Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, l'Eglise avait pu consacrer le meilleur de ses efforts à restaurer la foi et les mœurs. A partir de ce moment, la lutte contre les erreurs grandissantes l'absorba. Le protestantisme, triomphant à Westphalie, concevait de nouvelles ambitions ; le gallicanisme, formulé par Richer et par Dominis, devenait plus menaçant avec Louis XIV ; le jansénisme avait déjà ses docteurs et son organisation ; les libertins et les esprits forts constituaient une secte dont il n'était plus possible de se dissimuler l'importance ; la pénible querelle du quiétisme, qui mit aux prises deux grands évêques, compliqua le malaise dont souffrait l'Eglise. Une crise politique et sociale qui s'étendit à l'Europe entière, aggrava la crise religieuse et, comme au XVIe siècle, menaça de lui donner un retentissement universel. Peu d'hommes parurent se rendre compte de la gravité de la situation. La Papauté, dépouillée des prérogatives politiques dont elle jouissait au Moyen Age, et désormais retranchée dans le domaine purement ecclésiastique, se borna à protester contre les nouvelles formes de l'erreur[1], mais elle le fit avec force, persévérance et autorité ; si bien que, dans le naufrage des autres puissances sociales, elle resta le seul pouvoir capable de s'imposer aux nouveaux gouvernements qui surgirent de la tourmente révolutionnaire. Il est donc opportun, avant de suivre en détail les phases de ces diverses luttes, de jeter un coup d'œil sur l'histoire des Pontifes romains qui se succédèrent pendant cette période. |