A l'exil de Babylone l'histoire du peuple hébreu est arrivée à son terme. A la vérité, sa mission n'est pas accomplie, et pour la continuer nous verrons reparaître sur le sol de la Palestine un certain nombre de familles de la souche hébraïque ; mais ces familles n'y rapporteront pas leur ancien caractère national ; leurs mœurs, leurs usages, leur langage même se sont modifiés ; le cercle de leurs connaissances s'est élargi ; leur religion, qui dans le malheur leur est devenue plus chère, n'a pu entièrement échapper à l'influence des idées étrangères. Ce sera une histoire nouvelle que nous aurons à raconter, et qui aura son commencement, ses développements et son déclin. Il faut donc, avant de continuer l'histoire de la Palestine, compléter celle des Hébreux, en faisant connaître la vie de ce peuple sous ses différentes faces. Il nous faut jeter un coup d'œil sur les mœurs et les usages des anciens Hébreux, sur leur vie domestique, sur leur industrie, sur leur vie intellectuelle, en un mot sur tout ce qui, sans faire partie de l'histoire proprement dite, c'est-à-dire, du mouvement et du change, ment perpétuel dans l'existence des Hébreux comme nation, sert à caractériser cette existence dans ses détails, et en forme en quelque sorte l'organisme intérieur. C'est là ce que nous appelons les Antiquités hébraïques. La connaissance de ces matières est utile et même nécessaire pour la parfaite intelligence de l'histoire ; car les différentes manifestations de la vie d'un peuple tantôt en déterminent le mouvement historique, tantôt sont elles-mêmes les résultats de ce mouvement, et il y a constamment entre la vie intérieure d'un peuple et son histoire politique un rapport mutuel de cause et d'effet. Une partie essentielle de ce qu'on comprend ordinairement dans les antiquités hébraïques a déjà été traitée dans cet ouvrage. Nous avons fait la description du sol qu'occupaient les Hébreux et de ce que leur pays offrait de remarquable sous le rapport du climat et de l'histoire naturelle, Nous avons fait connaître les antiquités sacrées, qui font partie de la loi de Moïse, et tout le système social du grand législateur, idéal qui ne s'est jamais complètement réalisé. Les antiquités se borneront donc pour nous à ce qui, dans la vie des Hébreux, n'était pas déterminé par la loi et n'avait pas de rapport direct avec les pratiques prescrites par la religion. Elles renfermeront tout ce qui forme, pour ainsi dire, la civilisation profane du peuple hébreu, quoique, dans la vie des Hébreux, la religion exerce toujours un certain empire, surtout dans la sphère intellectuelle. Les antiquités ainsi limitées se diviseront en quatre parties que nous plaçons dans l'ordre déterminé par la marche naturelle et progressive de la civilisation. Nous traiterons 1° de la vie pastorale et de l'agriculture ; 2° de la vie domestique et sociale ; 3° de la cité et de l'État, et 4° de la vie intellectuelle. Nous donnerons sur chacune de ces parties les détails que comporte le cadre de cet ouvrage. |