CINQUIÈME PARTIE — DES ERREURS COMMISES DANS LA CHRONOLOGIE ÉVANGÉLIQUE
I. La chronologie évangélique a été longtemps controversée, et cela ne doit nullement nous étonner, puisque, sous ce rapport, elle a partagé le sort de l’Évangile et du Sauveur. Aussi bien, les principes mêmes de la philosophie et de la religion n’ont-ils pas été souvent méconnus, et, parmi les grandes vérités de l’histoire profane ou sacrée, combien n’ont pas eu à subir les négations de l’ignorance ou les attaques de l’erreur ? Toutefois, hâtons-nous de le dire, la chronologie évangélique a toujours été connue d’une manière Certaine à quelques années prés : quel auteur chrétien a jamais ignoré que le Christ était né sous l’empire d’Auguste et mort sous celui de Tibère ? L’erreur a rarement dépassé plus de cinq ou six ans, et elle se trouve le plus souvent expliquée par la facilité avec laquelle les dates approximatives de l’Évangile ont été prises pour des dates exactes. Aujourd’hui que les richesses accumulées dans nos bibliothèques rendent si facile la vérification de ces dates, nous voyons encore les opinions et les systèmes préconçus fausser parfois le résultat de recherches aussi savantes que celles du P. Patrizzi ; l’erreur n’est-elle pas bien plus compréhensible dans les siècles où les moyens de contrôle étaient incomparablement plus rares et plus défectueux ? Disons-le aussi ; les anciens Pères n’attachaient pas beaucoup d’importance à l’exactitude chronologique, et une date plus ou moins sure et précise leur paraissait chose très secondaire à une époque où il fallait proclamer au péril de la vie les grandes vérités de la foi. II. Aujourd’hui encore, une erreur de quelques années dans les dates évangéliques ne saurait troubler la foi, et cette question n’a jamais intéressé l’Église au point de provoquer de sa part une décision ou même un examen ; la question reste dans le domaine livré par Dieu aux discussions des hommes. Cette exactitude, que l’Église n’exige point, la science moderne nous a semblé la réclamer ; en présence des lumières projetées sur les mystères les plus cachés de la nature au de l’histoire, il ne convenait pas de laisser planer la doute ou l’obscurité sur cette partie de l’histoire évangélique. Déjà, pour nos lecteurs, le doute a dû fuir devant l’évidence que répandent les chapitres précédents. On a pu voir, en les parcourant, sur quelles base& incontestables reposait la vraie chronologie évangélique, et comment elle trouvait, dans les données de l’histoire sacrée et profane, toutes les garanties possibles de certitude. La démonstration, toutefois, serait encore incomplète, si nous n’y joignions une contre-épreuve, en donnant l’histoire et la réfutation des erreurs qui ont obscurci les différents points de cette chronologie, et tel est l’objet des deux chapitres qui suivent. |