Robespierre avait pris la plus grande part à l'établissement du gouvernement révolutionnaire, gouvernement d'exception justifié par la guerre civile et la guerre étrangère. Quand la Constitution de 1793 avait été proclamée en grande pompe à la Fédération du 10 août et que les Dantonistes avaient proposé de la mettre immédiatement en vigueur, dès le II août, par l'organe de Delacroix (d'Eure-et-Loir), c'était Robespierre qui s'était dressé contre une mesure désastreuse et qui avait montré le danger de la dissolution de la Convention et de nouvelles élections au cours de l'invasion et de la révolte fédéraliste. C'était lui qui avait poussé les Jacobins et les Fédérés des départements à réclamer le maintien en fonctions de la Convention jusqu'à la paix et l'ajournement indéfini des élections. Quand Hébert et Vincent et leurs amis, quelques jours plus tard, se déchaînèrent contre les Comités de la Convention et contre les représentants en mission et demandèrent, comme un remède, l'organisation du Conseil exécutif d'après la Constitution, c'est-à-dire la désignation des ministres par le peuple assemblé, c'est Robespierre' encore qui empêcha — non sans peine — les Jacobins de suivre Hébert et qui s'opposa à toute élection. C'était Robespierre encore qui avait refoulé le grand assaut des Dantonistes contre le gouvernement révolutionnaire au lendemain du scandale de la Compagnie des Indes, révélé par Chabot et Basire. Dans son discours du 5 nivôse, il avait tiré, de la distinction capitale entre le gouvernement constitutionnel et le gouvernement révolutionnaire, entre l'état de guerre et l'état de paix, la justification de la Terreur. Il avait repris sa démonstration avec plus de force encore dans un autre discours prononcé le 18 pluviôse où il s'était attaché à établir que le gouvernement révolutionnaire devait durer jusqu'à la paix. Nous avons bien moins à nous défendre, disait-il, des excès d'énergie que des excès de faiblesse. Le plus grand écueil peut-être que nous avons à éviter n'est pas la ferveur du zèle, mais plutôt la lassitude du bien et la peur de notre propre courage. C'était chez lui et chez ses amis, Saint-Just et Couthon, une-conviction profonde qu'il ne fallait procéder à de nouvelles élections et relâcher les mesures d'exception qu'autant qu'on pourrait le faire sans danger pour la République, après que celle-ci aurait apporté au pays une paix victorieuse, après qu'elle aurait consolidé le régime en écrasant les royalistes, dont les biens seraient distribués aux patriotes pauvres, et après qu'elle aurait enfin, par des institutions, dont Saint-Just traçait le plan, créé des mœurs républicaines. Robespierre personnifiait donc, à bon droit, le gouvernement révolutionnaire. Il en avait été le créateur et le théoricien. D'où cette double conséquence tous ceux qui jalousaient Robespierre, qui lui imputaient des pensées d'ambition et de dictature-personnelle, devaient être insensiblement entraînés à faire alliance avec les adversaires du gouvernement révolutionnaire ; et, d'autre part, tous ceux qu'inquiétait et que menaçait le gouvernement révolutionnaire, tous ceux qui avaient failli être englobés dans la répression du Dantonisme et de l'Hébertisme, tous ceux qui cherchaient une sauvegarde ou une revanche, ceux que lésait le maximum dans leurs intérêts, ceux qui avaient eu maille à partir avec les Comités révolutionnaires, ceux qui voulaient la paix, ceux dont les consciences n'étaient pas tranquilles, s'ils n'osaient pas encore se dresser franchement contre le gouvernement révolutionnaire, avaient du moins la ressource de l'attaquer de biais en l'identifiant avec la personne de Robespierre et en dirigeant contre celui-ci tous leurs coups. On vit ainsi des hommes comme Billaud-Varenne et Carnot, qui avaient coopéré avec Robespierre à l'établissement du gouvernement révolutionnaire et à la répression du dantonisme et de L'hébertisme, se laisser entraîner, par jalousie, par défiance, par crainte du pouvoir personnel, à mener une campagne parallèle à celle des Nouveaux Indulgents. Ils ne prenaient pas garde qu'en discréditant Robespierre, ils atteignaient par ricochet le gouvernement révolutionnaire, comme l'avait dit Ingrand à Ruamps à la fin de prairial. Il importe de constater que la manœuvre contre Robespierre datait de loin, qu'elle fut antérieure à la fête de l'Etre Suprême et à la loi de prairial, puisqu'on en découvre les premières manifestations, encore voilées et perfides, dans le rapport de Billaud-Varenne du 1er floréal[1]. Les victoires des armées sur tous les fronts en messidor ne pouvaient qu'encourager les adversaires du gouvernement révolutionnaire et les ennemis de Robespierre à pousser leurs attaques. Dès le ter messidor, une section de Paris, celle de la Montagne, décidait d'ouvrir un registre où s'inscriraient tous les citoyens qui avaient approuvé la Constitution de 1793. Le registre se couvrit rapidement de 2.000 signatures. Le moyen était habile pour rappeler aux gouvernants que cette Constitution n'était toujours pas en vigueur. Au lendemain de Fleurus et aux approches de l'anniversaire du 14 juillet, qui tombait le 26 messidor, il s'organisa dans la plupart des sections des banquets fraternels où riches et pauvres apportant leurs victuailles, buvaient sur des tables dressées dans les rues aux victoires de la République et à la paix prochaine. La paix prochaine, c'était la fin des mesures d'exception, la fin du gouvernement révolutionnaire, la mise en vigueur de la Constitution ! Aussitôt, l'agent national Payan s'alarme. Que dites-vous, citoyens trompés, la guerre sera bientôt finie ! Ne voyez-vous pas ces aristocrates qui sourient à cette opinion, qui la propagent et qui se flattent que nous allons faire la paix avec eux ? C'est par de plus longs, de plus pénibles travaux, que vous achèterez la paix ; la paix, vous n'avez pas besoin de la demander, vous n'avez pas besoin de la faire, elle s'élèvera triomphante du sein du tombeau de tous les ennemis de l'intérieur que vous y aurez plongés, ce n'est qu'à ce prix que vous aurez la paix. Oui, vous ne jouirez de ses douceurs que lorsque vous aurez précipité dans le cercueil tous les prétendus amis de la paix... A ce premier avertissement donné, le 24 messidor, à la Commune, Payan en ajouta un second trois jours plus tard : ... Loin de nous toutes ces réunions avec les partisans du despotisme ! Loin de nous ce système par lequel on veut nous persuader qu'il n'est plus d'ennemis dans la République !... Quel est celui de vous qui, après avoir bu à la santé de la République avec des modérés, les dénoncera le lendemain avec autant de courage ?... Au moment où les défenseurs de la Patrie renversent les esclaves, vous iriez faire un repas avec leurs complices ! Le Comité de Salut public s'inquiéta à son tour. Barère en son nom dénonça à la Convention, le 28 messidor, les fêtes sectionnaires et les repas civiques qui, depuis quelques jours, dit-il, se multiplient et se propagent avec une rapidité qui n'est point naturelle... L'observateur verra le modéré s'écrier au milieu du repas : Nos armées sont victorieuses partout, il ne nous reste que la paix à faire, à vivre en bons amis et à faire cesser ce gouvernement révolutionnaire qui est terrible... Le législateur sentira que ces repas ne sont qu'un piège adroit, une amnistie prématurée, une proclamation précoce de paix et une fusion dangereuse de sentiments purs et d'intentions perfides, d'actions républicaines et de principes contre-révolutionnaires... Est-ce parce que le gouvernement craignait de fournir à la population l'occasion de déployer ses sentiments véritables qu'il s'abstint de donner à la célébration du 14 juillet le moindre éclat, le moindre caractère populaire ? Le 24 messidor, deux jours avant l'anniversaire, Barère
vint dire négligemment à la Convention : Le Comité
de Salut public a pensé qu'il était inutile de rappeler par un décret ce beau
jour de la gloire française ; il est écrit en caractères de feu dans tous les
cœurs qui ne sont pas morts pour la liberté et la Patrie. Il y aura sans
doute dans toute la République une fête simple et spontanément ordonnée dans
chaque commune, dans chaque canton, dans chaque district. Pour nous, nous
ferons célébrer cette journée dans la commune centrale de la République, par
un concert majestueux digne du peuple, par des chants guerriers, par des
serments de vaincre et par le pas de charge... La fête fut tellement
modeste, qu'elle n'a pour ainsi dire laissé aucune trace dans la presse du
temps. Si l'opposition se taisait à la tribune et dans la presse, si tout en apparence était calme, le triumvirat et Barère avec lui ne se faisaient aucune illusion sur l'étendue grandissante de l'opposition muette qui s'élevait contre le gouvernement révolutionnaire. Dans le discours qu'il commença le 9 thermidor pour la défense de Robespierre et qu'il ne put achever, Saint-Just, qui dénonça cette opposition, a cité, à l'appui de sa thèse, un fait précis J'ai parlé, dit-il, du dessein de détruire le gouvernement révolutionnaire. Un complice de cet attentat est arrêté et détenu à la Conciergerie, il s'appelle Legray, il avait été receveur des rentes, il était membre du Comité Révolutionnaire de la section du Museum. Il s'ouvrit de son projet à quelques personnes qu'il crut attirer dans son crime. Le gouvernement révolutionnaire était, à son gré, trop rigoureux, il fallait le détruire, il manifesta qu'on s'en occupait. Legray ajouta que des discours étaient préparés dans les sections contre la Convention nationale, il se plaignit de l'expulsion des nobles, que ç'avait été un moyen de les reconnaître pour les assassiner, qu'on ferait repentir Paris des jugements exécutés sous ses yeux. Dans le même temps, le bruit dans toute l'Europe se répandait que la royauté, en France, était rétablie, la Convention nationale égorgée et l'arbre de la liberté et les instruments du supplice des traîtres brûlés au pied du trône... Robespierre lui-même avait fait allusion la veille aux
projets du nommé Legray : Des libelles insidieux, de
véritables manifestes, étaient prêts d'éclore, on devait invoquer la
Déclaration des Droits, demander l'exécution actuelle et littérale de la
Constitution, la liberté indéfinie de la presse, l'anéantissement du tribunal
révolutionnaire et la liberté des détenus[2]. Il est possible de vérifier les déclarations de Robespierre et de Saint-Just. Une fois de plus ils ont dit la vérité. François-Vincent Legray, âgé de 40 ans quand il fut arrêté le 2 thermidor an II, natif de Paris, y demeurant rue des Boules, n° 1, receveur des rentes et membre du Comité Révolutionnaire de la section du Museum (quartier du Louvre), était chargé par ses fonctions d'appliquer les lois révolutionnaires, de surveiller les aristocrates, d'arrêter les suspects, et cette sentinelle du gouvernement révolutionnaire avait bien tenu les propos, exprimé les vœux subversifs que Saint-Just et Robespierre dénoncèrent. Il les avait tenus, ces propos, dans l'abandon d'une conversation familière qu'il avait eue avec cieux de ses camarades de la section, le jour même du 14 juillet. Les deux camarades auxquels il s'était imprudemment confié avaient sans doute eu peur, car trois jours plus tard, ils étaient allés dénoncer Legray[3]. Leurs dénonciations adressées, l'une et l'autre, au maire de Paris, Lescot-Fleuriot, sont ainsi conçues : I
Au citoyen Fleuriot, maire de Paris, Le 26 thermidor, le citoyen Richard vint me prendre à l'issu du dîner, pour aller voir le repas fraternel, qui avoit lieu ce moment dans l'arrondissement de la section des Gardes françaises. Après avoir parcouru différentes rues et dansé une contredanse dans une, nous nous portâmes au Jardin national[4] pour y voir les apprêts de la fête qui devoit avoir lieu le soir. Là nous y rencontrâmes les citoyens Legret et Saint-limer. Après les civilités ordinaires, ces citoyens nous firent compliment sur notre patriotisme et le citoyen Legret s'ouvrit à nous d'une manière bien opposée aux sentimens que doit avoir dans ce moment l'homme vraiment patriote. D'après lui, Héraut de Séchelle étoit un honnête homme qui mérite les honneurs du Panthéon, qui n'a eu d'autre crime que celui de traduire les droits de l'homme. Le Comité de Salut public serait coupable de sa mort, ainsi que celle d'une infinité d'autres qu'il a sacrifiés pour satisfaire son ambition et mérite par conséquent d'être puni ainsi que ses satellites du Comité révolutionnaire[5]. Pache et Santerre, à qui on n'ose pas faire le procès, crainte de faire ouvrir les yeux aux patriotes, doivent être mis à leurs premières places. Le décret sur les nobles ayant été provoqué par Barrère de Vieusac et Saint-Just, eux-mêmes nobles[6], ne peut tendre qu'à constater la véritable noblesse et à perpétuer cette caste autrefois privilégiée. La Convention invite tous les hommes vraiment jaloux de la Liberté de venir assister à leurs séances, de même s'y ennuyer, afin d'apprendre par eux-mêmes qu'elle n'est réellement que le manekin du Comité de Salut Public. Des citoyens envoyés des départements sont ici pour observer le Comité de Salut public et le Tribunal révolutionnaire. Déjà des discours sont prêts pour être lus publiquement dans les sections. Il ne tient qu'à une époque favorable. Ils tendent à demander de jouir des avantages de la Constitution, des Droits de l'Homme et à détruire le gouvernement révolutionnaire infiniment pezant. Des pareils propos m'ont paru très mauvais dans les circonstances actuelles et me forcent à te dénoncer le citoyen Legret comme auteur et le citoyen Saint-Orner comme très suspect étant en sa compagnie. La conversation particulière que j'ai eu avec ce dernier portoit sur différentes dilapidations qui ont eu lieu dans l'administration où il est occupé et qu'il dit avoir dénoncées au Comité de Salut public sans qu'il y ait été fait droit. Je certifie la présente dénonciation véritable et ai signé avec un paraphe ordinaire. Paris, 29 messidor, 2e année de la République une et indivisible. FABRÈGUE, rue du Museum, n° 30[7]. IIAu citoyen Fleuriot, maire, Le 26 messidor, les bureaux et la Commission de l'habillement ayant eu congé l'après-midi, à cause de la fête qui avoit lieu[8], je fus trouver le citoyen Fabrègue qui est employé comme moi à la même commission...[9] A peine avions-nous fait un tour d'allée que nous rencontrâmes les citoyens Legrai, membre du Comité révolutionnaire et Saint-Omer membre du Comité civil, tous deux du Museum. Le citoyen Legrai fit dès lors à peu près tous les frais de la conversation, se plaignit amèrement de ce que rien ne rappelait dans les décorations les Droits de l'Homme, que cette fête était forcée par les différentes rumeurs qui avoient eu lieu-dans beaucoup de sections sur l'indifférence de la Convention pour le 14 juillet, et ensuite parla du gouvernement révolutionnaire ainsi que du tribunal, d'une manière qui nous surprit. Legrai s'échauffa beaucoup contre le tribunal qui mettoit, disoit-il, dans la même Charette le patriote-et le contre-révolutionnaire et cita Danton, Héraut, dont le crime était d'avoir rédigé la déclaration des Droits de l'Homme. Il convint cependant que Danton n'était pas pur, mais qu'il n'en avoit pas moins été assassiné, que Héraut irait au Panthéon, que les départemens avoient des agens qui suivaient toutes les opérations du Comité de Salut public, le Tribunat et la Convention, que, dans une campagne où lui Legrai avoit été, on lui avait dit que Paris payerait sa lâcheté de tous ces assassinats qu'il laissait commettre sous ses yeux. Ensuite Legrai se mit sur le compte du maire ; que dans l'affaire de Héraut, il força les jurés, qui ne pouvaient se décider à les trouver coupables, à les condamner en leur disant que tout était perdu si ces hommes ne périssaient ; que Fabricius qui ne voulut pas rédiger l'acte d'accusation ou le jugement, je ne me rappelle pas précisément : parce que j'étais dans une position très pénible, que Fabricius fut mis par ce refus en arrestation et que Fleuriot rédigea lui-même l'acte ou le jugement. Pendant cette conversation Saintomer entretenait le cit. Fabrègue et avait proposé de se rafraîchir. Mais Legrai répondit qu'il fallait causer avant et la conversation fut reprise entre nous deux ou tous les quatre, car je ne fis même pas attention si le citoyen Fabrègue. et Saint-Omer y prenaient part. Legrai reprit sur le tribunal révolutionnaire et dit qu'il tenait tous ces renseignements du citoyen Lhumière[10] qui, à ce qu'il disait, buvait et alors n'avait plus de retenue et me cita un trait d'indiscrétion qui, à force d'être odieux, me parut absurde. Il dit que les agens qu'employait le tribunal étoient guillotinés à la 5e oui 6e opération afin de les mettres hors d'état de trahir les secrets qui leur étaient confiés. Enfin, fatigué d'une pareille conversation, j'insistai pour qu'on se rafraîchit. Fabrègue et Saint Orner se joignirent à moi. Mors, nous fûmes sous des berceaux dans les fossez du Pont Tournant. J'eus l'attention de nous isoler -des autres personnes qui buvaient, crainte que quelque nouvelle indiscrétion de la part de Legrai ne nous compromit. J'eus lieu de m'applaudir de cette précaution car Legrai commença par entreprendre Barère et Saint-Just au sujet du décret concernant la noblesse[11]. Saint-Just est noble. Barère l'est aussi. Je ne vois, dit-il, dans le décret qu'un moyen infaillible de perpétuer la noblesse par les procès-verbaux des municipalités. D'ailleurs quelle confiance puissé-je avoir dans cet ex-président des Feuillants, pétitionnaire des 20.000 et un noble ? Je lui observai que le décret m'avait paru utile en ce que beaucoup de nobles se tenaient cachés, que ce moyen était excellent pour les connaître tous. — Oui, dit-il, pour les assassiner. Ce qui était contradictoire avec ce qu'il avait posé en principe que c'était pour perpétuer la noblesse. Car, croyez-vous au prétendu complot du camp de Mars, à celui des prisons, mais patience, ils nous tiendront compte du sang des patriotes, dussé-je être égorgé, je ne me tairai pas si je sais que je suis noté. Ainsi profités au moins de ce que je sais. Les patriotes de la Convention s9 parlent déjà. Les plus vigoureux, les plus chauds vont au Comité de. Salut .publie et le traitent comme il le mérite. Des écrits sont préparés et la Convention invite tous les patriotes à aller assiduement à ses séances, de s'y ennuyer même jusqu'à ce que l'instant favorable se présente pour demander la Constitution, surtout la liberté de la presse, qu'alors le plan était tout préparé, qu'on mettrait à bas le Comité de Salut public, Henriot, Fleuriot, pour y substituer Pache et Santerre, enfin qu'il fallait une autre Révolution. A ces mots, le citoyen Fabrègue se frappa le front et dit : Oh ciel ! que de malheurs j'entrevois ! Fâché de son indiscrétion, je repris : Il n'en arrivera aucun. L'impulsion une fois donnée, tout ira bien et, ramenant la conversation sur Pache et Santerre, je demandai à Legrai par quelle fatalité, car le mot m'échappa, à mon tour, ces deux hommes n'étaient pas guillotinés. Legrai répondit : On n'ose pas les faire paraitre au tribunal, on craint un soulèvement. Je répondis que cette crainte était bien vaine. Pas tant, répondit Legrai, car l'opinion s'éclaire. Je vis cependant que l'action de Fabrègue l'avait inquiété, car il nous demanda, à Fabrègue et à moi, la plus grande discrétion et, pour s'en assurer davantage, nous l'engageâmes à être lui-même un peu plus réservé. Alors il proposa de manger une salade, mais nous refusâmes en donnant pour excuse que nos épouses nous attendoient. Nous sortîmes et ils nous accompagnèrent malgré l'empressemens que nous témoignions de nous en retourner promptement. Legrai parla toujours d'affaires mais plutôt sur différens individus de la section du Museum que sur les affaires en général. Ce qui serait trop long à détailler... Je ne revis le citoyen Fabrègue que le 29 de grand matin qui vint me prendre pour aller à la Commission. Chemin faisant, il me demanda ce que je pensois de la conversation de Legrai. Je lui dis qu'un pareil homme n'étoit pas bon à voir et, en nous rappelant les différents traits de sa conversation, je lui dis que, quoique je fusse certain que le Comité de Salut public étoit instruit de ce qui pouvoit se tramer dans la Convention, il seroit peut-être utile pour la chose publique de l'en avertir, que s'il vouloit venir le soir au Comité de Salut public nous i ferions notre déposition. Alors le citoyen Fabrègue m'avoua qu'il en avait déjà prévenu le citoyen Fleuriot et que si je voulois i retourner avec lui, cela vaudrait beaucoup mieux. J'acceptai la proposition et le citoyen Fleuriot nous engagea à écrire chacun notre déposition, ce que je fais en hâte, ayant beaucoup d'occupations. Certifié véritable, le 29 messidor l'an deux de la République une et indivisible. — Richard, rue Etienne, n° 4, employé à la Commission de l'habillement et membre du Comité de bienfaisance de la section du Museum. n est facile de s'imaginer quelles réflexions dut provoquer dans tes sphères gouvernementales cette simple conversation rapportée par deux zélés dénonciateurs, apeurés par le secret qu'ils portaient. Aux époques de dictature, quand la presse et les tribunes sont muettes, les gouvernants inquiets ne connaissent la véritable pensée des gouvernés que par les rapports de leurs mouchards ou quelques heureuses indiscrétions. Voilà qu'ils apprenaient tout à coup qu'en pleine fête du 14 juillet, à deux pas de leurs bureaux, un de leurs fonctionnaires chargé de la défense du régime, Legray, osait non seulement qualifier de crimes les jugements politiques qu'ils avaient ordonnés, considérer Hérault de Séchelles comme un martyr digne du Panthéon, Danton comme victime d'un assassinat, encore qu'impur, attaquer avec l'institution. du tribunal révolutionnaire, le principe même du gouvernement révolutionnaire, annoncer sa chute prochaine et se réjouir du complot que tramaient contre le Comité quelques conventionnels. L'hébertisme n'était donc pas mort, car nul doute que Legray dût paraître un hébertiste à Barère et à ses collègues. Comme les hébertistes, il revendiquait les droits de l'homme, réclamait la mise en vigueur de la Constitution, vantait Hérault de Séchelles qui avait été au Comité de Salut public le grand protecteur du parti[12]. Comme eux encore, il faisait l'éloge de Pache et de Santerre et il prédisait que les adversaires du Comité allaient les mettre en place, quand ils auraient expulsé les robespierristes. Il dut paraître aux membres des Comités que .Legray n'était qu'un écho. Il avait déclaré que des écrits étaient préparés, que des, conventionnels se concertaient. Il avait déjà surpris les secrets du tribunal révolutionnaire dans l'affaire du jugement des dantonistes. Legray était sans doute un homme dangereux que d'autres plus haut placés faisaient mouvoir. Mais l'incident avait encore une autre portée, il apportait à Robespierre et à ses amis, qui ne cessaient de dénoncer aux Jacobins le sourd complot des Nouveaux Indulgents contre le gouvernement révolutionnaire, une base documentaire. Tous les émules de Roch Marcandier n'avaient donc pas disparu ! C'était au lendemain même du supplice de Marcandier et de sa femme, condamnée le 24 messidor, qu'un Legray, membre d'un Comité révolutionnaire, osait reprendre les mêmes thèses. L'intrigue continuait. Le gouvernement révolutionnaire, dont la durée avait été fixée par la loi jusqu'à la paix[13], était menacé dans son existence. Je ne serais pas surpris que Barère ne se soit servi de l'arme qui tombait entre ses mains pour vaincre enfin la répugnance de ses collègues des Comités à mettre en vigueur les lois de ventôse. Je remarque, en effet, que c'est le 1er thermidor que les membres des Comités ont mis pour la première fois leur signature au bas d'un arrêté approuvant le travail des Commissions populaires du Museum chargées de faire le triage des détenus. La double dénonciation de Fabrègue et de Richard datait de l'avant-veille. Je perçois un écho très direct de l'affaire Legray dans le discours que Barère prononça à la tribune de la Convention le 5 thermidor. Barère annonce que les deux Comités se sont réunis la veille et qu'ils ont pris des mesures pour faire juger en peu de temps les ennemis du peuple qui sont détenus dans toute la République et il ajoute : Ce ne sont pas les seules mesures qui ont été résolues hier : les deux Comités réunis ont délibéré de faire un rapport général sur l'influence que l'étranger avait tenté d'acquérir et sur les moyens de faire cesser les calomnies et l'oppression sous lesquelles on a voulu mettre les patriotes les plus ardents et qui ont rendu les plus grands services à la République. Ce sont encore les héritiers d'Hébert qui ont osé espérer de démoraliser le peuple et de corrompre l'opinion publique et il faut de temps en temps retremper l'esprit public et accabler l'aristocratie. La phrase sur les héritiers d'Hébert, qui démoralisaient le peuple par leurs calomnies contre les meilleurs patriotes et qui corrompaient l'opinion, s'appliquait exactement à Legray. Ce rapport général, dont les Comités l'avaient chargé et que Barère annonçait en ces termes, fut fait le 7 thermidor. Et, dans ce rapport, Barère revint une fois encore sur l'affaire Legray par une allusion très claire : Les partisans d'Hébert, ses valets contre-révolutionnaires, répétaient dans les cafés, dans les places publiques et dans les groupes : Il y aura bientôt un 31 mai. Il fallait à ces hommes sans Patrie, pour gagner leur salaire ou espérer des richesses un mouvement contre la Convention... Hébert n'est plus, mais son esprit vit encore... Je crois donc que l'affaire Legray vint à point pour fournir à Barère l'argument décisif qui lui permît d'obtenir des deux Comités la mesure capitale de la mise en vigueur des lois de ventôse, préliminaire indispensable à la réconciliation qu'il s'efforçait de ménager entre les Comités et le triumvirat. Nul doute, que sans le 9 thermidor, Legray aurait payé de sa tête ses propos. imprudents. Arrêté aussitôt après la dénonciation de ses deux camarades, on l'envoya directement à la Conciergerie, antichambre du Tribunal révolutionnaire. Il y fut écroué, le 2 thermidor, en vertu d'un mandat de Fouquier-Tinville, comme prévenu d'avoir conspiré contre la République en avilissant la Convention e les autres autorités constituées. Or, il est très remarquable que malgré la gravité de son cas, ses collègues du Comité révolutionnaire du Museum prirent sa défense, au nombre de huit, à deux reprises, et rappelèrent longuement les services patriotiques qu'il avait rendus dès le début de la Révolution. Ces audacieux plaidoyers du Comité révolutionnaire de la section du Museum sont datés des 2 et 6 thermidor. Ils suffisent à eux seuls, à nous montrer que l'opinion de Legray ne lui était pas tellement particulière et que le mouvement contre le gouvernement révolutionnaire était déjà profond, puisque, sans craindre de se compromettre, le Comité révolutionnaire de la section de la capitale où siégeaient les commissions populaires chargées d'appliquer les lois de ventôse, n'hésitait pas à venir au secours d'un homme qui avait accusé le Tribunal révolutionnaire des pires méfaits et qui avait proclamé la nécessité de jeter bas le régime d'exception au besoin par une nouvelle Révolution[14]. Nous ne devons donc pas être surpris si, dans la journée du 9 thermidor, la section du Museum ait été une des premières à se ranger du côté de la Convention. Sans doute elle obéit d'abord à l'ordre d'Hanriot et envoya un détachement devant l'Hôtel de Ville, mais elle ne tarda pas à rappeler ce détachement et elle fournit au représentant Beaupré, adjoint de Barras, les cinquante hommes qui occupèrent le Pont-Neuf[15]. Aussi mérita-t-elle les éloges de Courtois : Les Comités civil et révolutionnaire de la section du Museum, écrivit celui-ci, ont mis beaucoup d'énergie dans leur conduite. Ils connoissoient le perfide Lescot-Fleuriot et, instruits de la trahison de la Commune, ils refusèrent d'obéir à l'ordre qu'elle leur avoit adressé pour la réunion des citoyens en Assemblée générale[16]. Legray fut remis en liberté, par décret de la Convention le 12 thermidor, en même temps que son collègue Saint-Orner et à la demande de sa section. Comme il avait combattu le gouvernement révolutionnaire quand il était aux mains des Robespierristes, Legray, logique, le combattit quand il fonctionna au profit des thermidoriens. Sous son inspiration la section du Museum, dans sa séance du 30 thermidor, vota une adresse à la Convention pour réclamer la liberté de la presse d'abord, le rétablissement des élections ensuite pour nommer les magistrats de toute sorte et particulièrement les membres des Comités révolutionnaires. L'adresse fut discutée par toutes les autres sections parisiennes et déchaîna un beau tapage[17]. Le club électoral où se réunissaient tous les Hébertistes de la capitale, tous les partisans du gouvernement direct, réclama lui aussi la fin du gouvernement révolutionnaire et le rétablissement de toutes les libertés. Il porta Legray à la présidence et il vota, le 7 vendémiaire an III, une nouvelle adresse à la Convention pour réclamer, entre autres choses, le rétablissement de la Commune, disparue avec Robespierre, et l'abrogation de toutes les lois d'exception même en matière économique[18]. Babeuf, qui menait alors contre la Terreur une campagne parallèle à celle de Fréron, reproduisit aussitôt l'adresse du club électoral dans son journal, tout en faisant quelques réserves sur le rétablissement de la liberté commerciale. Seize sections sur quarante-huit approuvaient l'initiative du club électoral dans leurs séances du 10 vendémiaire[19]. Mais la Convention, où dominaient encore ceux que Fréron appelait les continuateurs de Robespierre, craignit avec raison que -la brusque suppression du gouvernement révolutionnaire, au moment même où les suspects étaient remis en liberté par milliers, ne fût suivie d'une explosion dangereuse pour le régime. Elle fit un très mauvais accueil aux pétitions du Museum et du club électoral et elle fut soutenue par la majorité des sections parisiennes et par de nombreux clubs de province. Dès le 11 fructidor, Bourdon de l'Oise, s'était répandu à la Convention en paroles menaçantes contre la poignée d'intrigants qui avaient rédigé la pétition du Museum. Quelques jours plus tard, le 22 fructidor, sur la motion de Roger Ducos, le club électoral fut expulsé de la salle de l'archevêché où il tenait ses séances. Legray, qui était toujours son président, lui offrit un asile dans la propre salle des délibérations de sa section (celle du Museum). Mais Bourdon de l'Oise avait l'œil sur lui. Le club, ayant discuté dans son nouveau local, le 17 vendémiaire, la question de la paix qu'on n'aurait jamais, dirent les orateurs, tant que le gouvernement révolutionnaire subsisterait, Bourdon de l'Oise le dénonça le lendemain à la Convention comme une réunion d'anarchistes qui discutaient l'anéantissement de la Convention. A l'en croire, le club avait posé en principe que la Convention n'avait été envoyée que pour juger le dernier tyran et faire une Constitution : on en concluait qu'elle devait se retirer après et laisser aux brigands qui se sont mis à côté des patriotes le doux plaisir de ravager la plus belle république du monde, de faire périr les propriétaires et de se gorger de richesses[20]. Tallien fulmina, lui aussi, contre les Hébertistes du club électoral qui veulent saper le gouvernement révolutionnaire, qui veulent faire demander au peuple à élire ses magistrats, afin de donner aux malveillants les moyens d'allumer la guerre civile en France. Il affirma que ces prétendus patriotes par excellence n'étaient que des émissaires de Pitt. Trois jours après, Legray était arrêté et enfermé aux Madelonnettes par ordre du Comité révolutionnaire du IVe arrondissement ! Il apprit ainsi, à ses dépens, que les nouveaux maîtres de la France ne respectaient pas plus les Droits de l'Homme que ne l'avaient fait les anciens. Babeuf, qui reprochait déjà à la Convention sa versatilité et qui écrivait d'elle le 16 vendémiaire dans sa feuille : Elle parle de ce gouvernement révolutionnaire comme du saint des saints, avec vénération et respect et avec indignation du gouvernement de Robespierre, de la Terreur et du système de sang, comme si tout cela n'était point une seule et même chose. Babeuf, qui s'intitulait le chef de la faction des Défenseurs des Droits de l'Homme et qui commençait à dénoncer l'oligarchie comitatoriale, n'hésita pas à se brouiller avec son imprimeur Guffroy, qui lui retira ses presses, pour prendre hautement la défense de Legray[21]. Il fit écrire à Albertine Marat une belle lettre à Fréron pour lui demander d'intervenir en faveur de celui-ci. Le club électoral se solidarisa avec son président, mais n'y gagna que d'être expulsé de la salle de la section du Museum[22]. Fréron resta sourd à l'appel de Babeuf et à la lettre de la sœur de l'Ami du Peuple. Babeuf lui-même fut frappé d'un mandat d'arrestation le 3 brumaire. Mais les Comités n'avaient voulu que lui faire peur. Ils le remirent en liberté quelques jours plus tard. Quant à Legray, sa section lui resta fidèle. Elle délégua à Legendre un de ses membres, le citoyen Dejean, pour lui rappeler que Legray aurait péri sans le 9 thermidor : Qui mieux que toi peut connoître l'énergie de la section du Museum dans cette mémorable journée ? écrivait Dejean à Legendre, le 21 frimaire an III. Legendre fit remettre Legray en liberté huit jours plus tard. Mais Legray était incorrigible. Il ne sut pas tenir sa langue. On l'arrêta de nouveau, le 25 ventôse an III, sous l'inculpation d'avoir participé à une affiche séditieuse intitulée : Peuple, Réveille-toi ! Il fut interrogé par le Comité de Sûreté générale, le 27 ventôse. Il convint qu'il avait dit qu'il y avait beaucoup de mécontentement parmi les vrais patriotes, parce qu'ils étaient maltraités pour avoir fait exécuter les lois. Autrement dit, il se plaignait de la persécution qui sévissait maintenant contre tous ceux qui, comme lui, avaient rempli des fonctions publiques au temps du gouvernement révolutionnaire. il nia être l'auteur du placard séditieux, il nia avoir annoncé une nouvelle journée. Il fut remis en liberté peu après. Ses deux dénonciateurs, Fabrègue et Richard, portèrent comme lui la peine d'avoir reçu un salaire du gouvernement révolutionnaire. Après l'insurrection de prairial, Fabrègue fut mis en prison à Port-Libre. Il y resta plusieurs mois, bien qu'il n'eût participé en rien à l'insurrection. Mais il était prévenu d'avoir fréquenté quelquefois les terroristes. Il ne fut remis en liberté que le 28 messidor, à la demande du Comité civil de sa section qui attesta qu'il n'était aucunement partisan de la Terreur, de la tyrannie, ni des hommes de sang, mais qu'il était facile à égarer. Sa moralité et sa conduite privée, sont à sa louange[23]. Remis en liberté provisoire, il resta désarmé, c'est-à-dire exclu de la Garde nationale. Quant à Richard qui s'était platement excusé devant sa section, le 18 thermidor, de sa dénonciation contre Legray et qui en avait rejeté sur le seul Fabrègue toute la responsabilité, il fut mis en arrestation, le 9 ventôse, comme agitateur de section, partisan du terrorisme. Mais plus heureux que Legray et que Fabrègue, il fut mis en arrestation chez lui. Sa consigne ne fut levée que le 25 floréal an III, par un arrêté du Comité de Sûreté générale pris à la demande de l'ancien député girondin Kervelegan[24]. Ainsi le dossier de l'affaire Legray ne nous a pas permis seulement de pénétrer assez loin dans les coulisses du 9 thermidor, il nous renseigne encore sur les procédés de la réaction thermidorienne. Mais, ce qu'il y a de vraiment instructif dans cet épisode, médiocre en apparence, c'est ce qu'il nous révèle sur l'opposition qui s'organisait contre le gouvernement révolutionnaire à la veille même de la chute de Robespierre. Cette opposition était beaucoup plus forte, beaucoup plus générale qu'on était enclin à se l'imaginer. La réaction thermidorienne semble à l'observateur mal informé une brusque explosion. Elle fut autre chose, le résultat d'une préparation longue et savante, quoique dissimulée. |
[1] Voir l'étude sur Truchon et Roch Marcandier dans mon livre Autour de Robespierre.
[2] Discours et Rapports de Robespierre, édition Vellay, p. 410, note.
[3] J'emprunte les faits et les documents au dossier de Legray, conservé dans les papiers du Comité de Sûreté générale (Archives nationales, F⁷ 4774-14).
[4] Entendez le jardin des Tuileries.
[5] Entendez sans doute du Comité de Sûreté générale.
[6] Ni Barère, ni Saint-Just n'étaient nobles. Il s'agit du décret du 27 germinal qui exilait les nobles de Paris, des forteresses et des ports.
[7] Apostille d'une autre main : A la Police pour appeler les citoyens Fabrègue et Richard et faire leur déclaration sur le registre.
[8] La fête anniversaire du 14 juillet.
[9] Ici je supprime quelques phrases inutiles.
[10] Juré au tribunal révolutionnaire. Lisez Lumière.
[11] Il s'agit du décret du 27 germinal qui éloignait des villes, des ports et des forteresses les nobles de naissance.
[12] Sur la véritable position politique d'Hérault de Séchelles, voir mon livre La Conspiration de l'Étranger (Études robespierristes, 2e série).
[13] Le Gouvernement provisoire de la France est révolutionnaire jusqu'à la paix, art. Ier de la loi du 10 octobre 1793 votée sur le rapport de Saint-Just.
[14] La première délibération du Comité révolutionnaire de la section du Museum en faveur de Legray est signée de Charpentier, Gamet, Baillieux, Jossart, Servière, Richarme, Soutter, plus un nom illisible.
[15] Voir aux Archives nationales F⁷ 443Z le procès-verbal des délibérations du Comité révolutionnaire de la section du Museum des 9, 10 et 11 thermidor.
[16] Rapport de Courtois sur les événemens du 9 thermidor (Floréal an IV), p, 146.
[17] La pétition du Museum a été publiée par Babeuf dans son Journal de la liberté de la presse, n° 18, 6 vendémiaire an III. Babeuf fit remarquer qu'aucun autre journal n'avait osé la reproduire.
[18] Voir le texte de cette adresse dans le n° 23 du journal de Babeuf.
[19] Babeuf les énumère : section Révolutionnaire, Cité, Temple, Museum (celles-ci avaient accompagné la délégation du club électoral à la Convention), Arcis, Arsenal, Bonne-Nouvelle, Faubourg-Montmartre, Gravilliers, Lombards, Marchés, Mont-Blanc, Montreuil, Faubourg du Nord, Panthéon et Quinze-Vingts. Sur l'agitation politique à ce moment, voir ma Réaction thermidorienne.
[20] Moniteur, t XXII, p. 202.
[21] Voir les n° 26 et 27 du journal de Babeuf.
[22] Il se réfugia à l'ancien local du club des Cordeliers, au Musée de la rue Dauphine. Voir ma Réaction thermidorienne, p. 93.
[23] Attestation du 25 messidor. Archives nationales, F⁷ 4702.
[24] Archives nationales, F⁷ 4774-92.