HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL

TOME TROISIÈME

PRÉFACE.

 

 

Dans ce volume, on verra l'œuvre des prophètes monothéistes acquérir une telle solidité que le coup terrible frappé par Nabuchodonosor sur Jérusalem ne pourra la détruire. Par un miracle de foi et d'espérance unique dans l'histoire, les iahvéistes de la réforme prophétique dispersés sur les bords de l'Euphrate décideront le retour en Judée, le rétablissement du culte, la reconstruction de Jérusalem. J'espère que j'aurai la force, dans un quatrième volume, de montrer la suite de la pensée juive jusqu'à l'apparition du christianisme et de clore ainsi le cycle d'histoire religieuse que j'ai embrassé comme ma tâche. C'est là une espérance que j'osais à peine concevoir il y a quelques années. Je crois maintenant pouvoir sans présomption entrevoir l'achèvement du travail qui a été le but principal de ma vie.

On m'a reproché d'avoir trop souvent, dans le précédent volume, fait des rapprochements entre les antiques événements que je raconte et les mouvements des temps modernes. Ce n'est pas ma faute si, dans le présent volume, j'ai été encore amené à blesser, en ce point, la susceptibilité des rhéteurs. L'histoire du judaïsme ancien est l'exemple où l'on voit le mieux l'opposition des questions politiques et des questions sociales. Les penseurs d'Israël sont les premiers qui se révoltèrent contre l'injustice du monde, qui refusèrent de subir les inégalités, les abus, les privilèges sans lesquels il n'y a ni armée ni société forte. Ils compromirent l'existence de leur petite nationalité, mais fondèrent l'édifice religieux qui, sous le nom de judaïsme, de christianisme, d'islamisme, a servi d'abri à l'humanité jusqu'à ce jour. Il y a là une leçon que les peuples modernes ne sauraient assez méditer. Les nations qui se livreront aux questions sociales périront ; mais, si l'avenir appartient à de pareilles questions, il sera beau d'être mort pour la cause destinée à triompher. 'fous les gens sensés de Jérusalem, vers l'an 500 avant Jésus-Christ, étaient furieux contre les prophètes, qui rendaient impossibles toute action militaire, toute diplomatie. Quel dommage, cependant, si ces fous sublimes avaient été arrêtés! Jérusalem y eût gagné d'être un peu plus longtemps la capitale d'un insignifiant royaume ; elle ne serait pas la capitale religieuse de l'humanité.

Pour les dates courantes au haut des pages, le lecteur est prié de vouloir bien se reporter aux observations qui sont à la fin de la préface du tome II. Je réserve pour le quatrième volume une carte de Palestine et un plan de Jérusalem, conformes aux données actuelles de la science. Pour la partie orientale de la typographie de ce volume et des deux précédents, je dois les plus grands remerciements à M. le Directeur de l'Imprimerie nationale, qui a bien voulu mettre à notre disposition tous les caractères qui étaient nécessaires pour la bonne exécution de l'ouvrage.