À qui dédier cet ouvrage, si ce n’est à la noble cité qui a enfanté la révolution de 1789 et la révolution de 1830 ? Né ton citoyen, daigne, Paris, agréer ce juste hommage de piété liliale et de piété historique ! Depuis un demi-siècle, tu fixes les regards du monde par tout ce que tu as fait, par tout ce que tu as souffert, par tout ce que tu as fondé ! Et quels fastes solennels, depuis ceux de l’ancienne Rome, sont gravés sur les tables de l’histoire ! Veuve de Mirabeau et de Napoléon, avec quelle vertu te réveillas-tu soudain, en 1830, sous le cilice ensanglanté de Charles X ! Rappelant ta liberté au nom de la gloire, ta gloire au nom de la liberté, renouvelant sur les cendres de tes héros l’apothéose de tes deux génies, ô Paris, tu connus, tu reçus les vœux de la France, et ta seconde révolution couronna le prince qui avait défendu la première ! Depuis deux années, tu as pris dans l’admiration et les respects de l’Europe la place que Napoléon avait laissée vacante ! Tu occupes aussi l’univers de tes créations, de tes combats, de ta victoire ! Capitole de la grande patrie, Capitole vengeur et libérateur, il t’est donné de foudroyer le parjure, la trahison, l’anarchie, de garder l’œuvre des trois journées, le trône conquis par ton sang et les pénates royaux de notre liberté ! Malgré les vœux de factions impies terrassées par tes armes, l’étranger n’entrera plus en ennemi dans ton enceinte ; la terreur et le droit divin n’y promèneront plus leur alliance monstrueuse au nom de Robespierre et de Charles X ! Tes invincibles légions viennent de le déclarer aux violateurs de ton sol hospitalier. Ville modèle de la liberté et de la civilisation, si j’ai osé rattacher tes souvenirs à la tyrannie de Louis XIV, alors que tu étais la vassale de Versailles, tu peux me le pardonner à présent que tu es la reine de la France ! Puissé-je, en plaçant sous l’égide de ton nom la fortune de cet ouvrage, n’avoir pas trop présumé de ta bienveillance et de mon faible talent ! J. DE NORVINS. |