APPENDICES
BASES SUR LESQUELLES SONT FONDÉS LES TABLEAUX DE CONCORDANCE Avant la réforme julienne, l’année romaine comprenait 355 jours répartis en douze mois, savoir : Januarius, 29 jours ; Februarius, 28 ; Martius, 31 ; Aprilis, 29 ; Maius, 31 ; Junius, 29 ; Quintilis, 31 ; Sextilis, 29 ; September, 29 ; October, 31 ; November, 29 ; December, 29. Tous les deux ans on devait ajouter, après le vingt-troisième jour de février, une intercalation de 22 ou de 23 jours alternativement. L’année moyenne étant ainsi trop forte de 1 jour, on devait retrancher 24 jours dans les huit dernières années d’une période de 24 ans. Nous n’aurons pas à tenir compte ici de cette correction. L’intercalation paraît avoir été régulièrement suivie depuis l’an de Rome 691 (consulat de Cicéron) jusqu’en l’an 702, où elle fut de 23 jours. Au milieu des troubles, l’intercalation fut omise dans les années 704, 706 et 708. Vers la fin de l’an 708, César remédia au désordre en plaçant extraordinairement, entre novembre et décembre, 67 jours, et en introduisant un nouveau mode d’intercalation. L’année 708 est la dernière de la confusion. L’année 709 est la première du style julien. DONNÉES HISTORIQUES AUXQUELLES Cicéron rapporte qu’au commencement de son consulat la
planète Jupiter éclairait tout le ciel (De Divin.,
I, 11). Cicéron entra en charge aux calendes de janvier de l’an 691 de
Rome, c’est-à-dire au En l’an 691, le 5 des ides de novembre, dans sa seconde
Catilinaire, X, Cicéron demande comment les compagnons efféminés de Catilina
supporteront les frimas de l’Apennin, surtout dans ces nuits déjà longues (his prœsertim JAM noctibus)[2]. On est en effet
au L’an 696 de Rome (58 avant Jésus-Christ), les Helvètes se donnent rendez-vous, à Genève pour un jour déterminé : is dies erat a. d. v kal. Aprilis (César, Guerre des Gaules, I, 6). Cette date correspond au 24 mars julien, jour où tombait l’équinoxe du printemps. Les Helvètes avaient pris cette époque naturelle ; César l’a rapportée au calendrier romain[3]. En l’an 700 de Rome (54 avant Jésus-Christ), César, après sa seconde campagne en Bretagne, rembarque ses troupes, quod æquinoctium suberat (Guerre des Gaules, V, 23). Il en informe Cicéron le 6 des calendes d’octobre, 21 septembre julien (Cicéron, Lettres à Atticus, IV, 17). L’équinoxe arriva le 26 septembre[4]. L’an 702, le 13 des calendes de février, c’est-à-dire le En l’an 703, Cicéron écrit à Atticus (V, 13) : Je suis arrivé à Éphèse le 11 des calendes de sextilis
( En l’année 704, l’intercalation est omise. Les partisans de César la réclamèrent en vain (Dion Cassius, XL, LXI, LXII). En 705, Cicéron, qui hésite à rejoindre Pompée, écrit à Atticus, a. d. XVII kal. Junii : Nunc quidem æquinoctium nos moratur, quod valde perturbatum erat. On était au 16 avril ; l’équinoxe était passé depuis 21 jours, et les troubles atmosphériques pouvaient durer encore. Était-ce d’ailleurs autre chose qu’un prétexte pour Cicéron ? César s’embarque à Brindes la veille des nones de janvier
706 (Guerre civile, III, 6). On est au Après être venu à Rome vers la fin de l’an 707, César en
repartit pour la guerre d’Afrique. Ce fut seulement à son retour, vers le
milieu de l’an 708, qu’il put s’occuper de la réorganisation de Quelle concordance s’agissait-il de rétablir ainsi ? Les 67 jours nécessaires étaient précisément ce qu’il fallait ajouter pour qu’en l’an séculaire 700 de Rome le mois de mars julien coïncidât avec l’ancien mois de mars romain. Le mois de mars de l’année 700 de Rome est le véritable point de départ du style julien. [voir le calendrier Julien de 64 à 45 avant Jésus-Christ] |
[1] De
[2] De
[3] Dans le système d’Ideler, les Helvètes ne seraient partis que le 16 avril julien. On ne trouve point alors de place pour les nombreux événements survenus sans que les blés fussent encore mûrs (César, Guerre des Gaules, I, 16).
[4] Le système d’Ideler (Voyez Korb, dans Orelli, Onomasticum Tullianum, t. I, p. 170), suivant lequel le 6 des calendes d’octobre serait tombé le 30 août julien, est manifestement en défaut. César ne se serait pas inquiété de l’équinoxe encore distant de 27 jours, lui qui, l’année précédente, trouvait bon de passer en Bretagne à la fin d’août.
[5] Le général de Gœler a voulu élever un nouveau système fondé sur ce que l’année romaine n’aurait eu que 354 jours. Suivant lui, cette réduction eût été nécessaire pour trouver les 560 jours dont parle Cicéron. L’auteur commet plus d’une erreur : entre autres, il attribue, sans y prendre garde, 29 jours au lieu de 27 au mois de février de l’an 703 (De Gœler, p. 91).
[6] Suétone avait écrit : César mit, pour cette fois, deux autres mois entre novembre et décembre, en sorte que l’année fut de quinze mois, y compris l’intercalaire, qui, en suivant l’usage, était tombé dans cette même année. Censorin, adoptant ce sentiment, trouve que César intercala 90 jours en l’année 708. Mais Suétone nous a légué d’autres erreurs. Dion Cassius, consul pour la seconde fois en l’an 229 après Jésus-Christ, avait puisé aux sources authentiques ; il vaut mieux s’en tenir à son système, qui rétablit la concordance astronomique pour l’équinoxe en l’an 700, tandis qu’avec le système de Censorin on a vainement cherché ce que César avait pu se proposer.