Le passage des Alpes par Hannibal, comme fait militaire, a
appelé de tout temps et appellera longtemps encore l’attention des historiens
et des stratégistes. Nous avons dit ailleurs (livre III, chapitre IV, en note 6)
pourquoi nous nous rangeons à l’opinion commune, à celle que toutes les
traditions locales indiquent, à celle aussi qui concorde le mieux avec les
vagues documents fournis par les auteurs latins ou grecs, peu soucieux, il
faut l’avouer, de l’exactitude topographique ; et enfin avec les
souvenirs attestés peut-être par les dénominations même des localités. — La
détermination du point précis où s’est effectué ce passage (diu
vexata quæstio, s’il en fut jamais !) n’a plus peut-être
d’intérêt que pour les érudits et les antiquaires. Quelque soit le col par où
le grand capitaine a franchi la chaîne, l’audace, les difficultés et sa
gloire du haut fait demeurent les mêmes. Nous ne reviendrions pas sur ce
sujet, épuisé par tant d’écrivains (voy. Encore Uckert, Geographie der
Griechen und der Rœmer (Géographie des Grecs et des Romains) ; —
Walckenaer, Géographie des Gaules (t. I, p. 221 et s.) ; — Dr Arnold, Hist. of Rome,
t. III. — King, Italian valleys of the Alps, 1858, ch. III ; —
etc., etc.), si tout récemment encore les antiquaires anglais, qui exploitent
et connaissent mieux que nous mêmes les passes et les montagnes du Dauphiné,
n’avaient soutenu qu’Hannibal a franchi les Alpes, non par le petit
Saint-Bernard, mais bien par le petit mont Cenis, laissant par conséquent sur
sa gauche le point où la grande route construite par Napoléon se porte
aujourd’hui au delà de la chaîne, et laissant également sur sa droite le
sentier plus court qui va directement de Lans-le-Bourg et Bramans
à Suze par le col de Clapier. Cette opinion, qui n’est d’ailleurs
point nouvelle, a trouvé un avocat remarquable dans Robert Ellis, de
l’Université de Cambridge (Treatise on Hannibal’s passage of the Alpes, in
which his route is traced over the little mount Cenis, 1853, et Observations
in reply on M. Law’s criticisms (Journal of classical and sacred philology, nos VI et VII). — Selon
Ellis, Hannibal venant directement de Valence, par le Grésivaudan, aurait
pris par la vallée de l’Arc et par la route de (Note du Traducteur) |