HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL

TOME TROISIÈME

LIVRE V. — LE ROYAUME DE JUDA SEUL

CHAPITRE XX. — NABUCHODONOSOR ET JÉRÉMIE. - LES FLÉAUX DE DIEU.

 

 

La quatrième année de Joïaqim (605) vit une révolution nouvelle, qui changea d'une façon durable la face de l'Orient. Un homme de guerre qui semble avoir été de premier ordre fit son apparition sur la scène du monde ; ce fut Nabokodrassar ou, selon la forme reçue, Nabuchodonosor[1], fils de Nabopolassar, qui allait, pendant près d'un demi-siècle, reproduire à Babylone les miracles de force que les Salmanasar et les Assourbanipal avaient réalisés à Ninive. Le fléau de Dieu était prêt. Iahvé aime la guerre ; les jours de bataille sont ses grands jours. Le dieu d'Israël n'a-t-il pas toujours quelque différend à vider avec les peuples ?

Empêché par les grandes luttes qu'il soutenait pour fonder son empire, Nabopolassar avait dit supporter trois ans la domination de Néchao à Karkemis. En 606, le jeune Nabuchodonosor attaqua l'armée égyptienne et la défit complètement. Le sort de la Syrie dépendit cette fois-là, comme toujours, d'une seule bataille[2]. La marche des débris de l'armée égyptienne vers le Sud fut une déroute continue[3].

La nouvelle de la bataille de Karkemis fit à Jérusalem la plus vive impression. Les iahvéistes en général, étaient plus favorables à l'Assyrie qu'à l'Égypte. Jérémie ne se posséda plus. Toujours à l'affût des nouvelles, selon l'usage des prophètes, il composa à ce sujet un sir imité des anciens[4], et où il semble suivre les péripéties du combat. Ce qui se passe sur l'Euphrate, les cadavres amoncelés lui apparaissent comme un grand sacrifice, en l'honneur de Iahvé Sebaoth. Quelques jours après, Jérémie composa une nouvelle pièce, pour se donner le plaisir d'annoncer à l'Égypte la visite du vainqueur[5]. Ses plaisanteries sont atroces. L'Égypte est une belle génisse ; un taon du Nord va venir la mettre en rage. Ses mercenaires étaient là, dans les basses terres du Nil, cantonnés comme des bœufs à engraisser. Malheur à eux !

A partir de ce moment, le géant sombre de Jérusalem a trouvé son homme. Nabuchodonosor est pour lui un serviteur de Dieu[6], un ministre de Dieu, exécutant ses arrêts. Il ne parle de lui qu'avec une sorte de terreur religieuse. La théorie des fléaux de Dieu, si chère aux Pères de l'Église, commence. Dieu frappe les peuples avec des instruments terribles, qu'il brise après s'en être servi. Il punit par des hommes qu'il punit ensuite à leur tour. Cette philosophie de l'histoire, qui est devenue celle de Bossuet et du catholicisme moderne, a bien Jérémie pour auteur. Dans les surates de Jérémie antérieures à la ruine de Jérusalem, on ne trouve pas clairement exprimée la contrepartie du fléau brisé à son tour[7] ; mais, après la captivité, les disciples complétèrent la théorie par de légères interpolations[8].

Depuis la treizième année de Josias, fils d'Amon, roi de Juda[9], jusqu'à ce jour, voilà vingt-trois ans que la parole de Iahvé m'est adressée, et je vous la redis sans relâche, et vous n'écoutez pas. Et Iahvé vous a sans cesse envoyé ses serviteurs, les prophètes, et vous n'avez pas voulu entendre... Pour cela, voici ce que dit Iahvé Sebaoth : Puisque vous n'avez pas écouté mes paroles, voici que j'enrôle toutes les tribus du Nord, et avec elles Nabuchodonosor, roi de Babel, mon serviteur, et je les amène contre ce pays et contre ses habitants, et contre tous les peuples à l'entour, et je les vouerai à l'anathème, et j'en ferai un sujet de stupeur et de dérision, un tas de ruines à perpétuité. Et je ferai cesser parmi eux les cris de joie et de réjouissance, la voix du Fiancé et de la Fiancée, le bruit des meules et la lainière du flambeau. Et tout ce pays deviendra un désert et une solitude, et je rendrai à tous selon leurs actes, selon les œuvres de leurs mains.

Car voici ce que m'a dit Iahvé, le Dieu d'Israël : Prends de ma main cette coupe de colère, et fais-la boire à tous les peuples vers lesquels je t'envoie. Qu'ils boivent, qu'ils titubent, qu'ils perdent la tête, devant l'épée que j'envoie parmi eux..... Et tu leur diras : Ainsi dit Iahvé Sebaoth, Dieu d'Israël : Buvez, et enivrez-vous, et vomissez, et tombez pour ne plus vous relever, devant l'épée que j'envoie parmi vous. Et s'il en est qui refusent de prendre la coupe de ta main pour boire, tu leur diras : Oh ! vous en boirez. Quoi ! après que j'ai sévi contre la ville qui porte mon nom, vous, vous en seriez quittes pour la peur. Non, non. L'épée que j'appelle est pour toute la terre. Dis-leur : Le fracas qui commence ira jusqu'au bout. C'est Iahvé qui prend à partie les peuples, qui plaide contre toute chair. Les méchants à l'épée !

La terre en effet, dans la vision du zélote forcené, devient un champ de carnage. Les cadavres couvrent le sol, comme un fumier. Iahvé, pour le coup, triomphe de la méchanceté des hommes[10]. Cette délicieuse perspective enivre le sinistre voyant. La terreur de tous côtés[11] est son mot d'ordre. Quelle joie ! Tous les ennemis de Iahvé vont être exterminés. Nous avons expliqué ailleurs comment l'adorateur de Iahvé est toujours un peu l'adorateur de la force. Le Dieu de Jérémie, à cette heure, fut vraiment l'épée de Nabuchodonosor, envisagée comme l'épée de Iahvé[12]. Il l'apostrophe, comme s'il en disposait.

Holà épée de Iahvé, jusqu'à quand ne te reposeras-tu pas ? Rentre dans ton fourreau, reste tranquille, arrête-toi. — Comment s'arrêterait-elle, quand Iahvé lui a donné des ordres. Il l'a commissionnée contre Ascalon et les côtes de la mer.

Cette sanglante revue, cette géographie de massacre et de haine, que le moyen âge appela les Onera[13], et qui provoqua si fort l'imagination joachimite au XIIIe siècle[14], ressemble au hennissement de la bête fauve à l'odeur du sang.

Philistins[15], Tyriens, Sidoniens, Chypriotes, Égyptiens, Mèdes, Élamites, Moabites[16], Ammonites[17], Édomites[18], Hamath , Arpad, Damas[19] sont réservés pour la destruction. Les Kédarites et autres tribus arabes n'ont qu'à se cacher dans des trous ; Nabuchodonosor, le roi de Babel, a décidé leur ruine[20].       

Levez-vous ; marchez contre ce peuple paisible, qui vit en sécurité, dit Iahvé. Il n'a ni portes, ni verrous ; il habite à l'écart. Que ses chameaux deviennent votre butin ! Que ses troupeaux soient au pillage ! Je les disperserai à tous les vents, ces gens aux cheveux tailladés ; de tous côtés, je ferai fondre sur eux la ruine ; parole de Iahvé ! Hasor deviendra un repaire de chacals, une solitude éternelle ; il n'y demeurera plus personne ; aucun mortel n'y séjournera.

L'épouvantable cri de joie qu'arrache au prophète juif l'extermination qui frappera bientôt des peuples paisibles, vivant tranquillement de leur industrie[21], est quelque chose d'horrible ; ce qui l'est plus encore, c'est la sympathie que l'homme de Dieu a pour le Tamerlan qui va tout mettre à feu et à sang. Le Iahvé exterminateur, ayant pour parfait serviteur Attila, voilà l'idéal de Jérémie. Cet appareil de la destruction l'enchante ; il y applaudit ; il s'y complaît. Les affreux tableaux qui remplissent les Onera sont peut-être ceux où Jérémie a déployé le plus de talent. Il y flotte comme une buée de sang. L'idée que la force représente la volonté de Iahvé, l'affreuse expression de Dieu des armées[22], l'idée que la justice suprême s'exécute par les batailles, jeu horrible d'où Dieu est si absent, tout cela est bien le côté nocturne de Jérémie. Il aime Nabuchodonosor, parce que Nabuchodonosor écrase les civilisations citadines et industrielles, que son instinct patriarcal lui fait haïr. Ce qui détruit lui parait fort et par conséquent approuvé de Iahvé. Plus tard, la prédication chrétienne abusa déplorablement de ces idées. C'est du livre de Jérémie, un des plus dangereux du Canon biblique, que sont venus ces hideux prosternements devant le massacre accompli qui ont si souvent souillé le langage catholique. Non, le mucro Domini n'est aux mains de personne et ne travaille pour personne. Attila n'est en rien le ministre de Dieu. Il est le mal, l'a négation de Dieu.

De Karkemis, Nabuchodonosor prit la route de l'Égypte, par la Célésyrie, selon l'itinéraire traditionnel des expéditions assyriennes. Il marchait lentement, soumettant les populations sur son passage[23]. A mesure qu'il approchait de la Judée, l'enthousiasme de Jérémie pour l'envahisseur redoublait. Il croyait probablement que Nabuchodonosor déposerait Joïaqim, et que la crise amènerait le massacre de ceux qui s'étaient compromis dans l'occupation égyptienne. Comme ces derniers étaient en même temps ses adversaires, il espérait assister ainsi au dernier soupir des ennemis de Iahvé. En son langage exagéré, Jérémie ne savait pas mesurer les mots. Il faisait comme un publiciste français qui, à bonne intention, en 1870, eût appelé les Prussiens les ministres de Dieu, eût applaudi aux défaites amenées par nos fautes, eût prédit pour l'avenir dix fois pis encore si l'on ne s'améliorait. La joie féroce qu'affecte le prophète hyperbolique n'est qu'une apparence, une figure de rhétorique. Mais combien les apparences étaient cette fois un défi à l'opinion ! C'est, à ce qu'il semble, au moment le plus critique du règne de Joïaqim que Jérémie conçut un de ses projets les plus hardis, pour frapper le peuple et imposer ses idées de réforme aux récalcitrants.

Jusque-là Jérémie n'avait pas écrit ses discours. Il pensa que, réunis en un volume, et mis en rapport avec les terreurs de l'invasion chaldéenne, ces discours, aussi bien ceux qui étaient relatifs à Juda que ceux qui se rapportaient aux autres nations, feraient une vive impression[24]. Il prit donc un rouleau et dicta à un de ses disciples, Baruch, fils de Nériah, frère de Seraïah, haut personnage de la cour[25], toutes ses pièces antérieures. Peu de temps après eut lieu une grande panégyrie de tout le pays à Jérusalem pour la célébration d'un jeûne (décembre 605). Les cours du temple étaient remplies de monde. Jérémie annonça l'intention de s'y rendre ; mais, au dernier moment, il feignit d'être empêché, et envoya Baruch, en le chargeant de lire en public le volume qu'il lui avait dicté. Les cours du temple étaient entourées de liskoth ou cellœ ne recevant de jour que par la porte, analogues aux qobbé des mosquées musulmanes, et, en se tenant sur le seuil, on pouvait s'adresser à tout le peuple. Baruch choisit pour s'y installer la cella de Gémariah fils de Safari le scribe, dans la cour supérieure, à côté de la porte Neuve du temple. L'effet de la lecture fut immense. Mikaïah fils de Gémariah, voyant l'émotion du peuple, descendit au palais royal, à la salle du Sofer.

Or tous les ministres, Élisama le sofer, Delaïah fils de Sémaïah, Elnathan fils d'Akbor, Gémariah fils de Safan, Sidqïah fils de Hananïah, tenaient justement séance en ce moment. Mikaïah leur raconta ce qu'il avait entendu lire à Baruch. Ils envoyèrent quérir au temple le lecteur imprudent, et lui ordonnèrent de répéter sa lecture devant eux. L'effroi de l'assistance fut extrême. Quoique l'âpreté des discours de Jérémie fût connue, ces discours ainsi rapprochés produisaient une impression qui les faisait paraître neufs. On disait que le prophète atrabilaire avait fait exprès de condenser en ces pages tout le mal que Iahvé. méditait de faire à son peuple. Les ministres questionnèrent Baruch sur la façon dont la rédaction s'était faite et l'engagèrent à se cacher ; ils firent porter le même conseil à Jérémie. Ensuite ils adressèrent un rapport au roi, qui voulut connaître le livre, cause de si vives émotions.

Un nouveau conseil fut tenu dans l'appartement d'hiver du palais. Le roi était assis, avec un brasero allumé devant lui, à cause de la rigueur de la saison ; les ministres se tenaient debout en sa présence. Le lecteur avait à peine lu trois ou quatre chapitres, que la colère du roi fut à son comble. Ces mots surtout, qui se trouvaient dans le volume : Le roi de Babel viendra dévaster ce pays et en exterminera hommes et bêtes, le révoltèrent, non sans raison. Il prit d'une main le rouleau, de l'autre le canif du scribe, et se mit à déchiqueter le volume, jetant les lambeaux dans le feu jusqu'au dernier.

L'assistance ne partageait pas l'assurance du roi. En entendant ces atroces menaces, plusieurs eussent voulu déchirer leurs habits, comme fit Josias en un cas semblable. Elnathan, Delaïah et Gémariah, en particulier, adjurèrent le roi de ne pas brûler des feuillets qui contenaient des paroles de Iahvé. Joïaqim fut inflexible. Il ne laissa pas subsister une trace du rouleau ; puis il donna ordre à Ierahmeël, qualifié ben ham-mélek, et à Seraïah fils de Azriël, et à Sélemiah fils de Abdeël, d'arrêter Jérémie et Baruch.

Selon l'expression du jérémiste exalté qui nous a transmis ces récits, Iahvé les cacha. Les précautions royales furent inutiles. Jérémie dicta de nouveau à Baruch les paroles que Joïaqim croyait avoir supprimées ; il y ajouta de nouvelles menaces plus terribles encore. De nouveau, la voix céleste annonça que Joïaqim n'aurait pas de successeur, que son corps serait jeté hors de la ville, exposé à la chaleur et au froid, que Jérusalem el Juda seraient frappés d'une totale destruction. Bien ne pouvait fléchir le forcené. Moins implacable que son maître, le pauvre Baruch trouvait dur de transcrire ainsi des paroles contre sa patrie[26]. Les prédictions terribles qu'il consignait dans le rouleau lui troublaient l'esprit. Il se plaignait amèrement à Iahvé de la dure tâche qu'il lui avait imposée. Iahvé daigna lui parler pour relever son courage ; mais ses paroles nous paraissent plus fortes que consolantes. Dans une catastrophe qui va englober l'humanité tout entière, il est beau de venir réclamer de petites faveurs d'exception ! Baruch aura la vie sauve partout où il ira ; qu'il s'en contente !

L'apparition de cette grande puissance militaire, qui semblait le rouleau broyeur de Iahvé, exaltait au plus haut degré les imaginations. Vers ce même temps, l'inspiré Habacuc[27] émit dans le public piétiste des pièces fort analogues à celles de Jérémie, mais supérieures par le talent littéraire.

Jetez les yeux sur les peuples, regardez,

Étonnez-vous, soyez stupéfaits ;

Car je vais en votre temps faire une chose

Que vous ne croiriez pas, si on vous la racontait.

Voici que je fais lever les Casdim,

Peuple féroce et emporté,

Qui traverse les étendues de la terre

Pour conquérir des demeures qui ne sont pas à lui.

Peuple terrible et redoutable !

Il tire de lui-même son droit et son orgueil.

Ses chevaux sont plus légers que des panthères.

Plus rapides que les loups du soir.

Ses cavaliers s'avancent fièrement,

Ils viennent d'un pays lointain,

Ils volent comme un aigle qui se hâte pour manger.

Tous viennent pour la violence,

La foule de leurs visages est en avant ;

Ils entassent les captifs comme du sable.

Ce peuple se moque des rois,

Les princes lui sont un objet de raillerie ;

Il se rit de toute forteresse,

Il amasse un peu de terre, et il la prend.

Il galope comme un ouragan,

Il passe en commettant le crime ;

Sa force est son Dieu.

Plus juste que Jérémie, Habacuc a des paroles de pitié pour les victimes et de colère contre les envahisseurs[28]. Dieu les punira à leur tour ; car après tout ils sont plus coupables que ceux qu'ils punissent,

N'es-tu pas, depuis les temps antiques[29],

Ô Iahvé, notre Dieu, notre Saint,

Qui nous préserve de la mort.

Iahvé, tu l'as établi[30] comme justicier,

Rocher[31], tu l'as commis pour châtier.

Toi qui as les yeux trop purs pour regarder l'iniquité,

Et qui ne saurais supporter la vue du mal,

Comment peux-tu bien regarder ces perfides,

Te taire quand le méchant dévore plus juste que lui ?

Tu as réduit les hommes à l'état des poissons

Et des reptiles de la mer, qui n'ont pas de roi.

Ce peuple les pêche avec son hameçon,

Les tire avec sa senne,

Les ramasse dans ses filets ;

Alors il est content, il saute de joie.

Voilà pourquoi il offre des sacrifices à sa senne,

Il brûle de l'encens à son filet ;

Car, grâce à ces ustensiles, sa part est belle,

Et sa chère plantureuse.

Le verra-t-on toujours vider son filet,

Pour recommencer à égorger les peuples sans pitié ?

Jérémie ne nous avait pas habitués à de telles protestations contre la violence triomphante. Habacuc nous console en nous assurant que ces forteresses bâties avec la sueur des peuples ne tiendront pas.

Ainsi les peuples se seront fatigués pour le feu,

Les nations se seront épuisées pour le néant[32].

Habacuc fut un patriote ; Jérémie fut un fanatique. Mais toutes les récompenses de l'histoire sont pour les exagérés. L'écrivain sensé est presque tombé dans l'oubli. L'aboyeur acharné, celui qui ne sacrifia jamais un trait de haine au bien de la patrie, est devenu une des pierres angulaires de l'édifice religieux de l'humanité.

 

 

 



[1] Les textes hébreux ont tantôt Nbukdnasr ou Nbukdrasr, par variante phonétique, non graphique. La seconde forme est la meilleure.

[2] II Rois, XXIV, 7.

[3] Jérémie, XLVI.

[4] Jérémie, XLVI, 1-12.

[5] Ch. XLXI, 13 et suiv.

[6] Jérémie, XXV, 9 ; XXVII, 6 ; XLIII, 11.

[7] L'idée de la punition du fléau se trouve clairement dans Habacuc.

[8] Le ch. XXV de Jérémie a sûrement été interpolé après la captivité. La comparaison du texte hébreu et du texte grec en fournit la preuve. Notez surtout v. 18. Les versets 11-14 et les quatre derniers mots du v. 26 sont de la plume d'un disciple de Jérémie, mais rentrent bien dans la pensée du maître. Il est possible que le chapitre entier soit du disciple qui a ajouté les ch. L, LI. Le verset 7 du ch. XXVII paraît aussi une interpolation ; il manque dans le grec.

[9] Ch. XXV.

[10] Jérémie, XXV, 32 et suiv.

[11] Jérémie, XLIX, 29.,

[12] XLVII, 6-7 : mucro Domini.

[13] Ch. XLVI, XLVII, XLVII, XLIX. Comp. l'énumération ch. XXV, 18 et suiv.

[14] Voir Nouvelles études d'hist. relig., p. 237.

[15] Ch. XLVI. Le titre mis à ce chapitre par les scoliastes est erroné ; il ne se trouvait pas dans le manuscrit dont se servirent les traducteurs alexandrins.

[16] Ch. XLVIII, pris en partie à Jonas fils d'Amittaï, déjà copié par Isaïe (ch. XV, XVI), et en partie au chant sur la prise d'Hésébon (Nombres, XXI).

[17] Ch. XLIX, 1-6.

[18] Ch. XLIX, 7-22.

[19] Ch. XLIX, 23-27.

[20] Ch. XLIX, 28-33.

[21] Comp. Juges, XVIII, 7.

[22] Nous ne parlons que de l'idée ; car l'expression de Sebaoth garde, dans Jérémie et les écrivains hébreux les plus modernes, le sens qu'elle a dans les prophètes les plus anciens. La traduction κύριος τών δυνάμεων vient des traducteurs alexandrins, qui eux-mêmes, dans beaucoup de cas, mettent Σαβαώθ ou παντοκράτωρ. Les traductions orientales n'ont jamais admis le sens d'armées.

[23] Un monument insigne du passage de Nabuchodonosor se voyait au Wadi Brissa, près de Ribla, au pied du Djébel-Akkar ; malheureusement il a été presque détruit il y a peu d'années. Voir Pognon, les Inscr. babyl. du Wadi Brissa (Paris, 1887). L'inscription de Wadi Brissa, comme toutes les inscriptions de Nabuchodonosor, se rapportait principalement aux constructions qu'il avait faites à Babylone et à Borsippa ; celle-ci parait avoir été cependant plus topique (Voir Pognon, p. 21-22). Une autre inscription de Nabuchodonosor se voit à l'embouchure du Fleuve du Chien, près de Beyrouth. Sayce, dans les Proceedings of the Soc. of Bibl. Arch., nov. 1881, p. 9 et suiv. ; Schrader, p. 364. Cette stèle est à peu près illisible.

[24] Jérémie, ch. XXXVI.

[25] Jérémie, LI, 59.

[26] Jérémie, XLV.

[27] Habacuc, I, 5 et suiv.

[28] Habacuc, ch. II.

[29] Habacuc, I, 12-17.

[30] Le peuple chaldéen.

[31] Le mot sour, rocher, était presque devenu un nom de Dieu.

[32] Habacuc, II, 13. Cette belle phrase est répétée dans Jérémie, LI, 58 (chapitre du temps de la captivité). C'était probablement un proverbe.