I. — DOCUMENTS. Les sources générales de l'histoire des XIe, XIIe et XIIIe siècles se trouvent dans les recueils suivants : Patrologie latine et grecque, de MIGNE ; Monumenta Germaniæ historica, de PERTZ ; Scriptores rerum italicarum, de MURATORI ; Recueil des historiens des Gaules et de la France, entrepris par Dom BOUQUET et continué par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; Corpus scriptorum historia byzantinœ, commencé sous la direction de NIEBUHR ; Oriens christianus, de LE QUIEN ; Bibliotheca orientalis, d'ASSENAMI ; Recueil des historiens des croisades, publié par l'Académie des Inscriptions ; Histoire littéraire de la France, commencée par Dom RIVET ; Acta sanctorum, publiés par les Bollandistes ; collections des actes des conciles, par MANSI, LABBE, HARDOUIN, SIRMOND ; Regesta pontificum romanorum, de JAFFÉ et POTTHAST ; Liber pontificalis, édité par Mgr DUCHESNE ; Vitæ pontificum romanorum, de WATTERICH ; Regesta imperii, de BŒHMER ; Gallia christiana ; Monumenta Gregoriana, de JAFFÉ ; Archives de l'Orient latin, de RIANT ; Traités de paix concernant les chrétiens et les Arabes, de MAS-LATRIE ; Historia diplomatica Frederici secundi, d'HUILLARD-BRÉHOLLES. L'Ecole française de Rome a mis à la portée des historiens des sources précieuses en publiant les registres d'un grand nombre de papes. Signalons, pour la période qui nous occupe : le Registre de Grégoire IX, par L. AUVRAT ; le Registre d'Innocent IV, par E. BERGER ; le Registre d'Alexandre IV, par DE LA RONCIÈRE, DE LOYE et COULOM ; le Registre d'Urbain IV, par J. GUIRAUD ; le Registre de Clément IV, par E. JORDAN ; les Registres de Grégoire X et Jean XXI, publiés en un volume, avec quelques lettres d'Innocent V et d'Adrien V, par L. CADIER et J. GUIRAUD ; le Registre de Nicolas III, par Jules GAY ; le Registre de Martin IV, par R. POUPARDIN ; le Registre d'Honorius IV, par M. PROU ; le Registre de Nicolas IV, par E. LANGLOIS. Dans cette publication, les documents qui ont une vraie valeur historique sont seuls reproduits intégralement ; les lettres sans intérêt général ne sont représentées que par une indication sommaire de leur contenu. M. Léopold DELISLE a publié des Lettres inédites d'Innocent III. (Bibl. de l'Ecole des chartes, 1873, p. 397 et s. Cf. Ibid., 1885, p. 84 et s. ; 1886, p. 80 et s. ; 1896, p. 517 et s.) On trouvera les listes méthodique et alphabétique de toutes les collections où figurent les chroniques du Moyen Age dans la Bibliotheca historica medii œvi, de POTTHAST (2 vol. in-8°, Berlin, 1895-1896). Un travail analogue a été fait pour la littérature théologique dans le tome IV du Nomenclator litterarius, du P. HURTER (Theologia catholica tempore medii œvi) ; pour la littérature hagiographique, dans la Bibliotheca hagiographica, des Bollandistes (Bruxelles, 1888-1900) ; pour les chansons de geste, dans la Bibliographie des chansons de geste, de Léon GAUTIER. Le Répertoire des sources historiques du Moyen Age, du chanoine Ulysse CHEVALIER, embrasse toute la littérature médiévale. Pour l'explication des termes obscurs qu'on rencontrera dans les documents, on consultera le Glossarium ad scriptores media et infimœ latinitatis, de DU CANGE (édition Favre, Paris, 1883-1887, 10 vol. in-4°). Pour l'identification des noms de lieux, on aura recours à la Topo-bibliographie, de CHEVALIER (tome II de son Répertoire) ; au Dictionnaire latin français de noms propres de lieux ayant une certaine notoriété au point de vue ecclésiastique et monastique, par l'abbé CHEVIN, un vol., Paris, 1897 ; à l'Index de conciliis, qui se trouve au tome II des Indices, de MIGNE, col. 1065-1106 ; à l'Index monasteriorum ; à l'Index diœceseon et à l'Index urbium episcopalium du tome III des mêmes Indices, col. 1009 1250. BAILLET a publié, en 1703, sous le voile de l'anonymat, à Paris, chez Roulland, un volume in-8°, intitulé Topographie des saints, où l'on rapporte les lieux devenus célèbres par la naissance, la demeure, la mort, la sépulture et le culte des morts. Cette œuvre a été refaite et complétée dans la Table topographique donnée par Mgr Paul GUÉRIN au tome XVII des Petits Bollandistes. La Bibliotheca latina media et infimœ latinitatis, de FABRICIUS (Padoue, 1764, 6 vol. in-4°, édition MANSI), est un répertoire alphabétique de toute la littérature latine au Moyen Age ; la littérature historique y est comprise. Les Tables chronologiques des diplômes, chartes, etc., imprimés, concernant l'histoire de France, de BRÉQUIGNI, commuées par l'Académie des Inscriptions, ont, au contraire, comme leur titre l'indique, une portée assez restreinte, puisqu'elles ne concernent qu'une seule nation ; néanmoins beaucoup des pièces mentionnées ont un grand intérêt pour l'histoire générale de l'Eglise. On doit faire la même remarque au sujet de la Biblioleca biobibliografica della Terra santa et dell' Oriente francescano, par G. GOLUBOVICH, O. F. M., 2 vol. in-8°, Quaracchi, 1906-1913. Quand une source s'est rencontrée dans plusieurs des recueils mentionnés ci-dessus, nous avons cité de préférence la Patrologie de Migne, comme l'ouvrage le plus à portée du commun des lecteurs. On sait, d'ailleurs, que cette Patrologie, malgré son titre, n'est pas un simple recueil des œuvres des Pères : elle comprend toute la littérature chrétienne, historique, théologique, poétique, liturgique, ascétique, oratoire, épistolaire, jusqu'au XIIIe siècle. II. — OUVRAGES. I. — On trouvera des vues synthétiques sur le Moyen Age dans les ouvrages suivants : Godefroid KURTH, Qu'est-ce que le Moyen Age ? une brochure in-12°, Paris, 7° édition, 1909 ; LECOY DE LA MARCHE, Le commencement et la fin du Moyen Age, dans la Guerre aux erreurs historiques, un vol. in-12°, Paris, 1891, p. 146-156 ; E. LAVISSE, Vue générale de l'histoire politique de l'Europe, un vol. in-12°, Paris, 1890, p. 41-107 ; Frédéric SCHLEGEL, Philosophie de l'histoire, trad. LECHAT, 2 vol. in-8°, Paris, 1836, t. II, p. 130-220 ; G. GOTAU, Vue générale de l'histoire de la papauté, dans le Vatican, la papauté et la civilisation, de GOTAU, PÉRATÉ et FABRE, un vol. in-12, Paris, p. 50-113 ; MONTALEMBERT, préface de l'Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie. II. — L'histoire de la papauté du Xe au XIIIe siècle a donné lieu à d'importants travaux. L'ouvrage de Mgr DUCHESNE, les Premiers Temps de l'Etat pontifical (un vol. in-12°, 2e édition, Paris, 1904), a pour objet d'expliquer comment s'est formé l'Etat pontifical et comment les conditions dans lesquelles il a fonctionné pendant les trois premiers siècles de son existence se rattachent aux grands conflits religieux du temps de Grégoire VII. (Préface, p. VI-VII.) L'auteur a composé son livre en s'appuyant uniquement sur les documents originaux. Il est sobre de références, et se rapporte aux explications données dans ses notes du Liber pontificalis. L'étude très consciencieuse de M. GOSSELIN, Pouvoir du pape au Moyen Age ou recherches historiques sur l'origine de la souveraineté temporelle du Saint-Siège et sur le droit public du moyen âge relativement à la déposition des souverains (nouvelle édition, considérablement augmentée, un vol. in-8°, Paris, 1845), est un travail qui, malgré son ancienneté, conserve sa valeur, et doit être consulté par quiconque désire étudier l'importante question du pouvoir temporel des papes au Moyen Age. Nous dirons de même du livre de M. Henri DE L'EPINOY, le Gouvernement des papes et les révolutions dans les Etats de l'Eglise (un vol. in-12, 2e édition, Paris, 1867). Ces deux derniers ouvrages sont riches de références aux documents originaux et aux ouvrages parus sur la matière. Les papes des XIe, XIIe et XIIIe siècles ont donné lieu à de nombreux travaux, parmi lesquels il faut mentionner : la Vie de Gerbert, premier pape français sous le nom de Silvestre II, par A. OLLÉRIS, un vol. in-12°, Clermont-Ferrand, 1867 (Cette biographie, due au savant éditeur des Œuvres de Gerbert, Clermont-Ferrand, 1867), témoigne d'une étude attentive des documents ; mais elle doit être complétée par les articles parus en 1869 dans les Etudes sous la signature du P. COLOMBIER et par la discussion qui s'en est suivie, dans la même revue, entre le P. Colombier et M. Olléris) ; Saint Léon IX, par Eugène MARTIN, un vol. in-12°, 2e édit., Paris, 1900 ; Un pape alsacien, saint Léon IX et son temps, par O. DELARC, un vol. in-8°, Paris 1876 ; l'Alsace et l'Eglise au temps du pape Léon IX, par le P. BRUCKER, 2 vol. in-8°, Paris, 1889 ; le Pape Etienne IX, par Ulysse ROBERT, un vol. in-8°, Bruxelles, 1892 ; Saint Grégoire VII et la réforme de l'Eglise au XIe siècle, par O. DELARC, 3 vol. in-8°, Paris, 1889-1890 — Cette œuvre, écrite d'après les sources, que l'auteur cite toujours de première main, mais un peu alourdie par la traduction intégrale de longs documents, ne comprend pas seulement l'histoire du pontificat de saint Grégoire VII. et ne se borne même pas à recueillir dans les pontificats antérieurs ce qui se rapporte à Hildebrand ; elle donne l'histoire complète de Clément Il, Damase II, Léon IX, Victor II, Etienne IX, Nicolas II et Alexandre II ; le tome II est consacré presque tout entier à ce dernier pontificat — ; Un pape français, Urbain II, par L. PAULOT, un vol. in-8°, Paris, 1903 ; Histoire du pape Calixte II, par U. ROBERT, un vol. in-8°, Paris, 1891 ; Vita del Beato Eugenio III, par SAINATI, Monza, 1874. Un religieux cistercien, Jean DELANNES, a publié au XVIIIe siècle une Histoire du pontificat d'Eugène III, un vol in-8°, Nancy, 1737 ; cette histoire sera utilement complétée et rectifiée par la Vie de saint Bernard de VACANDARD ; le même P. DELANNES a donne à Paris, en 1741, un vol. in-12° sur le Pontificat d'Innocent II. Le grand pontificat d'Innocent III avait d'abord tenté la plume de l'historien protestant Frédéric HUBTER, lequel donna en quatre volumes, de 1834 à 1843, une histoire magistrale de ce pontife. Il en a été publié une traduction française, divisée en deux ouvrages distincts : Histoire du pape Innocent III, trad. SAINT-CHÉRON et HAIBER, Paris, 3 vol. in-8°, 2° édit., 1855, et Tableau des institutions et des mœurs de l'Eglise au Moyen Age, trad. G. COHEN, 3 vol. in-8°, Paris, 1843. D'une érudition et d'une impartialité incontestables, l'ouvrage n'était plus au courant de la science historique au XXe siècle. M. Achille LUCHAIRE a publié, de 1901 à 1908, une nouvelle histoire d'Innocent III en 6 volumes in-12°. Une révision complète des registres d'Innocent III avait préparé à cette œuvre le savant professeur de Sorbonne. Une réelle sympathie pour l'œuvre et la personne du grand pontife, puises dans leur ensemble, donne à l'ouvrage beaucoup de mouvement et de vie. Mais, étranger au catholicisme, d'une ignorance manifeste relativement à plusieurs de ses dogmes et de ses pratiques, imbu même de préjugés hostiles à son égard , M. Luchaire a été amené à méconnaître, sur plus d'un point, l'œuvre du grand pape, à noircir outre mesure les tableaux de la vie religieuse au XIIIe siècle, à faussement interpréter plusieurs démarches entreprises dans le plus pur esprit évangélique, à user même, çà et là, d'un ton de persiflage qui rend plus amère l'injustice de l'appréciation. Les corrections loyalement apportées par M. Luchaire dans un appendice de son dernier volume ne suffisent pas à rétablir complètement les droits de la vérité. On doit faire remarquer aussi que l'auteur, voulant faire une œuvre de vulgarisation, a, de parti pris, négligé de donner les références sur lesquelles il appuie ses jugements, et qu'on ne trouve, dans ses six volumes, aucune note bibliographique qui puisse guider le lecteur désireux d'approfondir par ses propres recherches l'histoire du grand pape. L'opuscule de Paul DESLANDRES sur Innocent IV et la chute des Hohenstaufen, in-12° de 64 p., Paris, 1907 ; l'Histoire du pape Urbain IV et de son temps, par E. GEORGES, Paris, 1866 ; la Vita di san Pietro del Morrone, Celestino papa V, Sulmona, 1896, et l'Histoire de Boniface VIII et de son temps, par Dom TOSTI, trad. Marie Duclos, 2 vol. in-8°, Paris, 1854, renseigneront sur les derniers papes du XIIIe siècle. On trouve des vues d'ensemble sur l'histoire des papes du moyen âge dans les deux ouvrages de Félix ROCQUAIN, la Papauté au moyen âge, un vol. in-8°, Paris, 1881, et la Cour de Rome et l'esprit de réforme avant Luther, 3 vol. in-8°, Paris, 1893-1897. M. Félix Rocquain excelle à réunir, dans ses ouvrages, l'intérêt du récit et la richesse de l'érudition ; mais pourquoi faut-il qu'il réserve toutes ses sévérités pour les papes, toutes ses sympathies pour les précurseurs du protestantisme et de la Révolution ? Le savant historien dépense beaucoup de talent à noircir les premiers et à blanchir les seconds, et il croit être arrivé à cette conclusion qu'à proportion que la papauté grandit, elle s'éloigne du rôle auquel elle avait dei sa puissance... qu'après avoir été un principe d'ordre et d'unité, elle devient un principe de trouble et de désorganisation. (Préface de la Papauté au Moyen Age, p. X.) La lecture de l'œuvre de M. Rocquain ne peut être utile qu'à celui qui saura se mettre en garde contre les tendances de l'auteur. Il ne faudrait pas d'ailleurs s'attendre à trouver dans la Papauté au Moyen Age une histoire complète des papes de cette époque. Le volume qui porte ce titre ne comprend qu'une série de quatre études sur Nicolas Ier, Grégoire VII, Innocent III et Boniface VIII ; et l'auteur s'y montre beaucoup moins préoccupé de raconter les principaux événements que d'aborder des questions peu connues, telles que celles qui se rattachent, par exemple, à l'organisation et au personnel de la chancellerie pontificale, à l'authenticité des Dictatus papæ de Grégoire VII, à la classification des lettres d'Innocent III, etc. Plus récemment, M. Louis HALPHEN a publié une étude très documentée sur l'Administration de Rome au Moyen Age, un vol. in-8°, Paris, 1907. III. — M. James BRYCE a donné, sous le titre de The Holy Roman Empire, une histoire générale du Saint Empire romain germanique, traduite en français par E. Domergue, un vol. in-8°, Paris, 1890. Nous avons mis à profit plusieurs vues intéressantes de ce savant ouvrage ; mais M. Ernest Lavisse, dans la préface qu'il a mise en tête de la traduction française, reconnaît sans ambages que l'auteur y laisse voir une prédilection pour l'hérésie et pour le germanisme (p. XL.). Ce défaut ne se rencontre pas dans le volume plus modeste de M. Jean BIROT, le Saint Empire, un vol. in-18°, Paris, 1903. S'inspirant de l'œuvre de James Bryce, l'auteur montre mieux que l'historien anglais comment les pontifes romains, dans leur lutte contre l'empire germanique, sauvèrent à la fois la liberté de l'Eglise et l'indépendance de l'Italie. La question de la lutte du sacerdoce et de l'empire au moyen âge a été plus spécialement traitée dans les quatre volumes in-8° publiés à partir de 1841, par Charles DE GUERRIER, Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe... jusqu'à la mort de Conradin. L'auteur, qui avait dépouillé un grand nombre d'archives et de bibliothèques de France, d'Allemagne et d'Italie, expose bien les faits, et se plaît à en donner des appréciations philosophiques parfois profondes ; mais on doit lui reprocher une tendance trop marquée pour la cause des empereurs. Plus récemment, des historiens ont considéré deux aspects nouveaux de la grande lutte. Paul FABRE, dans sa remarquable Etude sur le Liber censuum de l'Eglise romaine, Paris, 1892, et, à sa suite, plusieurs autres historiens de France et d'Allemagne, ont étudié le côté économique de la question. D'autres ont porté leur attention sur les théories politiques formulées au cours des conflits entre l'Eglise et l'Etat. On doit signaler en ce sens deux ouvrages italiens : SCADUTO, Stato e Chiesa negli scritti politici dalla fine dalla lotta per le investiture a Lodovico il Bavaro (1122-1347) (Firenze, 1882), et surtout A. SOLMI, Stato e Chiesa secondo gli scritti politici da Carlomagno lino al concordato di Worms (800-1122), in-8°, Modena, 1901. Ces deux études sont complétées par celle de Mgr BAUDRILLART, Des idées qu'on se faisait au XIVe siècle sur le droit d'intervention du Saint-Père en matière politique. (Revue d'hist. et de litt. rel., t. III, 1898. p. 193-223, 309-337.) L'histoire de la querelle entre le Sacerdoce et l'Empire est traitée avec toute son ampleur dans l'Histoire des conciles de Mgr HÉFÉLÉ, tomes V et VI. Le nouveau traducteur a pris soin de relever les passages où l'auteur parait trop influencé par ses idées germaniques. Il a enrichi le texte d'une abondante bibliographie et de nombreuses notes, d'une allure parfois très hardie. IV. — Après la question de la lutte contre l'Empire, il n'est pas de question qui ait plus préoccupé les papes du Moyen Age que celle des croisades. On trouvera un exposé succinct et complet de l'état actuel des sciences historiques sur ce sujet dans le volume de M. Louis BRÉHIER, l'Eglise et l'Orient au Moyen Age, in-12°, 2e édition, Paris, 1907. L'Histoire des croisades, de MICHAUD, édit. de 1824-1829, 7 vol. in-8°, n'a plus qu'une faible valeur scientifique. Sur chacune des croisades, sur l'histoire des Etats latins d'Orient et sur les diverses institutions dont les croisades ont été l'occasion, de nombreuses monographies ont été publiées, dont on aura la nomenclature complète dans l'ouvrage de M. Bréhier. Des revues spéciales, telles que la Revue de l'Orient chrétien, la Revue de l'Orient latin, les Echos d'Orient, le Journal asiatique et l'Oriens Christianus (de Leipzig), publient périodiquement des documents et des études relatifs aux peuples orientaux. Le livre de M. BOUSQUET, l'Unité de l'Église et le schisme grec, un vol. in-12°, Paris, 1913, se rattache intimement, par plusieurs de ses chapitres, aux questions orientales traitées dans le présent volume ; il est l'œuvre d'un historien particulièrement informé et consciencieux. V. — Les questions concernant plus spécialement la France trouveront leur développement dans l'Histoire de l'Eglise catholique en France, par l'abbé JAGER, 16 vol. in-8°, Paris, 1862-1868, ouvrage très sûr au point de vue de l'orthodoxie, mais qui aurait besoin d'être rajeuni sur plus d'une question au point de vue de la science historique. Les tomes II et III de l'Histoire de France, de LAVISSE, œuvres de MM. LUCHAIRE et LANGLOIS, ont le mérite d'une information plus récente ; mais nous devons renouveler ici les observations faites plus haut à propos de l'Innocent III, de M. LUCHAIRE. Le fonds chrétien de l'âme de saint Bernard, de saint Thomas Becket et de saint Louis n'y est pas plus atteint que le fonds chrétien de l'âme du grand pape. On attribue, la plupart du temps, à de mesquines considérations humaines ce qui a son origine dans les plus pures intentions surnaturelles. Cette méconnaissance de la sainteté, explicable chez des historiens incroyants, fausse leur psychologie et les conduit même parfois à mal interpréter, sans qu'ils s'en doutent, les sources originales elles-mêmes. On rencontrera des vues plus justes sur l'histoire de l'Eglise en France au Moyen Age dans des biographies écrites par des savants chrétiens, par exemple dans la Vie de saint Bernard, par VACANDARD, 2 vol. in-L2, Paris, 1895, ou Saint Louis et son temps, par WALLON, 2 vol. in-8°, Paris, 1875. Ce dernier ouvrage dépend beaucoup de la Vie de saint Louis par LE NAIN DE TILLEMONT, ce chef-d'œuvre de l'érudition française, dont J. de Gaulle a donné une édition en 6 vol. in-8°, Paris, 1847-1851. VI. — L'histoire de l'Eglise en Angleterre pendant le Moyen Age est assez largement traitée dans l'Histoire d'Angleterre de LINGARD, traduite en français, en 14 vol. in-8°, Paris, 1825-1831. L'ouvrage de Lingard fait autorité même auprès des protestants. Le livre d'Albert DU BOYS, l'Eglise et l'Etat en Angleterre depuis la conquête des Normands, un vol. in-12, Paris, 1887, ne développe pas moins l'histoire religieuse en Grande-Bretagne, et s'appuie sur une documentation plus récente. L'étude de Mlle Else GÜTSCHOW, Innocenz III und England, un vol. in-8°, Munich, 1905, éclaire un des épisodes les plus importants de cette histoire. VII. — L'Histoire universelle de César CANTU (trad. française en 19 vol., Paris, 1843-1862) et son Histoire des Italiens font une grande part à l'histoire religieuse de l'Italie au Moyen Age. Des monographies plus récentes ont renouvelé sur certains points cette histoire. Notons l'Histoire de la domination normande en Italie, par F. CHALANDON, in-8°, Paris, 1907 ; l'Italie méridionale et l'Empire byzantin, par Jules GAY, in-8°, Paris, 1904 ; les Origines de la domination angevine en Italie, par E. JORDAN, in-8°, Paris, 1909 ; les diverses biographies de saint François d'Assise. VIII. — C'est dans l'Histoire générale d'Espagne, du P. Juan MARIANA, publiée d'abord en latin en 1595-1609, puis en castillan, et traduite ensuite en français, qu'on peut lire l'étude d'ensemble la plus complète de l'histoire religieuse de l'Espagne au Moyen Age. La vie de Saint Ferdinand III, par Joseph LAURENTIE, un vol. in-12, Paris, 1910, donne une bibliographie d'ouvrages complémentaires. IX. — On consultera, avant tout, sur les ordres religieux : HÉLYOT, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, 8 vol. in-4°. Paris, 1714-1721, et Ursmer BERLIÈRE, l'Ordre monastique, des origines au XIIe siècle, un vol. in-12°, Maredsous, 1912 ; sur les écrivains ecclésiastiques : Dom CEILLIER, Histoire générale des auteurs sacrés ecclésiastiques, 25 vol. in-4°, Paris, 1729-1763 ; sur la philosophie : Maurice DE WULF, Histoire de la philosophie médiévale, un vol. in-8°, Paris et Louvain, 1900 ; sur la prédication : LECOY DE LA MARCHE, la Chaire française au Moyen Age, un vol. in-8°, 2e édition. Paris, 1856 ; sur l'Inquisition : VACANDARD, l'Inquisition, étude historique sur le pouvoir coercitif de l'Eglise, un vol. in-12°, Paris, 1907 ; sur les universités : DU BOULAY, Historia Universitatis Parisiensis, 6 vol. in-f°, Paris, 1665-1673, et DENIFLE ET CHATELAIN, Chartularium Universitalis Parisiensis, 4 vol. in-f°, 1889-1907 ; sur la poésie au Moyen Age : Léon GAUTIER, les Epopées françaises, 2e édition, Paris, 1880 ; sur l'art : E. MALE, l'Art religieux du XIIe siècle en France, un vol. in-4°, Paris, 1910 (ouvrage capital, qui a renouvelé l'histoire de l'art religieux au Moyen Age) ; sur les corporations : MARTIN SAINT-LÉON, Histoire des corporations, édition revue, un vol. in-8° Paris, 1910 (c'est la meilleure histoire des corporations que nous possédions ; l'érudition est sûre, et les conclusions sont judicieuses) ; sur le mouvement industriel et commercial au Moyen Age : G. FAGNIEZ, Documents relatifs à l'histoire de l'industrie et du commerce en France depuis le Ier siècle jusqu'à la fin du XIIIe siècle, un vol. in-8°, Paris, 1898, et LEVASSEUR, Histoire des classes ouvrières, 2e édition, Paris, 1900-1901 ; sur les œuvres de charité : Léon LALLEMAND, Histoire de la charité, tome III ; l'ouvrage, très consciencieux et animé d'un excellent esprit, comprend 5 vol. in-8°, Paris, 1902-1913. La collection les Saints, de la librairie Lecoffre-Gabalda, a donné les biographies de plusieurs saints des XIe, XIIe et XIIIe siècles. La Revue des questions historiques, la Revue historique, la Revue le Moyen Age, la Bibliothèque de l'Ecole des Charles, la Revue d'histoire ecclésiastique, de Louvain, la Revue bénédictine et les Etudes tiennent au courant des découvertes historiques à mesure qu'elles se produisent, et ne laissent paraître aucun ouvrage important sur l'histoire de l'Eglise au Moyen Age sans en rendre compte. Nous croyons opportun de signaler en terminant, comme instruments utiles de recherches, deux volumes récemment parus. Le premier est la Hierarchia catholica medii œvi de Conrad EUBEL, un vol., in-4°, Munster, 1913, qui marque un progrès sur la Series episcoporum de GAMS. Le second est l'ouvrage de Marc VATASSO, Initia Patrum aliorumgue scriptoram ecclesiasticorum latinorum, 2 vol. in-8°, Rome, 1906 et s. Cette publication contient le relevé alphabétique des premiers mots de tous les ouvrages, traités, préfaces, lettres, pièces de vers, etc., en latin ou en langues modernes, antérieurs au XVIe siècle, contenus dans les deux Patrologies, latine et grecque, de l'abbé Migne et de quelques autres recueils modernes de textes d'auteurs du Moyen Age publiés dans les collections des cardinaux Mai, Pitra, etc. Sur la spiritualité chrétienne, voir P. POURRAT, la Spiritualité chrétienne, t. II, le Moyen Age, vol. in-12°, Paris, 1921. |