La Révolution est un fait européen, et, en quelque sens, universel ; mais c'est en France qu'elle a eu son foyer, et c'est en France qu'il est le plus facile de marquer les étapes diverses qu'elle a franchies. Au point de vue religieux, ces étapes sont au nombre de trois : l'Assemblée constituante dépouille l'Eglise de ses biens et de ses droits ; l'Assemblée législative et la Convention la persécutent dans la personne de ses ministres et de ses fidèles ; le Directoire essaie de la supplanter dans son culte. De ce point de vue spécialement religieux oïl nous devons nous placer, le tableau que nous aurons à tracer de l'œuvre révolutionnaire pourra paraître à quelques-uns dépeint sous des couleurs trop sombres. Mais nous nous hâtons de faire nôtres les déclarations placées par l'éminent auteur de l'Histoire religieuse de la Révolution en tète de son ouvrage. Nous voudrions, nous aussi, qu'on ne vît dans notre sévérité ni manque de justice ni trace de passion. A notre tour, si nous avions à juger dans son ensemble l'œuvre des Constituants, nous ne manquerions pas de mettre en relief, entre toutes les réformes accomplies par eux, celles qui ont réalisé, en matière administrative, et surtout dans la législation civile, financière ou criminelle, de mémorables progrès[1]. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de constater incidemment que, de ces progrès, l'Eglise catholique ne fut jamais l'adversaire. Ses fidèles et ses ministres furent souvent les premiers à s'y prêter ; ils en prirent plus d'une fois l'initiative, et ce n'est qu'en faussant l'histoire qu'on pourrait prétendre en attribuer l'honneur à ses seuls ennemis. |