Ceux qui, pour le salut d'Israël, ne mettaient pas l'épée à la main et n'embrassaient pas la vie de brigands, essayaient, par des prédications et par des écrits, d'allumer le zèle de leurs coreligionnaires et d'entretenir leurs espérances. Un livre, surtout, eut, à cet égard, une conséquence énorme, et conquit tout d'abord sa place dans la liste des textes sacrés, que l'on aurait pu croire définitivement, close. Parmi les noms mythiques d'anciens sages ayant vécu en
gardant toute leur supériorité israélite parmi les païens, brillait en
première ligne le nom de Daniel. Aucun homme n'avait pénétré aussi
profondément dans les vues de Dieu[1]. Ce fut ce
Voyant, fidèle à On supposa qu'emmené enfant de Judée, lors de la captivité
de Joïakin, il fut élevé avec trois compagnons pour les services de la cour
de Nabuchodonosor. Les quatre jeunes gens, dans ce monde pervers, montrent
une sagesse étonnante pour ne pas violer L'auteur du livre de Daniel est, pour ceux qui ne sont pas au courant de la critique historique, un phénomène psychologique inexplicable. Son ignorance de l'histoire des derniers siècles parait inconcevable, parce qu'on ne se représente pas à quel point le peuple juif manquait d'annales depuis quatre cents ans. On se figure que tous les siècles ont eu des dictionnaires historiques et des manuels, et on ne comprend pas l'à-peu-près avec lequel un écrivain pouvait parler du passé, quand il n'existait pas tels adminicules. Pour Nabuchodonosor, l'auteur de Daniel est soutenu par les anciens livres hébreux ; mais il n'a aucune idée.de la fin de l'empire d'Assyrie ni de l'époque perse. A vrai dire il ne s'en soucie pas. Il ne recherche que des prétextes à allusions ; la chronologie lui est aussi indifférente qu'à un prédicateur qui cite des historiettes pour égayer son catéchisme et édifier ses auditeurs. A Nabuchodonosor succède un certain Balthasar, personnage de pure invention, à qui il prend fantaisie de donner un festin dans les vases sacrés du temple de Jérusalem (un des méfaits d'Antiochus). Des mots chaldéens mystérieux s'écrivent sur le mur[4]. En effet, cette nuit même, il est tué, et Darius le Mède[5], fils de Xerxès (!) le remplace ; celui-ci a pour successeur Cyrus le Perse. L'auteur ne connaît que quatre rois de Perse[6] : Cyrus, Darius fils d'Hystaspe, Xerxès, Darius Codoman. Il ne sait vraiment avec détail que l'histoire des cinquante dernières années, depuis Antiochus le Grand[7]. Pour le reste, c'est la fantaisie de l'agada juif poussée à son comble, sans nul souci de la vraisemblance ni même de la possibilité. Nabuchodonosor, à cause de son orgueil, est changé en bête pendant sept ans ; puis, ayant rendu gloire à Dieu, il recouvre- la raison et ses États, qui, pendant ces sept années, ont patiemment attendu son rétablissement. La culture intellectuelle de ceux à qui s'adressait un pareil livre devait être misérable. Étrange dérision ! voilà l'historien qui a été le maître de Bossuet, qui a été notre maître. Adoptée par Bossuet dans son Histoire universelle, la philosophie de l'histoire du livre de Daniel est restée jusqu'à nos jours, au moins en France, la base de la philosophie de l'histoire officiellement enseignée. C'est là sûrement un excès du classicisme universitaire. En un sens très réel, cependant, le livre de Daniel a été le premier essai de philosophie de l'histoire. L'idée d'un plan dans l'histoire demande, selon nous, beaucoup d'explications ; elle a pourtant sa vérité. A la volonté de Dieu, au décret des Vigilants[8], nous substituons la force des choses, le ressort intime de la vie et du progrès qui est au fond de toute évolution. Comme dit Bossuet : Tout est surprenant, à ne regarder que les causes particulières, et néanmoins tout s'avance avec une suite réglée[9]. L'histoire est, par conséquent, un processus, qu'il faut expliquer, comme un tout vivant. Le Juif, à moitié fou, qui nous a dit, à cet égard, ses rêves, était fort inférieur aux Grecs pour la bonne qualité et la culture de l'esprit ; mais la passion religieuse lui suggère ce que les Grecs n'eurent guère[10], le sentiment de l'humanité. Pour lui, le développement de l'humanité est un drame conduit par l'Éternel vers un certain but. La finalité de l'humanité, voilà ce qu'il voit, et en cela probablement il voit la vérité. La théorie historique de Daniel a son point de départ dans le songe de Nabuchodonosor. Le roi a rêvé d'une statue colossale, dont la tête était d'or, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les hanches d'airain, les cuisses de fer, les pieds en partie de fer, en partie d'argile. Une pierre lancée sans le secours d'une main d'homme vient la frapper et la brise. La pierre qui avait frappé la statue devient une montagne qui remplit la terre. Ces quatre métaux sont quatre empires : l'empire assyrien, l'empire médo-perse, l'empire d'Alexandre, l'empire des Séleucides, tel que l'avaient fait les Antiochus[11]. La pierre, instrument surnaturel de la ruine de l'empire antiochide, c'est la petite révolte juive, destinée à changer la face du monde. Il n'y aura plus' de grand empire, comme ces quatre-là ; car le royaume juif sera éternel et ne sera point remplacé par un autre. Une série de visions[12] rendent plus claire encore la pensée de l'auteur. Les quatre empires du songe sont ici représentés, d'abord par quatre bêtes, qui sortent de la mer, un lion aux ailes d'aigle, un ours, une panthère, une bête terrible, aux dents de fer, à dix cornes[13], au milieu desquelles s'élève une petite corne qui dit des blasphèmes (Antiochus), veut changer la religion, fait la ()lierre aux saints et l'emporte sur eux jusqu'au moment solennel où l'empire sera donné à ces derniers. Ce grand acte providentiel se prépare. Des sièges sont disposés ; un vieillard (l'Ancien des jours) s'y installe, au milieu de torrents de lumière ; des myriades de myriades l'entourent ; le tribunal prend place, les livres sont ouverts. La bête aux dix cornes est tuée ; son cadavre jeté au feu. Alors apparaît dans le ciel un être surnaturel semblable à un FILS DE L'HOMME, c'est-à-dire à un homme ; on l'amène devant le vieillard. A lui est donné l'empire éternel, pour que tous le servent ; son empire est un empire sans vicissitudes, qui ne passera point ; sa royauté durera durant les siècles des siècles. Quand viendra ce grand jour du jugement divin ? Ici l'auteur à dessein se fait énigmatique. Sa combinaison numérique, cependant, parait signifier trois ans et demi[14], un terme assez rapproché en tout cas. Encore un peu de patience, et l'empire éternel sera inauguré. Cet empire, figuré non comme les autres par des formes bestiales, mais par la plus belle des formes, la forme humaine, c'est l'empire juif, l'empire des saints. C'est aussi, si l'on veut, l'empire du Messie, représentant éternel du royaume juif triomphant. L'expression Fils de l'homme fut bientôt mal comprise, et devint synonyme de Messie, si bien que Fils de l'homme fut, dit-on, le nom par lequel Jésus se désigna[15]. Le contresens et l'équivoque sont les procédés générateurs des dogmes. Pour l'auteur du livre de Daniel, qui n'a qu'une idée vague du Messie, le Fils de l'homme, c'est avant tout le royaume sacré qui va s'établir à Jérusalem, quand les révoltés groupés autour de Juda Macchabée auront détruit l'empire séleucide. Ce sera alors l'État définitif du monde, où la justice régnera. Dans une autre vision[16], un bélier représente l'empire perse. Un bouc accourt de l'Occident, sans toucher la terre, tue le bélier, le piétine. C'est Alexandre, dont l'empire se partage en quatre royaumes. De l'un de ces quatre royaumes sort un souverain fou d'orgueil, qui veut faire la guerre à Dieu, abat son sanctuaire, massacre les saints, fait cesser le sacrifice quotidien. Jusqu'à quand durera cette période d'horreur, ce règne de l'idole abominable ? Ici la durée du scandale est fixée à deux mille trois cents soirs-matins (le tamid étant célébré le soir et le matin) ; ce qui fait mille cent cinquante jours, résultat qui, vu l'arithmétique approximative que pratique l'auteur, diffère peu des trois ans et demi de tout à l'heure. A peu près au même revient un calcul par semaine d'années[17], où l'intervalle entre la fin du sacerdoce (mort d'Onias)[18], la cessation du tamid, l'installation de l'idole abominable et la fin de ces abominations est évalué à une demi-semaine d'années (sept ans), c'est-à-dire trois ans et demi. La dernière vision[19] est étrange. C'est une histoire à mots couverts de l'Orient, depuis la fin de l'empire perse jusqu'au moment où écrit l'auteur. Ce qui concerne Antiochus Épiphane[20] est très développé. Ce souverain est traité comme le dernier des hommes : ignoble, perfide, inaccessible à aucun autre sentiment qu'à l'orgueil, traître envers les propres dieux de ses pères, auxquels il veut substituer, par flatterie pour les Romains, un dieu étranger, Jupiter Capitolin[21]. Le Juif fanatique triomphe de ses défaites, des affronts que lui font les Romains[22]. Le monstre est perdu. Des mauvaises nouvelles lui sont venues de tous les côtés. Il part furieux ; il va à sa fin ; nul ne le secourra[23]. Effectivement, l'horizon de la scène se resserre tout à coup. L'auteur passe évidemment des faits accomplis à ce qui n'est plus pour lui que conjecture : Et en ce temps-là[24] se lèvera Mickaël, le grand archange, qui est chargé de la protection des fils de ton peuple, et il y aura une angoisse comme il n'y en a jamais eu depuis qu'il y a au monde une nation. Et, en ce temps-là, ton peuple sera sauvé, tous ceux du moins qui sont écrits dans le livre[25]. Et beaucoup de ceux qui dorment sous la terre s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle. Et ceux qui ont soutenu le vrai brilleront de l'éclat du firmament, et ceux qui ont enseigné aux masses la justice seront comme des étoiles pour l'éternité. Et toi, Daniel, cache ces paroles, et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Beaucoup le liront et l'intelligence s'en augmentera. Dans un dernier épilogue[26], l'accomplissement de la prophétie est fixée de nouveau, une première fois à trois ans et demi, une seconde fois à 1290 jours, ce qui est à peu près la même chose. Tel est ce livre étrange, mélange bizarre de sublimité et de platitude, fruit d'un grand abaissement intellectuel et du plus profond mouvement moral qu'il y ait jamais eu. Il donne un absolu démenti aux rhéteurs, qui sont a priori pour une phrase bien écrite et contre une phrase mal écrite. Le livre de Daniel est le meilleur exemple de l'espèce de balancement qu'il y a, dans l'histoire de l'humanité, entre l'intelligence et la moralité. Comparé à Isaïe, le livre de Daniel est un livre de complète décadence littéraire. La langue en est détestable, plate, prolixe, incorrecte, souvent intraduisible ; et pourtant la pensée juive accomplit, en ces pages mal écrites, le progrès le plus extraordinaire ; elle passe de sa première phase, simplement monothéiste, à son âge messianique, où elle a séduit l'humanité en lui proposant des espérances infinies. Tout naît de la pourriture. La décadence d'une chose est le commencement d'une autre. La faiblesse littéraire d'une œuvre n'est pas une raison pour qu'elle n'ait pas une action de premier ordre dans l'histoire de l'humanité. Les écrits chrétiens, si mauvais aux yeux de celui qui adopte pour type suprême les écrivains des grandes époques, sont profonds et touchants quand on les prend comme écrits populaires. Déjà Ézéchiel et Zacharie avaient substitué à l'ancienne
vision prophétique, si claire, si classique en quelque sorte, un genre de
visions beaucoup plus contournées. Depuis la captivité, aucun prophète ne
récita plus ses prophéties en plein air. La lecture a d'autres conditions que
l'audition. On y supporte des énigmes, demandant de la réflexion, des
logogriphes composites, où les idées sont rapprochées de force, sans souci de
la cohérence des symboles. Dans Daniel, ce défaut est porté à son comble ;
une corne parle, a des yeux. Nulle esthétique dans la composition des rébus
qui servent à exprimer la pensée de l'auteur ; partout quelque chose d'incongru,
de contraire aux lois de l'eurythmie grecque. Le divin sentiment de la forme
humaine, que Le succès fut immense, immédiat[27]. Le goût du temps, dans les pays grecs, en Égypte par exemple, et dans les pays orientaux, était aux énigmes sibyllines sur les événements politiques du jour. On aimait ces petits rébus ; on s'amusait à les déchiffrer ; les oracles tournés de la sorte avaient une grande publicité ; ils circulaient promptement, se vendaient même[28]. Chez les Juifs, l'esprit de secte était un excellent véhicule pour ces livres secrets, qu'on se passait sous le manteau. Ainsi fut répandu le livre de Daniel. Des traductions araméennes et grecques le mirent sur-le-champ à la portée de tous les lecteurs[29]. Tous ceux que leur imagination ou leurs opinions portaient vers les croyances messianiques en firent leur lecture habituelle. La synagogue orthodoxe elle-même le reçut parmi les écrits sacrés, sans pourtant l'introduire dans le volume des Prophètes. Jésus dut lire beaucoup ce livre, ainsi que celui d'Hénoch ; il y prit ses idées, ses expressions fondamentales, en particulier le mot de Fils de l'homme. Les premiers chrétiens s'en nourrirent et y cherchèrent leurs arguments en faveur de la messianité de Jésus[30]. Ce livre bizarre ouvre ainsi toute une littérature qui dura environ quatre cents ans, et servit à l'expression de la pensée juive et chrétienne pendant sa période de tourmente. L'Apocalypse dite de Jean n'est qu'un pastiche de celle dite de Daniel. Il en est de même des apocalypses d'Esdras, de Baruch. L'essence du genre, c'est le pseudonyme, ou, si l'on veut, l'apocryphisme. L'apocalyptisme, c'est, comme nous l'avons souvent dit, le prophétisme d'un âge où l'on ne pensait pas qu'il pût s'élever de nouveaux prophètes. L'homme passionné, qui avait quelque chose à dire, n'eut plus dès lors qu'un parti à prendre, endosser le manteau d'un ancien prophète ou d'un ancien sage pour faire entendre à ses contemporains ce qui, dans sa bouche, aurait manqué d'autorité. Le défaut de critique était tel que le livre était bientôt accepté, et, comme il répondait aux besoins du temps, il faisait plus d'impression, il était lu plus avidement que les, anciens écrits, bien plus beaux de forme, mais plus difficiles à comprendre et souvent un peu en dehors des préoccupations du moment. Comparé aux anciens livres bibliques, le livre de Daniel est comme l'expression d'un judaïsme nouveau, bien plus analogue aux ouvrages proto-chrétiens qu'à la vieille littérature hébraïque. L'ancien judaïsme n'a ni la vie éternelle ni la résurrection. Le royaume de Dieu, le messianisme, le jugement dernier n'y revêtent jamais une forme concrète. Ici tout est préparé comme il faut pour la croyance de l'humanité. L'éternité entre peu dans les idées juives, et, même ici, les expressions les plus fortes ne doivent pas faire illusion. Plus tard, les faiseurs d'apocalypses poseront des bornes à la durée du règne messianique : mille ans dans l'Apocalypse de Jean, quatre cents ans dans celle d'Esdras. L'auteur de Daniel n'a pas eu ce souci. Il s'arrête à la victoire des saints, et considère l'état de l'humanité acquis à ce moment comme définitif. De Daniel à saint Paul et aux Évangiles, la théorie du Messie se complétera par l'adjonction d'éléments essentiels. Le mot de Messie n'est pas dans Daniel[31]. La singulière expression de : Fils de l'homme n'a pas encore ici son sens, mystique. Ce que le livre de Daniel a bien en propre, c'est l'Homme vêtu de lin[32], le grand ange révélateur des chapitres X, XI, XII. Cet ange ressemble bien au génie suprême des elchasaïtes, d'Hermas, à l'ange vénérable des gnostiques, qui n'est pas Dieu, mais qui sert d'intermédiaire entre Dieu et le monde et est toujours conçu sous forme humaine. Le monothéisme fléchissait et perdait son antique raideur. Une sorte de polythéisme ou de mythologie, composée au moyen des anges et des hypostases divines, gagnait du terrain ; des personnages surnaturels, qui ne sont pas Dieu, prenaient consistance. Ils s'appelleront plus tard le Fils, le Verbe, le Christ ; niais il faudra bien des siècles pour qu'on ose les égaler au Père. L'Ancien des jours[33] trône encore pour longtemps ; le Fils ne le supplantera qu'après la complète victoire de Jésus. Le livre de Daniel est vraiment l'œuf du christianisme, le vitellus dont il se nourrit d'abord. Il marque la limite des deux Testaments ; en lui l'espérance invincible devient résurrection ; l'idéal d'avenir, messianisme ; le jour de Iahvé, eschatologie. L'angélologie également y prend des développements extraordinaires. Les anciens prophètes font peu d'usage du mécanisme des anges pour l'agencement de leurs visions. Les apocalypses, au contraire, en font leur rouage principal. Daniel en est obsédé ; son livre prélude à l'angélologie et à la démonologie exubérante qui impriment aux écrits évangéliques une tare désagréable pour tout esprit cultivé. L'humanité est ainsi faite que les divers éléments qui la
composent sont ennemis les uns des autres. Quand une de ses parties s'élève,
une autre s'abaisse. Un peuple moral est presque toujours hostile à la
science ; je crains bien, d'un autre côté, que ce que nous faisons ne serve
pas beaucoup au progrès moral des masses. La moralité du peuple demande
d'énormes sacrifices à la raison ; les progrès de la raison nuisent à la
moralité des masses qui se gouvernent par l'instinct. Le peuple juif
travaillait à une œuvre morale, non à une œuvre intellectuelle. Il ne faut
pas apprécier sa littérature d'après les règles du bon sens et du goût.
L'absurdité du détail ne doit pas masquer la grandeur de l'œuvre ; c'est
comme si, dans l'histoire de |
[1] Daniel = judex Dei, qui habet judicia Dei.
[2] Nul doute sur la modernité de ce livre. Sirach ne parle pas de Daniel, à un endroit où certainement il en aurait parlé, s'il l'avait connu (ch. XLIX), Les mots perses et grecs y sont nombreux ; כשרי pris dans le sens de magicien, etc.
[3] La prière d'Azarias ne s'est conservée qu'en grec ; mais elle a existé dans l'hébreu, d'où on l'a retranchée volontairement. Notez l'arrachement béant de la déchirure : ch. III, versets 24, 25, supposant les versets 22-26 du grec.
[4] Ce sont les mots qu'on voyait sur les poids. Voir Clermont-Ganneau, Rev. d'Archéol. orientale, t. Ier, p. 139-159.
[5] C'est au fond Darius fils d'Hystaspe, que l'auteur regarde comme le fondateur de l'empire médo-perse. Les Grecs aussi appellent les guerres de Darius guerres médiques (cf. H. Estienne, Μηδικός).
[6] Ch. VII, 6 ; XI, 2.
[7] Ch. XI et XII.
[8] Daniel, IV, 10.
[9] Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, III, 8.
[10] Exceptons Polybe, justement contemporain de notre Juif.
[11] On compte quelquefois autrement : empire assyrien, empire mède, empire perse, empire grec. Mais le visionnaire ne distingue pas entre l'empire mède et l'empire perse (notez VIII, 20). Il distingue, au contraire, entre l'empire d'Alexandre et celui des Séleucides, quoique celui-ci soit sorti d'Alexandre (XI, 2 et suiv.).
[12] Ch. VII et suiv.
[13] Dans le symbolisme des Apocalypses, quand une tête cornue désigne un empire, chaque corne désigne un souverain.
[14] Ch. VII, 25. Comparez Apocalypse, XI, 2 ; XII, 14 ; XIII, 5, où ladite formule est interprétée par quarante-deux mois.
[15] Voir Vie de Jésus, p. 131 et suiv., 284 et suiv.
[16] Ch. VIII.
[17] Ch. IX.
[18] Daniel, IX, 26.
[19] Ch. X, XI, III.
[20] A partir de XI, 21.
[21] Daniel, XI, 38-39, passage très obscur.
[22] Ch. XI, 30.
[23] Ch. XI, 44 et 45. Par moments, on dirait que l'auteur du livre de Daniel était informé de la mort d'Antiochus en Orient.
[24] C'est le grand révélateur qui est censé parler.
[25] Cf. Isaïe, IV, 3. Tous ceux que Dieu prédestine à ne pas être tués.
[26] Ch. III, 5 et suiv.
[27] Le livre de Daniel est très vite cité ; Baruch, I, 15-18 ; Carm. sib., III, 396-400 ; I Macchabées, II, 59-60 ; Josèphe, Ant., X, X et XI ; XI, VIII, 5.
[28] Alexandre, Orac. sibyll., t. II, p. 314-323, 562-567.
[29] Dans l'état actuel, le livre est mêlé d'hébreu et de chaldéen. Cela n'a pas de portée critique, et vient seulement d'un accident remontant aux origines du livre. Un copiste, pensant que l'araméen était la langue des anciens Chaldéens, a cru (v. 4 du ch. II) donner le discours des Chaldéens en sa langue originale en prenant le Targum araméen ; ארטיה n'était pas sans doute dans le texte original ; c'est une note marginale ou un en-tête de colonne. Puis le copiste a continué de copier le Targum, et n'est revenu à l'hébreu qu'au ch. VIII. Le même fait pour le livre d'Esdras.
[30] Matthieu, XXIV, 15, 22. Le chapitre des semaines d'années devient, à partir de l'Épître dite de saint Barnabé, une des bases de l'apologétique chrétienne.
[31]
Le mot טשיח,
IX, 26, ne se rapporte pas au Messie ; il désigne l'autorité (probablement
sacerdotale) de
[32] Cf. Ézéchiel, IX, 2.
[33] Daniel, VII, 9. Il est douteux que cette expression ait dans Daniel un sens sacramentel et ne doive pas simplement être traduite un vieillard. Le livre d'Hénoch la prend au sens sacramentel, par influence chrétienne.
[34] Peut-être ces chiffres auront-ils été retouchés après coup.