Durant les cinq mois qu'a duré cette longue incertitude, Napoléon a passé par des impressions très diverses et fort explicables. D'après l'état d'esprit qu'il avait connu à Caprara, il n'avait pas douté un instant qu'on s'empresserait à Rome d'accueillir sa demande ; il avait rencontré, au contraire, des résistances qu'il n'attendait pas, et des exigences qui le contrariaient. A un acquiescement immédiat, il eût répondu sans doute par des largesses dont il eût pu se repentir ; devant des marchandages qui déguisaient mal l'hostilité, il se resserre, et s'indispose. Il s'est mis dans cette étrange posture d' être obligé d'attendre l'issue, par moments douteuse, d'une négociation qu'il est obligé de tenir secrète et qui transpire partout, pour fixer le moment et les formes où il prendra possession de la dignité impériale — ce qui ne peut s'accomplir que par la prestation du Serment constitutionnel. Certes, il exerce dans sa plénitude la puissance impériale depuis le jour — 28 floréal-18 mai — où le Sénat a remis entre ses mains le sénatus-consulte portant proposition au peuple français d'agréer l'hérédité du gouvernement dans la famille du Premier consul ; mais ce n'est point le sénatus-consulte, c'est le suffrage populaire qui doit le rendre empereur. La votation est accomplie et l'on eut pu penser qu'il se fût empressé d'en proclamer le résultat, pour peu que ce résultat ratifiât le vœu du Sénat. Point du tout ; il attend et celle attente durera sept mois. Certes, le procédé adopté pour l'émission des votes comporte des délais avant qu'on ait authentiquement recensé les suffrages émis sur des registres aussi multipliés et aussi dispersés ; mais ces délais sont expirés depuis longtemps et Napoléon n'en garde pas moins le secret de la consultation nationale. En multipliant les formalités, il gagne du temps ; c'est qu'après avoir publié le plébiscite, il n'aurait plus de prétexte pour ajourner le serment constitutionnel, et l'Empire conserverait intacte son origine démocratique ; tandis qu'en réservant la proclamation du vote, en n'en divulguant le résultat qu'à la veille de la cérémonie religieuse, en noyant le serment constitutionnel dans les pompes du couronnement pontifical, il laissera à discuter si l'Empire est de droit divin ou de droit populaire. Des la fin d'août (6 fructidor-24 août), Napoléon a écrit à Portalis, ministre de l'Intérieur par intérim : Vous devez avoir aujourd'hui le montant des votes pour l'hérédité. Joignez-y ceux des armées et de la marine et faites-moi connaître le résultat total. Il doit être de plus de trois millions de votes. Cela a l'air d'un ordre. Portalis n'est en mesure de l'exécuter que le 27 vendémiaire (18 octobre). Ils présentent, écrit-il, 2.962.458 votes, savoir : En faveur de l'hérédité : 2.959.891, pour l'avis contraire : 2.567. L'armée de terre offre, en faveur de l'hérédité, par une multitude d'adresses, un nombre de voles de 120.302, l'armée de mer : 16.321, les agences commerciales, pour l'hérédité : 1.764, pour l'avis contraire : 11. Soit que les chiffres attribués aux armées révèlent leur contingent, soit qu'ils permettent inopportunément de jauger leur enthousiasme, ils déplaisent à Napoléon qui raye 120.302 et, de sa main, écrit 400.000, raye 16.224, et écrit 50.000, puis refait l'addition et pose pour total 3.100.000. Le Sénat conservera la plupart de ces chiffres, lorsque l'Empereur, certain à la fois de la prochaine arrivée du Pape et ne pouvant point reculer devant la date fatidique du 18 brumaire, se décidera, le 3 brumaire (20 octobre), à faire présenter au Sénat le sénatus-consulte constatant le résultat du recensement des voles par la Commission sénatoriale : Depuis le 27 vendémiaire, les votes affirmatifs y auront cru à 3.574.898, les négatifs y seront demeurés à 2.567. Le sénatus-consulte adopté le 15 brumaire (6 novembre) sera encore gardé secret : il sera seulement publié dans le Moniteur le 6 frimaire (27 novembre), et le 10 (1er décembre), la veille du couronnement, le Sénat en corps sera admis à présenter à l'Empereur le résultat du vote national. De ces faits, ne doit-on pas conclure à un dessein prémédité ? N'y trouve-t-on pas un indice des sentiments de Napoléon ? N'a-t-il pas cherché à confondre l'élection nationale avec l'élection divine et, par là, ses inquiétudes et ses irritations, au cas qu'il n'eût pu réaliser le projet tel qu'il l'a conçu, ne deviennent-elles point compréhensibles ? A ces moments, où dans l'attente de la réponse de Home, il ne voulait ni avouer son secret, ni commencer des préparatifs qui le divulgassent, ni en commander d'autres qui le démentissent, il se trouva cruellement embarrassé : ne rien faire était impossible puisqu'il avait fixé la date du 18 brumaire et que cette date approchait ; dire qu'il espérait le Pape était ridicule, si le Pape ne venait pas ; les Invalides, qui convenaient à une cérémonie presque uniquement civile, cessaient de convenir à une cérémonie presque uniquement religieuse. Et, d'autre part, quel que fut le lieu choisi, il fallait bien des jours pour l'approprier, en dégager les abords, en déterminer l'ornementation, pour former les programmes, décider les rangs, régler le cérémonial. Au moment où Napoléon partit pour Boulogne, le 29 messidor (18 juillet), rien encore n'était arrêté. Le grand maître des Cérémonies, le conseiller d'Etal Ségur, sur qui devait rouler tout le détail, se prêtait, avec une activité, une grâce, une science infinies, mais non sans une pointe de malice, à donner des airs de splendeur monarchique au gouvernement dont il était devenu le metteur en scène ; il déployait à toute occasion une fertilité de ressources, une ingéniosité et un goût singulièrement précieux pour le nouveau régime ; il avait retenu de France, d'Allemagne, d'Italie, de Russie, de toutes les cours où il avait vécu ou passé, des précédents qu'il adaptait merveilleusement aux circonstances ; mais si, pour les fûtes qui devaient suivre le Couronnement, il s'était déjà entendu soit avec le bureau du Sénat, soit avec le préfet de la Seine, pour le Couronnement même, faute d'une matière sur laquelle il pût travailler, il demeurait impuissant à tracer un programme et à prévoir des cortèges. Avec tous les ménagements adroits que lui inspirait sa longue carrière de courtisan, il s'essaya, à la fin, le 6 thermidor (20 juillet) à tirer de l'Empereur quelque chose de précis : Je voudrais bien, écrivit-il, qu'il fût possible à Votre Majesté que rien ne fatigue, qui passe si rapidement des plus grandes pensées aux plus petits détails, et qui se délasse d'un travail par un autre travail ; je voudrais, dis-je, qu'elle pût corriger et arrêter ce projet afin qu'on pût le-mettre à exécution sans retard. Moyennant ces précautions, il pose des questions et présente des critiques. Voici, dit-il, les points principaux sur lesquels je désire avoir une décision de Votre Majesté Impériale : Le Pape viendra-t-il ? Son absence ou son arrivée changera la marche du cortège et le cérémonial dans l'église. L'onction aura-t-elle lieu ou n'y aura-t-il que le couronnement ? Dans le premier cas, il faudra régler les formes, de l'onction, supprimer celles qui étaient humiliantes pour le trône et régler toutes les cérémonies qui doivent se faire à l'autel. Et, après cette profession de foi où pointent les vieilles rancunes de l'ambassadeur refusé jadis par Pie VI, Ségur émet bien d'autres critiques : il ne veut point d'abeilles sur les tapis de velours ni sur les décorations du trône ; tous les artistes sont d'accord pour dire qu'on ne peut point imiter les abeilles, que le dessin en offre un aspect ridicule de loin et que les détails en sont trop petits pour produire de l'effet. Quant au théâtre de la cérémonie, point de doute : c'est, comme il est dit au décret, l'église des Invalides. L'architecte Trepsat, qui s'est adjoint Fontaine et Percier, va remettre, sous peu de jours, le plan de l'église avec la disposition des places et le dessin du trône. Les costumes sont en train et Ségur pense qu'il n'y manquera rien. L'important, c'est le Pape. L'Empereur, sur cet article, ne répond rien, pas plus que
sur l'onction et le couronnement. Il n'a pas besoin de dire où en est la
négociation, ni qu'on a accepté en son nom, de bout en bout, le Pontifical
romain, avec les cérémonies qui étaient humiliantes
pour le trône. Mais où il se lâche, c'est sur l'église des Invalides.
La cérémonie y éprouverait de grandes difficultés ; les évêques et les
prêtres y seraient mal placés puisqu'il n'y a pas de chœur ; les personnes
actuellement destinées à s'y réunir ne pourraient point toutes y entrer, même
si les députations militaires n'étaient pas présentes, ce qui serait tout à
fait contraire aux convenances ; puis, où établir les trônes pour l'Empereur
et pour l'Impératrice ? On croit, au contraire,
dicte l'Empereur, que vingt mille hommes seront
facilement placés dans l'église Notre-Dame, que le trône établi dans le chœur
y trouvera toute l'étendue nécessaire et que, s'il y a quelque cérémonie
religieuse, elle ne sera vue dans ses détails que par les prêtres ou par des
hommes qui, par la supériorité de leur raison, ont autant de foi que dans le VIIIe
siècle. Il conclut que tout paraît devoir déterminer à donner la préférence à la Métropole ; néanmoins, Ségur devra faire une inspection définitive des Invalides pour s'assurer qu'il est impossible d'y prendre les dispositions nécessaires. L'Empereur fait observer, par surcroît, que la dépense à la Métropole peut être permanente et durable, tandis que les frais aux Invalides seraient perdus. Quant à la marche du cortège, réduit à une trentaine de voitures, l'Empereur pense qu'elle ne prendra pas une heure ; parlant des Tuileries à huit heures du matin, il sera à neuf à Notre-Dame ; une heure pour la cérémonie, et il débouchera à onze heures au Champ de Mars. Sans doute, pour accéder à Notre-Dame, faudra-t-il abattre quelques maisons, mais cette dépense ne serait point perdue puisqu'elle concourrait à débarrasser un grand centre de mouvement et de cérémonie. Si, après cela la commission, composée de l'archichancelier, de l'intendant général, du ministre des Cultes et du grand maître des Cérémonies ne comprend pas qu'il n'y a rien h faire aux Invalides, c'est qu'elle voudra contrarier Sa Majesté. Elle n'a garde. On met donc tout aussitôt en train les démolitions autour
de Notre-Dame ; cela n'est pas peu de chose : il faut abattre la chapelle de
l'ancien chapitre avec toutes les maisons qui y sont adossées, dégager la
place du Parvis jusqu'au nouveau péristyle de l'Hôtel-Dieu, démolir encore
nombre de maisons derrière l'église ; jeter bas la maison des enfants de
chœur près le pont de la Cité, élargir les entrées de l'Archevêché ; arranger
les façades des bâtiments découverts par les démolitions. Encore, Fontaine,
chargé en chef des travaux, regrette-t-il que le temps lui manque pour
démolir toutes les maisons appartenant aux hospices, à droite de la rue du
Parvis, en arrivant à l'église. Nulle opposition à craindre des hospices ou
de l'église, mais il ne va pas de même avec les propriétaires.
L'expropriation pour cause d'utilité publique n'étant pas encore prévue par
la loi, on traite à l'amiable, on nomme des experts et il arrive que le
ministre n'agrée point le prix qu'ils ont fixé. Il en impose un autre ; le
propriétaire regimbe, mais il n'a point raison. Certainement,
écrit sur un tel cas Portalis à l'Empereur, l'opposition
de ce propriétaire ne pouvait pas arrêter l'autorité dans un moment où il y a
nécessité d'aller en avant. Cependant, comme, dans une occasion où il s'agit
du couronnement de Votre Majesté, il importe que tous les citoyens n'aient
qu'à bénir tout ce qui tient à cette auguste cérémonie, j'ai invité le
propriétaire réclamant à se rendre chez moi ; je lui ai fait sentir combien
sa résistance était intempestive et que j'espérais tenir de sa raison et de
son zèle ce que je regretterais d'opérer par la force. Il a été très content
de la remontrance et il m'a protesté qu'il allait concourir à l'exécution de
mes ordres. Il appartenait au juriste Portalis d'inaugurer
l'expropriation par persuasion ministérielle. On travailla jour et nuit — la nuit à la lueur des torches. L'Empereur voulait qu'en outre, la rue de Rivoli, la place du Carrousel et le quai Bonaparte fussent entièrement nivelés et pavés ; ce qui n'était point un médiocre travail. Enfin, Fontaine faisait subir à Notre-Dame une transformation totale ; il enlevait à l'intérieur la grande grille du chœur et les deux autels à droite et à gauche, dressait le plan des estrades et des tribunes qui devaient permettre aux députations de la France entière d'assister au Couronnement, sinon d'en voir quelque chose. À l'extérieur, il imaginait d'emboîter l'admirable église dans un cartonnage pseudo-gothique, qui fournirait un portique et un immense vestibule d'accès montant jusqu'à la base des tours, et qui rejoindrait une vaste galerie suivant toute l'église à droite, du côté de la Seine, et aboutissant à l'Archevêché. C'était Napoléon qui avait demandé ce couloir et Fontaine profile de l'occasion pour utiliser la tente faite en prairial an IX, quand le roi d'Etrurie était venu à Malmaison et qui, non employée, était restée, sans être payée, aux mains du menuisier. Sauf les démolitions autour de Notre-Dame qui pouvaient passer pour une amélioration, bien que certains monuments précieux dussent y périr, les motifs allégués par Napoléon pour déserter les Invalides — celui entre autres que les dépenses faites pour la décoration de Notre-Dame subsisteraient après la cérémonie — manquaient de sérieux ; mais, dût-il en coûter plus de 700.000 francs, Napoléon ne croyait point surpayer le théâtre religieux où il ne doutait pas que le Pape ne vînt le sacrer. Déjà même il préparait les palais où il entendait le recevoir ; sur ses ordres, on mettait le Pavillon de Flore en état d'être habité et on terminait les travaux de la Grande galerie pour rendre praticable le passage du Musée au Pavillon de- Flore. L'Empereur allait reconnaître lequel des châteaux de Compiègne et de Fontainebleau serait plus convenable à une première rencontre. A Compiègne, tout était à faire ; à Fontainebleau, moyennant quelques menus travaux exécutés en hâte, moyennant des meubles apportés de Paris, loués ou empruntés sur place, on put coucher. L'Empereur fut reçu comme dans une maison de quartier à l'armée ; mais les murs et les toitures étaient solides et l'on pourrait abriter le Pape et les deux cours. Tel était l'état des choses lorsque, le 8 fructidor (26 août), Napoléon partit de Boulogne pour la Belgique et les départements rhénans. Si le Couronnement tenait pour le 18 brumaire (9 novembre), on avait à peine deux mois et demi devant soi. Pour tout ce qui n'avait point de rapport direct avec le consécrateur éventuel, on poussait en lutte les préparatifs. Les costumes, tels que le décret les avait réglés, étaient confectionnés sous la surveillance d'Isabey, la direction de Ségur, l'inspection de Regnaud (de Saint-Jean-d'Angély). Ce personnage était inattendu et, à certains, sa compétence semblait douteuse. Lorsque Votre Majesté nomme un conseiller d'Etat, écrivait Denon à l'Empereur, elle en l'ait sans doute un homme considérable, mais en faire un homme de goût, c'est là que failli sa toute-puissance. Et Denon, qui avait déjà donné le sceau de l'Etat et les cachets, trouvant fort mauvais qu'on ne l'eût point mis du Sacre, se proposait à l'Empereur pour lui porter un costume aussi majestueux que magnifique. Mais il ne réussissait pas à évincer Regnaud qui, retenu par sa grandeur au trottoir de son hôtel, envoyait chez le brodeur, la couturière, le tailleur et le cordonnier des messagers vraisemblablement peu écoulés, car il écrivait : Ces ouvriers ont une grande idée de leur importance, surtout dans ce moment, et sont peu disposés à faire ce qu'ils doivent et à se mettre à leur place. Cela valait presque les déclarations de Portalis au propriétaire de la place du Parvis : la morgue avait poussé vite dans la nouvelle aristocratie d'Empire. Brodeur, couturier, tailleur ne savaient en réalité à qui entendre, car, outre Isabey, Regnaud, Ségur et Denon, M. le premier chambellan Rémusat, à titre de maître de la garde-robe, se mêlait de donner des ordres ; c'était même lui qui, de son chef, arrêtait les détails des broderies avec les dessinateurs et brodeurs. Néanmoins, on marchait et on avait chance d'être prêt. Dans le service du grand écuyer, on allait mieux encore : Caulaincourt avait compté qu'il lui fallait cent quarante chevaux neufs, dont huit au moins de même robe isabelle pour le carrosse de l'Empereur, et huit, gris pommelé, pour le carrosse de l'Impératrice — ce qui seulement est d'un souverain. Il les trouvait. Il préparait ses livrées, poussait les carrossiers, car il lui faudrait trente à quarante voitures. Pour la voiture de l'Empereur, commandée à Getting sur les dessins de Percier et de Fontaine, il déclarait les devis trop élevés et, par économie, retranchait beaucoup à la richesse et à la magnificence, de façon à réduire le marché à 114.000 francs. Le grand chambellan, en homme d'église qu'il avait été, se tenait pour certain du voyage et disposait tout connue si le Pape allait arriver. Le grand maréchal, habitué à l'imprévu, sachant se faire servir comme nul chef ne l'était, ne s'étonnait de rien et parait à tout. Mais, pour le grand maître des Cérémonies, l'incertitude continuait à être cruelle, car tous les arrangements à Notre-Dame dépendaient de la venue du Pape. Ce ne fut que vers le 20 septembre (3e complémentaire) qu'il fut fixé : il avait quarante-huit jours pour tout mettre au point. Les troues, dont un occupait tout le fond de la nef et avait accès par un redoutable escalier presque à pic ; les draperies pour tous les murs, brodées — ou peintes — des armoiries et des insignes de l'Empire ; les tapis de velours bleu, sur qui, malgré Denon et Ségur, l'on semait des abeilles d'or sans nombre ; les tentures fermant le chœur, courant le long des tribunes, se drapant en immenses rideaux, et cachant les pilastres, de façon que le glorieux vaisseau de pierre fût tout entier habillé d'oripeaux et de fanfreluches ; puis, les accessoires pour le culte, dont l'abbé d'Astros, chanoine de Notre-Dame, faisait monter la note, car, pour le sacre des rois, l'usage, disait-il, était d'acheter tout à neuf, et il ne réclamait pas seulement un soleil, deux croix, deux encensoirs, deux garnitures de livres, une navette, un calice, un ciboire, un bénitier, un plat d'offrande, deux paix, deux paires de burettes, une cuvette de burettes, mais seize chappes en drap d'or, avec huit tuniques, deux chasubles, une étole, deux manipules, un épistolier, une étole pastorale, mais pour 2.420 francs de linge d'église et l'habillement complet des gens de Notre-Dame : quatre huissiers, douze enfants de chœur et deux suisses, ceux-ci aux habits de 1.100 francs, aux hallebardes dorées et ciselées de 254, aux baudriers de 900 francs. Encore d'Astros laissait-il échapper l'admirable dais qui avait servi aux funambulesques processions du marquis de Brunoy : on en demandait 12.000 francs, sans les réparations qui scraientcouteuscs.il en commanda un que Fontaine déclara mesquin, auquel on rajouta quantité de plumets et qui finit par coûter 8.239 francs. Outre les meubles d'église d'usage courant en France, il en fallait à présent de particuliers pour le Pape. Le légat a remis à l'intendant général des dessins représentant la chaire pontificale, les flabelli et le faldistoire, et Fleurieu tout d'abord a estimé qu'il s'en tirerait à bon compte : la chaire est d'une forme particulière, mais très simple, et il suffira de quelques aunes de velours cramoisi et de galons. Si on trouvait, écrit-il, la chaire trop simple en regard du trône impérial, nous pourrions dire que nous avons cru qu'il nous était impossible de faire mieux que d'asseoir le pape à Paris comme il l'est à Rome : les bons esprits conviendront même que c'est là une attention recherchée. Pour les flabelli, cela va tout seul et, quant au faldistoire, n'a-l-on pas Jacob Délimiter, le plus illustre des ébénistes ! Mais Fleurieu s'est trop pressé de crier victoire. Le 20 brumaire (20 novembre), douze jours avant le Sacre, le légal rappellera point par point tous les objets qu'il faut quand le Pape officie : le trône pour Sa Sainteté ; quatre scabelli pour les cardinaux-diacres assistants, le diacre et le sous-diacre de la messe ; un grand faldistoire pour Sa Sainteté avec des coussins d'étoile de soie brochée ; un faldistoire plus petit, en fer, avec un coussin garni d'une draperie de soie argent fond blanc brodé en or ; un autre faldistoire sans draperie ; des tapis pour les marches de l'autel, le pavé et les marches du sanctuaire ; une nappe, d'une forme spéciale, sur l'autel et sept chandeliers dont le septième placé derrière la croix ; sept autres chandeliers pour les acolythes ; huit autres à l'entrée du chœur ; et puis des crédences, des banquettes à dossier sur deux marches, d'autres sur une marche, d'autres sans marche, d'autres sans dossier, et, sur ces banquettes, des étoiles de couleurs et de dimensions réglées ; et puis, des pupitres, des tables, d'autres tables. A celle fois, c'était de quoi perdre l'esprit. Il fallut faire des prodiges, on les fit. A Aix-la-Chapelle, Napoléon n'a pu manquer de concevoir pour son sacre quelque idée qu'il a crue carolingienne ou qu'on lui a présentée comme telle. Peut-être avait-il pensé en rapporter les ornements dits de Charlemagne qui servaient au couronnement des empereurs allemands, mais la plupart étaient conservés à Nuremberg, Lorsque le roi des Romains devait être couronné, l'électeur de Mayence en donnait avis aux magistrats d'Aix et de Nuremberg. Ceux-ci envoyaient par leurs députés la couronne d'or, pesant quatorze livres, Panneau, le sceptre, le globe,, les souliers, l'épée qu'un ange avait apportée du ciel, une longue aube, une étole, une chappe avec une ceinture ; ceux-là une chasse couverte de diamants où l'on conservait du sang de saint Étienne, l'épée ordinaire de Charlemagne, avec le baudrier, et un évangéliaire écrit en lettres d'or dont il se servait. Faute de disposer du trésor de Nuremberg, Napoléon ne fil envoyer à Paris que l'épée ordinaire : c'était médiocre. Mais, si Charlemagne avait des ornements allemands, il en avait aussi de français. A la vérité, les employer, c'était rentrer dans le cérémonial de la troisième race et imiter assez platement les Capétiens. Ceux-ci, bien qu'usurpateurs, n'en affectaient pas moins de se recommander de l'illustre empereur, en se parant, le jour de leur sacre, d'insignes qu'on prétendait lui avoir appartenus ; de même qu'ensuite ils envoyaient, de Reims, un de leurs intendants-contrôleurs-généraux de l'Argenterie, convenablement escorté, porter à Aix, dans l'église collégiale, sur le tombeau de Charlemagne, un poêle de velours noir, croisé de moire d'argent, bordé d'hermine et brodé aux armes de France. Ces ornements français de Charlemagne étaient conservés à
l'abbaye de Saint-Denis, d'où, sur un ordre du roi, transmis par le maître
des Cérémonies, deux religieux les apportaient en pompe à Reims. C'étaient
essentiellement, a dit Dom Millet : La Coronne de
l'empereur et roy de France, sainct Charlemagne, qui est d'or massif, clause
à l'impériale et enrichie de pierres précieuses du plus grand prix ; le
sceptre d'or de sainct Charlemagne, roy de France et empereur, au leste
duquel est l'image dudict sainct assis dans une chaire garnie de deux lions e
! de deux aigles, ayant la coronne impériale sur la tête, le sceptre eu une
main et le globe en l'autre : tout ce que dessus d'or pur, posé sur une fleur
de lys d'or entaillée de blanc et celte fleur de lys sur une pomme d'or
enrichie de pierres précieuses. Et puis encore la main de justice de licorne posée sur une hante d'or et l'espée royale de sainct Charlemagne, roy de France et
empereur, dont la lame est très belle et de bonne trempe ; le pommeau,
la poignée et les branches d'icelle d'or massif, enrichies de pierres
précieuses. Enfin les deux espérons d'or semez de
fleurs de lys en champ d'azur et garnis d'un velours velouté broché d'or. A la vérité, dès lors, certains antiquaires avaient des doutes ; Montfaucon ne se gênait point pour dire de l'épée que, si le pommeau et la garde en étaient anciens, la poignée et le reste étaient de temps très bas ; du sceptre, on s'accordait à penser qu'il avait été exécuté par les orfèvres du roi Charles V, lequel reconnaissait Charlemagne pour son patron ; les autres objets n'étaient guère plus authentiques, mais, en telle matière, la tradition couvre et la foi sauve. Seulement, la Révolution n'avait point épargné le trésor de Saint-Denis : si l'on retrouvait à Paris, au Cabinet des Antiques, le sceptre, les éperons et la main de justice, la couronne et l'épée avaient disparu. La couronne, les citoyens Monge, Garnier et Leblond, commissaires délégués par le Directoire du département de Paris pour enlever le trésor, n'eussent eu garde de risquer leur renom de patriotisme en disputant à la fonte cet insigne de la tyrannie. Puisque l'Empereur voulait la couronne de Charlemagne, on la lui ferait, et non pas telle qu'on en retrouvait la forme dans les gravures de Dom Félibien, mais bien mieux et telle que la décrivaient de bons auteurs. Pour l'épée, on allait se contenter de celle d'Aix-la-Chapelle, lorsque Ségur reçut une lettre d'un M. Léorier, demeurant 219, rue Montmartre, vis-à-vis celle des Vieux-Augustins. Ce Léorier l'avisait qu'il était en possession de l'épée, jadis déposée au trésor de Saint-Denis, enlevée en 1792 par les commissaires du Directoire de Paris, vendue le 25 vendémiaire an VI avec quantité d'autres objets provenant du Garde-Meuble ou des divers dépôts, reconnue authentique par les antiquaires de la Bibliothèque, par un gardien du trésor de Saint-Denis et par M. Auguste qui, au sacre de Louis XVI, la remit aux mains de M. de Clermont-Tonnerre faisant fonctions de connétable. Voilà tout le palais en émoi : Ségur envoie la lettre à Duroc, lequel la communique à Talleyrand et l'on tombe d'accord qu'il faut avoir cette épée qu'on montrera à Sa Majesté dès son retour à Paris. Mais, à ce moment, apparaît une nouvelle épée de Charlemagne, aussi authentique que celles d'Aix, de Nuremberg et de Saint-Denis, plus même, car il n'en reste que la lame. On assure qu'elle fut conservée longtemps dans le trésor de Saint-Denis, et qu'elle a aussi été vendue, en l'an VI, avec les effets du Garde-Meuble. Fleurieu, fort embarrassé, consulte le préfet de la Seine et Lenoir, le conservateur du musée des Petits-Augustins, et conclut que, par suite des recherches faites, il reste à prononcer entre une lame privée de sa poignée qui offre bien quelques caractères d'antiquité et plusieurs traits du dessin et du goût de ces temps barbares et une épée entière, avec sa poignée en or, offrant tous les mêmes caractères et les preuves de la même origine, épée que M. Denon assure être celle qui servait au sacre de nos rois. Il faut s'en tenir à celle-ci et il est inutile désormais d'acquérir ou de réunir toutes les lames d'épée qui ont pu appartenir à Charlemagne. L'on convient de donner à la poignée une autre l'usée, celle-ci étant enveloppée d'un revêtement d'or losangé, avec une fleur de lys dans chaque losange, travail d'orfèvrerie relativement moderne : on habilla le fourreau de velours vert semé d'abeilles d'or ; mais, sauf ces changements dynastiques, l'épée reste intacte : c'est bien celle qu'on voit au côté de Louis XIV dans son portrait par Rigaud, celle que Gaignères, Montfaucon et Félibien ont dessinée ou gravée. Si elle n'est point l'épée de Charlemagne, au moins a-t-elle une possession d'état qui remonte à sept ou huit siècles. On néglige les éperons, à cause des Heurs de lys trop visibles. On refait une hampe à la main de justice qui semble bien celle qu'on voit sur le sceau de Hugues Capet et dont la tradition est établie en usage depuis le sacre de Philippe-Auguste ; mais, comme on la trouve un peu simple, on décore le sommet de la hampe d'un bijou d'or, orné de pierres fines et de perles, œuvre d'un orfèvre du Xe siècle, et de trois pierres gravées, améthyste, topaze et algues marines, l'une antique, les deux autres travail du VIIIe siècle. Le sceptre avec sa légende gravée à jour sur la marche du trône où est assise la figure de Charlemagne : SANCTUS, KAROLUS
MAGNUS, ITALIA, ROMA, GERMANIA avec le lys épanoui d'où s'élance ce trône, avec la fleur de lys au sommet du sceptre et la fleur de lys sur le fermail du manteau, a été exécuté dans la seconde partie du XIVe siècle, mais c'est tout de même quatre cent cinquante ans. On s'en servira donc. Jusqu'au sacre de Louis XIV, ce sceptre était de même longueur que la main de justice, pas plus d'une coudée. On l'a remonté alors sur une hampe d'or de six pieds de haut, sans ornements. Celle hampe a péri et, pour la remplacer, on cherche dans les débris du trésor de Saint-Denis un halon qui ait un caractère d'ancienneté. On en trouve un : Le baston de chantre, d'argent doré, enrichi de pierreries dont parle dom Millet, et qui, selon de m Félibien, fut donné à l'abbaye par Guillaume de Roquemont, chantre de Saint-Denis. Aussi bien cela y est-il écrit tout de long : D'argent fist faire ce baston L'an MCCC quatre vingt Quatorze ne plus ne moins. Ceux qui le tiendront en leurs mains Veuillent prier après la vie Que son âme soit ès cieux ravie. Qu'il fut gardé Et en grandes festes regardé. Car pour loyauté maintenir Le doibt chantre en la main tenir. On ne regarda point d'abord à ces vers ; on s'en aperçut ensuite, et on les cacha sous des velours. Le caractère certain d'inauthencité que présentaient, malgré leurs certificats qui tous n'étaient pas de complaisance, ces ornements qui n'avaient de prix réel que pour les Capétiens, détermina Napoléon à ne point s'en revêtir lui-même et il s'épargna ainsi de tenir en la main le baston du chantre. Les Honneurs de Charlemagne furent admis à figurer dans le cortège, non sur sa personne. Aussi bien se heurtait-il à une opinion dont il avait l'habitude de tenir compte ; Rœderer, qui était allé voir ces objets nettoyés et réparés, écrivait au prince Joseph : Je ne sens pas l'intérêt qu'on peut mettre à ces reliques... Si Charlemagne s'était servi de l'épée de Clovis, nous ne parlerions pas aujourd'hui de l'épée de Charlemagne, et Napoléon, consacrant aujourd'hui les reliques de Charlemagne, renonce à laisser les siennes à ses arrière-neveux. Je crois qu'il lui importerait de paraître aux yeux de la postérité avec l'épée d'Aréole et de Marengo. Sans doute, et il était préférable peut-être que, après la bénédiction du Pape, Napoléon ne mît point Joyeuse à son côté. Cela eût choqué. Mais il ne pouvait point davantage ceindre son sabre de Lodi ou des Pyramides. Il eût fallu pour l'accompagner l'habit uniforme du général, du consul, du colonel des grenadiers : avec le costume que Napoléon avait décidé de porter, il fallait un glaive de théâtre. L'épée que, Premier consul, il avait fait ciseler et au pommeau de laquelle il avait enchâssé le Régent, ne convenait déjà plus, et des pierres, on orna ce glaive du Sacre, qui tout à l'heure déplaira à son tour et devra prendre une forme nouvelle. Le glaive des fûtes a disparu ; l'épée des victoires est restée ; c'est elle qui a besogné et qui mérite les honneurs. Ce n'est pas seulement l'épée, ce sont tous les ornements de sa dignité impériale que Napoléon se détermine à faire ouvrer à neuf. Sans doute trouve-t-il médiocrement imposant de se parer, pour une telle cérémonie, qui veut de la tradition et du mystère, d'insignes sortant de chez l'orfèvre et marqués à l'enseigne du Singe violet ; il y a là un contraste qui blesse l'esprit ; mais, du moins, la situation est nette : la dynastie neuve n'a point voulu d'ornements d'occasion, ou pour dire mieux, l'Empereur, mis en présence de ce bric-à-brac monarchique, a renoncé à s'en servir. Au surplus, il éprouve, dans ses accès de dévotion pour le passé, des rémittences et des recrudescences. La cure d'Aix, si fort qu'elle ait réussi à Joséphine, aura eu sur Napoléon de plus rares effets : elle l'aura presque guéri de Charlemagne, qui y perd sa colonne et ses statues. Pourquoi ? Cela vaudrait d'être cherché et peut indiquer un nouveau courant de son esprit. Autre courant : jusque-là, sans contester, ni protester, il a accepté qu'à la cérémonie de son sacre et de son couronnement, il fût fait usage du Pontifical romain. En son nom, Fesch, dûment autorisé, a acquiescé en forme solennelle à la demande présentée par le Saint-Siège. Mais quoi, qu'est-ce que lui a écrit Ségur de l'humiliation du trône ? Qu'est-ce que ce Pontifical ? En route, de Mons le 14 fructidor (1er septembre), il a écrit à Fouché qu'on lui envoyât à Aix l'abbé de Pradt, un de ses aumôniers, qu'il compte nommer maître des cérémonies du clergé. Puis, il écrit à Portalis pour qu'il arrange toutes choses et règle tout le cérémonial — cela sans l'avertir qu'il y a engagement pris et combien de fois ! Aussi Portalis répond : Cet objet ne sera pas de difficile négociation. On retranchera les cérémonies qui ne vont pas à nos mœurs. On ne fera que celles qui sont aussi dignes d'un grand prince que de la religion même ; en prenant, en partie, dans le Pontifical romain et, en partie, dans l'ancien cérémonial français, tout ce qu'il y a dans l'un et dans l'autre de majestueux et de raisonnable, on peut avec avantage remplir l'objet auguste qu'on se propose. Et Napoléon acquiesce ; il adresse à Cambacérès la traduction qu'il s'est fait faire du Pontifical en ce qui concerne le sacre des rois. Je désire, écrit-il, que vous me le renvoyiez avec des modifications plus adaptées à nos mœurs et qui blessent le moins possible la cour de Rome. Ainsi, Cambacérès est préposé avec Portalis à réviser les rites de l'Eglise catholique. Au moins Napoléon impose le secret à l'un comme à l'autre, parce que cela ne ferait qu'un vain bavardage. Donc, au lendemain du jour où il a obtenu le consentement à ce point désiré du Pape, il manque sur quantité de points essentiels aux engagements qu'on a pris en son nom : c'est le texte de sa lettre au Pape ; c'est celte lettre portée par un général au lieu de deux évoques ; c'est la révision du Pontifical. Peut-être était-ce une nécessité : avant d'accepter, il devait s'instruire. Que dirait-il au Pape pour justifier cette proposition d'adultérer, de modifier et de moderniser le rituel ? À ces difficultés qu'il a comme à dessein soulevées — car, en vérité, dans les deux premiers cas au moins il a mis bien de la fantaisie, — il en a ajouté une nouvelle, et celle-ci insoluble, lorsque, par reconnaissance envers sa femme, par contradiction envers ses frères et ses sœurs, par une manifestation de sa nature bien plus impulsive et bien moins calculatrice qu'on ne l'imagine, il a décidé et annoncé que, en même temps que lui, Joséphine serait sacrée et couronnée. A cela, point d'exemple depuis deux siècles ; point de reine, depuis Marie de Médicis, qui ait été l'objet d'une telle cérémonie ; point de reine, depuis des siècles et des siècles, qui ait été couronnée et sacrée en même temps que son époux-roi. Encore, au couronnement de Marie de Médicis se trouvait-il une raison ou un prétexte : l'âge du roi régnant, son premier mariage, la perspective d'une régence possible. Ici rien : ce n'est point sur Joséphine que repose l'espoir de la dynastie ; ce n'est point d'elle que la dynastie peut procéder ; ce n'est point à elle que, l'Empereur défaillant, la régence est dévolue ; ce n'est point même à elle qu'est attribuée, par la Constitution, la garde de l'Empereur mineur adopté par Napoléon. Sacrer et couronner Joséphine, c'est du sentiment ; cela n'a rien à voir avec la politique, ni avec la raison. Et il veut qu'elle soit, comme lui-même, sacrée et couronnée par le Souverain Pontife des catholiques... A-t-il donc oublié qu'il n'a jamais demande à l'Église de bénir l'union qu'il a formée avec cette femme ? A-t-il donc perdu de vue que pour l'Eglise, pour le Pape, pour l'universalité des fidèles catholiques, cette femme qu'il a appelée à partager son trône, cette impératrice pour laquelle il requiert la triple onction sacrée, cette Victoire à laquelle le Pape, en l'innocence de son cœur, adresse des brefs touchants et flatteurs, n'est qu'une concubine dont la présence, l'assistance, la participation au sacre, paraîtront, s'il arrive que sa véritable situation soit révélée, le plus abominable des sacrilèges, et, de sa part à lui, la moins excusable des fourberies ? |