour l'humanité. Or, voici un livre dont l'auteur est le plus calme des hommes ; ni le patriotisme ni le messianisme ne le troublent ; il ne gémit que sur lui-même ; ses tristesses et ses consolations sont pour lui seul. C'est un sceptique, un épicurien, mais avec des nuances qui font de son livre un des plus originaux et des plus charmants qui existent dans aucune langue.

La fiction qui sert de base au Cohélet est des plus transparentes. QHLT[2], fils de David, a été un roi puissant, bâtisseur, jouisseur, livré aux femmes, au vin, à la sagesse, savant paraboliste, curieux de toutes les choses de la nature. Ce sont là exactement les traits sous lesquels l'histoire et la légende présentent Salomon. Nul doute que l'auteur, qui sûrement connaissait les Proverbes attribués aussi à Salomon, n'ait voulu mettre en scène le successeur de David. Ce roi célèbre lui a paru un personnage commode pour l'objet qu'il se proposait, c'est-à-dire pour montrer la vanité de toute chose. Salomon, ayant vu le sommet de la gloire et de la prospérité, a été mieux placé que personne pour découvrir le creux absolu de tous les mobiles de la vie humaine et la complète frivolité des opinions qui servent de base à la société.

Tout est vanité. Tel est le résumé, vingt fois répété, de l'ouvrage. Le livre se compose d'une suite de petits paragraphes, dont chacun contient une observation, une façon d'envisager la vie humaine, dont la conclusion est l'universelle frivolité. Cette conclusion, l'auteur la tire des expériences les plus diverses. Il s'y complaît ; il en fait le rythme et le refrain de sa pensée. Le monde présente à ses yeux une série de phénomènes, toujours les mêmes et roulant les uns après les autres dans une sorte de cercle. Nul progrès. Le passé a ressemblé au présent ; le présent ressemble à ce que sera l'avenir. Le présent est mauvais, le passé ne valait pas mieux, l'avenir ne sera pas préférable[3]. Toute tentative pour améliorer les choses humaines est chimérique, l'homme étant incurablement borné dans ses facultés et sa destinée. L'abus est éternel ; le mal qu'on avait cru supprimé reparaît sur-le-champ, plus envenimé qu'avant sa suppression[4].

QHLT nous assure avoir fait l'expérience de toutes les occupations de la vie, et prétend les avoir trouvées vaines. Le plaisir, le pouvoir, le luxe, les femmes ne laissent que regrets après eux. La science ne sert qu'à fatiguer l'esprit ; l'homme ne sait rien et ne saura jamais rien. La femme est un être absurde, un mauvais génie. La conséquence serait de rester célibataire. L'auteur y a bien pensé, mais quoi !... Le célibataire est un niais, puisqu'il thésaurise pour des héritiers qu'il ne connaît pas, et qui ne tiendront pas de lui le moindre compte. L'auteur se rabat alors sur l'amitié ; là, du moins, il paraît avoir éprouvé quelque douceur[5]. Mais comment trouver la paix dans un monde où la loi morale commande le bien et où tout semble fait exprès pour encourager le mal ?

Le crime est une folie, sans doute ; mais la sagesse et la piété ne sont nullement récompensées. Tel scélérat est honoré comme devrait l'être l'homme vertueux. Tel homme vertueux est accablé d'infortunes comme devrait l'être le scélérat. La société est mal faite ; les hommes ne sont pas à leur place[6] ; les rois sont égoïstes et méchants ; les juges, pervers ; les peuples, ingrats et oublieux. Quelle est donc la vraie sagesse pratique ? Jouir doucement de la fortune qu'on a acquise par son travail ; vivre heureux avec la femme qu'on a aimée jeune ; éviter les excès de toute sorte ; ne pas être trop sage ni s'imaginer qu'en s'exténuant d'efforts on triomphera de la destinée ; ne pas non plus s'abandonner à la folie, car elle est presque toujours punie ; ne pas être trop riche (la grande richesse ne donne que souci) ; ne pas être pauvre, car le pauvre est méprisé ; accepter les préjugés du monde tels qu'ils existent, sans les combattre et sans chercher à les réformer ; en tout, pratiquer une philosophie modérée et de juste milieu, sans zèle, sans mysticisme. Un galant homme, exempt de préjugés, bon et généreux au fond, mais découragé par la bassesse du temps et les tristes conditions de la vie humaine, voilà notre auteur. Il serait héros volontiers ; mais, vraiment, Dieu récompense si peu l'héroïsme, que l'on se demande si ce n'est pas aller contre ses intentions que de prendre les choses par ce biais.

Une telle doctrine, chez un Grec et chez nous, passerait pour l'impiété même et serait intimement associée à la négation de la Divinité. Il n'en est rien chez notre auteur. Cette doctrine est celle d'un Juif conséquent, non atteint par les exaltations qui s'étaient produites depuis le soulèvement asmonéen. L'auteur est loin d'être un des insensés qui disent : Dieu n'est pas. On peut le trouver sceptique, matérialiste, fataliste, pessimiste surtout ; ce que sûrement il n'est pas, c'est athée. Nier Dieu, pour lui, œ serait nier le monde, ce serait la folie même. S'il pèche, c'est parce qu'il fait Dieu trop grandet l'homme trop petit. Dieu a créé le monde pour montrer sa puissance ; il crée perpétuellement toute vie ; les fins qu'il s'est proposées dans la création de l'univers et de l'homme sont impénétrables. Mais comment ne pas s'incliner devant un être si puissant ? S'il donne la vie à l'homme, il la lui Me aussi. Il punit quelquefois, et il est des mauvaises actions dont la simple prudence ordonne de s'abstenir. La punition d'ailleurs, en certains cas, est une sorte de loi naturelle. Les plaisirs de la jeunesse, par exemple, on les expie plus tard par des infirmités ; ce qui n'est pas cependant une raison pour se les interdire tout à fait[7]. Dieu juge l'homme, mais d'après des principes peu saisissables. Dans la plupart des cas, il est impossible de discerner son action et de voir sa main. En somme, Dieu s'intéresse peu à l'homme, puisqu'il l'a mis dans la situation la plus fausse, en lui donnant les préoccupations de la sagesse avec une destinée finie, la même pour le fou et pour le sage, pour l'homme et pour l'animal, et cela dans une société où les choses sont au rebours de la justice et de la raison.

Il faut donc, avec tout le monde, aller au temple et pratiquer le culte établi ; mais ici, comme en toute chose, il faut éviter l'excès[8]. On importune Dieu par des vœux trop répétés ; on donne aux prêtres des droits sur soi ; craindre Dieu , voilà le culte véritable. Les dévots sont les plus insupportables des sots. L'impie est un fou ; il brave Dieu , il s'expose au danger le plus terrible ; mais le piétiste est un nigaud, qui assomme Dieu par ses prières et lui déplaît en croyant l'honorer[9].

Il est clair que les impénétrables obscurités dont le gouvernement du monde est entouré aux yeux de notre auteur seraient dissipées si Cohélet avait la moindre notion d'une vie à venir. A cet égard, ses idées sont celles de tous les Juifs éclairés, étrangers aux idées de la résurrection et du jugement (les sadducéens[10]). La mort termine la vie consciente pour l'individu. La pâle et morne existence des refaïm, qui préoccupait les gens crédules, surtout les superstitieux Chananéens, n'a aucune signification morale. On ne sent pas dans le scheol. La mort de l'homme et celle de l'animal sont une seule et même chose. La vie, chez l'homme et chez l'animal, vient du souffle de Dieu, qui soulève et pénètre la matière par des voies mystérieuses. Il n'y a qu'un seul souffle en toute chose. A la mort, le souffle divin se sépare de la matière ; le corps revient à la terre, d'où il a été pris, et l'esprit remonte à Dieu, d'où il était émané. Pendant quelque temps, il reste un souvenir qui continue l'existence de l'homme parmi ses semblables ; puis ce souvenir disparaît, et alors c'est fini. Beaucoup de Juifs, pour échapper à ce qu'une aussi courte destinée a d'attristant, disaient que l'homme se survit dans ses enfants ; à défaut d'enfants, on consolait l'eunuque en lui promettant un cippe funèbre[11], qui perpétuerait sa mémoire dans sa tribu. Cohélet est peu sensible à ces consolations enfantines. L'homme une fois mort, sa mémoire disparaît, et c'est comme s'il n'avait jamais été.

Certes, nous étonnerions fort le charmant écrivain qui nous a laissé cette délicieuse fantaisie philosophique, si nous cherchions à construire avec son écrit un symbole de foi bien arrêté. Il est encore un mal, nous dirait-il, que j'ai vu sous le soleil, et qui est peut-être le plus grand de tous, c'est la présomption de l'esprit, qui veut expliquer l'univers en quatre paroles, enfermer le bleu du ciel dans un lécythe, faire tenir l'infini dans un cadre de trois doigts. Malheur à qui ne se contredit pas au moins une fois par jour !... On ne fut jamais plus éloigné du pédantisme que l'auteur de l'Ecclésiaste. La vue claire d'une vérité ne l'empêche pas de voir, tout de suite après, la vérité contraire, avec la même clarté. Le relâchement absolu des mobiles de la vie n'empêche pas chez lui un goût vif des plaisirs de la vie.

Doué d'un profond sentiment de justice, il se révolte contre ce que la destinée humaine a d'absurde aux yeux de la morale[12]. Mais qu'y faire ? Le monde a de bonnes heures. Pourquoi ne pas les cueillir, tout en sachant bien que l'on paiera plus tard la joie qu'on a goûtée. Amuse-toi, jeune homme ; mais ne t'y trompe pas ; il n'est pas un de tes plaisirs que tu ne doives expier un jour par autant de regrets. La vie la plus heureuse a comme revers les années de la vieillesse, où l'homme voit finir peu à peu tous ses rapports avec le monde et se clore tous ses moyens de jouir. Arrivé ainsi au comble de la tristesse, l'auteur, par un des tours de force les plus originaux qu'il y ait dans aucune littérature, entame cette description de la vieillesse, pleine d'énigmes et d'allusions, qui ressemble aux éblouissantes passes d'un prestidigitateur, jonglant avec des tètes de mort. Étonnant artiste, il maintient jusqu'au bout sa gageure, effleurant avec l'adresse de l'équilibriste les cimes des mots et des idées, faisant grincer de son archet les fibres qu'il a cruellement excitées, élargissant à plaisir les blessures qu'il s'est portées, irritant avec délices les lèvres de sa plaie[13].

Et, avec cela, nous l'aimons, car il a vraiment touché toutes nos douleurs. Il y a bien peu de choses qu'il n'ait vues. Certes il est heureux qu'à côté de lui il y ait eu Zénon et Épictète. Mais aucun Grec mieux que ce sadducéen ne comprit l'étrangeté de notre sort. L'auteur de l'Ecclésiaste, c'est l'auteur du livre de Job, ayant vécu six ou sept cents ans de plus. La plainte éloquente et terrible de l'antique livre hébreu, les objurgations presque blasphématoires du vieux patriarche sont devenues le badinage tristement résigné d'un lettré mondain. Bien plus religieux au fond, l'auteur de Job est autrement hardi dans son langage. Cohélet n'a plus même la force de s'indigner contre Dieu. C'est si inutile ! Comme Job, il s'incline devant une puissance inconnue, dont les actes ne relèvent d'aucune raison appréciable. Mais il se console, et, si les femmes étaient un peu moins trompeuses, les juges un peu moins corrompus, les héritiers un peu moins ingrats, les gouvernants un peu plus sérieux, il se réconcilierait avec la vie et consentirait à trouver qu'il est fort doux, même au prix de la perspective d'une vieillesse maussade, de jouir tranquillement, avec une femme aimée, de la fortune qu'on a su amasser par son intelligence. L'auteur dit trop de mal des femmes pour ne les avoir pas beaucoup aimées[14]. A la façon dont il en parle, on sent qu'il ne faudrait pas grand'chose pour qu'il recommençât à les aimer. Il n'est pas si dégoûté de la vie qu'il n'ait de bons conseils pratiques à donner, sur la manière de se bien tenir à la cour[15], sur les précautions à prendre avec les prêtres[16], sur la vanité de la fortune en argent[17], sur le bon emploi de ses fonds et sur la manière de distribuer ses placements de manière à ne pas tout perdre à la fois[18].

On s'étonne d'une telle sérénité, au milieu des luttes du temps où nous plaçons l'Ecclésiaste. Daniel, les Macchabées, les idées messianiques et apocalyptiques n'existent pas pour lui. Il ne faut pas trop s'en étonner. La foi à la résurrection et au jugement, qui tira Israël de l'impasse religieuse où il était, n'entraîna pas la masse de la nation. Les grands révoltés de l'an 70, les énergumènes du temps d'Adrien, l'auteur du livre de Judith, celui du livre de Tobie, sont encore fidèles à l'ancienne philosophie. Dans le Talmud, le problème reste en suspens. Beaucoup de docteurs talmudiques croient au royaume de Dieu et à la résurrection comme des chrétiens ; la plupart ne sortent pas de l'ancien système. Ces martyrs du moyen âge que le fanatisme chrétien empile sur les bûchers ne croient pas tous à l'immortalité de l'âme. Tel saint de Mayence, en allant au supplice, invente à sa charge tous les crimes imaginables et s'en accuse pour justifier la Providence, pour maintenir ce principe fondamental que Dieu ne saurait finalement abandonner son serviteur. Jusqu'à nos jours, cette pénombre fait la force des grandes âmes israélites. L'immortalité de l'âme est pour eux une croyance pieuse, rien de plus. Le Juif n'est pas résigné comme le chrétien. Pour le chrétien, la pauvreté, l'humilité sont des vertus ; pour le Juif, ce sont des malheurs, dont il faut se défendre. Les abus, les violences, qui trouvent le chrétien calme, révoltent le Juif, et c'est ainsi que l'élément israélite est devenu, de notre temps, dans tous les pays qui le possèdent, un grand élément de réforme et de progrès. Le saint-simonisme et le mysticisme industriel et financier de nos jours sont sortis pour une moitié du judaïsme. Dans les mouvements révolutionnaires français, l'élément juif a un rôle capital. C'est ici-bas qu'il faut réaliser le plus de justice possible. La tikva juive, la confiance, cette assurance que la destinée de l'homme ne saurait être frivole et qu'un brillant avenir de lumière attend l'humanité, n'est pas l'espérance ascétique d'un paradis contraire à la nature de l'homme ; c'est l'optimisme philosophique, fondé sur un acte de foi invincible dans la réalité du bien.

Cohélet a sa place définie dans cette histoire du long combat de la conscience juive contre l'iniquité du monde. représente une pause dans la lutte. Chez lui, pas une trace de messianisme ni de résurrection, ni de fanatisme religieux, ni de patriotisme, ni d'estime particulière pour sa race. Il n'y a rien après la mort. Le jour de Jéhovah ne vient jamais ; Dieu est au ciel ; il ne régnera jamais sur la terre. Cohélet voit l'inutilité des tentatives pour concilier la justice de Dieu avec le train du monde. Il en prend son parti. Une fois que l'homme a rempli ses devoirs élémentaires envers son créateur, il n'a plus qu'à vivre en paix, jouissant à son aise de la fortune qu'il a honnêtement acquise, attendant tranquillement la vieillesse, la décrivant en jolies phrases. Le tempérament fin et voluptueux de l'auteur montre qu'il avait pour se consoler de sa philosophie pessimiste plus d'une douceur intérieure. Comme tous les pessimistes de talent, il aime la vie ; l'idée du suicide, qui traverse un moment l'esprit de Job[19], à la vue des abus du monde, ne lui vient pas à la pensée.

Voilà l'intérêt capital du livre Cohélet. Seul, absolument seul, il nous représente une situation intellectuelle et morale qui dut être celle d'un grand nombre de Juifs. L'incrédule écrit peu, et ses écrits ont beaucoup de chances de se perdre. La destinée du peuple juif ayant été toute religieuse, la partie profane de sa littérature a dû être sacrifiée. Le Cantique et le Cohélet sont comme une chanson d'amour et un petit écrit de Voltaire égarés parmi les in-folio d'une bibliothèque de théologie. C'est là ce qui fait leur prix. Oui, l'histoire d'Israël manquerait d'une de ses principales lumières si nous n'avions quelques feuillets pour nous exprimer l'état d'âme d'un Israélite résigné au sort moyen de l'humanité, s'interdisant l'exaltation et l'espérance, traitant de fous les prophètes, s'il y en avait de son temps, d'un Israélite sans utopie sociale ni rêve d'avenir. Voilà une haute rareté. Les dix ou douze pages de ce petit livre sont, dans le volume sombre et toujours tendu qui a fait le nerf moral de l'humanité, les seules pages de sang-froid. L'auteur est un homme du monde, non un homme pieux ou un docteur. On dirait qu'il ne conne pas la Thora ; s'il a lu les prophètes, ces furieux tribuns de la justice, il s'est bien peu assimilé leur esprit, leur fougueuse ardeur contre le mal, leur inquiète jalousie de l'honneur de Dieu. Une pensée résume l'histoire des prophètes hébreux pendant mille ans : Le jour viendra où la justice et le bonheur habiteront sur la terre. Cohélet n'est pas du tout un membre de cette famille d'exaltés. Dans la grande chaîne d'Isaïe à Jésus, il n'y a pas de place pour lui. La terre lui parait vouée aux abus, et il met une sorte d'obstination à soutenir que le monde ne sera jamais meilleur qu'il n'est.

Au fond, la position de notre sage fut-elle de son temps aussi isolée qu'au premier abord elle paraît l'être dans l'histoire de la littérature ? Il faudrait se garder de le croire. Quoique représentée par moins d'écrits que l'école prophétique et messianique, l'école de sages fondée sur la négation de l'autre vie et la poursuite exclusive d'une philosophie pratique menant à la fortune et aux succès, cette école, dis-je, avait toujours été nombreuse en Israël. Le livre des Proverbes, antérieur à la captivité, est au fond aussi profane que le Cohélet. Tout s'y réduit à une prudence mondaine, tirée de l'expérience temporelle de la vie ; la religion n'y a de place que comme une part de l'esprit de conduite et de la tenue d'un galant homme. La Sagesse de Jésus fils de Sirach ne sort en rien du cadre de l'ancienne philosophie. Comme Cohélet, le fils de Sirach place la vertu dans un certain juste milieu et dans la sagesse qui fait réussir. Mais le fils de Sirach est bien plus pieux que l'auteur du Cohélet[20]. C'est un mosaïste fervent. Les peines qu'il se donne pour excuser Dieu des étrangetés qui se passent sous son gouvernement[21] ont quelque chose de touchant. S'il n'a aucune idée de vie future ni de messianisme, il croit du moins à l'éternité d'Israël[22] ; il respecte les saints, et, quoique ses idées sur les longues prières[23], sur la croyance aux songes[24], sur l'observation de la loi préférable aux sacrifices[25] se rapprochent de celles de Cohélet[26], le fils de Sirach est d'une tout autre école que notre sceptique auteur. Il est patriote. Or, cette religion fondamentale de l'Israélite, qui meurt chez lui la dernière et survit à toutes ses désillusions, est à peine sensible chez Cohélet. Comme Hérode, il n'est pas fier d'être Juif ; on sent que, s'il doit se trouver un jour en rapports avec les Grecs et les Romains, il fera tous ses efforts pour dissimuler sa race et faire bonne figure, aux dépens de la Loi, dans le high life de son temps.

Nous le répétons, une nation ne marche jamais tout d'une pièce. Dans cet âge d'exaltation qui s'étend de Juda Macchabée à Barkokeba, il y eut des épicuriens fort paisibles, très amortis en leur zèle pour les grands intérêts d'Israël et de l'humanité. Des groupes isolés conservaient leur liberté d'esprit. Le fanatisme des Asmonéens tomba vite. Ces sadducéens qui ne croient ni aux anges, ni aux esprits, ni à la résurrection, ces boëthusim dont le nom était synonyme d'épicuriens, toute cette riche aristocratie de prêtres de Jérusalem, qui vivait du temple, et dont la froideur religieuse irritait si fort Jésus et les fondateurs du christianisme[27], étaient bien les frères intellectuels de notre auteur. On a supposé que le Salomon mythique dont il y est question est Hérode lui-même, Hérode arrivé à renouveler, à force de travail et d'intrigue, la grandeur légendaire du fils de David, et ne recueillant, sur la fin de sa vie, que les malédictions du peuple, les tristesses domestiques et l'ennui. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la composition du livre ne remonte pas au delà des temps hérodiens ou asmonéens.

La langue est ici évidemment le critérium le plus important. Le vieux style hébreu a un caractère à part, ferme, nerveux, serré comme un câble, tordu, énigmatique. L'hébreu moyen, au contraire, est lâche, sans timbre, flasque, tout à fait analogue à l'araméen. Les aramaïsmes y abondent ; les écrits conçus en ce dialecte peuvent être traduits mot à mot en araméen, sans rien y perdre. Il n'en est pas de même du Cohélet. Oui, certes, la langue du livre est moderne ; mais elle est peu teintée d'aramaïsme ; le livre est presque impossible à bien traduire en syriaque. Ce à quoi cet hébreu ressemble, c'est à la Mischna, et surtout au traité Eduioth, aux Pirké aboth à la Megillath Taanith. Or la Mischna représente l'hébreu du IIe siècle après Jésus-Christ, hébreu très différent de la langue fortement aramaïsée qui avait été à la mode chez les Juifs vers l'époque achéménide. Par la langue, le Cohélet parait le plus récent des livres bibliques, le plus voisin du Talmud.

L'auteur a sûrement vécu à une époque de grande décadence sociale. On voit bien, à son état d'âme, que les mœurs étaient perdues. La famille est détruite ; la femme, à la suite des scandales de l'époque séleucide et à la veille, au moment peut-être, des effroyables crimes domestiques de l'âge hérodien, est devenue un fléau. Ce qui soutenait l'ancien sage, quand sa philosophie était trop ébranlée, c'était l'espérance de se survivre en ses enfants. La postérité le consolait de la fragilité de la vie individuelle. Notre auteur voit dans cette façon de raisonner une amère duperie. Que sait-on de ses enfants ? Ce seront peut-être des sots, qui vous couvriront de honte et démoliront ce que vous avez cherché à édifier. Le vrai commentaire du Cohélet, ce sont les livres XII et suivants des Antiquités de Josèphe, ce tissu de crimes et de bassesses qui, surtout depuis l'an 200 (av. J.-C.) à peu près, compose l'histoire de la Palestine. Les hasidim échappaient à la réalité par leurs rêves messianiques ; notre auteur y échappe par son fatalisme résigné et par son goût de la vie raffinée.

Si l'on pouvait comprendre toutes les allusions de détail que renferme le livre, on aurait les données les plus précises sur la date de sa composition ; mais l'auteur ne s'exprime jamais qu'à demi-mot. Le pauvre homme sage qui sauva sa ville et qu'on oublia[28], le pays où ce sont des esclaves qui règnent[29], le pays où l'ordre social est renversé[30] sont sûrement des allusions. Il en faut dire autant du passage suivant[31] :

Mieux vaut un garçon pauvre et avisé qu'un vieux roi absurde qui ne sait plus se laisser éclairer.

Tel passe en un moment de la prison au trône ;

Tel est né misérable en ses propres États.

J'ai vu tout le monde s'empresser à la suite du jeune héritier qui doit succéder au vieux roi. Infinis ont été les maux qu'on a soufferts dans le passé ; mais, dans l'avenir, on n'aura pas plus à se réjouir de celui-ci... Toujours vanité et pâture de vent !

S'agirait-il là de Jean Hyrcan et d'Aristobule Ier, d'Alexandre Jannée et d'Aristobule II, ou du vieil Hérode et d'Archélaüs ? On ne le saura jamais. Et néanmoins, l'étendue des options ne va sûrement pas au delà d'un siècle.

Le temple de Jérusalem existait quand le livre fut écrit, et le culte y florissait[32]. Le sacerdoce était organisé avec un certain pouvoir temporel[33]. Il y avait des piétistes zélés (esséniens ?), qui exagéraient les prescriptions et faussaient la religion par un zèle et une austérité outrés. Jérusalem était le siège d'une royauté et d'une cour[34] où les gens un peu notables de la ville aspiraient à briller. Les dynasties et les villes indépendantes pullulaient en Syrie[35] ; elles se faisaient des guerres sans fin. Une petite ville pouvait avoir un siège à soutenir. Il semble qu'aucun grand pouvoir comme celui des Achéménides, ou d'Alexandre, ou des Ptolémées, ou des Séleucides, ou des Romains ne se faisait sentir[36].

Le moment où un pareil état social de la huilée et de l'Orient nous reporte est l'époque asmonéenne. Le pouvoir des Séleucides s'était effondré et avait laissé la place à des petites dynasties locales, à des villes autonomes. Bien que sortie d'un fanatisme brillant, la dynastie asmonéenne, surtout après sa rupture avec les pharisiens sous Jean Hyrcan, devint bientôt assez profane. Alexandre Jannée et Jean Hyrcan sont des rois comme d'autres, religieux par habitude et par politique, cruels, avides, méchants, au fond très peu dévots. C'est le temps des hasidim et le commencement des sectes comme les esséniens, qui, justement par réaction contre la perversion du monde, introduisent dans l'israélitisme un esprit de mysticité inconnu jusque-là. Ces gens qualifiés de sots[37] qui se livraient aux pratiques d'un ascétisme exalté, à des abstinences inutiles, qui se préoccupaient vainement de l'avenir et de ce qui arrive après la mort, qui trouvaient mauvais que l'homme jouit tranquillement de l'aisance qu'il avait acquise par un travail honnête, étaient probablement les premiers en date de ces fous du royaume de Dieu dont la folie allait gagner le monde et que notre auteur ou ses pareils devaient accueillir de tous leurs dédains. L'auteur de Cohélet fut peut-être quelque grand-père d'Anne ou de Caïphe, de ces prêtres aristocrates qui condamnèrent Jésus d'un cœur si léger. Il fut l'idéal de ce qu'on appelait un sadducéen, je veux dire de ces gens riches, sans fanatisme, sans croyance d'aucune sorte en l'avenir, attachés au culte du temple qui faisait leur fortune, furieux contre les fanatiques et toujours enchantés quand on les mettait à mort.

On a souvent cherché à prouver que la philosophie de l'auteur porte la trace d'une influence de la philosophie grecque. Rien n'est moins certain. Tout absolument s'explique dans le livre par le développement logique de la pensée juive. L'auteur est très probablement postérieur à Épicure ; il semble bien cependant qu'il n'avait pas reçu d'éducation hellénique. Son style est sémitique au premier chef. Dans toute sa langue, pas un mot grec, pas un hellénisme caractérisé[38]. D'un autre côté, il est loin de pousser aussi loin qu'Épicure la radicale négation de la Providence et le principe de l'insouciance des dieux à l'égard des choses humaines. Sa physique[39] est assez saine ; mais elle résulte bien plutôt, comme celle de Thalès et d'Héraclite, d'observations générales très justes, que d'un travail vraiment scientifique à la façon d'Archimède ou de l'école d'Alexandrie.

Sa morale de juste milieu a sûrement des analogues en Grèce, à Cyrène surtout. Il côtoie sans cesse Théodore de Cyrène[40], sans s'arrêter à ses assertions franchement irréligieuses. Aristippe de Cyrène reconnaîtrait à beaucoup d'égards son confrère dans ce Juif dégagé, qu'aucun préjugé n'aveugle et qui arrive à placer le but suprême de la vie dans le plaisir tranquille. Cyrène fut, avec Alexandrie, la ville où il y eut le plus de Juifs. Mais les mêmes causes produisent, dans les familles humaines les plus diverses, des effets semblables. Le galant homme se ressemble en Europe, en Chine, au Japon. La Grèce, à vrai dire, n'eût point écrit une œuvre aussi découragée. La foi en la science soutient la Grèce. Le Cohélet est l'œuvre d'une absolue décrépitude. Jamais on ne fut plus vieux, plus profondément épuisé. Et dire que ce livre de scepticisme, à la fois élégant et morne, fut écrit peu de temps avant l'Évangile et le Talmud !... Peuple étrange, en vérité, et fait pour présenter tous les contrastes ! Il a donné Dieu au monde, et il y croit à peine. Il a créé la religion, et c'est le moins religieux des peuples ; il a fondé l'espérance de l'humanité en un royaume du ciel, et tous ses sages nous répètent qu'il ne faut s'occuper que de la terre. Les races les plus éclairées prennent au sérieux ce qu'il a prêché, et lui, il en sourit. Sa vieille littérature a excité le fanatisme de toutes les nations, et il en voit mieux que personne les côtés faibles. Aujourd'hui, comme il y a deux mille ans, il clorait volontiers le rouleau sacré par cette petite réflexion de lecteur ami de ses aises : Assez de livres inspirés comme cela ! Trop lire fatigue la chair[41].

La philosophie de l'auteur n'est pas non plus très rigoureusement enchaînée. La conséquence de ses prémisses devrait être l'impiété. Théodore de Cyrène, qui a tant de rapports avec lui, conclut, en effet, à l'athéisme. Mais l'inconséquence de Cohélet a quelque chose de touchant. Aux deux ou trois endroits où l'on croirait qu'il va s'enfoncer dans le pur matérialisme, il se relève tout à coup par un accent élevé. Cette façon de philosopher est la vraie. On ne fera jamais taire les objections du matérialisme. Il n'y a pas d'exemple qu'une pensée, un sentiment se soient produits sans cerveau ou avec un cerveau en décomposition. D'un autre côté, l'homme n'arrivera point à se persuader que sa destinée soit semblable à celle de l'animal. Même quand cela sera démontré, on ne le croira pas. C'est ce qui doit nous rassurer à penser librement. Les croyances nécessaires sont au-dessus de toute atteinte. L'humanité ne nous écoutera que dans la mesure où nos systèmes conviendront à ses devoirs et à ses instincts. Disons ce que nous pensons ; la femme n'en continuera pas moins sa joyeuse cantilène, l'enfant n'en deviendra pas plus soucieux, ni la jeunesse moins enivrée ; l'homme vertueux restera vertueux ; la carmélite continuera à macérer sa chair, la mère à se dévouer, l'oiseau à chanter, l'abeille à faire son miel. Dans ses plus grandes folies, Cohélet n'oublie pas le jugement de Dieu. Faisons comme lui. Au milieu de l'absolue fluidité des choses, maintenons l'éternel. Sans cela, nous ne serions ni libres ni tranquilles pour le discuter. Les plus victimés, le lendemain du jour où on ne croirait plus en Dieu, seraient les athées. On ne philosophe jamais plus librement que quand on sait que la philosophie ne tire pas à conséquence. Sonnez, cloches, bien à votre aise ; plus vous sonnerez, plus je me permettrai de dire que votre gazouillement ne signifie rien de distinct. Si je craignais de vous faire taire, ah ! c'est alors que je deviendrais timide et discret.

Ce qui nous plaît surtout dans le Cohélet, c'est la personnalité de l'auteur. On ne fut jamais plus naturel ni plus simple. Son égoïsme est si franchement avoué qu'il cesse de nous choquer. Ce fut certainement un homme aimable. J'aurais eu mille fois plus de confiance en lui que dans tous les hasidim ses contemporains. La bonté du sceptique est la plus solide de toutes ; elle repose sur un sentiment profond de la vérité suprême : Nil expedit. Il parait qu'il ne se maria pas. C'est la plus forte critique de son siècle. De nos jours, il eût sûrement trouvé des femmes spirituelles et beaucoup moins méchantes qu'il ne le croit, pour le consoler et l'aimer. Les femmes se fâchent rarement du mal qu'on dit de leur sexe. Une certaine mauvaise humeur contre elles leur semble la preuve qu'on s'occupe d'elles ; or les femmes n'ont vraiment de dédain et d'aversion que pour celui qui vit tranquillement d'autre chose qu'elles. En leur disant qu'on a tout trouvé fade, on ne leur déplaît pas absolument.

C'est par là que le Cohélet est un livre si profondément moderne. Le pessimisme de nos jours y trouve sa plus fine expression. L'auteur nous apparaît comme un Schopenhauer résigné, bien supérieur à celui qu'un mauvais coup du sort a fait vivre dans les tables d'hôte allemandes. Cohélet, comme nous, fait de la tristesse avec de la joie et de la joie avec de la tristesse ; il ne conclut pas, il se débat entre des contradictoires ; il aime la vie, tout en en voyant la vanité. Surtout, il ne pose jamais. Il ne se complaît pas dans l'effet qu'il produit ; il ne se regarde pas maudissant l'existence. Il est d'une parfaite sincérité en disant que tout lui a paru frivole et creux. On aime à se le représenter comme un homme exquis et de bonnes manières, comme un ancêtre de quelque riche Juif de Paris égaré en Judée du temps de Jésus et des Macchabées.

Ce que Cohélet, en effet, est bien essentiellement et par excellence, c'est le Juif moderne. De lui à Henri Heine, il n'y a qu'une porte à entrouvrir. Quand on le compare à Élie, à Jérémie, à Jésus, à Jean de Gischala, on a peine à comprendre qu'une même race ait produit des apparitions si diverses. Quand on le compare à l'Israélite moderne, que nos grandes villes commerçantes d'Europe connaissent depuis cinquante ans, on trouve une singulière ressemblance. Attendez deux mille ans, que la fierté romaine se soit usée, que la barbarie ait passé, vous verrez combien ce fils des prophètes, ce frère des zélotes, ce cousin du Christ, se montrera un mondain accompli ; comme il sera insoucieux d'un paradis auquel le monde a cru sur sa parole ; comme il entrera avec aisance dans les plis de la civilisation moderne ; comme il sera vite exempt du préjugé dynastique et féodal ; comme il saura jouir d'un monde qu'il n'a pas fait, cueillir les fruits d'un champ qu'il n'a pas labouré, supplanter le badaud qui le persécute, se rendre nécessaire au sot qui le dédaigne. C'est pour lui, vous le empiriez, que Clovis et ses Francs ont frappé de si lourds coups d'épée, que la race de Capet a déroulé sa politique de mille ans, que Philippe-Auguste a vaincu à Bouvines, et Condé à Rocroi. Vanité des vanités ! Oh ! la bonne condition pour conquérir les joies de la vie que de les proclamer vaines ! Nous l'avons tous connu, ce sage selon la terre, qu'aucune chimère surnaturelle n'égare, qui donnerait tous les rêves d'un autre monde pour les réalités d'une heure de celui-ci ; très opposé aux abus[42], et pourtant aussi peu démocrate que possible[43] ; avec le pouvoir à la fois souple et fier ; aristocrate par sa peau fine, sa susceptibilité nerveuse et son attitude d'homme qui a su écarter de lui le travail fatigant[44], bourgeois par son peu d'estime pour la bravoure guerrière[45] et par un sentiment d'abaissement séculaire dont sa distinction ne le sauve point. Lui, qui a bouleversé le monde par sa foi au Royaume de Dieu, ne croit plus qu'à la richesse. C'est que la richesse est, en effet, sa vraie récompense. Il sait travailler, il sait jouir. Nulle folle chevalerie ne lui fera échanger sa demeure luxueuse contre la gloire périlleusement acquise ; nul ascétisme stoïque ne lui fera quitter la proie pour l'ombre. L'enjeu de la vie est selon lui tout entier ici-bas. Il est arrivé à la parfaite sagesse : jouir en paix, au milieu des œuvres d'un art délicat et des images du plaisir qu'on a épuisé, du fruit de son travail. Surprenante confirmation de la philosophie de vanité ! Allez donc troubler le monde, faire mourir Dieu en croix, endurer tous les supplices, incendier trois ou quatre fois votre patrie, insulter tous les tyrans, renverser toutes les idoles, pour finir d'une maladie de la moelle épinière, au fond d'un hôtel bien capitonné du quartier des Champs-Élysées, en regrettant que la vie soit si courte et le plaisir si fugitif. Vanité des vanités !

 

 

 



[1] La langue du Cohélet est la plus basse de tous les écrits bibliques. Elle est postérieure même à celle de Daniel. Le livre finit an verset mi, 8, ou, si l'on veut, au verset XII, 10. Les versets XII, 11-12 sont une sorte de quatrain inscrit au feuillet de garde du volume des hagiographes, quand le Cohélet occupait les dernières pages de la collection. Les versets 13-14 ont pu faire partie de la même finale. On peut les considérer comme un de ces résumés de toute la Bible en quelques mots, qui exerçaient la subtilité. Matthieu, VII, 12 ; XXII, 36-40. Les innombrables fautes qui altèrent le texte, montrent que l'ouvrage fut écrit dans l'alphabet carré, arrivé au dernier degré de sa décrépitude. La traduction grecque fut faite vers l'an 130 après J.-C. Voir, pour plus de détails, ma traduction de l'Ecclésiaste, avec une étude sur l'âge et le caractère du poème (Paris, Calmann Lévy, 1885), p. 53 et suiv.

[2] קהלח est certainement un équivalent de שלטה = Salomo, par un jeu analogue à l'athbasch ou l'albam. On n'en a pas encore trouvé le secret.

[3] Ch. IV, 15-16 ; VII, 10.

[4] Ch. IX, 13-16 ; VII, 10-14, etc.

[5] Ch. IV, 9 et suiv.

[6] Ch. IX, 11-16.

[7] Ch. XI, 9 et suiv.

[8] Ch. IV, 17 ; V, 1 et suiv. ; VI, 7-10 ; VII, 15-24.

[9] Le seul passage du livre qui ait en apparence un accent de piété (XII, 1) prête à de grands doutes.

[10] Voir surtout ch. IX, 1 et suiv.

[11] Un iad ou massébet. Isaïe, LVI, 3 et suiv. C'est l'idée du massébet bahaïm, cippe parmi les vivants, des inscriptions phéniciennes. Voir Corpus inscr. semit., 1re part., n. 58, 59.

[12] Ch. IV, 1 et suiv.

[13] Ch. XI, 9 et suiv., et XII.

[14] Ch. VII, 22-29.

[15] Ch. VIII, 2 et suiv. ; IX, 4.

[16] Ch. IV, 17 ; V, 1 et suiv.

[17] Ch. V, 7-11.

[18] Ch. XI, 1 et suiv.

[19] Job, VII, 15.

[20] Ch. XXXVIII, 15 et suiv.

[21] Ch. XV.

[22] Ch. XXXVIII, 28.

[23] Ch. VII, 15, 33 et suiv.

[24] Ch. XXXIV, init.

[25] Ch. XXXV, init.

[26] Comparez aussi ses idées sur le danger des femmes (ch. IX, XXV, XXVI, XLII), sur l'agriculture (ch. VII, 16) à Ecclésiaste, VII, 25 et suiv. ; V, 8.

[27] Voir Vie de Jésus, ch. XIII.

[28] IX, 13 et suiv.

[29] X, 16 et suiv.

[30] X, 5 et suiv.

[31] IV, 13 et suiv.

[32] Ch. IV, 17 et suiv.

[33] Ch. V, 5.

[34] Ch. VIII, 1 et suiv.

[35] Ch. IX, 14 et suiv. Les allusions précises que M. Hitzig et M. Grætz trouvent dans ces passages résultent de combinaisons arbitraires ou hasardées.

[36] Le mot medina pour désigner une province (V, 7) et le fait d'esclaves gouverneurs et hauts fonctionnaires (X, 7, 16) seraient plutôt caractéristiques de l'époque perse ; mais l'état administratif de l'Orient n'a jamais beaucoup varié.

[37] Ecclésiaste, IV, 17 ; V, 3 ; VI, 9.

[38] Aucun des exemples allégués par M. Grætz, Kohelet, p. 179 et suiv., ne me parait décisif.

[39] Ch. I, 5 et suiv.. Physiologie bien naïve, XI, 5.

[40] Diogène Laërte, II, 86 ; VI, 97.

[41] Ecclésiaste, ch. XII, 12.

[42] Comparez Ecclésiaste, ch. V, 7 et suiv.

[43] Voir ses idées sur les classes sociales, X, 5 et suiv., 16 et suiv.

[44] Comparez Ecclésiaste, ch. X, 1.

[45] Voir Ecclésiaste, ch. VIII, 8.