Munie d'une forte hiérarchie, que ni la persécution ni le schisme n'avaient pu ébranler, disposant encore, malgré toutes les spoliations, de ressources considérables mises à sa disposition par la charité des fidèles, l'Eglise, au lendemain de l'édit pacificateur de Galère, s'imposait, à la fois, aux gouvernements par sa puissance, et à l'opinion publique par ses bienfaits. Tous les moyens qu'on avait employés pour l'abattre, l'avaient grandie. Elle possédait désormais une élite nombreuse de fidèles, dont la persécution avait élevé le courage jusqu'à l'héroïsme, et que la dispute avec les rhéteurs avait aguerris aux luttes de l'intelligence. L'Eglise catholique était mûre pouf vivre de sa vie propre en tant que société complète, se suffisant à elle-même, et pour rendre à l'Etat l'indispensable service moral que la vieille religion nationale et la philosophie nouvelle s'étaient montrées tour à tour impuissantes à lui fournir. L'empereur Constantin fit preuve d'une intelligence assez souple pour comprendre les devoirs qui lui étaient dictés par les nécessités d'une pareille situation, d'une volonté assez ferme pour les mettre en pratique au fur et à mesure que les circonstances politiques le lui permirent. Proclamer le droit de l'Eglise à une pleine liberté, la soutenir dans sa lutte contre un schisme douloureux, puis tenter de reconstituer l'unité religieuse de l'empire par les faveurs accordées au christianisme et par l'extinction graduelle et prudente du paganisme : telle fut l'œuvre de Constantin, dans la première partie de son règne, la seule que nous ayons à raconter ici. Il nous reste à l'étudier, en retraçant successivement l'histoire de l'Edit de Milan, de la lutte contre le donatisme et de la politique générale de l'empereur à l'égard du christianisme et du paganisme. |