PALESTINE

 

DEUXIÈME LIVRE. — DES ANCIENS HABITANTS PAÏENS DE LA PALESTINE AVANT ET APRÈS L'INVASION DES HÉBREUX SOUS JOSUÉ

CHAPITRE III. — DE QUELQUES PEUPLES VOISINS DE LA PALESTINE.

 

 

Avant de passer à l'histoire des Hébreux, nous devons encore jeter un coup d'œil sur quelques-unes des peuplades qui les environnaient, et dont il sera souvent question dans leur histoire. Nous ne parlerons pas ici des peuples qui ont une certaine importance historique en eux-mêmes, tels que les Phéniciens et les Syriens, dont l'histoire doit être traitée avec plus de détail. Nous nous occuperons de cinq peuplades qui habitaient différentes contrées de l'Arabie, au sud-est et au midi de la Palestine ; ce sont les Ammonites, les Moabites, les Édomites ou Iduméens, les Amalécites et les Midianites.

 

A. LES AMMONITES.

A l'est de la Pérée, au delà du Yabbok, entre l'Arabie déserte et l'Arabie Pétrée, habitaient les Ammonites, dont la Genèse fait remonter l'origine à Ben-Amuni ou Ammôn, né de l'inceste commis par Lot, neveu d'Abraham, avec sa fille cadette (Gen. 19, 38). Ses descendants se répandirent au nord-est, et s'emparèrent du pays des Zamzummîm (Deut. 2, 20), établis entre le Yabbok et l'Arnôn. Ils habitaient un pays fortifié par la nature (Nomb. 21, 24) ; leur capitale était Rabbah, ou Rabbath-Ammôn, qui, dans l'époque macédonienne, portait aussi le nom de Philadelphie. Déjà avant l'arrivée des Hébreux sous Moïse, les Amorites avaient conquis une partie du pays des Ammonites, entre les deux rivières que nous venons de nommer ; les Hébreux n'exercèrent alors aucune hostilité contre les Ammonites, mais ils s'emparèrent de la portion du pays qui se trouvait en possession des Amorites.

Dans les premiers temps des juges, nous trouvons les Ammonites, comme auxiliaires du roi de Moab (Juges, 3, 13). Après la mort du juge Jaïr, ils firent cause commune avec les Philistins, pour opprimer les Hébreux ; ils déclarèrent la guerre à Jephté et firent valoir leurs droits sur le pays jadis possédé par leurs ancêtres, et due les Hébreux avaient conquis, depuis trois siècles, sur les Amorites (ib. c. 11, v. 12 et suiv.). Ils furent vaincus par les Hébreux, qui leur prirent vingt villes. Du temps de Saül, Nahas, roi dés Ammonites, attaqua la ville de Yabes, dans le pays de Giléad ; mais il fut repoussé avec une grande perte, et son armée fut entièrement dispersée (I Sam. c. 11). Il paraît que ce même roi protégea David contre les persécutions de Saül ; après la mort de Nahas, David, voulant donner un témoignage, de sa reconnaissance à son fils et successeur Hanon, lui envoya des ambassadeurs pour lui faire ses condoléances. Écoutant les insinuations malveillantes de ses conseillers, Hanon reçut fort mal les ambassadeurs de David et les renvoya, après leur avoir fait couper la barbe et le bas de leurs vêtements. Cet événement donna lieu à une guerre qui fut très-malheureuse pour les Ammonites ; ils perdirent Rabbah, et furent cruellement châtiés par David (II Sam. c. 11 et 12). — Lors de l'insurrection d'.Absalom, Schobi, fils de Nahas, de Rabbath-Ammôn, se trouve parmi ceux qui viennent rejoindre David dans sa fuite à Mahnaïn (ib. 17, 27) ; il paraîtrait donc que les Ammonites s'étaient réconciliés avec David, si toutefois le Nahas que l'on mentionne ici, est réellement l'ancien roi des Ammonites. Sous Josaphat, ils attaquèrent le royaume de Juda ; ils furent encore vaincus, et nous les trouvons plus tard tributaires d'Ouzia et de son fils Jotham (2 Chron. 26, 8 et 27, 5). Après la chute du royaume d'Israël, ils s'emparèrent des provinces situées à l'est du Jourdain, et les Israélites eurent à subir leurs outrages et leur cruauté (Sophon. 2, 8). Jérémie (c. 49) se plaint amèrement de cette usurpation : Ainsi parle l'Éternel : Israël n'a-t-il point d'enfants, n'a-t-il donc aucun héritier ? Pourquoi Malcâm s'est-il emparé (du pays) des Gadites ? pourquoi son peuple demeure-t-il dans leurs villes ? Mais les jours viendront, dit l'Éternel, où je ferai entendre le cri de guerre à Rabbath-Ammôn ; elle deviendra un monceau de ruines, et ses villages seront consumés par le feu, et Israël héritera, à son tour, de ceux qui ont pris son héritage. Gémis, ô Hesbôn, car Aï est dévastée ; poussez des cris, filles de Rabba, revêtez-vous de sacs, lamentez-vous et errez dans les parcs ; car Malcâm va aller dans l'exil, avec tous ses prêtres et ses princes.

Lorsque les Chaldéens envahirent la Judée, les Ammonites se joignirent à eux contre le roi Toakim (2 Rois, 24, 2). Ézéchiel (c. 25) le menace du châtiment céleste, pour avoir battu des mains et frappé du pied, et s'être abandonnés à une joie insolente, lors de la dévastation de la terre d'Israël et de l'exil de la maison de Juda. Leur roi Baalis contribua à la ruine totale de la Judée, en excitant le rebelle Ismaël, fils de Nathania, à l'assassinat de Guedalia, gouverneur juif, à qui le roi de Babylone avait confié le pays conquis (Jérém. 40, 14). Cinq ans après la destruction de Jérusalem, les Ammonites eurent à subir, ainsi que les Moabites, l'invasion des Chaldéens[1]. Après l'exil de Babylone, nous les retrouvons encore parmi les peuples ligués contre les Juifs, pour empêcher le rétablissement des murs de Jérusalem (Néhém. 4, 1). Leur inimitié contre les Juifs se montre encore du temps de Judas Maccabée, à qui ils opposent une forte armée, conduite par un certain Timothée (I Maccab. 5, 6). Du temps de Jean Hyrcan, roi des Juifs, nous trouvons à Philadelphie, ou Rabbah, un tyran, nommé Zénon[2]. Justin le martyr, dans son Dialogue avec Tryphon, appelle encore les Ammonites un peuple nombreux. Mais déjà au commencement du HP siècle ils sont, ainsi que les Moabites et les Édomites, confondus dans la masse des Arabes, et leur nom ne reparaît plus.

Les ruines de Rabbath-Ammôn, qui portent encore le nom de Ammân, ont été retrouvées et décrites par Seetzen et Burckhardt. Elles sont de l'époque romaine, et on y remarque surtout les restes d'un grand théâtre.

Une autre ville importante était Minnîth, située, selon Eusèbe, à 4 milles romains de Hesbôn sur le chemin de Rabbah. Le froment de Minnîth était célèbre ; on l'exportait sur les marchés de Tyr (Ézéch. 27, 17).

 

B. LES MOABITES.

Selon la Genèse (19, 37), Moab était, comme son frère Ammôn, le fruit d'un inceste ; il était fils de Lot et de sa fille aînée. Ses descendants se répandirent, comme les Ammonites, dans les contrées situées à l'est de la mer Morte et du Jourdain. Ayant expulsé les Érnîm, ils occupèrent le bas pays jusqu'au Yabbok, ayant pour voisins, a l'est, leurs frères les Ammonites, maîtres des hauteurs. De là, la partie du Ghôr à l'est du Jourdain, en face de Jéricho, s'appelait plaine de Moab. Ils furent refoulés, par les Amorites, jusqu'au fleuve d'Arnôn, qui, à l'arrivée des Hébreux, formait la limite septentrionale des Moabites (Nomb. ch. 21, v. 13 et 14). Leur pays ainsi limité embrassait cette partie de l'Arabie qu'on appelle maintenant le Kerek. Les Hébreux, s'avancant vers le Jourdain, par l'Arabie Pétrée, ne cherchèrent pas à inquiéter les Moabites ; ils leur demandèrent seulement le passage, et les Moabites n'osèrent faire aucune résistance. Leur roi Balak se contenta de faire venir le prophète Bileam, pour maudire cette masse redoutable (Nombres, ch. 22 et suiv.). Ce fut en vain ; Bileam ne put prononcer que des bénédictions ; mais le culte voluptueux de Baal-Pheôr et les séductions des filles de Moab réussirent mieux que le prophète de l'Euphrate, et les Hébreux payèrent cher leur passage dans le pays de Moab (ib. ch. 25). Environ soixante ans après la mort de Josué, Eglôn, roi de Moab, secouru par les Ammonites et les Amalécites, se rendit maître des Hébreux, et les opprima pendant dix-huit années. Il fut tué par le juge Éhoud, et les Moabites, attaqués par les Hébreux, perdirent dix mille hommes (Juges, ch. 3). Après cet événement, nous ne trouvons plus les Moabites en collision avec les Hébreux jusqu'au temps de Saül. Il paraît même que, vers la fin de la période des juges, les deux peuples vivaient en parfaite harmonie ; le livre de Ruth nous montre des Hébreux qui, à cause d'une famine, vont s'établir dans le pays de Moab et y épousent des femmes moabites. Mais du temps de Saül, nous retrouvons les Moabites parmi les ennemis des Hébreux (I Sam. 14, 47). David les rendit tributaires (II Sam. 8, 2). Après le schisme ils payaient le tribut aux rois d'Israël ; mais après la mort d'Achab ils se révoltèrent (II Rois, 1, 1). Joram cherche à les soumettre de nouveau, en appelant à son secours les rois de Juda et d'Edom (ib. ch. 3)[3] ; mais il n'obtient pas de succès décisif. Selon le 2e livre des Chroniques (ch. 20), les Moabites, ayant pour alliés des Édomites, entreprirent même une guerre offensive contre Josaphat, roi de Juda[4]. Environ cinquante ans plus tard, nous les voyons attaquer le royaume d'Israël sous Joas (II Rois, 13, 20). Dans un oracle prononcé contre Moab (Is. ch. 15 et 16), le prophète Isaïe parle de plusieurs villes situées entre le Yabbok et l'Arnôn, sur le territoire des tribus de Gad et de Ruben, et il les présente comme villes moabites. On peut conclure de cet oracle que les Moabites s'étaient emparés de ces villes, après que Phoul et Tiglathpilesar, rois d'Assyrie, eurent emmené en captivité les deux tribus israélites (I Chron. 5, 26). Nous les trouvons plus tard, cousine les Ammonites, auxiliaires des Chaldéens contre les Juifs. Nous avons déjà dit que, selon Josèphe, les deux peuples furent à leur tour subjugués par les Chaldéens, mais aucun auteur ancien ne nous dit qu'ils aient été emmenés en exil.

Après l'exil de Babylone, il est peu question des Moabites. On peut conclure d'un passage de Daniel (ch. 11, v. 41) qu'ils ne furent pas molestés sous l'empire macédonien. Josèphe les nomme parmi les Arabes vaincus par Alexandre Jannée, roi des Juifs[5]. Plus tard ils ne sont plus mentionnés comme peuple indépendant, et leur nom s'efface dans la grande famille des Arabes. — Le dieu national des Moabites était Chamôs, que quelques-uns croient identique avec Baal-Pheôr.

Les principales villes des Moabites étaient AR-MOAB (appelée aussi Rabbath-moab, c'est-à-dire capitale de Moab) et KIR-MOAB. Cette dernière, appelée plus tard Kerek, était une ville très-forte, encore au moyen âge. Saladin l'assiégea en vain en 1183. Maintenant c'est un bourg, qui est encore défendu par quelques fortifications.

 

C. LES IDOMITES OU IDUMÉENS.

Le père des Édomites fut Ésaü, fils d'Isaac, qui, selon les traditions des Hébreux, avait reçu le surnom d'Édom (rouge), parce qu'il vendit son droit d'aînesse pour un plat de lentille, de couleur rougeâtre, ou parce qu'il sortit tout rouge du sein de sa mère (Gen. ch. 25, v. 25 et 30). Il s'établit sur la montagne de Séir, maintenant Scherah, qui s'étend du S. E. de la mer Morte au golfe Élanitique. La Genèse (ch. 36) nous donne la table généalogique de ses descendants, qui s'étendirent sur le mont Séir, au détriment des limites, ses habitants primitifs. Ils se répandirent aussi au N. E. jusqu'aux limites de Moab, dans le pays appelé, parles Grecs, Gebalène, et, par les Arabes, Djebâl. Ils se divisèrent en différentes tribus, dont chacune avait un chef appelé Allouph. Théman, petit-fils d'Ésaü, fut un des chefs les plus célèbres des tribus édomites, et ses descendants, les Themanites, étaient renommés pour leur sagesse. Les habitants du Djebâl avaient introduit chez eux, de bonne heure, la royauté élective[6], tandis que ceux du mont Séir conservèrent leur constitution patriarchale. Ceux-ci accordèrent le passage aux Hébreux (Deut. ch. 2, v. 4 et 29), tandis que le roi d'Édom le leur refusa (Nomb. 20, 18). Plus tard nous trouvons les Édomites, comme les autres peuples voisins, toujours en guerre avec les Hébreux. Saül les combattit avec succès ; sous David, les généraux Joab et Abisaï les soumirent complètement, et David mit des garnisons dans leurs villes. Salomon équipa des vaisseaux dans leur port d'Asiongaber (I Rois, 9, 26). Vers la fin du règne de Salomon, un prince édomite qui s'était enfui en Égypte, du temps de David, essaya de reconquérir l'indépendance de son peuple (1 Rois, ch. 11), mais il paraît qu'il n' réussit pas. Après le schisme, les Édomites restèrent tributaires des rois de Juda. Encore sous Josaphat, ils n'avaient pas de rois indépendants, mais de simples gouverneurs, vassaux de Juda, et leurs ports de mer sur le golfe Élanitique étaient au pouvoir des Juifs (ib. ch. 22, v. 48 et 49). Sous Joram, enfin, ils se rendirent indépendants, et ils eurent dès lors leurs propres rois (2 Rois, 8, 20). Soumis de nouveau par Amasia et Ouzia, ils prirent l'offensive sous Achaz, et ils firent des prisonniers parmi les Juifs (2 Chron. 28, 17). A la même époque ils profitèrent d'une attaque dirigée par les Syriens contre la Judée, pour se remettre en possession d'Élath (2 Rois, 16, 6). Depuis ce temps, il n'est plus question des Edomites dans l'histoire des rois de Juda. Il paraît qu'ils conservèrent leur indépendance jusqu'à l'invasion des Chaldéens, auxquels ils durent se soumettre (Jérémie, ch. 27, v. 3 et 6), sans pourtant être emmenés en exil. Pendant l'exil des Juifs, ils s'emparèrent de la partie méridionale de la Judée ; ils possédèrent même Hébron, d'où ils furent chassés par Judas Maccabée (1 Maccab. 5, 65). Jean Hyrcan les soumit entièrement et les força d'embrasser le judaïsme. Avec Hérode une dynastie iduméenne monta sur le trône de la Judée. Peu de temps avant le siège de Jérusalem par Titus, les Iduméens arrivés dans cette ville pour la défendre s'y abandonnèrent à des excès abominables. On en trouvera les détails dans l'histoire des Juifs. Depuis cette époque le nom d'Édom disparaît de l'histoire.

Les capitales du pays d'Édom étaient SÉLA (appelée par les Grecs Petra) et BOSRA, qu'il ne faut pas confondre avec la ville de Bostra dans le Haurân[7]. Près du golfe Élanitique étaient les villes d'Elath et d'Asion-gaber. Théman étaient situé, selon saint Jérôme, à cinq milles de Petra. Nous renvoyons pour les détails géographiques à la description de l'Arabie. Le territoire des Édomites fait partie de l'Arabie Pétrée.

 

D. LES AMALÉCITES.

Amalek, un des peuples les plus anciens de l'Arabie, et appelé, dans un oracle de Bileam, le commencement des nations (Nomb. 24, 20), avait ses demeures à l'ouest des Édomites[8]. Les traditions arabes varient sur son origine ; les unes le font descendre de Cham, les autres de Sem. La Bible le mentionne, pour la première fois, en parlant de l'expédition de Kedorlaomer, roi d'Elâm, qui frappa les campagnes d'Amalek (Gen. 14, 7) ; mais ce passage ne prouve pas que les Amalécites aient existé a cette époque, et il est plus probable que l'auteur de la Genèse s'est servi des mots campagnes d'Amalek par anticipation. Josèphe (Ant. II, 1, 2) les fait descendre d'Amalek, petit-fils d'Ésaü (Gen. 36, 12).

Les Amalécites furent les premiers à s'opposer aux Hébreux sortis d'Égypte ; ils furent battus dans la vallée de Raphidim. Dès lors une haine implacable fut jurée aux Amalécites. Plus tard, lorsque les Hébreux, malgré la défense de Moïse, voulurent s'avancer vers le pays de Canaan, ils furent battus par les Amalécites, alliés des Cananéens. Dans la période des juges nous les voyons plusieurs fois prêter secours aux ennemis des Hébreux (Juges, 3, 13 ; 6, 3). Samuel ordonna à Saül de faire aux Amalécites une guerre d'extermination ; mais Saül épargna le roi Agag[9], qui fut ensuite tué par Samuel. David, avant d'être proclamé roi, les attaqua avec un certain nombre de ses partisans, et leur fit beaucoup de mal (I Sain. ch. 30). Nous les trouvons aussi parmi les peuples soumis par David dans les premiers temps de son règne (2 Sam. 8, 12), et depuis cette époque nous ne les voyons plus reparaître. Du temps d'Ézéchias, 500 Siméonites se dirigèrent du côté du mont Séir, battirent les débris des Amalécites, et s'établirent dans leur pays (1 Chron. ch. 4, v. 42 et 43).

 

E. LES MIDIANITES.

Après la mort de Sarah, Abraham épousa une seconde femme appelée Ketoura ; il eut avec elle plusieurs fils, dont le quatrième fut Midian. C'est de lui que descendent les Midianites Déjà du temps de Jacob cette famille faisait un commerce de caravanes entre Gilead et l'Égypte, en passant par Sichem (Gen. 37, 28). La Bible ne nous offre pas de données suffisantes, pour indiquer avec précision le pays où étaient établis les Midianites. Mais les géographes arabes du moyen âge parlent encore des ruines de la ville de Madian, situées à l'est du golfe Élanitique, et il est probable que le siège principal des Midianites était au nord de la mer Rouge, et s'étendait à l'est de l'Idumée jusque vers les plaines de Moab. Ce fut dans ces plaines qu'un ancien roi d'Édom combattit les Midianites (Gen. 36, 35) ; une branche nomade de ce peuple vivait dans les environs des monts Horeb et Sinaï, sous le prêtre Jethro (Exode, 3, 2). Le gros de la nation s'allia avec les Moabites contre les Hébreux, campés dans les plaines de Moab (Nomb. 22, 4). Les deux peuples essayèrent de combattre les Hébreux par les malédictions de Bileam et par le culte séduisant de Baal-Pheor. Moïse attaqua les Midianites avec douze mille hommes, qui en firent un grand carnage et tuèrent cinq de leurs princes (ib. ch. 31). Environ deux siècles et demi après la conquête du pays de Canaan par les Hébreux, les Midianites étaient devenus assez puissants pour opprimer les Hébreux pendant sept ans. Tous les ans ils faisaient une invasion et détruisaient les produits du pays, les blés, les fruits et les bestiaux. Ils furent enfin attaqués par Gédeen, qui les vainquit dans plusieurs combats. La défaite des Midianites fut complète ; et depuis cette époque ils ne pouvaient plus se relever (Juges, ch. 6-8). Ce fut là une des victoires les plus éclatantes des Hébreux, et elle retentit encore longtemps dans les chants de leurs poètes[10].

La tribu d'Épha descendit du fils aîné de Midian (Gen. 25, 4). Midian et Épha étaient très-riches en chameaux (Is. 60, 6).

 

 

 



[1] Josèphe, Antiquités, l. 10, ch. 9, § 7.

[2] Josèphe, Antiquités, l. 13, ch. 8, § 1.

[3] Ce fut probablement dans cette guerre que les Moabites exercèrent contre le roi d'Édom les cruautés dont parle le prophète Amos (ch. 2, v. 1).

[4] Il n'est pas probable que le 2e liv. des Rois (ch. 3) et le 2e des Chroniques (ch. 20) parlent du même événement. Les différences des détails dans les deux relations sont trop notables, pour que nous puissions admettre que l'auteur des Chroniques se soit permis de défigurer ainsi les faits, comme le soutient Gesénius dans son Commentaire sur Isaïe, t. I, p. 502. Nous reviendrons sur ce sujet dans l'histoire des Hébreux.

[5] Antiquités, l. XIII, c. 13, § 5.

[6] Voyez Genèse, ch. 36, v. 31-39, et I Chroniques, ch. I, v. 43-50. On y voit clairement que la royauté ne passait pas du père au fils ; car nous y trouvons une série de rois étrangers les uns aux autres, et natifs de différentes contrées. Plus tard cependant, la royauté devint héréditaire ; car sous Salomon, il est question d'un prince édomite, nommé Hadad, qui était de race royale (I Rois, ch. 11, v. 14).

[7] Voyez notre Topographie.

[8] Il résulte de la combinaison de différents passages de la Bible, où il est question des Amalécites, que ce peuple habitait différentes contrées, mais que son siège principal se trouvait entre les Philistins, les Égyptiens, les Iduméens et le désert du Sinaï.

[9] De ce roi descendit, selon les traditions juives, Haman l'Agagite, ministre d'Assuérus.

[10] Voyez Psaume, 83, v. 10 et 12 ; Isaïe, 9, 3 ; 10, 211 ; Habacuc, 3, 7.