Cette étude a d'abord
paru dans les Annales révolutionnaires de janvier 1919.
Les
procès de commerce et d'intelligence avec l'ennemi de complot contre la
sûreté de l'État, sont jugés aujourd'hui par les Conseils de guerre ou par la
Haute Cour. Sous la Terreur ils relevaient du tribunal révolutionnaire, qui
était essentiellement une institution de défense nationale. Une
sinistre légende entoure le tribunal révolutionnaire. Sa justice n'aurait été
qu'une parodie sanglante. Plus d'innocents que de coupables auraient succombé
sous ses arrêts, M. Anatole France, dans son roman, d'ailleurs si vrai dans
l'ensemble, Les Dieux ont soit, accepte la légende et fait des juges et des
jurés du tribunal des mystiques imbéciles qui tuaient sans raison ou des
bouchers serviles qui tuaient par ordre. M.
France n'a pas étudié les archives du tribunal. Il en connaît mal l'histoire,
puisqu'il conduit à l'échafaud la femme de Momoro, qui garda sa belle tête
sur ses épaules. M. France n'est souvent qu'un écho de Wallon et de
Campardon, dont les livres, purement anecdotiques, ont contribué à fortifier
une légende qu'il serait temps d'examiner de près. Une
histoire scientifique du tribunal révolutionnaire ne sera possible que le
jour où de patientes études critiques auront reconnu l'étendue et la valeur
des sources à l'aide desquelles cette histoire peut être écrite. Ces études
ne sont pas commencées. Les quelques notes qui suivent ont pour but de
montrer qu'elles sont possibles et qu'elles donneront des résultats. Trois
griefs principaux furent dressés contre les hébertistes ! : 1° En
effrayant les commerçants et les cultivateurs par le déploiement de l'armée
révolutionnaire et par la tyrannie vexatoire de leurs commissaires aux
accaparements, ils étaient responsables de la famine qui régnait dans les
villes et notamment dans la capitale, 2° Ils
s'entendaient avec l'ennemi pour dégotter, par leurs e c Révolution. Ils le renseignaient
sut les actes du gouvernement et lui livraient ses secrets. 3° Ils
préparaient une insurrection contre la Convention, au moyen de l'armée
révolutionnaire et d'un soulèvement populaire. S'ils avaient réussi, ils
auraient instauré une dictature qu'ils auraient contée à un grand juge. A
l'appui du premier grief, on adjoignit à Hébert le commissaire aux
accaparements de la section de Marseille, Frédéric Pierre Ducrocquet,
qui était odieux aux commerçants de son quartier par ses visites
domiciliaires et ses saisies de denrées sur la vole
publique. On lui adjoignit aussi Antoine Descombes, qui *Voit été chargé
pendant plusieurs mois de réquisitionner les grains de la région de Corbeil
et de les faire moudre pour la capitale. Pour
démontrer l'entente avec l'ennemi, on rangea parmi les accusés le prussien
Anacharsis Cloot«, le belge Proli, le hollandais Conrad Kock, les agents
secrets ui ministère des Affaires étrangères : Desfieux,
Pereira et Dubuisson. Cloots
avait prôné une politique extérieure imprudente. Il avait été à Paris le
grand protecteur de tous les étrangers sujets ennemis. Un officier prussien
déserteur, Gugenthal, le dénonçait comme ayant eu
des intelligences avec le duc de Brunswick. Cloots symbolisait l'impérialisme
conquérant à l'extérieur et, à l'intérieur, la déchristianisation à outrance,
que le Comité de Salut public avait blâmée comme une folie dangereuse. Proli,
qu'on disait bâtard du prince de Kaunitz, chancelier autrichien, avait eu des
liaisons suspectes avec Dumouriez. Danton l'avait employé après la trahison
de ce général pour entamer des ouvertures secrètes de paix avec l'Autriche.
On le soupçonnait de faire passer à l'ennemi les documents dont il obtenait
communication par Hérault de Séchelles, son ami intime, qui avait été
longtemps chargé de la partie diplomatique au Comité de Salut public. Le
banquier De Kock, qui recevait Hébert à sa maison de Passy, était considéré
comme l'inspirateur et le bailleur de fonds du parti. Desfieux,
Pereira et Dubuisson, très liés avec Proli, étaient des hommes de moralité
douteuse, que l'influence d'Hérault avait fait employer à des missions
d'espionnage en Suisse ou en Belgique. On les croyait capables de s'être
laissés acheter par l'ennemi. Les
autres accusés, Ronsin, général commandant l'armée révolutionnaire, et son
lieutenant Mazuel, commandant en second la même
armée, Nicolas Vincent, adjoint au ministère de la Guerre, Leclerc et
Bourgeois, chefs des bureaux de la Guerre, Momoro, membre du département de
Paris et président de la section de Marat, etc., étaient les chefs qui préparaient
l'insurrection et qui auraient bénéficié du changement de régime. Ronsin
aurait été dictateur sous le nom de grand juge. Deux
partis avaient un égal intérêt à présenter au public les débats du procès
sous un jour qui leur fût avantageux : le parti in gouvernement, c'est-à-dire
le Comité de Salut public, qui avait envoyé les accusés au tribunal
révolutionnaire, et le parti dantoniste qui, depuis six mois, les avait
dénoncés par l'organe de Fabre d'Eglantine et par la plume de Camille
Desmoulins, avec une violence qui tenait de la rage. Ne soyons donc pas
surpris s'il existe deux versions des débats du procès, une version gouvernementale
et une version dantoniste. La
version gouvernementale ne chercha pas à dissimuler son caractère officiel,
au contraire. Elle est contenue dans les publications sorties de l'imprimerie
même du tribunal révolutionnaire, dont le directeur était le citoyen Nicolas,
juré au tribunal. Ces publications sont au nombre de deux, mais qui se font
suite : 1° le Journal du tribunal révolutionnaire ; 2° le Procès
instruit et jugé au tribunal révolutionnaire contre Hébert et consorts. Le Journal
du tribunal révolutionnaire parut sur une feuille in-4°, c'est-à-dire sur
huit pages. Le premier numéro porte ce sous-titre : « Première séance du
procès d'Hébert, dit Père Duchêne, et consorts, du premier germinal »,
et cette épigraphe en exergue : Salus
populi suprema lex esto[1]. Il n'eut que quatre numéros.
Le numéro deux et les suivants sont suivis de cette mention : « De
l'imprimerie du tribunal révolutionnaire, grande salle du Palais de justice,
à côté du corps de garde. » A la
fin du premier numéro, qui donne uniquement la liste des juges, jurés et
accusés, on lit cette note : « N. B. Sur la sollicitation de plusieurs
patriotes, qui ont bien voulu se charger de la rédaction de ce journal
jusqu'au moment où le procès d'Hébert et consorts, prévenus de conspiration,
sera jugé, le citoyen Nicolas, imprimeur du tribunal révolutionnaire, s'est
chargé de l'impression. Nous donnerons les détails des débats et les
dépositions des témoins dans le numéro prochain. Les numéros ne seront point
uniformes, ils varieront ainsi de prix suivant l'augmentation des feuilles. » Les
numéros 2, 3 et 4 donnèrent le texte ou le résumé des dépositions des six
premiers témoins. Le mime, 4 s'arrête à peu près au milieu de la déposition
du sixième témoin, le citoyen Jacquemier, et il se
termine brusquement par cette note : « La conspiration sur laquelle le
tribunal vient de prononcer intéresse assez essentiellement les amis de la
liberté et doit assez marquer dans l’histoire de la Révolution, pour que l'on
désire d'avoir mi recueil complet de ce procès intéressant. L'éditeur du
journal des débats prévient en conséquence ses concitoyens qu'il va suspendre
la distribution par numéros pour s’occuper d’une édition complète d'après le
travail des rédacteurs, dont l'exactitude ne peut faire doute. Nicolas a seul
ce travail et ce qui sortira d'une autre presse sera à coup sûr d'Une
exactitude moins certaine. » Nicolas
tint parole. Il fit paraître un peu phis tard, sous forme d'une brochure de 161
pages de format in-8°, le recueil des débats du procès, qu'il intitula :
Procès instruit et jugé du tribunal révolutionnaire contre Hébert et consors[2]. Les 65 premières pages de ce
recueil sont identiques au texte du journal, avec cette différence que les
pages 1Z à 30 donnent l'acte d’accusation de Fouquier-Tinville, qui est
absent du journal. On peut encore noter que !’orthographe de certains noms
défigurés dans le journal a été rectifiée dans le recueil. Ainsi le Journal
(p.
5) avait imprimé :
« Jean-Charles Tiant-Lavau », le Procès
imprima : « Jean-Charles Lavau ». Le Tiant
du journal était mis Thiébault, car Charles Laveaux s'appelait aussi Thiébault.
A noter enfin que le Procès, comme le Journal, porte la même
épigraphe : Salus populi suprema lex esta. La
version officieuse de débats dit procès, que nous croyons d'inspiration
dantoniste, est également contenue dans une publication périodique et dans un
recueil fait d'après celle-là. La publication périodique n'est autre que le
Bulletin du tribunal révolutionnaire, qui avait cessé de paraître avec son
numéro du 8 frimaire an II et qui reprenait précisément pour le procès
d'Hébert[3]. Le recueil est intitulé : Procès
des conspirateurs Hébert, Ronsin, Vincent et complices, condamnés à mort par
le tribunal révolutionnaire, le 4 germinal l'an 2e de la République, et
exécutés le même jour, suivi du Précis de la vie du Père Duchêne[4]. Il forme une brochure de 126
pages petit in-12. Alors
que la version officielle sous ses deux formes, journal et recueil, est tout
entière sortie 'des presses d'un unique imprimeur Nicolas, la version
officieuse est l'œuvre de deux imprimeurs différents. Le Bulletin du
tribunal était édité par l'imprimeur Clément, « cour des Barnabites, en face
du Palais, maison Nugerard, traiteur ». Le Procès
des Conspirateurs parut chez « Caillot, imprimeur-libraire, rue du
Cimetière André des Arcs, 46 ». J'ignore
quels rapports unissaient Clément et Caillot, qui étaient voisins, mais je
remarque que la publication du second est tout entière empruntée à celle du
premier. Elle reproduit jusqu'aux fautes typographiques. Par exemple, le
douzième témoin est appelé, dans le Bulletin et dans le Procès des
Conspirateurs, « Raymond Germinal », quand son nom véritable était
Verninac — « Verminat » dans la version
officielle — ; par exemple encore, Sambale,
peintre, quand le véritable nom est Sambat. Sur la
valeur respective des deux versions, l'officielle et l'officieuse, et sur les
détails de leur confection, l'instruction du procès de Fouquier-Tinville
jette quelque lumière. Le 9
vendémiaire au III, deux mois après la chute de Robespierre, quand la
Terreur, changeant de camp, s'attaquait aux hommes de l'an II, Jean-Pierre-Victor
Ferral, âgé de trente-neuf ans, né à Villers-sur-Mer, et juge au tribunal du
district de Pont-Challier, c'est-à-dire Pont-l’Évêque
(Calvados)[5], fut entendu au procès de
Fouquier. Il déposa à l'instruction qu'il avait eu une carte spéciale pour
assister au procès d'Hébert. Cette carte signée d'Herman, qui présidait alors
le tribunal alternativement avec Dumas, l'autorisait à « tenir des nottes dudit procès[6] ». Il prit en effet ces
notes, étant placé derrière les juges. Il les a conservées. dit-il, très
exactement. « Ajoute le déposant qu'après la première séance, Coffinhal,
son voisin alors et de sa section, l'invita à réunir ses notes aux siennes et
à celles de Naulin et Subleyras, afin de rassembler les preuves et de les
consigner dans un ouvrage que le tribunal feroit
imprimer sous le titre de Journal du Procès d’Hébert ; qu’il se réunit
en effet à eux et écrivit sous leur dictée ce qui a servi de copie à l'imprimeur,
qui n'a point achevé œ journal sous le format in-4° sous lequel il a été
commencé. Qu'il ne lui étoit pas difficile d'appercevoir[7], tant dans le cours de
l'instruction publique que dans le travail du journal, que l'on vouloit affaiblir et même faire disparaître les
preuves ou indices qui se présentaient de la complicité d'Hanriot, de. Pache
at de Robespierre que l'on voyait derrière eux. Qu'il fut
instruit par l'imprimeur que l'on avait refondu le format de l'édition in*4°
pour faire une édition in-8° ; qu'alors il se présenta plusieurs fois chez
l'imprimeur pour avoir un exemplaire de la nouvelle édition, que l'imprimeur
lui répondoit toujours qu'elle n'était pas finie et
qu'enfin ce ne fut que quinze jours après l'exécution de Danton, époque à
laquelle on distribuait l'édition in-8°, qu'il put s'en procurer un
exemplaire. Qu'alors, ayant comparé cette édition avec ses notes, il a
remarqué une quantité de soustractions de preuves et d'altérations au point
qu'il a remarqué que l'on a mis sur le compte de Danton des faits qui existoient contre Pache et qu'on l'a tait si
maladroitement que l'on a laissé subsister dans l'ouvrage même la preuve de
ces falsifications, qu'alors, muni de cet exemplaire, il a fait un
manuscrit intitulé : Errata de l'édition in-8°, etc., qui contient tous
les changemens et altérations qui ont eu lieu dans
la dite édition, qu'il en a replis en exemplaire à plusieurs membres de
la Convention, auxquels il avait aussi communiqué pendant l'instruction sa
surprise que Pache et Hanriot ne fussent pas rangés avec Hébert et consors, mais que ces députés lui répondirent qu'ils
ne pouvaient que gémir sur de pareilles choses et qu'avec le tems on atteindroit tous les complices d'Hébert et Ronsin.
Que Coffinhal lui proposa de suivre aussi le procès de Danton, mais que,
d'après les choses qu'il avait vu se passer dans le
procès d'Hébert, il n'a pas voullu defférer à son invitation. Ajoute qu'à cette époque ou
peu de temps après, ayant été instruit que Fabricius, qui de son côté
avait tenu comme le déclarant des nottes pendant
l'instruction du procès d'Hébert, avait été incarcéré et remplacé
pour quelque indiscrétion qu'il avoit eu
relativement à l'édition in-8°. Alors, prévoyant bien qu'il seroit à son tour incarcéré, il quitta Paris dans les
premiers jours de floréal, il n'y est de « retour » que depuis
quatre jours. » Cette
déposition confirme et précise œ que nous avait appris le seul examen des
deux publications officielles. Elles furent l'œuvre des juges mêmes du
tribunal, Coffinhal et Subleyras, aidés de Ferrai et de Naulin. Celui-ci
était le substitut de Fouquier-Tinville. Ferral
accuse la version officielle d'avoir atténué les charges que certains
témoignages faisaient peser sur Hanriot et Pache. II prétend qu'elle mit sur
le compte de Danton ce qui avait été dit contre Pache. Enfin il nous apprend
que le greffier Pâris, dit Fabricius, intime ami de Danton, avait de son côté
pris des notes du procès d'Hébert et que ces notes étaient distinctes de
celles qui ont été mises en œuvre dans la version officielle. Nous sommes
ainsi amenés à nous demander si les notes de Fabricius n'ont pas servi à
composer la version officieuse que nous qualifions de dantoniste. Ce même
Pâris-Fabricius déposa à son tour dans l'instruction contre
Fouquier-Tinville, devant le juge Pissis et le
greffier Raymond Josse, et voici comment il s'exprima sur les faits déjà
rapportés par Ferrai. : « [Dans
l'affaire d'Hébert], un grand nombre de témoins désignoient
comme chef d'une faction Pache, sous le nom de grand juge, et Hanriot comme
chef militaire secondant cette faction. Un soir, avant la mise en jugement,
le tribunal s'assembla en la chambre du conseil et délibéra sur les charges
qui se trouvoient portées contre Pache et Hanriot
dans les différentes déclarations reçues. Dumas, qui étoit
yvre, proposa le mandat d'arrêt contre Hanriot.
Fleuriot s'y opposa sous prétexte qu'on ne devoit
par arretter le chef de l'armée parisienne sans en
avoir référé au Comité de Salut public. Ce dernier avis prévalut et, le même
soir, Fouquier, Fleuriot, Dumas et Herman se transportèrent au Comité de
Salut public lui faire part de la délibération qui venoit
d'avoir lieu. Le déclarant sçut le lendemain qu'ils
avoient reçu une semonce de la part du Comité, et particulièrement de
Robespierre, pour avoir délibéré sur l'arrestation d'Hanriot, et ils reçurent
l'ordre d'écarter les preuves qui pourroient exister
tant contre Pache que contre Hanriot. Les accusés Ronsin, Hébert et autres
furent mis en jugement. Les débats s'ouvrirent et lorsque quelques témoins vouloient parler de Pache et de Hanriot, le président
Dumas les interrompoit en disant qu'il ne devoit pas être question d'eux, qu'ils n'étoient pas en jugement et faisait leur éloge... Le
tribunal avoit commis le citoyen Feral[8], homme de loi, pour recueillir
des notes des déclarations qui seroient faites
pendant le cours des débats. Naulin, Subleyras et Coffinhal, juges, recueilloient les notes des débats tous les soirs. Ils se
rassembloient pour réunir ces notes et en faire un
travail pour être livré à l'impression. Il paroît
que ce travail a été tellement dénaturé qu'on a supprimé les preuves qui pouvoient exister contre Pache et Hanriot, et qu'on a mis
sur le compte de Danton ce qui étoit sur celui de
Pache, mais avec une telle maladresse qu'il est impossible de ne pas y reconnoître le maire de Paris. Le citoyen Feral a fait un petit manuscrit intitulé Errata,
qui contient tous les changemens frauduleux qu'on a
fait dans cet ouvrage. Le déclarant avoit aussi
recueilli très exactement note des déclarations faites pendant l'instruction
de ce 'procès, mais elles lui ont été volées pendant sa détention... » Identique
dans l'ensemble à la déposition de Féral, la déposition de Fabricius rejette
en outre sur le Comité de Salut public, et particulièrement sur Robespierre,
la responsabilité de la mise hors de cause d'Hanriot et de Pache. D'autres
précisions intéressantes nous sont enfin fournies par la déposition que fit à
l'instruction du procès de Fouquier un autre ami de Danton, l'ingénieur Dufourny,
qui rappela son rôle au procès des hébertistes. Dufourny
déclara, le 9 vendémiaire an III, devant le juge Forestier, qu'il avait
déposé au procès d'Hébert contre Hanriot et contre Pache. Il avait reproché aû premier des bris de scellés dans une Maison
d'Asnières, qui lui avait été prêtée, pour y boire le vin des claves. Il
avait rappelé que, dans cette affaire, Hanriot avait été défendu par Vincent.
Au sujet de Pache, il avait rapporté une altercation qu'il avait eue avec
Ronsin à la table du Maire, au cours de laquelle il avait accusé Ronsin
d'aspirer à la dictature. Il confit= en ces termes : « Il existoit alors un Journal du tribunal révolutionnaire,
mais il étoit incomplet et surtout inexact.
Aussi cette grande affaire [le procès d'Hébert] qui renfermoit,
comme on a vu et comme on éprouve encore, le germe de tant de maux, m'avoit paru exiger que les débats fussent tracés
littéralement afin de jalonner l'avenir et d'éclairer l'histoire. J'avois
fait aux jacobins la proposition d'envoyer au tribunal un preneur de nottes, mais Robespierre, qui étoit
toujours derrière toutes les conspirations pour en recueillir le succès sans
en partager les dangers et pour, dans tous les cas, en imoler
les chefs, Robespierre, qui sentoit que des faits
bien constatés ne laissent aucune latitude à l'imposture, mère de toute
tyrannie, s'y était opposé, mais Coffinhal qui, je crois, ne s'étoit pas encore abbendonné à.
Robespierre, rédigea dans l'intérieur du parquet, sous l'autorité du
tribunal, à l'aide de plusieurs Membres du tribunal, ses collègues, un
journal qui fut imprimé, avec la vignette du tribunal, à son imprimerie ;
l'extrait que Coffinhal avbit fait de mes trois
déclarations principales étoit informe. J'en
fournis un qui fut imprimé, mais parce que Barère, Hanriot et Collot y
étaient nominés, l’accusateur public et quelques membres du tribunal
supprimèrent l'édition. Cette suppression est un mensonge à la nation au
nom et en présence de laquelle les jugements se rendent et à laquelle on doit
compte de la totalité des motifs des jugements. C'est
un acte de servitude à l'accusateur public envers ces hommes que je viens
dénommer ; c'étoit enfin étouffer la
surveillance générale que j'appellois sur les
projets d'Hanriot et de ses protecteurs, sur les dangers de l'année révolutionnaire
et sur ces guillotines dota on devoit dépouillé la
justice pour ne les confier qu'à la Terreur. Le citoyen Ferral peut
donner des éclaircissements sur ces délits. « Je
ne peut taire que, la veille au soit de cette suppression,
Barère me trouvant au Conseil me dit, en présence des ministres Paré, Deforgues et Destounielles :
« Il est bien amer, citoyen Dufourny, d'être nommé au tribunal
révolutionnaire dans une affaire de conspiration par un citoyen dont la
véracité est aussi bien établit que l'est la vôtre », que je lui ai
répondu : « N'ai-je pas juré de dire toute la vérité », que
Barère, après avoir nié ses relations avec Proly, avait ajouté : « Attaquer
un membre du Comité de Salut public, c'est ôter la confiance à ce Comité, c'est
attaquer la représentation nationale », que je lui ai enfin répondu : « Oh !
pour ceci, Barère, les principes s'y opposent et j'ai juré de maintenir les
principes, ils s'opposent à ce qu'aucun représentant s'enveloppe du manteau
de la Convention ou de celui d'un Comité pour se soustraite à l'examen de ses
délits personnels, et plus je désire vivement que la Convention et le Comité
de Salut publie jouissent de la plus grande confiance, plus je demande que
ses membres soient purs et épurés », que Barère se tut, mais que je sut
le lendemain matin que, de concert avec l'accusateur public et autres, il a
fait supprimer cette édition et ne m'a donné depuis d'autre signe de vie
qu'en votant nia mort sous la forme de mandat d'arrêt au 16 germinal. » Si on
se souvient que l'auteur de cette déclaration, Dufourny, ancien président du
département de Paris, fut avec Fabre d'Églantine l'inventeur et le metteur en
scène de la « Conspiration de l'Étranger », autrement dit du procès
des Hébertistes[9], si on se souvient aussi qu'il haïssait
Robespierre, qui le fit chasser des Jacobins, on sera en état d'apprécier la
valeur de son témoignage. De son propre aveu il chercha, en déposant au
procès d'Hébert, à mettre en cause Barère et les hommes du Comité de Salut
public. Le procès, qui était en grande partie son œuvre, était dans ses mains
une arme politique destinée à. renverser un gouvernement qu'il craignait.
Derrière Proli il visait Barère et, sans doute, Collot d'Herbois, ses anciens
protecteurs. Derrière Vincent et Ronsin, il visait Pache et Hanriot. Il est
remarquable que Dufourny avait prémédité son coup. Pour que sa déposition au
procès d'Hébert atteignît par ricochet le Comité de Salut public, il fallait
que cette déposition fût assurée d'une publicité. Dès le 28 ventôse, deux
jours avant le procès, il se plaignait aux jacobins de l'inexactitude du
Journal de la Montagne et il demandait que la société se procurât un « tachygraphe »,
c'est-à-dire un sténographe, « qui recueillera tout ce qui aura été dit,
afin que le rédacteur ne laisse échapper rien d'essentiel ». Robespierre vit
sans doute où Dufourny voulait en venir. Il s'opposa à. sa motion pour cette
raison qu'il fallait avant tout connaître les rédacteurs auxquels on aurait
affaire : « On est exposé à se tromper dans le choix ; par conséquent,
il ne faut encore rien innover, afin de ne pas se mettre dans le cas de
changer un mal pour un autre. » Ce que Robespierre ne cligna pas, mais
ce qu'il sous-entendait, c'est que la raison d'État s'opposait à la publicité
intégrale des débats de la société. Le club se rangea à son avis. Mais, battu
sur sa proposition de sténographier les débats des jacobins, Dufourny, qui
était tenace, revint à la charge un moment après, quand le club aborda
l'ordre du jour, qui était la conspiration hébertiste. « Si on avait
recueilli, dit-il, les discussions qui ont eu lieu dans les procédures
intentées contre les conspirateurs, la France entière eût été éclairée sur
toutes les conspirations et ces lumières auraient beaucoup servi à déjouer
les complots, qui depuis ont été tramés. Il est de l'intérêt public que l'on
fasse connaître aux départements les délits que le tribunal révolutionnaire
aura à juger et les indices qui lui seront donnés par les réponses des
accusés. Je demande en conséquence que les jacobins avisent aux moyens de se
procurer un tachygraphe, au moins pendant le cours de la procédure et du
jugement d'Hébert, Vincent et autres. » Tranchant,
Robespierre répondit : « Je demande la question préalable sur cette
nouvelle motion, pour les mêmes raisons qui m'ont paru mériter qu'on ajournât
la première. » Dufourny
reprit : » Je désirerais que Robespierre s'expliquât et fît connaître le
motif qu'il peut alléguer contre ma motion. » Alors
Couthon intervint : « Un des plus grands moyens que les conspirateurs
imaginent pour se sauver est celui de se rendre intéressants ; un autre moyen
non moins odieux est celui de diffamer les patriotes les plus purs.
Attendez-vous à ce malheur, surtout si le journaliste que vous choisirez se
trouve corrompu. Si les conspirateurs se croient perdus, ils chercheront, par
un motif de vengeance, à imprimer une tache universelle sur les meilleurs
patriotes. C'était là le système de Brissot, Gensonné et autres ; c'est aussi
celui d'Hébert et autres, qui sont aussi fins que les premiers. Je demande la
question préalable sur la motion proposée. » C'était
une seconde fois invoquer la raison d'État. La liberté de la presse aurait
été une arme pour atteindre les gouvernants dans l'opinion publique. Le club
une fois encore exprima sa confiance au Comité en votant la motion de
Couthon. Dufourny lui-même se rétracta. Les
dantonistes n'eurent pas le sténographe officiel et patenté qui aurait
enregistré leurs attaques indirectes contre Barère, contre Collot, contre
Robespierre, contre Pache, contre Hanriot, contre tous ceux qui les gênaient aux
avenues du pouvoir. Ils furent obligés de s'en passer, mais ils avisèrent.
Ils ressuscitèrent d'emblée le Bulletin du tribunal révolutionnaire et
ils chargèrent Paris-Fabricius, leur homme qui était greffier du tribunal, de
prendre note des débats du procès. Le
rédacteur du Bulletin du tribunal devait se réjouir à l'idée de rendre
compte du procès d'Hébert. Ce n'était pas seulement pour lui une belle
affaire en perspective, c'était aussi l'occasion d'une vengeance à exercer. A la
séante des jacobins du 6 brumaire, Hébert s'était plaint amèrement de la
façon tendancieuse dont les journalistes avaient rendu compte des débats du
procès des girondins. R Il est aisé d'apercevoir, avait-il dit, l'intention
formelle d'atténuer les torts des accusés, de les justifier, s'il était
possible, et d'égarer l'opinion du peuple Il existe lin journal intitulé le
Bulletin du tribunat révolutionnaire. L'astuce et l'imposture que l'auteur de
ce journal met dans sa rédaction sont inconcevables. Il n'est pas de feuille
plus dangereuse pour l'opinion publique, et je vous avoue que Brissot lui-même
n'aurait pu écrire en sa faveur avec plus d'adresse. On se garde bien d'y
insérer tout ce qui est à la charge des accusés. Après Hébert, un citoyen
s'était déchaîné à son tour contre le Bulletin du tribunal. « Cette
feuille, dit-il, est tellement dangereuse qu'il est essentiel d'en arrêter la
circulation. » Il fit la motion de nommer une commission d'enquête et de
dénoncer le rédacteur au Comité de Sûreté générale. La commission fut nommée
et la dénonciation suivit son cours. Il ne
semble pas cependant que le Comité de Sûreté générale, où les dantonistes
étaient encore très forts et où Fabre d'Églantine portait au moment même sa
dénonciation secrète contre les hébertistes, ait donné satisfaction aux
jacobins, puisque le Bulletin dit tribunal continua à paraître en
frimaire. Mais il est significatif que le journal avait
été interrompu juste au moment de la dénonciation d'Hébert et que sa troisième
partie, qui parut en frimaire, n'eut que onze numéros. Le rédacteur avait eu
peur. Peut-être n'avait-il été sauvé que par l'intervention des dantonistes ?
Peut-être était-ce à lui que Dufourny avait songé pour le poste de
sténographe officiel dont il avait demandé la création, le 28 ventôse, à. la
veille des débats du procès d'Hébert ? En tout cas, il est certain, à mort
sens, que le Bulletin, qui reparut le 1er germinal, rendit compte des
débats dans le sens que pouvait souhaiter Dufourny. Nous n'aurons pas de
peine à le démontrer dans un instant. Dans la
déposition qu'il fit à l'instruction du procès Fouquier-Tinville, et que nous
avons citée, Dufourny s'est plaint avec amertume de l'inexactitude du Journal
du tribunal révolutionnaire, du Journal et non du Bulletin.
Le journal dont il parle ne peut être que la publication officielle qui fut
rédigée par les juges Coffinhal, Subleyras et Naulin, et imprimée par
Nicolas. Il a prétendu dans sa passion qu'un numéro de ce journal fut
supprimé le lendemain du jour où il eut avec Barère une explication fort
vive. Il est possible que Barère ait fait, en effet, des reproches à Dufourny
sur sa déposition, mais nous avons que le Journal du tribunal
révolutionnaire ne fut pas supprimé, mais qu'il cessa de paraître
périodiquement après, son numéro 4 pour se transformer en un recueil dans
lequel il entra comme partie intégrante. Dufourny invoque à l'appui de son
dire le témoignage de Féral. Féral ne parle pas de suppression, mais
seulement de suspension. Si l'erratum,
que Féral avait rédigé pour servir de correctif à la publication officielle,
s'était retrouvé, nous saurions exactement jusqu'à quel point le juges du
tribunal ont remanié et dénaturé les dépositions des témoins. Mais cet
erratum, qui existe peut-être dans quelque dossier ignoré, n'a pas encore été
mis au jour. Pour contrôler les accusations de Féral, de Pâris-Fabridus et de Dufourny, il ne nous reste que les deux
publications simultanées et rivales, celle de Nicolas et celle de
Clément-Caillot. Leur comparaison ne peut manquer de nous fournir quelques
constatations intéressantes. La
déposition de Dufourny est beaucoup plus longue et plus détaillée dans le
Bulletin que dans le Journal, et cela seul est un indice que le
rédacteur soignait les dépositions des dantonistes. En outre, on peut relever
entre les deux versions des différences significatives. On lit dans le Bulletin[10] : « Ronsin voulait que
l'on se ralliât à. La Valette pour conduire à. la guillotine Bourdon de
l'Oise, Fabre d'Eglantine, Dufourny, Robespierre. » On lit
dans la publication officielle Procès instruit et lugé au tribunal
révolutionnaire contre Hébert, p. 39 : « Ronsin disait dans sa
prison à ses coalisés qu'il fallait se rallier pour faire guillotiner
Philippeaux. » Les noms de Bourdon, de Fabre, de Dufourny, de
Robespierre ont disparu. La
raison de ces différences n'est pas aisée à démêler. Dufourny, en nommant
Robespierre à côté de ses amis Fabre et Bourdon, a eu l'intention de rendre
le premier solidaire des seconds. Il veut que l'opinion continue d'associer
les deux noms de Robespierre et de Danton, que le nom de Robespierre soit un
bouclier pour son parti. Mais
Robespierre et le Comité, qui ont déjà décidé à cette date l'arrestation des
dantonistes, ne veulent pas que l'opinion s'égare. Les juges du tribunal, qui
rédigent le récit officiel, pratiquent donc dans la déposition de Dufourny
les suppressions que nous avons relevées. Pourquoi
Dufourny a-t-il nommé La Valette, dont le nom a disparu aussi de la version
officielle ? Sans doute parce que La Valette, poursuivi par les rancunes de
Duhem et des dantonistes pour sa conduite à Lille, a été défendu et sauvé par
Robespierre. On lit
encore dans la version dantoniste de la déposition de Dufourny : « On se
demande d'abord quel est le dénonciateur de Desfieux, et l'on répond : c'est
Robespierre[11]. » Ce passage a disparu de la
version officielle. A
disparu de même cet autre passage de la même déposition : « Proly n'est
qu'un intrigant... C'est un homme fort adroit, fort astucieux, rôdant sans
cesse autour des comités de la Convention, s'y introduisant sous mille
prétextes et rédigeant même quelquefois pour Hérault et Barère, qui avaient
beaucoup de confiance en lui...[12] » Il ne faut pas que le public
puisse s'imaginer que Barère a eu des relations compromettantes avec un Proli
! Quand
Dufourny eut fini de parler, le président Dumas demanda aux accusés ce qu'ils
avaient à répondre : « Ronsin, avez-vous dit qu'il fallait se ralier à La Valette pour conduire à la guillotine
certains individus par vous désignés ? » Ronsin répond : « Jamais
il ne m'est arrivé de former des projets aussi sanguinaires, même contre mes
plus dangereux ennemis, et je soutiens le fait de toute fausseté[13]. » La question du président et
la réponse de Ronsin, qui figurent en ces termes dans le Bulletin, ont
complètement disparu de la version officielle. Le
président demande à Desfieux : « Avez-vous eu le dessein de faire
afficher des pétitions tendantes à opérer votre
élargissement et celui de vos amis ? Avez-vous entretenu des intelligences tendantes à vous faire un parti chez les Liégeois ? »
[Il s'agit des Liégeois réfugiés à Paris, qui soutenaient en majorité la
politique hébertiste[14].] Desfieux nie purement et
simplement. Cet incident est absolument passé sous silence dans la version
officielle mi il n'est nullement question del% Liégeois. Dumas
s'adresse maintenant à Proli : « Proly, avez-vous fait des soustractions
dans les bureaux des comités de la Convention, comme vous en êtes accusé ? —
R. Je n'ai rien à me reprocher à cet égard et les soustractions dont on me
charge n'ont jamais été mon ouvrage... » Cette question et cette
réplique sont inconnues à la version officielle. Si la
déposition de Dufourny est incomplète dans le récit officiel, en revanche la
déposition de Jacques Moine, agent comptable dans la fabrication des amies, y
est relatée d'une façon beaucoup plus précise. C'est ici la version
dantoniste qui est écourtée et fautive. Jacques Moine, dans le Bulletin,
ne parle qu'en termes vagues des banquiers qui s'étaient enrichis « en
faisant passer des fonds aux ennemis extérieurs et aux émigrés. » Dans
le recueil de Nicolas, il nomme ces banquiers Grefeuil
(lisez
Grefuilhe) Mons (lisez Monts), Ces banquiers ne sont pas
désignés dans le récit dantoniste, même Moine dit plus loin, dans le recueil
de Nicolas, que Desfieux avait des connaissances détestables, « notamment
avec un nommé Peyrateau, et que Grefeuil
se rendait habituellement au comité qui se tenait chez Desfieux ».
Aucune trace de ces financiers dans la version de Clément-Caillot. Les dantonistes
n'aimaient pas contrister les banquiers en jetant leurs noms en pâture à
l'opinion. La
déposition du peintre Sambat, juré au tribunal, est à peu près semblable dans
les deux versions. Cependant, dans la version dantoniste, il y a un peu plus
de détails. « Hébert, dit-il dans le Bulletin, dans une affiche,
a fait des sorties indécentes centre Danton ! il a essayé de le vilipender
par cette affiche. Il y a eu des intrigues de la part de Momoro et Delcloche, concertées avec Vincent, pour faire recevoir ce
dernier aux Jacobins… » Rien sur cette affiche d’Hébert dans la version
officielle, Dumas
reproche à Proli d'avoir poussé à la paix au lendemain de la trahison de
Dumouriez. Proli nie, Dumas, pour le confondre, lui réplique : « Comment
accorderez-vous votre réponse avec une lettre de vous à Dampierre : lettre
trouvée dans la poche de ce denier, et qui traitait
de négociations de paix avec les ennemis ? — R. J'accorderai facilement le
tout et je ne dirai que la vérité. Lorsque l'armée du Nord se trouvait
réduite dans une certaine stupeur, par quelques échecs procédant de trahisons
ou de toute autre cause, quelques membres du Comité de Salut public
m'engagèrent à écrire à Dampierre pour l'inviter à insinuer adroitement aux
puissances coalisées de reconnaître la République française et de se retirer[15]. » Pour comprendre cet
incident, il faut se souvenir que le général Dampierre, que l'influence de Danton
avait fait nommer commandant en chef de l'armée du Nord après la trahison de
Dumouriez, avait essayé d'entamer des négociations de paix avec le prince de
Cobourg sur la base de l'échange de la famille royale avec les conventionnels
que Dumouriez avait livrée à l'ennemi. Quand Dampierre fut frappé à mort au
début de mai dans un combat, on trouva dans la poche de sa redingote des
documents compromettants qui prouvaient l'existence de ses pourparlers avec
l'Autriche[16]. Je n'ai pas retrouvé cet
incident dans le recueil de Nicolas. Si les dantonistes l'ont relaté et si
les juges l'ont passé sous silence, c'est que les uns et les autres avaient
sans doute pour cela des raisons, mais qui m'échappent. La
déposition du dantoniste Charles Laveaux, ancien rédacteur du Journal de la
Montagne, est écourtée dans la version officielle. Au contraire, la
déposition du Belge Charles Jobert (ou Jaubert), espion à la solde du Comité de
Sûreté générale, est beaucoup plus longue et circonstanciée dans le recueil
de Nicolas que dans le recueil de Clément-Caillot. Les
dépositions des huitième et neuvième témoins, Antoine-Marie-Charles Garnier,
député, et Félix-Thomas Riden, greffier à
Saint-Lazare, sont assez développées dans la version officielle, alors
qu'elles sont réduites à cette ligne dédaigneuse dans la version dantoniste :
« Les 8e et 9e dépositions n'ont donné aucun renseignement important. » La
déposition du onzième témoin, qui était le général Auguste Danican, est
complètement supprimée dans le recueil dantoniste. La
déposition du douzième témoin, Raymond Verninac, ministre de la République en
Suède, mérite une mention particulière, parce qu'elle mit Pache en cause. Il
déclara que le 17 ventôse, ayant rencontré le général Laumur, celui-ci lui
avait dit « que l'on parloit de
l'établissement d'un grand juge ; que l'on désignoit
Pache pour remplir cette fonction ; que lui, témoin, parlant de la nécessité
de la réunion entre les patriotes, Laumur répliqua : en coupant cinq à six
têtes, cela sera bien aisé[17]. » Le
président interpella Laumur sur cette déclaration. Laumur répondit, « ne
pas se rappeler s'il a nommé Pache ; déclare au surplus qu'il a raisonné sur
le projet de nommer un chef d'après les bruits publics et qu'il a parlé de
couper cinq à six têtes comme d'autres choses[18]. » Il est
remarquable que, dans les deux versions, le nom de Pache est en toutes
lettres. On peut alors se demander si Féral, Dufourny et Pâris-Fabricius, qui
ont accusé les rédacteurs de la version officielle d'avoir intentionnellement
supprimé le nom de Pache, ont dit la vérité. La version
dantoniste est beaucoup moins circonstanciée sur cet incident que la version
officielle. Elle ne mentionne pas l'interpellation du président à Laumur, ni
la réponse de Laumur, qui était un demi-aven. A l'instruction, le 23 ventôse,
devant le juge Ardouin, Laumur avait déclaré que le dictateur dont il était
question ne serait t ni Danton ni Robespierre, étant de la société des
jacobins, mais qu'on croyait qu'on le choisirait dans la municipalité », ce
qui était indiquer Pache, tout en ne le nommant pas[19]. Il y a
mieux. Le témoin Fleuri-Gombeau, trésorier de la gendarmerie, qui avait
assisté à la conversation de Laumur avec Verninac, le 17 ventôse, confirma la
déposition de Verninac sur les propos de Laumur. Sa déposition figure dans la
version officielle. Il n'en est absolument pas-trace dans la version
dantoniste. Le
président interroge de nouveau Laumur sur les déclarations de Gombeau. Laumur
répond qu'il a dit à Verninac que « les Cordeliers ayant fait cette
levée de boucliers, ils ne choisiroient sans doute
que Danton, et ne s'adresseroient ni à Robespierre
ni à Pache, contre lesquels ils paroissoient être[20]. » Cette seconde réponse
de Laumur a complètement disparu, comme la première de la version dantoniste.
Si Coffinhal, Subleyras et Naulin, qui ont rédigé la version officielle, ont
substitué, comme Dufourny les en accuse, le nom de Danton au nom de Pache,
ils ont été d'une maladresse insigne, car, dans la phrase même- où Laumur
nomme Danton, ils laissent subsister les noms de Pache et de Robespierre.
Singulière façon de ne pas attirer l'attention publique sur ces deux
derniers. Ce
n'est pas tout. Westermann dépose à son tour. Lui aussi a rencontré Laumur,
qui lui a parlé de la conjuration « sans avoir l'air d'y applaudir »,
et Laumur ajouta : « — Oh ! vous ne savez pas le fin mot ; l'on
veut un grand juge, le terme de dictateur étant trop connu et trop effarouchant,
mais je suis bien sûr que les intrigants n'y réussiront pas[21]. » Le
président, pour la troisième fois, interpelle Laumur. Oui ou non a-t-il parlé
d'un grand juge et qui a-t-il désigné pour remplir cet emploi ? Laumur « prétend
que c'est le témoin [c'est-à-dire Westermann] qui lui a parlé de Pache, et le
témoin au contraire soutient que c'est Laumur[22] ». Cette réponse de
Laumur, comme ses réponses antérieures, sont complètement absentes de la
version dantoniste. Pourquoi ? Pourquoi
la version officielle relate-t-elle cette mise en cause de Pache, si elle
avait voulu à tout prix couvrir ce dernier, comme le prétend Dufourny ? Il est
singulier que Westermann, en relatant le propos de Laumur, s'efforce de
décharger celui-ci de toute inculpation. Laumur, dit-il, parlait de la
conjuration « sans avoir l'air d'y applaudir ». Le
quinzième témoin, Thérèse-Geneviève Tavernier, veuve Marquis, dépose que, le
décadi précédent, Westermann lui avait parlé de la guerre de Vendée « qui
serait finie il y a longtemps sans les intrigues de Ronsin » ; que
Westermann « ajouta que Danton étoit désigné
pour être grand juge ; ce que le témoin répondit croire assez, le nommé
Allard, son voisin, lui ayant dit que Danton passoit
pour devoir être dictateur[23] ». Le
président interpelle Westermann. Il répond sur Ronsin. Il ne dit-rien du
propos sur Danton. Alors le président l'interrompt et lui observe « qu'il
étoit possible que Pache, qui avoit
jusqu'à présent mérité la confiance du peuple, fut mis en avant par la
conjuration sans son adhésion, et observe au témoin qu'il n'est pas possible
que l'idée de Pache lui soit venue sans qu'il en ait entendu parler ». Ce
passage de la version officielle — qui n'offre aucune analogie avec la
version dantoniste — ne laisse pas d'étonner. Thérèse Tavernier, d'après la
version officielle, n'a parlé que de Danton. Westermann n'a parlé ni de
Danton ni de Pache, et le président ne parle que de Pache, sans faire
allusion à Danton. Cela ressemble par trop évidemment aux propos interrompus.
Ce n'est pas la physionomie fidèle des débats. On voudrait pouvoir comparer
ici les deux versions, mais la version dantoniste est absolument muette sur
Thérèse Tavernier, sur les interrogations du président, sur la réponse de
Westermann et la réplique du président. La fin
du procès, les débats des 3 et 4 germinal sont extrêmement écourtés dans la
version dantoniste, qui n'a pas noté la déposition du 26e témoin, Pierre
Allard, qui revint sur les propos de Westermann relatifs à Ronsin. A cette
occasion, le président pressa de nouveau Laumur de s'expliquer sur les propos
qu'on lui prêtait relatifs au grand juge. « Laumur, dit la version
officielle, qui avoit provoqué la déclaration du
témoin sur ce fait, pressé de nouveau de s'expliquer sur le projet de créer
un grand juge, avoue en avoir parlé à Westermann et autres, même avoir nommé
Danton, mais persiste à dire que ce n'étoit que
l'effet du bruit public et de ses combinaisons politiques sur la conduite des
Cordeliers[24]. » A
première vue, si on admet la véracité de la Version officielle, que la
version dantoniste ne contredit pas sur ce point, il peut paraître surprenant
que le général Laumur, inculpé d'hébertisme, ait songé à Danton pour en faire
un grand juge. Danton n'était-il pas le chef des ennemis de l'hébertisme ? On
semble alors très disposé à croire que le nom de Danton a partout été
substitué au nom de Pache, et Dufourny aurait dit la vérité au procès de Fouquier-Tinville. Cependant
Laumur déclara à l'instruction que les noms de Danton et de Robespierre
avaient été mis en avant pour le poste de grand juge. Il ajouta qu'on les
avait écartés parce qu'ils étaient jacobins. Mais l'aveu reste, Il fut
question de Danton dans les conversations qu'il eut avec Westermann, avec
Gombeau, avec Thérèse Tavernier, avec Pierre Allart La
présence du nom de Danton dans sa déposition secrète faite à l'instruction ne
permet pas de supposer que le nom de Danton n'a pas été prononcé à l'audience
et qu'il aurait été partout substitué au nom de Pache par les rédacteurs de
la version officielle. On peut
et on doit se demander pourquoi ces rédacteurs, les juges Subleyras,
Coffinhal et Naulin, auraient fait ce faux dont Dufourny et Ferrai les
accusent ? S'il était absurde de supposer que certains hébertistes aient pu
songer à Danton pour les aider à renverser le Comité de Salut public,
pourquoi les juges auraient-ils introduit cette absurdité dans les débats du
procès ? Quel avantage en eût retiré la cause officielle ? On ne fait pas un
faux sans motif, pour le plaisir I Or, s'il était absurde de supposer que les
hébertistes avaient pensé à Danton pour la fonction de grand juge, à quoi
servait le faux, sinon à jeter le soupçon sur la véracité de la publication
officielle' Mais en
quoi la chose était-elle absurde ? Un mois exactement avant la tentative
d'insurrection des Cordeliers, le 14 pluviôse, Danton s'était joint à ceux
qui avaient demandé la mise en liberté de Vincent et de Ronsin, qui avaient
été incarcérés sur la dénonciation de Fabre d'Eglantine. A cette occasion, il
avait affecté de se tenir au-dessus et en dehors des partis dans la position
d'un arbitre désintéressé : « Ainsi, je défends Ronsin et Vincent contre
des préventions, de même que je défendrai Fabre et mes autres collègues tant
qu'on n'aura pas porté dans mon âme une conviction contraire à l'opinion que j'en
ai. » Il est
remarquable que les hébertistes, qui attaquaient vertement Desmoulins,
Philippeaux, Fabre d'Eglantine, Bourdon de l'Oise, Chabot et Basin, épargnent
Danton dans les semaines qui précèdent leur tentative et au cours de cette
tentative même Hébert, jadis si acharné contre lui au mois d'août 1793, se
tait. Vincent, Momoro, Ronsin, tous se taisent. N'avaient-ils pas pour cela
leurs raisons ? De sa
prison, l'hébertiste Proli écrivait à Jeanbon Saint-André pour le prier
d'intervenir auprès de Danton en sa faveur, « afin de le ramener à des
sentiments plus bienveillants pour lui[25] ». Un ami
de Danton, Daubigni, figurait alors dans le parti hébertiste. Il avait
violemment attaqué Bourdon de l'Oise -et défendu Rossignol. Daubigni
ménageait Danton. Après thermidor, il fut un des rares révolutionnaires qui
essaiera, vainement d'ailleurs, de prendre la défense de sa mémoire. Il est
curieux que Westermann ait été intime avec Laumur, un des généraux sur
lesquels comptaient les hébertistes, et qui sera guillotiné avec eux. Que signifient
ces confidences que Laumur faisait à Westermann sur le plan des conjurés, sur
le choix de leur grand juge ? Westermann les écoutait et, quand il déposa au
procès, il se porta garant des bonnes intentions de Laumur. Westermann
avait alors à se plaindre du Comité de Salut public qui venait de le
destituer. Il aurait dû être arrêté, mais le dantoniste Lecointre avait fait décréter,
le x8 nivôse, que, par exception à la loi qui Ordonnait l'incarcération de
tous les fonctionnaires destitués, il resterait en liberté. Westermann était
un soudard propre à tous les coups de main. Il ne serait pas autrement
surprenant que Laumur et Ronsin eussent essayé de l'enrôler dans leur
entreprise. Les
partis n'avaient alors aucune fixité ; aucuns contours arrêtés. Parmi les
Indulgents comme parmi les Exagérés, il y avait bien des nuances, bien des
ambitions, bien des intérêts. Les uns et les autres se sentaient menacés par
le Comité de Salut public. Il n'y aurait rien d'impossible que les éléments
troubles qu'ils renfermaient eussent cherché à collaborer dans le coup de
main qu'ils préparaient comme un moyen de salut. Laumur
savait comme tout le monde les relations de Westermann avec Danton. En lui
parlant de dictateur, de grand juge qu'on instituerait après le coup, il a
fort bien pu le tâter sur Danton. A
toutes les grandes crises, Danton avait été accusé ide désirer la dictature.
L'imprimeur Brune, futur maréchal de France, voisin et ami de Danton, disait
au café Procope, au temps de l'agitation républicaine qui suivit la fuite à
Varennes, qu'il fallait proclamer M. Danton tribun du peuple[26]. Au ro août 1792, au ro mars et
au 31 mai 1793, la presse se fit l'écho des aspirations de Danton à la
dictature. Les mêmes bruits coururent en mars et avril 1794[27]. C'est
'un fait que les contemporains ont cru que Danton s'était entendu avec les
hébertistes contre le Comité de Salut publie. L'espion royaliste qui, de
Paris, informait d'Antraigues lui écrivait, le 20 ventôse, quelques jours
avant l'arrestation des hébertistes : « Quelques-uns de ces scélérats
d'aristocrates prétendent que Danton est derrière Hébert et qu'il presse ce
Père Duchesne de se déchaîner contre Robespierre, que le premier veut
dégotter dans l'opinion publique pour se rendre seul maître de nos destinées...[28] » L'espion ajoutait avec
finesse que Danton se débarrasserait ensuite d'Hébert et de sa faction quand
il s'en serait servi contre le Comité. Robespierre
et Saint-Just eurent la même impression que l'espion royaliste. Ils crurent
que les deux factions, hébertiste et dantoniste, cherchaient à se rapprocher
et à se liguer : « La faction des Indulgens,
qui veulent sauver les criminels, et la faction de l'Etranger, qui se montre
hautaine parce qu'elle ne peut faire autrement sans se démasquer, mais qui
tourne sa sévérité contre les défenseurs du peuple, toutes ces factions se
retrouvent la nuit pour concerter leurs attentats du jour, elles paraissent
se combattre pour que l'opinion se partage entre elles ; elles se rapprochent
ensuite pour étouffer la liberté entre deux crimes[29]. » Quand
la version officielle du procès des hébertistes met dans la bouche de
certains témoins la désignation éventuelle de Danton comme grand juge, non
seulement elle ne pèche pas contre la vraisemblance, mais elle ne s'écarte
pas de la logique. Les
dantonistes qui, après thermidor, déposèrent au procès de Fouquier-Tinville,
ont peut-être raison d'accuser la version officielle d'avoir systématiquement
supprimé des dépositions des témoins tout ce qui compromettait Barère et les
membres du Comité de Salut public ; ils sont sans doute aussi dans le vrai
quand ils accusent le Comité et le tribunal d'avoir eu le dessein de mettre
hors de cause Pache et Hanriot, que protégeait Robespierre[30] ; mais on commettrait, à mon
avis, une erreur grave en donnant à leurs accusations une portée générale et
absolue. De ce, qu'ils ont dit que la version officielle avait parfois
attribué à Danton de qui concernait Pache, il ne s'ensuit nullement qu'aucun
témoin n'a mis en cause Danton. La déposition de Laumur à l'instruction
suffirait à prouver le contraire. Le
silence de la version dantoniste sur ces incidents trahit l'embarras ou la
peur. Nous
savons maintenant à quoi nous en tenir. II est évident que dantonistes et
gouvernementaux cherchèrent dans le procès des hébertistes des armes les uns
contre les autres. Les premiers s'efforcèrent de compromettre les seconds
avec les conspirateurs. Les gouvernementaux esquissèrent la manœuvre inverse.
Le compte rendu des débats fut un champ de bataille. Il s'agissait de
s'emparer de l'opinion publique. C'est ce qu'il ne faut jamais oublier quand
on utilise les relations du procès. A les prendre pour argent comptant et
sans contrôle, on s'expose à de sérieux mécomptes. N'est-il pas curieux que
les auteurs robespierristes de l'Histoire parlementaire de la Révolution,
Buchez et Roux, n'aient pas su distinguer entre les deux versions et qu'ils
aient reproduit dans leur compilation précisément la version dantoniste ? Ils
ont transcrit sans choix et sans critique la première venue, et ils ont préféré
celle-là sans doute parce qu'elle était la plus courte. Il serait grand temps cependant que l'histoire de la Révolution entrât dans une phase scientifique. |
[1]
Bibliothèque nationale., Lb⁴¹ 3773.
[2]
A Paris, de l'imprimerie du tribunal révolutionnaire, rue Honoré, n° 355,
maison ci-devant de la Conception. L'an Il de la République française. Bib. nat., Lb⁴⁴ 5032.
[3]
Le procès d'Hébert commence la quatrième partie du Bulletin. La première
partie, comprenant cent numéros, avait paru du 6 avril au 6 septembre 1793 ; la
deuxième partie, comprenant également cent numéros, du 10 septembre 1793 à
brumaire an II ; la troisième partie, ne comprenant que onze numéros, du 4 au 8
frimaire an II.
[4]
Sur la page de garde, une gravure symbolise la République. Elle représente une
femme armée d'une massue qui foudroie le Père Duchesne auprès de ses fourneaux.
On lit au-dessous : « La grande frayeur du Père Duchesne ». Bib. nat., Lb⁴⁴ 3774.
[5]
Jean-Pierre-Victor Féral fut délégit6 de la ville de Pont-l’Évêque au comité
insurrectionnel formé à Caen par les fédéralistes du Calvados, les 14 et 20
juin 1793. Il fut traduit, pour ce fait, au tribunal révolutionnaire qui
l'acquitta, faute de preuves. Le Comité de Sûreté générale décerna contre lui
un mandat d'amener, mais le Comité de Salut public le nomma en même temps au
jury de jugement du tribunal criminel da Caen (Archives nationales, F⁷
4794).
[6]
Archives nationales, W 501.
[7]
Souligné dans le texte ainsi que les passages suivants en italique.
[8]
Orthographié ailleurs Ferral.
[9]
Voir notre étude Fabre d'Églantine inventeur de la Conspiration de l'Étranger,
dans la 2e série de nos Etudes robespierristes.
[10]
Je cite le Bulletin d'après la reproduction qu'en ont donnée Buchez et Roux
dans leur Histoire parlementaire, t. XXXI. La citation est à la page
374.
[11]
Buchez et Roux, t. XXXI, P. 374.
[12]
Buchez et Roux, t. XXXI, P. 375.
[13]
Buchez et Roux, t. XXXI, P. 377.
[14]
Voir mon livre La Révolution et les Étrangers, chapitre III.
[15]
Buchez et Roux, t. XXXI, p. 380.
[16]
Voir mon livre Danton et la Paix.
[17]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 85.
[18]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 85.
[19]
TUETEY, Répertoire,
t. X, n° 2383.
[20]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 87.
[21]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 87.
[22]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 88-89.
[23]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 89.
[24]
Procès instruit et jugé contre Hébert, p. 110.
[25]
Voir cette lettre dans les Annales révolutionnaires, 1916, t. VIII, p.
147.
[26]
Voir mon livre sur le Club des Cordeliers, p. 133, note.
[27]
Voir entre autres la lettre de Miles à Noël, du ri avril 1794, la lettre de
Mallet du Pan à lord Elgin, du 3 août 1794, etc.
[28]
Voir la seconde série de mes Etudes robespierristes, La Conspiration
de l’Etranger, p. 210.
[29]
Rapport du 23 ventôse an II.
[30]
Voir dans les Annales révolutionnaires, 1916, t. VIII, p. 147 notre note
sur l'arrestation de Pache.