HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

PREMIÈRE PARTIE. — LA RENAISSANCE CATHOLIQUE

CHAPITRE II. — LA RENAISSANCE CATHOLIQUE EN ESPAGNE, EN ITALIE ET EN ALLEMAGNE.

 

 

Tandis que les princes chrétiens achevaient de rompre les liens politiques qui les rattachaient à la Papauté, et refusaient ou négligeaient de publier les décrets de l'assemblée de Trente, l'esprit du grand concile se répandait partout en Europe et y multipliait les fruits d'une sage réforme. L'Espagne, qui avait donné à l'Eglise, pendant la seconde moitié du siècle précédent, tant de grands réformateurs, continuait, malgré les secousses d'une terrible crise économique et politique, à produire des saints ; l'Allemagne, profondément déchirée par l'anarchie politique et religieuse, multipliait néanmoins ses efforts pour la restauration du clergé et l'édification des fidèles ; l'Italie se couvrait de congrégations enseignantes et charitables. Mais c'est en France que le mouvement de la renaissance catholique, retardé par les guerres religieuses jusqu'à l'avènement d'Henri IV, se produisit dans toute son ampleur, et que, sous l'influence de saint François de Sales et de saint Vincent de Paul, de l'institut des jésuites et de la compagnie du Saint-Sacrement, le sol de notre pays se couvrit d'œuvres de piété, de zèle et de charité.

 

I

Pendant toute la première moitié du XVIIe siècle, la grande Espagne de Charles-Quint et de Philippe II ne devait cesser de décroître. Dans un espace de soixante-sept ans, la monarchie espagnole, si forte en apparence, si fière de ses immenses possessions, vingt fois supérieures, disait-on, à celles de l'empire romain, tomba de la plus lourde chute dont l'histoire moderne fasse mention[1]. On a voulu faire retomber la responsabilité de cette décadence sur le caractère trop faible des deux successeurs de Philippe II et sur le prétendu fanatisme de l'évêque qui conseilla l'expulsion des Morisques. Il est vrai que ni Philippe III ni Philippe IV ne paraissaient de taille à gouverner, avec la vigilance qu'il eût fallu, les vastes possessions espagnoles de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique de l'Italie et des Pays-Bas ; il est certain aussi que l'exil des Morisques priva l'Espagne d'un grand nombre d'agriculteurs, laborieux et d'artisans habiles ; mais les causes de la décadence espagnole sont d'un ordre plus général et plus lointain. L'affluence subite des métaux précieux, que la péninsule retirait de ses colonies, provoqua d'une part une émigration considérable d'Espagnols en Amérique, et d'autre part découragea le travail de l'agriculture et de l'industrie dans le pays. Quand Philippe III, pour compenser la perte que faisait subir à la nation l'expulsion des Morisques, offrit des titres de noblesse et l'exemption du service militaire à tous ceux de ses sujets qui s'adonneraient à l'agriculture, son appel ne fut pas entendu. La monarchie espagnole, d'ailleurs, par suite d'influences diverses qui affectaient toute l'Europe, tournait de plus en plus au despotisme[2]. Avec Philippe III, gouverné par le duc de Lerme, et avec Philippe IV, dominé par le comte d'Olivarès, le régime des favoris s'implanta dans le royaume. Tandis qu'une étiquette minutieuse et inflexible réglait tout à la cour[3], et qu'une centralisation bureaucratique étendait son réseau sur tous les services publics, faisant disparaître les vieilles libertés municipales devant l'autorité envahissante des corregidors et des alcades, les caractères s'effaçaient, le clergé lui-même, participant à l'indolence générale, ne donnait plus au peuple la forte nourriture spirituelle qu'il lui avait autrefois si largement distribuée. La littérature de ce temps, si abondante, et dont Cervantès est le représentant le plus illustre, a fixé, avec des traits de génie ; les types représentatifs de cette triste époque ; l'hidalgo ruiné, fier sous ses haillons, l'étudiant affamé, flânant sur les places publiques, le muletier brutal, l'aubergiste rapace, le bandit livrant bataille à la police dans les sierras, et tous ces gens, misérables ou tarés, se drapant, au souvenir de la grandeur passée de leur pays, dans leur dignité d'homme et d'espagnol, portant l'épée au côté, luisante comme un trombone[4] et s'appelant entre eux Votre Grâce et Caballero.

Toutefois, la profonde impulsion religieuse donnée au pays par saint Ignace de Loyola et par sainte Térèse était encore puissante. Une race qui avait produit de tels héros ne pouvait si tôt dépérir sous des influences économiques et politiques. Ni le mouvement de la réforme religieuse ne fut arrêté, ni le courant de la sainteté ne fut tari : tandis que la Compagnie de Jésus donnait à l'Eglise d'Espagne Alphonse Rodriguez et Pierre Claver ; l'Ordre des Carmes, ses plus grands théologiens et ses plus ardents missionnaires ; les ordres de la Merci, de la Trinité et des Frères Mineurs les plus austères des saints ; un grand évêque et une humble femme pénétraient jusque dans le conseil des rois et y faisaient prévaloir les droits de la justice et de la vérité.

En 1609, parut à Séville, en un volume in-4° de plus de 600 pages, La pratique de la perfection[5]. Elle avait pour auteur le P. Alphonse Rodriguez, de la Compagnie de Jésus. Ce livre devait rester le manuel classique de l'ascétique chrétienne. Peu d'ouvrages devaient être plus répandus et rallier tant de suffrages. On verra Port-Royal, au moment même où il attaquera le plus vivement la morale des jésuites, propager l'ouvrage de Rodriguez[6]. Pendant que le livre du savant jésuite répandait dans le monde la pratique des vertus chrétiennes, un humble frère coadjuteur du même nom en donnait le modèle admirable en remplissant les modestes fonctions de portier dans le collège que la Compagnie de Jésus tenait à Majorque[7] ; et l'un des disciples de ce dernier, également fils de saint Ignace, se dévouait héroïquement à l'apostolat de la race noire. C'était Pierre Claver, qui aimait à signer toutes ses lettres : Pierre, l'esclave des Nègres pour toujours.

Les filles de sainte Térèse se répandaient dans tous les pays chrétiens et même au delà En 1601, la Bienheureuse Marie de l'Incarnation (Mme Acarie), les introduisait en France, où elles devaient devenir une des plus pures gloires de notre Eglise. Quatre ans plus tôt, une branche des Carmes, formée en congrégation particulière sous le nom de Saint-Elie, se répandait dans le monde entier, passait en Belgique, en France, en Pologne, en Allemagne et en Autriche, fondait des stations dans les pays protestants, tels que la Hollande et l'Angleterre, se lançait dans les missions lointaines, évangélisait la Perse, les Indes, l'Arménie, la Turquie, s'établissait à Pékin, poussait jusqu'à l'Amérique du Nord. Les Pères Thomas de Jésus, Pierre de la Mère de Dieu et Dominique de Jésus-Marie, carmes déchaussés, prenaient une grande part à la fondation et à l'organisation de la Propagande[8], et le Père Bernard de Saint-Joseph fondait à Paris un séminaire des Missions étrangères[9]. De tels élans de zèle apostolique ne détournaient pas les fils de sainte Térèse et de saint Jean de la Croix des hautes études théologiques, que la sainte Réformatrice avait toujours si honorées. De 1621 à 1707, les carmes déchaussés d'Alcala et de Salamanque devaient publier deux œuvres collectives d'une immense portée théologique. Les Complutenses et les Salmanticenses prennent place parmi les plus fameux théologiens des temps modernes.

L'Ordre de la Trinité, fondé pour le rachat des captifs, donnait encore en Espagne de grands exemples de charité. Le Bienheureux Simon de Rojas, qui fut le confesseur de la Reine Elisabeth, épouse de Philippe II, et qui dirigea l'éducation de ses deux fils, édifia la cour par une conduite tout évangélique. Néanmoins, le général avait exprimé le vœu d'une réforme. L'œuvre fut tentée et, à travers mille épreuves[10], menée à bonne fin par un saint religieux, né à Almodovar, village du diocèse de Tolède, d'une famille si estimée, que sainte Térèse, passant à Almodovar, n'avait pas voulu prendre d'autre logis que celui du père de notre saint. Il s'appelait en religion le Père Jean-Baptiste de la Conception. Ses mortifications rappelaient celles des Pères du désert les plus austères. Associé à quelques fervents religieux de son Ordre, il organisa une communauté dans laquelle chacun se dépouillait en entrant de ses habits pour en prendre de plus grossiers, et quittait ses chaussures, pour aller nu-pieds, ayant seulement de petites sandales de cuir ou de corde, à la manière d'Espagne[11]. Telle fut l'origine des Trinitaires déchaussés, autorisés, en 1609, par Paul V, à élire un Vicaire général, et rendus complètement indépendants en 1636 par une bulle d'Urbain VIII[12]. Ils devaient bientôt se répandre, non seulement en Espagne, mais encore en Pologne, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Bohême, en Italie et en France.

Vers la même époque, en 1613, une noble jeune fille, élevée à la cour du roi d'Espagne, la Bienheureuse Marie-Anne de Jésus[13], fondait le pieux institut des religieuses déchaussées de Notre-Darne de la Merci, dont le but était d'obtenir de Dieu, par la pénitence et la prière, la conversion des pécheurs, la délivrance des âmes du purgatoire et le rachat des chrétiens tombés au pouvoir des infidèles[14].

Le clergé séculier eut aussi des saints. Tel fut l'illustre Jean de Ribera[15], à qui saint Pie V avait confié le gouvernement du diocèse de Valence et que Philippe III nomma vice-roi de la province du même nom. C'était un homme droit, profondément religieux, passionné pour les intérêts de l'Eglise et de sa patrie. Or, la province de Valence, au moment où il eut à en diriger l'administration civile et religieuse, était en proie à des difficultés redoutables. Elles venaient surtout de la présence de nobles et riches familles d'origine musulmane, rattachées officiellement à l'Eglise par le baptême et par les pratiques extérieures de la religion en même temps qu'à l'Espagne par le serment de fidélité au roi, mais qu'on sentait parfois toutes prêtes à retourner à l'islamisme et à se soulever contre l'Etat. On leur donnait le nom de Moriscos ou Morisques. Un décret de Charles-Quint avait placé les Morisques sous l'autorité de l'Inquisition. Leur situation ne fut pas aggravée par cet acte, au contraire. Ils furent en général, dit Héfélé[16], traités avec beaucoup de douceur. Le Pape Clément VII veilla à ce qu'on leur donnât une solide instruction chrétienne. L'empereur Charles-Quint défendit de confisquer les biens des apostats, qui devaient être conservés à leurs enfants ; il interdit en même temps de condamner à mort aucun renégat. Grégoire XIII s'efforça de gagner les Morisques par la bienveillance. Mais ces mesures furent vaines. A diverses reprises, ils se soulevèrent et s'unirent aux Maures d'Afrique. Le péril était des plus graves. Jean de Ribera n'hésita pas à conseiller au roi une mesure radicale l'expulsion définitive des Morisques du sol d'Espagne. C'était un conseil hardi[17]. Le 22 septembre 1609, Philippe III, à l'applaudissement de tout ce que l'Espagne comptait d'hommes éclairés, notamment de Cervantès, promulgua un décret ordonnant aux Morisques de quitter le sol espagnol. Quatre cent mille personnes, le vingtième environ de la population, furent ainsi contraintes de s'enfuir. La plupart cherchèrent un refuge, sur les côtes barbaresques. L'unité de l'Espagne, sans doute, était désormais à l'abri du plus redoutable des périls ; mais il est incontestable que le départ de cette nombreuse population détermina dans la péninsule de graves perturbations économiques[18]. Les efforts de Philippe III pour repeupler les terres abandonnées n'obtinrent pas, par le fait de l'indolence de la population, les résultats qu'on en attendait, et, finalement, quand ce roi, bon et pieux, mais faible[19], descendit dans la tombe, la décadence économique de l'Espagne avait fait un grand pas de plus.

Le mouvement s'accéléra sous Philippe IV (1621-1665), ou plutôt sous le gouvernement du duc d'Olivares, qui dirigea toute la politique du roi et qui engagea la monarchie espagnole dans cette lutte gigantesque contre une partie de l'Europe, où elle devait perdre son armée, sa marine et ses dernières ressources. Vous êtes grand, Philippe, écrivait un pamphlétaire, mais à la manière des fossés : plus on leur ôte, plus ils sont grands.

Une humble religieuse, abbesse du monastère franciscain d'Agreda, sur les confins de l'Aragon et de la Vieille Castille, essaya d'arrêter son pays sur la pente fatale. Sire, écrivait-elle au roi d'Espagne[20], à la date du 13 octobre 1643, parmi ceux qui vous approchent, il en est de nuls pour les affaires. Il en est d'autres dont les talents et la capacité pourraient vous être utiles... On déteste le gouvernement passé parce qu'on lui attribue nos calamités d'aujourd'hui ; on croit que ce sont les mêmes hommes qui gouvernent. Il ne serait pas hors de propos de donner une sage satisfaction au monde qui la demande, car votre Majesté a besoin de lui.

Celle qui osait donner de tels conseils au roi d'Espagne était la fille d'un simple bourgeois de la ville d'Agréda, Marie Coronel, en religion Marie de Jésus, plus connue sous le nom de Marie d'Agréda. Des grâces mystiques, des révélations surnaturelles, dont elle avait écrit le récit, sans le publier encore, dès l'année 1627[21], avaient attiré sur elle l'attention de ses supérieurs ; et, en 1643, au moment où la Catalogne et le Portugal se détachaient violemment de la couronne, le roi Philippe IV, de passage à Agréda, avait voulu demander conseil à la sainte abbesse. Le résultat de cette entrevue fut une correspondance entre le roi et religieuse, qui devait se prolonger pendant 22 ans, jusqu'à la mort de Marie d'Agréda. La lettre que nous venons de citer est la seconde qu'elle lui écrivit. Le roi répondit : Il n'est pas possible de réparer en aussi peu de temps les maux qui ont mis de longs jours à se produire ; mais je suis résolu à m'écarter de la voie suivie jusqu'à ce jour par le précédent gouvernement. J'espère que vous en aurez la preuve, et vous pourrez affirmer au monde que le passé n'est plus. C'est la vérité, et j'ai résolu que cela serait ![22]L'histoire du règne de Philippe IV, ajoute ici l'éditeur de la correspondance royale, nous apprend, hélas ! que cette résolution, si ferme en apparence, n'eut aucun effet dans l'avenir ; et la vénérable Mère, comprenant sans doute combien l'esprit faible du roi était peu, disposé à profiter des sages conseils de ceux qui lui étaient dévoués, se borna à travailler à la réformation des mœurs de ce royaume, tâchant d'inspirer au prince la pratique de la véritable sainteté[23]. — Les lettres de la sœur le consolèrent de tous les ennuis de son règne, de toutes les incommodités d'un état de maladie continuel ; puis, lorsque Marie fut morte, n'ayant plus personne qui le consolât, ne recevant plus de personne autour de lui ces prédications exaltées qui occupaient toutes ses heures sans qu'il en eut jamais profité, il tomba dans le dégoût de la vie, et se laissa mourir quatre mois après la vénérable sœur[24].

Cinq ans plus tard, en 1670, paraissait le principal ouvrage de la religieuse d'Agréda, la Cité mystique de Dieu, qui raconte, en prenant pour base des révélations particulières, l'histoire détaillée de la Vierge Marie. Œuvre étrange, qui renferme, de l'avis d'un bon juge, une contemplation mystique vraiment grandiose, dont la partie spéculative dénonce une profondeur admirable et bien rare chez une femme, mais dont l'emphase, l'enflure, parfois le mauvais goût, et des assertions historiques vraiment extraordinaires déconcertent le lecteur[25]. Tel qu'il parut, ce livre eut en Espagne une vogue immense et continua, parmi le clergé et le peuple, l'œuvre d'édification que la pieuse abbesse avait tentée auprès du souverain. Mais il faut reconnaître qu'à côté de l'œuvre si calme, si élevée de forme et de fond, si égale et si parfaite en toutes ses parties, qu'avait donnée, au siècle précédent, sainte Térèse, l'œuvre de Marie d'Agréda est bien pâle. La mystique elle-même était en décadence.

 

II

Si la première moitié du XVIIe siècle fut une époque des plus tourmentées pour l'Espagne[26], aucune période ne fut, selon les expressions de l'historien des lettres italiennes, plus tranquille pour l'Italie[27]. Plus de guerres civiles ni de guerres étrangères. Chaque Etat, fixé dans ses limites, s'organise paisiblement et librement. Et cependant de cette paix ne surgit, ni dans les lettres ni dans les arts, aucune de ces grandes œuvres qu'avaient données à l'Italie les âges précédents, au milieu de leurs luttes incessantes. Mais le mouvement de rénovation religieuse, inauguré par le concile de Trente et vigoureusement mené en Italie par saint Charles Borromée et par saint Philippe de Néri, se développe, s'étend, couvre le sol italien de maisons religieuses et d'institutions charitables et suscite des modèles admirables de sainteté. Nous n'y rencontrerons ni les hardis projets politiques d'un Jean de Ribéra, — la situation de l'Italie ne les comporte pas, — ni les envolées mystiques et quelque peu nuageuses d'une Marie d'Agréda, — le tempérament de la nation ne s'y prête guère, — mais plutôt des institutions positives et pratiques, des œuvres d'éducation et de charité.

Quand le XVIIe siècle s'ouvrit, l'œuvre de la réforme du clergé par l'institution des séminaires subissait une crise, par suite de l'opposition d'une féodalité cléricale obstinément attachée à ses privilèges, mais les huit cents écoles fondées par saint Charles Borromée dans le diocèse de Milan étaient en pleine prospérité, et la renommée du grand archevêque ne cessait de grandir. Les miracles se multipliaient à son tombeau. En 1601, le pape Clément VIII crut devoir remplacer la messe des morts, que l'on disait tous les ans pour le vénéré prélat, par une messe du Saint-Esprit. Trois ans après, il donna commission à la Congrégation des Rites de travailler aux procédures de la canonisation. L'année suivante Léon XI décida de faire bâtir à Rome une église en l'honneur du vénéré prélat ; et le 1er novembre 1610, Paul V célébra en grande solennité son inscription définitive au catalogue des saints.

Une vénération presque égale entourait la mémoire de Philippe de Néri. De 1600 à 1622, trois biographies différentes du saint prêtre, écrites par Antoine Gallonius, Jérôme Barnabeo et Jacques Bacci, répandaient partout le parfum de ses vertus et une Bulle de Paul V[28], à la date du 24 février 1612, approuvait canoniquement la congrégation de l'Oratoire fondée par lui.

L'influence de ces deux grands hommes devait dominer toutes les œuvres et les institutions de cette époque en Italie.

Un disciple de saint Philippe de Néri, saint Camille de Lellis, ancien soldat, joueur converti, et devenu l'amant passionné de Jésus-Christ dans la personne des pauvres infirmes, avait fondé, vers la fin du XVIe siècle, la congrégation des Clercs réguliers ministres des infirmes. A sa mort, survenue en 1613, le saint fondateur laissait plus de vingt maisons, dont seize en Italie, et environ trois cents religieux. Plus de cent vingt de ces religieux étaient morts, victimes de leur dévouement, de maladies contractées dans les hôpitaux[29]. Ils étaient connus sous le nom de Frères du bien mourir, parce qu'ils s'appliquaient à préparer à la mort les agonisants. A côté de ces dévoués serviteurs des pauvres, qui portaient comme signe distinctif une croix tannée sur leurs habits[30], les Frères de Saint-Jean de Dieu, vêtus de la coule et du capuchon[31], se vouaient aussi au service des malades. Cet institut, venu d'Espagne[32], se recrutait désormais abondamment en Italie, où le peuple les appelait les Fate Bene Fratelli, de la formule par laquelle ils demandaient l'aumône. Les Pauvres Clercs de la Mère de Dieu, à la soutane serrée d'une ceinture de cuir et au manteau cour[33], s'appliquaient à donner aux enfants, principalement aux pauvres, une éducation chrétienne ; cependant que les Annonciades célestes, à la robe blanche et au manteau bleu de ciel[34], s'occupaient à filer pour confectionner des corporaux et des purificatoires aux églises pauvres. Elles avaient été fondées à Gênes, en 1605, par la Bienheureuse Victoire Fornari, sainte veuve, qui, après que ses cinq enfants se furent consacrés au service de Dieu, se sentit inspirée de fonder un -nouvel ordre religieux, et réalisa son dessein avec les conseils du Père Bernardin Zénon, de la Compagnie de Jésus, son confesseur[35]. De simples confréries, telles que celles qu'avaient fondées à Rome un gentilhomme milanais, Marc de Sadis Cusani, et à Florence un artisan en soie, Hippolyte Galandi, secondaient puissamment tous ces efforts, en catéchisant les enfants et les adultes[36]. De ces deux confréries, vivement encouragées par les Papes, naquirent plus tard la Congrégation de la Doctrine chrétienne, qui s'allia aux Doctrinaires de France, et une Archiconfrérie qui, érigée en la Basilique de Saint-Pierre, eut le pouvoir de délivrer tous les ans deux prisonniers[37].

Bien loin de nuire à la prospérité des congrégations plus anciennes, cette efflorescence de nouveaux instituts ne faisait qu'y exciter une sainte émulation. Dans la Compagnie de Jésus, que de pénibles secousses venaient de troubler, l'Italien Claude Aquaviva, élu à trente-sept ans supérieur général de l'Ordre, consolidait, par sa sagesse et par sa fermeté, l'œuvre de saint Ignace et, par la publication du Ratio studiorum, du Directorium in exerciliis spiritualibus et des Industriæ ad curandos animæ morbos infusait à sa société comme une nouvelle vie. Les Ursulines, continuant à vivre en Italie sans costume spécial et sans clôture absolue, débordaient en France, en Allemagne et en Autriche. Les Capucins italiens donnaient à l'Église deux ardents missionnaires : saint Joseph de Léonissa, l'apôtre des Turcs, et saint Laurent de Brindisi, l'apôtre des Juifs. Dans le tiers-ordre franciscain, saint Hyacinthe Mariscotti faisait revivre les plus austères pénitences des Pères du désert. Des savants étrangers franchissaient les monts pour aller consulter en Italie le savant barnabite Gavantus, la gloire de son Ordre et de la liturgie ; et le mouvement pieux qui entraînait les âmes vers la communion fréquente n'avait pas de plus ardents promoteurs que les disciples italiens de saint Philippe de Néri[38].

 

III

Plus éloignés du centre de la chrétienté, plus profondément ravagés par l'hérésie protestante, on aurait pu craindre que les pays allemands ne restassent en dehors du mouvement de la renaissance catholique. Il n'en fut pas ainsi.

L'Allemagne avait eu, elle aussi, son grand apôtre. Le Bienheureux Pierre Canisius, de la Compagnie de Jésus, mort en 1597 après avoir évangélisé l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, avait été avant tout un homme d'action. Les rapports que ses premières fonctions lui créèrent avec les deux principales universités de Bavière et d'Autriche ; les ressources dont il disposa comme fondateur et premier provincial de son Ordre en Allemagne ; l'influence qu'il acquit bientôt sur les princes catholiques, séculiers ou ecclésiastiques ; la part qu'il prit aux diètes de l'empire ; sa présence, si courte qu'elle fût, au concile de Trente ; les ministères qu'il exerça dans les plus grandes villes, tout convergea vers le même but pratique : développer parmi les catholiques un mouvement de foi active et militante, et opposer ainsi au protestantisme une résistance efficace[39].

L'état politique et social de l'Allemagne rendait ce mouvement difficile. Au début de la guerre de Trente ans, dit Janssen[40], la vie allemande, sous presque tous ses aspects, avait subi une complète transformation. Le Saint-Empire romain germanique, avant même que n'éclatât la guerre d'extermination du XVIIe siècle, avait perdu sa haute situation politique. En revanche, les princes, établissant leur pouvoir sur les ruines de l'empire, avaient exploité à leur profit le mouvement révolutionnaire de leur époque, et, peu à peu, étaient devenus les arbitres presque souverains des destinées du peuple. Leur puissance s'était de plus en plus accrue en vertu du droit romain de plus en plus obéi. Ce césaro-papisme fut aussi fatal à la religion qu'aux mœurs populaires. Que faire pour remédier à un tel état de choses ? Reconstituer l'unité religieuse autant qu'il serait' possible, en travaillant à la conversion des hérétiques et en rétablissant au sein de l'Eglise d'Allemagne des foyers de vie catholique.

Les jésuites Georges Scherer et Jérôme Drexel ou Drexelius continuaient, dans leurs prédications, l'œuvre apostolique de Canisius. En combattant les hérétiques, disait Scherer, nous devons conserver une grande modération. Pas d'injures ni de sarcasmes ! L'archange saint Michel, au dire de l'apôtre saint Jude, n'a pas voulu employer l'insulte, même envers Satan ![41] Les écrits de Drexelius respiraient un si grand esprit de paix, que les protestants les lisaient pour s'édifier. C'était l'heure, il est vrai, où le prédicant Jean Arndt le plus doux et le plus aimable de tous les prédicants évangéliques[42], faisait entendre dans la chaire les accents d'une piété grave et pratique, bien faite pour gagner à lui les âmes pieuses.

Mais cette œuvre d'apostolat ne pouvait être efficace qu'à la condition de raviver dans ses foyers mêmes la vie catholique. C'est ce que comprirent bien des évêques qui, tels que Jean de Bicken, archevêque de Mayence, Jules Echter de Mespelbrunn, évêque de Würtzbourg, furent, par leur zèle pour la réformation des mœurs et par l'exemple de leur vie, de véritables colonnes de l'Eglise[43]. Mais deux grands mouvements de renaissance catholique doivent principalement attirer notre attention, parce qu'ils résument admirablement, l'un la réforme monastique et l'autre la réforme séculière du clergé d'Allemagne pendant la première moitié du XVIIe siècle. Nous voulons parler de l'essai de congrégation de tous les monastères d'Allemagne sous la Règle de l'abbaye de Melk et de la tentative de restauration du clergé séculier par la congrégation des Barthélemites.

Depuis saint Boniface, on peut dire que l'Allemagne religieuse avait été principalement l'œuvre des moines. Forte et pure, la vie monastique avait vivifié l'Allemagne ; amoindrie et corrompue, elle l'avait conduite à sa perte. Or, parmi les abbayes bénédictines de Germanie, il en était une qui, par l'exacte Observance des règles primitives, avait depuis plusieurs siècles attiré l'attention des hommes de Dieu. C'était l'abbaye de Mélek, ou de Melk, située en Autriche, sur le Danube, au diocèse de Passau. Dès 1460, plusieurs abbés d'Allemagne avaient résolu de former ensemble une congrégation et d'embrasser les observances de Melk[44]. Ce projet ne put alors se réaliser qu'en partie, et pour Peu de temps. La réforme proteStante le ruina de fond en comble. De 1520 à 1587, par la faiblesse de plusieurs abbés, l'esprit hérétique parvint à s'introduire dans le monastère. Des défections se produisirent. Les moines fidèles et les catholiques en général fondèrent alors de grandes espérances sur le pieux et énergique Gaspard Hoffmann, qui avait reçu la croix abbatiale en 1587. Ces espoirs -ne furent pas déçus. Le nouvel abbé, né à Ochsenfurt en Franconie et ami du cardinal Klésel, rétablit la discipline, restaura les études, ramena sa communauté à l'esprit d'une véritable vie monastique. Son influence était grande. Suzerain 'de nombreux vassaux, conseiller des empereurs Rodolphe II, Matthias et Ferdinand II, il jouissait en Allemagne d'un-prestige presque unique. Aussi quand, au début chi XVIIe siècle, le besoin chine réforme se fit universellement sentir, tous les regards des âmes zélées pour la restauration de la vie monastique, se portèrent sur Gaspard Hoffmann.

En 1618, six abbés de monastères autrichiens se réunirent à Melk, résolurent de s'associer, et dressèrent des constitutions destinées à la congrégation nouvelle ; mais les troubles que les protestants soulevèrent à cette époque en Bohême et en Autriche, puis la mort de Gaspard Hoffmann, qui survint en 1623, arrêtèrent le cours des négociations. Elles furent reprises quelque temps après, et le successeur de Gaspard Hoffmann, Reiner de Landau, eut la joie de voir acceptée par onze abbés et approuvée solennellement par le pape Urbain VIII, en 1625, l'Observance de Melk. Cinq ans plus tard, stimulé par cet exemple, l'abbé de Fulde conçut le dessein d'unir par un lien semblable tous los monastères d'Allemagne. Deux assemblées générales, tenues à Ratisbonne, arrêtèrent les bases de cette pieuse confédération et des procureurs furent envoyés à Rome et à la cour impériale pour obtenir la confirmation du Pape et de l'empereur. L'invasion que les Suédois firent en Allemagne rompit tous ces projets. De l'organisation projetée en Allemagne, rien ne subsista en apparence que la congrégation de Salzbourg, érigée.eri. 1611, et comprenant tous les monastères de ce diocèse ; l'union des monastères autrichiens sous la Règle de Melk ne parait pas avoir subsisté au delà de 1650 ; mais tant d'efforts ne furent pas sans fruits. En 1696, un grand nombre de monastères étaient fiers de se dire membres de l'Union de Melk et en suivaient au moins l'esprit ; la célèbre abbaye devenait de plus en plus, suivant l'expression de son historien[45], une pépinière de supérieurs, un séminaire de savants et une académie d'histoire. A cet âge d'or devait malheureusement succéder un âge de fer, lorsque le despotisme joséphite essaya d'asservir les successeurs de Gaspard Hoffmann au régime de son étroite bureaucratie[46].

C'est à la sanctification du clergé séculier que se consacra Barthélemy Holzhauser. Ce saint prêtre, né en 1613 à Langnau, dans le district d'Ulm, et mort à Binden en 1658, était le fils d'un pauvre ouvrier cordonnier. Des personnes charitables, qui le rencontrèrent tout enfant chantant des hymnes sur les routes, le firent admettre dans une école, puis chez les jésuites d'Ingolstadt, qui lui enseignèrent la philosophie. C'était une âme mystique, contemplative, éprise de silence et de paix, et vraisemblablement favorisée de grâces surnaturelles spéciales. Or, il se trouva que ce mystique eut la vue la plus nette des maux dont souffrait le clergé de son temps et sut trouver et mettre en œuvre les moyens les plus propres à les guérir. La décadence du clergé séculier, destiné à être au milieu des peuples la lumière du monde et le sel de la terre, lui paraissait le grand mal de son époque. Et de ce mal il découvrait trois causes : l'oisiveté, les distractions mondaines et le mauvais usage des biens d'Église. C'est pourquoi, dit un de ses biographes, afin de prévenir et d'éviter les maux que produisent ces trois désordres, le saint réformateur s'étant associé quelques prêtres pénétrés du même esprit, ils commencèrent tous ensemble, premièrement par demander à leur évêque de l'emploi, en se soumettant à ses ordres, avec un si grand détachement qu'ils lui promirent de ne plus avoir d'autre volonté que la sienne ; en sorte qu'il pourrait disposer d'eux selon qu'il le jugerait à propos pour le bien et l'utilité du prochain ; secondement, ils vécurent ensemble sous la conduite de leur charitable supérieur, et cela dans des maisons où il ne souffraient aucunes femmes de quelque qualité qu'elles fussent, sous quelque prétexte que ce put être ; troisièmement, ils mirent en commun leurs revenus ecclésiastiques, afin d'être employés à des œuvres de piété pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes[47]. Les constitutions de la nouvelle association, rédigées par Holzhauser, furent hautement approuvées par le cardinal San-Felice, nonce du Pape à Cologne, qui aimait à les appeler la moelle des canons de l'Eglise, medulla canonum. Le Pape Innocent XI les confirma solennellement en 1680. La nouvelle société, connue dès lors sous le nom de société des Barthélemites, se répandit rapidement, pour le grand bien de l'Eglise. Elle fut introduite en Hongrie vers 1676, en Espagne et en Pologne cinq ans plus tard.

L'association établie dans un diocèse y avait toujours trois maisons. La première renfermait les aspirants à l'état ecclésiastique. Ils étaient envoyés dans les écoles publiques pour en suivre les cours, mais leur éducation morale et religieuse se faisait à l'intérieur de la maison, par la pratique quotidienne de l'oraison, par des instructions destinées à développer en eux les vertus de leur état ; par la lecture de la Sainte Ecriture, de l'histoire ecclésiastique et de la vie des saints, par des exercices propres à les former aux cérémonies ecclésiastiques et à la prédication[48]. La seconde maison était destinée à des prêtres en activité de service, qui mettaient en commun les revenus de leur charge, mais dont chacun toutefois disposait d'une certaine somme pour ses œuvres de charité et pour ses parents. La troisième maison, alimentée par des contributions annuelles prélevées sur les revenus de la seconde recevait des prêtres qui, vu leur âge ou leurs infirmités avaient besoin de repos. L'évêque avait le droit de surveiller toutes les maisons de l'institut et de disposer des prêtres à son gré. L'institut avait un président, qui devait promettre une obéissance spéciale au Pape et visitait chaque année les établissements soumis à son autorité. Il est inutile de faire remarquer le bien immense qu'une pareille association opéra en Allemagne.

Des causes analogues à celles qui troublèrent l'Union des monastères d'Allemagne, entravèrent plus tard le zèle des Barthélemites. On les retrouve cependant jusqu'à là fin du XVIIIe siècle chargés de la direction de plusieurs séminaires, notamment en Souabe et en Bavière[49].

 

 

 



[1] Prosper BOISSONNADE, dans l'Hist. générale de LAVISSE et RAMBAUD, t. V, p. 649. Cf. CHARLES WEISS, l'Espagne depuis le règne de Philippe II jusqu'à l'avènement des Bourbons, 2 vol. in-8°, Paris, 1844, où les causes de la décadence politique et économique de l'Espagne sont longuement étudiées.

[2] Nous avons vu, au cours du précédent volume (La Renaissance et la Réforme), comment la révolution protestante, en rendant nécessaires des répressions énergiques, en exaltant la puissance des rois dans l'ordre spirituel et en brisant l'influence pondératrice et moralisante du clergé, avait favorisé et consolidé partout, même chez les nations restées catholiques, le pouvoir absolu des rois.

[3] On sait que Philippe III mourut, victime de l'étiquette, des suites d'un érysipèle au visage, parce que son chambellan, le duc d'Uzeda, qui avait seul droit d'entrer dans son appartement, n'était point là pour enlever un brasero trop chaud. Le fait est raconté par Bassompierre, qui déclare en tenir le récit du marquis de Pobar, témoin oculaire. — BASSOMPIERRE, Ambassades en Espagne, etc., Cologne, 1661, p. 228.

[4] Cervantès.

[5] C. SOMMERVOGEL, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. VIII, col. 1946.

[6] Sur la question de savoir si MM. de Port-Royal sont vraiment les auteurs de la traduction qui leur est généralement attribuée, voir SOMMERVOGEL, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. VIII, col. 1953, 1954.

[7] Le Pape Léon XIII l'a canonisé le 15 janvier 1882.

[8] Voir, sur la Constitution de la Propagande par Grégoire XV, DE MARTINIS, Juris pontificii de propaganda fide, part. I, t. I, p. 1.

[9] Cf. R. P. ZIMMERMANN, dans le Dict. de théologie de VACANT, t. II, col. 1783. Sur la congrégation de Saint-Elie, voir HÉLYOT, Hist. des Ordres monastiques, t. I, p. 356-358.

[10] Voir le récit de ces épreuves dans HÉLYOT, Hist. des ordres monastiques, t. II, p. 323-326.

[11] HÉLYOT, II, 323.

[12] HÉLYOT, II, p. 327. Jean-Baptiste de la Conception a été béatifié par Pie VII, le 29 avril 1819.

[13] Elle était née en 1565 de Louis Navarre de Guerava et de Jeanne Romero.

[14] Marie-Anne de Jésus a été béatifiée par Pie VI, le 25 mai 1783.

[15] Jean de Ribera a été béatifié par Pie VI le 30 août 1796. Cf. JULIO ALARCON, S. J., El Beato Juan de Ribera, 1 vol. in-8°, Bilbao, 1896.

[16] HÉFÉLÉ, au mot Mauren, dans le Kirchenlexicon, t. VIII, p. 1050 (édition de 1893).

[17] C'était, a écrit Richelieu, le conseil le plus barbare dont l'histoire de tous les siècles précédents fasse mention. Cette condamnation sévère a été reproduite et même aggravée par la plupart des historiens, même catholiques. Voir Histoire Générale de LAVISSE et RAMBAUD, t. V, p. 652-653. — CANTU, Histoire universelle, t. XV, p. 186. — VACANDARD, l'Inquisition, p. 239. — LANGLOIS, L'Inquisition d'après les travaux récents, Paris, 1902, p. 110. Mais l'appréciation favorable émise par Héfélé et défendue dans un savant article de la Gazette de Gœttingue, à la date du 28 juillet 1842, vient d'être victorieusement établie dans le magistral ouvrage de DON BORONAT Y BARRACHINA, Los Moriscos y su expulsion, 2 vol. in-8°, Valencia, 1901. On ne peut plus douter que le péril morisque ait gravement menacé la sécurité de l'Espagne sous Philippe IV.

[18] BORONAT Y BARRACHINA, Los Moriscos y su expulsion, II, 313.

[19] BORONAT Y BARRACHINA, Los Moriscos y su expulsion, I, 1.

[20] GERMONT DE LAVIGNE, La sœur Marie d'Agréda et Philippe IV, correspondance inédite traduite de l'espagnol d'après un manuscrit de la bibliothèque impériale, Paris, 1855, p. 19-21. Cf. Don FRANCISCO SILVELA, Cartas de la ven. madre sor Maria de Agreda y del senor rey Felipe IV, Madrid, 1890. Cette seconde publication est plus complète.

[21] VAN DEN GHEYN, Marie d'Agréda, dans le Dict. de théol. de VACANT, t. I, col. 628.

[22] GERMONT DE LAVIGNE, La sœur Marie d'Agréda et Philippe IV, p. 23.

[23] GERMONT DE LAVIGNE, La sœur Marie d'Agréda et Philippe IV, p. XXIII.

[24] GERMONT DE LAVIGNE, La sœur Marie d'Agréda et Philippe IV, p. VI.

[25] GOERRES, La mystique divine, trad. SAINTE-FOI, 2e éd., t. II, p. 118. Quelle est la valeur dogmatique de cette œuvre ? La vie sainte de Marie d'Agréda crée un préjugé favorable à sa bonne foi. Mais on sait, d'autre part, que les écrivains mystiques n'ont point, pour raconter leurs révélations, l'assistance divine que Dieu a accordée aux écrivains sacrés ; et la culture restreinte de la pieuse abbesse, son ignorance de la théologie et de l'histoire ont pu la faire tomber dans plus d'une erreur. L'erreur de ma part est possible, dit-elle elle-même dans sa préface ; et je m'en réfère pour cela à la correction de la sainte Eglise. Introduction à la 1re partie, n° 14. On sait que Bossuet a jugé sévèrement ce livre. Voir Œuvres de Bossuet, éd., Lebel, t. XXX, p. 637-646 ; t. XL, p. 172, 204-207 ; t. XLI, p. 92.

[26] Sous Philippe IV, de nombreux conflits éclatèrent entre la Cour de Madrid et le Saint-Siège. Innocent X alla jusqu'à rappeler son nonce en Espagne, Gaétani, et à faire fermer la nonciature. Voir sur ces conflits HERGENRÖTHER, Hist. de l'Eglise, trad. BELET, t. VI, p. 191-192, et surtout un article du savant cardinal dans les Archives du droit canon de 1863, Nouv. série, t. IV, p. 4 et s.

[27] Niun secolo lu mai all' Italia cosi tranquillo e sieuro come Il diciassettesimo. TIRABOSCHI, Storia della letteratura italiana, t. VIII, part. I, p. 1.

[28] Bull. Rom., t. V, p. IV, p. 297.

[29] HÉLYOT, Hist. des ordres monastiques, t. IV, p. 272-273.

[30] HÉLYOT, t. IV, planche 59.

[31] HÉLYOT, t. IV, planche 34.

[32] Il avait été attiré en Italie par Marie de Médicis en 1601.

[33] HÉLYOT, t. IV, planche 61.

[34] HÉLYOT, t. IV, p. 308-309, planches 66 et 67.

[35] HÉLYOT, t. IV, p. 297 et s.

[36] HÉLYOT, t. IV, p. 246 et s.

[37] HÉLYOT, t. IV, p. 248-249.

[38] Sur la doctrine de saint Philippe de Néri relativement à la communion fréquente, voir Bollandistes, t. IV, Maii, p. 553 ; mais il faut reconnaître que les apôtres de la communion très fréquente et même quotidienne se rencontraient également en Espagne. Tels étaient les bénédictins Chinchilla et Marzilla, le chartreux Antoine de Molina, et surtout le Frère de la Merci, Jean Falconi. Voir Dict. de théol., VACANT, t III, col. 537, 538.

[39] P. LE BACHELET, au mot Canisius, dans le Dict. de théologie de VACANT-MANGENOT. Le Pape Léon XIII a pu appeler Canisius le second apôtre de l'Allemagne après saint Boniface. Alterum post Bonifacium Germanie apostolum. LÉON XIII, Encyclique du 1er août 1897. Sur l'œuvre de Canisius voir JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, t. VII, p. 86, 576-578 et passim.

[40] JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, t. VI, p. I-XI.

[41] Cité par JANSSEN, VII, 632.

[42] JANSSEN, VII, 656.

[43] Cf. HERGENRÖTHER, Hist. de l'Église, t. VI, p. 179.

[44] HÉLYOT, t. VI, p. 220. V. BERLIÈRE, La Réforme de Melk au XVIe siècle, dans la Revue Bénédictine, t. XII, 1895.

[45] KEILBLINGER, Histoire de l'abbaye de Melk, Vienne, 1851, t. I, p. 961.

[46] Cf. HÉLYOT, VI, 217-224.

[47] HÉLYOT, VIII, 119.

[48] HÉLYOT, VIII, 123-124.

[49] Cf. GADUEL, Vie de Barthélemy Holzhauser.