PALESTINE

 

LIVRE IV. — ANTIQUITÉS HÉBRAÏQUES OU CIVILISATION DES ANCIENS HÉBREUX

CHAPITRE II. — DE LA VIE DOMESTIQUE ET SOCIALE.

 

 

A. Habitations.

Les patriarches des Hébreux, comme nous le voyons dans plusieurs passages de la Genèse, demeuraient dans des tentes, qui, pour la forme et la disposition, étaient sans doute semblables à celles des Bédouins arabes de nos jours. La tenture en drap noir de poil de chèvre se trouve déjà indiquée dans un passage du Cantique (1, 5), et remonte sans doute plus haut. Les tentes sont divisées ordinairement en deux ou trois compartiments, et celui de derrière est destiné aux femmes ; mais les femmes des patriarches, comme celles des riches émirs, avaient leurs tentes particulières (Gen. 24, 67 ; 31, 33).

Dès leur entrée dans le pays de Canaan les Hébreux quittèrent la vie nomade et s'établirent dans des villes bien bâties qu'ils y trouvèrent en grand nombre (Deut. 6, 10), et qui en partie existaient déjà du temps des patriarches. Nous allons recueillir quelques détails que nous fournit la Bible sur les villes des anciens Hébreux et sur leurs maisons. Les villes proprement dites étaient toujours fortifiées par des murailles et situées pour la plupart sur des hauteurs. Dans les campagnes il y avait aussi des localités ouvertes moins importantes, des bourgs (Nombres, 32, 41) et des villages (Cant. 7, 12), qu'on appelait aussi les filles des villes dont ils dépendaient (Nomb. 21, 25). Nous connaissons fort peu la disposition intérieure des villes ; les rues, en général, étaient probablement étroites, comme dans tout l'Orient, mais il y avait aussi çà et là des rues larges, s'II faut en juger par le mot hébreu REHOB (dérivé de RAHAB, large), qui désigne la place publique, mais qui souvent a le sens de rue[1]. Les rues larges étaient occupées probablement par des boutiques et des bazars et portaient des noms empruntés à l'industrie qui s'y pratiquait principalement ; ainsi, par exemple, dans le livre de Jérémie (37, 21), on mentionne la rue des Boulangers à Jérusalem. Les grandes places, où se tenaient les assemblées publiques, les tribunaux et les marchés (II Rois, 7, 1), étaient situées aux portes des villes[2]. Ces portes devaient former des allées voûtées d'une certaine profondeur, car elles étaient surmontées d'un bâtiment (II Sam. 18, 24) et souvent flanquées de tours (II Chr. 26, 9). Un fonctionnaire particulier, appelé Schoër (portier), y avait sa demeure (II Sam. 18, 26). — La Bible ne nous offre pas de traces du pavage des rues ; nous savons seulement que plus tard, du temps d'Hérode et de ses successeurs, il y avait en Palestine des rues pavées, et il est possible que le pavage ait été usité avant cette époque chez les habitants de la Palestine, comme il l'était chez les Phéniciens[3]. Chaque ville avait des citernes et des puits publics ; les grandes villes avaient des aqueducs (Isaïe, 7, 3). — Les noms des villes ont généralement un sens bien précis, se rapportant à la position géographique de la localité ou à quelque autre circonstance.

Les maisons étaient bâties en argile (Job, 4, 19), en briques (Isaïe, 9, 9), ou en pierres (Lév. 14, 40). Pour les maisons des grands et les palais on employait de grandes pierres de taille (I Rois, 7, 9), et quelquefois même le marbre (I Chron. 29, 2). Comme ciment on utilisait peut-être quelquefois l'asphalte (Genèse, 11, 3), mais plus souvent la chaux (Isaïe, 27, 9) et le plâtre (Deut. 27, 4), qui servaient aussi d'enduit (Ézéch. 13, 10). Les murs des grandes maisons étaient badigeonnés en couleur rouge (Jérém. 22, 14). Comme bois de construction, on se servait ordinairement du sycomore (Is. 9, 9) ; les riches employaient aussi le bois de cyprès, d'acacia, d'olivier et de cèdre. Le bois de sandal, qui probablement venait de l'Inde, n'était employé que pour les boiseries de luxe (I Rois, 10, 12).

Nous ne pouvons recueillir dans la Bible que fort peu de notions sur la forme et la disposition intérieure des maisons ; les indications que nous trouvons çà et là concernent principalement les maisons des riches et les palais des rois. Les grandes maisons formaient ordinairement un carré, ayant au milieu une cour (impluvium), dans laquelle se trouvait un puits ou une citerne (II Sam. 17, 18), et probablement aussi un bassin, servant quelquefois de bain (ib. 11, 2). Autour de l'édifice il y avait ordinairement une avant-cour, fermée par un mur d'enceinte. L'édifice était divisé en plusieurs étages : le palais de Salomon, par exemple, en avait trois (I Rois, 7, 4) ; la maison de la courtisane Bahab (Josué, 2, 15) et celle qu'habitait David avant d'être roi (I Sam. 19, 12) en avaient au moins un au-dessus du rez-de-chaussée. Les toits étaient plats, tels qu'on les voit généralement chez les Orientaux, et seulement un peu élevés vers le milieu pour laisser échapper l'eau de pluie qui s'écoulait au moyen de gouttières (Prov. 19, 13 ; 27, 15). Pour les couvrir on se servait probablement de briques[4], ou bien, comme dans la Syrie moderne, d'une composition de pierres, de chaux, de sable et de cendre[5]. L'humble toit du pauvre n'était couvert que d'une couche de terre bien solide, sur laquelle on voyait souvent pousser une verdure chétive (Ps. 129, 6). Les toits, étant construits en plateformes ou en terrasses, !pouvaient être utilisés de différentes manières : on y exposait à l'air certains objets du ménage (Josué, 2, 6) ; on s'y promenait pour prendre le frais (II Sam. 11, 2) ; on y couchait quelquefois dans la belle saison (I Sam. 9, 26) ; on s'y retirait pour avoir des entretiens secrets (ib. v. 25), ou pour s'abandonner à la douleur, dans une circonstance malheureuse (Isaïe, 15, 3). Etre assis au coin d'un toit (Prov. 21, 9 ; 25, 24) est une expression proverbiale pour désigner une vie triste et isolée. Dans les troubles et les grands concours de monde on se rendait sur les toits (Is. 22, 1), pour observer ce qui se passait, pour se sauver ou pour se défendre (Juges, 9, 50), et quelquefois pour accomplir des actes extraordinaires en présence de la foule réunie (II Sam. 16, 22). On y dressait aussi les tabernacles, pour la fête de ce nom, et les Hébreux idolâtres y avaient des autels consacrés au culte des astres (2 Rois, 23, 12)[6]. On comprendra maintenant pourquoi la loi de Moïse ordonne de faire une balustrade autour du toit pour empêcher qu'il n'arrive un malheur. — Sur le devant du toit se trouvait ordinairement un pavillon ou une chambre haute (ALIYYA), où l'on se retirait pour se reposer, pour faire sa dévotion, et, en général, quand on voulait être seul ; on y logeait quelquefois des étrangers a qui on voulait donner l'hospitalité[7].

Ce qu'on vient de lire peut donner une idée de l'aspect extérieur des maisons ; on peut aussi comparer ce que nous avons dit du palais de Salomon.

On n'arrivait aux appartements du rez-de-chaussée que par la cour intérieure ; un escalier se trouvant à l'un des côtés de l'édifice, conduisait directement de la cour extérieure, ou de l'avant-cour, aux étages supérieurs et au toit, dé sorte qu'on pouvait descendre du toit sans traverser l'intérieur de la maison[8]. Il y avait dans les maisons des riches des habitations vastes et bien aérées (Jérémie, 22, 14). On mentionne des salles pour les repas et les festins (I Sam. 9, 22)[9], des chambres à coucher (II Sam. 4, 7), des appartements d'été et des appartements d'hiver (Amos, 3, 15) ; ces derniers étaient chauffés par le moyen d'un réchaud ou d'un brasier placé au milieu de la chambre (Jér. 36, 22). Les appartements étaient lambrissés et parquetés de bois précieux (ib. 22, 14) ; les murs étaient couverts d'ornements en ivoire (Amos, ib.)[10], et peut-être aussi de peintures (Ezéch. 23, 14). — Les portes, d'une seule pièce ou à deux battants, tournaient sur des pivots fixés aux deux extrémités du battant et qui s'adaptaient dans deux trous pratiqués l'un en haut et l'autre en bas[11], comme ils existent encore dans l'une des portes du monument appelé les sépulcres des rois. Les verrous et les serrures (Cant. 5, 5), ainsi que les clefs (Juges, 3, 25), étaient ordinairement en bois, comme on en voit encore maintenant chez les Orientaux. Les verrous de métal sont mentionnés comme une chose rare (Deut. 33,25), et n'étaient généralement d'usage que pour les portes des villes (I Rois, 4, 14). Au-dessus des portes des maisons et des villes il y avait des inscriptions, qui, selon la loi de Moïse (Deut. 6, 9 ; 11, 20), devaient avoir un caractère religieux et se rapporter aux croyances fondamentales des Hébreux. — Les fenêtres étaient distribuées avec symétrie (I Rois, 7, 4) ; dans l'Orient moderne elles donnent presque toujours sur la cour intérieure, mais il résulte avec évidence de plusieurs passages de la Bible que dans l'ancienne Palestine les fenêtres, même celles des appartements des femmes, donnaient aussi sur la rue[12]. Elles étaient fermées par des treillis ou des jalousies (Juges, 5, 28 ; Cant. 2, 9), qui garantissaient des rayons du soleil et laissaient pénétrer l'air ; mais on pouvait les ouvrir à volonté (II Rois, 13, 17).

Comme meubles indispensables la Bible mentionne le lit, la table, la chaise et le chandelier (II Rois, 4, 10). Les mots hébreux MITTA et ÉBÈS (lectus) désignent tantôt un lit, dans le sens que nous attachons à ce mot, et servant pour y reposer la nuit ou pour y coucher un malade[13] ; tantôt le divan rangé le long des murs ou le sofa sur lequel on s'asseyait à table[14]. On mentionne, comme garniture de lits, les couvertures ou tapis, les matelas et les coussins[15]. Quand le luxe se répandit parmi les Hébreux, on voyait dans les appartements des riches des lits magnifiques en bois de cèdre (Cant. 3, 9), avec des ornements en ivoire (Amos, 3, 4) ; le roi Salomon, dit-on, avait un lit couvert de pourpre, avec des colonnes d'argent et un dossier d'or (Cant. 3, 10). Dans les Proverbes (7, 16), la femme séductrice vante son lit garni d'étoffes précieuses de lin d'Égypte et parfumé de myrrhe, d'aloès et de cinamome. — Les chaises ne sont pas en usage dans l'Orient moderne ; mais nous en trouvons chez les Hébreux, car le mot KISSÉ (II Rois, 4, 10), qui souvent s'emploie dans le sens de trône, désigne évidemment un siège différent du lit de repos et du sofa. — Les chandeliers étaient apparemment très-grands ; on les posait a terre et ils portaient une ou plusieurs lampes dans lesquelles on brûlait de l'huile. Les pauvres avaient probablement des chandeliers de terre ; ceux des gens aisés étaient d'un métal plus ou moins précieux. La description du chandelier du Tabernacle (Exode, 25, 31-38) peut donner une idée des candélabres de luxe qu'on voyait dans les maisons des riches.

A ces meubles il faut ajouter le moulin à bras, qui ne manquait dans aucune maison (Deut. 24, 6), et toute la vaisselle de cuisine et de table dont nous parlerons plus loin. Nous ne trouvons aucun renseignement sur la construction des cuisines ; le prophète Ézéchiel (46, 23) fait mention des cuisines du Temple, mais sans en donner la description. Il nous laisse deviner seulement que c'étaient des foyers placés en plein air et appuyés contre le mur de la cour extérieure.

 

B. Vêtements et toilette.

Nous trouvons dans la Bible un assez grand nombre de mots désignant des vêtements ou des objets de toilette ; mais nous serions dans une complète ignorance sur la forme des vêtements des Hébreux, s'il ne nous était pas permis d'en juger, jusqu'à un certain point, par ceux que nous voyons encore aujourd'hui chez les Orientaux et notamment chez les Arabes. On sait que dans tout le Levant les modes et les usages changent fort peu ; les vêtements essentiels y ont conservé de tout temps une extrême simplicité, et encore aujourd'hui on reconnaît dans le costume oriental les principales pièces qu'on trouve représentées sur les ruines de quelques monuments de l'antique Asie[16]. Il n'y a pas de doute cependant que les Hébreux n'aient introduit dans leur costume plusieurs détails particuliers, qui en faisaient un costume national ; car, sous les derniers rois, nous voyons les prophètes se plaindre quelquefois de ceux qui se revêtent de vêtements étrangers (Sephania, 1, 8). Nous savons par le prophète Isaïe (ch. 3) que, de son temps, les femmes de Jérusalem avaient une toilette assez compliquée et composée d'une multitude de détails très-recherchés[17]. Nous devons nous contenter de résumer ici les données les moins douteuses.

Les matières dont on se servait pour les vêtements étaient la laine, le lin et plus tard le coton ; la couleur la plus ordinaire était le blanc (Ecclés. 9, 8). Les gens riches portaient des étoffes teintes en pourpre rouge ou violette, ou en cramoisi ; on employait aussi la broderie pour les vêtements de luxe. — Les principaux habits mentionnés dans la Bible sont la tunique (CHETHONETH) et le manteau (SIMLA). La tunique, qui était de lin, et qui avait des manches, se portait tantôt sur le corps nu, tantôt sur une chemise (SADÎN)[18] ; elle était ample et probablement très-longue[19], et on la serrait avec une ceinture. Le vêtement de dessus, ou le manteau, était de forme et d'étoffes différentes. Il paraît que c'était ordinairement une espèce de châle, semblable au haïk des Arabes ; car il avait quatre coins, auxquels, selon la loi de Moise, on devait attacher des houppes avec un fil violet, pour se rappeler les préceptes de Jéhovah et éviter l'idolâtrie[20]. Les gens distingués portaient aussi le Melt et l'Ephod[21], que nous avons vus parmi les vêtements du grand prêtre ; leurs jeunes fils et leurs filles portaient des tuniques longues et bigarrées de diverses couleurs[22]. Une espèce de large manteau de luxe, appelé addéreth, était porté par les rois (Jonas, 3, 6) ; les prophètes en avaient de pareils en poil (Zach. 13, 4)[23]. — La chaussure consistait en sandales qu'on attachait aux pieds avec une courroie ; le dessus des pieds étant pu, on ne pouvait manquer d'y amasser beaucoup de poussière, c'est pourquoi il est question si souvent dans la Bible de laver les pieds. — La coiffure était le turban, qui, dans la Bible, porte plusieurs noms, et qui, sans doute, avait différentes formes ; tout ce qu'on peut dire de positif à cet égard, en se fondant sur l'étymologie de mots tels que sanîph et misnéfeth, c'est que le turban consistait essentiellement en un drap qui entourait la tête plusieurs fois.

Les vêtements que nous venons de nommer sont communs à l'un et à l'autre sexe, en exceptant toutefois l'éphod et l'addéreth, que nous ne trouvons pas mentionnés comme vêtements de femmes. Mais les femmes portaient des étoffes plus fines ; leurs vêtements avaient plus d'ampleur, et elles se faisaient connaître aussi par différents objets de toilette qui leur étaient particuliers. La différence dut être bien tranchée, car la loi interdit à l'homme de porter le manteau (simla) de la femme, et à celle-ci de porter l'appareil (armes et vêtements) de l'homme (Deut. 22, 5). Les vêtements des femmes ont quelquefois des noms particuliers, ce qui indique une différence dans l'étoffe, la façon ou les ornements ; ainsi la ceinture de lin ou de coton que portaient les femmes est appelée KISCHOURIM, mot qui est au pluriel et qui signifie ligamina, car elle entourait le corps plusieurs fois, comme l'abnet des prêtres. La ceinture des hommes, appelée ÉZOR, était en cuir (II Rois, 1, 8), ou en lin (Jérém. 13, 1), et probablement plus simple que celle des femmes, qui formait un des principaux objets de la toilette, et notamment de la parure des jeunes mariées (ib. 2, 32). Le manteau des femmes, appelé MITPAHATH (Ruth, 3, 15), était apparemment très-large ; Ruth s'en servit pour emporter six mesures d'orge que Booz lui avait fait donner. Les femmes portaient encore une autre espèce de vêtement supérieur, appelé MAATAPHA (enveloppe), et qui était, à ce qu'il paraît, une seconde tunique à manches, beaucoup plus ample que la tunique inférieure[24]. La chaussure des femmes était d'un cuir précieux, appelé thahasch, comme nous le voyons dans un passage d'Ézéchiel (16, 10), soit que, du temps de ce prophète, on ajoutât déjà aux sandales une bordure ou une empeigne d'une peau plus fine, ou, ce qui est plus probable, que la peau de thahasch s'employât aux courroies des sandales. Un complément à la chaussure des femmes étaient les ACHASIM (Isaïe, 3, 18), que je crois être une espèce de sandales ou de socques très-élevés et garnis de clochettes ou de petites plaques de métal qui s'entrechoquent dans la marche et retentissent à chaque pas, comme l'indique un passage d'Isaïe (ib. v. 16). On voit cette chaussure encore aujourd'hui chez les femmes orientales ; on l'appelle kabkâb[25] ; destinée d'abord à garantir les pieds de la poussière et de l'humidité, les femmes en ont fait un objet de luxe, qui sert à leur donner une taille plus élevée. Outre les turbans, une coiffure des femmes était le bonnet en filet, car c'est là ce que la plupart des commentateurs entendent par les schebisim, mentionnés par Isaïe (3, 18). — Un objet essentiel dans la toilette des femmes était le voile ; mais rien ne prouve que, chez les Hébreux, les femmes n'aient pu se montrer que le visage couvert. il est certain du moins qu'à l'époque patriarcale la femme honorable pouvait montrer son visage sans se compromettre (Gen. 12, 14), quoique le voile fît partie alors de l'habillement des femmes. Rebecca porte un voile, mais elle reste le visage découvert devant Éliézer, et ne se couvre que lorsqu'elle voit arriver Isaac, son fiancé (ib. 24, 65) ; Thamar se couvre de son voile afin de ne pas être reconnue par Juda, mais aussitôt que celui-ci est parti, elle ôte le voile (ib. 38, 14 et 19). On peut conclure de ces récits de la Genèse que les usages s'étaient conservés les mêmes à l'époque de la composition de ce livre, et, comme nous venons de le dire, rien ne prouve qu'ils aient changé depuis. On a déjà vu que les femmes des Hébreux jouissaient d'une grande liberté, et il n'est pas probable qu'elles aient observé, sous le rapport du voile, la stricte étiquette que les femmes orientales observent aujourd'hui, et que plusieurs auteurs ont fait remonter mal à propos à l'antiquité hébraïque[26]. Chez les Hébreux les femmes et les jeunes filles se couvraient probablement du voile, en sortant dans les rues, et en général dans les circonstances où un sentiment de pudeur leur en faisait un devoir, comme fit Rebecca, au moment où, pour la première fois, elle aperçut son fiancé ; mais dans les maisons et même dans les lieux où se tenaient des réunions publiques, elles n'hésitaient pas à se montrer aux hommes le visage découvert, comme nous le voyons par l'exemple d'Hannah, qui, en priant dans le sanctuaire de Siloh, pouvait être observée en face par le grand prêtre Éli (I Sam. 1, 12). — Nous ne saurions dire quelle était la façon des voiles, ni s'il y en avait plusieurs espèces ; l'Ancien Testament nous offre au moins deux mots qui, sans contredit, ont le sens de voile, savoir, le mot CAÎF, qu'on trouve dans la Genèse (24, 65 ; 38, 14 et 19), et le mot RAAL (ou reala), dont se sert le prophète Isaïe (3, 19). Ce dernier mot, qui est usité aussi en arabe, n'est peut-être qu'un mot plus moderne, synonyme de caïf[27]. Quelques autres mots, auxquels on a attribué le sens de voile, sont douteux[28].

Les hommes et les femmes mettaient un grand soin à la chevelure : les jeunes gens portaient les cheveux longs et touffus et ne les coupaient qu'à de longs intervalles (II Sam. 14, 26) ; dans le Cantique (ch. 5, v. 2 et 12) on parle des cheveux bouclés et noirs comme le corbeau. On avait une certaine répugnance pour les têtes chauves, qui étaient quelquefois exposées aux insultes (II Rois, 2, 23). Les hommes graves et surtout les prêtres observaient le juste milieu, en raccourcissant les cheveux de temps en temps (Ézéch. 44, 20) ; mais la loi défendait de couper les cheveux à la manière des Arabes qui se rasaient la tête tout autour et ne laissaient les cheveux qu'au sommet. Il fallait laisser les coins de la chevelure et de la barbe (Lév. 19, 27), c'est-à-dire les cheveux qui couvrent les tempes et la partie de la barbe qui s'y rattache, et qui couvre les joues. La défense du législateur s'explique par la coutume que les Arabes pratiquaient à ce sujet en l'honneur d'une divinité semblable à Bacchus, comme le dit Hérodote (III, 8) ; le prophète Jérémie parle plusieurs fois de ces Arabes qu'il appelle, par dérision, hommes aux coins coupés[29]. Quant à la barbe, on la considérait comme l'ornement de l'homme et on la portait longue ; l'atteinte portée à la barbe était le plus grand outrage qu'on pût faire à un Hébreu, et David vengea d'une manière terrible un semblable outrage fait à ses ambassadeurs. On s'oignait la barbe, ainsi que la chevelure, avec des huiles odoriférantes (Ps. 133, 2). Les femmes savaient s'arranger les cheveux avec coquetterie (IIU Rois, 9, 30) ; le prophète Isaïe (3, 24) fait allusion aux cheveux frisés et aux tresses. Les peignes et les épingles à friser ne sont pas mentionnés dans la Bible ; il en est question dans la Mischna, mais il reste douteux si on peut les faire remonter aux anciens Hébreux[30]. La chevelure était retenue par un bandeau qui ceignait le front, et que les femmes riches couvraient d'une plaque d'or ou d'argent ; du moins le Talmud mentionne ces bandeaux sous le nom de totaphôth[31], qui se trouve dans le Pentateuque, où il désigne les phylactères que les hommes devaient mettre sur le front et dont nous parlerons ci-après.

Il nous reste à traiter des bijoux et de quelques autres objets de toilette, en usage chez l'un ou l'autre sexe. Les hommes ne portaient ordinairement d'autres ornements que l'anneau à cacheter et le bâton ; l'anneau se portait tantôt à un doigt de la main droite (Gen. 41, 42 ; Jér. 22, 24), tantôt il était suspendu sur la poitrine (Cant. 8, 6), au moyen d'un cordon appelé pathil (Gen. 38, 18). Le bâton appelé matté était sans doute surmonté d'un ornement de prix ; Hérodote (I, 195) nous apprend que chez les Babyloniens chacun portait un anneau à cacheter, et un bâton surmonté d'un ornement tel qu'une pomme, une rose, un lis, un aigle, ou autre chose. Or, Juda portait également l'anneau et le bâton, et ce dernier devait être un objet de prix, puisque Thamar le demanda en gage (Genèse, l. c.). Nous rappellerons aussi les bâtons de Moïse et d'Ahron, portant également le nom de matté, tandis que le bâton ordinaire, dont se servaient les gens du vulgaire et les voyageurs, est appelé makkel ou misch'éneth (appui)[32]. — Les rois et d'autres personnages de distinction portaient quelquefois des chaînes d'or au cou (Gen. 91, 42) et des bracelets (II Sam. 1, 10) ; les jeunes garçons portaient aussi des boucles d'oreilles (Exode, 32, 2). — L'usage de porter des amulettes était très-répandu dans l'antiquité, et l'est encore aujourd'hui chez les Orientaux ; cet usage existait aussi chez les anciens Hébreux, et c'est sans doute pour abolir cette superstition, que le législateur leur ordonna de porter sur le bras et au front (en place des amulettes) certains écrits renfermant les principes fondamentaux de la loi[33].

Les bijoux des femmes étaient assez nombreux ; en nous présentant une femme parée de la tête jusqu'aux pieds de tous les bijoux mentionnés dans la. Bible, nous remarquerons les objets suivants[34] : 1° Des boucles d'oreilles de différentes formes ; on les appelle NÉZEM (probablement des pendants, car les boucles de nez portent le même nom), ou AGHÎL (des ronds), ou NETIPHÔTH (des gouttes, ou des perles). Peut-être les boucles d'oreilles se composaient-elles à la fois de plusieurs pièces auxquelles s'adaptaient ces différents noms. 2° Des boucles de nez, appelées NÉZEM (Gen. 24, 47) ; encore aujourd'hui les femmes orientales portent cet ornement suspendu à l'un des deux côtés du nez, que l'on perce à cet effet, comme les oreilles. L'anneau, fait d'ivoire ou de métal et orné quelquefois de pierres précieuses, a 2 ou 3 pouces de diamètre et pend sur la bouche. Éliézer donna à Rebecca un pareil anneau en or, qui pesait un béka ou demi-sicle (ib. v. 22). Dans les Proverbes (11, 22), on compare la beauté d'une femme sans esprit à un anneau d'or placé au museau d'une truie. 3° Des colliers, ou plutôt des chaînes suspendues autour du cou et descendant sur la poitrine. Ces chaînes, appelées RABÎD, étaient quelquefois doubles ou triples et se composaient en partie de fils d'or et en partie de pierres précieuses et de perles. Aux différentes chaînes étaient attachés divers ornements d'or, tels que des petits soleils, ou des croissants (SAHARÔNÎM, Is. 3, 18) ; des amulettes d'or ou des talismans (LEHASCHIM, ib. v. 20), ayant peut-être la forme d'un serpent, et sur lesquels étaient gravées des formules magiques ou des paroles de la loi de Moïse ; enfin des flacons d'essence (BOTTÉ- NÉPHESCH, ib.) qui se cachaient dans le sein, ou descendaient jusqu'à la ceinture. Quelquefois on remarquait aussi autour des joues une chaine d'or qui se rattachait à la coiffure (Cant. 1, 10). 4° Des bracelets, appelés EÇ'ADA ou ÇAMID ; comme on trouve ces deux mots à côté l'un de l'autre (Nombres, 31, 50), ils ne sauraient être empiétement synonymes. Le premier paraît être en rapport avec le mot arabe saïd (bras) et désigne sans doute un anneau qui entourait le bras près du coude, comme nous le lisons expressément dans la Bible (II Sam. 1, 10), tandis que le çamid se fixait près de la main (Gen. 24, 30 et 47). Ces deux espèces de bracelets étaient donc des anneaux faits, soit d'or, soit d'argent ou d'ivoire ; les bracelets que le serviteur d'Abraham donna à Rebecca pesaient, selon la Genèse (ib. v. 22), dix sicles d'or. Mais outre les anneaux, nous trouvons aussi mentionnés des bracelets en forme de chaînes (SCHÉROTH, Is. 3, 19), ou faits de fils d'or[35]. 5° Des bagues (TABBAATH, ib. v. 21) qu'on portait aux doigts des deux mains. 6° Des anneaux de pied (periscellides), tels qu'on en portait chez les Grecs et les Romains, et qu'on en voit encore chez les femmes arabes, qui les appellent Khal-khâl[36]. — Nous devons encore mentionner les CHARITÎM (sacs ou poches) qu'Isaïe (3, 22) mentionne parmi les objets de toilette des femmes, et que nous retrouvons ailleurs comme bourses à argent (II Rois, 5, 22). Les sacs que les dames eu toilette portaient à la ceinture, étaient probablement d'une belle étoffe et ornés de broderies, s'il faut en juger par ce que l'Orient moderne nous offre d'analogue[37] ; l'étymologie du mot charit ou kharit paraît indiquer la forme conique. — On ne trouve pas de trace des mouchoirs, et sans doute les femmes des Hébreux savaient s'en passer aussi bien que celles des Grecs et des Romains[38] ; les sudaria des Romains manquent également dans l'ancien Testament, et le Talmud ne les connaît que sous le nom latin.

Un objet essentiel, qui ne pouvait manquer sur la table di e toilette des femmes, était le POUCH, une espèce de fard pour les yeux, le même que le Cohl des Arabes et le stibium des Romains ; on le mettait dans une corne, comme nous le laisse deviner le nom de Kéren-happouch (Cornustibii) que l'on donne à l'une des filles de Job (Job, 42, 14), et on y trempait une aiguille d'argent, d'ivoire ou de bois, pour en noircir les paupières, ce qu'on appelait : Mettre les yeux en pouch (II Rois, 9, 30), ou, comme s'exprime ironiquement le prophète Jérémie (4, 30) : Se déchirer les yeux par le pouch. Le prophète Ézéchiel (23, 40) désigne le procédé par le verbe CAHAL, dont se servent les Arabes encore aujourd'hui, ce qui prouve la perpétuité de cet usage. — Nous avons déjà parlé de la poudre jaune de copher (en arabe al-henna), dont se servaient les femmes pour se teindre les ongles et les cheveux. — Ajoutons à ces objets les vases à parfum, servant à parfumer les appartements, les vêtements et les cheveux, la boite à onguent, le flacon contenant des essences  et on aura une idée assez exacte de tout ce qui était nécessaire à la toilette des belles Sionites, dont la coquetterie trouva un si rigide censeur dans le prophète Isaïe. Mais certes cette coquetterie n'aurait été satisfaite qu'à moitié, si la femme, pour juger de l'effet de sa beauté, de l'élégance et de l'éclat de sa parure, avait été obligée de se fier aux yeux d'une amie ou d'une suivante et qu'elle n'eût pu se contempler elle même dans un miroir. En effet, le miroir en métal poli remonte, chez les Hébreux, à une haute antiquité ; il en est déjà question du temps de Moïse, comme d'un objet qui se trouvait particulièrement entre les mains des femmes Les miroirs dont il est question dans l'Exode (38, 8) sous le nom de MARAH (qui s'emploie aussi en arabe), étaient d'airain ; dans le livre de Job (37, 18), on compare le firmament à un miroir de fonte, appelé REI — mot dérivé, comme mar'ah, de la racine RAA, voir —. Isaïe (3, 23) désigne ces miroirs par le mot GUILYONÎM qui convient à un objet poli ; de son temps le luxe avait déjà introduit probablement les miroirs d'argent. Ces miroirs ne servaient pas, comme chez nous, à orner les appartements ; ils étaient de petites dimensions, d'une forme ronde ou ovale, avec un manche, et les femmes les portaient souvent avec elles[39].

En terminant ce que nous avions à dire sur les vêtements et la toilette, nous devons ajouter encore que la nature des habits et le climat chaud obligeaient les Hébreux de changer souvent de vêtements, comme chez nous on change de linge, pour satisfaire aux exigences de la propreté. On avait donc généralement plusieurs habillements complets, afin de pouvoir changer ; c'est pourquoi l'habillement complet est appelé, dans la Bible rechanges de vêtements, et l'on dit, par exemple, cinq rechanges de vêlements (Gen. 45, 22), pour dire cinq habillements complets. C'est ainsi qu'il faut comprendre les mots vêtements ou robes de rechange, qu'on rencontre çà et là dans les traductions de la Bible[40]. Les riches avaient toujours une grande quantité d'habillements en réserve (Job, 27, 16) ; il était d'usage d'en faire des présents à ceux qu'on voulait honorer. Naaman, général syrien, offrit dix habillements au prophète Elisa (II Rois, 5, 5) ; Simson en demanda trente aux Philistins, comme prix d'une gageure (Juges, 14, 13). Ces exemples prouvent que les gens aisés en avaient un grand nombre, pour pouvoir changer plus souvent. Les deux sexes avaient des habillements de luxe pour les occasions solennelles ; ce sont ceux qu'Isaïe (3, 22) mentionne sous le nom de MACHALACÔTH, et qui paraissent désigner aussi (comme la Khil'a des Arabes) l'habit d'honneur dont les grands et les princes revêtaient ceux qu'ils jugeaient dignes d'une distinction particulière (Zacharie, 3, 4). — On a déjà vu que les prêtres portaient, pendant leur service, un costume particulier ; il en était probablement de même des dignitaires de la cour (Is. 22, 21). — Nous parlerons plus loin des vêtements de deuil.

Les vêtements qu'on quittait, pour en mettre d'autres, se nettoyaient par le blanchissage ou le foulage (voyez plus loin : arts et métiers).

Pour la propreté du corps, qui, dans les pays chauds, demande un soin tout particulier, on prenait souvent des bains, soit dans les rivières (Lév. 15, 13), soit dans des bassins qui se trouvaient dans les cours des maisons, notamment pour les femmes (II Sam. 11, 2). On a déjà vu que, dans certains cas, le bain était ordonné par la loi. Dans l'Ancien Testament il n'y a pas de traces de bains publics ; il n'en est question que plus tard, dans le Talmud. On se lavait aussi avec une substance pour laquelle on employait le nitre et l'alcali végétal (borith)[41] ; il paraît que, dans la saison froide, on se lavait avec de la neige (Job. 9, 30), qui n'était pas rare sur les montagnes. — La forte transpiration, et peut-être aussi les fréquentes ablutions qui desséchaient la peau, nécessitaient l'emploi des parfums, ainsi que des huiles et des onguents avec lesquels on s'oignait les différentes parties du corps et les cheveux, comme on peut le voir dans un grand nombre de passages de la Bible. Nous aurons l'occasion de revenir sur la composition des parfums et des onguents, auxquels on attachait un grand prix (Prov. 27, 9).

 

C. Nourriture.

Dès l'époque la plus reculée de l'histoire des Hébreux, on voit que non-seulement l'usage du pain était général — de là l'expression manger du pain pour dire prendre un repas —, mais on mentionne aussi des pâtisseries délicates de fleur de farine et des viandes apprêtées avec art (Gen. 18, 6-8). Outre l'eau, boisson ordinaire, le vin était déjà d'un usage si fréquent du temps des patriarches, que les festins sont désignés sous le nom de MISCHTHÉ potatio (ib. 19, 3). On voit par les vivres que David reçut pour ses troupes, dans différentes circonstances, quelle était la nourriture la plus ordinaire des Hébreux aux premiers temps de la royauté ; c'était du froment, de l'orge, de la farine de l'un et de l'autre, du grain rôti, du pain, du vin, des fèves, des lentilles, de l'huile d'olive, des bœufs, des moutons, du miel, du caillé, du fromage de vache, des raisins secs, des figues et autres fruits secs[42]. Nous entrerons dans quelques détails sur la nourriture, sur la manière de la préparer et sur les repas.

Le blé dont on se servait pour faire du pain était généralement le froment ; la classe pauvre mangeait aussi du pain d'orge (II Rois, 4, 42). Pour moudre le grain on employait le moulin à bras, qui se trouvait dans toutes les maisons, et dont il est question déjà du temps de Moïse (Nomb. 11, 8 ; Deut. 24, 6). Il se composait de deux meules (PÉLACH) dont l'inférieure, qui restait immobile, était extrêmement dure (Job, 41, 15) ; la supérieure, ou la meule courante, s'appelait PÉLACH HÉCHEB (mola inequitationis)[43]. Dans chaque maison c'étaient ordinairement les femmes esclaves qui tournaient la meule[44] ; le bruit du moulin animait la maison, et la cessation de ce bruit est, chez les poètes hébreux, l'image de la désolation (Jér. 25, 10 ; Ecclés. 12, 4). On distingue dans la Bible au moins deux espèces de farine plus ou moins fine ; ce qui prouve que le mécanisme de la mouture était arrivé à une certaine perfection. — La pâte avant été préparée dans le pétrin (MISCHÉRETH, Ex. 12, 34), on la faisait lever, excepté dans les circonstances où le pain devait être fait à la hâte[45]. Les pains étaient d'une médiocre grandeur et d'une forme ovale ou ronde, d'où leur venait le nom de Kiccar (cercle) ; ils étaient assez minces, c'est pourquoi on ne les coupait jamais, mais on les rompait[46]. Pour cuire le pain on se servait ordinairement d'un petit four portatif appelé TANNOUR (Lévit. 26, 26) ; il ressemblait sans doute à celui qui, chez les Arabes, porte encore aujourd'hui le même nom. C'est un grand pot de terre cuite, sans fond, d'environ trois pieds de hauteur, large en bas et plus resserré en haut ; placé par terre il est chauffé à l'intérieur avec du bois (Is. 44, 15). Quand le feu s'est éteint et qu'il ne reste plus que la braise (ib. v. 19), on applique la pâte sur les parois du pot, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur, après en avoir couvert l'ouverture supérieure[47]. Le soin de préparer le pain et de le cuire était confié aux femmes (Gen. 18, 6 ; Lév. l. c.). Dans les prophètes il est question aussi' de boulangers publics (Hos. 7, 4 ; Jér. 37, 21), et ceux-ci avaient probablement de grands fours immobiles, tels qu'on en trouve aujourd'hui dans les villes de l'Orient, et qui sont semblables aux nôtres. — En fait de gâteaux et de pâtisseries fines on mentionne : 1° les UGGÔTH, qui étaient de simples gâteaux de farine de froment (rarement d'orge, Ezéch. 4, 12), très-minces et sans levain ; tels étaient ceux qu'on faisait pour remplacer le pain, lorsqu'on était pressé. Ils étaient cuits sur le sable ou sur une pierre, qu'on chauffait avec de la cendre, de la braise, ou de la fiente allumée (ib. v. 15) ; pour les bien cuire et ne pas les brûler, il fallait les retourner plusieurs fois (Hos. 7, 8) ; 2° les HALLÔTH, probablement des gâteaux percés dans plusieurs endroits, comme les pains azymes des Juifs de nos jours, étaient pétris avec de l'huile d'olive ; 3° les RÉKIKÎM, des flans oints d'huile. Ces deux dernières espèces se cuisaient dans le Tannour, et étaient employées surtout aux offrandes sacrées (Lév. 2, 4) ; 4° les TOUPHINÉ PITTHÎM (morceaux cuits), des biscuits ou des morceaux de gâteau oints d'huile et grillés sur un plateau de métal (ib. 6, 14) ; 5° plusieurs espèces de beignets à l'huile ou au miel, cuits dans la poêle[48].

Quant à la viande, on la mangeait rôtie au feu ou cuite dans l'eau (Exode, 12, 9) ; dans ce dernier cas, on en faisait aussi du bouillon qu'on servait à part (Juges, 6, 19). Les viandes que, selon la Bible, nous voyons paraître sur la table des Hébreux, sont le bœuf, le veau, le mouton, la chèvre et différentes espèces de volaille ; souvent on engraissait les animaux qu'on destinait à la table (I Rois, 4, 23). En fait de gibier, on mentionne plusieurs espèces du genre cerf. Il est rarement question de poisson ; mais on peut conclure d'un passage des Nombres (11, 5), ainsi que de la distinction que fait la loi mosaïque entre les poissons purs et impurs, que les Hébreux ne dédaignaient point ce genre de nourriture. En effet, la Bible offre des indications assez nombreuses relatives à la pêche, qui figure souvent dans les images des poètes hébreux. On mentionne les pécheurs et leurs instruments, tels que le crochet, l'hameçon et les filets[49]. Nous rappellerons encore qu'une des portes de Jérusalem s'appelait la Porte des poissons, probablement à cause du marché aux poissons qui était près de là. Du temps de Néhémie, et probablement aussi avant cette époque, les Tyriens apportaient du poisson de mer aux marchés de Jérusalem (Néhém. 13, 16).

Les légumes les plus ordinaires étaient les fèves et les lentilles (page 18) ; on faisait des bouillies composées de diverses plantes potagères (Il Rois, 4, 39). Les mets se préparaient généralement avec de l'huile d'olive ; l'usage du sel remonte à la plus haute antiquité.

La cuisine se faisait sur les Kiraïm (Lévit. 11, 35) ; ce nom, qui a la forme du duel, désigne un foyer ayant deux réchauds pour y placer deux marmites[50]. Quoique les soins de la cuisine fussent généralement confiés aux femmes, on mentionne aussi les cuisiniers, qu'on employait probablement pour préparer les grands repas et les festins (I Sam. 9, 23 et 24). La batterie de cuisine se composait de pièces variées dont il serait trop long d'énumérer ici les noms avec leurs différentes interprétations ; nous y remarquons des pots, des marmites, des chaudières, des bassins pour laver la viande, des poêles, des plateaux, des mortiers, des couteaux, des fourchettes à trois dents pour retirer la viande cuite, des pincettes et des pelles[51]. Tous ces objets étaient généralement en métal, et surtout en cuivre. On a remarqué que la loi de Moïse se montre peu favorable à la vaisselle de terre cuite, qui, entachée d'impureté, ne pouvait plus servir et devait être brisée, tandis que la vaisselle en cuivre et autres métaux pouvait se nettoyer par l'eau chaude ou par le feu[52]. Il est probable aussi qu'on connaissait l'étamage, qui est mentionné par Pline (XXXIV, 17) comme un art ancien.

La boisson ordinaire était l'eau, ou le vin mêlé d'eau. Il est vrai que la Bible n'offre guère de traces de cette dernière boisson. Dans un passage d'Isaïe (1, 22) qu'on a cité à cet égard, il n'est question que de la falsification du vin ; mais le Thalmud parle souvent du vin mêlé d'eau comme de la boisson habituelle, et le nom de mézeg qu'on lui donne ordinairement se trouve déjà dans le Cantique (7, 2). Ceux qui aimaient les boissons fortes (Is. 5, 22), non contents de boire le vin pur, y mêlaient des aromates (Cant. 8, 2) pour lui donner plus de force.

Outre le vin, nous trouvons le schéchar (sicera), mot qui désigne plusieurs espèces de boissons fortes ou de vins factices que l'on préparait avec du blé ou des fruits[53]. Les gens du bas peuple, et notamment ceux qui travaillaient dans les champs, se rafraîchissaient, dans les chaleurs, avec du vinaigre mêlé d'eau, et dans ce mélange on trempait du pain (Ruth, 2, 14). — La Bible désigne souvent la Palestine comme un pays où coulaient le lait et le miel, ce qui prouve qu'on faisait grand cas de tous deux ; on buvait non-seulement le lait des vaches, mais aussi celui des brebis (Deut. 32, 14), et le lait des chèvres, qui s'employait souvent au repas frugal de la famille (Prov. 27, 27), était particulièrement estimé.

Les Hébreux faisaient un repas à midi et un autre le soir. Dans l'Orient moderne, le repas principal, ou le dîner, a lieu le soir, comme chez les anciens Grecs et Romains. Les Hébreux, à ce qu'il parait, dînaient à midi ; du moins les auteurs hébreux parlent quelquefois de grands repas faits à midi, comme, par exemple, celui que Joseph donna a ses frères (Gen. 43, 16 et 25) et celui que Ben-Hadad, roi de Syrie, donna à ses alliés devant Samarie (I Rois, 20, 16). Dans le livre de Ruth, nous voyons les moissonneurs s'assembler à l'heure du repas, puis continuer leur travail jusqu'au soir (Ruth, 2, 14-17), d'où il résulte que les gens du peuple du moins prenaient leur repas au milieu de la journée, lorsque la chaleur les obligeait d'interrompre leur ouvrage[54]. Le prophète Isaïe (5, 11) se plaint de ceux qui commencent leurs festins de bon matin et qui les prolongent jus qu'au crépuscule. — Avant de se mettre a table on se lavait les mains ; du moins les Évangiles font remonter cet usage aux temps anciens ; on le retrouve aussi chez d'autres peuples de l'antiquité[55]. Dans les premiers temps, les Hébreux se tenaient assis à table[56] ; plus tard les prophètes parlent des riches voluptueux qui s'étendaient sur des divans moelleux (Amos, 6, 4). La table et les sièges étaient probablement assez bas ; nous pouvons en juger par les dimensions de la table du sanctuaire. — Avant de commencer le repas, le chef de la famille, ou le principal convive prononçait une courte prière ou formule de bénédiction (I Sam. 9, 13). Les usages de la table étaient probablement analogues à ceux de l'Orient moderne[57] : on apportait la viande coupée et les autres mets dans de grands plats (CALLAHATH) ; chacun mettait la portion que lui présentait le chef de la famille (I Sam. 1, 4), sur le pain rond qu'il avait devant lui, et on se servait des doigts pour porter les morceaux à la bouche. Un plat de sauce servait à toute la société en commun, pour y tremper du pain (Matthieu, 26,23). Les cuillers et les fourchettes n'apparaissaient pas sur la table ; on ne s'en servait que pour faire la cuisine. Outre les couteaux, qu'on mentionne rarement (Prov. 22, 2), nous ne trouvons chez les Hébreux d'autre vaisselle de table que des plats de différentes formes (en bois ou en métal) et les ustensiles qui servaient à boire, tels que la ÇAPPAHATH (cruche de terre), le GABÎA (cratère, calice), le CÔS (coupe, gobelet), le SÉPHEL (espèce de tasse), le MIZRAK (grande coupe). — Avant de se lever de table on rendait des actions de grâces à Dieu pour la nourriture qu'il avait donnée (Deut. 8,10).

Nous avons parlé dans un autre endroit des préceptes de la loi de Moise concernant la nourriture. En parlant de la vie de famille et des mœurs sociales, nous aurons l'occasion de donner quelques détails sur les festins et les repas solennels.

 

D. La vie de famille.

On connaît déjà la constitution légale de la famille chez les Hébreux ; ici nous jetterons un regard dans l'intérieur de la famille, pour considérer les mœurs domestiques et les usages observés dans les circonstances heureuses ou malheureuses qui venaient interrompre la monotonie de la vie journalière.

Nous avons démontré par un grand nombre de passages bibliques combien est grande l'erreur de ceux qui assimilent les femmes des Hébreux à celles des Arabes et d'autres peuples de l'Orient moderne ; on a vu que, dans toutes les classes de la société hébraïque, la femme jouissait d'une grande liberté. Si quelquefois les grands et les riches, imitant les mœurs des nations voisines, se sont livrés à la polygamie et ont voué leurs femmes à la vie oisive et dégradante des harems, le grand nombre a toujours conservé les mœurs simples des temps anciens ; la femme était, comme s'exprime la Genèse, une aide pour l'homme et semblable à lui. Tandis que l'homme se livrait aux travaux des champs ou à toute autre industrie, la femme s'occupait du soin de la maison, de l'éducation des enfants et de la surveillance des domestiques. Elle cherchait de la laine et du lin et travaillait selon la volonté de ses mains. Elle se levait lorsqu'il faisait encore nuit, distribuait la nourriture à sa maison et donnait à ses servantes leur triche. Elle mettait ses doigts au fuseau ; ses mains tenaient la quenouille. Elle tendait ses mains au pauvre et les avançait au nécessiteux. Elle ouvrait sa bouche avec sagesse, et une doctrine pleine de grâce était sur sa langue. Elle surveillait les allures de sa maison et ne mangeait point le pain de la paresse (Proverbes, ch. 31). Les femmes riches, même celles d'un rang élevé, ne dédaignaient pas de se livrer aux travaux nécessaires à la famille, de tisser les étoffes, de faire les vêtements (I Sam. 2, 19), ou même de préparer les aliments (Gen. 18, 6 ; II Sam. 13, 8).

Ce qui préoccupait le donner l'esprit de la femme, c'était de donner à son mari une nombreuse postérité, dans laquelle consistait le plus grand bonheur de la famille, et qui était considérée comme la meilleure bénédiction que le ciel pût accorder à l'homme pieux, comme le dit le poète sacré (Ps. 128) : Bienheureux est celui qui craint Jéhova et qui marche dans ses voies ! Quand tu te nourris du travail de tes mains, bonheur à toi ! tu seras heureux. Ta femme sera comme une vigne fructifiante dans l'intérieur de ta maison ; tes enfants seront comme des plantes d'oliviers autour de ta table ; car c'est ainsi que sera béni l'homme qui craint Jéhova. La stérilité était considérée comme un châtiment céleste et comme un sujet d'opprobre pour la femme (Gen. 30, 23). La malheureuse était exposée par là à se voir supplantée par une autre femme qui pouvait l'accabler de son dédain et de ses outrages (I Sam., 16), et souvent la femme stérile préférait partager ses droits d'épouse avec sa propre servante, qui devait la remplacer auprès de son mari et dont elle adoptait les enfants (Gen. 16, 2 ; 30, 3).

La naissance d'un enfant était donc un des événements les plus joyeux qui put arriver dans la famille, surtout si c'était un enfant mâle, dans lequel le père voyait une garantie pour la conservation de son nom qui restait attaché à la propriété de la famille. On se réjouissait beaucoup moins de la naissance d'une fille, dont l'éducation causait beaucoup de sollicitude[58].

Quand la femme était dans les douleurs de l'enfantement, on la plaçait dans un siège[59] ; elle était assistée de l'accoucheuse, mentionnée dès les temps des patriarches (Gen. 35, 17 ; 38, 28), et dont les soins étaient partagés par quelques autres femmes (I Sam. 4, 20). L'accouchement accompli, on coupait le nombril à l'enfant, qui était baigné, frotté avec du sel (pour rendre la peau plus solide) et enveloppé dans des langes[60]. Le père, absent pendant l'accouchement, accourait à la joyeuse nouvelle (Jér. 20, 15) et adoptait probablement l'enfant en le prenant sur ses genoux ; ce que faisait aussi quelquefois le grand-père (Gen. 50, 23). Le même mode d'adoption se pratiquait, à ce qu'il paraît, de la part de la femme qui avait cédé ses droits d'épouse à sa servante (Gen. 30, 3). Si l'enfant était un garçon, on opérait la circoncision le huitième jour après la naissance. La femme accouchée était considérée comme impure pendant sept jours pour un garçon et pendant quatorze pour une fille ; après ce temps elle restait retirée encore trente-trois jours pour un garçon, et soixante-six pour une fille, et ne pouvait s'approcher des choses saintes. Ce temps expiré, elle allait au Temple, où elle offrait un agneau en holocauste, et un pigeon ou une tourterelle comme sacrifice de péché ; la femme pauvre prenait pour les deux sacrifices des pigeons ou des tourterelles (Lévitique, ch. 12).

Dans les temps anciens, le nom était donné à l'enfant immédiatement après la naissance, et le plus souvent par la mère ; plus tard on attendait pour les garçons le jour de la circoncision. Chez les Hébreux, comme en général chez les peuples de l'Orient, les noms propres ont une étymologie et un sens bien précis qu'il est généralement facile de reconnaître. Dans l'origine le nom devait rappeler tantôt une certaine circonstance qui avait eu lieu lors de la naissance de l'enfant, tantôt un vœu formé par les parents au sujet du nouveau-né, ou une espérance qu'ils y rattachaient[61]. Il se forma de cette manière un grand nombre de noms, qui se reproduisaient plus tard, sans qu'on eût toujours égard à leur sens primitif. Très-souvent les noms ont un caractère religieux et sont formés des différents noms de Dieu (El, Yah, Yeho), usage qu'on trouve aussi chez les Phéniciens, les Syriens, les Arabes et chez d'autres peuples de l'Orient et de l'Occident. Tels sont, par exemple, les noms de Hanniel (Grâce de Dieu) et d'Azriel ou Azaryah (Secours de Dieu), dont nous trouvons les analogues chez les Phéniciens, savoir : Hannibaal (Annibal), Azroubaal (Asdrubal) ; Yehonathan ou Jonathan (donné par Jéhova) correspond à Théodore et à Dieu-donné ; Yedidyah (II Sam. 12, 25) à Théophile. On donnait quelquefois aux Jeunes filles des noms d'animaux, de plantes et d'autres objets représentant la douceur et la grâce, par exemple : Rachel (brebis), Thamar (palmier), Déborah (abeille), Naomi (agréable), Peninnah (perle), etc. — Nous trouvons quelquefois, dans la Bible, les mêmes personnes désignées par des noms différents ; car l'enfant pouvait recevoir deux noms dès la naissance, l'un par le père et l'autre par la mère (Gen. 35, 18) ; souvent aussi on changeait de nom dans certaines circonstances importantes de la vie.

Généralement les mères nourrissaient elles-mêmes leurs enfants ; il n'y avait guère que les jeunes princes qu'on confiât quelquefois aux soins d'une nourrice (II Rois, 11, 2). On nourrissait les enfants jusqu'à l'âge de deux ou de trois ans, en les sevrant on donnait un festin (Gen. 21, 8), et les mères pieuses offraient un sacrifice (I Sam. 1, 29). — Pendant la première jeunesse, les enfants des deux sexes étaient élevés parleur mère ; dans les maisons riches on leur donnait des gouvernantes (II Sam. 9, 4). Les jeunes garçons étant assez avancés en âge pour pouvoir se passer des soins des femmes, le père se chargeait lui-même de leur éducation, on leur donnait quelquefois un gouverneur appelé Omén (II Rois, 10, 1 et 5), qui était chargé probablement des soins matériels (Nombres, 11, 12), tandis que l'éducation morale se faisait par le père ou par un précepteur, qui usait souvent d'une grande sévérité (Prov. 23, 13 et 14). Nous ne trouvons pas de traces d'écoles publiques chez les Hébreux avant l'exil ; et nous connaissons fort peu les détails de l'instruction qu'ils donnaient à leurs enfants ; il paraît que généralement on se bornait à l'enseignement prescrit par la loi mosaïque et à celui de la morale présentée par le père ou la mère en sentences courtes qui se gravaient facilement dans la mémoire, ou sous la forme de paraboles et d'énigmes[62]. Peu de jeunes gens, notamment les lévites, et plus tard les prophètes, se livraient à des études un peu plus étendues, que nous ferons connaître plus loin, en parlant de la vie intellectuelle des Hébreux. A mesure que les garçons grandissaient, ils aidaient leur père dans les travaux de la campagne ; on leur apprenait tout ce qui concerne l'agriculture et on les habituait aussi à quelques exercices militaires. Les jeunes filles étaient employées par la mère aux soins du ménage et apprenaient les travaux auxquels se livraient habituellement les femmes, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Elles vivaient généralement très-retirées (II Maccab. 3, 19) ; dans les classes moins élevées elles sortaient quelquefois pour garder les troupeaux, ou pour chercher de l'eau (I Sam. 9, 11).

Pour marier les enfants, on n'attendait que l'âge de puberté, qui, dans les pays méridionaux, arrive de bonne heure. Pour en citer quelques exemples dans les temps historiques — car, selon les traditions de la Genèse, on se mariait quelquefois très-tard à l'époque patriarcale —, nous rappellerons que Joram, roi de Juda, mort à quarante ans, laissa un fils de vingt-deux ans ; Amon à vingt-quatre ans laissa un fils de huit ans, qui, à son tour, devint père à l'âge de quatorze ans ; Joïakim, à trente-six ans, avait un fils âgé de dix-huit ans. Ce qui était d'usage dans la famille royale, l'était sans doute aussi dans les autres classes de la société ; car la constitution et la manière de vivre des Hébreux dispensait les pères de faire une position à leurs fils avant de les marier, et les fils restaient sous la dépendance du père jusqu'à sa mort. Selon la tradition rabbinique, les jeunes gens doivent se marier à l'âge de dix-huit ans[63] ; les jeunes filles sont déclarées nubiles à l'âge de douze ans[64].

Rarement le jeune homme suivait, dans le choix de sa future compagne, la seule impulsion de son cœur. Il pouvait arriver quelquefois, dans les campagnes, qu'une connaissance s'établît entre un jeune pasteur et une bergère ; quelquefois aussi une jeune fille, allant puiser de l'eau, pouvait attirer les regards d'un jeune citadin ; enfin un voyage ou une autre circonstance quelconque pouvait faire trouver à un jeune homme celle qu'il croyait devoir signaler au choix de ses parents, comme nous le voyons dans l'exemple de Simson (Juges, 14, 2). Mais c'étaient là des cas exceptionnels ; généralement les parents choisissaient une épouse à leur fils ; et souvent les mariages se concluaient sans que les futurs époux se fussent jamais vus (Gen. 24, 3 ; 38, 6). Les parents ou le fils ayant arrêté leurs vues sur une jeune personne, le père du jeune homme allait trouver les parents de la jeune fille, afin de faire la demande en mariage et de stipuler les conventions nécessaires, notamment pour ce qui concernait le mohar, ou le prix de la fiancée, et les cadeaux que cette dernière devait recevoir (Gen. 34, 12).

Nous avons déjà parlé du mohar, qui variait selon les circonstances. Il se payait en argent, en troupeaux, en objets de consommation, etc. ; le prophète Hoséa (3, 2) nous offre l'exemple d'un mohar composé de quinze sicles d'argent et d'une certaine quantité d'orge. Quelquefois le père de la jeune fille acceptait comme mohar les services de son futur gendre (Gen. 29, 20 et 24) ; le guerrier donnait sa fille comme prix de quelque exploit, comme le firent Caleb (Jos. 15, 15) et Saül (I Sam. 18, 25). Si la jeune fille avait des frères majeurs, ils participaient avec le père et la mère aux négociations du mariage de leur sœur (Gen. 24, 50 et 55 ; 34, 11) ; et, tout étant terminé, on demandait à la jeune fille son consentement, dont la loi traditionnelle, s'appuyant de l'exemple de Rebecca (ib. 24, 57), fait une condition nécessaire. Dans les temps anciens on se bornait à une convention orale, qui se concluait en présence de témoins et était confirmée par un serment (Ézéch. 16, 8 ; Malach. 2, 14) ; le contrat écrit et scellé (Tobie, 7, 16) ne remonte probablement qu'à l'époque de l'exil. Les fiançailles liaient les futurs époux ; mais on accordait à la jeune fille un certain temps pour faire ses préparatifs, avant de célébrer son mariage et d'aller habiter avec son mari[65].

Au jour fixé pour la noce, la fiancée, baignée, parfumée et ointe d'huiles odoriférantes, était parée de tout ce qu'elle possédait de plus magnifique en vêtements et bijoux et portait une couronne sur la tête[66] ; d'ou probablement elle est appelée, en hébreu, CALLAH (couronnée). Entourée de ses parentes et de ses amies, elle attendait le coucher du soleil ; le fiancé, également paré et couronné (Is. 61, 10 ; Cant. 3, 11), et entouré de ses compagnons ou paranymphes (Juges, 14, 11), se rendait le 'soir dans la maison de son beau-père, pour chercher sa jeune épouse, qui quittait la maison paternelle, sous les bénédictions de ses parents (Gen. 24, 60). Les jeunes mariés, placés sous un dais et accompagnés de leurs parents et amis, se mettaient en marche, à la lueur des lampes et aux sons bruyants des tambours et autres instruments ; on se rendait à la maison du fiancé en chantant et en faisant éclater la joie la plus vive[67]. Un festin joyeux, préparé par le fiancé ou par ses parents, attendait les gens de la noce (Juges, 14, 10)[68] ; on s'abandonnait à une joie bruyante, et, si nous pouvons faire remonter les traditions thalmudiques aux anciens Hébreux, les hommes les plus graves ne dédaignaient pas de faire leurs compliments à la fiancée, en dansant devant elle[69]. On s'entretenait aussi par des jeux d'esprit et des énigmes (ib. v. 12). Il n'est question, dans la Bible, d'aucune cérémonie religieuse pour le mariage ; les jeunes époux recevaient, à ce qu'il paraît, la bénédiction de leurs pères et les assistants appelaient sur eux les faveurs du ciel[70]. Après le repas on conduisait le fiancé dans la chambre nuptiale, où déjà sa jeune épouse l'avait précédé[71]. Le lendemain les festins recommençaient et se continuaient jusqu'au septième jour[72].

Après avoir assisté aux fêtes et aux réjouissances des familles hébraïques, considérons-les dans leurs moments d'affliction et de deuil. Chez les Hébreux, comme chez tous les anciens, les démonstrations de la tristesse n'étaient pas moins énergiques que celles de la joie. Dans les circonstances joyeuses ils chantaient, dansaient, se paraient, se couronnaient la tête et se livraient à la bonne chère ; dans l'affliction ils poussaient des cris lugubres, se roulaient par terre, déchiraient leurs vêtements, et mettant de la poussière ou de la cendre sur leur tête, ils jeûnaient, etc. David, pendant la maladie de son enfant, reste couché par terre et refuse de manger (II Sam. 12, v. 15 et 16) ; Thamar, outragée par Amnon, couvre de cendre sa tête, déchire sa robe, porte la main sur sa tête et s'en va en poussant des cris (ib. 13, 19) ; Job, dans son malheur, s'assied sur la cendre, et ses amis qui viennent le consoler, pleurent et gémissent à haute voix, déchirent leurs manteaux et restent assis à terre avec lui, pendant sept jours et sept nuits (Job, 2, 8-13).

On faisait éclater la douleur la plus vive quand la mort venait frapper un membre de la famille ; les femmes surtout s'abandonnaient, sans contrainte, aux démonstrations les plus bruyantes et poussaient des gémissements qui se faisaient entendre au loin (Jér. 9, 19 ; 31, 15). C'était au milieu des cris et des lamentations que se faisaient les préparatifs des funérailles, qui étaient considérées comme un pieux devoir et dont se chargeaient les plus proches parents[73]. Les prêtres eux-mêmes (à l'exception du grand prêtre) pouvaient remplir ce devoir, quoiqu'il leur fût défendu d'ailleurs de se souiller par le contact d'un cadavre. On regardait comme une malédiction terrible d'être privé de la sépulture[74]. Au reste, la Bible nous offre à peine quelques indices sur les usages suivis par les anciens Hébreux pour ce qui concerne l'appareil de la sépulture, et nous devons profiter de quelques renseignements que nous fournit le Nouveau Testament ; mais il est douteux qu'on puisse faire remonter tous ces usages aux temps anciens.

Il semble résulter d'un passage de la Genèse (46, 4) combiné avec un autre du livre de Tobie (14, 15), que les plus proches parents fermaient les yeux à celui qui venait de mourir. Immédiatement après le décès, le corps était lavé et placé dans la chambre haute (Actes des Ap. 9, 37), où devaient se faire les autres préparatifs ; les mains et les pieds étaient liés par des bandes ; la tête était couverte d'un suaire (Év. de Jean, 11, 44) et tout le corps enveloppé de bandages, ou d'un linceul, était parfumé d'aromates (ib. 19, 40 ; Matthieu, 27, 59). On plaçait les morts dans un cercueil ouvert, ou plutôt sur une bière, appelée Mittah (lit)[75], qui était portée, par plusieurs hommes[76], au lieu destiné à la sépulture ; les parents et les amis suivaient le convoi en pleurant et en se lamentant à haute voix (II Sam. 3, 32) ; à leurs gémissements se mêlaient les chants des pleureuses (Jérém. 9, 17) et le son lugubre des flûtes (ib. 48, 36 ; Matthieu, 9, 23)[77]. Les Hébreux enterraient leurs morts et ne les brûlaient jamais, à l'exception des corps des suppliciés, auxquels on refusait quelquefois la sépulture et pour lesquels la combustion devait être un surcroît d'ignominie (Josué, 7, 25). Si les habitants de Jabès brûlèrent les corps de Saül et de ses fils (I Sam. 31, 12), ce fut sans doute pour les mettre à l'abri des outrages des Philistins, et c'est probablement à dessein que l'auteur des Chroniques (I, 10, 12) passe sous silence ce fait, qui, dans l'idée d'un Hébreu, était une ignominie[78].

Les demeures des morts, appelées chez les Hébreux maisons de l'éternité (Ecclés. 12, 5), se trouvaient généralement hors des villes, et, selon la tradition, elles devaient être éloignées du mur de la ville de cinquante coudées au moins[79].

Les sépulcres étaient ordinairement des caveaux plus ou moins grands, taillés dans le roc et ayant de chaque côté un certain nombre de compartiments servant à y déposer autant de corps[80]. Presque chaque famille avait des caveaux semblables dans sa propriété, et tous les membres de la famille désiraient y reposer après leur mort[81]. On trouve encore maintenant en Palestine, et notamment dans les environs de Jérusalem, un grand nombre de ces anciens sépulcres taillés dans le roc. Pour les rois on dérogeait à l'usage général, en leur accordant des tombeaux au milieu de la ville de Jérusalem sur le mont Sion ; le prophète Samuel eut une semblable distinction, car il fut enseveli à Rama, dans sa maison (I Sam. 25, 1 ; 28, 3). Les Hébreux, à ce qu'il paraît, n'avaient guère de cimetières communs que pour les gens du bas peuple et pour les étrangers[82] ; mais toutes les tombes étaient inviolables, et c'était une horrible profanation que de troubler le repos des morts et de retirer les ossements hors de leur sépulcre[83]. — Dès la plus haute antiquité on élevait des monuments en pierres sur les tombeaux ; le patriarche Jacob dressa un monument sur le sépulcre de Rachel (Gen. 35, 20). C'étaient généralement de simples pierres, ornées probablement d'une inscription (Ezéch. 39, 15) ; les grands personnages mettaient un certain luxe dans la construction des mausolées ; quelques-uns même, par orgueil, s'en faisaient construire de leur vivant, comme nous en trouvons des exemples dans Absalom (II Sam. 18, 18) et dans Sebna, intendant du palais d'Ézéchias (Isaïe, 22, 16). On attacha plus tard une grande importance à la conservation des tombeaux des prophètes et autres hommes célèbres par leur piété ; ils étaient restaurés de temps à autre (Matthieu, 23, 29).

Nous devons observer encore que la religion n'intervenait pas plus dans les funérailles et le deuil que dans les mariages ; du moins il n'y avait pas de cérémonie religieuse ordonnée par la loi, bien qu'il existât certaines observances que l'usage avait consacrées. Les chants funèbres accompagnés de flûtes, qui retentissaient dans la maison mortuaire pendant les préparatifs de la sépulture, se continuaient aux funérailles et à l'enterrement. Il paraîtrait qu'il y avait pour cet usage des chants consacrés qui, selon la circonstance, commençaient par les mots : Hélas, mon, frère !Hélas, ma sœur !Hélas, seigneur, et hélas sa gloire ! etc.[84] Quelquefois un parent ou un ami du défunt improvisait sur la tombe des paroles que lui dictaient ses sentiments, comme le fit David sur la tombe d'Abner. Outre les pleureuses, il y avait aussi des poètes qui faisaient le métier d'improviser des complaintes, pour servir d'oraisons funèbres (Amos, 5, 16). — Les parents du unit déchiraient leurs vêtements (Gen. 37, 34), ôtaient leur turban et leurs sandales, et s'enveloppaient le menton, jusqu'aux lèvres, dans leur manteau (Ezéch. 24, 17), ou se couvraient toute la figure (II Sam. 19, 5). A près les funérailles, les amis de la famille offraient un repas (ib. 3, 35), qu'on appelait le pain de deuil (Hos, 9, 4) et la coupe de consolation (Jér. 16, 7) ; c'est là ce qu'Ézéchiel appelle, en parlant du deuil : manger le pain des autres (Éz. 24, 17). Il y en avait qui jeûnaient le jour des funérailles, et qui n'acceptaient le repas funèbre que le soir (II Sam, 3, 35). Le grand deuil durait sept jours[85] ; on restait assis à terre (ib. 13, 31), on négligeait de se laver et de s'oindre (ib. 14, 2), les cheveux et la barbe restaient en désordre (Lévit, 10, 6), ou étaient rasés complètement (Jér. 16, 6 ; Amos 8, 10). En général, on quittait ses vêtements ordinaires et tous les objets de toilette, pour prendre le vêtement de deuil (II Sam. 14, 2), qui, dans la Bible, porte presque toujours le nom de sac. C'était un vêtement d'une étoffe grossière, probablement de poil, très-étroit, sans manches et sans plis, et ressemblant en effet à un sac, tel que des voyageurs en ont vu dans l'Orient moderne[86] ; une simple corde servait de ceinture (Isaïe, 3, 24). La couleur de ce sac était probablement noire, ou du moins d'un brun très-foncé ; car l'homme en deuil est appelé Koder (Ps. 35, 14), et ce mot vient d'un verbe qui veut dire se noircir, s'obscurcir[87].

Après les sept jours, le deuil était moins strictement observé, quoiqu'il se prolongeât souvent bien au delà de ce terme. Il parait que pour les père et mère le deuil était porté au moins pendant un mois (Deut. 21, 13) ; mais chacun suivait, sous ce rapport, ses sentiments individuels, et on parle quelquefois de deuils prolongés pendant un long espace de temps (Gen. 37, 34 ; II Sam. 14, 2). Les veuves, à ce qu'il parait, portaient le deuil toute leur vie (Gen. 38, 14 ; Judith, 10, 2). — Nous donnerons plus loin quelques détails sur le deuil public.

 

E. Mœurs sociales.

Une des premières vertus sociales des anciens Hébreux, et qui est commune aux peuples de l'antiquité, c'était l'hospitalité, que l'homme pieux ne refusait jamais à l'étranger (Job, 31, 32). Le voyageur qui arrivait dans un endroit était toujours sûr de trouver un accueil hospitalier, soit chez un ami, soit même chez quelque habitant qui lui était étranger. Aussi n'est-il jamais question d'hôtelleries dans les villes des Hébreux ; il n'y en avait que sur les routes et dans les lieux déserts ; là les voyageurs trouvaient un abri, pendant la nuit, sans payer aucune rétribution[88]. Rencontrait-on, dans les rues, un voyageur qui n'avait pas de gîte, on l'emmenait chez soi ; l'eau lui était offerte pour laver ses pieds, on se chargeait de le nourrir lui, ses serviteurs, ses montures et ses bêtes de somme, et l'étranger recevait sous le toit hospitalier toute la protection dont il avait besoin. Tels étaient les usages des Hébreux nomades et agriculteurs[89], et tels sont encore aujourd'hui les usages des Bédouins arabes. Quand le luxe faisait cesser l'ancienne simplicité des mœurs et que le développement du commerce augmentait le nombre des voyageurs, on se montrait probablement moins empressé à accorder une hospitalité désintéressée au premier venu[90] ; mais on ne la refusait jamais à celui qui en avait besoin, et elle occupait toujours un des premiers rangs dans les bonnes œuvres. — La bienfaisance, en général, était un trait dominant du caractère des Hébreux. La loi qui renfermait à cet égard des dispositions spéciales n'oublie jamais de recommander l'étranger à une protection égale à celle dont jouissait l'Hébreu.

Dans le commerce de la vie, nous remarquons chez les Hébreux un haut degré de civilité, et ils usaient de tout temps, même à l'époque de la république, d'une politesse extrême dans leurs rapports mutuels. Les démonstrations de politesse et les locutions qu'on employait, variaient selon la position respective des personnes. Les salutations qu'on se faisait, en se rencontrant, contenaient ordinairement une bénédiction, et le mot bénir correspond souvent, dans la Bible, à notre mot saluer (II Rois, 4, 29). Le plus ordinairement on disait Jéhova (soit) avec toi ! et l'autre répondait : Que Jéhova te bénisse[91]. Mais on saluait aussi par d'autres formules, telles que : Dieu te soit propice (Genèse 43, 29) ; la bénédiction de Jéhova sur toi !Je te bénis au nom de Jéhova (Ps. 129,18) ; ou bien on s'informait de la santé et du bien-être de celui qu'on rencontrait en disant HASCHALON LACH, c'est-à-dire : Te portes-tu bien ? ou littéralement : Num salus tibi (II Sam. 20, 9 ; II Rois, 4, 26). Les gens d'un rang égal, notamment les amis, s'embrassaient quelquefois, en se saluant, surtout quand ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps, ou qu'ils se quittaient pour un certain temps ; les parents qui se voyaient pour la première fois agissaient de même[92]. — En rencontrant des gens d'un rang élevé, ou en les quittant, on faisait une profonde révérence, ou, comme dit l'Hébreu, on se prosternait la face en terre[93] ; l'inférieur se hâtait même de descendre de sa monture, dès qu'il voyait arriver l'homme de distinction à qui il voulait présenter ses respects (I Sam. 25, 23). Dans la conversation l'inférieur donnait au supérieur le titre de seigneur, et s'appelait lui-même serviteur, et, dans ce cas, il parlait quelquefois de lui-même et de son interlocuteur à la troisième personne. Ainsi, par exemple, Juda dit à Joseph (Gen.44, 18) : Pardon, seigneur ; que ton serviteur dise un mot aux oreilles de mon seigneur, et que ta colère ne s'enflamme point contre ton serviteur.... Mon seigneur a demandé à ses serviteurs, etc.[94] Les femmes aussi se donnaient l'épithète de servante en parlant à des hommes supérieurs[95] ; mais il paraît que les hommes n'usaient pas de la même déférence à l'égard des femmes ; dans un passage du premier livre de Samuel (25, 14-17), nous voyons un domestique parler à sa maîtresse, sans circonlocution, et sans se servir d'aucune de ces formules de politesse dont on était si prodigue à l'égard des hommes. Les vieillards étaient l'objet d'un respect tout particulier ; la loi ordonnait de se lever devant les cheveux blancs (Lév. 19, 32). La gloire des jeunes gens, dit le sage, est dans leur force, et les cheveux blancs sont la majesté des vieillards (Prov. 20, 29).

La Bible nous fournit très-peu de renseignements sur les politesses et les usages observés dans les visites. En rendant visite à un grand personnage, on se faisait annoncer avant d'entrer (I Rois, 1, 23) ; dans les maisons ordinaires on frappait probablement à la porte, et on attendait que le maître sortît, pour être introduit par lui, comme cela se pratique aujourd'hui en Orient[96]. On se saluait mutuellement par les formules ordinaires ; on s'informait de la santé l'un de l'autre (Exode, 18, 7) ; on adressait aussi à celui qu'on recevait chez soi les paroles : Béni soit celui qui entre ; du moins les prêtres saluaient par ces paroles les fidèles qui se présentaient au Temple pour offrir un sacrifice (Ps. 118, 26). Dans l'Orient moderne on brille quelquefois des parfums en l'honneur des hôtes, et la Bible offre quelques traces de cet usage[97]. On offrait aussi des rafraîchissements, tels que du vin mêlé d'aromates, du sirop de grenades, etc. (Cant. 8, 2), et un repas était offert à celui qui venait de loin (Gen. 18, 5 ; II Rois, 4, 8). En congédiant son hôte on lui disait : Va en paix, et ces mots s'adressaient aussi à celui qui partait pour un voyage[98].

La politesse, chez les Hébreux, ne consistait pas seulement en paroles ; elle se manifestait aussi par des actes, et notamment par des présents qu'on s'offrait mutuellement dans différentes occasions. Il est inutile de dire que les présents variaient selon la condition et la fortune de ceux qui les donnaient ou qui les recevaient ; ils se composaient de denrées de toute espèce, d'argent, de vêtements, d'armes, etc. Les amis échangeaient des cadeaux aux jours de réjouissances publiques (Esther, 9, 19) ; on offrait des présents aux personnages haut placés, à qui on voulait faire sa cour (I Sam. 16, 20 ; 17, 18), aux prophètes dont on réclamait les conseils (ib. 9, 7 ; I Rois, 14, 3), et les grands en offraient à leurs inférieurs, comme marques de faveur et de protection (II Sam. 11, 8). Nous aurons l'occasion de parler des présents qu'on offrait aux rois et que ceux-ci donnaient à leurs sujets et à des étrangers de distinction.

Un autre genre de politesse consistait dans les repas et les festins qu'on donnait à ses amis et connaissances dans les circonstances joyeuses. Nous avons déjà mentionné les festins et les réjouissances qui avaient lieu à l'occasion de la tonte des brebis, des vendanges, du sevrage des enfants et des mariages. On donnait aussi des repas aux anniversaires de naissance, notamment chez les princes[99] ; de même en l'honneur d'un parent et ami de distinction qui venait d'arriver[100], ou à l'occasion d'un sacrifice solennel qu'on offrait à la Divinité[101]. Nous rappellerons encore les repas obligatoires des dîmes auxquels les Lévites, les pauvres et les esclaves devaient être invités. Dans les réjouissances publiques, les princes faisaient distribuer des vivres au peuple, comme le fit David lors de la translation de l'Arche sainte au mont Sion (II Sam. 6, 19). — On faisait inviter les hôtes par des domestiques ou des esclaves (Prov, 9, 3 ; Matthieu, 22, 3) ; on les plaçait dans un certain ordre, suivant leur rang (I Sam. 9, 22). On remarquait quelque fois un grand luxe dans les ustensiles de la table et dans les mets qu'on y servait ; les grands festins étaient ordinairement accompagnés de musique, et les convives, animés par le vin, mêlaient leurs chants joyeux au son des instruments[102]. Il est probable que, dans les grands festins, les femmes se trouvaient dans une salle particulière ; tel était du moins l'usage général en Orient (Esther, 1, 9)[103].

Les principaux plaisirs des anciens Hébreux étaient les festins et la musique. Aux jours de fête les jeunes filles allaient danser dans les vignes, et les jeunes gens contemplaient leurs plaisirs innocents[104]. Souvent, après le travail, on allait se distraire sur les places publiques, qui étaient aux portes des villes ; là se traitaient toutes sortes d'affaires et il y avait toujours un grand concours de monde. On écoutait les plaidoiries (Job, 29, 7-12), les discours des prophètes et des orateurs publics (Jér. 17, 19 ; Prov. 8, 3) ; on s'entretenait des affaires publiques ou de toute autre chose ; tels étaient surtout les divertissements de l'âge mûr, tandis que les jeunes gens se réunissaient pour chanter et faire de la musique (Lament. 5, 14). Selon saint Jérôme, le prophète Zacharie (12, 3) ferait allusion à un jeu, ou plutôt à un exercice gymnastique des jeunes gens, lequel consistait à faire preuve de ses forces en soulevant, jusqu'à une certaine hauteur, des pierres extrêmement lourdes[105]. — Le même prophète (8, 5) parle de jeunes garçons et de jeunes filles jouant dans les rues ; un passage du livre de Job nous laisse deviner que les enfants avaient l'habitude de jouer avec des oiseaux apprivoisés[106].

Les conversations des Hébreux étaient mesurées et graves, comme le sont celles des Orientaux en général, et notamment celles des Arabes ; on ne parlait pas trop et on s'exprimait avec convenance (Prov. 10, 19 ; 17, 27 et 28). Les mauvais plaisants, les moqueurs étaient frappés de réprobation (ib. 21, 24 ; 22, 10 ; 24, 9) ; ils sont assimilés par David aux pécheurs et aux impies (Ps. 1, 1). — Nous citerons au sujet du langage de bonne compagnie chez les Hébreux, quelques observations très-judicieuses de l'abbé Fleury[107]. Ils usaient volontiers, dans leurs discours, d'allégories et d'énigmes ingénieuses. Leur langage était modeste et conforme à la pudeur, mais d'une manière différente de la nôtre : ils disaient l'eau des pieds, pour dire l'urine ; couvrir les pieds, pour satisfaire aux autres besoins, parce qu'en cette action, ils se couvraient de leurs manteaux, après avoir creusé la terre (Deut. 23, 14) ; ils nommaient la cuisse pour les parties voisines que la pudeur défend de nommer. D'ailleurs ils ont des expressions qui nous paraissent fort dures, ils parlent de la conception et de la naissance des enfants, de la fécondité et de la stérilité des femmes ; et ils nomment sans façon certaines infirmités secrètes de l'un et l'autre sexe, que nous enveloppons par des circonlocutions éloignées. Toutes ces différences ne viennent que de la distance des temps et des lieux. La plupart des mots qui sont déshonnêtes, suivant l'usage présent de notre langue, étaient honnêtes autrefois, parce qu'ils donnaient d'autres idées ; et encore aujourd'hui les Levantins, surtout les Mahométans, ont des délicatesses ridicules pour certaines saletés qui ne font rien aux mœurs, tandis qu'ils se donnent toute liberté sur les plaisirs les plus infâmes. Les livres de l'Écriture parlent plus librement que nous ne ferions de ce qui regarde le matériel du mariage, parce qu'il n'y avait personne parmi les Israélites qui y renonçât, et que ceux qui écrivaient étaient des hommes graves et des vieillards pour l'ordinaire. — Quant à la prudence, la politique bonne ou mauvaise, l'adresse, la souplesse, les ruses, les intrigues de cour, l'histoire de Saül et celle de David nous en fournissent autant d'exemples, à proportion, qu'aucune autre que je connaisse.

Au sujet des plaisirs des Hébreux, le même auteur s'exprime ainsi[108] : Leur vie aisée et tranquille jointe à la beauté du pays les portait au plaisir ; mais leurs plaisirs étaient simples et faciles : ils n'en avaient guère d'autres que la bonne chère et la musique. Leurs festins étaient, comme rai dit, des viandes simples qu'ils prenaient chez eux, et la musique leur coûtait encore moins, puisque la plupart savaient chanter et jouer des instruments. Le vieillard Berzellaï ne comptait que ces deux plaisirs, quand il disait qu'il était trop vieux pour goûter la vie (II Sam. 19, 36), et l'Ecclésiastique (32, 6 et 7) compare cet assortiment à une émeraude enchâssée dans de l'or : aussi Ulysse, chez les Phéaciens, avouait franchement qu'il ne connaissait point d'autre félicité qu'Un festin accompagné de musique. On voit les mêmes plaisirs dans les reproches que font les prophètes à ceux qui en abusaient ; mais ceux-là y ajoutent l'excès du vin, les couronnes de fleurs et les parfums, comme nous voyons qu'en usaient les Grecs et les Romains..... Ils mangeaient volontiers dans des jardins, sous des arbres et des treilles ; car il est naturel, dans les pays chauds, de chercher l'air et le frais. Aussi quand l'Écriture veut marquer un temps de prospérité, elle dit que chacun buvait et mangeait sous sa vigne et sous son figuier, qui sont les arbres fruitiers dont les feuilles sont les plus larges..... Je ne vois chez eux ni le jeu, ni la chasse, que l'on compte parmi nous entre les plus grands divertissements. Pour le jeu, il semble qu'ils l'ignoraient absolument, puisque le nom ne s'en trouve pas une seule fois dans toute l'Écriture[109]..... Pour la chasse, soit des bêtes, soit des oiseaux, elle n'était bas inconnue aux Israélites ; mais il semble qu'ils s'y appliquaient moins pour le plaisir que pour l'utilité de fournir leurs tables et de conserver leurs blés et leurs vignes ; car ils parlent souvent de filets et de pièges ; et on ne voit, ni chiens, ni équipages, même aux rois. Ils se seraient sans doute rendus odieux, s'ils avaient voulu courir sur les terres labourées, ou nourrir des bêtes qui eussent fait du dégât. Les grandes chasses se sont établies dans les vastes forêts et les terres incultes des pays froids.

Nous terminons notre description des mœurs sociales par quelques détails sur les actes de contrition et de deuil usités dans les calamités publiques.

Un malheur venait-il frapper une ville ou la nation tout entière, on se livrait en commun au jeûne et à la prière, et on observait d'autres cérémonies lugubres usitées dans le deuil des familles : on se dépouillait de tout ornement, on prenait le vêtement de deuil, appelé sac, et on s'asseyait à terre, etc. La Bible nous offre beaucoup d'exemples de ces deuils nationaux, pris à l'occasion de la mort d'un grand homme, ou lors de l'invasion des ennemis, d'une disette ou de quelque autre calamité publique. Ainsi tout le peuple hébreu prit le deuil, pendant trente jours, à la mort d'Ahron (Nombres, 20, 29) et à celle de Moïse (Deut., 34, 8). La mémoire de Samuel fut également honorée par le deuil de tout Israël (I Sam., 25, 1 ; 28, 3). Les habitants de Jabès, après avoir rendu les derniers honneurs à Saül et à ses fils, célébrèrent un jeûne de sept jours (ib., 31, 13), et quand la nouvelle du désastre de Gelboa arriva à Siclag, David et tous ses gens déchirèrent leurs vêtements, prient le deuil et jeûnèrent jusqu'au soir (II Sam., 1, v. 11 et 12). Plus tard, David fit rendre les mêmes honneurs à Abner, assassiné traîtreusement par Joab (ib., 3, 31). — Nous rappellerons les jeûnes publics proclamés par Samuel à Mispah, par Josaphat lors de l'invasion des Moabites, et sous Joïahim à l'arrivée des Chaldéens, Jérémie dit, en parlant d'une séchers, (Jér., 14, 2) : Juda est en deuil, et ses portes sont désolées ; on reste morne gisant à terre, et le cri de Jérusalem s'élève. Lorsque Joël invite le peuple au jeûne et à la pénitence, pour détourner le terrible fléau des sauterelles, il s'exprime ainsi (ch. 1 et 2) : Gémis comme une vierge revêtue d'un cilice pour (pleurer) l'époux de sa jeunesse..... Prêtres, ceignez (le cilice) et lamentez-vous ; poussez des gémissements, serviteurs de l'autel ; venez, passez la nuit vêtus de sacs, serviteurs de mon Dieu, car la maison de votre Dieu est privée d'offrandes et de libations. Sanctifiez le jeûne, publiez l'assemblée solennelle, assemblez les anciens, tous les habitants du pays, dans la maison de Jéhova votre Dieu, et criez à Jéhova..... Et maintenant, dit Jéhova, revenez à moi de tout votre cœur, par le jeûne, les pleurs et les lamentations !..... Sonnez de la trompette à Sion, sanctifiez le jeûne, publiez l'assemblée solennelle. Réunissez le peuple, sanctifiez la congrégation, assemblez les vieillards, réunissez les enfants et les nourrissons ; que le jeune marié sorte de son cabinet, et la jeune épouse de sa chambre nuptiale. Que les prêtres, ministres de Jéhova, pleurent entre le portique et l'autel, et qu'ils disent : Épargne, ô Jéhova, ton peuple, et ne livre point ton héritage à l'opprobre et aux insultes des nations ; pourquoi dirait-on parmi les peuples : Où est leur Dieu ?

Ces passages peuvent donner une idée de l'aspect que présentait la société hébraïque dans ses jours d'adversité et de deuil.

 

F. Arts et métiers.

La Genèse nous fait voir, dès le temps des patriarches, les arts et métiers parvenus à un certain degré de perfection chez les Cananéens, ou Phéniciens ; en Egypte, ils florissaient dès la plus haute antiquité, et les Hébreux, pendant leur long séjour dans ce pays, purent, du moins en partie, s'approprier la connaissance de plusieurs arts égyptiens. Il n'est donc pas étonnant que, dans le désert, Moïse ait pu trouver des hommes capables d'exécuter les travaux les plus variés ; car, quels que soient les doutes qu'on puisse élever sur les détails de la construction du Tabernacle, on devra toujours leur reconnaître une base historique qui plus tard aura pu être amplifiée par la tradition. Mais les Hébreux entrés en Palestine, où ils se livrèrent entièrement à l'agriculture, négligèrent toute autre espèce d'industrie, à tel point que Salomon dut faire venir des artistes et des ouvriers étrangers pour les travaux qu'il fit exécuter. L'oppression et les luttes continuelles pendant la période des juges durent aussi opposer de grands obstacles au développement de l'industrie ; on était très-heureux d'avoir ce qui était strictement nécessaire. Les agriculteurs et les gens de leurs maisons durent fabriquer eux-mêmes et acheter en partie chez les peuples voisins tous les objets nécessaires dans le ménage[110], et même leurs instruments aratoires qui, dans l'occasion, servaient aussi d'armes (Juges, 3, 31). Çà et là il y avait peut-être quelque artisan indigène ou étranger qui travaillait pour le public (ib., 17, 4), mais il est certain qu'en général les arts et métiers étaient très-peu cultivés. Nous savons positivement que, du temps de Saül, les Philistins interdirent aux Hébreux d'avoir des forgerons dans leur pays, et que les laboureurs étaient même obligés d'aller chez les Philistins pour faire repasser leurs instruments aratoires ; cet état des choses n'aurait pu exister, si l'art de forger les métaux eût été alors très-répandu parmi les Hébreux. A mesure qu'au temps de David et de Salomon, la prospérité et le luxe augmentèrent parmi les Hébreux, les arts et métiers se perfectionnèrent, probablement sous l'influence des artistes et ouvriers phéniciens, qui, à cette époque, arrivèrent en grand nombre en Palestine, et donnèrent aux ouvriers hébreux l'occasion d'apprendre les règles de l'art[111]. Depuis lors beaucoup d'Hébreux embrassèrent divers métiers comme profession et comme moyen d'existence. Nous allons donner quelques détails sur les différents arts et métiers qui, selon la Bible, étaient exercés par les Hébreux, soit du temps de Moïse, soit à l'époque des rois.

Le filage et la tisseranderie, étant un besoin de premier ordre, faisaient partie généralement des occupations des femmes (Prov. 31, 13 et 19). Lors de la construction du Tabernacle, on parle aussi d'hommes occupés comme tisserands, selon l'usage de l'Égypte, où ce métier était exercé particulièrement par les hommes[112]. Les femmes, chez les Hébreux, filaient et tissaient les différentes matières textiles non-seulement pour l'usage de la maison, mais aussi pour la vente (ib., v. 18 et 24). La Bible nous offre peu de traces du mécanisme pour le tissage ; c'était sans doute le même que celui des peuples anciens en général ; le métier était très-élevé, et l'ouvrière se tenait debout[113]. Nous trouvons un certain nombre de mots techniques qui prouvent que l'art de filer et de tisser, de même que l'œuvre du cordier et du passementier, étaient arrivés chez les anciens Hébreux à un haut degré de perfection ; tels sont les mots : triple fil (Ecclés. 4, 12), cordon ou fil tordu[114], lin retors (Exode, 26, 1, etc.), chaîne et trame (Lév., 13, 48) ; on mentionne le fuseau et la quenouille (Prov. 31, 19), l'ensuble du tisserand (I Sam. 17, 7), la navette (Job, 7, 6) et la cheville ou l'attache (Juges, 16, 14).

On parle aussi de plusieurs tissus d'un art plus élevé, tels que le TASCHBÈS (Exode, 28, 4), espèce d'ouvrage pommelé ou fait à petits carreaux (opus scutulatum)[115] ; de tissus avec des figures ou des encadrements en fils d'or (Ps. 45, 14) ; d'ouvrages de broderie ou plutôt de tapisserie, appelés RIKMA ; et où il y avait une grande variété de couleurs (Juges, 5, 30). Celui qui faisait ces ouvrages s'appelait HOSCHEB (qui médite ou invente, artiste)[116].

A la fabrication des étoffes se rattache naturellement l'art du foulon et celui du teinturier. Le foulage servait non-seulement à donner aux tissus neufs la solidité convenable, mais aussi à nettoyer les vêtements et à les remettre à neuf. On employait pour cela plusieurs substances fortes, notamment le néther et le borith (alcali minéral et végétal). Ce qui prouve que le foulage était exerce par des ouvriers particuliers, c'est que le prophète Malachie (3, 2) parle du borith des foulons, et que, dans les environs de Jérusalem, il y avait un endroit appelé le champ du foulon[117], où probablement on faisait sécher les étoffes et les vêtements nettoyés par le foulage. — Quoiqu'on ne trouve pas dans la Bible les mots teindre, teinturier, etc., on parle trop souvent d'étoffes et de vêtements de différentes couleurs pour que nous puissions douter de l'existence de la teinture chez les anciens Hébreux[118] ; mais leurs procédés nous sont complètement inconnus. Les couleurs qu'on affectionnait le plus étaient le pourpre rouge ou violet et le cramoisi.

Pour la confection de la chaussure, des ceintures (II Rois, 1, 8) et de différents ustensiles en cuir mentionnés dans la Bible (Lév., 13, 48 et 49), on avait besoin du tannage. Les cuirs fins, dont il est question quelquefois, tels que les peaux de béliers teintes en rouge et les peaux de thahasch (Exode, 25, 5), supposent même un certain progrès dans l'art de préparer le cuir, et nous ne saurions douter que les anciens Hébreux n'aient eu des tanneurs et des corroyeurs, bien qu'il n'en soit jamais question dans l'Ancien Testament.

La fabrication de toute espèce d'ustensiles de ménage, d'armes de guerre, etc., ainsi que la construction et l'ameublement des maisons, nécessitaient des travaux variés en terre, en bois, en pierres et en métal.

Parmi les travaux en terre nous devons d'abord mentionner la fabrication des briques, qui remonte à la plus haute antiquité (Gen. 11, 3) ; elle était d'autant plus nécessaire aux Hébreux, que leurs maisons étaient ordinairement construites en briques. Les procédés généralement employés leur étaient connus ; ils foulaient avec les pieds la terre grasse ou l'argile (Nahum, 3, 14), et ils y mêlaient de la paille (Exode, 5, 7) ; les briques étaient cuites dans un four (Nahum, l. c. ; II Sam. 12, 31). — Ils fabriquaient aussi les poteries (Ps. 2, 9) : le prophète Jérémie (18, 3) parle du potier faisant son ouvrage sur le tour ; cette machine, appelée obnatui, se composait de deux pierres rondes ou de deux roues de bois placées l'une sur l'autre ; la supérieure était plus petite que l'inférieure[119]. Il paraît résulter d'un passage des Proverbes (26, 23) qu'on savait donner le vernis aux vases de terre au moyen de la litharge[120]. — Le verre (ZECHOUCHITH), inventé par les Phéniciens, était connu des Hébreux ; mais on n'en parle encore que comme d'une chose rare et très-précieuse (Job, 28, 17).

Des ouvriers en bois et en pierre sont envoyés à Jérusalem par Hiram, roi de Tyr, pour bâtir le palais de David (II Sam. 5, 11), ce qui prouve qu'à cette époque les Hébreux n'étaient pas bien avancés dans l'art de la charpenterie et de la maçonnerie. Salomon écrit lui-même au roi de Tyr qu'il a besoin d'ouvriers phéniciens, pour faire couper des cèdres sur le Liban, et qu'il n'y a personne parmi les Hébreux qui s'entende comme les Sidoniens à couper le bois (I Rois, 5, 20). Mais, comme nous l'avons déjà dit, les Hébreux firent, depuis cette époque, de grands progrès dans les ouvrages en bois et en pierre. On ne dit pas que les charpentiers, les architectes, les maçons et les tailleurs de pierre employés aux réparations du Temple, sous le règne de Joas (II Rois, 12, 12 et 13) et sous celui de Josias, (ib., 22, 6) fussent des étrangers. Les meubles et ustensiles de ménage, ainsi que les outils de labourage dont il est souvent question, même avant David, supposent plusieurs genres de travaux en bois, notamment la menuiserie et le charronnage. A toutes les époques de l'histoire des Hébreux il est fait mention des chariots et des voitures de voyage et de transport[121], ainsi que des ouvrages de vannerie[122]. Les instruments mentionnés dans la Bible, pour ces différents travaux, sont : diverses espèces de haches, de cognées, de scies et de marteaux, le compas, le cordeau, le fil à plomb, la craie rouge, le rabot, etc.[123]

Quant aux travaux en métal, ils étaient très-variés. Un chapitre du livre de Job renferme des traces de travaux des mines, et nous y trouvons quelques termes techniques fort remarquables qui révèlent une connaissance exacte des procédés de la métallurgie[124]. Mais on ne saurait conclure de ce passage unique que les anciens Hébreux se soient occupés de l'exploitation des mines ; il ne prouve autre chose si ce n'est que l'auteur du livre de Job, auquel toutes les merveilles de l'Arabie et de l'Égypte étaient si familières, et qui, sans doute, avait fait un long séjour dans ces pays, connaissait parfaitement les travaux des mines qui s'exécutaient dans les contrées voisines de la Palestine, et qu'il savait traduire en hébreu les termes dela métallurgie égyptienne ou arabe[125]. Les métaux que les Hébreux employaient dans leurs travaux venaient de l'étranger ; on mentionne, dans l'Ancien Testament, l'or, l'argent, le cuivre ou l'airain, le fer, l'étain et le plomb. On connaissait ces métaux dès la plus haute antiquité, et nous les trouvons mentionnés tous ensemble dans l'énumération du butin fait par les Hébreux dans la guerre contre les Midianites (Nombres, 31, 22). La Genèse (4, 21) fait remonter avant le déluge l'art de forger le cuivre et le fer, ce qui prouve que l'antiquité de cet art était pour les Hébreux antérieure à toute histoire. Sous Salomon on employa une immense quantité de métaux aux ouvrages de tout genre que ce roi fit exécuter. On a vu qu'il entretenait des relations directes avec plusieurs contrées de l'Arabie heureuse, d'où il tirait de l'or, de l'argent et d'autres objets de prix (I Rois, 10, 22) ; l'or, à cette époque, abondait tellement en Palestine, que l'argent même n'avait que peu de valeur (ib. v. 21). Dans les temps suivants, ce fut sans doute le commerce phénicien qui put fournir aux Hébreux les métaux dont ils avaient besoin ; l'or venait toujours d'Ophir, de Saba et d'autres contrées de l'Arabie méridionale ; l'argent, l'étain et le plomb venaient d'Espagne, et le cuivre de quelques contrées de l'Asie Mineure et du midi du Caucase (Ézéch., 27, v. 12, 13 et 22). Le prophète Nahum (2, 4) mentionne très-probablement l'acier sous le mot peladôth[126], et Jérémie (15, 12) paraît l'indiquer par les mots fer du nord ; car on sait que les Chalybes, qui habitaient près de la mer Noire, étaient célèbres dans l'antiquité pour la fabrication de l'acier[127]. — Les Hébreux connaissaient l'art de la fusion des métaux, de l'affinage et de la coupellation ; il en est souvent question dans les images des poètes hébreux[128]. On savait aussi marteler, plaquer, souder et polir[129]. Il nous reste, dans la Bible, beaucoup de mots hébreux ayant rapport à la manipulation des métaux, et qui prouvent que les anciens Hébreux connaissaient parfaitement les différents travaux en métal et leurs procédés ; nous citerons les mots : fourneau, creuset (Prov., 17, 3), soufflet (Jér., 6, 29), scorie et alliage (Isaïe, 1, 25), enclume, marteau (ib. 41, 7), etc. Pour ce qui concerne l'emploi des différents métaux' nous devons mettre en première ligne l'airain ou le cuivre, qui était employé de préférence pour la confection de toute espèce d'ustensiles et même des armes, notamment des casques, des boucliers des cuirasses et des lances (I Sam. 17, 5 et 6). En général, l'usage du cuivre, dans l'antiquité, est plus fréquent que celui du fer, dont la manipulation est plus difficile ; les héros d'Homère n'ont que des armures de cuivre et on peut remarquer que partout l'emploi du cuivre a précédé l'usage du fer[130]. On se rappelle aussi les nombreux travaux en cuivre exécutés pour le tabernacle de Moïse et le temple de Salomon. Le fer s'employait pour la confection des chariots de guerre et celle des instruments aratoires et autres outils, tels que les marteaux, les haches (II Rois, 6, 7), les scies (II Sam., 12, 31), etc. ; on en faisait aussi quelquefois des armes (I Sam. 17, 7) et des ustensiles de cuisine, tels que des poêles (Ézéch. 4, 3). Les chaînes des prisonniers étaient tantôt de fer, tantôt de cuivre, et on disait le fer (Ps. 105, 18), ou les cuivres (Juges, 16, 21), dans le sens de chaînes, comme nous disons les fers. On trouve aussi des verrous de fer (Ps., 107, 16) et des verrous de cuivre (I Rois, 4, 13). — L'or et l'argent étaient employés à faire toute espèce de parures et certains ustensiles, comme chandeliers, tasses, coupes, etc. ; on connaît l'immense quantité de vases d'or et d'argent que Salomon fit faire pour le Temple et pour son palais ; ce roi avait même des boucliers d'or. Les idolâtres possédaient des images d'or et d'argent. - L'étain[131] et surtout le plomb servaient à faire des poids (Zachar. 4, 10 ; 5, 8) ; le fil à plomb des matons (Amos, 7, 7) était fait en ce métal. On écrivait aussi quelquefois sur des tablettes de plomb (Job, 19, 24). En outre, le plomb était employé, dans le travail métallurgique, pour l'affinage de l'argent[132]. C'est ce qui résulte évidemment d'une image du prophète Jérémie (6, 29), qui, parlant de la corruption de son peuple, s'exprime ainsi : Le soufflet est brûlé, le plomb est consumé par le feu ; l'ouvrage de purification a été en vain, les mauvaises parties n'ont point été séparées. — Nous ajouterons que les différents travaux en métal constituaient déjà chez les Hébreux plusieurs métiers bien distincts ; il y avait des fondeurs, des forgerons ou des ouvriers en fer, des ouvriers en cuivre, des serruriers et des orfèvres[133].

Il nous reste à parler de quelques ouvrages de fantaisie et de luxe, notamment de la joaillerie et de la parfumerie, qui chez les Hébreux, dès les temps les plus anciens, atteignirent une grande perfection. — Quoique la Palestine ne fournit pas de pierres précieuses, nous en trouvons une grande variété chez les Hébreux, qui les tiraient principalement de l'Arabie, soit directement (I Rois, 10, 2 et 10), soit par l'intermédiaire des commerçants phéniciens (Ézéch. 27, 22), Les espèces connues aux Hébreux sont renfermées dans les douze pierres précieuses qui se trouvaient sur le pectoral du grand prêtre[134]. Les mêmes pierres, à l'exception de trois, sont nommées par Ézéchiel (28, 13) lorsqu'il décrit la magnificence du roi de Tyr. Il faut y ajouter le diamant, qui manque dans les ornements sacerdotaux, soit qu'il ne fût pas connu aux Hébreux du temps de Moïse, ou qu'il ne pût trouver place parmi les pierres du pectoral, toutes devaient être gravées. Le diamant est mentionné par les prophètes (sous le nom de SCHAMÎR), comme un objet extrêmement dur[135]. On a déjà vu dans la description des ornements du grand prêtre que les Hébreux connaissaient l'art de monter les pierres précieuses et de les graver ; il y avait pour ces travaux des artistes particuliers, appelés ouvriers en pierreries (Exode, 28, 11). Nous trouvons les pierreries employées comme ornement dans les couronnes royales (II Sam. 12, 30) ; il est probable qu'on s'en servait aussi pour les bagues et les cachets[136]. On employait aussi les coraux (RAMOTH) et les perles (PENINÎM), et dans un passage de Job (28, 18), où on mentionne les uns et les autres, on paraît faire allusion à la pêche des perles par le mot méschech (extraction). Nous rappellerons encore ici les travaux en ivoire qui ornaient les appartements et les meubles ; les travaux en corne, tels que certains instruments de musique (Jos. 6, 5), et les cornes dans lesquelles on mettait l'huile (I Sam. 16, 1) et le stibium.

La composition des huiles odoriférantes, des onguents et des parfums, tant pour l'usage profane que pour les fumigations du sanctuaire, et la composition de l'huile sainte, exigeaient un art particulier. En effet, nous trouvons, chez les Hébreux, une classe d'artistes qui portaient le nom de ROKÉACH (parfumeurs), et qui s'occupaient spécialement de la préparation des huiles et des onguents[137] ; quelquefois on employait les femmes esclaves comme parfumeuses (I Sam. 8, 13). Parmi les prêtres il y avait aussi une division de parfumeurs pour le service du sanctuaire (I Chr. 9, 30). — L'huile sainte se composait d'huile d'olive et de quatre espèces d'aromates, appelées : MOR-DERÔR (myrrhe franche, qui coule spontanément et sans incision), INKNAMÔN (cinnamome ou cannelle) KANE BOSEM (roseau aromatique, calamus), et KIDDA, la même chose que KÉCIA (cassia, casse aromatique). Le parfum servant aux fumigations du sanctuaire se composait également de quatre substances aromatiques, qu'on appelle : NATAPH (gomme de storax, ou stacte), SCHEHÉLETH (l'opercule d'un coquillage odoriférant, appelé onyx marinus), HELBENA (galbanum) et LEBONA ZACCA (encens pur) ; on y ajoutait du sel[138]. Il était défendu par la loi mosaïque d'employer ces deux compositions pour l'usage commun, mais on faisait un fréquent usage de plusieurs des substances que nous venons d'énumérer, et de quelques autres, telles que l'aloès, le nard, le safran, le baume, le ladanum[139]. Le plus grande partie de ces substances aromatiques venaient de l'étrangers notamment de l'Inde et de l'Arabie ; les Hébreux les tiraient principale, ment de Saba, sans doute par le commerce phénicien[140].

Pour ce qui concerne l'histoire des-arts et des métiers en général, on peut observer qu'ils prirent de grands développements sous les derniers rois de Juda. Plusieurs ouvrages, qui d'abord s'exécutaient par les mêmes ouvriers (II Chron. 2, 13), constituèrent plus tard des professions distinctes ; de même, nous voyons surgir des métiers particuliers ayant pour objet les ouvrages qui d'abord se faisaient dans l'intérieur des familles, surtout par les femmes. Nous citerons comme exemples les serruriers, dont il n'est fait mention que vers l'époque de l'exil (II Rois, 24, 14) et qui précédemment étaient sans doute compris dans la classe des forgerons. On a vu qu'à Jérusalem du moins il y avait des personnes exerçant la profession de boulangers ; le prophète Ézéchiel (5, 1) mentionne les barbiers. Après l'exil, les professions furent encore bien plus nombreuses parmi les Juifs ; les métiers étaient en grand honneur, et les savants eux-mêmes considéraient comme un devoir d'apprendre un métier qui pût les faire vivre. Les anciens docteurs juifs déclarent que toute érudition qui n'est pas accompagnée d'un métier finit par se perdre et conduit au péché ; si quelqu'un, disent-ils, ne fait pas apprendre un métier à son fils, c'est comme s'il lui apprenait le brigandage[141].

 

G. Commerce. - Mesures et poids. - Voyages. - Navigation.

La constitution mosaïque n'était nullement favorable au commerce, dont les développements non-seulement pouvaient déranger l'équilibre social et l'égalité que Moïse voulait maintenir parmi les citoyens, mais aussi conduire à de trop fréquentes relations avec les nations étrangères et établir des liaisons dont le législateur voulait préserver son peuple. Aussi le commerce actif eût été à jamais impossible parmi les Hébreux, si la lettre de la loi avait toujours été observée fidèlement ; en effet, il ne put jamais s'établir d'une manière durable et prendre cette importance que la situation géographique de la Palestine aurait dû lui donner. Voici comment s'exprime à ce sujet l'historien Josèphe[142] : Pour nous, nous habitons une contrée qui n'est pas maritime ; nous ne cultivons pas les affaires commerciales, ni les relations qu'elles servent à établir avec les étrangers. Mais nos villes sont situées loin de la mer, et ayant en partage une bonne terre, nous la cultivons avec soin. Plus que tous les autres, nous aimons à nous occuper de l'éducation des enfants, de l'observation des lois, et nous faisons de la piété qu'elles inspirent la tâche la plus nécessaire de toute notre vie. De plus, notre manière de vivre étant toute particulière, rien dans les temps anciens ne pouvait nous faire contracter avec les Grecs des rapports tels qu'en avaient les Égyptiens, par l'échange avec eux d'objets exportés ou importés. Ceux qui habitent le littoral de la Phénicie s'appliquent, par cupidité, au trafic et aux affaires commerciales, etc. Il ne faut pas cependant prendre ces paroles de Josèphe dans un sens trop absolu ; car, places entre deux peuples commerçants, les Phéniciens et les Arabes, et se trouvant en possession d'une des grandes routes des caravanes, les Hébreux ne restèrent pas toujours oisifs spectateurs des grandes opérations commerciales dont ces deux peuples leur offraient sans cesse le spectacle séduisant. Depuis David, les Hébreux entretenaient des relations suivies et toujours amicales avec les Phéniciens (I Rois, 5, 15), et Salomon, ami du luxe et des richesses, ouvrit aux entreprises navales de ses habiles voisins le port d'Asiongaber, et faisant construire des vaisseaux, il s'associa lui-même à leur vaste commerce d'Ophir et de l'Inde. En retour de l'or et des autres objets de prix et de curiosité qu'il faisait chercher à Ophir, il donna probablement de l'huile et du blé, ou peut-être des articles qui, en échange de ces denrées, lui furent procurés par les Phéniciens. Nous savons positivement que Salomon fournissait chaque année au roi de Tyr une grande quantité de froment et d'huile fine d'olives (I Rois, 5, 25), et que bien plus tard on exportait pour Tyr ces articles, ainsi que le miel, le baume et le pannag, qui est probablement une espèce de pâtisserie (Ézéch. 27, 17). On a vu aussi que Salomon faisait exercer comme monopole, par des marchands royaux (I Rois, 10, 28), le commerce des chevaux qu'il tirait d'Égypte. Si nous ajoutons qu'il est question d'impôts payés à Salomon par les marchands en gros et en détail (I Rois, 10, 15), on restera convaincu que le commerce avait pris de grands développements sous ce roi, et que la magnifique Jérusalem, par son luxe et par l'affluence qu'attirait son temple central, était devenue un lieu de rendez-vous pour de nombreux négociants étrangers[143]. Après la mort de Salomon, le commerce maritime d'Ophir fut négligé par les rois de Juda ; Josaphat essaya vainement de le relever et son fils Joram perdit les ports du golfe Élanitique, lorsque les Iduméens se rendirent indépendants. Mais les relations commerciales avec les Phéniciens continuèrent dans les deux royaumes de Juda et d'Israël, comme le prouve surtout le passage d'Ézéchiel (27, 17) que nous venons de citer, et on exportait aussi de l'huile d'olive pour l'Égypte (Hos. 12, 2), qui n'était pas riche en oliviers. Un verset d'Isaïe (2, 16) nous fait présumer que, du temps de ce prophète, les Hébreux prenaient part à la navigation des Phéniciens dans la Méditerranée, ou bien qu'ils avaient encore des vaisseaux de Tharsis, c'est-à-dire des vaisseaux de long cours, dans le port d'Élath, que le roi Ouzia avait reconquis sur les Iduméens. Au même chapitre (v. 7), Isaïe parle de l'immense quantité d'or et d'argent et des trésors sans bornes qui rein-plissaient alors le pays de Juda ; d'aussi grandes richesses ne pouvaient provenir que d'un commerce florissant. De même qu'Isaïe, les autres prophètes voyaient avec déplaisir le luxe et les richesses acquises par le commerce, qu'ils accablaient de leur mépris et qu'ils considéraient comme un métier de fourbes et comme dangereux pour le peuple, qui était souvent sacrifié à l'intérêt des spéculateurs. Parlant des péchés d'Israël, Hoséa s'écrie (12, 8) : Phénicien (marchand), tenant en sa main des balances trompeuses, aimant à faire violence, Éphraïm dit : Je suis devenu riche, j'ai acquis de la fortune, etc. Écoutez cela, dit Amos (8, 4-6), vous qui absorbez le pauvre, qui ruinez les gens humbles du pays, et qui dites : Quand sera passée la néoménie, pour que nous vendions du blé ; le sabbat, pour que nous ouvrions (la vente) du grain, en faisant l'épha plus petit, augmentant le sicle et falsifiant la balance pour tromper ; afin que nous achetions les pauvres pour de l'argent, et le nécessiteux pour une paire de chaussure, et que nous débitions la criblure du grain. Ces reproches nous font voir la classe pauvre manquant de pain par les fréquentes exportations de blés ; l'existence des accapareurs maudits par le peuple nous est révélée aussi par les Proverbes (11, 26). Les fréquentes relations avec les marchands phéniciens se révèlent aussi dans la belle description de la femme forte, qui fait du linge et le vend, et fournit des ceintures au Cananéen, ou Phénicien (Prov. 31, 24). Même encore vers l'époque de l'exil, Jérusalem, située sur la route qui conduisait de l'Arabie aux ports de mer phéniciens, et consommant par son luxe beaucoup de marchandises étrangères, dut voir affluer sur ses marchés, non-seulement les Tyriens que nous y rencontrerons même à une époque où la capitale de la Judée, renaissant de ses cendres, n'était habitée que par quelques pauvres colons (Néhémia, 13, 16), mais aussi de nombreux négociants de l'Arabie et d'autres pays étrangers, et elle dut trouver, dans ce grand concours, des avantages que l'opulente Tyr elle-même voyait avec jalousie ; car le prophète Ézéchiel (ch. 26), en prédisant la chute de cette marchande des peuples (ib., 27, 3), lui reproche la satisfaction qu'elle avait manifestée de la destruction de Jérusalem, et lui met dans la bouche cette exclamation : Ah ! elle est brisée, la porte des peuples ; on se tourne vers moi ; je serai remplie, car elle déserte.

Il résulte, ce nous semble, de tous les passages cités précédemment, que les Hébreux prenaient une part assez active au commerce des peuples voisins ; mais nous ne saurions recueillir dans la Bible aucune donnée certaine sur le bilan du commerce des Hébreux. Nous dirons seulement que les prophètes, rigides censeurs de tous les abus et ennemis du commerce, loin de jamais se plaindre d'un délabrement de la fortune nationale, parlent au contraire bien souvent des grands trésors et du luxe sans bornes ; on doit donc supposer que les produits de la terre, seule ressource réelle des Hébreux, suffisaient bien au delà aux besoins de la population, ou bien que les trésors conquis par les armes victorieuses de plusieurs rois et les contributions des peuples vaincus servirent à augmenter considérablement les ressources nationales, à rétablir l'équilibre entre l'actif et le passif et à faire face aux exigences du luxe. Dans cet état des choses, ce qui devait blesser les prophètes et tous les vrais partisans de la constitution mosaïque, c'était l'inégalité des fortunes particulières et le débordement de tous les vices que le luxe et les spéculations de la cupidité commerciale amènent à leur suite.

Le commerce de l'intérieur, notamment le petit commerce de détail dans les différentes localités, est une chose indispensable dans toute société civilisée ; les lois des Hébreux l'approuvaient implicitement, en prescrivant la plus stricte probité dans les poids et les mesures[144]. Le petit commerçant qui va de ville en ville et qui détaille ses marchandises sur les marchés, paraît être désigné plus particulièrement par le mot ROCHEL[145], tandis que le mot SOCHER désigne le négociant qui fait le commerce en gros et expédie des marchandises d'un pays à l'autre, par terre ou par mer[146]. Le commerce en détail dut être particulièrement favorisé par le pèlerinage ordonné pendant les trois grandes fêtes, et qui réunissait un immense concours de monde près du sanctuaire central. Dans les livres sacrés il est fait assez souvent allusion au petit commerce, par exemple dans ce proverbe : Mauvais ! mauvais ! dit l'acheteur ; mais quand il l'emporte, il s'en loue (Prov., 20, 14) ; de même dans le blâme qu'on verse souvent sur ceux qui cherchent à s'enrichir par des gains illicites, qui prêtent à intérêt, ou qui falsifient les poids et les mesures[147]. Le commerce était cependant entre les mains d'une classe relativement peu nombreuse, et même après l'exil, lorsque les spéculations commerciales prirent plus d'importance et furent favorisées par la dispersion et les fréquents voyages des Juifs, la grande majorité s'appliquait à l'agriculture, comme on le voit clairement par le passage de Josèphe cité plus haut. L'esprit commercial des Juifs Modernes n'est point un héritage de leurs pères, mais une suite de l'oppression qu'ils éprouvèrent et de leur exclusion de toute autre industrie.

A la question du commerce se rattache naturellement celle des mesures, des poids et de l'argent qui avaient cours chez les anciens Hébreux. La Bible nous fournit bien quelques données pour fixer la valeur relative des différents poids et mesures ; mais leur évaluation absolue est sujette à de grandes difficultés. Josèphe est le seul auteur ancien qui puisse nous servir de guide ; car il indique souvent le rapport des mesures des Hébreux à celtes des Grecs, qui nous sont mieux connues. Le Nouveau Testament et le Thalmud nous fournissent également quelques renseignements utiles. Il pourrait sembler, à la vérité, que tous ces ouvrages sont trop modernes pour que leurs données puissent s'appliquer sans 'réserve aux temps anciens ; mais si l'on réfléchit que les mesures et les poids, chez les Hébreux, étaient considérés en quelque sorte comme une chose sacrée, à cause de leur application aux dimensions du sanctuaire et de ses ustensiles, ainsi qu'aux offrandes, aux libations et aux impôts sacrés, on ne trouvera pas invraisemblable que les Juifs après l'exil aient cherché à connaître exactement les mesures anciennes pour se conformer strictement aux prescriptions de la loi mosaïque. Le caractère sacré qu'on attribuait aux poids et aux mesures résulte aussi de ce verset des Proverbes (16, 11) : Le peson et les balances justes appartiennent à Jéhova toutes les pierres du sachet (les poids) sont son œuvre. Pour l'évaluation des poids en particulier, nous avons une base à peu près sûre dans quelques monnaies macabéennes qui nous restent encore, et dont on connaît assez exactement la valeur intrinsèque, comme on le verra plus loin. Nous ne pouvons nous livrer ici à une discussion détaillée sur cette matière, et nous nous contenterons de résumer les données puisées dans la Bible, dans les œuvres de Josèphe et dans les renseignements combinés de quelques autres documents antiques[148]. Nous parlerons successivement des mesures de longueur, de distance et de capacité, des poids et des monnaies.

A. Les mesures de longueur, appelées MIDDÔTH, sont généralement empruntées à la main et au bras ; on mentionne les suivantes : 1° ECBA (Jér., 52. 21), le doigt, c'est-à-dire la largeur du doigt ou du pouce ; 2° TÉPHACH (I Rois, 7, 26), ou TOPHACH (Exode, 25, 25), le palme, c'est-à-dire la largeur de quatre doigts ou de la paume ; 3° ZÉRETH (ib., 28, 16), la distance de l'extrémité du pouce à celle du petit doigt, ou l'empan ; 4° AMMAH, toute la longueur de l'avant-bras, ou la coudée. La valeur relative de ces mesures n'est indiquée nulle part dans la Bible ; pour la fixer, il faut consulter Josèphe et la tradition rabbinique. Dans l'Exode (25, 10) on donne à l'arche sainte deux coudées et demie de long, une et demie de large et une et demie de hauteur ; Josèphe, dans ses Antiquités (III, 6, 5), traduit les deux coudées et demie par cinq empans, et pour une coudée et demie il met trois empans, d'où il résulte que l'empan était la moitié de la coudée. Les rabbins sont d'accord avec Josèphe : selon eux aussi, le Zéreth est une demi-coudée ; la coudée moyenne, disent-ils, était de six palmes[149], et chaque palme de quatre doigts. Nous avons tout lieu de croire ces données exactes, puisque nous retrouvons les mêmes proportions dans d'autres, systèmes anciens ; ainsi, par exemple, les Grecs avaient des coudées d'un pied et demi, ce qui fait six palmes (παλαισταί), ou vingt-quatre doigts ; Hérodote (II, 149) parle aussi d'une coudée de six palmes, en usage chez les Égyptiens. Nous aurions donc pour la valeur relative des mesures hébraïques le tableau suivant :

Ammah

1.

Zéreth

2.

1.

Téphach

6.

3.

1.

Erba

24.

12.

4.

1.

Il suffirait de savoir la valeur absolue d'une de ces mesures pour connaître les autres ; mais comme nous ne-trouvons, à cet égard, aucune donnée positive, ni dans les écrits de Josèphe, ni dans ceux des rabbins, nous devons nous contenter d'une estimation approximative, en nous aidant des mesures égyptiennes, que !es découvertes modernes ont permis de déterminer avec assez de précision. Il est très-probable que le système des Hébreux fut emprunté aux Égyptiens. — Les rabbins déterminent les mesures de longueur d'après la largeur de grains d'orge placés les uns à côté des autres, comme le font aussi les Arabes et d'autres peu pies de l'Orient ; on comprend ce qu'il y a de vague dans cette manière de mesurer, vu l'inégalité des grains d'orge. Maïmonide, qui s'est livré à ce sujet à des calculs minutieux, a trouvé que l'eçba de la Bible était égal à la largeur de sept grains d'orge moyens[150], ce qui donne pour l'ammah 168. Or on a trouvé, par des calculs assez exacts, que la coudée arabe, qu'on estime à 144 grains d'orge (c'est-à-dire à 24 doigts de six grains chacun), réduite en lignes et décimales de ligne, en faisait 213,058[151], ce qui donnerait pour l'ammah hébraïque de 168 grains d'orge 248,567, ou environ 560 millimètres. Nous ne prétendons pas donner ce résultat pour strictement exact, mais on verra qu'il ne s'écarte pas trop de la valeur très-probable des mesures égyptiennes ; il peut du moins servir à constater les rapports qui existaient entre les mesures des Hébreux et celles des Égyptiens. Mais il se présente une autre question : les savants ont attribué aux anciens Hébreux plusieurs espèces de coudées[152], et tout en rejetant des conjectures qui n'ont aucune base solide, nous devrons toujours admettre chez les Hébreux deux espèces de coudées, l'une ancienne ou mosaïque, usitée pour les choses sacrées, l'autre moderne, pour l'usage vulgaire. Dans le 2e livre des Chroniques (3, 3), on parle d'une coudée première, ou ancienne, dont on se servait pour les mesures du temple de Salomon, ce qui fait supposer l'existence d'une coudée moderne ou vulgaire. Le prophète Ézéchiel (40, 5 ; 43, 13), dans une vision où il voit les dimensions du temple futur, parle évidemment d'une coudée ayant un palme de plus que la coudée vulgaire, d'où il résulte qu'il y avait entre les deux coudées la différence d'un palme, ce que le Thalmud entend dans ce sens que la petite n'avait que cinq palmes de la grande[153] ; mais il serait peut-être plus convenable de leur donner le même rapport qu'avaient les deux diverses coudées égyptiennes, qui étaient environ comme 7 à 6. Il est probable, du reste, que l'une et l'autre étaient divisées respectivement en six palmes ; le Thalmud parle positivement de palmes plus ou moins longs[154]. L'ancienne coudée mosaïque était sans doute la coudée royale égyptienne, et les diverses échelles qui nous restent de celle-ci, combinées avec les mesures de plusieurs monuments égyptiens, donnent pour terme moyen, à peu près 525 millimètres[155]. Ce résultat nous paraît d'autant moins douteux, qu'il ne diffère que de 35 millimètres de celui que nous avons trouvé par le calcul si vague de la largeur des grains d'orge. Ceci admis, nous trouverons pour la coudée vulgaire 450 millimètres, ou bien 433,5, selon qu'on admettra le rapport égyptien, qui est de 7 : 6, ou le rapport thalmudique, qui est de 6 : 5. Chacune des deux coudées était divisée proportionnellement en deux empans, six palmes et vingt-quatre doigts. — Nous ne croyons guère possible d'aller plus loin dans l'évaluation des mesures de longueur des Hébreux sans se perdre dans de vagues conjectures. — Quant à la mesure appelée gomed, qui n'est mentionnée qu'une seule fois, dans le livre des Juges (3, 16), pour fixer la longueur de l'arme avec laquelle Éhoud tua le roi de Moab, elle est entièrement inconnue ; mais comme il est dit qu'Éhoud cacha l'arme, sous ses vêtements, et qu'elle entra avec la poignée dans le corps d'Églon, on ne pourra guère admettre, avec quelques savants, que le gomed était une coudée plus longue[156], et on préférera, avec la version grecque, y voir un empan, de sorte que l'arme, qui avait deux tranchants, serait une espèce de poignard. — Le KANÉ (roseau, verge) était un long bâton de six coudées servant à mesurer les bâtiments (Ézéch., 40, 5 ; 41, 8), ce qu'on faisait aussi avec une corde (ib., 40, 3 ; Amos, 7, 17).

Aux mesures de longueur se rattachent celles des distances, ou les mesures itinéraires ; mais les anciens Hébreux mesuraient les chemins d'une manière très-vague. Nous trouvons dans l'Ancien Testament deux mesures itinéraires, dont l'une est appelée KIBRATH AREÇ (espace de pays)[157], l'autre DÉRECH YÔM (chemin d'un jour, journée)[158]. Il paraîtrait que la première était une mesure déterminée ; du moins les Septante durent la considérer ainsi, car ils conservent, dans leur traduction, le mot hébreu, qu'ils prononcent chabratha. La version syriaque le rend toujours par parasange, ce qui ferait environ une lieue de France. Le dérech yôm, c'est-à-dire le chemin qu'on peut parcourir à pied en une journée, est une mesure également vague ; mais on la trouve chez plusieurs peuples de l'antiquité[159], et elle est souvent employée par les géographes arabes du moyen âge. En comparant les différentes données des auteurs anciens et des Arabes, on trouve pour la journée moyenne environ sept lieues[160]. — Plus tard, à l'époque gréco-romaine, les Juifs comptaient par stades et par milles ; ces mesures se trouvent dans le Nouveau Testament et dans le Thalmud, ainsi que le chemin sabbatique (Actes, I, 12), qui était de deux mille coudées. — Pour l'arpentage, la mesure ordinaire était le cémed, dont on ne saurait indiquer la valeur précise.

B. Les mesures de capacité, appelées MESOURÔTH, étaient de deux espèces.

I. Pour les liquides on mentionne trois mesures différentes : 1° le BATH contenait, selon Josèphe[161], 72 xestes (sextarii), qui font un métrète attique, ou 38 litres et 843 millilitres ; 2° le HIN, que Josèphe compare à deux chotts ou conges attiques[162] ; or, comme le conge est un douzième du métrète, le hin sera un sixième du bath, ou 6 litr. 474 mill. ; 3° le LOG, qui n'est déterminé nulle part par Josèphe, forme, selon les rabbins, la valeur de six œufs, ou un douzième du HIN[163], ce qui fait juste un xeste, ou environ 539 millilitres.

II. Pour les choses sèches nous trouvons les mesures suivantes : 1° le CHOMER (Lév., 27, 16), selon le prophète Ézéchiel (45, 11 et 14) égal à 10 bath. La même mesure est aussi appelée COR (Ézéch., ib.)[164], et sa moitié LÉTHECH (Hos. 3, 2) ; c'est ainsi du moins que ce dernier mot est interprété par les rabbins et par saint Jérôme. 2° L'ÉPHA, un dixième du chomer, et par conséquent, égal au bath (Ézéch., 45, 11). 3° La SÉAH, selon les rabbins, un tiers d'épha ; de même selon Josèphe, qui dit que le saton (séah) est égal à un modius et demi d'Italie[165], ce qui fait 24 xestes ou un tiers du bath et de l'épha. 4° Le OMER (gomor) est la dixième partie de l'épha (Exode, 16, 36) ; c'est pourquoi on l'appelle aussi ISSARÔN (dixième). 5° Le KAB, selon les rabbins, un sixième de la séah, ou un dix-huitième de l'épha, c'est-à-dire quatre xestes attiques[166]. Pour montrer d'un coup d'œil la valeur relative de toutes les mesures de capacité, tant pour les liquides que pour les choses sèches, nous les représentons dans le tableau suivant, en prenant la plus petite, qui est le Mg, pour unité de mesure commune :

Chomer

1.

Bath

10.

1.  

Épha

Séah

30.

3.

1.

Hin

60.

6.

2.

1.

Omer

100.

10.

3 1/3.

1 2/5.

1.

Kab

180.

18.

6.

3.

1 2/5.

1.

Log

720.

72.

24.

12.

7 1/3.

4.

1.

Comme on sait que la valeur du bath est exactement celle d'un métrète attique (litr. 38,843), on pourra facilement calculer celle de toutes les autres mesures. L'identité du bath et du métrète attique n'est pas fortuite ; l'un et l'autre ne sont autre chose que l'ancienne artabe des Égyptiens, qui contenait également 72 xestes[167]. — Ce tableau montre dans les mesures hébraïques le mélange de deux systèmes différents ; l'épha se trouve avec le chomer et le omer dans un rapport décimal, tandis qu'il forme avec les autres mesures un système duodécimal. Ce dernier paraît être le système primitif, car nous le trouvons aussi dans les mesures de longueur[168].

C. Le poids, appelé MISCHKAL, se déterminait, comme chez nous, au moyen des balances (MÔZNAÏM), ou d'un peson (PÉLÈS). Les poids étaient faits en pierre, et les marchands en portaient avec eux dans un sachet, attaché à la ceinture, ce qui se fait encore maintenant en Orient[169]. Voici les différents poids des Hébreux : 1° le KICCAR (talent), 2° le MANÉ (mine), 3° le SÉKEL (sicle), 4° le BÉKA, et 5° la GUÉRA. La valeur relative de tous ces poids, à l'exception du mané, est clairement indiquée dans le Pentateuque. Il résulte d'un passage de l'Exode (35, 25 et 26) que 100 kiccars et 1775 sékels faisaient 603550 békas, et que le béka était un demi-sac/, d'où il résulte que le kiccar avait 3000 sékels. Le sékel se divisait en vingt guéras (ib., 30, 13). Sur le mané les opinions sont divisées : les uns donnent au mané cent sékels, s'appuyant d'un verset du deuxième livre des Chroniques (9, 16), où il est dit que les boucliers de Salomon pesaient trois cents (pièces) d'or chacun, tandis que leur poids, selon le 1er livre des Rois (10, 17), était de trois manés. D'autres réduisent le mané à 60 sékels, invoquant l'autorité d'un verset obscur d'Ézéchiel (45, 12), qui semble diviser les sicles du mané en 20 + 25 + 15 = 60 ; c'est du moins dans ce sens que saint Jérôme et les rabbins interprètent les paroles d'Ézéchiel. D'autres enfin, justement choqués des difficultés grammaticales et de la division bizarre qu'offre le texte hébreu d'Ézéchiel, ont recours à la version alexandrine, selon laquelle la valeur de la mine serait réduite à 50 sicles[170]. Mais la version grecque de ce verset étant elle-même très-corrompue et très-incertaine dans les manuscrits et dans les éditions, nous ne pensons pas que son autorité puisse prévaloir sur celle du texte, pour lequel nous croyons devoir adopter l'interprétation de la Vulgate. Le passage des Chroniques, qui d'ailleurs n'est pas assez précis, parle peut-être du sicle du poids royal (II Sam. 14, 26), qui n'aurait contenu que 3/5 du sicle mosaïque[171]. Josèphe, qui fixe la mine à deux livres et demie (de Rome)[172], s'accorde bien avec ceux qui lui attribuent le poids de 60 sicles ; mais nous ne pourrons fixer la valeur absolue des poids qu'après avoir parlé des monnaies. — La valeur relative des différents poids, selon ce que nous venons d'exposer, se résume ainsi qu'il suit :

Kiccar

1.

Mené

50.

1.

Sékel

3000.

60.

1.

Béka

6000.

120.

2.

1.

Guéra

60000.

1200.

20.

10.

1.

D. Les monnaies ne sont autre chose dans l'origine que des pièces de métal d'un poids déterminé, marquées d'un signe généralement reconnu dans le commerce. La question de savoir si les Hébreux, avant l'exil de Babylone, avaient des pièces de monnaie, dans le sens que nous attachons à ce mot, ne saurait être empiétement résolue. Le silence que gardent les livres des anciens Hébreux sur l'argent monnayé ne suffit pas pour en nier l'existence. On a aussi attaché trop d'importance au mot peser, dont on se sert souvent dans la Bible, en parlant du payement d'une somme[173], et on a conclu de là que le métal qu'on donnait en échange des denrées, etc., n'était marqué d'aucun signe et se livrait au poids comme la marchandise. Mais nous trouvons le mot peser employé dans le sens de payer, à l'époque des Perses, où, sans aucun doute, on avait de l'argent monnayé[174] ; encore maintenant il est généralement d'usage en Orient de peser les monnaies, afin de constater leur valeur. Il est vrai qu'on n'a trouvé aucune trace de monnaies égyptiennes appartenant aux temps des Pharaons, ni de monnaies phéniciennes remontant au delà de l'invasion des Perses ; mais, d'un autre côté, on rapporte que Phidon, tyran d'Argos, vers l'an 750 avant l'ère chrétienne, frappa le premier de la monnaie en Grèce, d'après un système de poids et mesures emprunté aux Phéniciens[175]. N'est-il pas dès lors très-probable que les Phéniciens, à cette époque, connaissaient la monnaie et en faisaient usage dans leur commerce ? Il y a en effet des auteurs grecs qui font remonter aux Phéniciens l'invention de la monnaie[176], quoique Hérodote (I, 94) l'attribue aux Lydiens. Les Hébreux pouvaient donc, par leurs fréquentes relations avec les Phéniciens, avoir de la monnaie vers l'époque d'Ézéchias[177]. Quoi qu'il en soit, il est certain que les Hébreux avaient, dès les temps les plus anciens, sinon des monnaies proprement dites, du moins des pièces d'argent marquées d'un signe et qui avaient cours chez les marchands (Gen. 23, 16). On mentionne non-seulement des pièces d'un sicle, mais aussi des demi-sicles (Exode, 30, 13), des quarts de sicle (I Sam. 9, 8) et de petites pièces d'argent appelées agora (ib. 2, 36) et qui étaient probablement du poids d'une guéra[178].

Mais quelle est la valeur absolue de ces pièces ? Plusieurs savants ont fait cette supposition toute gratuite, que la guéra était la même chose que le keration des Grecs et la siliqua des Romains, c'est-à-dire un grain de caroube, que les Hébreux auraient employé comme unité dans les poids. Dix-huit de ces grains pesaient, selon Eisenschmid, environ 87 à 88 grains du poids de France, d'où l'on a conclu que le sicle, qui avait 20 guéras, pesait environ 96 grains. Ce résultat, dont on va reconnaître toute la fausseté, a été généralement admis, et c'est d'après cette fausse donnée qu'on a déterminé les poids des Hébreux[179]. Nous avons cependant une base bien plus sûre dans les sicles qui nous restent de l'époque des Maccabées, notamment du prince Siméon, qui, dès la première année de son règne, fit frapper de la monnaie nationale[180]. Il n'y a pas de doute que ce prince et grand prêtre, dans son enthousiasma pour la liberté et l'indépendance de son peuple, et animé d'un zèle ardent pour le rétablissement des anciennes institutions nationales, n'ait adopté pour ses monnaies le système des poids mosaïques ; ses sicles, sur lesquels on lit d'un côté les mots sékel d'Israël, et de l'autre la sainte Jérusalem, et qui devaient servir à payer les taxes sacrées prescrites par la loi mosaïque, durent répondre exactement au sicle sacré. Or, le poids des sicles de Siméon qui existent encore varie de 256 grains à 271,75 ; la plupart ont 266 à 268 grains[181]. On ne s'étonnera pas de cette variation, si l'on songe aux rognures et à l'affaiblissement de poids que ces monnaies ont pu éprouver dans la circulation. Mais, grâce aux vastes recherches de M. Bœkh, il est maintenant possible de déterminer exactement la valeur normale du sicle-poids, qui ne diffère que fort peu du poids réel des monnaies encore existantes. Il résulte avec évidence de ces savantes recherches que le système suivi par les Hébreux avant l'exil de Babylone était encore bien connu du temps de Siméon, et que ce prince a frappé ses sicles sur le pied ancien. Il est maintenant démontré que le système d'Égine, c'est-à-dire celui que Phidon, tyran d'Argos, avait emprunté aux Phéniciens, était aussi celui des Babyloniens, des Syriens et des Hébreux[182]. Le talent attique, qui pèse 493200 grains de France, est au talent d'Égine, comme 3 à 5, et ce dernier, par conséquent, pèse 822000 grains[183]. Ce talent se divisait en 3000 didrachmes, de même que le talent hébreu en 3000 sicles ; le poids normal du didrachme d'Égine était donc, de même que celui du sicle, de 274 grains, ce qui s'accorde parfaitement avec le poids réel des sicles de Siméon. Les quelques grains qui manquent à ces derniers ont été déduits probablement comme prix de fabrication. Il nous reste à voir comment ce résultat s'accorde avec les données de Josèphe et du Nouveau Testament. Josèphe dit que le sicle vaut quatre drachmes attiques[184], et dans deux autres endroits il désigne par didrachme ou deux drachmes l'impôt d'un demi-sicle que tout Israélite payait chaque année au temple. Dans l'Évangile de saint Matthieu (17, 24) cet impôt est également évalué à deux drachmes, et le stater, qui valait quatre drachmes, suffisait à Jésus et a saint Pierre pour payer leur impôt ; or, quatre drachmes attiques pèsent 328,8 grains, tandis que le poids normal du sicle, comme on l'a vu, n'est que de 274 grains. Mais la difficulté disparaîtra si l'on réfléchit qu'à une époque où les monnaies juives étaient devenues très-rares, la valeur du sicle a dû hausser considérablement, et que d'ailleurs on payait toujours l'impôt du demi-sicle selon la monnaie qui avait cours, pourvu que sa valeur réelle ne fût pas au-dessous de celle de l'ancien sicle. Or comme le tétradrachme, ou le stater, était alors la monnaie la plus répandue, on en payait la moitié, ou le didrachme, pour le demi-sicle ; de même qu'à l'époque persane on avait payé une demi-darique[185]. Josèphe pouvait donc dire avec raison que le sicle équivaut à quatre drachmes, quoique ce ne fût pas là sa valeur intrinsèque. Ce que nous venons de dire est entièrement confirmé par les données que nous fournissent les rabbins. Maimonide dit positivement que le sicle du second Temple (c'est-à-dire à l'époque romaine) pesait 384 grains d'orge, tandis que l'ancien sicle mosaïque n'en pesait que 320[186]. S'il faut en croire Eisenschmid[187], 320 grains d'orge équivaudraient à 267 grains du poids de France, ce qui s'accorderait assez bien avec le poids des sicles de Siméon ; mais sans entrer dans l'évaluation peu sûre du poids des grains d'orge, ce qui résulte positivement de la donnée de Maïmonide, c'est que l'ancien sicle était au nouveau comme 5 à 6, et ce rapport est exactement le même que nous trouvons entre le didrachme d'Égine, ou le sicle hébreu (274 gr.), et le tétradrachme attique (328,8 gr.). — Nous observerons encore que saint Jérôme fait aussi le sicle égal au stater ou tétradrachme, qui, selon lui, équivaut à une demi-once romaine[188] ; or, comme la livre romaine a douze onces, les deux livres et demie que Josèphe, comme on l'a vu, donne à la mine  hébraïque, font trente onces ; d'où il s'en suit que Josèphe, de même que les rabbins, donne à la mine soixante sicles[189]. — D'après tout ce que nous venons d'exposer, la valeur absolue des poids hébraïques pourra se fixer ainsi qu'il suit :

1

guéra

pesait

13,7

grains

1

béka

137

1

sekel

274

1

mané

16440

1

kiccar

822000

Le sékel en monnaie pouvait valoir environ 3 francs 10 cent.

Tel est, en résumé, le système des mesures, des poids et des monnaies des Hébreux, qui, comme il est démontré par les savantes recherches de Bœkh, n'est qu'une branche du système général qui de la Babylonie a passé dans le sud ouest de l'Asie, en Égypte et en Grèce, et repose tout entier sur le pied cubique des Babyloniens. Les bornes dans lesquelles nous devons nous renfermer ne nous permettent pas de considérer ce système dans son ensemble.

Pour compléter notre description des relations commerciales, nous donnerons encore quelques détails sur les voies du commerce, sur les voyages par terre et par mer, et sur la correspondance.

Les Orientaux voyagent rarement pour leur plaisir ou dans le but de s'instruire ; les voyages, chez eux, ont ordinairement un but commercial. Pour le voyage, comme pour le transport des marchandises, les Hébreux employaient le plus souvent les ânes (I Sam. 25, 18 et 20) ; le chameau était d'un moindre usage chez les Hébreux que chez les peuples voisins (II Rois, 8, 9). On ne s'en servait que pour les grands voyages des caravanes, rarement entrepris par les Hébreux ; on ne voyait guère en Palestine que des caravanes étrangères. Les personnages de distinction voyageaient aussi sur des mules (II Sam. 13, 29 ; 18, 9), et quelquefois dans des voitures. Nous avons déjà dit ailleurs que les voitures de voyage et de transport, si rares dans l'Orient moderne, ne l'étaient pas chez les anciens Hébreux. Les troupes des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem, pour célébrer les fêtes, ou pour offrir les prémices, allaient ordinairement à pied et étaient accompagnées de musique[190].

Dès les temps les plus anciens, il y eut en Palestine des routes frayées, désignées dans la Bible par le nom de MESILLA[191] ; ce mot, qui vient du verbe SALAL (amonceler, élever), nous paraît suffisant pour faire présumer que les Hébreux savaient construire des chaussées, et certaines images des poètes sacrés font allusion aux travaux de terrassement, qui dans un pays montagneux, comme la Palestine, durent présenter de grandes difficultés. On abaissait les hauteurs, on comblait les vallons et les ravins, on aplanissait les lieux raboteux (Isaïe, 40, 4), on ôtait avec soin les pierres et les autres obstacles (ib. 57, 14 ; 62, 10) et on élevait la route au-dessus du niveau du terrain (ib. 49,11). Les grandes routes s'appelaient aussi chemins du roi (Nomb. 20, 17 ; 21, 22). Josèphe rapporte que Salomon lit paver de pierres noires, ou de basalte, les routes qui conduisaient à Jérusalem ; ce qui prouve que, du temps de Josèphe, il existait autour de la capitale des chaussées anciennes que la tradition faisait remonter jusqu'à Salomon. En général la construction des chaussées est d'une haute antiquité dans l'Orient, notamment dans l'Inde[192]. La loi de Moïse ordonne expressément de mettre en bon état les routes qui conduisaient aux villes de refuge (Deut. 19, 3). — Les grandes routes principales de la Palestine étaient au nombre de six : quatre routes partaient de Jérusalem ; l'une, dans la direction N. E. conduisait en Pérée, en passant par la montagne des Oliviers, le désert, Jéricho et le Jourdain ; une autre, allant au nord, se dirigeait, par Sichem et Samarie, en Galilée ; une troisième, allant à l'ouest, conduisait à Joppé et à la Méditerranée ; une quatrième conduisait à Hébron, d'où elle se prolongeait d'un côté vers le midi jusqu'au golfe Élanitique, en passant par le désert, et d'un autre côté au S. O. jusqu'à Gaza et la grande route d'Égypte. Dans le nord ou remarque la route qui conduisait d'Acco (St-Jean d'Acre) à Damas, en passant par la plaine d'Esdrélon, le Jourdain (près du lac de Génésareth) et l'Antiliban. Enfin il y avait une route le long de la côte conduisant d'Acco à Gaza et en Égypte. Sur les routes il y avait çà et là des stations, où les voyageurs trouvaient un abri pendant la nuit[193].

On passait le Jourdain au moyen d'un bateau ou d'un bac (II Sam. 19, 19), ou bien à pied dans les endroits guéables ; le pont appelé des fils de Jacob ne remonte pas aux temps anciens, et date probablement de l'époque romaine 2. Dans la Bible on ne trouve aucune trace de l'existence des ponts, excepté peut-être dans le nom de Gueschour (Gessur) que portaient deux districts, l'un au nord de la Pérée (Deut. 3, 14), l'autre dans la Palestine méridionale (Jos. 13, 2) ; car dans les langues araméenne et arabe le mot guischâr ou djisr signifie pont.

La navigation des Hébreux était peu importante et s'exerçait sous le patronage des Phéniciens ; c'est sans doute au langage de ces derniers que sont empruntés les termes de la Bible ayant rapport à la construction des vaisseaux et à la navigation. Le vaisseau s'appelle ONI ou ONIYYA ; une fois on trouve le mot SEPHINA (Jona, 1, 5), très-usité dans les autres dialectes sémitiques ; le CI, auquel Isaïe (33, 21) donne l'épithète de puissant, parait être un vaisseau de guerre[194]. Les bâtiments étaient construits de bois de cyprès, et les cèdres du Liban étaient employés pour les mâts ; les rames étaient en bois de chêne, et les bancs des rameurs avaient des ornements en ivoire ; les voiles et les pavillons étaient de bysse égyptien et ornés de broderies (Ézéch. 27, 5-7). On naviguait en même temps à la voile et à la rame (ib. v. 7 et 29) ; mais on n'allait ordinairement que le long des côtes, c'est pourquoi les voyages duraient très-longtemps (I Rois, 10, 22). Quant à l'équipage des vaisseaux, on mentionne les MALLACHÎM, mot qui désigne les marins en général (de MÉLACH, sel pour mer), et les HOBELÎM, ou ceux qui dirigeaient le vaisseau (de HÉBEL, câble, cordage) ; le capitaine s'appelait BAB HA-NOBEL (Jona, 1, 6). Nous avons indiqué dans d'autres endroits les ports de mer d'où partaient les navires marchands des Hébreux et la direction qu'ils prenaient. — Dans l'Ancien Testament on ne parle que de la navigation maritime, mais les Évangiles, ainsi que Josèphe, nous montrent le lac de Génésareth parcouru par les barques des pêcheurs et par d'autres vaisseaux, et ce lac fut même le théâtre d'un combat naval entre les Juifs et les Romains[195].

Il nous reste à dire quelques mots sur les correspondances. Quoique l'art d'écrire fût connu de bonne heure des Hébreux, il n'était répandu cependant que dans les classes élevées, comme celles des lévites, des prophètes, des hommes d'État, et l'échange de lettres dut être très-rare entre les commerçants. Il est question de lettres depuis l'époque de David, mais toutes les lettres mentionnées dans la Bible étaient écrites par les classes que nous venons de nommer, et notamment par les rois[196]. — Les lettres étaient roulées, liées avec une ficelle et cachetées avec de l'argile (Job, 38, 14) ; envoyer des lettres ouvertes était un signe de mépris (Néhémie, 6, 5). Les rois expédiaient leurs lettres par des courriers destinés à ce service (II Chron. 30, 6) ; les particuliers les envoyaient par des exprès, ou profitaient de l'occasion de quelque voyageur (Jérém. 29, 3).

 

 

 



[1] Voyez Jahn, Archœologie, I, 1, p. 265.

[2] Voyez Néhémia, 8, 1 et 16 ; II Chroniques, 32, 6 ; Job, 29, 7.

[3] Voyez Jahn, Archœologie, I, 1, p. 268.

[4] C'est ce qui semble résulter d'un passage d'Isaïe (65, 3). Voyez Bochart, Hierozoicon, t. I, p. 700.

[5] Voyez Jahn, Archœologie, I, 1, p. 224.

[6] Comparez Isaïe, 65, 3 ; Jérémie, 19, 13 ; Sephania, 1, 5.

[7] Voyez Juges, 3, 20 ; I Rois, 17, 19 ; II Rois, 4, 10 ; 23, 12 ; Daniel, 6, 11,

[8] Cf. Evangile de Matthieu, ch. 24, v. 17.

[9] Comparez Josèphe, dans la description des appartements de Salomon, Antiquités, VIII, 5, 2.

[10] Comparez I Rois, 22, 39 ; Psaumes, 45, 9.

[11] Le nom des deux pivots ou de tout l'axe était CFR (Proverbes, 26, 14) ; les trous ou gonds s'appelaient PÔTH, cardo femina (I Rois, 7, 50). Voyez le dictionnaire de David Kimchi, rad.

[12] Voyez Josué, 2, 15 ; Juges, 5, 28 ; I Samuel, 19, 12 ; II Samuel, 6, 16 ; II Rois, 9, 30 ; Proverbes, 7, 6 ; Cantique, 2, 9.

[13] Voyez, par exemple, Genèse, 48, 2 ; 49, 37 ; Exode, 7, 28 ; Psaumes, 6, 7 ; 41, 4 ; Job, 7, 13. Les lits étaient rangés contre le mur. Isaïe, 38, 2.

[14] Voyez Ézéchiel, 23, 41 ; Amos, 3, 12 ; 6, 4.

[15] Juges, 4, 18 ; Ézéchiel, 13, 18 et 21 ; Proverbes, 7, 16.

[16] Voyez Jahn, t. I, deuxième partie, p. 71 et 72.

[17] Le curieux passage d'Isaïe a été commenté avec une vaste et profonde érudition par N. Guil. Schrœder : Commentarius de vestitu mulierum hebrœarum ad Jes. III, 16-24. Lugd. Batavorum, 1745. — Un autre ouvrage sur la toilette des femmes chez les Hébreux a été publié par A. Th. Hartmann : Die Hebrœerin am Putzlische und als Brant, Amsterdam, 1809, 3 vol. in-12°.

[18] Les caleçons n'étaient pas d'un usage général ; les prêtres seuls étaient obligés d'en porter.

[19] C'est ce qui parait résulter du 2e liv. de Samuel, ch. 10, v. 4, où nous lisons que Hanon, pour insulter les ambassadeurs de David, leur lit couper la moitié de leurs habits, jusqu'aux hanches.

[20] Voyez Nombres, ch. 15, v. 37-41 ; Deutéronome, ch. 22, v. 12. Comparez Evangile de Matthieu, ch. 23, v. 5.

[21] Voyez I Samuel, 2, 18 et 19 ; 15, 27 ; 18, 4 ; II Samuel, 6, 14 ; Ézéchiel, 26, 10.

[22] Voyez Genèse, 37, 3 ; II Samuel, 13, 18 ; Josèphe, Antiquités, VII, 8, 1 ; Hartmann, l. c., t. III, p. 280 et suivantes.

[23] Comparez I Rois, ch. 19, v. 13 et 19, et II Rois, I, 8 ; 2, 8. — Jahn (l. c., p. 94 et 95) prend les manteaux de poil pour des pelisses, que, selon les rapports des voyageurs, on rencontre souvent chez les Orientaux.

[24] Voyez Schrœder, p. 225-236 ; Hartmann, t. III, p. 310.

[25] Jahn, Gesénius et d'autres commentateurs voient dans les achasim une espèce de bracelets que portent les femmes autour de la cheville du pied, comme les periscellides des dames grecques et romaines ; mais la Vulgate rend ce mot par calceamenta, et le rabbin Saadia, dans sa version arabe d'Isaïe, par le mot akhfaf, qui désigne une espèce de brodequins.

[26] Voyez Jahn, l. c., page 130 et suivantes. Hartmann (t. II, p. 428 et suivantes), sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, s'est laissé culminer bien loin par son imagination, au lieu de donner un tableau fidèle, d'après les sources authentiques.

[27] En arabe, le mot raal désigne le voile qui se compose de deux pièces, dont l'une couvre la tête et le front, et l'autre s'applique au visage et remonte jusqu'aux yeux, qui seuls restent découverts. Il serait possible qu'à l'époque d'Isaïe cette mode existât en Judée ; mais il résulte d'un passage de la Mischna que généralement les femmes juives ne portaient pas ce genre de voile, à l'exception de celles qui vivaient parmi les Arabes. Voyez le traité Schabbâth, ch. 6, 5 6, et le commentaire de Bartenora.

[28] Sur tous ces mots, voyez Jahn, l. c., p. 137-139.

[29] Voyez Jérémie, 9, 26 ; 25, 23 ; 49, 32.

[30] Voyez Hartmann, t. II, p. 224 et 225.

[31] Voyez Mischna, l. c., § 1, et les commentaires de Maimonide et de Bartenora.

[32] Voyez Genèse, 32, 11 ; Exode, 12, 11 ; Nombres, 22, 27 ; Juges, 6, 21 ; II Rois, 4, 31.

[33] Voyez Exode, 13, 9 et 16 ; Deutéronome, 6, 8 ; II, 18. Les deux passages du Deutéronome ne sauraient être pris au figuré, comme le pensent les Caraïtes ; le contexte est ici plus favorable à la tradition des rabbins selon laquelle la loi mosaïque ordonne aux hommes de porter au bras, gauche et au front des parchemins renfermant plusieurs passages du Pentateuque. Ce sont les Thephillin ou phylactères, mentionnés dans le Nouveau Testament (Matthieu, 23, 5), et que les Juifs portent encore maintenant pendant la prière du matin. Les passages qu'on y inscrit sont : Deutéronome, ch. 6, v. 4-9 ; ch. 11, v. 13-21 ; Exode, ch. 13, v. 11-16 et v. 1-10. Ces détails n'ont été fixés, sans doute, qu'après l'exil, mais un usage analogue dut exister chez les anciens Hébreux, et on y fait peut-être allusion dans quelques passages des Proverbes (ch. 3, v. 3 et 22 ; ch. 6, v. 21 ; ch. 7, v. 3).

[34] Comparez Ézéchiel, ch. 16, v. 10-13.

[35] Le mot coumaz, qu'on ne trouve que dans le Pentateuque (Exode, 35, 22 ; Nombres, 31, 50), désigne probablement aussi une espèce de bracelet.

[36] Je les retrouve dans les CEÂDOTH du prophète Isaïe (3, 20). Nous avons déjà dit dans une note précédente que plusieurs commentateurs retrouvent les periscellides dans les achasim d'Isaïe ; ils prennent alors les ceâdoth pour des petites chaînes qui joignaient les deux anneaux des pieds et qui, allant d'un pied à l'autre, servaient à mesurer les pas et à leur donner une grande régularité. Comparez Buxtorf, Lexicon chald. thalm. et rabbin., col. 1000.

[37] Voyez Schrœder, De vest. mul. hebr., p. 297.

[38] Voyez Hartmann, t. II, p. 313. Cet auteur cite une dissertation de Bœttiger, qui démontre jusqu'à l'évidence que l'usage des mouchoirs était inconnu aux Grecs et aux Romains.

[39] Voyez Gesénius, Commentaire sur Isaïe, t. I, p. 215 et 216.

[40] La Vulgate rend cette expression de différentes manières et elle supprime souvent le mot de rechanges ; la traduction la plus exacte est mulatoria vestimentorum (Vulg. IV ; II Rois, 5, 5).

[41] Voyez Jérémie, 2, 22 ; Malachie, 3, 2 ; Job, 9, 30.

[42] Voyez I Samuel, 25, 18 ; II Samuel, 16, 1 ; 17, 32 et 29 ; I Chroniques, 12, 40.

[43] Voyez Deutéronome, 24, 6 ; Juges, 9, 53 ; II Samuel, 11, 21.

[44] Voyez Exode, 11, 6 ; Isaïe, 47, 2 ; Ecclésiaste, 12, 3. Les hommes détenus dans les prisons étaient quelquefois condamnés à ce travail. Juges, 16, 21 ; Lamentations, 5, 13.

[45] Voyez Genèse, 19 ; 3 ; Exode, 12, 39 ; Juges, 6, 19 ; I Samuel, 28, 24.

[46] Voyez Isaïe, 58, 7 ; Lamentations, 4, 4 ; Évangile de Matthieu, 14, 19 ; 15, 36 ; 26, 26 ; Actes des Apôtres, 20, 11.

[47] Ce four, si on peut l'appeler ainsi, parait être le même que les Grecs désignent par le mot κλίβανος (en latin testum, clibanus), et qui était aussi en usage chez les anciens Égyptiens. Voyez Hérodote, II, ch. 92.

[48] Voyez Lévitique, 2, 7 ; Exode, 16, 31 ; II Samuel, 13, 6.

[49] Voyez Job, 40, 25 et 26 ; Isaïe, 19, 8 ; Jérémie, 16, 16 ; Amos, 4, 2 ; Habacuc, 1, 15 et 16 ; Ézéchiel, 26, 5 ; 47, 10.

[50] Voyez Mischna, sixième partie, traité Kélim, ch. 5, § 2, et le commentaire de Maimonide.

[51] Voyez Exode, 16, 3 ; 38, 3 ; Lévitique, 2, 5 et 7 ; Nombres, 11, 8 ; I Samuel, 2, 12 et 13, et passim ; Jahn, Archœologie, I, 2, p. 185.

[52] Voyez Lévitique, 6, 21 ; 11, 33 ; 16, 12 ; Nombres, 31, 22 ; comparez Ézéchiel, 24, 11. Voyez Michaelis, Mos. Recht, t. IV, § 217.

[53] Voir comment saint Jérôme s'exprime à ce sujet, Hieron. Opera, éd. Martianay, t. IV, col. 384.

[54] Comparez Actes des Apôtres, ch. 10, v. 9 et 10, où il est question de Pierre prenant son repas vers la sixième heure, c'est-à-dire à midi.

[55] Voyez Évangile de Matthieu, 15, 2 ; Marc, 7, 3 ; Luc, 11, 38 ; comparez Homère, Odyssée, I, 136 ; IV, 216.

[56] Genèse, 27, 19 ; 37, 25 ; I Samuel, 20, 26, et passim.

[57] Voyez Jahn, l. c., p. 217 et suivantes.

[58] Voyez Ecclésiastique, ch. 42 v. 9 et 10. Les anciens Arabes manifestaient la plus grande tristesse à la naissance d'une fille, et quelquefois ils l'enterraient vivante. Voyez Pococke, Specimen hist. Ar., p. 334.

[59] Tel est le sens que presque tous les commentateurs juifs donnent traditionnellement au mot obnaiîm (Exode, 1, 16) et au mot maschber (II Rois, 19, 3 ; Isaïe, 37, 3). Comparez Larrey, dans la Description de l'Égypte, État mod., t. I, p. 519.

[60] Voyez Ézéchiel, 16. 4, et les commentaires de Raschi, de Kimchi et de saint Jérôme.

[61] Voyez par exemple, l'étymologie des noms d'Isaac, de Jacob, de Moïse et de Samuel. De même les noms des douze fils de Jacob, dont chacun est motivé par une circonstance particulière ; Genèse, ch. 29, v. 32-35 ; ch. 30, v. 6-24 ; ch. 35, v. 18. La Bible nous offre beaucoup d'autres exemples de cette nature.

[62] Voyez Proverbes, ch. I, v. 4 et 8 ; ch. 4, v. 4-6 et 20 ; ch. 6, v. 20 ; ch. 22, v. 6 ; ch. 31, v. 1 et suivants.

[63] Mischna, 4e partie, traité Aboth (sentences des Pères), ch. 5, § 21.

[64] Maimonide, Abrégé du Thalmud, liv. IV, sect. I, ch. 2, § 1.

[65] Selon la loi traditionnelle, il devait y avoir, entre les fiançailles et le mariage, un intervalle de douze mois ; voyez Mischna, troisième partie, traité Kethouboth (des contrats de mariage), ch. 5, § 2. La tradition s'appuie sur un passage de la Genèse (24, 55) ; comparez Juges, 14, 8 ; Évangile de Matthieu, 1, 18.

[66] Voyez Ézéchiel, 18, 9-13 ; Jérémie, 2, 32 ; Isaïe, 61, 10 ; Apocalypse, 21, 2.

[67] Voyez Jérémie, 7, 34 ; 16, 9 ; 26, 10 ; I Maccabées, 9, 37 et 39 ; Évangile de Matthieu, 25, 1. Les détails des cérémonies de noces résultent de la combinaison de ces différents passages et des usages de l'Orient moderne. Voyez Hartmann, Die Hebrœerin etc.; t. II, p. 526 et suivantes, t. III, p. 393 et suivantes.

[68] Simson, qui se maria hors de sa ville natale, célébra le festin de noces chez sa fiancée ; mais généralement le festin avait lieu dans la maison du fiancé, comme nous le voyons dans le Nouveau Testament et dans le Thalmud. Voyez Évangile de Jean, ch. 2, v. 9 et 10  ; Thalmud de Babylone, t. I, Berachoth, fol. 30 b et 31 a.

[69] Thalmud de Babylone, traité Kethouboth, fol. 16 b.

[70] Voyez Tobie, 7, 16 ; Ruth, 4, 11.

[71] Voyez Joël, 2, 18 ; Ps. 19, 6 ; Tobie, 8, 1. Un passage du Deutéronome (22, 16) peut faire présumer que les parents de la fiancée attendaient, avec des témoins, les preuves de l'innocence de leur fille, comme cela se pratique encore maintenant chez quelques peuples de l'Orient, notamment chez les Arabes. Voyez Michaelis, Mos. Recht, t. II, § 92, p. 153 ; Jahn, Archœologie, I, 2, p. 254. Didot, notes d'un voyage au Levant en 1816.

[72] Voyez Genèse, 29, 27 ; Juges, 14 ; 12.

[73] Voyez Genèse, 23, 19 ; 25, 9 ; 35, 29 ; Juges, 16, 31 ; Amos, 10 ; I Maccabées, 2, 70.

[74] Voyez I Rois, 14, 11 ; 16, 4 ; 21, 24 ; Jérémie, 7, 33 ; 8, 2 ; 9, 21 ; 14, 16 ; 16, 4 ; 25, 31 ; Psaumes, 79, 3.

[75] Voyez II Samuel, 3, 31 ; Évangile de Luc, 7, 14. Les princes étaient étendus sur des lits magnifiques remplis de parfums. II Chroniques, 16, 11 ; Josèphe, Antiquités, XVII, 8, 3 ; Guerre des Juifs, I, 33, 9.

[76] Voyez Actes des Apôtres, ch. 6, v. 6 et 10 ; Mischna, première partie, Berachoth, ch. 3, § 1.

[77] Selon les docteurs juifs, le plus pauvre dans Israël devait faire accompagner le convoi de sa femme par une pleureuse et deux flûtes. Mischna, troisième partie, traité Kethouboth, ch. 4, § 4.

[78] On peut comparer ce que Tacite dit en parlant des Juifs (Hist., V, 5) : Corpora condere, quam cremare, e more ægyptio. C'est par une grave erreur que plusieurs savants ont cru trouver le bûcher dans le passage où il est question des funérailles du roi Asa (II Chroniques, 16, 14) ; non-seulement on dit expressément, au même endroit, que le roi Asa fut enseveli, mais les mots du texte, qui signifient littéralement : et combusserunt ei combustionern magnam, ne peuvent guère s'appliquer au bûcher. Ici, comme dans deux autres passages, où on trouve la même construction grammaticale (II Chroniques, 21, 19 ; Jérémie, 34, 5), il est évident qu'il s'agit des parfums qu'on brûlait aux funérailles des rois. Comparez les passages de Josèphe : Antiquités, XVII, 8, 3 et Guerre des Juifs, I, 33, 9.

[79] Mischna, 4e partie, Bava bathra, ch. 2, § 9.

[80] Mischna, l. c., ch. 6, § 8. Comparez Isaïe, 22, 16 ; Évangile de Matthieu, 27, 60 ; Luc, 23, 53 ; Jean, 11, 28.

[81] Voyez Genèse, 23, 20 ; 47, 30 ; 50, 5 ; Juges, 8, 32 ; 16, 31 ; II Samuel, 2, 32 ; 19, 38 ; I Rois, 13, 22.

[82] Voyez II Rois, 23, 6 ; Jérémie, 26, 23 ; Matthieu, 27, 7.

[83] Voyez Isaïe, 14, 19 ; Jérémie, 8, 1 ; Baruch, 2, 24.

[84] Voyez I Rois, 13, 30 ; Jérémie, 22, 18 ; 34, 5.

[85] Voyez Genèse, 50, 10 ; I Samuel, 31, 13 ; Ecclésiastique, 23, 12 ; Josèphe, Antiquités, XVII, 8, 4 ; Guerre des Juifs, II, 1, 1. Dans les deux passages de Josèphe, il est question de repas splendides que, du temps d'Hérode, on avait coutume de donner après les sept jours de deuil et dont le luxe devenait quelquefois ruineux pour les familles.

[86] Voyez Jahn, l. c., pages 154 et 457.

[87] Comparez I Rois, 15, 45 ; Jérémie, 4, 28 ; Job, 30,28, et passim.

[88] Ce sont là probablement les lieux que la Bible désigne par le mot MALON, qui signifie gîte de nuit (Voyez Genèse, 42, 27 ; Exode, 4, 24 ; Jérémie, 9, 1), et une fois par le mot GUERROUTH (Jérémie, 41, 17), dérivé de guér (étranger). Dans l'Orient moderne, on les appelle Khâu ou Caravanseraï.

[89] Voyez Genèse, ch. 18, v. 1 et suivants ; ch. 19, v. 1 et suivants ; ch. 24, v. 23-83 ; Juges, ch. 19, v. 16 et suivants ; II Rois, ch. 4, v. 8-10.

[90] Comparez Ecclésiastique, ch. 29, v. 29-38.

[91] Voyez Juges, 6, 12 ; Ruth, 2, 4. La formule Salam aléik (la paix sur toi !) qui est très-usitée chez les Arabes, ne se trouve pas dans l'Ancien Testament ; les Juifs ne s'en servaient qu'à une époque plus récente ; on la trouve souvent dans le Thalmud et quelquefois dans les Évangiles. Voyez Luc, 24, 36 ; Jean, 20, 26.

[92] Voyez Genèse, 29, 11 et 13 ; 33, 4 ; 46, 15 ; 48, 10 ; Exode, 4, 27 ; 18, 7 ; Ruth, 9 et 14 ; I Samuel, 20, 41 ; II Samuel, 20, 9.

[93] C'est ce que la Vulgate appelle adorare, ou adorare pronus in terram. Voyez Genèse, 19, 1 ; 23, 7 ; 23, 3 ; 42, 6 ; Exode, 18, 7 ; I Samuel, 24, 9 ; 25, 41 ; II Samuel, 9, 8 ; 18, 21 ; 19, 19 ; I Rois, 1, 16, et passim.

[94] Voyez d'autres exemples, Genèse, 18, 3 ; 19, 2, 3 ; 19, 2 ; 33, 14 ; Juges, 19, 19 ; I Samuel, 26, 18, et passim.

[95] Voyez I Samuel, 1, 16 ; 25, 24 et suivants ; II Rois, 4, 2 et 16. Celui qui s'adressait à un prophète, disait quelquefois mon père (II Rois, 6, 21 ; 13, 14) et se désignait par le mot fils (ib., 8, 9).

[96] Comparez Cantique, 5, 2 ; Exode, 18, 7.

[97] Voyez Daniel, 2, 46 ; Proverbes, 27, 9 ; Exode, 30, 37 et 38.

[98] Voyez I Samuel, 1, 17 ; 20, 42 ; II Samuel, 15, 9.

[99] Genèse, 40, 20 ; comparez Hoséa, 7, 5 ; Matthieu, 14, 6 ; Hérodote, I, 133.

[100] Voyez Exode, 18, 12 ; II Samuel, 3, 20.

[101] Voyez I Samuel, 9, 13 ; 16, 3 ; I Rois, 1, 9 ; 3, 15.

[102] Voyez Amos, 6, 4-6 ; Isaïe, 5, 12 ; Psaumes, 69, 13 ; Ecclésiastique, 32, 7.

[103] Voyez cependant Évangile de Matthieu, 14, 6, où il est parlé de la fille d'Hérodias, dansant en pleine salle, au festin de la naissance d'Hérode.

[104] Juges, 21, 21 ; Jérémie, 31, 13. Comparez Mischna, 2e partie, à la fin du traité Thaanith (du jeûne).

[105] Mos est, dit saint Jérôme, in urbibus Palæstinæ, et usque hodie per omnem Judœum vetus consuetudo servatur, ut in viculis, oppidis et castellis rotunde ponantur lapides gravissimi ponderis, ad quos juvenes exercere se soleant et eos pro varietate virium sublevare, alii usque ad genua, alii usque ad umbilicum, alii ad humeros et caput, nonnulli super verticem, redis junctisque manibus magnitudinem virium demoustrantes pondus extollant.

[106] Voyez Job, ch. 40, v. 29 (Vulg. v. 24). Comparez Catulle, II, 1-4 : Passer deliciæ meæ puellœ, etc. ; Plaute, Captiv., act. V, 4 et 5.

[107] Mœurs des Israélites, § 12.

[108] Mœurs des Israélites, § 13.

[109] Nous ajouterons que, selon la loi traditionnelle, les jeux de hasard sont expressément défendus, et ceux qui s'y livrent ne peuvent déposer comme témoins devant les tribunaux. Voyez les passages cités par Buxtorf, Lexicon thalmud., col. 1984.

[110] Il en fut de même dans l'antiquité grecque. Dans l'Odyssée (XIV, v. 8 et suivants) nous voyons le porcher Eumée bâtir lui-même les étables de ses troupeaux et faire des sandales à son usage. Ulysse avait lui-même bâti sa maison et dressé son lit (ib., XXIII, 178-189).

[111] Voyez II Samuel, ch. 5, v. 11 ; I Rois, ch. 5, v. 20 (8) et 32 (18) ; ch. 7, v. 13 et 14 ; I Chroniques, ch. 14, v. 1 ; II Chroniques, ch. 2, v. 7 et 13.

[112] Voyez Exode, 35, 35 ; comparez Isaïe, 19, 9 ; Hérodote, II, 35 ; Heeren, Ideen, II, 2, p. 368 (original allemand). — Nous trouvons aussi plus tard des traces de tisserands chez les Hébreux (I Samuel, 17, 7 ; II Samuel, 21, 19).

[113] On trouve une description détaillée de tout le mécanisme et un beau dessin du métier dans l'ouvrage de Braun : De Vestitu Sacerdot. Hebrœorum, l. I, c. 16.

[114] PATHIL (Genèse, 38, 18 ; Nombres, 15,38) et GUEDIL (Deutéronome, 22, 12), venant des verbes arabes fatal et djadal (tordre).

[115] Voyez Braun, l. c., l. 1, c. 17, p. 289.

[116] Voyez Exode, 26, 1 et 31 ; 28, 6 ; 35, 32 et 35 ; 36, 8 ; 39, 8. Comparez notre description du Tabernacle et des vêtements sacerdotaux.

[117] II Rois, 18, 17 ; Isaïe, 7, 3 ; 36, 2.

[118] Voyez Hartmann, die Hebrœerin etc., t. I, p. 175-186.

[119] Voyez le dictionnaire hébreu-allemand de Gesénius, 4e édition (de 1834), préface, page XII, et son Thesaurus ling. hebr. et chald., t. I, p. 16.

[120] Voyez Jahn, Archœologie, I, 1, p. 442.

[121] Voyez Nombres, 7, 3-8 ; I Samuel, 8, 11 ; II Samuel, 6, 3 ; 16, 1 ; I Rois, 12, 18 ; 16, 9 ; 22, 35 ; II Rois, 8, 21 ; 9, 27 ; 10, 15 ; 13, 7 ; Amos, 2, 13.

[122] Voyez Exode, 29, 3 et 32 ; Nombres, 6, 15-10 ; Deutéronome, 26, 2 et 4 ; Juges, 6, 12 ; Amos, 8, 1 et 2.

[123] Voyez Isaïe, 10, 15 ; 44, 12 et 13 ; Juges, 4, 21 ; 5, 26 ; 9, 48 ; II Samuel, 12, 31 ; Psaumes, 74, 5 et 6, Amos, 7, 7, et passim. L'interprétation philologique de tous les mots hébreux renfermés dans les passages que nous venons d'indiquer ne saurait trouver place ici, mais elle ne manquerait pas de jeter quelque lumière sur le degré de perfection qu'avaient atteint les travaux de ce genre.

[124] Voyez Job, ch. 28, v. 1-11, et Rosenmüller, Scholia in Vet. Test. (deuxième édition,) 5e part., p. 662-676.

[125] Voyez Hartmann, Die Hebrœerin, t. I, pages 93-95 ; Eichhorn, Einteitung in das alte Testament (quatrième édition), t. V, p. 177.

[126] Ce mot est le pluriel de palda ou palâd, qui est le nom de l'acier dans plusieurs langues orientales ; les Persans disent poulâd, les Arabes foutâdh, ou fâloudh, et les Syriens palda.

[127] Voyez Bochart, Geogr. sacra, part. I, l. 3, c. 12.

[128] Voyez, par exemple, Isaïe, 1, 22 et 25 ; Jérémie, 6, 29 ; Ézéchiel, 22, 18,

[129] Voyez Exode, 39, 3 ; Nombres, 17, 4 (ou 16, 39) ; I Rois, 7, 45 ; Isaïe, 41, 7, et passim.

[130] Voyez le Monde primitif, par le docteur Link, traduit de l'allemand par M. Clément Mullet, t. II, p. 388-390.

[131] Le mot hébreu BEDII, signifie bien certainement étain ; mais quelquefois il désigne aussi la substance scoriacée qui coule la première dans la fusion des métaux (Isaïe, 1, 25). Le mot latin stannum s'emploie dans le même sens. Voyez Link, l. c., page 393.

[132] Comparez Pline, Hist. nat., XXXIII, c. 31 : Excogui argentum non potest, nisi cum plumbo nigro, aut cum vena plumbi.

[133] Voyez Isaïe, 40, 19 ; 44, 12 ; I Rois, 7, 14 ; II Rois, 24, 14 ; Jérémie, 29, 2 ; Proverbes, 25, 4 ; et passim.

[134] Nous ne pouvons ici donner place à l'explication des douze espèces énumérées dans l'Exode (ch. 28, v. 17-20, et ch. 39, v. 10-13), d'autant moins que les opinions varient sur l'interprétation des mots hébreux. Le meilleur guide est Josèphe, qui devait connaître les douze pierres pour les avoir vues, et qui est presque toujours d'accord avec la version des Septante que saint Épiphane a expliquée dans un écrit particulier ; mais l'interprétation des mots grecs eux-mêmes présente quelquefois des difficultés. Nous nous contentons d'observer que dans l'original hébreu on trouve les deux mots sappir (saphir) et yaschphé (jaspe), sur lesquels il ne peut y avoir aucun doute. Au reste, nous renvoyons à l'ouvrage de Braun, De Vestitu sacerdotum, II, c. 8, et à Rosenmüller, Biblische Naturgesckichte, t. I, p. 28 et suivantes.

[135] Voyez Jérémie, 17, 1 ; Ézéchiel, 3, 9 ; Zacharie, 7, 12.

[136] Voyez Hartmann, l. c., t. I, p. 290.

[137] Voyez Exode, 30, 25 et 35 ; Ecclésiaste, 10, 1 ; I Chroniques, 9, 30 ; II Chroniques, 16, 14.

[138] Voyez Exode, ch. 30, v. 23, 24, 34, et 35.

[139] Voyez Psaumes, 45, 9 ; Proverbes, 7, 17 ; Cantique, 4, 14.

[140] Voyez Isaïe, 60, 6 ; Jérémie, 5, 20 ; Ézéchiel, 27, 22.

[141] Voyez Mischna, quatrième partie, traité Aboth (sentences des Pères), ch. 2, § 2 ; Thalmud de Babylone, traité Kiddouschin, fol. 29.

[142] Contre Apion, 1, c. 12, édition de Havercamp, t. II, p. 443.

[143] Comparez Hartmann, dans ses Recherches historiques et critiques sur le Pentateuque, p. 751 et suivantes.

[144] Lévitique, ch. 19, v. 35 et 36 ; Deutéronome, ch. 25, v. 13-16.

[145] Voyez I Rois, 10, 15 ; Cantique, 3, 6 ; Néhémia, 3, 32. Comparez Mishna, 1re partie, traité Masserôth (des dîmes), ch. 2, § 3, et le commentaire de Maimonide.

[146] Voyez Genèse, 37, 28 ; Isaïe, 23, 2 ; Proverbes, 31, 14.

[147] Voyez Isaïe, 33, 15 ; 56, 11 ; Micha, 6, 11 ; Ézéchiel, 18, 13 ; 22, 12 ; Psaumes, 15, 5 ; Proverbes, 11, 1 ; 29, 10 ; 28, 8.

[148] Parmi les auteurs modernes qui ont traité ce sujet nous signalerons : Bernard Lami, De tabernaculo fœderis, de sancta civitate Jerusalem et de templo ejus, Paris, 1720, in-4° ; — Eisenschmid, De Ponderib. et Mensuris Romanor., Grœcor. et Hebrœor., édit. sec., Argentor. 1737, in-8°, inséré aussi dans le Thesaurus d'Ugolini, t. 28 ; — Ernst Bertheau, Zur Geschichte der Israœliten, zwei Abhandlungen (Deux dissertations, pour servir à l'histoire des Israélites), Gottingue, 1882, in-8°. — La dissertation de M. Bertheau est entièrement basée sur le savant ouvrage que le célèbre Bœkh a publié récemment sous le titre de Metrologische Untersuchangen etc. (Recherches métrologiques sur les poids, les titres des monnaies et les mesures de l'antiquité, dans leurs rapports mutuels), Berlin, 1838, in-8°.

[149] Voyez le Dictionnaire de David Kimchi, aux mots Zéreth et Téphach ; Maimonide, Commentaire sur la Mischna, cinquième partie, traité Middoth, ch. 3, § 1 ; sixième partie, traité Kélim, ch. 17, § 9.

[150] Voyez Maïmonide, Mischné Thorah, ou Abrégé du Thalmud, liv. II, troisième section (Sépher Thorah), ch. 9, § 9.

[151] Voyez les Recherches métrologiques de Bœkh, page 247 ; Bertheau, l. c., page 60.

[152] Voyez Leusden, Philologus hebrœomixius, p. 211, où on parle de quatre espèces de coudées, savoir, la coudée vulgaire, la sacrée, la royale et la géométrique.

[153] Voyez Maïmonide, Comment. sur la Mischna, traité Middoth, 3, 1 ; Mischna, traité Kétim, 17, 10 ; les commentaires de Baschi et de Kimchi à Ézéchiel, 40, 5.

[154] Thalmud de Babylone, traité Succa, fol. 7 a. Comparez Buxtorf, Lexicon thalmudicum, col. 900 et 2370.

[155] Bœkh a trouvé 524,587 millimètres ou à peu près 232,55 lignes. Voyez Bertheau, l. c., page 83.

[156] Telle est l'opinion de Jahn, Archœologie, I, 2, p. 37, et de Gesénius, dans son Dictionnaire.

[157] Cette expression se trouve dans trois passages : Genèse, 35, 16 ; 48, 7 ; II Rois 5, 19.

[158] Voyez Nombres, II, 31 ; on trouve de même : chemin de trois jours, de sept jours, etc. : Genèse, 30, 36 ; 31, 23 ; Deutéronome, I, 2, et passim.

[159] Hérodote la fixe tantôt à deux cents stades (IV, 101), tantôt à cent cinquante (V, 53).

[160] Voyez Edrisit, Africa ; curavit Joannes Melchior Hartmann ; édit. att., Gotting., 1796, præfat., p. CXVIII.

[161] Voyez Antiquités, VIII, 2, 9.

[162] Voyez Antiquités, III, 8, 3.

[163] Voyez le dictionnaire de Kimchi au mot Hin ; Maimonide, Comment. sur la Mischna, cinquième partie, préface au traité Menachoth.

[164] Josèphe (Antiquités, XV, 9, 2) fait une grave erreur en fixant le COR à dix médimnes attiques ; au lieu de médimnes il faut lire métrètes. Bœkh cite à ce sujet un passage de Didyme, selon lequel le cor phénicien était égal à 45 modii, qui font 720 xestes ou dix métrètes. Voyez Bertheau, page 71.

[165] Voyez Antiquités, IX, 4, à la fin du § 5. La même chose résulte de la version des Septante, qui rend séah par μέτρον (II Rois, 7, 1), et épha par τρία μέτρα, comme la version chaldaïque par trois séah (Exode, 16, 36 ; Isaïe, 5, 10). — Il est très-probable que par SCHALISCH (Isaïe, 40, 12), qui veut dire tiers, on entend aussi le tiers d'un épha ou la séah.

[166] Voyez Kimchi, au mot Kab ; Maimonide, Comment. sur la Mischna, quatrième  partie, traité Edouyoth, ch. 1, § 2 ; de même Josèphe, qui traduit un quart de kab (II Rois, 6, 25) par un xeste : Antiquités, IX, 4, 4.

[167] Voyez les Recherches métrologiques de Bœkh, p. 242 ; Bertheau, p. 88 et 89.

[168] Voyez Bertheau, p. 66-70. Pour expliquer le mélange des deux systèmes, il suppose que le chomer, la plus grande mesure cubique, n'appartenait pas primitivement au système hébraïque, et qu'il était égal à six métrètes syriens (de 120 xestes chacun), de même que le kané, la plus grande mesure de longueur, était égal à six coudées. — Mais comme le chomer et le omer sont déjà mentionnés dans la loi de Moise, il est difficile d'admettre cette hypothèse.

[169] Voyez Lévitique, 19, 36 ; Deutéronome, 25, 13 et 15 ; Proverbes, 11, 1 ; 16, 11 ; 20, 10 ; Micha, II ; comparez le Voyage de Chardin, éd. Langles, t. VI, p. 120.

[170] Cette opinion est celle de Bœkh, adoptée aussi par Bertheau, page 9 et suivantes ; elle est basée surtout sur l'analogie des poids grecs, car la mine des systèmes grecs se divise en 50 didrachmes. Le verset des Chroniques, selon Bœkh, parle du sicle commun, ou demi-sicle.

[171] Voyez Michaelis, De Siclo ante exil. Babyl., dans les Commentat. Soc. reg. Gotting., 1752, II, p. 108.

[172] Voyez Antiquités, XIV, 7, 1.

[173] Voyez Genèse, 23, 16 ; Exode, 22, 16 ; II Samuel, 18, 12 ; I Rois, 20, 39 ; Isaïe, 65, 2 ; Jérémie, 32, 9 et 10.

[174] Voyez Zacharie, 11, 12 ; Ezra, 8, 25 et suivants.

[175] Voyez Hérodote, VI, 127. Bœkh, dans ses Recherches métrologiques, page 76, admet ce fait comme historique.

[176] Voyez Bœkh, l. c., page 42 ; Bertheau, page 22.

[177] L'existence de la monnaie chez les anciens Hébreux, généralement niée par les archéologues, est déclarée fort probable par plusieurs auteurs de nos jours. Voyez Hussey, Essay on the ancient weights and Money, Oxford, 1836, page 197 et suiv. ; Bertheau, p. 21 et suiv. De Wette, dans la troisième édition de son Archœologie (1842), p. 234, a embrassé la même opinion, après avoir soutenu le contraire dans les éditions précédentes.

[178] Quant au mot kesita, qu'on ne trouve que dans trois passages (Genèse, 33, 19 ; Josué, 24, 32 ; Job, 42, 11), et qui parait appartenir à l'époque la plus ancienne, on ne saurait en déterminer le sens Il est probable qu'il désigne aussi une pièce d'argent ; les anciennes versions le rendent généralement par agneau.

[179] Voyez Jahn, Arch., I, 2, p. 49 et 50 ; Winer, Realwœrterbuch, t. I, p. 499 et 698, et le Dictionnaire de Gesénius, au mot Guéra.

[180] Voyez sur les monnaies macabéennes, dont l'authenticité ne saurait être mise en doute, l'ouvrage de Franc. Perez Bayer : De Nummis hebrœo-samaritanis, Valentin, 1781, in-4° ; Eckhel, Doctrina Nummorum, t. III, p. 458 et suivantes.

[181] Voyez Bœkh, page 56 ; Bertheau, page 33. — Parmi les différents sicles du cabinet des médailles de la Bibliothèque Royale, le plus léger a 3 gros 39,5 grains, ou 2555, grains, et le plus lourd 268 grains. Voyez les Tables de M. Mionnet.

[182] Voyez Bœkh, page 45 et suiv. et p. 67 ; Bertheau, p. 35-40.

[183] Voyez Bœkh, pages 77 et 124.

[184] Voyez Antiquités, III, 8, 2.

[185] Voyez Mischna, deuxième partie, traité Schekalim (des sicles), ch. 2, 5 4, et les commentaires. Bœkh (p. 83) suppose, avec moins de vraisemblance, que la valeur de la drachme avait baissé, et qu'on était habitué alors à considérer le denier romain (denarius) comme une drachme, de sorte que les quatre drachmes, qui ne faisaient que quatre deniers, étaient à peu près égales à l'ancien sicle, car le denier pesait 69,8 grains.

[186] Voyez Maïmonide, Comment. sur la Mischna, cinquième partie, traité Bechorôth (des premiers-nés), ch. 8, § 7 ; Abrégé du Thalmud, liv. III, septième section (des sicles), ch. I, § 2. Le traité de Siclis de Maimonide a été publié à part, avec une version latine et des notes, par Esgers, Leyde, 1718, in-4°.

[187] De Ponderib. et Mensuris, p. 57.

[188] Comment. in Ezechiel, c. 4, v. 10 : Siclus autem, id est stater, habet drachmas quattuor. Drachmæ autem octo latinam unciam factunt. Hieronymi Opera, ed. Martianay, t. III, col. 722.

[189] Nous ne saurions dire de quelle livre romaine Josèphe a voulu parler, car il y en a une grande variété (voyez Bœkh, page 170 et suiv.) ; mais si l'on admet avec Bœkh (p. 165) que le poids normal de la livre est de 6165 grains, les deux livres et demie de Josèphe font 15412,5 grains, tandis que 50 sicles qui, selon Bœkh, forment une mine, ne donneraient que 13700 grains.

[190] Voyez Isaïe, 30, 29, Mischna, Ire partie, Biccourim (des prémices), ch. 3, et les notes de la Bible de M. Cahen, au Deutéronome, ch. 26, v. 10.

[191] Nombres, 20, 19 ; Juges, 20, 31 et 32 ; I Samuel, 6, 12 ; Isaïe, 40, 3 ; 49, 11 ; 62, 10.

[192] Voyez Strabon, XV, 689 ; Bohlen, Das alte Indien, t. II, p. 109-111. Selon Isidore de Séville (Origines ou Etymologium, l. 5, dernier ch.), les Carthaginois furent les premiers qui eurent des routes pavées ; il est donc probable qu'il y en avait en Phénicie et en Palestine. Voyez Jahn, I, 1, p. 4.

[193] Comparez Josèphe, Antiquités, V, 1, 3 ; en parlant du passage du Jourdain, sous Josué, il dit qu'autrefois il n'y avait pas de pont sur le fleuve.

[194] Comparez Nombres, 24, 24 ; Daniel, 11, 30.

[195] Voyez Josèphe, Guerre des Juifs, III, 10, § 1 et 9 ; Vie de Josèphe, ch. 33.

[196] Voyez II Samuel, 11, 14, I Rois, 21, 8 ; II Rois, 6, 5 ; 10, 1 et 6 ; 19, 14 ; 20, 12 ; II Chroniques, 2, 2 et 10 ; 21, 12 ; 30, 6 ; Isaïe, 29, 11 ; 37, 14 ; 39, 1 ; Jérémie, 29, 1.