Mariage de Marguerite de Valois. — La Saint-Barthélemy. Cette union si longuement discutée s'accomplit assez tristement. Jeanne d'Albret, venue à Paris pour les derniers arrangements et descendue dans la maison de Jean Gaillard, évêque de Chartres, dévoué à la cause protestante, y tomba subitement malade et mourut après quatre jours, — 9 juin 1572 — âgée de 44 ans, à la grande surprise du peuple. La réputation de Catherine était si bien établie déjà qu'on se hâta de dire qu'elle avait été empoisonnée. L'autopsie de son corps, répètent encore aujourd'hui les auteurs protestants, ne put rien déceler, car la tête resta intacte[1]. On trouva pourtant qu'elle était morte d'un apostume aux poumons : et, contrairement à ce qui est affirmé, l'ouverture de la tête fut pratiquée par le chirurgien Desneux, sous la direction de Caillart, médecin de la reine, qui regarda le cerveau pour voir d'où lui provenait cette démangeaison qu'elle avait d'ordinaire au sommet de la tête. — Il y fut constaté de petites bubes pleines d'eau qui s'engendraient entre le test et la taye du cerveau. Desneux fit alors remarquer que si la reine était morte empoisonnée par une odeur, elle en porterait une marque sur la taye, — les méninges ; si elle avait mangé du poison, on en trouverait trace au pylore. Cette autopsie permit donc aux médecins de conclure à une mort naturelle[2]. — On remarqua bien cependant que le décès de la reine de Navarre survenait point et délivrait d'un grand poids Charles IX et sa mère, qui furent affranchis de la patience et de la dissimulation dont ils avaient été obliges d'user avec cette femme insolente et dangereuse[3]. La cour prit le deuil ; le mariage fut remis au mois
d'août, et le prince Henri devint roi de Navarre. Il fit son entrée
solennelle dans Paris le 20 juillet avec le prince de Condé, et huit cents
gentilshommes, tous portant le deuil de Jeanne d'Albret, et fut reçu avec des démonstrations outrées de joie selon les
auteurs calvinistes ; mais les Mémoires de Marguerite indiquent
seulement qu'il fut accueilli par le roi et tonte la cour avec beaucoup d'honneur
Les fiançailles, malgré l'opposition de quelques-uns et l'antipathie en somme
assez certaine de la princesse, furent célébrées au Louvre le 16 août.
Conduite le lendemain au palais de l'évêché, Marguerite y passa la nuit ; au
matin la Cour vint en grande pompe l'y chercher et le mariage eut lieu avec
une somptuosité qui devait symboliser l'union des deux cultes[4]. Une médaille fut
frappée où étaient enlacés les chiffres des époux au milieu d'un lien
figuratif avec ces mots en légende : Constricta
hoc vinclo Discordia ; et au revers un agneau pascal et ces
paroles évangéliques : Vobis annuntio pacem
(3)[5]. La dispense du
pape Grégoire XIII tardait encore, mais on s'en était passé ; dans la hale
d'en finir, on en avait fait rédiger une fausse, et le lendemain Catherine
écrivit à Rome pour s'en excuser, arguant n'avoir pu différer davantage sans danger de plusieurs inconvénients[6]. — Nos noces, écrit Marguerite, se firent avec autant de triomphe et de magnificence que
de nul autre de ma qualité ; le roi de Navarre et sa troupe v ayant laissé et
changé le deuil en habits très riches et beaux, et toute la cour parée comme
vous savez, moi habillée à la royale avec la couronne et colin d'hermine
mouchetée qui se met au devant du corps, toute brillante des pierreries de la
couronne, et le grand manteau bleu à quatre aunes de queue porté par trois
princesses ; les échafauds dressés à la coutume des noces des tilles de
France, depuis l'évêché jusqu'à Notre-Daine, et parés de drap d'or ; le
peuple s'étouffant en bas à regarder passer sur ces échafauds les noces et
toute la Cour. Nous vinmes à la porte de l'église, où M. le cardinal de
Bourbon, qui faisait l'office ce jour-là, nous ayant reçus pour dire les
paroles accoutumées, nous passâmes sur les mêmes échafauds jusques à la
tribune qui sépare la nef d'avec le chœur — le jubé, — où il se trouva deux degrés, l'un pour descendre au dit
chœur, et l'autre pour sortir de la nef et de l'église... Le roi, la
famille royale, les maréchaux et dignitaires du royaume, les ducs de Guise,
d'Aumale et de Nevers, le maréchal de Montmorency, le duc de Danville son
frère, Cossé, Tavannes, le prince de Condé et le marquis de Conti, le duc de
Montpensier, le prince Dauphin, l'amiral Coligny avec toute la noblesse
protestante accompagnaient Henri de Bourbon et la princesse Marguerite. Le
roi de France et le roi de Navarre, les ducs d'Anjou et d'Alençon et le
prince de Condé portaient des habits uniformes de satin jaune pale couverts
de broderies en relief, de perles et de pierreries ; mais on remarqua
qu'excepté le prince et le roi de Navarre, les protestants affectaient la
parure la plus simple, tandis que les seigneurs catholiques déployaient un
faste merveilleux. — Il avait été convenu qu'avant l'office Henri de Bourbon
se tournerait vers un des frères du roi en lui disant : Monseigneur, je vous prie d'assister pour moi à la messe,
— puis se retirerait dans un oratoire voisin sans sortir de l'église. Le fait
est que sitôt la liturgie commencée, tous les calvinistes sortirent[7] et que le peuple
fut révolté par le mépris qu'affichèrent alors les religionnaires, dont le
chef reconnu, celui-là même qui épousait Marguerite de Valois, affectait de
se promener et même de faire du bruit sur le parvis de l'église. Montmorency-Danville
vint enfin le prendre et le mena dans la salle de réception de l'évêché. —
Conduite à l'autel et interrogée si elle acceptait le Béarnais pour époux,
Marguerite qui, selon Davila, ne pouvait se consoler de renoncer au duc de
Guise, resta immobile et muette, et l'on dit que Charles IX lui poussa
brusquement la tête par derrière pour lui faire donner ce signe de consentement
à défaut d'un autre[8]. — La messe
finie, le cortège retourna à l'évêché, où eut lieu le festin des noces ;
devant tous, Henri de Navarre embrassa la nouvelle reine. Mais quand la Cour
revint au Louvre par les petites rues tortueuses du vieux Paris, l'enthousiasme
populaire fut pour le duc de Guise, dont la célébrité commençait déjà et qui
répondait en saluant aux acclamations de la foule. — Du 19 au 21 août furent
données de grandes fêtes, et à ce propos ceux qui soutiennent qu'on n'avait
fait venir les protestants à Paris que pour les massacrer, rapportent qu'on
avait d'abord pensé à tin tournoi, qu'un fort de bois fut même construit dans
une île de la Seine, devant le Louvre et sur une
partie de laquelle le Pont-Neuf est appuyé ; on devait y enfermer le
duc d'Anjou avec une troupe d'élite, tandis que les huguenots avec le roi de
Navarre et l'amiral Coligny viendraient l'assaillir. Dans la mêlée, on
espérait les tuer et rejeter l'odieux de cette machination sur une querelle
survenue entre les combattants et à laquelle le roi n'aurait pu mettre ordre
assez tôt[9]. Les Mémoires
de l'Estat de la France, œuvre d'un calviniste et dont les erreurs sont
trop nombreuses pour être toutes relevées, nous donnent cette histoire, et
l'on ajoute que le fils de Tavannes, rédacteur des Mémoires de son
père, y a laissé subsister le plan de ce tournoi, dressé, dit-il, de la main
du maréchal[10].
Il est à peine besoin de s'arrêter sur cette invention saugrenue. — Le jour
même des noces, le roi tint au Louvre sa cour plénière, et traita magnifiquement
tous les ordres de la ville, le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour
des Aides et celle des Monnaies. Il ouvrit ensuite le bal, qui fut bientôt
interrompu par un ballet plein d'inventions merveilleuses. On vit entrer
trois chars sons la forme de rochers d'argent et chargés de musiciens : sur
l'un était le célèbre chanteur Étienne
le Boy. D'autres chars portaient des niches faites
de quatre colonnes d'argent et
renfermant une divinité des mers ; d'autres encore représentaient des
lions marins ayant le corps terminé en queue de poisson relevée, et portant
des divinités vêtues de drap d'or et assises sur des coquilles dorées. Ce fut
enfin un hippopotame doré, sur la queue duquel était Neptune, armé de son
trident et posé sur une coquille d'or, figuré par le roi en personne, tandis
que le roi de Navarre et les princes du sang se tenaient dans les premières
machines. Ces chars traversèrent la grande salle du Louvre et lorsqu'ils
s'arrêtèrent les musiciens chantèrent des vers composés par les meilleurs
poètes qui se trouvaient au service de la Cour. Le lendemain, on se transporta à l'hôtel d'Anjou, où le roi de Navarre avait fait préparer un festin magnifique ; puis ou retourna au Louvre, où le bal clora jusqu'à la nuit. Le mercredi 30 août, ce fut, à l'hôtel de Bourbon, une allégorie brillante du Ciel et de l'Enfer ; d'un côté, se trouvait un Paradis dont l'entrée était défendue par le roi et ses deux frères, armés de toutes pièces ; de l'autre était l'Enfer dans lequel il y avait un grand nombre de diables et petits diabloteaux, faisant infinies singeries et tintamarres, avec une grande roue tournant dans ledit Enfer, tout environnée de clochettes. Une rivière, traversée par la barque de Caron, séparait l'Enfer du Ciel. Plus loin, derrière celui-ci, étaient les Champs-Élysées, jardins de verdure et de fleurs surmonté du Ciel-Empyrée, c'est-à-dire une roue avec les douze signes du zodiaque, les sept planètes et quantité de petites étoiles de cristal, le tout éclairé à profusion. Le mouvement de la roue faisait tourner en même temps le Paradis et douze nymphes vêtues fort simplement[11]. — Des chevaliers errants, conduits par le roi de Navarre, se présentèrent pour entrer dans le Paradis, et furent rejetés dans l'Enfer à coups d'épée et de lance, où ils retrouvèrent furies et diables et monstres vomissant des flammes de soufre. Alors Mercure et Cupidon descendirent du Ciel, portés sur un coq ; Mercure était encore le chanteur Étienne Le Boy ; ils s'approchèrent des gardiens du Paradis et les félicitèrent de leur victoire — en vers — avant de remonter sur le coq. Puis les chevaliers allèrent chercher les nymphes et dansèrent avec elles plusieurs figures de ballet autour d'un jet d'eau établi au centre de la salle ; enfin, à la prière de l'assemblée, ils délivrèrent les prisonniers de l'Enfer et combattirent avec eux jusqu'à ce que des tuyaux chargés de poudre et qui entouraient le jet d'eau fissent explosion, les enveloppant de fumée et de flammes et consumant les machines devenues inutiles pour terminer la fête. — Le jour suivant, jeudi 21 août, on fit encore un tournoi devant le Louvre. Le roi, ses deux frères, les ducs de Guise et d'Aumale, habillés en amazones, combattirent le roi de Navarre et sa suite, vêtus à la turque de grandes robes de brocart et le turban en tête, tandis que les reines et la Cour regardaient des estrades dressées des deux côtés de la lice. — Cependant on dit que le fait d'avoir mis les combattants huguenots dans l'Enfer, à l'hôtel de Bourbon, parut à plusieurs une injure et un pronostic. Les calvinistes, au reste, se sentaient mal à l'aise au milieu de Paris, ville foncièrement catholique et qui leur était hostile. Des bruits, des soupçons, de la méfiance s'élevaient autour de l'amiral. On le prévenait, on lui conseillait de partir. Le maréchal de Montmorency prétexta une indisposition et se retira dans sa terre de l'Isle-Adam[12]. Un nommé Francart remit à Coligny un mémoire contenant de point en point ce qui allait arriver[13]. D'autres, parmi ses capitaines, lui firent part de leurs craintes et sortirent de Paris. — A la vérité, ce que chacun devait sentir, c'était l'animosité de Catherine, supplantée dans l'esprit du roi par l'amiral ; éloignée des affaires, du gouvernement ; perdant son influence ; le voyant chaque jour mieux établi, plus prépondérant et plus fort. Au mois d'août 1572, Charles IX avait presque abdiqué entre les mains de Coligny. Exalté par le succès, d'ailleurs, il ne supportait plus de résistance. Il voulait séparer le roi des princes, et surtout de la reine-mère, qui contrariait encore son ambition, et engager le pays dans une guerre contre les puissances catholiques. — La Cour ne méditait rien alors contre les huguenots, car ils avaient depuis la paix de Saint-Germain, depuis la venue de l'amiral surtout, toute la confiance du roi. A la fin seulement, ils rencontrèrent dans Catherine et son parti un obstacle à leurs projets. Entre la reine-mère et l'amiral, ce fut une lutte égoïste et personnelle, et l'influence trop bien établie de Coligny fut sa perte. Lui seul gênait Catherine en somme, parce qu'il résumait, croyait-elle, la puissance protestante qui montait toujours et la menaçait. — Elle résolut de s'en débarrasser, d'accord avec le duc d'Anjou et les Guises ; on cacha Maurevert — qu'on avait surnommé le tueur du roi depuis qu'il avait assassiné de Mouy en 1569 — dans une maison appartenant au chanoine Pierre Piles de Villemur[14], ancien précepteur des Guises, et Coligny, revenant du Louvre, le 22 août, et gagnant son domicile, situé rue de Béthisy, reçut une arquebusade qui lui cassa un doigt de la main droite et le blessa au bras gauche. — Le coup fait, — et manqué — Maurevert s'enfuit[15]. Le roi, informé, s'écria en grande colère : Par la mort de Dieu ! quand aurai-je un moment de paix ? Il alla voir l'amiral, jura de rechercher l'assassin et d'en faire une punition exemplaire ; puis Coligny lui ayant parlé en secret : Mort de Dieu ! fit-il à la reine-mère, ce que dit l'amiral est bien vrai. Tout le maniement des affaires est entre vos mains et celles de mon frère ; mais j'y prendrai garde comme m'en a averti avant de mourir mon meilleur et plus fidèle sujet[16]. Il nomma une commission d'enquête, fit protéger l'amiral par un détachement de ses gardes, peu après par cinquante arquebusiers commandés par Cosseins, ami du duc d'Anjou, mais qui n'eût rien osé entreprendre sans l'ordre du roi. Il assigna enfin des quartiers à la noblesse protestante dans la rue de Béthisy, où les catholiques durent céder leurs maisons. On engagea aussi le roi de Navarre à rassembler ses intimes dans le Louvre pour aider le roi, et a envoyer ses gardes suisses pour protéger l'amiral. — Cependant on accusait tout haut les Guises, tout bas Catherine et le duc d'Anjou. Les huguenots passaient à grandes troupes devant l'hôtel des princes lorrains, brandissant les épées, polissant des cris. Ils tenaient des discours violents contre Charles IX lui-même, et peu s'en fallut qu'ils n'allassent au Louvre pour y tuer le duc de Guise ; mais ses gens étaient assaillis, maltraités, injuriés dans les rues ; on l'appelait biche, traître, assassin. Les calvinistes, de plus, se réunirent en armes auprès de l'amiral, du roi de Navarre, au faubourg Saint-Germain, et résolurent de se présenter devant le roi en corps pour dénoncer publiquement le duc de Guise. La blessure de Coligny les avait exaspérés. L'aîné Pardaillan et quelques autres chefs huguenots, dit Marguerite, en parlèrent si haut au souper, à la reine ma mère, qu'ils lui firent penser qu'ils avaient une mauvaise intention. Pardaillan dit que si justice n'était pas faite, les calvinistes la feraient eux-mêmes, et si sanglante que leurs ennemis n'auraient jamais envie de les outrager. Le seigneur de Giles dit au roi la même chose en face ; d'autres ajoutaient, en faisant allusion à la blessure de l'amiral, que c'était là un bras qui en coûterait plus de quarante mille. — Catherine, dit le nonce Salviati, effrayée des dangers qu'elle allait courir si elle était découverte, et voyant l'insolence de toute la huguenoterie qui ne voulait croire, ainsi qu'elle le faisait publier, que le coup venait du duc d'Albe, alla trouver le roi — Brantôme ajoute que plusieurs la poussèrent — lui faisant croire qu'on le tuerait, et elle et ses enfants, et toute sa Cour, et qu'on serait aux armes pire que jamais. — La relation du duc d'Anjou indique de même que se voyant découverts, elle et lui ne songèrent plus qu'à faire dépescher l'amiral et que ne pouvant plus user de ruses et finesses, il fallait que ce fût par voie découverte. —On sait comment Charles IX, incertain et violent, se décida tout à coup[17]. Pour lui arracher son consentement, la reine lui fit peur, remontrant que l'amiral avait envoyé en Allemagne pour lever dix mille reîtres et aux cantons des Suisses pour une levée de dix milles hommes de pied ; que les capitaines protestants étaient déjà partis pour soulever le royaume, et les rendez-vous de temps et de lieu déjà donnés et arrêtés ; que les catholiques avaient délibéré et résolu d'en finir, quittes à nommer un capitaine général pour prendre leur protection et faire une ligue défensive et offensive contre les huguenots ; mais qu'il suffisait de tuer l'amiral, chef et auteur de toutes les guerres civiles, et que les catholiques, satisfaits et contents du sacrifice de deux ou trois hommes, demeureraient en son obéissance[18]. — Le roi se rendait bien compte de la position désastreuse dans laquelle se trouvait la Cour. Le 23 août, il avait mandé Charron, prévôt des marchands, et lui avait déclaré que les religionnaires voulant troubler la tranquillité de la ville et de ses sujets, et ayant osé lui faire entendre des propos menaçants, il eût à donner des ordres pour sa sûreté, celle de sa mère, de ses frères et de son royaume. Il lui avait commandé de se saisir de toutes les portes de Paris, de les faire fermer, d'armer tous les capitaines, lieutenants, enseignes bourgeois et dizeniers, et de tenir l'artillerie prête pour tous les besoins de la défense ; et ces ordres ne furent pas révoqués, toutefois qu'ils aient été exécutés avec une telle lenteur que le lendemain seulement de fort grand matin on les porta aux quarteniers, archers, harquebusiers, arbalétriers et autres officiers, car ce jour même, et durant le massacre, les magistrats se plaignirent au roi que a plusieurs, tant de la suite de Sa dite Majesté, que des princes, princesses et seigneurs de la Cour, tant gentilshommes, archers de la garde de son corps, soldats de sa garde et suite... toutes sortes de gens et peuple mêlé parmi eux, et sous leur ombre, pillaient et saccageaient plusieurs maisons et tuaient plusieurs personnes par les rues[19].—Charles IX était d'ailleurs entré dans une affreuse colère lorsqu'on lui montra la nécessité, au Conseil où assistèrent Catherine, le duc d'Anjou, Nevers, Tavannes, de Retz et autres, de faire tuer Coligny et les principaux chefs au moins des calvinistes. De Retz, paraît-il, dont ce fut sans doute une feinte, protesta seul contre ces assassinats[20]. — La reine ma mère, raconte d'autre part Marguerite, qui du reste ne sut rien du complot et n'en parle que d'après ce qui lui fut dit ensuite, voyant que si on ne prévenait le dessein des huguenots, la nuit même ils attenteraient contre le roi et elle, prit résolution de faire ouvertement entendre au roi Charles la vérité de tout et le danger où il était, par M. le maréchal de Rais, de qui elle savait qu'il le prendrait mieux que de tout autre ; lequel le vint trouver en son cabinet le soir sur les neuf ou dix heures, et lui dit que comme son serviteur très fidèle, il ne lui pouvait céler le danger où il était s'il continuait en la résolution qu'il avait de faire justice de M. de Guise, et qu'il fallait qu'il sût que le coup qui avait été fait de l'amiral n'avait pas été par M. de Guise seul, mais que mon frère le roi de Pologne, depuis roi de France, et la reine ma mère avaient été de la partie ; qu'il savait l'extrême déplaisir que la reine ma mère reçut à l'assassinat de Charry[21], comme elle en avait très grande raison, ayant lors peu de tels serviteurs qui ne dépendissent que d'elle, étant comme il savait, du temps de sa puérilité, toute la France partie, les catholiques pour M. de Guise et les huguenots pour le prince de Condé, tendant les uns et les autres à lui ôter sa couronne qui ne lui avait été conservée, après Dieu, que par la prudence et vigilance de la reine sa mère, qui en cette extrémité ne s'était trouvée plus fidèlement assistée que du dit Charry ; que, dès lors, il savait qu'elle avait juré de se venger du dit assassinat ; qu'aussi voyait-elle que l'amiral ne serait jamais que très pernicieux en cet État ; que son dessein, d'elle, n'avait été en cette affaire, que d'ôter cette peste du royaume ; mais que le malheur avait voulu que Maurevel avait failli son coup et que les huguenots étaient entrés en tel désespoir que ne sen prenant pas seulement à M. de Guise, mais à la reine sa mère, ils croyaient aussi que lui-même en fût consentant, et avaient résolu de recourir aux armes la nuit même[22]. — Le roi Charles, qui était très prudent et qui avait toujours été très obéissant à la reine ma mère, prit soudain résolution de se joindre à elle, non sans toutefois extrême regret de ne pouvoir sauver Téligny, La Noue et M. de La Rochefoucauld. Et lors allant la trouver, envoya quérir M. de Guise et tous les autres princes et capitaines catholiques, où fut pris résolution de faire, la nuit même, le massacre de la Saint-Barthélemy. Et mettant soudain la main à l'œuvre, toutes les chaînes tendues et le tocsin sonnant, chacun courut sus en son quartier, selon l'ordre donné, tant à l'amiral qu'à tous les huguenots[23]. On connaît trop ce qui suivit. La tuerie du 24 août 1572 a été tant de fois racontée qu'il n'y a pas à y revenir ; il suffisait de rappeler quelques particularités de cette exécution terrible. — A l'instant suprême, paraît-il, les meneurs se troublèrent et voulurent donner contre-ordre. On envoya soudainement et en toute diligence un gentilhomme vers M. de Guise pour lui dire et expressément commander qu'il se retirât en son logis, et qu'il se gardât bien de ne rien entreprendre sur l'amiral, ce seul commandement faisant cesser tout le reste, parce qu'il avait été arrêté qu'en aucun lieu de la ville il ne s'entreprendrait rien qu'au préalable l'amiral n'eût été tué. Mais tôt après, le gentilhomme retournant nous dit que le commandement était venu trop tard, et qu'on commençait à exécuter par toute la ville[24]. — Pour moi, continue Marguerite, l'on ne me disait rien de tout ceci. Les huguenots me tenaient suspecte parce que j'étais catholique, et les catholiques parce que j'avais épousé le roi de Navarre qui était huguenot. De sorte que personne ne me disait rien, jusqu'au soir qu'étant au coucher de la reine ma mère, assise sur un coffre auprès de ma sœur de Lorraine — Claude, — que je voyais fort triste, la reine ma mère, parlant à quelqu'un, m'aperçut, et me dit que je m'en allasse coucher ; comme je faisais la révérence, ma sœur me prend par le bras et m'arrête, et se prenant fort à pleurer, me dit : Mon Dieu, ma sueur, n'y allez pas ! ce qui m'effraya extrêmement. La reine ma mère s'en aperçut et appelant ma sœur se courrouça fort à elle, et lui défendit de me rien dire. Ma sœur lui dit qu'il n'y avait point d'apparence de m'envoyer sacrifier comme cela, et que sans doute s'ils découvraient quelque chose, ils se vengeraient de moi. La reine ma mère répond que s'il plaisait à Dieu je n'aurais point de mal ; mais quoi que ce fût, il fallait que j'allasse, de peur de leur faire soupçonner quelque chose... Je voyais bien qu'ils se contestaient et n'entendais pas leurs paroles. Elle me commanda encore rudement que je m'en allasse coucher. Ma sœur, fondant en larmes, me dit bonsoir, sans m'oser dire autre chose ; et moi je m'en allai toute transie et éperdue, sans me pouvoir imaginer ce que j'avais à craindre. Soudain que je fus en mon cabinet, je me mis à prier Dieu, qu'il lui plût me prendre en sa protection et qu'il me gardât, sans savoir de quoi ni de qui. Sur cela, le roi mon mari, qui s'était mis au lit, me manda que je m'en allasse coucher. Ce que je fis, et trouvai son lit entouré de trente ou quarante huguenots. Toute la nuit, ils ne tirent que parler de l'accident advenu à M. l'amiral, se résolvant, dès qu'il serait jour, de demander justice au roi de M. de Guise, et que si on ne la leur faisait, ils se la feraient eux-mêmes. Moi, j'avais toujours dans le cœur les larmes de ma sœur et ne pouvais dormir, pour l'appréhension dans laquelle elle m'avait mise. La nuit se passa de cette façon sans fermer Au point du jour, le roi mon mari me dit qu'il voulait aller jouer à la paume, attendant que le roi Charles fût éveillé. Il sort de ma chambre et tous ses gentilshommes aussi. — Moi, voyant qu'il était jour, estimant que le danger que ma sœur m'avait dit fût passé, vaincue du sommeil, je dis à ma nourrice qu'elle fermât la porte pour pouvoir dormir à mon aise. Une heure après, comme j'étais le plus endormie, voici un homme frappant des pieds et des mains à la porte, et criant : Navarre ! Navarre ! Ma nourrice, pensant que ce fût le roi mon mari, court vitement à la porte. Ce fut M. de Léran[25] qui avait un coup d'épée dans le coude et un coup de hallebarde dans le bras, et était encore poursuivi de quatre archers qui entrèrent tous après lui dans ma chambre. Lui, se voulant garantir, se jeta sur mon lit. Moi, sentant ces hommes qui me tenaient, je me jette à la ruelle, et lui après moi, me tenant toujours à travers du corps. Je ne connaissais point cet homme et ne savais s'il venait là pour m'offenser, ou si les archers en voulaient à lui ou à moi. Nous criions tous deux et étions aussi effrayés l'un que l'autre. Enfin, Dieu voulut que M. de Nançay[26], capitaine des gardes, y vînt, qui me trouvant en cet état-là, encore qu'il eût de la compassion, ne put se tenir de rire, et se courrouça fort aux archers de cette indiscrétion, les fit sortir et me donna la vie de ce pauvre homme qui me tenait, lequel je fis coucher et panser dans mon cabinet jusques à tant qu'il fût du tout guéri. Et changeant de chemise, parce qu'il m'avait toute couverte de sang, M. de Nançay me conta ce qui se passait et m'assura que le roi, mon mari, était dans la chambre du roi et qu'il n'aurait aucun mal. Et me faisant jeter un manteau de nuit sur moi, il m'emmena dans la chambre de ma sœur, Mme de Lorraine, où j'arrivai plus morte que vive, et entrant dans l'antichambre, de laquelle les portes étaient toutes ouvertes, un gentilhomme nommé Bourse, se sauvant des archers qui le poursuivaient, fut percé d'un coup de hallebarde à trois pas de moi. Je tombai de l'autre côté, presque évanouie, entre les bras de M. de Nançay, et pensais que ce coup nous eût percés tous deux. Et étant quelque peu remise, j'entrai en la petite chambre où couchait ma sœur. — Comme j'étais là, M. de Miossans, premier gentilhomme du roi, mon mari, et Armagnac, son premier valet de chambre, m'y vinrent trouver pour me prier de leur sauver la vie. Je m'allai jeter à genoux devant le roi et la reine ma mère, pour les leur demander, ce qu'enfin ils m'accordèrent[27]. — Brantôme assure que le roi de Navarre lui-même lui dut d'être protégé, car il était proscrit et couché sur le papier rouge ; mais ladite reine se jeta à genoux devant le roi Charles pour lui demander la vie de son mari. Le roi la lui accorda assez difficilement, encore qu'elle fût sa bonne sœur[28]. — Il est certain d'ailleurs que Henri de Bourbon et le prince de Condé, conduits dans la chambre de Charles IX, subirent des paroles violentes et durent accorder, en apparence au moins, de changer de religion. Les organisateurs de la Saint-Barthélemy avaient bien résolu leur mort et, dans l'état de folie sanguinaire où se trouvait alors le malheureux roi, on pouvait tout craindre ; mais on n'osa pas mettre la main sur ses proches et lui-même épargna l'homme que la reine Catherine avait choisi pour son gendre. |
[1] Daniel RAMÉE, la Saint-Barthélemy, p. 117.
[2] Patina CAYET. — Cf. docteur Lucien NASS, Catherine de Médicis tutelle empoisonneuse ? (Revue des études historiques, 1901, p. 221.)
[3] E. BOUTARIC, La Saint-Barthélemy, d'après les archives du Vatican, Bibl. de l'École des Chartes, 5e série, t. III, 1867.
[4] On trouve dans le Cérémonial français, de GODEFROY, t. II, p. 45 et suivantes, diverses relations très détaillées des cérémonies observées au mariage du roi de Navarre et de Marguerite de Valois.
[5] Le P. Hilarion de COSTE, Éloges des reines, etc., et Bibl. Nat., Cabinet des Médailles.
[6] Sur les difficultés que le cardinal de Bourbon trouvait à la dispense du pape pour les cérémonies, le roi disait à l'amiral (demi en colère et demi riant) : Ce vieux bigot avec ses cafarderies fait perdre un bon temps à ma grosse sœur Margot. (D'Aubigné, Histoire.)
[7] Au cloitre et à la nef, dit d'Aubigné ; selon une autre version, le roi de Navarre se rendit dans la cour de l'évêché pour attendre la fin de l'office.
[8] DAVILA, liv. V, anno 1572. — D'après Mézeray, c'est le cardinal de Bourbon qui aurait fait donner à la princesse ce signe de consentement. En ce moment, le duc de Guise qui s'élevait par dessus les autres seigneurs pour observer le visage et les yeux de Marguerite fut aperçu du roi, qui lui jeta un coup d'œil qui en disait long sur ses sentiments. Cf. MONGEZ, Hist. de Marguerite de Valois.
[9] Ces actions lâches et sanguinaires, ajoute Mongez, étaient du goût de Charles IX ; il en avait projeté une semblable contre le duc de Guise, qui sut l'éviter ; mais l'assassinat de Ligneroles, mignon de Monsieur, dut le combler de joie, ayant été exécuté avec la plus grande précision, et conformément à ses ordres. Le malheureux gentilhomme, dont tout le crime était d'avoir laissé pénétrer au roi qu'il était instruit de ses desseins, les ayant appris de son maitre, fut attaqué et tué en plein jour. Après ce meurtre, le roi voyant que les esprits méfiants concevaient des soupçons sinistres sur la forteresse bâtie dans File, et ne s'exposeraient pas aisément à un combat si dangereux, fit démolir ce fort et en transporter au loin les matériaux, afin de dissiper tout ombrage. Hist. de Marguerite de Valois.
[10] Les Mémoires ou Vie de Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, maréchal de France, qui fut un des organisateurs de la Saint-Barthélemy, furent écrits par son troisième fils, Jean de Saulx, vicomte de Tavannes (1555-1630).
[11] D'AUBIGNÉ, Histoire universelle, t. III, édit. de la Société de l'Histoire de France. — Il faut rappeler que l'Hôtel ou Palais du Petit-Bourbon, construit sous Charles V, était situé entre le Louvre et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois — entre la rue de l'Autruche ou d'Hosteriche et la rue des Poulies. On commença à l'abattre en 1663 pour construire la colonnade ; les derniers bâtiments, qui servaient au Garde-Meuble, ne disparurent qu'au dix-huitième siècle, lorsqu'on dégagea de ce côté les abords du Louvre. C'est sans doute par erreur que M. E. Beaurepaire (Le Louvre et les Tuileries) indique que cette fête eut lieu aux Tuileries. Tous les auteurs du temps parlent de l'hôtel de Bourbon.
[12] A Chantilly, dit d'Aubigné. (21 août.) — Les Montmorency, dont les négociations avaient, somme toute, avantagé les protestants, étaient alliés aux Châtillon. Gaspard de Coligny était neveu du connétable Anne.
[13] TAVANNES.
[14] Pierre MATHIEU ; Tavannes dit qu'il était dans la maison de Chailly, maitre d'hôtel du due d'Anjou ; d'Aubigné, dans une maison du cardinal de Pellevé. Le nonce Salviati, après avoir mentionné Villemur, ajoute qu'il était absent de Paris et avait laissé la garde de son hôtel à une femme ; Chailly vint trouver cette femme et la pria de loger un ami qui était Maurevert. Cf. BOUTARIC, Bibl. de l'École des Chartes.
[15] Nicolas Louviers de Maurevert vécut jusqu'en 1583. — Le jeudi 14e d'avril, dit l'Estoile, le seigneur de Mouy, qui jà longtemps cherchait tous moyens à lui possibles de trouver le seigneur de Maurevert à son avantage, pour venger la mort du seigneur de Mouy, son père, le trouva près de la Croix des Petits-Champs, vers Saint-Honoré, et le chargeant l'épée au poing après que Maurevert eut tiré son pistolet inutilement, il recula toujours vers la barrière des Sergents-Saint-Honoré, et pour ce qu'il était manchot, il ne put tirer son épée pour s'en aider, tellement qu'en reculant étant roidement poursuivi par ledit de Mouy, il recuit deux ou trois grands coups d'épée, et un entre autres dont il fut percé par le bas du ventre jusqu'à la mamelle gauche, et lui donna le seigneur de Mouy ce coup, pour ce qu'il le pensait armé d'une cuirasse ; et doutant qu'il n'eut à mourir des coups qu'il lui avait donnés, pour ce qu'il était toujours sur les pieds, reculant et parant aux coups, il le poursuivit jusqu'au ruisseau de la grande rue Saint-Honoré, où il le joignit si près qu'il avait son épée sur sa gorge pour la lui couper, quand l'un des soldats de Maurevert (car à ce conflit ils se trouvèrent neuf ou dix de chaque parti) mirant de fort près ledit seigneur de Mouy d'un poitrinal, lui tira le coup de la mort ; car la balle ramée lui entrant par la bouche lui rompit la mâchoire inférieure et la langue, et traversant le cerveau sortit par le derrière de la tête, et tomba mort dans le ruisseau... Maurevert mourut la nuit ensuivant. Édition Michaud, I, p. 161.
[16] Discours du roi Henri III, dans les Mémoires d'État de Villeroi. Édit. Michaud. — Pour la valeur de ce témoignage, cf. G. GANDY, loc. cit., p. 82. Le discours du roi Henri III a été attribué à Pierre Mathieu, puis à Charles Miron, archevêque de Lyon, fils du médecin Marc Miron, auquel Henri d'Anjou aurait parlé. Voir Journal des Savants, 1871, p. 159, et 1880, p. 154. — Selon d'autres, le récit de Henri III aurait été fait à Souvré. E. BOUTARIC, La Saint-Barthélemy.
[17] C'était le rêve de l'Espagne ; après la défaite de Genlis en Flandre, que le duc d'Albe surprit avec sa petite armée, Philippe II avait conseillé de nouveau un massacre général des calvinistes. BOUTARIC, loc. cit. Lorsqu'il fut question du mariage du roi de Navarre, le secrétaire d'État, Gabriel de Cayos, osa dire au successeur de Fourquevaux, Vivonne de Saint-Gouard, qu'on s'ébahissait comment une aussi sage princesse que Catherine n'avait plutôt voulu élire pour parti de Son Altesse un roi comme celui de Portugal !
[18] Discours du roi Henri III, etc.
[19] G. GANDY, loc. cit., p. 91-92. — Cf. Extrait des registres et croniques du bureau de la ville de Paris. Dans les Archives curieuses de CIMBER et DANJOU, t. VII, p. 213.
[20] Discours du roi Henri III, dans les Mémoires d'État de Villeroi. (Édit. Michaud.)
[21] Charry, mestre de camp de la garde du roi. — En décembre 1563, à Paris, n'étant accompagné que d'un capitaine basque et d'un soldat, il avait été attaqué et tué sur le pont Saint-Michel, ainsi que les siens, par Briquemaut, Mouvons et Chastelier-Portant, familier de Coligny.
[22] Il est à peine besoin de faire remarquer la contradiction qui existe entre la version du duc d'Anjou et celle de sa sœur, en ce qui concerne le rôle attribué au maréchal de Retz. Bien des points de détail, dans cette tragédie, sont restés obscurs.
[23] Mémoires de Marguerite de Valois, édit. elzévirienne, p. 29-31.
[24] Discours du roi Henri III, loc. cit. — Pour la Saint-Barthélemy, il faut toujours renvoyer aux auteurs originaux, Tavannes, d'Aubigné, L'Estoile, Davila, Brantôme, De Thou, P. Mathieu, le Recueil des choses mémorables avenues en France, etc., attribué à DE SERRES, etc.
[25] Brantôme le nomme Lérac ; Mongez l'appelle Teyran ; c'était un gentilhomme de l'écurie du roi de Navarre, Gabriel de Levis, vicomte de Léran. — Cf. D'AUBIGNÉ, et Archives du château de Léran, Toulouse, 1903.
[26] Gaspard de La Châtre, mort en 1576.
[27] Mémoires de Marguerite de Valois, édit. elzévirienne, p. 32-35.
[28] BRANTÔME, les Dames illustres. L'auteur de la Vie et déportements de Catherine de Médicis est aussi affirmatif ; le roi de Navarre fut sauvé par Marguerite, et le prince de Condé par le duc de Nevers.