I. — LE CANON PRIMITIF DE LA MESSE. Quel fut le canon primitif de la messe ? Y eut-il un formulaire essentiel et premier, d'où sortirent toutes les liturgies ? Le problème ainsi posé paraissait insoluble jusqu'à ces dernières années. La découverte de précieux documents et les patients travaux entrepris sur ces documents par Dom Paul Cagin, religieux bénédictin de Solesmes, semblent y avoir apporté une solution. En comparant entre eux cinq de ces documents, en particulier les Canonum Reliquiæ, fragments latins palimpsestes de Vérone, et le Testament du Seigneur, manuscrit syriaque publié pour la première fois en 1899 par Mgr Rahmani, patriarche des Syriens unis, Dom Cagin est arrivé à cette conclusion, que la pièce originale, dont ces documents sont des traductions indépendantes les unes des autres, est un texte grec, dont le manuscrit de Vérone présente une traduction latine. Voici cette formule de Vérone :
Le morceau qu'on vient de lire, écrit Dom Souben, est évidemment une préface ; mais cette préface contient les éléments principaux du canon de la messe dans toutes les liturgies : récit de la Cène, paroles de la consécration, anamnèse, oblation du sacrifice, épiclèse rudimentaire en vue de la communion des fidèles, doxologie trinitaire. Cette pièce est donc à la fois une préface et une messe ; c'est une messe embryonnaire, où le mouvement de l'action de grâces se poursuit du commencement à la fin. Cette messe est donc une Eucharistie dans toute la force du terme[1]. Quelle serait l'antiquité de cette formule ? Le savant bénédictin n'hésite pas à la reporter à la période apostolique. Il lui parait prouvé, en effet, que la formule insérée dans le Testament du Seigneur dépend du texte grec primitif, auquel il a fait subir des interpolations conçues dans le Lens de l'hérésie monarchienne. Il en résulte que ce texte interpolé porte, par ses archaïsmes, les traces d'une origine très ancienne. Il fait allusion à des charismes qui ne se sont produits qu'au premier siècle. On y lit, par exemple : Eos qui sunt in charismatibus... sustine... qui habent virtutem linguarum robora, etc. Cette question des charismes, conclut Dom Cagin, est, pour un texte qui en est encore saturé, l'équivalent d'un acte de naissance[2]. Voir le développement de cette thèse dans Dom Paul Cagin, l'Eucharistia, canon primitif de la messe, un vol. in-4°, Paris. Desclée et Picard, 1912, et l'Anaphore apostolique et ses témoins, un vol. in-I2, Paris, 1919. II. — LETTRE DES ÉGLISES DE LYON ET DE VIENNE AUX ÉGLISES D'ASIE ET DE PHRYGIE. Cette lettre, écrite en 177, est une des pièces les plus achevées de l'antiquité chrétienne. Son authenticité ne fait aucun doute. Eusèbe, qui en possédait le texte, l'a reproduite intégralement dans son Recueil d'anciens actes des martyrs. Il est possible que saint Irénée en ait été le rédacteur. L'Eglise de France n'a pas de plus glorieux titre de noblesse. Les serviteurs du Christ qui habitent à Vienne et à Lyon, dans la Gaule, aux frères d'Asie et de Phrygie, qui partagent notre foi et notre espérance dans la rédemption, paix, grâce et gloire, par le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous n'essayerons pas de retracer l'atrocité des tortures, la fureur et la rage des païens contre les saints, ni tout ce que nos frères ont souffert, la parole n'y suffirait pas et personne n'en saurait donner le récit complet. L'antique ennemi ramassa toutes ses forces et se jeta sur nous, mais comme il avait formé le dessein de notre perte, il y travailla peu à peu, et d'abord il nous fit sentir sa haine. Il ne négligea rien de tout ce que ses artifices lui ont su fournir de moyens contre les serviteurs de Dieu ; à tel point que non seulement l'accès des lieux publics, des thermes et du forum nous était interdit, mais la rue elle-même avait pour nous ses dangers. La grâce de Dieu combattit pour nous contre le diable, elle soutint ceux dont l'âme était moins fortement trempée et trouva, pour les opposer à l'ennemi, des courages non moins inébranlables que le sont de puissantes colonnes ; ce furent eux qui, par leur vigueur, soutinrent tous les assauts du démon. Ceux-ci donc, arrêtés à l'improviste, supportèrent toute sorte d'outrages et de tourments ; ce qui à d'autres eût semblé terrible et interminable leur paraissait insignifiant, tant ils avaient de hâte à rejoindre le Christ, témoignant par leur exemple que les misères de cette vie sont sans comparaison possible avec la récompense qui nous en sera donnée. D'abord ce furent, à l'égard de tous sans exception, des cris, des coups, des arrestations, des confiscations, la chasse à coups de pierre, la prison, en un mot, tout ce qu'une foule furieuse prodigue d'ordinaire à ses victimes. On supporta tout en patience. Ceux qui avaient été arrêtés furent conduits au forum par le tribun et les duumvirs de la cité et interrogés devant le peuple. Tous confessèrent leur foi et furent jetés en prison jusqu'au retour du légat impérial. Aussitôt arrivé, le légat les fit comparaitre et appliquer à la question préalable avec une extrême cruauté. Vettius Epagathus, l'un de nos frères, tout brûlant de charité pour Dieu et pour son prochain, et qui, jeune encore, s'était attiré, pour l'austère perfection de sa vie, les éloges que l'on accorde à la vertu d'un vieillard tel que Zacharie, marchant sans amertume dans les voies tracées par Dieu, impatient de se rendre utile de quelque façon que ce pût être, Vettius donc, qui assistait à l'interrogatoire, ne put se contenir en présence d'une telle iniquité. Saisi d'indignation, il réclama pour lui le droit de défendre les accusés, se faisant fort de prouver qu'ils ne méritaient pas l'accusation d'athéisme et d'impiété. Les gens qui entouraient le tribunal poussèrent contre lui les vociférations ordinaires. Or il était de grande famille. Le légat repoussa sa requête, encore qu'elle fût absolument légale, et lui demanda simplement s'il était chrétien. Oui, dit-il d'une voix vibrante. Il fut alors mis au nombre des martyrs. Voilà l'avocat des chrétiens, dit le juge en raillant. Vettius possédait au dedans de lui-même l'avocat par excellence, le Saint-Esprit, avec une abondance bien supérieure à celle de Zacharie, puisqu'il lui inspira de se présenter à une mort certaine pour la défense de ses frères. Il fut et ne cesse d'être le disciple de Jésus-Christ et il marche à la suite de l'Agneau partout où il va. Alors commença l'épreuve des combattants. Les premiers martyrs, ardents et préparés, confessèrent la foi solennellement avec une belle vaillance ; mais ceux qui n'étaient ni préparés ni exercés et dont les forces ne pouvaient supporter une attaque si impétueuse faiblirent. Ces dix malheureux nous furent un sujet de grande douleur et de bien des larmes, en même temps qu'ils refroidissaient l'ardeur de ceux qui, demeurés libres, parvenaient, au prix de mille dangers, à se tenir auprès des martyrs et à ne pas les perdre de vue. Tous alors nous attendions, muets d'anxiété, l'issue de la confession de la foi, non pas que nous redoutions tellement les tortures, mais nous appréhendions bien plus les apostasies. Chaque jour de nouvelles arrestations venaient remplir les vides laissés par les défections, et bientôt tous les hommes les plus considérables des deux églises, ceux qui les avaient fondées par leurs travaux, étaient prisonniers. Prisonniers aussi, quoique païens, plusieurs de nos esclaves englobés dans l'ordre d'arrestation en masse donné par le proconsul. Ces malheureux, sous l'inspiration du démon, effrayés par le spectacle des tortures infligées à leurs maîtres et poussés par les soldats de garde, déclarèrent que les infanticides, les repas de chair humaine, les incestes et d'autres abominations que l'on ne saurait dire ni même concevoir, étaient, parmi nous, des réalités, bref, des choses dont nous ne croyons pas que les hommes puissent jamais se rendre coupables. Cette calomnie répandue dans la foule produisit sur-le-champ son effet. Les gens qui, jusqu'à ce moment, à cause des relations de parenté, avaient montré quelque modération à notre égard, furent soudain transportés d'indignation, et crièrent aussi contre nous. Ainsi se trouvait accomplie la parole du Christ : Un jour viendra où celui qui vous tuera s'imaginera rendre ainsi hommage à Dieu. Dès lors, les vénérables martyrs soutinrent des tortures telles, que le langage ne peut les dire, et Satan s'acharnait afin de leur arracher une parole coupable. La fureur du peuple, du proconsul et des soldats s'acharna principalement sur Sanctus, diacre de l'Eglise de Vienne ; sur Maturus, simple néophyte, il est vrai, et néanmoins athlète très généreux du Christ ; sur Attale, natif de Pergame, qui fut toujours la colonne et l'appui de notre Eglise ; sur Blandine enfin, en qui le Christ fit voir que ce qui aux yeux des hommes est vil, informe, méprisable, est en grand honneur auprès de Dieu, qui considère le réel et fort amour, et non de vaines apparences. Nous craignions, en effet, et particulièrement l'ancienne maîtresse de Blandine qui faisait partie du groupe des martyrs, que ce petit corps si chétif ne pût confesser la foi jusqu'à la fin ; mais Blandine se trouva fortifiée de telle manière, que les bourreaux qui se relayaient sur elle, épuisant depuis le point du jour jusqu'au soir toutes sortes de tortures, s'avouèrent finalement vaincus par la fatigue. Ne connaissant plus rien dans leur métier qu'ils pussent lui faire souffrir, ils ne comprenaient pas qu'elle vécût encore, malgré les meurtrissures et les plaies profondes dont son corps était couvert. A les entendre, un seul de tous les supplices qu'elle avait supportés eût dû suffire à la tuer. Elle cependant, pareille à un intrépide athlète, reprenait des forces en confessant sa foi. Ce lui était un réconfort et un repos, elle perdait jusqu'au sentiment de sa souffrance rien qu'à redire : Je suis chrétienne et il ne se fait rien de mal parmi nous. Sanctus endurait avec une force surhumaine tous les supplices que les bourreaux pouvaient inventer. Cependant les impies ne désespéraient pas d'arracher de lui, par l'effroyable horreur des supplices, une parole coupable ; il résista avec tant d'énergie, que l'on ne put lui faire dire ni son nom, ni sa famille, ni sa patrie, ni s'il était libre ou esclave. A toutes les questions, il répondait en latin : Je suis chrétien. Cela lui tenait lieu de nom, de cité, de famille, on ne put tirer de lui aucune réponse. Cela suffit à enflammer la rage du proconsul et des bourreaux ; n'ayant plus d'autre tourment à leur disposition, ils lui appliquèrent des lames ardentes sur les parties les plus sensibles du corps. Mais tandis que ses membres rôtissaient, son âme n'était pas entamée, il persistait dans sa confession, comme s'il eût été baigné et fortifié par la source céleste d'eau vive qui jaillit du corps du Christ. Le corps du martyr attestait tout ce qu'il avait supporté ; ce n'était plus qu'une plaie, une meurtrissure ; affreusement tordu, il ne présentait plus aucune forme humaine. Mais le Christ lui-même était au cœur du martyr et portait sa souffrance, réalisait de grands miracles, renversait l'antique ennemi, et montrait aux autres, par un exemple éclatant, que rien n'est à craindre là où se trouve la charité du Père céleste ; il n'y a pas de souffrance là où elle se change en la gloire du Christ. Quelques jours plus tard, les bourreaux recommencèrent la torture. Ils comptaient que, renouvelant tous les mêmes supplices sur les plaies enflammées, cette fois ils seraient vainqueurs. Le corps était dans un état tel, que, à le toucher de la main, on le faisait bondir de douleur ; tout au moins espérait-on qu'il mourrait dans les tourments, ce qui eût effrayé les autres. Il n'en fut rien. Contre toute attente, le corps du martyr soudainement redressé affronta la seconde torture et reprit son aspect d'homme et l'usage des membres ; la nouvelle torture lui fut, avec l'aide de Dieu, un rafraîchissement et un remède plutôt qu'une peine. Une femme nommée Biblis était du nombre de ceux qui avaient apostasié ; le diable déjà la comptait sienne et voulait lui faire ajouter un nouveau crime, la poussant, elle qui s'était montrée fragile et lâche, à faire de nouveaux aveux tandis qu'on l'appliquait à la question. Mais, au milieu même de ses souffrances, elle revint à elle, et comme au sortir d'un profond sommeil — la torture lui avait fait ressouvenir des supplices de l'enfer, — elle cria aux païens : Comment voulez-vous que des gens à qui il n'est pas permis de manger le sang des bêtes, mangent des enfants ! A partir de ce moment, elle s'avoua chrétienne et subit le sort des autres martyrs. Comme l'invincible constance que le Christ accordait à ses martyrs avait eu raison de tous les supplices des tyrans, le diable songea à d'autres inventions. On mit les confesseurs dans des cachots obscurs et insupportables, on leur passa les pieds dans les ceps, en les distendant jusqu'au cinquième trou, et on ne leur épargna aucune des cruautés que les geôliers, poussés et surexcités par le diable, avaient à leur disposition pour faire souffrir les victimes ; ce fut à tel point que plusieurs moururent asphyxiés dans les cachots. Dieu, qui montre sa gloire en toutes choses, les réservait à ce genre de mort. D'autres qui avaient subi les tortures les plus barbares, et semblaient ne pouvoir y survivre, eût-on employé à les ranimer tous les genres de remèdes, demeurèrent dans la prison, privés de tout secours humain, mais fortifiés par Dieu et raffermis dans leur âme et dans le corps tout ensemble. Ceux-là relevaient les autres et les consolaient. Enfin, les derniers arrêtés, dont le corps n'était pas encore habitué à la souffrance, ne purent supporter l'horreur de la prison ; ils y moururent. Cependant, le vénérable évêque Pothin, qui gouvernait l'Eglise de Lyon, était alors âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, et sa santé était fort ébranlée ; mais si sa débilité présente ne lui laissait que le souffle, son désir du martyre lui rendait une merveilleuse vigueur. Il fut donc traîné au tribunal. Son corps, ruiné par l'âge et la maladie, était prêt à défaillir, mais son âme restait forte afin que par elle le Christ fût vainqueur. Il fut conduit au tribunal par les soldats, accompagnés des autorités de la ville, et d'une foule qui criait entre autres choses que ce vieillard était le Christ lui-même. Le légat demanda à Pothin quel était le Dieu des chrétiens : Tu le connaîtras si tu en es digne, répondit le vieil évêque. On l'emmena, et sans respect pour son âge, on le roua de coups ; ceux qui pouvaient l'approcher le frappaient avec les poings et les pieds, les autres lui lançaient ce qui leur tombait sous la main. On aurait cru commettre une faute et une impiété si l'on se fût abstenu de prendre sa part d'impudence envers le malheureux. On croyait par là venger l'injure faite aux dieux. Le vieillard fut jeté demi-mort dans un cachot ; il expira deux jours plus tard. Alors éclata l'intervention spéciale de Dieu et la miséricorde infinie du Christ ; le cas était rare parmi nous, mais, par la sagesse et l'insinuante bonté de Jésus-Christ, il n'était pas cependant sans exemple. Tous ceux donc qui, depuis la première arrestation, avaient renié la foi, partageaient la prison et le régime des martyrs ; ainsi leur apostasie ne leur avait servi de rien. Ceux, en effet, qui confessaient la vérité étaient incarcérés comme chrétiens, on ne portait contre eux aucune autre accusation ; on retenait les autres sous l'inculpation de crimes d'homicide et de monstrueuses forfaitures, et leur souffrance sans compensation se trouvait plus intolérable que celle de leurs anciens frères ; car pour ceux-ci la joie du martyre, l'attente de la béatitude promise, l'amour du Christ, l'esprit venant du Père, leur étaient un réconfort ; les apostats, au contraire, paraissaient déchirés de remords, à tel point qu'il était aisé de les reconnaître, dans les divers trajets de la prison au tribunal, à leur visage flétri et à leur attitude accablée. Les confesseurs s'avançaient radieux, une sorte de majesté douce et de grâce éclatait sur leurs visages, leurs chaînes étaient une parure nouvelle qu'ils portaient comme une fiancée porte les franges d'or de ses vêtements de noce : de leur corps s'exhalait le suave parfum du Christ, au point que quelques-uns s'imaginèrent que les martyrs s'étaient fait oindre. Les renégats, la tête basse, misérablement vêtus, malpropres, d'une laideur repoussante, que les païens eux-mêmes traitaient de lâches et d'ignobles, de meurtriers convaincus par leur propre aveu, avaient perdu le nom glorieux et salutaire de chrétiens. Ce contraste suffisait à affermir ceux qui le remarquaient. Aussi voyait-on souvent les chrétiens qu'on arrêtait s'arranger de manière à confesser de prime abord, afin de s'ôter ensuite toute possibilité de retour. Plus tard, on répartit les martyrs en plusieurs lots, suivant les genres de supplices ; ainsi les bienheureux confesseurs offrirent à Dieu le Père une seule couronne tressée de fils de nature et de couleurs diverses. Il était juste que les athlètes jusque-là victorieux, qui avaient soutenu de rudes passes et remporté un triomphe éclatant, reçussent la couronne glorieuse d'immortalité. Maturus, Sanctus, Blandine et Attale furent donc amenés aux bêtes dans l'amphithéâtre, afin de récréer les païens par une curée exceptionnelle, donnée ce jour-là en l'honneur des chrétiens. Maturus et Sanctus subirent de nouveau toute la série des supplices comme s'ils n'avaient rien souffert auparavant, ou plutôt comme il arrive aux athlètes, qui après plusieurs victoires partielles, luttent enfin pour la couronne. Ils eurent donc à endurer les mêmes atrocités qu'ils avaient déjà supportées, les coups de fouet, les morsures des bêtes qui les traînaient sur le sable, et tout ce que le caprice d'une foule insensée réclamait par ses cris ; puis on les avait assis sur la chaise de fer rougie, et tandis que les membres brûlaient, l'écœurante fumée de la chair rôtie remplit l'amphithéâtre. Loin de s'apaiser, la fureur ne faisait que s'enflammer davantage ; on voulait triompher quand même de la constance des martyrs. Cependant on ne put faire dire à Sanctus une seule parole, sinon celle qu'il n'avait cessé de redire depuis le commencement : Je suis chrétien. Pour en finir, on coupa la gorge aux deux martyrs qui respiraient encore. Ils avaient ce jour-là donné le spectacle, et remplacé les scènes variées des combats de gladiateurs. Blandine, pendant tout ce temps, était suspendue à un poteau et exposée aux bêtes. La vue de la vierge suspendue à une sorte de croix, et dont la prière ne cessait pas, fortifiait les frères qui livraient alors leur combat. Sa seule attitude faisait souvenir de Celui qui avait été crucifié pour notre salut, et ils marchèrent à la mort persuadés que quiconque meurt pour la gloire de Jésus-Christ reçoit une vie nouvelle dans le sein du Dieu vivant. Aucune bête ne toucha le corps de Blandine. On la détacha donc du poteau et on la ramena en prison pour une autre séance. La victoire remportée sur l'ennemi dans ces différentes escarmouches devait rendre la défaite du serpent infernal définitive et inévitable, et affermir la vaillance des frères par son exemple ; car, quoique délicate, infirme et méprisée, lorsqu'elle s'était trouvée revêtue de la force victorieuse du Christ, Blandine avait renversé son adversaire à plusieurs reprises et remporté dans un combat glorieux la couronne immortelle. La foule réclama à grands cris le supplice d'Attale, car toute la ville le connaissait. Il s'avança, prêt à combattre, la conscience forte d'une vie irréprochable ; et, en effet, solidement instruit de la doctrine des chrétiens, il n'avait cessé d'être parmi nous le témoin de la vérité. On lui fit faire le tour de l'amphithéâtre précédé d'un écriteau, sur lequel on lisait en latin : Celui-ci est Attale, chrétien. Le peuple écumait de rage, lorsque le légat, ayant appris que le condamné jouissait de la qualité de citoyen romain, ordonna de le ramener en prison avec les autres, et il consulta l'empereur à ce sujet et sur toute l'affaire. On attendit la réponse. Ce délai ne fut pas infructueux pour les prisonniers, car grâce à l'indulgence des confesseurs, la grâce infinie du Christ se laissa voir de nouveau. En effet, les membres déjà morts de l'Eglise se ranimèrent peu à peu, ceux qui avaient rendu témoignage eurent de la condescendance pour ceux qui l'avaient d'abord refusé ; et l'Eglise, cette vierge mère, conçut encore une fois dans son sein les avortons qui en avaient été arrachés. Grâce aux saints martyrs, ceux qui avaient apostasié rentrèrent dans le sein de l'Eglise, où ils furent conçus de nouveau, et maintenant que la chaleur de la vie surnaturelle circulait en eux, ils s'entraînaient à confesser la foi. Ressuscités et affermis par la miséricorde de ce Dieu qui veut non pas la mort, mais la conversion du pécheur et son salut, ils se préparèrent à comparaître et à être interrogés de nouveau. La réponse de l'empereur arriva ; elle prescrivait de condamner à la peine capitale ceux qui s'avoueraient chrétiens et de renvoyer sains et saufs ceux qui renieraient la foi. Le jour de la grande foire, qui attirait une foule nombreuse et cosmopolite, le légat donna ordre de faire comparaître les prisonniers. On organisa pour la circonstance une mise en scène théâtrale. A l'interrogatoire, tous ceux qui se trouvaient être citoyens romains furent condamnés à avoir la tête tranchée, les autres furent destinés aux bêtes. Ceux qui la première fois avaient renié furent alors le sujet d'une grande gloire pour le Christ, car ils lui rendirent témoignage, contrairement à l'attente et aux désirs des païens. On les interrogea séparément en leur faisant entrevoir la liberté comme prochaine, mais ils se déclarèrent chrétiens et furent joints aux autres confesseurs. Ceux-là seuls demeurèrent à l'écart, en qui il n'y avait plus ombre de foi, ni de respect pour la robe nuptiale, ni de crainte de Dieu ; fils de perdition qui, par leur lâcheté, avaient couvert de honte la religion qu'ils suivaient. Quant aux autres, ils furent tous réconciliés et réunis à l'Eglise. Tandis qu'on appliquait les martyrs à la question, Alexandre le Phrygien, médecin, qui habitait la Gaule depuis plusieurs années, et que tous connaissaient pour son ardente charité et les saintes audaces de son zèle d'apôtre (du reste, la grâce apostolique ne lui avait pas été refusée), se tenait tout prêt du tribunal et encourageait par ses gestes ceux qui étaient appelés à confesser leur foi. La colère de la foule, en voyant les apostats revenus à la foi chrétienne, fut extrême. On accusa hautement Alexandre d'être la cause de ces rétractations coupables. On l'arrêta sur place, et le légat lui demanda qui il était. Il se déclara chrétien, et fut condamné aux bêtes. Le lendemain, il fut amené avec Attale, car le légat n'avait osé le refuser (quoiqu'il possédât le droit de cité romaine) aux réclamations du peuple. Tous deux passèrent par toute la série des tourments qu'on put inventer, et, après un long combat, furent décapités. Alexandre ne prononça pas un mot, ne fit pas entendre un cri ; recueilli en lui-même, il s'entretenait avec Dieu. Quand on fit asseoir Attale sur la chaise de fer rougie et que son corps, brûlé de tous côtés, exhala une odeur abominable, il dit au peuple en latin : Voilà bien ce qu'on peut appeler manger des hommes. Nous, nous ne mangeons pas d'hommes et nous ne faisons rien de mal. On lui demanda : Quel nom a Dieu ? — Dieu, dit-il, n'a pas de nom comme un homme. Après que tous eurent été immolés, le dernier jour de la fête, vint le tour de Blandine et d'un garçon de quinze ans, Ponticus. Chaque jour on les conduisait à l'amphithéâtre afin qu'ils fussent témoins des supplices de leurs frères. Chaque jour on les amenait devant les statues des dieux et on leur disait de jurer par ces impies simulacres, mais ils refusaient. Cette fois, le peuple perdit toute mesure ; il fut sans pitié et sans pudeur. On fit épuiser à la pauvre fille et à son jeune ami toute la hideuse série des supplices, qu'on interrompait de temps en temps pour leur dire : Jurez ! On n'en vint pas à bout. Comme tous le pouvaient voir, l'enfant était soutenu par la douce parole de sa sœur ; quand il eut achevé la séria entière des supplices, doucement il rendit l'Aine. Blandine demeurait la dernière. Comme une mère qui vient d'animer ses fils au combat et les a envoyés vainqueurs, devant elle, en présence du roi ; suivant à son tour le chemin sanglant qu'ils ont tracé, elle se prépare à les rejoindre, joyeuse, transportée à la pensée de mourir, telle une invitée qui se rend au festin nuptial, plutôt qu'une victime condamnée aux bêtes. Après avoir souffert les fouets, les bêtes, la chaise de feu, elle fut enfermée dans un filet et l'on amena un taureau. Il la lança plusieurs fois en l'air avec ses cornes ; elle, paraissait ne rien sentir, tout entière à son espoir, à la jouissance anticipée des biens qu'elle attendait, poursuivant l'entretien intérieur avec le Christ. Pour finir, on l'égorgea. Vrai, disaient les Gaulois en sortant, jamais dans nos pays on n'avait vu tant souffrir une femme. La fureur et la cruauté contre les saints n'étaient pas satisfaites. Cette populace brutale et barbare, enflammée par la bête, ne pouvait plus être apaisée à volonté ; sa rage trouva à s'assouvir sur les cadavres des martyrs. La honte de sa défaite ne la touchait pas, car elle semblait dépourvue de raison et des sentiments de l'humanité ; la rage du légat et du peuple allait croissant comme va celle de la bête féroce, encore qu'ils n'eussent d'autre raison de nous haïr, mais n'est-il pas dit dans l'Ecriture : Que celui qui est souillé se souille encore, que celui qui est juste, se justifie encore ? Les restes de ceux qui étaient morts en prison avaient été jetés aux chiens, et une garde fut établie de jour et de nuit pour qu'aucun des fidèles ne leur donnât la sépulture. Quant à ce que les bêtes et le feu avaient épargné, lambeaux arrachés à coups de dents, membres rôtis ou carbonisés, têtes coupées, troncs mutilés, on les laissa également plusieurs jours sans sépulture avec une garde de soldats. Les uns frémissaient et grinçaient des dents contre les martyrs, pour lesquels ils eussent voulu des supplices encore plus raffinés. D'autres raillaient et injuriaient, ils rendaient gloire à leurs dieux et leur attribuaient le supplice des martyrs. Quelques-uns, plus humains et qui semblaient nous accorder un semblant de pitié, disaient avec ironie : Où est leur Dieu A quoi leur a servi ce culte qu'ils ont préféré à la vie ? Tels étaient leurs propos et leurs attitudes. Nous ressentions cependant une extrême douleur de ne pouvoir enterrer les corps. Nous ne pouvions pas profiter de l'ombre de la nuit, et ni l'argent ni les supplications ne purent rien sur l'esprit des factionnaires ; ils gardaient les cadavres avec acharnement, comme s'ils eussent dû gagner beaucoup à les priver de sépulture. Or donc, les corps des martyrs endurèrent tous les
outrages et furent exposés pendant six jours ; ils furent enfin brûlés et
réduits en cendres, que l'on jeta dans le Rhône, non loin de là, pour qu'il
n'en lestât aucune trace sur la terre. Les païens croyaient ainsi vaincre la
puissance du Très-liant et priver les martyrs de la résurrection. Il fallait, disaient-ils, enlever
à ces hommes même l'espoir d'une résurrection qui les porte à introduire dans
l'empire une religion nouvelle et étrangère, à mépriser les tortures et à
courir joyeusement à la mort. Voyons donc s'ils ressusciteront, et si leur
Dieu les protégera et les arrachera de nos mains ! Ceux qui s'efforçaient ainsi de copier et d'imiter le Christ, qui, possédant la nature divine, n'a rien ravi à Dieu en s'estimant égal à lui, ces saints, qui se trouvaient si élevés en gloire, qui avaient confessé leur foi non une ou deux fois, mais bien plus souvent, et qui se partageaient entre l'amphithéâtre et la prison, malgré les stigmates du feu, la parure des ecchymoses et des déchirures dont leur corps entier était parsemé, n'osaient s'attribuer le titre de martyrs, ne permettaient pas même qu'on leur donnât ce nom. Si quelqu'un des fidèles, soit par lettre, soit de vive voix, les appelait ainsi, ils le reprenaient vivement. Ce titre de martyr, ils le réservaient particulièrement au Christ, le témoin fidèle et véritable, le premier-né des morts, l'initiateur à la vie de Dieu. Ils l'accordaient aussi à ceux qui avaient déjà obtenu de mourir en confessant la foi. Ceux-là sont de vrais martyrs, disaient-ils, que le Christ a admis à le confesser. N'a-t-il pas marqué comme d'un sceau leur confession par la mort ? Quant à nous, nous ne sommes que de modestes et humbles confesseurs. Et au milieu d'un flot de larmes, ils conjuraient les frères d'offrir à leur intention de continuelles prières pour qu'ils fissent une bonne fin. En vérité, ils faisaient bien voir la force des martyrs, répondant aux païens avec une grande liberté et une pleine confiance, et témoignaient d'une surprenante force d'âme. Ils refusaient le titre de martyrs que les frères leur appliquaient déjà ; ils s'humiliaient sous la main de Dieu, par laquelle ils sont maintenant si élevés en sa présence. Ils aimaient à excuser tout le monde, ils ne condamnaient personne. Ils absolvaient, ils ne liaient pas. Bien plus, à l'exemple du saint martyr Etienne, ils priaient pour ceux qui les faisaient si cruellement souffrir : Seigneur, disaient-ils, ne leur imputez pas ce crime ! S'il priait pour ceux qui le lapidaient, ne devait-il pas, à plus forte raison, prier pour ses frères ? Le plus dur combat fut celui qu'ils soutinrent contre le diable, pour le maintien de la vraie et sincère charité, car ils voulaient rompre le cou au serpent infernal et lui faire lâcher la proie vivante qu'il croyait tenir. A l'égard des apostats, ils étaient sans hauteur, sans dédain ; ils leur prodiguaient ce qu'ils avaient, et secouraient avec largesse les indigents. Ils avaient pour eux les entrailles d'une mère miséricordieuse, et répandaient devant Dieu le Père, pour leur salut, d'abondantes larmes. Ils demandèrent la vie, Dieu la leur accorda ; et ils y firent participer leurs proches, et partout ils parurent vainqueurs devant Dieu. Ils avaient aimé la paix, ils nous l'avaient recommandée, ils s'en allèrent en paix devant Dieu. Ils ne laissèrent ni douleur à leur mère, ni discordes, ni disputes entre leurs frères, mais la joie et la paix, et l'union, et l'amour pour tous. Alcibiade, l'un des martyrs, pratiquait un genre de vie austère, grossier ; il ne vivait que de pain et d'eau. Il voulut conserver ce régime dans la prison, mais Attale, après le premier combat qu'il livra dans l'amphithéâtre, eut à ce sujet une vision où il apprit qu'Alcibiade avait tort d'écarter systématiquement telles et telles créatures de Dieu et que sa pratique était d'un fâcheux exemple. Alcibiade obéit à l'observation qui lui en fut faite, et désormais accepta toutes les nourritures sans distinction, en rendant sur elles grâces à Dieu. La grâce divine ne manquait pas aux martyrs, le Saint-Esprit habitait au milieu d'eux. CATALOGUE DES MARTYRS DE LYOND'APRÈS LE MARTYROLOGE HIÉRONYMIEN(Ed. de Rossi-Duchesne, 1894, p. 73). A Lyon, dans les Gaules, quarante-huit martyrs, ce sont : Pothin, évêque ; Zacharie, prêtre ; Vitte, Macaire, Asclepiades, Silvius, Primus, Ulpius, Vital, Cominus, Octobres, Philemon, Geminus, Julie, Albin, Grata, Potamia, Pampeia, Rodana, Biblis, Quartia, Materne, Elpis. Ceux qui furent aux bêtes sont : Sanctus, diacre ; Martyr, Attale, Alexandre, Pontique, Blandine. Ceux qui moururent dans la prison sont : Ariste, Corneille, Zosime, Tite, Jules, Zotique, Apollon, Geminien, Julie, Ausone, Emélie, Jamnice, Pompeia, Domna, Amélie, Juste, Trophime, Antonia. Tous ces serviteurs du Christ ont été couronnés sous le règne de Marc-Aurèle Antonin. Et encore ceux-ci : Vincent, Nina, Priscus, Sepaça, Hilaire, Félix, Castula. Et encore en la même ville : Epagatus, Emélie, Donata. III. — LA DIDACHÈ OU LA DOCTRINE DES DOUZE APÔTRES. Ce précieux document,
retrouvé et publié en 1883 par Philothée Bryennios, alors métropolite de
Nicomédie, d'après un manuscrit de la bibliothèque du patriarcat grec de
Jérusalem, est un écrit de la plus haute antiquité. Funk, Zahn et Schaff en
placent la composition entre l'an 80 et l'an 100 de notre ère, plus rapprochée de l'an 80 que de l'an 100, suivant M. HEMMER (Les Pères apostoliques, Paris, Picard,
1907, t. I, p. XXXV), et peut-être même plus
ancienne, suivant Mgr BATIFFOL (Anciennes
littératures chrétiennes, Paris, Lecoffre, 1897, p. 7a). Aucun document
ne nous donne des révélations plus authentiques et plus précises sur la vie,
les mœurs, les coutumes et les constitutions du christianisme à l'époque des
origines. CHAPITRE PREMIER.1. Il y a deux chemins : celui de la vie et celui de la mort. Entre ces deux chemins la différence est grande. 2. Voici le chemin de la vie : Tu aimeras d'abord ton Dieu, qui t'a créé ; puis ton prochain comme toi-même ; et enfin, tout ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit à toi-mê.ne, tu ne le feras pas à autrui. 3. Voici l'enseignement renfermé dans ces paroles : Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis, et jeûnez pour ceux qui vous persécutent. Quel mérite, en effet, d'aimer ceux qui vous aiment ? Les païens ne le font-ils pas ? Aimez donc ceux qui vous haïssent, et vous n'aurez plus d'ennemis. 4. Abstiens-toi des désirs charnels et corporels. A qui t'a donné un soufflet sur la joue droite, présente la joue gauche, et tu seras parfait. Si quelqu'un te demande de faire un mille avec lui, fais en deux ; si quelqu'un t'enlève ton manteau, donne-lui ta tunique ; si quelqu'un t'a pris ton bien, ne le réclame pas : car tu n'en as pas le pouvoir. 5. Donne à quiconque te demande, et ne redemande jamais ce que tu as donné ; car le Père céleste veut que de ses largesses une part soit faite à tous. Bienheureux celui qui donne selon le commandement, car il est à l'abri de tout reproche ; mais malheur à celui qui reçoit, à moins que le besoin ne l'y oblige ! S'il n'a pas l'excuse du besoin, il rendra compte du motif et du but pour lequel il a reçu ; il sera mis en prison, il sera examiné sur sa conduite et il ne sortira pas de là qu'il n'ait rendu le dernier quart d'as. 6. Il a été dit à ce sujet : Laisse ton aumône se mouiller de sueur dans tes mains, jusqu'à ce que tu saches à qui tu donnes. CHAPITRE II.1. Voici le second commandement de la doctrine ; 2. Tu ne tueras pas, tu ne seras pas adultère, tu ne corrompras pas les enfants, tu ne forniqueras pas, tu ne voleras pas, tu ne feras pas d'incantations, tu ne prépareras point de philtres, tu ne tueras pas l'enfant dans le sein de sa mère, ni celui qui vient de naître. Tu ne désireras pas le bien de ton prochain. 3. Tu ne proféreras pas de parjure, ni de faux témoignage, ni de paroles médisantes. Tu ne garderas point de rancune. 4. Tu n'auras pas deux manières de penser ni de parler. La duplicité de langage est un piège de mort. 5. Ta parole ne sera ni mensongère ni vide, mais efficace. 6. Tu ne seras ni avare, ni rapace, ni méchant, ni orgueilleux. Tu ne formeras point de mauvais desseins contre ton prochain. 7. Tu n'auras de haine pour personne ; tu reprendras les uns, en priant pour eux, et tu aimeras les autres plus que ta propre vie. CHAPITRE III.1. Mon fils, fuis tout mal et tout ce qui lui ressemble. 2. Ne sois pas colère, car la colère conduit au meurtre, ni jaloux, ni querelleur, ni emporté, car de tous ces vices naissent les meurtres. 3. Mon fils, fuis la convoitise, car elle conduit à l'impudicité, évite les propos obscènes et les regards immodestes, car ils donnent naissance à l'adultère. 4. Mon fils, ne sois pas augure, car cela conduit à l'idolâtrie, ni enchanteur, ni astrologue, ni purificateur, et ne regarde même pas ces choses, car d'elles toutes naît l'idolâtrie. 5. Mon fils. ne sois pas menteur, car le mensonge conduit au vol, ni ami de l'argent ou de la vaine gloire, car de tout cela naissent les vols. 6. Mon fils, ne sois pas enclin au murmure, car il conduit au blasphème, ni présomptueux, ni mal intentionné, car de tout cela naissent les blasphèmes. Sois doux, puisque les doux posséderont la terre. 7. Sois longanime, miséricordieux, sans malice, paisible, bon, et garde toujours en tremblant les discours que tu as entendus. 8. Tu ne t'élèveras pas, tu ne laisseras pas la témérité entrer dans ton âme. 9. Ton âme ne se liera pas avec les superbes, mais elle aura commerce avec les justes et les humbles. 10. Accepte comme bonnes toutes les choses extraordinaires qui peuvent t'arriver, sachant que, sans Dieu, elles n'arriveraient pas. CHAPITRE IV.1. Mon fils, de celui qui te parle la parole de Dieu, tu te souviendras nuit et jour, et tu l'honoreras comme le Seigneur, car là où l'autorité du Seigneur est l'objet des discours, là est le Seigneur. 2. Tu rechercheras tous les jours la compagnie des saints, afin de trouver un appui dans leurs paroles. 3. Tu ne feras pas la division, mais tu pacifieras ceux qui sont en guerre, tu jugeras avec droiture, sans faire acception de personnes, pour prononcer contre les transgressions. 4. Tu ne douteras pas s'il (le jugement de Dieu ?) viendra ou non. 5. Ne deviens pas (comme celui) dont les mains s'ouvrent pour recevoir, se ferment quand il faut donner. 6. Si tu possèdes, tu donneras de tes propres mains la rançon de tes péchés. 7. Tu n'hésiteras pas à donner et, après avoir donné, tu ne murmureras pas, car tu apprendras quel est celui qui récompense noblement. 8. Tu ne rebuteras pas le nécessiteux, mais tu feras part de tout à ton frère, et tu ne diras pas que c'est ton bien, car si vous êtes en communion pour le (bien) immortel, combien plus pour les choses périssables ! 9. Tu ne retireras point ta main de dessus ton fils ou de dessus ta fille, mais dès le jeune âge tu leur apprendras la crainte de Dieu. 10. Tu ne commanderas pas avec amertume à ton serviteur ou à ta servante, qui espèrent dans le même Dieu que toi, de peur qu'ils ne perdent la crainte de Dieu, votre commun maître ; car il ne vient pas appeler les hommes selon l'apparence, mais ceux que l'esprit a rendus prêts. 11. Et vous, serviteurs, vous serez soumis à vos maîtres comme à l'image de Dieu avec révérence et crainte. 12. Tu haïras toute hypocrisie et tout ce qui déplaît au Seigneur. Tu n'abandonneras pas les commandements du Seigneur, tu garderas ce que tu as reçu, n'y ajoutant rien, n'en retranchant rien. 13. Dans l'assemblée (de l'Eglise) tu confesseras tes fautes et tu n'iras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la vie. CHAPITRE V.1. Voici quel est le chemin de la mort : Avant tout il est mauvais et plein de tout ce qui est maudit : meurtres, adultères, convoitises, fornications, vols, idolâtries, magies, empoisonnements, pillages, faux témoignages, hypocrisies, duplicité du cœur, fourberie, orgueil, méchanceté, arrogance, cupidité, propos obscènes, jalousie, témérité, hauteur, ostentation. 2. (Dans ce chemin s'engagent) les persécuteurs des bons, les ennemis de la vérité, les amis du mensonge, ceux qui ne connaissent pas la récompense de la justice, qui ne s'attachent ni au bien ni à la droiture, qui veillent, non pour le bien, mais pour le mal. 3. Loin d'eux est la douceur et la patience ; ils aiment la vanité, poursuivent la rétribution, sont sans pitié pour le pauvre, sans compassion pour celui que la douleur accable, sans connaissance de celui qui les a faits, meurtriers d'enfants, corrupteurs de la créature de Dieu ; ils rebutent le nécessiteux, accablent l'opprimé, avocats des riches, juges iniques des pauvres, chargés de tous les crimes. Puissiez-vous, ô mes enfants, être délivrés de tous ces (malheureux) ! CHAPITRE VI.1. Veille à ce que personne ne t'égare loin de ce chemin de la Doctrine, car il t'enseigne en dehors de Dieu. 2. Si tu peux porter entier le joug du Seigneur, tu seras parfait ; si tu ne le peux pas, fais ce que tu peux. 3. Quant à la nourriture, supporte ce que tu peux, mais abstiens-toi soigneusement de ce qui est sacrifié aux idoles, car ce culte s'adresse à des dieux morts. CHAPITRE VII.1. Pour ce qui est du baptême, baptisez de la façon suivante : après avoir préalablement dit tout ce qui précède, baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans l'eau vive. 2. Si tu n'as pas d'eau vive, baptise avec dans une autre eau ; et si tu ne peux te servir d'eau froide, prends de l'eau chaude. Si tu n'as ni l'une ni l'autre, verse sur la tête trois fois de l'eau au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. 3. Avant le baptême, doivent jeûner le baptisant et le baptisé, ainsi que d'autres, s'ils le peuvent. Quant à celui qui est baptisé, tu l'obligeras à jeûner un jour ou deux d'avance. CHAPITRE VIII.1. Que vos jeûnes ne coïncident pas avec ceux des hypocrites : ceux-ci jeûnent le lundi et le jeudi ; pour vous, jeûnez le mercredi et le vendredi ; — littéralement : Ceux-ci jeûnent le second jour du sabbat et le cinquième ; pour vous, jeûnez le quatrième et le jour de la Parascève. 2. Ne priez pas comme les hypocrites, mais comme le Seigneur l'a ordonné dans son Evangile ; priez ainsi : 3. Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel : donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour, et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, et ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal ; car à vous est la puissance et la gloire dans tous les siècles. 4. Vous prierez ainsi trois fois par jour. CHAPITRE IX.1. Pour ce qui est de l'action de grâces, vous rendrez grâces ainsi d'abord pour le calice : Nous te rendons grâces, ô notre Père, pour la sainte vigne de David ton serviteur, que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur ; à Toi la gloire dans tous les siècles ! 2. Et pour la fraction (du pain) : Nous te rendons grâces, ô notre Père, pour la vie et la science que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur ; à Toi la gloire dans tous les siècles ! 3. De même que ce pain rompu était dispersé sur les collines et qu'il est devenu, par le soin de ceux qui l'ont recueilli, un seul morceau, qu'ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume ; car à Toi est la gloire et la puissance, par Jésus Christ dans tous les siècles. 4. Que personne ne mange ni ne boive de votre Eucharistie, si ce n'est ceux qui ont été baptisés au nom du Seigneur, car c'est à ce sujet que le Seigneur a dit : Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint. CHAPITRE X.1. Dès que vous êtes rassasiés, rendez grâces ainsi : 2. Nous te rendons grâces, Père saint, pour ton saint nom que tu as fait habiter dans nos cœurs, et pour la science, la foi et l'immortalité que tu nous as fait connaître par Jésus, ton serviteur ; à Toi la gloire dans tous les siècles 3. Ô Maître tout-puissant, tu as tout créé à cause de ton nom. Tu as donné le manger et le boire aux hommes pour qu'ils te rendent grâces à nous, tu as daigné accorder la nourriture et le breuvage spirituels et la vie éternelle par ton Sauveur. Avant tout nous te rendons grâces de ce que tu es puissant ; à toi la gloire dans tous les siècles ! Souviens-toi, Seigneur, de ton Eglise pour la délivrer de tout mal et pour la perfectionner dans ton amour, et réunis-la des quatre vents, pour la sanctifier, dans ton royaume que tu as préparé pour elle ; car à Toi est la puissance et la gloire dans tous les siècles. 4. Que la grâce arrive et que ce monde passe. Hosanna au Dieu de David ! Si quelqu'un est saint, qu'il vienne, si quelqu'un ne l'est pas, qu'il se repente. Maranatha (le Seigneur vient !) Amen ! Pour les prophètes, vous les laisserez rendre grâces aussi longtemps qu'ils voudront. CHAPITRE XI.1. Si donc quelqu'un vient et vous enseigne tout ce qui vient d'être dit, recevez-le. 2. Mais si ce docteur, détourné lui-même (de la bonne voie), enseigne une autre doctrine, de manière à détruire (ce qui a été dit), ne l'écoutez pas. Enseigne-t-il au contraire de manière à augmenter la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur. 3. En ce qui concerne les apôtres et les prophètes, agissez selon la prescription de l'Evangile. Que tout apôtre venant chez vous soit reçu comme le Seigneur. Mais qu'il ne reste qu'un seul jour, et, s'il y a nécessité, que deux jours, mais s'il en reste trois, c'est un faux prophète. En partant, que l'apôtre ne reçoive rien, si ce n'est du pain pour aller jusqu'à la station voisine. S'il demande de l'argent, c'est un faux prophète. 4. Lorsqu'un prophète parle en esprit, gardez-vous de l'éprouver ou de le condamner, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera point remis. 5. Tout homme qui parle en esprit, n'est point prophète, mais seulement s'il a les mœurs du Seigneur ; c'est donc à la conduite qu'on connaîtra le faux et le vrai prophète. 6. Et tout prophète qui fait dresser la table, en esprit, n'en mange point, sinon, c'est un faux prophète. Et tout prophète qui enseigne la vérité, s'il ne fait pas ce qu'il enseigne, est un faux prophète. 7. Tout prophète éprouvé, véridique, travaillant au mystère terrestre de l'Eglise, mais n'enseignant pas à faire tout ce qu'il fait lui-même, ne sera pas jugé parmi vous. Il aura son jugement près de Dieu. Car les anciens prophètes ont agi de même. 8. Si quelqu'un dit en esprit : donne-moi de l'argent, ou bien d'autres choses, ne l'écoutez pas. S'il sollicite votre charité en faveur des autres, que personne ne le juge. CHAPITRE XII.1. Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu (d'abord) ; après quoi, à l'épreuve vous verrez le pour et le contre, car vous aurez l'intelligence. 2. Si celui qui vient (à vous) est un voyageur (sans demeure), secourez-le autant que vous pouvez, mais il ne demeurera auprès de vous que deux ou trois jours, si nécessité il y a. 3. S'il veut s'établir parmi vous, et qu'il soit artisan, qu'il travaille et qu'il mange. S'il n'a point de métier, pourvoyez, selon votre sagesse, à ce qu'un chrétien ne vive pas parmi vous inoccupé. 4. S'il ne veut pas se conduire de la sorte, c'est un trafiquant (de la doctrine) du Christ. Tenez-vous en garde contre de semblables personnages. CHAPITRE XIII.1. Tout prophète véritable voulant s'établir parmi vous, est digne de (recevoir) sa nourriture. De même, un docteur véritable est digne, lui aussi, autant qu'un artisan, de recevoir sa nourriture. 2. Vous prendrez et donnerez aux prophètes tout premier produit de la cuve à faire le vin, de l'aire, des bœufs et des brebis, car ils sont vos grands prêtres. Si vous n'avez point de prophète, donnez aux pauvres. Si tu fais de la pâte de grain, prends le premier morceau, et donne-le selon le commandement. 3. Pareillement, si tu ouvres un vase de vin ou d'huile, prends le commencement et donne-le aux prophètes. 4. Prends de même les prémices de l'argent, du vêtement et de tout bien, comme il te semble, donne-le selon le commandement. CHAPITRE XIV.1. Au jour du Seigneur, réunissez-vous, rompez le pain, et faites les cérémonies eucharistiques, après avoir préalablement confessé vos péchés afin que votre offrande soit pure. 2. Et quiconque a une affaire pendante avec son ami, qu'il ne vienne pas à votre réunion, jusqu'à ce qu'il l'ait terminée, afin que votre sacrifice ne soit pas profané. Car c'est de ce sacrifice que le Seigneur a dit : En tout lieu, en tout temps (vous devez) m'offrir un sacrifice pur : parce que je suis un grand Roi, dit le Seigneur, et mon nom est admirable parmi les nations. CHAPITRE XV.1. Ordonnez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, des hommes doux, exempts d'avarice, vrais, sincères et éprouvés, car eux aussi accomplissent pour vous les cérémonies liturgiques des prophètes et des docteurs. Ne les méprisez donc pas, car ils sont parmi vous les notables avec les prophètes et les docteurs. 2. Reprenez-vous les uns les autres, non avec colère, mais en (esprit de) paix, comme il vous est dit dans l'Evangile, et que personne ne parle à celui qui se conduit mal à l'égard de son prochain, et qu'il n'entende rien de vous jusqu'à ce qu'il ait fait pénitence. 3. Pour vos prières, vos aumônes et toutes vos actions, faites-les comme il vous est dit dans l'Evangile du Seigneur. CHAPITRE XVI.1. Veillez sur votre vie, que vos lampes ne s'éteignent pas, et que vos reins ne soient jamais déliés ; soyez prêts, car vous ne savez pas l'heure à laquelle le Seigneur viendra. 2. Vous vous réunirez souvent, cherchant ce qui convient à vos âmes. Toute la durée de votre foi ne vous servira de rien, si vous n'êtes parfait au dernier moment. 3 Car aux derniers jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups et l'amour se changera en haine. 4. L'iniquité augmentant, ils se haïront les uns les autres, se persécuteront et se trahiront (mutuellement). 5. Et alors le séducteur du monde paraîtra comme le fils de Dieu ; il fera des signes et des prodiges ; la terre sera livrée à ses mains, et il fera des iniquités telles qu'on n'en vit jamais depuis le commencement du monde. 6. Alors la création humaine viendra au feu de l'épreuve et beaucoup seront scandalisés et périront, mais ceux qui seront restés fermes dans la foi seront sauvés sous cet écrasement même. 7. Alors paraîtront les signes de la vérité, d'abord le signe de l'ouverture du ciel, ensuite le signe du son de la trompette, et en troisième lieu la résurrection des morts ; non pas de tous, mais, comme il est dit : le Seigneur viendra et tous ses saints avec lui. 8. Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées des cieux. IV. — L'ÉDIT DE MILAN. Le texte officiel de
cet édit nous a été conservé par Lactance (De mort. pers., 48), à
l'exception du préambule, que nous connaissons seulement par la traduction
grecque d'Eusèbe (Hist. eccl., l. X, ch. IV). Nous reproduisons la
traduction française de M. Paul Allard. Depuis longtemps déjà nous avions reconnu que la liberté de religion ne doit pas être contrainte, mais qu'il faut permettre à chacun d'obéir, pour les choses divines, au mouvement de sa conscience. Aussi avions-nous permis à tous, y compris les chrétiens, de suivre la loi de leur religion et de leur culte. Mais parce que, dans le rescrit où leur fut concédé cette faculté, de nombreuses et diverses conditions avaient été énumérées, peut-être à cause de cela quelques-uns y renoncèrent après un certain temps. C'est pourquoi, quand moi, Constantin Auguste, et moi, Licinius Auguste, nous nous sommes rencontrés heureusement à Milan, pour y traiter de tous les intérêts qui importent à la tranquillité publique, nous avons cru que l'affaire la plus considérable, et qui devait être réglée la première, était celle du respect dû à la Divinité, et qu'il fallait donner aux chrétiens et à tous les hommes la liberté de suivre chacun la religion de leur choix : puisse cette pensée plaire à la Divinité qui réside dans le ciel, et la rendre propice à nous et à tous ceux qui nous sont soumis ! Nous avons donc jugé salutaire et raisonnable de ne refuser à personne la permission de donner sa préférence au culte des chrétiens, afin que la Divinité suprême, dont nous suivons par un choix libre la religion, nous accorde en toutes choses sa faveur accoutumée et sa bienveillance. Sache donc Votre Excellence qu'il nous a plu de supprimer toutes les conditions qui, dans les rescrits que vous avez précédemment reçus, étaient imposées au sujet des chrétiens ; nous voulons simplement aujourd'hui que chacun de ceux qui ont la volonté de suivre la religion chrétienne le puisse faire sans crainte d'être aucunement molesté. Voilà ce que nous avons cru devoir signifier à votre sollicitude, afin que vous compreniez que nous avons donné à ces chrétiens l'absolue liberté d'observer leur religion. Ce que nous leur accordons, Votre Excellence doit comprendre que nous l'accordons aussi aux autres, qui auront la liberté de choisir et de suivre le culte qu'ils préfèrent, comme il convient à la tranquillité de notre temps, afin que nul ne soit lésé dans son honneur ou dans sa religion. Nous avons aussi décidé que si les lieux où les chrétiens avaient auparavant coutume de se réunir, et dont il a été déjà question dans les instructions envoyées à votre office, ont été auparavant aliénés soit par le fisc, soit par quelque particulier, ils soient restitués aux chrétiens sans indemnité, sans aucune répétition de prix, sans délai et sans procès. Ceux qui les ont reçus en don ou même qui les ont achetés seront obligés de les rendre aussi promptement que possible ; s'ils pensent avoir droit, en retour, à quelque marque de notre libéralité, qu'ils s'adressent au vicaire (du préfet de la province). Mais toutes ces choses devront être immédiatement remises au corps des chrétiens. Et comme ces mêmes chrétiens ne possédaient pas seulement des lieux d'assemblées, mais aussi d'autres propriétés appartenant à leur corporation, c'est-à-dire aux églises, non à des particuliers, vous ordonnerez, en vertu de la même loi, que sans aucune excuse ou discussion, ces propriétés soient rendues à leur corporation et à leurs communautés, en observant la règle ci-dessus posée, c'est-à-dire en faisant espérer une indemnité de notre bienveillance à ceux qui auront restitué sans répétition de prix. En toutes ces choses vous devrez prêter votre assistance à ce même corps de chrétiens, afin que notre ordre soit rapidement accompli, car il est favorable à la tranquillité publique. Veuille, comme il a été dit plus haut, la faveur divine, que nous avons déjà éprouvée en de si grandes choses, nous procurer toujours le succès, et en même temps assurer la félicité de tous ! Afin que cet acte de notre bienveillance ne demeure ignoré de personne, ayez soin de lui donner en tout lieu la publicité officielle. |
[1] Dom SOUBEN, le Canon primitif de la messe dans les Questions ecclésiastiques, avril 1909.
[2] Peu importe, par conséquent, la date de la compilation qui a inséré ce texte primitif. Il porte en lui-même la preuve de son antiquité. La traduction française du texte proposé par Dom Cagin est empruntée à Dom SOUBEN, le Canon primitif da la Messe.