ROME ET LE CLERGÉ FRANÇAIS SOUS LA CONSTITUANTE

 

CHAPITRE VII. — L'ÉPISCOPAT ET LE BAPTÊME DE LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ.

 

 

I

Le mois d'avril 1790 fut un mois critique dans l'histoire de la Révolution. Les municipalités nouvellement élues commencent à fonctionner. L'ordre nouveau s'organise. Les biens du clergé passent sous l'administration des autorités civiles. Les religieux sortent de leurs cloîtres. Partout on pose des scellés, on dresse des inventaires, on questionne les ecclésiastiques. Le monde clérical, troublé dans ses habitudes, effrayé par le déploiement de la force publique, inquiet du lendemain, hésite et s'interroge. Les aristocrates redoublent d'efforts pour attirer à eux la force morale encore puissante dont dispose le clergé. Ils attisent ses regrets, augmentent ses inquiétudes, le poussent aux protestations, préludes de la révolte.

Les brochures anticléricales qui foisonnent, les projets plus ou moins en l'air d'établissement du divorce et du mariage des prêtres, leur sont prétexte à crier à la ruine prochaine de la religion. L'hérétique, le protestant, le juif est déjà mis sur le même pied que le fidèle catholique. Quand l'État aura vendu leurs biens il cessera de payer les prêtres. La France deviendra un pays infidèle ! Voilà ce qu'on chuchote plus ou moins ouvertement à l'oreille des curés et des bonnes gens.

La Constituante ayant refusé, le 13 avril, de déclarer le catholicisme religion d'État, le parti aristocrate saisit cette occasion de déchaîner dans toute la France une vive agitation que dirigent sous main les agents des princes émigrés. La protestation du côté droit contre la décision de l'Assemblée[1] est répandue à profusion.

Partout des pétitionnements sont organisés, des adresses véhémentes et menaçantes se couvrent de signatures. C'est toute l'œuvre de l'Assemblée, son œuvre politique autant et plus encore que son œuvre religieuse, qui est mise en question. Les citoyens catholiques de Nîmes, assemblés le 20 avril dans l'église des Pénitents blancs, a considérant que l'autorité royale est absolument nulle depuis le séjour du Roi à Paris et que cette nullité est la principale cause de tous nos maux et de l'anarchie qui règne dans le royaume, émettent le vœu que la religion catholique soit déclarée religion de l'État, qu'il ne soit apporté aucun changement dans la hiérarchie ecclésiastique et que toutes les réformes religieuses à intervenir soient faites avec le concours d'un concile ; que le pouvoir exécutif réside exclusivement dans les mains du roi ; que le roi soit libre de retirer sa sanction à tous les décrets postérieurs au 19 septembre 1789[2]. Les catholiques d'Alais, d'Uzès, de Toulouse, de Montauban, d'autres villes encore, adoptent des adresses analogues[3]. Les meneurs ont bien soin de mettre dans leur jeu les intérêts locaux et de faire valoir le préjudice que causerait au commerce ou aux pauvres la suppression de tel ou tel établissement ecclésiastique, évêché, couvent, collégiale. L'agitation gagne les campagnes. Dans le Berri, une partie des curés est ébranlée par les clameurs des aristocrates. Des prêtres qui jusqu'alors s'étaient montrés les amis sincères de la Révolution se détournèrent d'elle avec crainte[4].

Les curés bretons si patriotes commencent eux aussi à se laisser gagner par l'inquiétude.

Si l'épiscopat avait voulu rompre en visière avec la Révolution, empêcher par une résistance énergique le visa de la constitution civile du clergé dont la discussion n'était pas encore commencée à cette date, il semble que l'occasion n'avait jamais été plus propice. L'épiscopat ne saisit pas l'occasion, resta sur la réserve, ne voulant pas qu'on confondit la cause de l'Église avec la cause de l'aristocratie.

Les évêques députés signèrent bien la protestation du côté droit contre le décret du 13 avril[5]. Mais leur action se borna à cette signature platonique. Non seulement ils s'abstinrent de prendre une part active à l'agitation contre l'Assemblée, mais certains d'entre eux s'efforcèrent de la calmer, de l'enrayer. Les citoyens catholiques de la ville d'Alais, assemblés dans l'église des R. P. cordeliers le 25 mars 1790, avaient voté une véhémente adresse pour réclamer la conservation de leurs établissements religieux et la reconnais-naissance du catholicisme comme religion d'État. Ils envoyèrent l'adresse à leur évêque député, Bausset, avec prière de la transmettre au roi. Bausset n'hésita pas à leur donner dans sa réponse une leçon de modération et de leur prêcher le devoir de charité à l'égard des calvinistes qu'ils accusaient de tous les maux. Sa lettre vaut la peine d'être connue car elle est un témoignage remarquable de l'élévation et de la noblesse d'âme des évêques de ce temps. Après les remerciements et compliments de rigueur, l'évêque continuait ainsi : Permettez-moi, Messieurs, de réclamer tous les motifs que la religion présente et que l'humanité inspire pour vous inviter à éloigner toutes les pensées qui mêleroient à nos discordes civiles l'impression encore plus redoutable des dissensions religieuses. L'idée seule d'un si grand malheur doit faire frémir tout chrétien, tout Français, tout citoyen. Il est digne de vous de défendre la religion de vos pères par toutes les précautions que peut suggérer une piété éclairée et qui peuvent se concilier avec la sage circonspection des lois, mais vous trahiriez une cause et si noble et si pure, si jamais elle était souillée par des violences contraires à l'esprit du christianisme et attentatoires à l'ordre public. En plaignant ceux de vos frères que des préjugés héréditaires retiennent dans l'erreur, pensez aux vertus, aux qualités morales, aux talents qui distinguent un si grand nombre d'entre eux et qui doivent leur concilier votre estime et votre bienveillance. Pensez que vous leur appartenez peut-être par les liens du sang, pas une origine commune, par un commerce habituel ; que vos pères et les leurs ont professé la même foy pendant une longue suite de siècles ; qu'ils ont habité les mêmes lieux, sacrifié sur le même autel, participé aux mêmes sacrements et que leurs cendres reposent dans les mêmes tombeaux. Et Bausset évoquait en terminant l'horrible souvenir de la guerre des Camisards : Lorsque je parcourais, il y a deux ans, les différentes parties de mon diocèse, pour y remplir les fonctions les plus intéressantes de mon ministère, mes tristes regards s'arrêtoient avec l'expression d'une douleur muette et sombre sur ces temples, ces châteaux, ces habitations dont les ruines attestent encore les malheurs de vos pères, mais j'éprouvois une espèce de consolation, en voyant la paix régner, malgré la différence des opinions religieuses dans ces mêmes lieux où elles avaient excité tant de divisions et de combats. Je jouissois de la confiance que me marquaient ceux mêmes qui méconnaissaient l'autorité de mon ministère et je ne pouvais consentir à séparer dans mon cœur les enfants que la religion m'a donnés et ceux que la simple bienveillance me conciliait et j'aimais à me flatter que rien ne troubleroit jamais cette paix si favorable au triomphe de la vérité. Vous ne permettrés pas, Messieurs, que de si douces espérances soient trompées[6]. Combien d'évêques de nos jours seraient capables de tenir un pareil langage, d'interposer leur autorité en faveur des dissidents menacés, et dans de pareilles circonstances, quand les dissidents étaient représentés comme des persécuteurs du catholicisme ! Bausset écrivait cette lettre généreuse le 12 avril. Il la communiquait le 15 avril, deux jours après le vote de l'Assemblée, au ministre de l'intérieur pour bien montrer au gouvernement qu'il entendait faciliter sa tâche et rester comme devant un ministre de paix, un fonctionnaire zélé, un homme de progrès.

On comprend, en lisant de pareilles lettres, que les aristocrates aient eu lieu de se plaindre de la tiédeur des évêques, de leur mollesse à résister à l'Assemblée. Le curé Rougane, qui exprimait assez bien leurs sentiments, dans une amère réplique à Talleyrand, jette le blâme sur tout le côté droit : Si la minorité a quelque reproche à se faire et à essuyer, ce n'est pas d'avoir protesté, mais de n'avoir pas protesté autrement, plus tôt et plus souvent[7]. L'historien académique, conservateur et ultramontain, qui s'appelle Pierre De La Gorce, porte de nos jours le même jugement[8].

L'opposition des évêques à la constitution civile du clergé eut longtemps le caractère d'une opposition théorique, on pourrait dire académique.

Quand les projets du comité ecclésiastique commencèrent à transpirer, certains évêques députés, connus pour les plus rigoristes sinon les plus intransigeants[9], consultèrent une commission de jurisconsultes sur les droits que pouvait avoir le pouvoir civil à remanier les circonscriptions diocésaines. La consultation, œuvre de l'avocat janséniste Jabineau, conclut absolument à l'incompétence totale de l'Assemblée et conseilla aux évêques non seulement de ne pas prendre part à la délibération, mais de marquer une improbation formelle et publique[10]. Ce conseil était donné le 15 mars 1790. Ce n'est que le 1er novembre de la même année que parut l'Exposition des principes par laquelle l'épiscopat portait une condamnation formelle et publique sur l'œuvre de l'Assemblée.

Il ne parait pas que les évêques aient pris une part active à la polémique que suscita la consultation de Jabineau et la discussion de la constitution civile du clergé à la Constituante. Les principaux pamphlets sont dus à des avocats, à des anonymes. Le jurisconsulte Faure répliqua à Jabineau dans une consultation rédigée à la demande de l'abbé Saurine, futur évêque constitutionnel, qui siégeait à gauche[11]. Maultrot répliqua à Faure, mais sans signer[12]. Des anonymes dénoncèrent la constitution civile du clergé comme renouvelant l'hérésie de Bicher condamnée sous Louis XIII[13]. D'autres attaquèrent Martineau, Camus[14], crièrent au presbytérianisme, guerre de plume sans grande signification.

Deux prélats seulement, pendant cette première période, l'évêque de Nancy, La Fare, connu par son intransigeance, l'archevêque de Toulouse, Fontanges, renommé au contraire pour son libéralisme, crurent devoir sortir de la réserve et faire connaître publiquement leur désapprobation. Ils le firent en des termes qui sont à retenir.

La Fare prédit la ruine de l'Église si la ligne de démarcation qui séparait la puissance spirituelle et la puissance temporelle était une fois effacée[15] ; il protesta contre les décrets retirant au clergé l'administration de ses biens, supprimant les couvents, il invoqua pour justifier sa protestation le mandat reçu de ses commettants, le respect dû aux fondations, l'inviolabilité des acquisitions, l'intérêt des pauvres, les droits spéciaux de la province de Lorraine et Barrois garantis par le traité de Vienne, mais il invoqua aussi l'autorité de Jean-Jacques Rousseau et cita cette phrase du Contrat social : Il importe à l'État que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs[16]. Il prétendit que le corps législatif ne pouvait rien changer à la discipline de l'Église sans son consentement, il protesta donc contre la suppression des couvents, mais ne put s'empêcher d'ajouter : On ne peut disconvenir que les institutions monastiques, quelque chères qu'elles aient été dans tous les temps et seront toujours à l'Église, ne sont pas de l'essence de la religion. Leurs obligations particulières sont les conseils et non les devoirs de l'Évangile... C'est une vérité reconnue que l'existence politique des ordres religieux est entièrement subordonnée à la volonté de la puissance temporelle. Sans son intervention, ils ne peuvent pas plus continuer d'exister dans un État que s'établir sur un territoire[17]. On peut estimer que cet évêque, réputé intransigeant, avait sur les droits respectifs de l'Église et de l'État de plus saines idées que beaucoup de publicistes de nos jours.

L'archevêque de Toulouse, lui, ne faisait appel qu'à la seule raison pour élucider la question des limites des deux puissances[18]. Il admettait que le pouvoir civil avait un droit de surveillance, même sur l'enseignement de l'Église. Il déclarait qu'il n'avait pas le droit de changer les règles disciplinaires découlant des dogmes, mais qu'il pouvait modifier, avec ou sans le concours de l'Église, les autres règles disciplinaires, par exemple celles qui concernent les moines : Le pouvoir civil peut, sans le concours de l'Église, non pas délier les religieux de leurs engagements mais déclarer que les vœux qui seront faits à l'avenir n'ôteront plus la liberté de contracter des mariages valides aux yeux de la loi, tandis qu'il ne peut pas cesser de faire intervenir cette même loi pour interdire les mariages des prêtres catholiques[19].

On comprend que les aristocrates n'aient été que peu satisfaits de protestations qui renfermaient de pareilles concessions au pouvoir civil. Le curé Rougane s'indigna que l'archevêque de Toulouse eût émis la prétention de se servir de sa seule raison pour examiner les questions où la foi était en jeu. Il s'indigna plus encore qu'il ait pu écrire que l'Église devait se rendre aux représentations du pouvoir civil quand celui-ci lui demande de changer une loi de discipline générale : Ce sera donc le pouvoir législatif qui décidera du changement qu'il y aura à faire dans les lois générales de l'Église. L'Église lui sera donc asservie ? Disons plus, Jésus-Christ, puisque, selon les pensées des anciens, c'est lui qui la gouverne ![20]

Le cardinal Zelada, secrétaire d'État du pape, ne pense pas autrement que cet obscur curé d'Auvergne. Il s'étonne dans ses lettres au nonce que les évêques députés n'aient pas mis plus d'énergie à combattre la constitution civile du clergé : Le Saint-Père ne peut se persuader que le zèle de ces évêques ne s'anime et ne s'excite à en relever l'énormité[21]. Il écrivait cette phrase le 26 mai. Un mois après, le 16 juin, il constatait que les évêques ne s'étaient ni animés ni excités, et il en tirait cette conclusion désenchantée : Le découragement des évêques et l'inaction de la Cour ne servent qu'à augmenter les adversaires de la Religion et de l'Église[22].

Le témoignage du cardinal Zelada mérite qu'on s'y arrête. Les évêques français, d'après lui, restaient inactifs contre la constitution civile du clergé. Ils n'élevaient guère contre elle que des protestations pour la forme. C'est donc qu'ils espéraient s'en accommoder dans la pratique.

La plupart, en effet, considéraient ses défauts avec quelque indulgence. Ce n'était pas une condamnation qu'ils réclamaient de Rome, mais une approbation pure et simple, et ils comptaient que cette approbation ne se ferait pas longtemps attendre. Ils appelaient de leurs vœux, ils provoquaient de leurs démarches la décision pontificale qui mettrait leur conscience à l'aise en autorisant une soumission qui était déjà dans leur cœur.

 

II

S'il y a quelqu'un qui s'est fait dans le clergé réfractaire une réputation méritée d'intransigeance, c'est assurément l'abbé Augustin Barruel, le virulent auteur d'innombrables écrits contre les jureurs et contre les jacobins. Eh bien, à cette date de juin et de juillet 1790, l'abbé Barruel emboîtait le pas à Boisgelin et prêtait au parti de la conciliation l'appui de son journal très lu et très influent dans le monde ecclésiastique.

Dans son numéro de juin, il commentait les premiers votes de l'Assemblée avec le désir évident de les faire accepter par l'Église. L'intervention de la puissance ecclésiastique était sans doute nécessaire pour valider les nouvelles circonscriptions, mais nous remarquer ms que, lorsque les nations, les princes, les sénats croient apercevoir quelques avantages dans un nouvel ordre de choses, il est de la sagesse de l'Église de seconder ce vœu, qu'elle s'y est toujours prêtée[23]. Il regrettait que l'Assemblée n'ait pas voté la proposition de l'évêque de Lydda sur l'emploi des voies canoniques, mais aussi, ajoutait-il, elle [l'Assemblée] n'a point défendu l'usage de cette autorité, de ces voies canoniques, elle ne pouvait pas le défendre, sans blesser essentiellement la religion ; c'est donc aux pasteurs qu'il appartient d'employer à présent les moyens de l'Église pour satisfaire au vœu de la puissance civile[24]...

Barruel précisait sa pensée, rendait plus claire son invitation, justifiait son espérance :

C'était dans cet objet que M. l'archevêque d'Aix demandait un concile national. Dans le temps où nous sommes, on pouvait prévoir le peu de succès de sa demande ; mais, dans aucun temps, il ne sera permis de croire que le vœu de l'Assemblée puisse être rempli par les seuls décrets de l'autorité civile. Heureusement, il reste toujours à nos pasteurs le chef suprême de l'Église, successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ, pasteur des pasteurs ; seul, il peut suppléer à ce concile national, qui d'ailleurs n'aurait pas oublié ce qu'il devait lui-même au Saint-Siège dans une occasion si importante. Que le père commun des fidèles soit donc supplié par nos pasteurs de rendre légitime et d'approuver cette mission nouvelle, sans laquelle le vœu de l'Assemblée ne peut être rempli. Nous croyons prévoir que le bien de la paix, que les considérations les plus importantes engageront infailliblement le Saint-Père à seconder ce vœu. Nous espérons que nul de nos évêques français, de ceux-là mêmes qui pourraient perdre leur siège, ne répugnera invinciblement à un sacrifice que des circonstances impérieuses semblent exiger d'eux, et la foi au moins et cette hiérarchie établie par Jésus-Christ ne seront point violées[25]...

 

Qu'on médite cet extrait du journal qui était alors le moniteur quasi officiel du clergé aristocrate, qu'on en pèse les expressions, qui n'ont certainement pas été laissées au hasard, et qu'on dise s'il n'est pas permis de conclure que le clergé français n'était pas convaincu que, par l'assentiment jugé infaillible du pape, la constitution civile pouvait devenir canonique et exécutoire. Le journal n'aurait certainement pas parlé de la démission volontaire des évêques supprimés si cette démission n'avait déjà été proposée comme une solution possible par les intéressés eux-mêmes. Comment se refuserait-on à reconnaître, en présence de telles déclarations, la sincérité du désir dont le clergé était animé d'aplanir toutes les difficultés qui s'opposaient à la mise en vigueur de la réforme ?

Dans son numéro de juillet ; Barruel revint longuement à la charge. Il critiqua sans doute le système adopté pour les élections ecclésiastiques, il déplora que le projet enlevât au pape son pouvoir de juridiction sur l'Église de France, il releva à cet égard les erreurs de Treilhard, mais ce devoir accompli, il conclut encore, comme le mois précédent, en faveur de l'acceptation. L'enfant de l'Assemblée, disait-il, ne fait que de naître. Il est à la porte de l'Église. Il demande à entrer :

Heureusement, ses lois, sans être absolument les mêmes que les ne sont pas jusqu'ici inconciliables arec nos dogmes. S’il n'a pas tout dit, nous pouvons ajouter. Ce qu'il a dit, d'ailleurs, de plus étranger à notre discipline peut recevoir des explications. Descendons jusqu'à lui ; descendons sans bassesse. sans prévarication et nous pourrons peut-être l'élever jusqu'à nous, jusqu'à la vérité. Faisons, autant qu'il est en nous, tout ce qu'il exige pour rester Français ; mais point de lâcheté ; faisons aussi tout ce que l'Église nous prescrit pour rester catholiques. Parlons sans détour : j'entends, par baptiser cette Constitution, prendre tous les moyens qui dépendent de nous pour l'accepter sans qu'elle nuise en rien au dogme ; j'entends légitimer, autant qu'il est en nous, ce qu'elle semble avoir de contraire à l'esprit et aux droits de l'Église...

 

On ne contestera pas au moins à Barruel le mérite de la franchise[26]. Il s'expliqua non moins nettement sur les moyens qu'il jugeait possible d'employer pour baptiser le nouveau-né. L'élection des évêques et des curés produira sans doute des mauvais choix dus à la cabale, mais il dépend des métropolitains et des évêques d'examiner les choix et de rejeter impitoyablement les élus de mauvaises mœurs et de fausses doctrines. Que les évêques usent de leurs droits, rien n'est perdu. Le métropolitain et l'évêque ne pourront exiger de l'élu d'autre serment sinon qu'il fait profession de la foi catholique, apostolique et romaine. Mais rien n'empêche que les prélats somment l'élu de dire, à cette occasion, s'il admet d'esprit et de cœur tel jugement particulier de l'Église.

L'évêque nouvellement élu ne pourra s'adresser au pape pour en obtenir la confirmation. Je sais qu'il est de foi que les évêques, confirmés par le pape, sont véritablement évêques et que, par conséquent, il a le droit de les confirmer. Anathème à qui dit le contraire (Conc. trid., parag. 23, can. 8). Mais ce droit du pape n'est pas exclusif, il peut au moins le communiquer. Hâtons-nous de prendre avec Sa Sainteté des règlements auxquels sa sagesse ne lui permettra pas de se refuser, et ce décret de l'Assemblée pourra encore être suivi sans blesser la foi[27].

Les curés ont le droit de choisir leurs vicaires parmi les prêtres ordonnés pour le diocèse, mais il n'est pas détendu aux curés de consulter l'évêque et de lui demander une approbation pour leurs vicaires[28].

Rien n'était donc plus facile que de sauvegarder les règles canoniques, tout en appliquant la constitution civile. Il suffisait d'un peu de bonne volonté et d'ingéniosité. Barruel, à cette heure-là, n'en manquait pas. C'était avec une confiance joyeuse qu'il terminait ainsi sa démonstration :

Voilà ce que j'appelle baptiser cette constitution civile du clergé. Elle a besoin de nous, de nos moyens pour entrer dans l'Église ; ne les refusons pas, puisqu'ils sont nécessaires pour conserver la paix. Apportons partout les mêmes précautions ; le presbytérianisme, le protestantisme. et surtout le philosophisme. qui se préparaient à applaudir au schisme, se trouveront déjoués. et. malgré toutes leurs ruses, nous resterons catholiques, apostoliques et romains[29].

 

Nombreux étaient les prélats et les prêtres qui espéraient avec Barruel que le pape consentirait à devenir le parrain de la constitution civile.

L'archevêque d'Auch, La Tour du Pin Montauban, présentait à Pie VI, au nom de tous les évêques de sa province, un mémoire sur la conduite à tenir, où, sous une forme interrogative, il suggérait tout un plan de conciliation[30].

Mais il y a mieux. Les extraits récemment publiés de la correspondance du nonce et les dépêches du même qui m'ont été communiquées confirment d'une façon indiscutable le désir très arrêté où était le haut clergé dans son ensemble d'exécuter les décrets, et son espoir très vif que le pape ne refuserait pas son concours.

On reprend aujourd'hui, écrit le nonce à Zelada, le 7 juin 4790, la discussion des articles (de la constitution civile du clergé), mais j'ai lieu d'espérer que beaucoup seront changés ou modifiés et que, si on ne veut pas pour le moment un concile national, les formes canoniques seront observées d'une manière ou d'une autre et que rien ne sera exécuté que par l'intermédiaire de l'autorité et du concours du Saint-Siège. M. le comte de Montmorin, dans la conversation que j'eus mardi et Monseigneur l'archevêque de Vienne m'ont dit l'un et l'autre à peu près la même chose. Ce dernier a ajouté qu'au cas contraire, il était résolu à se retirer du Conseil. Mais je l'ai prié plus que jamais de ne pas faire cela, puisque sa présence dans le Conseil peut être toujours très utile, étant celle d'un homme qui est particulièrement écouté du Roi et qui connaît la matière et qui a droit à des égards de la part des particuliers et à de la déférence de la part de ses collègues[31]...

 

Il est remarquable que la grande affaire, pour le nonce comme pour les évêques députés, c'est l'observation des formes canoniques, l'opération rituelle. Les rites traditionnels sauvegardés, les principales objections contre la constitution civile tombent ou passent à l'arrière-plan. Or, le nonce a bon espoir que les formes canoniques pourront être procurées par le pape. U garda cet espoir, même quand l'Assemblée eut rejeté comme superflu l'article proposé par le comité ecclésiastique sur le recours à Rome.

Il écrit le 21 juin :

Dès la semaine dernière, en parlant avec les ministres j'avais pu comprendre que l'Assemblée aurait difficilement prononcé les expressions qu'on désirait à ce sujet, mais on m'a fait aussi comprendre que, d'une façon ou de l'autre, Sa Majesté était dans la détermination précise de ne rien exécuter sans le concours du Saint-Siège...

Je me suis entretenu, ces jours-ci, continue-t-il un peu plus loin, avec plusieurs évêques fort émus des tristes catastrophes que subit aujourd'hui la religion. Ils implorent Sa Sainteté pour qu'en Père affectueux, elle vienne au secours de cette Église et fasse tous les sacrifices possibles pour conserver l'union essentielle. J'ai cru à ce sujet devoir les assurer que Sa Sainteté, instruite de la déplorable situation que traversent les intérêts de la religion en ce pays, fera de son côté tout le possible pour les conserver[32]...

 

Pour être mieux entendus à Rome, ces mêmes prélats, que le nonce rassure et encourage, pressent le roi de seconder leur vœu en se faisant leur interprète auprès du pape.

Monseigneur d'Aix, écrivait le nonce le 28 juin, adjure Sa Majesté, au nom du clergé, de procurer les moyens de garantir les formes canoniques dans les décrets de l'Assemblée nationale. Sa Majesté répond dans les termes que l'on pouvait attendre de sa religion et de sa piété, mais elle explique en même temps, par une réticence, sa triste situation.

La majeure partie des évêques a chargé Monseigneur d'Aix de pourvoir à la délimitation des évêchés. Le clergé voudrait que le roi suppliât Sa Sainteté de députer seize commissaires apostoliques dans le clergé de France, aux termes des libertés gallicanes, lesquels, distribués en quatre comités, s'occuperaient de fixer les limites des nouveaux diocèses.

Quant aux évêchés actuels qui doivent être supprimés, je crois qu'il n'y aura pas de difficultés ; les titulaires s'en démettront spontanément[33]. Mais je crains qu'un bon nombre d'évêques conservés se retirent ; de nouveaux sujets devront donc être élus, en plus de ceux qu'il faudra nommer dans les départements où il n'y a pas actuellement de ville épiscopale résidentielle...

 

Ainsi, les évêques ne se bornaient pas à supplier Rome de leur donner le signal de la soumission. Ils se préparaient activement à écarter tous les obstacles qui pouvaient s'opposer à l'application de la constitution civile, avant même que la discussion de celle-ci fût achevée.

L'un d'entre eux même, devançant le vote de l'Assemblée, mettait en vigueur, de sa propre initiative, l'une des nouveautés les plus importantes de la réforme. L'évêque de Saint-Claude, Jean-Baptiste de Chabot, connu par sa piété et quelque peu suspect de jansénisme, fit paraître le let juin 1790 un mandement qui fit du bruit, puisqu'il eut immédiatement deux éditions et que la presse s'en occupa[34]. Avec une grande franchise, il y déclarait que si le clergé était mal vu du siècle, c'est qu'il s'était trop occupé des intérêts terrestres et il lui conseillait, pour faire tomber les préventions, de se renfermer dorénavant dans ses fonctions spirituelles : Nous n'administrerons plus les affaires de l'État, mais jour et nuit nous lèverons les mains au ciel, pour obtenir à ceux qui sont chargés de ce pénible soin l'esprit de sagesse, de conseil et de force... Nous serons plus utiles à la patrie par nos prières, par la sainteté de nos exemples, par l'ascendant de notre ministère sur les mœurs publiques, que par nos discussions et nos débats dans des assemblées politiques... Après avoir ainsi jeté pardessus bord toutes les anciennes prérogatives politiques et administratives de l'Église de France[35], M. de Chabot convoquait le clergé de son diocèse à un synode où il serait appelé à délibérer, c'est-à-dire à voter, à prendre des résolutions : Notre dessein, disait-il, en vous rassemblant autour de nous, n'est pas de vous intimer des lois... Une pareille méthode ne pourrait se concilier avec nos principes. Nous la croyons également contraire à l'idée que l'antiquité nous donne des assemblées synodales... Vous délibérerez avec nous. Ce que nous proposerons... ne deviendra une loi du diocèse qu'autant qu'il sera muni du suffrage et du consentement de tout le presbytère[36]. La hardiesse était étonnante[37] d'appliquer au gouvernement de l'Église les règles du régime parlementaire. Certains évêques s'étaient offusqués de la création du conseil des vicaires que leur imposa la Constituante, et voilà que l'un d'eux allait beaucoup plus loin, jusqu'au presbytérianisme, sans que rien l'y obligeât[38].

M. de Chabot passait pour un original. Mais d'autres prélats, qui avaient une réputation de prudence et de sagesse bien établie, continuaient à manifester les dispositions les plus conciliantes à l'égard des hommes et des choses de la Révolution. L'évêque d'Angers, Couët de Lorry, se distinguait par ses prévenances pour les autorités. Il bénissait les drapeaux de la garde nationale, le 14 janvier 1790, et prononçait à cette occasion un discours dicté par son cœur où respiraient le plus pur patriotisme et la plus grande tendresse pour son troupeau[39]. Il présidait peu après à l'installation de la municipalité d'Angers en célébrant une messe du Saint-Esprit, il allait à la tête de son clergé complimenter l'assemblée des électeurs réunis pour nommer les premiers administrateurs du département, et publiait, le 30 mai 1790, un mandement dont la Constituante ordonna l'impression et l'envoi à tous les départements. Le journal des jacobins d'Angers, les Affiches, ne tarit pas d'éloges sur ce discours vraiment pastoral, fruit d'une religion éclairée, d'une philosophie religieuse. Quel prêtre de ce diocèse, disait le journal, osera désormais afficher des opinions antipatriotiques, lorsque son chef lui donne l'exemple d'un dévouement aussi solennel aux oracles de la Constitution et à la majesté de la loi ?[40]

Aux approches de la grande Fédération du 14 juillet 1790, un vent de conciliation soufflait sur le pays. On était tout à la joie, tout à l'espérance. Le roi semblait sincèrement rallié à l'ordre nouveau. Il avait annoncé son intention de demander le concours du pape pour lever toutes les difficultés religieuses. L'épiscopat et les révolutionnaires attendaient avec la même confiance la réponse de Rome. Dans cette attente, ils se faisaient des concessions mutuelles.

A l'occasion de la Fédération, tous les évêques, tous les prêtres, tous les fonctionnaires publics devaient renouveler le serment civique qu'ils avaient déjà juré, le 4 février 1790. L'évêque de Clermont, avant de prononcer le serment, put formuler dans une déclaration qu'il fit au nom de ses confrères députés, des réserves sur le spirituel sans que l'Assemblée parût s'en émouvoir[41].

Les révolutionnaires ne s'alarmèrent pas de ces réserves parce qu'ils crurent qu'elles étaient dictées par un scrupule que le pape lèverait bientôt[42]. Les aristocrates n'y virent qu'une formalité assez vaine et s'en indignèrent. Le curé Rougane reprocha à l'évêque de Clermont de borner ses restrictions aux objets purement spirituels contenus dans les décrets votés depuis le 4 février, ce qui était supposer tous les autres exempts de blâme et de reproche ! L'évêque s'était abaissé à dire je vous supplie ! Il avait parlé de Nation loyale, alors que cette nation commet tous les brigandages. Son langage n'était ni un langage épis copal ni un langage éclairé. Par son silence, il avait semblé approuver les décrets sur l'usure, sur l'usurpation des biens consacrés au Seigneur, etc. Il n'avait réservé que ce qui est purement spirituel. Alors, le nombre, la distribution des paroisses et des diocèses, les empêchements de mariages et tout ce qui y a rapport seront évidemment au pouvoir de la puissance temporelle ! C'est en vain que l'évêque de Clermont se retrancherait derrière la sanction du roi. Le roi sanctionne tout depuis le 6 octobre 1789. Vraiment, les évêques de l'Assemblée montraient trop de mollesse à défendre les intérêts de la religion. Ils ont laissé passer sans protester cette déclaration des Droits où il est affirmé que toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Ils n'ont pas protesté contre ce blasphème. Est-ce qu'ils seraient par hasard disciples d'un Luther, d'un Jurieu ou du trop fameux républicain Jean-Jacques ? Rougane voyait l'avenir en noir, la constitution civile appliquée de l'aveu, du concours des évêques. Il reprochait véhémentement à l'archevêque d'Aix d'avoir écrit dans son discours du 29 mai : Nous sommes loin de nous opposer à vos désirs quand nous vous proposons les seules formes qui puissent les remplir[43].

Si les aristocrates crièrent à la trahison, c'est que l'accord entre l'Assemblée et les évêques était en bonne voie.

Il est difficile de savoir, en l'état actuel de nos connaissances, combien il y eut de prêtres et d'évêques qui, le jour de la Fédération, jurèrent le serment civique, avec ou sans réserves, ou qui refusèrent de le jurer. Ce qu'il y a de sûr, c'est que ceux qui répondirent par un refus absolu à la demande des autorités ne furent pas nombreux. L'évêque de Saint-Pol de Léon fut parmi ceux-ci. Le 8 juillet, il adressa à ses curés une circulaire qui contenait une vive critique de la réforme du clergé et il écrivit en même temps à certains d'entre eux pour les dissuader de prêter serment de maintenir une Constitution dont cette réforme faisait partie. Il notifia lui-même à la municipalité de Brest son refus de concourir à ce serment, sous aucun rapport[44].

L'évêque de Léon ne semble pas avoir eu beaucoup d'imitateurs. La plupart des prélats parurent à la Fédération et certains y manifestèrent les sentiments les plus patriotiques. A Tarbes, Mgr Gain de Montagnac célébra la messe sur l'autel de la patrie élevé au milieu d'une des places de la ville.

Quelques jours auparavant, il avait adressé à ses curés une lettre pastorale où il adhérait entièrement à l'ordre nouveau. Il leur disait qu'il ne regrettait rien de ses privilèges supprimés, qu'il pratiquerait la résignation et l'obéissance, qu'il ferait avec joie le serment d'union. Il célébrait le bel édifice que les représentants de la France élevaient à la gloire et au bonheur de la Nation[45].

L'évêque d'Angers ne restait pas en arrière. Le 29 juillet, il assistait à la réception de la bannière de, son département. Quelques jours plus tard, présidait, à côté d'un général, à un repas patriotique offert aux bardes nationaux nantais de passage à Angers à leur retour de la Fédération parisienne[46].

Il n'est pas besoin d'insister sur l'importance de ces faits et de ces témoignages. Ils suffisent, je pense à prouver que Camus et Treilhard n'avaient pas eu tellement tort de faire fond sur le patriotisme comme sur l'esprit de charité de l'ensemble de l'épiscopat. Si la constitution civile, contrairement à l'attente générale, ne put pas recevoir son application normale, si elle engendra le schisme et bientôt la guerre civile et la guerre étrangère, c'est à coup sûr contre la prévision et contre le désir de la grande majorité des évêques de France. Cette vérité, jusqu'ici dénaturée et obscurcie par la plupart des historiens, à peine entrevue par quelques-uns, devait être mise en lumière.

Mais si le clergé souhaitait l'accord, si l'Assemblée l'attendait, si le roi le préparait, pourquoi la rupture et le schisme ?

 

 

 



[1] Bib. nat. Lb³⁹ 3363 in-4°. Déclaration d'une partie de l'Assemblée nationale sur le décret rendu le 13 avril 1790 concernant la religion.

[2] Déclaration des citoyens catholiques de la ville de Nismes, Bib. nat. Lb³⁹ 3323. Cf. aussi Adresse des catholiques de Nismes à leurs représentants suivie de réflexions importantes sur la réduction des évêchés. Lb³⁹ 3065.

[3] Procès-verbal et adresse des citoyens actifs et catholiques de la ville de Toulouse. Bib. nat. Lb³⁹ 3439 : Délibération des citoyens catholiques de la ville d'Uzès. Lb³⁹ 3367, etc.

[4] Marcel Bruneau, Les débuts de la Révolution dans le Cher et l'Indre, 1902, p. 348.

[5] L'évêque d'Autun (Talleyrand), l'évêque de Lydda (Gobel) refusèrent leur signature. Gobel expliqua que s'il ne s'était pas joint aux protestataires, dont il partageait les opinions, c'est qu'il estimait que les votes de l'Assemblée devaient être respectés par chacun de ses membres. (Lettre de Mgr l'évêque de Lydda, député d'Alsace, département du Haut-Rhin, à ses commettants. Bib. nat. Lb³⁹ 3305). Talleyrand fut plus crâne. Il justifia la décision de l'Assemblée. (Réponse de M. l'évêque d'Autun au chapitre de l'église cathédrale d'Autun-Paris, 29 mai 1790. Bib. nat. Lb³⁹ 3480).

[6] Archives nationales, p. 426.

[7] Le décret du 13 avril mal justifié par M. l'évêque d'Autun dans sa réponse à son chapitre et la France sans Religion et sans Dieu, même depuis 1787 par ROUGANE, ancien curé d'Auvergne, 82 p. Chez Gattey, libraire, au Palais-Royal, p. 66. Bib. nat. Lb³⁹ 3481.

[8] P. De La Gorce, t. I, p. 216-217, 249-250.

[9] Les évêques consultants furent l'évêque de Clermont et l'évêque du Mans auxquels se joignirent l'archevêque d'Arles, les évêques de Montpellier, Luçon, Limoges, Saintes, Condom, Nîmes, Poitiers, Nancy, Uzès, soit 12 sur 40 évêques députés environ.

[10] Mémoire à consulter el consultation sur la compétence de la puissance temporelle relativement à l'érection et suppression des sièges épiscopaux, p. 27-28. Le mémoire est signé de Jabineau, Maultrot, Mey, Daléas, Meunier, Vanquetin, Mander, Blonde, Balard. Bib. nat. Ld⁴ 3064.

[11] Consultation sur une question importante relative à l'article Ier du rapport du Comité ecclésiastique sur la Constitution du clergé. Délibéré à Paris le 27 mai 1790. Signé : Faure, Leroi de Montelly, Bureau de Colombier, Jozeau, Boicervoise, Agier, Garran de Coulon, d'Herbelot, Le Febvre. Bib. nat. Ld⁴ 3066.

[12] Première et deuxième lettre à M. Faure, 1er juin, 2 juin 1790. Bib. nat. 3067, Ld⁴ 3067 A. Cf. Lettre à M. Agier sur la consultation pour M. l'abbé Saurine. Bib. nat. Ld⁴ 3078.

[13] Le Plagiat du Comité (soi-disant ecclésiastique) de l'Assemblée nationale. Décret de Julien l'Apostat, formant les bases de la Constitution du clergé François, suivi des représentations de Saint Grégoire de Naziance. A Antioche, de l'imprimerie impériale et se trouve à Autun, chez l'imprimeur de Mgr. l'évêque, l'an de J.-C. 1790, de la liberté II, de la meilleure religion I. Bib. nat. Ld⁴ 3121. Découverte importante sur le vrai système de la Constitution da clergé. Bib. nat. Ld⁴ 3158.

[14] Réplique au développement de M. Camus... Bib. nat. Ld⁴ 3117.

[15] Quelle doit être l'influence de l'Assemblée nationale de France sur les matières ecclésiastiques et religieuses, par M. l'évêque de Nancy, député de Lorraine, chez Mequignon le jeune, 1790 (28 mars 1790), p. 7. (Bib. nat. Lb³⁹ 3172).

[16] Quelle doit être l'influence de l'Assemblée nationale de France sur les matières ecclésiastiques et religieuses, par M. l'évêque de Nancy, député de Lorraine, p. 9.

[17] Quelle doit être l'influence de l'Assemblée nationale de France sur les matières ecclésiastiques et religieuses, par M. l'évêque de Nancy, député de Lorraine, p. 29. La Fare veut seulement qu'il ne soit pas permis au corps législatif de dépouiller arbitrairement de leur état les religieux qu'il trouve légalement existans.

[18] Considérations sur les limites de la puissance spirituelle et de la puissance civile, par M. l’archevêque de Toulouse, député à l'Assemblée nationale. Bib. nat. Ld⁴ 3063.

[19] P. 29. Fontanges voulait comme La Fare que les religieux eussent le droit de conserver leur état jusqu'à leur mort.

[20] Insuffisance de la déclaration de M. l'évêque de Clermont au sujet du serment civique... et remède à tous les malades surtout pour ceux de l'Assemblée. Paris, Gattey, 1790, p. 45-48. Bib. nat. Ld⁴ 3079.

[21] Copie d'une dépêche de Zelada au nonce dans le dossier remis aux cardinaux pour leur permettre de se prononcer sur la constitution civile du clergé. Arch. Vatic. Francia 483. (Communication de M. l'abbé Sevestre).

[22] Arch. Vatic. Francia 483. (Communication de M. l'abbé Sevestre).

[23] Journal ecclésiastique ou bibliothèque raisonnée des sciences ecclésiastiques (juin 1790), p. 216.

[24] Ibid, p. 218-219.

[25] Journal ecclésiastique, p. 219-220.

[26] Le P. Dudon, dans son essai de réfutation de ma thèse, distingue entre la nouvelle discipline édictée (par l'Assemblée) et l'autorité qui l'édicte. Or, dit-il, Barruel n'accepte la première qu'avec corrections et il n'accepte pas du tout la seconde (Études du 5 avril 1908, p. 103 à 108). Je n'ai jamais prétendu que Barruel, comme Boisgelin, ne repoussât pas la constitution civile, en théorie, mais il me suffit qu'il se résignât à s'en accommoder en fait.

[27] Journal ecclésiastique, p. 337.

[28] Journal ecclésiastique, p. 337.

[29] Journal ecclésiastique, p. 359.

[30] Ce mémoire, daté du 7 août 1790, figure dans Theiner, Documents inédits, t. I, p. 285 et suiv. La Tour du Pin se demandait si les évêques supprimés serviraient bien la religion en opposant aux décrets une résistance invincible. Il entrevoyait deux solutions : ou bien ils démissionneraient volontairement, ou bien ils céderaient provisoirement leurs pouvoirs aux nouveaux évêques. Le pape pourrait déléguer aux métropolitains le droit d'instituer les nouveaux évêques. Les vicaires formant le conseil épiscopal pourraient reconnaître expressément et par écrit qu'ils ne sont pas co-législateurs avec l'évêque, mais simplement ses suppléants. Les métropolitains, par délégation du pape, pourraient accorder les différentes dispenses jusque-là réservées au Saint-Siège.

M. l'abbé Sicard dit avec raison qu'on sort de la lecture de ce mémoire avec la conviction que l'acceptation presque totale de la constitution civile du clergé était possible et même probable avec l'assentiment du pape... Ancien clergé, t. II, p. 396.

[31] Arch. Vatic. Francia, 552.

[32] Arch. Vatic. M. J. Gendry a cité une partie de cette lettre, t. II, p. 122.

[33] La démission d'une partie des évêques conservés avait été envisagée comme une chose probable lors de la discussion sur les traitements. Il faut dire tout haut la grande vérité, avait dit Regnaud (de Saint-Jean-d'Angély), le 24 juillet, il y aura dans la démission des évêques ou des motifs puisés dans une délicatesse de conscience sur laquelle l'homme ne peut avoir d'inspection, ou bien dans une opposition formelle au vœu national. Dans le premier cas, vous ne pouvez forcer les évêques à exercer leurs fonctions ; dans le deuxième, vous serez trop heureux d'être débarrassés, même en les payant un peu plus cher, de gens qui, en restant en place, ne feraient que contrarier votre Constitution. En conséquence, Regnaud demandait pour les évêques démissionnaires le même traitement que pour les évêques supprimés (c'est-à-dire les deux tiers de leurs anciens revenus jusqu'à concurrence d'un maximum de 30.000 livres). Camus, Bouche, Biauzat craignirent, au contraire, que si les évêques avaient le même avantage à démissionner qu'à rester en fonctions, ils ne formassent une coalition de laquelle il pourrait résulter les plus dangereux effets. L'Assemblée leur donna raison et fixa à un maximum de 10.000 livres le traitement des démissionnaires. Moniteur, réimp., t. V, p. 220.

[34] L'instruction pastorale de M. de Chabot est analysée avec éloges dans les Nouvelles ecclésiastiques du 18 sept. 1790. M. Maurice Perrod en cite de longs extraits dans son livre sur Moïse, évêque du Jura, Paris, 1905, p, 28-33.

[35] C'est le mot de M. l'abbé Sicard repris par M. Maurice Perrod, Moïse, p. 31.

[36] Cité par M. Perrod, p. 31.

[37] Ainsi qu'en jugent MM. Sicard et Perrod.

[38] Le Journal ecclésiastique fit la leçon à l'évêque de Saint-Claude et lui reprocha de contrevenir aux canons de l'Église.

[39] Voir les extraits des Affiches d'Angers donnés par M. Uzureau dans son recueil Andegaviana, 2e série Paris, 1904, p. 460.

[40] Andegaviana, 2e série, p. 461. Les Nouvelles ecclésiastiques du 28 août 1790 analysèrent avec éloges le mandement de l'évêque d'Angers.

[41] Nous allons renouveler le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi. Quel Français, quel chrétien hésiterait à se livrer à un mouvement d'élan patriotique ? Permettez que je me déclare prêt à signer ce serment de mon sang. Nous allons le prononcer dans des circonstances différentes de celles du 4 février, nous allons le prononcer sous le sceau de la religion. Ici, en me rappelant ce que je dois à César, je ne puis oublier ce que je dois à Dieu, toute feinte à cet égard serait un crime et toute apparence de feinte un scandale. J'excepterai de mon serment tout ce qui regarde les choses spirituelles. Cette exception, qu'exigeait ma conscience, doit vous paraître une preuve de la fidélité avec laquelle je remplirai toutes les autres parties de ce serment. Séance du 9 juillet. Moniteur, réimp. t. V., p. 92. Le texte officiel de la déclaration est au fond identique à celui du Moniteur. Cf. Déclaration de M. l'évêque de Clermont au sujet du serment civique dans la séance du vendredi malin 9 juillet 1790. Bib. nat. Le²⁹ 758.

[42] L'évêque d'Alais, Bausset, vit dans le silence des révolutionnaires un hommage honorable rendu aux lois sacrées de la conscience et à la liberté des opinions (Lettre à ses vicaires généraux en date du 12 juillet, publiée à la suite de la Déclaration de M. l'évêque de Béziers. Bib. nat. Ld⁴ 3100).

[43] Insuffisance de la déclaration de M. l'Évêque de Clermont, p. 48-49 et passim. Bib. nat. Ld⁴ 3079.

[44] Les lettres de l'évêque de Léon à ses curés et à la municipalité de Brest ont été publiées dans La Révolution française, t. LIV, p. 30 et suiv.

[45] Cf. Les Nouvelles ecclésiastiques du 27 novembre 1790 et abbé L. Dantin, François de Gain-Montagnac, 1908, p. 44-46.

[46] Abbé F. Uzureau, Andegaviana, 2e série, p. 462.