NAPOLÉON DANS SA JEUNESSE

 

LA JOURNEE DE L'EMPEREUR AUX TUILERIES

APPENDICE. — LA GARDE-ROBE DE L'EMPEREUR - INVENTAIRE ET DESCRIPTIONS.

 

 

Pour établir certains points d'une façon à peu près définitive, il convient de préciser les faits par des discussions qui ne sauraient trouver place dans un récit. Diverses légendes, bâties d'après des mémoires apocryphes ou des témoignages intéressés, ont cours encore, et il importe de les mettre à néant. Si on leur permettait de s'accréditer, certains individus qui font commerce de reliques napoléoniennes y trouveraient trop facilement leur compte. De prétendus écrivains, qui ressemblent fort à ces fripiers, y ont bien trouvé le leur.

Je veux donc, dans les appendices qui seront joints à ces volumes, étudier documentairement quelques particularités qui me semblent importera l'histoire ou tout le moins à la curiosité historique.

C'est de cette façon qu'il sera possible seulement de rechercher ce qui touche au privé de l'Empereur ; je dis le privé, puisque c'est le mot dont M. le vicomte E.-M. de Vogüé s'est servi pour parler de ces études. Les fidèles de la Grande mémoire y trouveront leur compte. Pour moi, j'ai la conviction que ce privé explique bien des points de la vie publique de Napoléon : d'un homme tel que lui, il convient de connaître toutes les habitudes et les façons. Il n'en est point à mon avis d'indifférente à rapporter ; il n'en est point qui ne fournisse quelque lueur sur le moral et qui ne vaille, par suite, la peine qu'on s'en enquière. C'est pourquoi je renouvelle, ici, l'appel que j'ai adressé à tous ceux qui peuvent me fournir quelque notion sur la vie intime de Napoléon. Déjà de précieuses communications m'ont été faites lorsque quelques-uns des articles qui composent ce volume ont paru dans la Vie Contemporaine : mais il est, je n'en saurais douter, quantité de documents que je n'ai point vus, des souvenirs inédits, des lettres, des comptes, dont on peut tirer des lumières, qui, isolés, semblent sans intérêt à leurs possesseurs, et qui serviraient infiniment à mes études. Ceux qui veulent bien s'y intéresser seront-ils assez bons pour m'indiquer les pistes qu'ils connaissent ou me faire part de leurs richesses, je voudrais l'espérer. Je ne manquerais pas alors de compléter ces notes ou de rectifier les inexactitudes où je puis être tombé.

 

LA GARDE-ROBE DE L'EMPEREUR.

 

Avant 1811, c'est à dire tant que M. Rémusat, premier chambellan, remplit les fonctions de maître de la garde-robe, aucun document ne permet, jusqu'ici, d'établir, d'une façon complète et précise, l'état, le mouvement et la dépense de la Garde-robe. Sans doute les pièces relatives à sa gestion sont en partie restées entre ses mains et il a négligé d'en faire le dépôt aux Archives de la Couronne. On' devrait retrouver les registres des effets que le Grand-maréchal, après la destitution de M. Rémusat, reçut l'ordre de vérifier et de parapher, mais, si ces registres sont restés dans les archives du Grand-maréchal, celles-ci, après la mort de Duroc, ont été singulièrement dispersées et seul un hasard heureux aura pu empêcher qu'ils ne fussent détruits. On est néanmoins fondé, dès à présent, à affirmer que, en ses mémoires. Mme de Rémusat énonce une contre-vérité lorsqu'elle dit : La dépense de Bonaparte pour sa follette était portée sur le budget à 40.000 francs. Quelquefois elle allait plus haut. Jamais la toilette n'a été portée au budget pour un chiffre supérieur à 20.000 francs et c'est parce que M. Rémusat avait dépassé ce chiffre et accumulé 16.000 francs de dettes qu'il fut destitué le 19 août 1811.

Ce jour même, l'Empereur ordonne qu'il soit dressé un inventaire complet et règle, en même tempe, de quelle façon doivent être faits les renouvellements. Les réformes ne doivent avoir lieu désormais que lorsque les quantités existantes des différents objets dépassent les quantités qui doivent former le fonds, de, manière que ce fonds soit toujours au complet. L'inventaire, d'après les ordres de Duroc, est divisé en quatre parties :

1° Objets de costume, et dentelles.

2° Objets de service ordinaire et journalier.

3° Armes.

4° Bijoux.

C'est cet inventaire du 11 août 1811, qui est la base de ce travail. Il se trouve complété :

1° Au moyen d'un autre registre, indiquant la destinée des objets jusqu'au départ de Fontainebleau en 1814 ;

2° Par l'état du mobilier dressé par Marchand, à Sainte-Hélène, le lendemain de la mort de l'Empereur ;

3° Pour des points particuliers, tels que les bijoux et les tabatières, par l'inventaire dicté et signé par Napoléon à Longwood, le 16 avril 1821.

Dans l'état A, joint au testament § III, l'Empereur désigne Trois petites Caisses d'acajou contenant, la première, 33 tabatières ou bonbonnières, la deuxièmes 12 boites aux armes impériales, 2 petites lunettes et à boites trouvées sur la table de Louis XVIII, aux Tuileries le 20 mars 1815, la troisième, trois tabatières ornées de médailles d'argent, à l'usage de l'Empereur et divers objets de toilette, conformément aux étuis numérotés I, II, III.

Ces états, dictés le 16 avril 1821 et signés par l'Empereur, ne se trouvent point joints au testament tel qu'il a été publié et sont demeurés inédits : ce sont eux pourtant qui contiennent les détails relativement les plus amples, et ces détails ont celle valeur particulière qu'ils émanent de l'Empereur lui-même.

 

De la comparaison de ces quatre inventaires, résulte l'identité des objets possédés par l'Empereur de 1811 à 1821 ; les notes, extraites des mémoires des fournisseurs et de divers documents particuliers, permettent d'établir l'origine de la plupart des bijoux et des effets personnels précieux. Enfin, d'après le testament, les états annexés et les listes des partages faits entre les exécuteurs testamentaires, on a indiqué quelle a été la destinée, réservée par l'Empereur, des reliques de Sainte-Hélène.

Mais cette destinée, on n'a pu la suivre au delà, quoique quatre-vingts ans au plus nous séparent de la date funèbre du Cinq mai. Même pour les reliques les plus précieuses, celles que l'Empereur destinait à son fils, on n'a pu, comme on l'eut souhaité, en retrouver, avec une pleine certitude, tous les possesseurs actuels.

En 1835, la plupart des objets légués par l'Empereur à son fils, et confiés par lui a ses exécuteurs testamentaires ou à diverses personnes de sa Maison, ont été fidèlement remis entre les mains du général Arrighi de Casanova, duc de Padoue, mandataire de Madame Mère et des frères et sœurs de Napoléon. Ils ont alors été partagés et se sont trouvés dispersés dans le monde entier. A la seconde génération, de nouveaux partages ont été faits. De plus, les premiers possesseurs n'ont point tous gardé intégralement leur lot : des objets en ont été par eux distraits, donnés ou légués. Plusieurs ont passé dans des ventes publiques, Enfin, tous les dépositaires n'ont point été fidèles ou n'ont point compris a quel point le mandat qu'ils avaient reçu était étroit. Les uns, comme le Grand-maréchal Bertrand, ont disposé des effets qui leur étaient confiés en faveur du gouvernement français ou de divers musées ; d'autres, comme l'abbé Vignali ou ses hoirs ont mis les objets qu'ils détenaient au Mont-de-Piété ; d'autres, comme le comte de Montholon, paraissent les avoir aliénés pour leurs besoins personnels.

Il résulte de tous ces faits que le présent travail est nécessairement incomplet ; qu'on ne saurait reconnaître et établir un état définitif des reliques napoléoniennes qu'après une enquête menée simultanément à Farnborough, à Bruxelles, à Prangins, à Turin, à Rome, à Paris, à Stockholm, à Arenenberg, à Saint-Pétersbourg, dans toutes les villes d'Italie où se trouvent établis aujourd'hui les descendants de Lucien Bonaparte, du Roi Joseph eî de la Reine Caroline, dans l'Europe entière et même aux Etats-Unis.

Les intéressés, seuls, peuvent procéder à cette enquête. La liste qu'on leur fournit ici la leur rendra sans doute plus facile. Elle aura en même temps pour conséquence de détruire un certain nombre de légendes relatives aux objets que possèdent dès particuliers. Elle pourra servir enfin à l'établissement d'une liste définitive pour laquelle l'auteur de ce livre fait appel à tous les concours.

 

I. — OBJETS DE COSTUME.

 

L'Empereur n'a point emporté à Sainte-Hélène les objets de costume. Avant de quitter Paris, dit Marchand, j'avais fait une malle d'effets désormais inutiles à l'Empereur. Elle était composée d'habits impériaux du Champ de Mai, des dentelles de S. M. ; d'armes, d'une poignée antique et d'un petit médaillier. Conformément aux ordres de l'Empereur je remis le tout au comte de Turenne, grand-maître de la garde-robe qui en resta dépositaire. Par suite, il ne se trouve pas trace de ces effets dans l'état du mobilier dressé à Sainte-Hélène après la mort de Napoléon : ils sont seulement indiqués sommairement en fin, dans les mêmes termes où ils se trouvent désignés dans l'État B joint au testament et intitulé : Inventaire des effets que j'ai laissés chez M. le comte de Turenne. Cet inventaire est fort incomplet : mais en rapprochant l'inventaire de 1811, de celui de 1814 et de la liste des objets qui furent remis en 1852 au gouvernement français par le comte de Turenne, fils du maître de la garde-robe et qui, jusqu'en 1870, furent exposés au Musée des Souverains, on parvient à suivre jusqu'à cette date la plupart des objets, à démontrer leur existence, à prouver, par suite, que les habillements du Sacre n'ont point, comme on l'a dit, été emportés à Moscou pour servir à un nouveau couronnement (v. Le Secret de 1812, par Alfred Sudre, Paris, 1887, in-8°).

L'inventaire est ici publié dans l'ordre où il u été rédigé en 1811. Les désignations en caractères gras sont celles de cette date. Ensuite, viennent, lorsqu'il y a lieu, les indications du récolement de 1814 ; puis celles des divers inventaires faits à Sainte-Hélène, enfin les notes extraites des mémoires des fournisseurs.

 

§ 1. — Grand costume.

N° 1. — Deux manteaux de velours pourpre brodés en or et en argent. — Grand costume de France.

TESTAMENT : ÉTAT B. — Inventaire des objets laissés chez M. le comte de Turenne :

2 manteaux de velours cramoisi brodés avec vestes et culottes. Légués au prince Joseph et au prince Lucien.

Il s'agit ici des deux manteaux du Sacre.

Veuve TOULET, fourreur :

Fourrure (pour le grand manteau, 76 pieds de fourrure d'hermine avec moucheture en astrakan à 48 francs le pied) : 18 220 fr.

VACHER, marchand d'étoffes :

Étoffe satin blanc, velours blanc, velours cramoisi, pourpre de Tyr, etc. (compris, sans doute, le satin et le velours de l'habit, veste et culotte) : 2 515 fr.

CHEVALIER, tailleur de S. M. : Façon du grand manteau. 600 fr.

Façon du petit manteau 500 fr.

PICOT, brodeur de LL. MM. :

Broderie du grand manteau : 15.000 fr.

Broderie du manteau du petit costume : 10.000 fr.

GOBERT, passementier :

Garniture du grand manteau et des souliers : 1.547 fr.

Le manteau du grand habillement était brodé d'or et semé d'abeilles. Chacune de ces abeilles, appliquées sur du velours blanc, mesure exactement 0m,05 en longueur. Il semble que plusieurs au moins ont été détachées.

Le manteau du petit habillement était exposé au MUSÉE DES SOUVERAINS sous le n° 228 : Il est de velours pourpre, brodé d'or et d'argent ; la doublure de satin blanc brodée d'or sur les parements et le collet. Vans les broderies sont enlacées des branches d'olivier, de laurier et de chêne qui entourent la lettre N. Une plaque de la Légion d'honneur est posée sur le côté.

N° 2. — Un manteau de velours vert brodé en or. — Grand costume d'Italie.

Ne se retrouve pas à l'inventaire de 1821 (paraît avoir été emporté à Vienne).

N° 3. — Un habit de velours pourpre brodé en or. - Costume du Sacre.

CHEVALIER, tailleur de l'Empereur :

Façon (habit, veste et culottes) : 300 fr.

PICOT :

Broderie de l'habit de velours pourpre sur toutes les tailles, avec la veste de velours blanc et les jarretières brodées : 3.500 fr.

Cet habit, exposé au MUSÉE DES SOUVERAINS sous le n° 229, est de velours pourpre comme le manteau ci-dessus (petit habillement) et très orné de broderies assorties à celle du manteau ; les parements et le collet de velours blanc sont brodés de même.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

N° 4. - Deux habits de velours pourpre brodés en or et argent. — Grand costume de France.

Il est vraisemblable que ce sont les habits exposés au MUSÉE DES SOUVERAINS sous les numéros 231 et 232.

231. Habit de cérémonie. Velours pourpre brodé d'or. Il est semblable à celui que l'Empereur a porté le jour de son Sacre.

232. Habit de cérémonie. Il ne diffère de celui qui précède que par les épis brodés qui sont en argent, les branches de laurier, d'olivier et de chêne étant brodées en or.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitués en 1852 par le comte de Turenne.

N° 5. — Un habit de velours vert brodé en or. - Grand costume d'Italie.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 233. Habit de cérémonie. Velours vert brodé d'or. De même forme et ayant les mêmes broderies que l'habit porté par l'Empereur le Jour de son Sacre.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

N° 6. — Deux habits de pou-de-soie pourpre brodés en or et argent. — Costume du Sacre.

PICOT, brodeur :

Un habit de pou-de-soie pourpre, brodé sur toutes les tailles, la veste, les jarretières et les boutons : 3.500 fr.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 235. Habit de cérémonie, soie, de couleur amarante, les épis brodés avec de l'argent. Les branches de laurier, d'olivier et de chêne brodées en or.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

Autre habit semblable — seulement brodé d'or. MUSÉE DES SOUVERAINS. N°234. Même origine.

N° 7. — Une tunique en satin blanc brodée en or. — Costume du Sacre.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N°223. La longue robe qui a fait partie du grand habillement de l'Empereur, le Jour de son Sacre, de satin blanc, brodée sur toutes les tailles ; le bas de la robe brodé et garni d'une torsade en or.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

N° 8. — Quatre vestes en velours blanc brodées en or et argent. — Grand costume.

Voir n° 1, § 2.

N° 9. — Trois vestes en pou-de-soie blanc brodées en or. Grand costume d'été.

Ne figurent pas à l'inventaire de 1821.

N° 10. — Une veste en pou-de-soie blanc brodée en or et argent. — Grand costume d'été.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 236 à 238. Trois vestes de soie blanche brodées en or.

Remises par le comte de Turenne en 1852.

Ne figurent pas à l'inventaire de 1821.

N° 11. — Une veste en gros de Naples blanc brodée en argent. — Costume de fantaisie.

Ne figure pas à l'inventaire de 1821.

N° 12. — Deux culottes de velours blanc brodées en or et argent. — Grand costume.

Voir n° 1, § 2.

Une note de la page 286 du Catalogue du MUSÉE DES SOUVERAINS dit que M. de Turenne avait remis, outre les objets exposés, une culotte de velours blanc avec jarretières brodées ; et que celle culotte, non exposée, était conservée au Louvre.

N° 13. — Deux culottes en pou-de-soie blanc brodées en or et argent. — Grand costume d'été.

Ne figurent pas à l'inventaire de 1821.

N° 14. — Deux ceintures en satin blanc brodées et frangées en or. — Grand costume du Sacre.

Ne figurent pas à l'inventaire de 1821.

On serait tenté de penser que l'une de ces deux ceintures, est l'écharpe exposée au MUSÉE DES SOUVERAINS sous le n° 224, avec ce titre : Echarpe qui soutenait l'épée de l'Empereur, dans le grand habillement, le Jour du Sacre.

N° 15. — Une écharpe en taffetas violet. — Grand costume du Sacre.

Ne figure pas à l'inventaire de 1821.

N° 16. — Une écharpe en satin blanc brodée et frangée en or. Donnée par l'Impératrice Marie-Louise.

Voir à ce sujet, MÉNEVAL. l. 297.

Marie-Louise brodait, mais, surtout, Mme Rousseau, sa maîtresse de broderie. Mme Rousseau recevait un assez gros traitement (3.378 francs en 1810, 4.320 francs en 1811, 5.809 fr. 25 centimes en 1812, 4.000 francs en 1813, 4.333 fr. 33 centimes en 1814). L'Empereur la gratifie, d'un seul coup, de 6.000 francs le 21 février 1811. — Est-ce à propos de cette écharpe ou du baudrier n° 18 ?

N° 17. — Un baudrier en velours brodé en or et argent, garniture en or. — Grand costume du Sacre.

PICOT, brodeur :

Un baudrier, grand costume, brodé en or sur fond de velours blanc, dessin en relief, monté avec garniture or massif portant sujets et ornements modelés et ciselés en relief, passé au mat, posé sur des fonds polis : pour fourniture, façon, et contrôle : 1.000 francs.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N°241. Baudrier.

Replié, il mesure 0,680.

Deux plaques d'argent doré sont fixées aux deux extrémités : chacune d'elles est ornée de l'aigle impérial placé entre deux couronnes qui renferment la lettre N. Le ceinturon- est muni de deux porte-mousquetons d'argent doré. Il est de velours blanc brodé d'or : le dessin de la broderie est composé de la répétition d'aigles posés sur un globe, et tenant des foudres dans leurs serres. Les chiffres de l'Empereur et des cornes d'abondance alternent avec chaque motif.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

N° 18. — Un baudrier en velours blanc brodé en or et argent sans garniture, brodé par l'Impératrice Marie-Louise.

Voir Méneval. l. 297 et la note du n° 16.

On serait tenté de penser que ce baudrier pourrait avoir au moins un rapport avec le ceinturon exposé au Musée des Souverains sous le n° 242, et dont voici la description : Il est de soie blanche moirée. La broderie d'or est composée d'un semé d'étoiles, d'abeilles, de flambeaux d'hyménée, de carquois ; sur les bords sont entremêlés des tiges de lauriers et d'oliviers. Deux plaques d'argent doré sont fixées aux extrémités. Chacune d'elles est ornée de l'aigle Impérial placé entre deux couronnes qui renferment la lettre N. — Longueur : 1m,360.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué en 1852 par le comte de Turenne.

N° 19. — Un baudrier en gros de Naples blanc, brodé en or avec garniture en or. — Costume du Sacre.

ETIENNE, ceinturier :

Un baudrier de style antique, avec les garnitures d'après les dessins d'Isabey : 1.516 fr.

Omis dans l'inventaire dé 1821.

N° 20. — Un ceinturon en velours blanc, brodé en or et en argent, garniture en or.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 240. Ceinturon, longueur : 1m,310.

Il est de velours blanc et brodé d'or. Le dessin de la broderie est composé de la répétition d'aigles posés sur un globe et tenant des foudres dans leurs serres. Les chiffres de l'Empereur et des cornes d'abondance alternent avec chaque motif.

Omis à l'inventaire de 1821.

Restitué par le comte de Turenne en 1852.

N° 21. — Quatre paires de bas de soie brodés en or.

PANIER, bonnetier (pour le Sacre) :

Deux paires de bas de soie brodés en or : 144 fr.

Mlles LOLIVE, DE BEUVRY ET Cie :

Broderie en finition, en or, de deux paires de bas de soie à 120 francs la paire.

MUSÉE DES SOUVERAINS. En même temps que les autres effets, le comte de Turenne avait remis quatre paires de bas de soie blancs, avec les coins brodés en or, qui étaient conservés au Louvre et n'étaient pas exposés.

N° 22. — Trois paires de souliers en velours blanc. — Costume du Sacre.

JACQUES, bottier :

Une paire de souliers en peau de daim pour servir de modèle.

Une paire de souliers eh velours blanc brodé en or mat, le tour du soulier en galon d'or massif, bouffettes en drap d'or, le dedans garni de soie : 400 fr.

BERGER, cordonnier de l'Académie Impériale de musique :

Une paire de brodequins de satin blanc, brodés en or avec lassure dorée, doublés de satin blanc : 600 fr.

Le modèle : 150 fr.

Sur l'ordre du Denon, Jacques, bottier, avait fait : une sandale à la Romaine, disposée pour la cérémonie du Sacre, ornée de dessins et broderie, la semelle en liège garnie de soie en dedans et, en dehors, d'un talon en maroquin rouge ainsi que d'un galon en or mat, faisant le tour de la sandale, laquelle était munie d'anneaux. Cette sandale de 250 francs, qui devait servir de modèle pour le Sacre, fut remplacée par une paire de souliers.

N° 23. — Trois paires de souliers en pou-de-soie-blanc. Costume du mariage.

Les N° 22 et 23 sont omis à l'inventaire de 1821.

Ils étaient pourtant vraisemblablement déposés chez M, le comte de Turenne, et il est probable qu'ils firent partie des objets restitués en 1852. Seulement on ne jugea point à propos de les exposer au Musée des Souverains. Une note de la page 236 du Catalogue dit seulement que l'on conservait au Louvre quatre paires de souliers blancs, brodés en or.

N° 24. — Deux toques en velours noir garnies dé leurs plumes. — Grand costume.

N° 25. — Deux chapeaux garnis de leurs plumes. — Grand costume.

ÉTAT B, Inventaire des effets que j'ai laissés chez M. le comte de Turenne : Un chapeau à la Henri IV et ma toque,

Je donne à mon fils... le chapeau à la Henri IV.

POUPART, chapelier particulier de l'Empereur :

Deux chapeaux à plumes dont un brodé d'or, réglé par Isabey, de 660 fr : 1.320 fr.

C'est à l'un de ces chapeaux qu'était attachée la ganse ornée de vingt-six diamants composés : 1° d'un gros diamant pesant 25 carras 5/8, de forme carrée longue, estimé 180.000 francs, acheté le 18 frimaire an XIII ; 2° de douze brillants entourant le gros diamant et valant 7 560 francs pièce, et 3° de treize brillants montés sur deux lignes parallèles pour former la ganse proprement dite. Au total : 365.000 francs.

Cette ganse figure au chapeau dans le dessin d'Isabey — petit habillement de l'Empereur. Elle peut figurer à une toque dans des poitrails postérieurs.

Voir la note de M. Germain Rapst, Revue de Famille, XVI, page 579.

N° 26. — Trois paires de gants brodés en or. — Grand costume.

Mlles LOLIVE, DE BEUVRY ET Cie :

Broderie en finition en or de deux paires de gants, à 33 fr.

Mlle FOURNET, brodeuse :

Une paire de gants blancs et une paire de bas de soie blancs brodés en or 94 fr.

Parmi les objets remis par M. le comte de Turenne et non exposés au Musée des Souverains :

Trois paires de gants blancs brodés en or, une paire de gants blancs brodés en suie, deux paires de gants blancs sans broderie.

N° 27. — Dix-sept cols en mousseline pour le costume.

N° 28. — Trois paires de manchettes point à l'aiguille données par l'Impératrice Joséphine.

N° 29. — Trois rabats point à l'aiguille donnés par l'Impératrice Joséphine.

N° 30. — Une paire de manchettes point d'Angleterre.

N° 31. — Un rabat point d'Angleterre.

N° 32. — Deux paires de manchettes point d'Angleterre.

N° 33. — Deux rabats point d'Angleterre.

Mlles LOLIVE, DE BEUVRY ET Cie fournissent pour le Sacre deux ajustements composés chacun de deux paires de cravates, une paire de manchettes et d'un col en point de réseau super fin et à dents de loups : 4.000 fr.

N° 34. — Un rabat point de Bruxelles donné par la ville de Bruxelles.

N° 35. — Un jabot point de Bruxelles donné par la ville de Bruxelles.

N° 36. — Deux paires de manchettes point d'Angleterre données par la ville d'Alençon.

N° 37. — Deux jabots point d'Angleterre donnés par la ville d'Alençon.

N° 38. — Une paire de manchettes point de Valenciennes donnée par l'Impératrice Joséphine.

N° 39. — Un jabot point de Valenciennes donné par l'Impératrice Joséphine.

N° 40. — Une fraise et un rabat point d'Angleterre donnés par l'Impératrice Marie-Louise.

N° 41. — Une paire de manchettes donnée par l'Impératrice Marie-Louise.

Aucun des objets compris entre les n° 27 à 41 ne fut emporté à Sainte-Hélène. Ils restèrent en dépôt chez M. le comte de Turenne. L'Empereur s'en souvint et dans l'état B, déjà cité, il indiqua comme faisant partie du dépôt : Les dentelles de l'Empereur. Et il ajouta : Je donne à l'Impératrice Marie-Louise mes dentelles.

MUSÉE DES SOUVERAINS, n° 226 à 221 : cravate et col de chemise, manchettes qui ont été portes par l'Empereur le jour de son Sacre. Ils sont en dentelles.

A défaut de toute description, il est impossible de dire auquel des numéros de l'inventaire peul s'appliquer la désignation du Musée des Souverains. On aura occasion, dans un travail postérieur, d'expliquer a quelle occasion ont été faits a l'Empereur les présents des villes et des Impératrices.

 

§ 2. — Habits habillés

N° 42. — Un habit de velours violet brodé or et soie, donné par la ville de Lyon.

N° 43. — Un habit de velours cerise brodé or étiole, donné par la ville de Lyon.

N° 44. — Deux habits de velours ciselé brodé en soie, donnés par la ville de Lyon.

Un seul de ces habits, vraisemblablement celui en velours cerise n° 43, a été emporté à Sainte-Hélène. Mais voici pourquoi il ne figure point à l'inventaire : Un matin que Hortense Bertrand — depuis Mme Thayer — alors âgée de neuf ans, était venue avec son père à Longwood et était entrée dans la chambre de Napoléon, l'Empereur, lui voyant une robe jaune d'une vilaine couleur et d'une vilaine étoile, lui dit : Tu es bien mal habillée aujourd'hui. — Sire, repartit le grand-maréchal, la robe vient de Sainte-Hélène et le choix n'est pas grand. — Attends, Hortense, reprit l'Empereur, je vais le donner de quoi le faire un joli caraco, et cherchant dons une armoire, il en lira cet habit qu'il mil sur les épaules de l'enfant : Au moins, ajouta-t-il, tu seras belle.

Cet habit a été légué par Mme Thayer à S. A. I. le Prince Victor Napoléon.

Le Premier Consul semble avoir été représenté portant l'un de ces habits dans le grand dessin de la Signature du Concordat, par Gérard, et dans le dessin de la Visite à la Manufacture des frères Sevenne, à Rouen, par Isabey.

On ne trouve aucune indication sur la destinée des trois autres habits.

N° 45. — Un habit de velours brun uni donné par l'Impératrice Marie-Louise.

Cet habit est peut-être celui qui a été fait, en 1810, par Léger, tailleur de Murat, et dont plusieurs mémorialistes ont parlé. Il a été certainement fait un habit brun en 1810 (Arch. nat., 02, f° 48), qui a été payé par la Garde-Robe, mais est-ce le même ? Ln note de l'inventaire de 1814 donné par l'Impératrice Marie-Louise est précise, et, d'autre part, dans les comptes de Marie-Louise, je ne trouve aucun paiement fait à un tailleur pour habit d'homme, en dehors de la facture de 216 fr. payée par Léger en 1810.

N° 46. — Deux gilets de satin blanc brodés or et soie donnés par la ville de Lyon.

N° 47. — Deux vestes de velours brun uni, données par l'Impératrice Marie-Louise.

N° 48. — Une culotte de velours brun uni donnée par l'Impératrice Marie-Louise.

N° 49. — Une culotte de drap de soie noire.

On trouve une culotte de Casimir noir et une de drap de soie noire confectionnées en janvier 1813.

 

II. — OBJETS DE SERVICE ORDINAIRE ET JOURNALIERS.

 

§ 1. — Habits d'uniforme.

N° 1. — Cinq habits de général.

Dont un de Marengo, donné au général Bertrand, à Fontainebleau. (Inventaire de 1814.)

MUSÉE DES SOUVERAINS, N° 219 : L'habit de général de division porté par le Premier Consul à Marengo. Laissé en dépôt à M. le comte de Turenne. Donné au Musée des Souverains par S. M. Napoléon III.

Il y a là une contradiction qu'on ne se charge point d'expliquer. Il est présumable toutefois que Charvet, conservateur de la Garde-Robe, rédacteur de l'inventaire de 18Lh, ne s'est point trompé, et que c'est bien plutôt l'auteur de la Notice du Musée des Souverains, notice rédigée sans aucune espèce de conscience. Si l'on admet celle hypothèse, cela fait deux des habits dont on connaît la destinée. Trois sont à retrouver.

N° 2. — Deux habits de l'Institut.

On sait, par l'excellent livre de M. Maindron, que Napoléon a assisté en tout à trente-huit séances de l'Institut, mais l'arrêté par lequel il a réglé le costume des membres de l'Institut est en date seulement du 23 floréal an IX, et, depuis cette date, le Premier Consul n'assiste qu'à une seule séance, celle du 16 brumaire an X. Il n'existe aucune représentation contemporaine de Napoléon dans ce costume.

N° 3. — Un habit du Conseil d'État et une veste.

On ignore entièrement ce qu'ont pu devenir les n° 2 et 3. D'après la note ci-dessus (n° 1) on peul présumer que ces objets ont, comme les autres, été déposés chez M. le comte de Turenne. Comme ils étaient en drap, ont-ils été mangés par les mites ? Ou se trouvent-ils encore chez les descendants du Maître de la Garde-Robe ?

N° 4. — Six habits de grenadier.

N° 5. — Cinq habits de chasseur.

Par la lettre en date du 19 août 1811, adressée au Grand-maréchal, l'Empereur réglait de la façon suivante la confection de ses habits :

1 habit de grenadier au 1er janvier avec épaulettes,

1 habit de chasseur au 1er janvier avec épaulettes,

1 habit de chasseur au 1er avril avec épaulettes, etc.

1 habit de grenadier au 1er juillet avec épaulettes, etc.

1 habit de chasseur au 1er octobre avec épaulettes, etc.

A 360 francs chacun : 1.440 fr. Chaque habit devra durer trois ans.

La note complémentaire de Duroc, en date de Trianon le 26 août 1811, s'explique ainsi : Les réformes ne doivent jamais avoir lieu que quand les quantités existantes des différents objets dépassent lés qualités qui doivent former le fonds, de manière que ce fonds soit toujours complet. Il faut, pour les réformes, avoir la permission de Sa Majesté. Ainsi par exemple, il est fourni par chaque année quatre habits d'uniforme qui doivent durer chacun trois ans. Il doit donc y avoir toujours un fonds de douze habits.

Par suite, en temps normal, quatre habits devaient être réformés chaque année, et c'est là seulement ce qui explique le nombre relativement considérable d'habits existants qui ont pu authentiquement appartenir à l'Empereur.

Lorsque l'époque d'un remplacement était arrivée ou quand il était besoin de quelque chose, le Conservateur de la Garde-Robe en faisait la demande par écrit au Maître de la Garde-Robe qui l'approuvait et la remettait ensuite au fournisseur. C'était sur cette demande que le Conservateur de la Garde-Robe donnait le reçu des objets fournis lorsqu'ils avaient été agréés et jugés bons. Le fournisseur devait joindre ce reçu à son mémoire pour obtenir le paiement.

Les objets, lorsqu'ils étaient prêts, étaient présentés à Sa Mnjesté à sa toilette, par le Maître de la Garde-Robe, afin de voir s'ils allaient bien et s'ils convenaient à l'Empereur. Alors seulement le Conservateur les inscrivait dans son inventaire et en donnait reçu.

L'habit de grenadier fourni par Chevalier, doublé de drap écarlate, avec passe-épaulettes et grenades à paillettes, coûtait 250 fr.

Les épaulettes du grade de colonel, à dix-neuf franges, doublées en drap écarlate : 148.

La plaque de grand-croix sur l'habit : 62.

Au total 360 fr.

L'habit de chasseur à cheval coûtait 200 francs seulement. Les accessoires même prix que ci-dessus.

En 1815, Lejeune fit les habits de grenadiers à 350 francs et de chasseur à 330 (compris épaulettes et plaque). Les deux habits de garde nationale livrés le 19 janvier 1814 et en mai 1815, coûtaient le même prix que l'habit de chasseur.

Les habits de grenadier surtout étaient très fréquemment nettoyés et réparés. Le tailleur y remettait des revers et des parements à 30 francs par habit.

A Sainte-Hélène, en 1821, l'Empereur n'avait plus que deux uniformes de grenadier, deux de chasseur et un de garde national. Il fut révolu après sa mort d'un uniforme des chasseurs de sa Garde. Par son testament il disposa, en faveur de son fils, d'un uniforme de chasseur, un de grenadier, un de garde national. L'uniforme restant de grenadier échut, dans le partage des effets, à Marchand, qui en fit hommage, le 4 juillet 1856, au Musée des Souverains.

MUSÉE DES SOUVERAINS, N° 392 : Uniforme de grenadier de la garde. Cet uniforme des grenadiers de la Garde impériale, de l'année 1813, orné d'épaulettes en or et d'une plaque de la Légion d'honneur fut tiré au sort ; il m'échut en partage. (Note du comte Marchand.)

Les trois autres uniformes doivent se trouver entre les mains des membres de la famille. Le prince Napoléon possédait l'uniforme de garde national.

N° 6. — Soixante-quatorze culottes de casimir blanc.

N° 7. — Soixante-quatorze vestes de casimir blanc.

L'ordre du 19 août 1811 était ainsi conçu :

Quarante-huit culottes et vestes blanches à 80 francs : 3.840 fr.

Elles seront fournies toutes lés semaines et devront durer trois ans.

Le complet, suivant cet ordre, eût donc dû être de 144 ; mais pour plusieurs causes il ne paraît avoir jamais été atteint. En 1812, 54 vestes et 54 culottes furent brûlées pendant la retraite, ce qui donna lieu à un renouvellement presque intégral de la Garde-Robe.

Chevalier, en l'an XIII, faisait payer veste et culotte 90 fr. Il se réduisait à 85 francs en 1808. Lejeune, en 1813-1815, ne les faisait payer que 64 francs la paire.

Les vestes ne portaient point de boutons d'uniforme : elles avaient des boulons couverts de soie blanche.

A Sainte-Hélène, l'Empereur n'avait plus que 23 culottes de casimir blanc et neuf vestes.

Une culotte et une veste habillèrent son cadavre.

Quatre culottes et quatre vestes furent, par le testament, destinées à son fils.

Bertrand eut six culottes, Montholon six, Marchand six.

Marchand eut les quatre vestes restantes.

C'était l'exécution du § 1 de l'État A : Il ne sera vendu aucun des effets qui m'ont servi ; le surplus sera partagé entre mes exécuteurs testamentaires et mes frères.

Le 4 juillet 1856, le comte Marchand avait fait don au Musée des Souverains de une culotte et une veste, d'uniforme, casimir blanc, à l'usage de l'Empereur à Sainte-Hélène.

Ces objets étaient inscrits au Catalogue sous le 1 s nos 293 et suivants, mais on n'avait pas jugé à propos de les exposer.

N° 8. — Douze pantalons de casimir blanc.

N° 9. — Douze vestes de casimir blanc.

Les pantalons et vestes rentraient dans les effets extraordinaires, dont la commande n'était point prévue par l'ordre du 19 août 1811.

Néanmoins, on en trouve constamment, et il est certain que, avec les bottes à l'écuyère, l'Empereur portait de préférence des pantalons collants et que, avec les demi-bottes, le Premier Consul ne portail que «les pantalons blancs. A l'Ile d'Elbe, l'Empereur voulut revenir à ces pantalons blancs, boutonnés par en bas, qu'il mit avec des bottes à revers, mais il s'y trouva gêné et reprit les culottes de casimir blanc.

Ces pantalons étaient, avec la veste, payés 100 francs à Chevalier (an XIII), 95 francs (1808).

 

Il ne se trouve point à Sainte-Hélène de ces pantalons de casimir blanc. Par contre on y trouve :

1° Trois charivaris (bleu, nankin, amarante). Il est très vraisemblable que le charivari en nankin, qui échut à Marchand, avait été confectionné à Sainte-Hélène. Quant au charivari bleu de ciel, qui échut à Montholon, il avait été livré en juin 1815 par Lejeune et payé 120 francs. Le charivari amarante, fourni par le même et qu'eut Bertrand, avait été payé 125 francs.

On a toujours dit que les charivaris étaient des pantalons doublés en peau entre les jambes, et boulonnés en dehors du haut en bas, de façon à pouvoir se mettre par dessus un autre pantalon. Il semble bien que la seconde partie de la définition est vraie pour ceux-ci, mais que la première peut être fausse.

Il n'existe d'ailleurs, semble-l-il, aucune représentation de l'Empereur avec un charivari. Pourtant il a porté des pantalons de celle forme surtout en voyage. On lui envoie le 6 octobre 1806, pendant la campagne de Prusse, 5 pantalons dits de voyage : 2 bleus, 2 pourpres, 1 bleu de ciel. Une autre fourniture d'un pantalon de voyage en Louviers bleu est faite en 1807. Une autre de pantalons de voyage en drap gris, écarlate, bleu, en 1812.

2° Deux culottes de drap bleu.

3° Trois pantalons et deux vestes de nankin.

Un pantalon et une veste furent attribués à Montholon et Bertrand. Un pantalon à Marchand.

Ces objets avaient sans doute été confectionnés à Sainte-Hélène.

4° Onze gilets piqués et onze culottes de nankin.

Huit à Montholon et Bertrand ; trois à Marchand. Ces objets avaient sans doute été confectionnés à Sainte-Hélène.

Néanmoins Lejeune fournit, en mai 1815, un gilet de piqué blanc, 36 francs. C'est peut-être un de ceux-ci.

N° 10. — Un casque en cuivre doré et bronzé.

On ne trouve aucune indication au sujet de ce casque. Sans doute, il existe diverses estampes et plusieurs, médailles et intailles où Napoléon est représenté la tête casquée, mais il avait toujours semblé que c'était là une pure invention d'artiste. Ce casque ne se retrouve point à Sainte-Hélène. Il n'en est point fait mention dans le testament. Mais ne peut-on supposer qu'il est resté chez M. de Turenne ?

On pourrait penser qu'il s'agit ici du casque qui devait faire partie du grand costume des Grands chevaliers de l'ordre des Trois-Toisons : ce costume, réglé dans la séance du Conseil d'administration du 3 août 1811, comprenait en effet un casque d'une forme simple, fond d'or, avec les ornements en acier ; mais il faudrait supposer que de longue date l'Empereur avait la pensée de casquer les Grands-chevaliers, car du 3 au 11 août (où l'inventaire a été rédigé) il est bien difficile qu'on ait confectionné ce casque.

N° 11. — Deux chapeaux de général bordés en or.

N° 12. — Trois chapeaux de consul.

Nul de ces chapeaux ne se retrouve à Sainte-Hélène.

Nul ne semble avoir été signalé depuis lors. Il est d'autant, plus permis de le regretter qu'on est 1res mal fixé sur les formes successivement adoptées par Bonaparte pour ses chapeaux de 1796 à 1804. Ce n'est point que les représentations fassent défaut, mais elles manquent de précision.

Le chapeau de 1797, celui que Mechel montre dans la gravure tant de fois contrefaite qu'il publia à Bâle, lors du passage du Général, est un chapeau presque à la Henri IV, bordé d'un large galon d'or, agrémenté d'une ganse attachée par un bouton et retenant une large cocarde en aile de papillon dont le blanc parait être à l'extrémité. Ce chapeau est surmonté d'un très large panache écrasé de huit plumes tricolores.

Bonaparte le porte carrément en bataille comme il portera plus tard son petit chapeau. C'est le chapeau qu'on retrouve dans un dessin original de Lafitte daté de 1796. — Lafitte était en Italie à cette date et a certainement vu Bonaparte —. C'est celui qu'on voit encore dans les portraits par Hilaire Le Dru, tant de fois reproduits et dans la pièce en couleurs gravée par Bromley : After an original drawing from Italy.

Le chapeau que Napoléon porto après la bataille de Marengo, comme Consul, se rapproche beaucoup plus du chapeau des généraux de division : il est bien plus long, bien moins haut que celui de 1797. Il n'est point bordé de galon, mais brodé d'une guirlande de feuilles de chêne : cette broderie est intérieure et extérieure. Le retroussis de derrière est plus haut que celui de devant. La ganse qui, dans la gravure de Birrel semble en diamants, attache une cocarde ronde et déjà beaucoup plus petite. C'est ici, peut-on dire, le chapeau officiel du Consulat, tel que la gravure d'Alix, d'après Appinni, le dessin d'Isabey, la Revue du Décadi, plusieurs autres estampes, dessins et tableaux le représentent. Mais on ne l'a point !

Tout récemment, il est vrai, M. Germain Bapst, dans un curieux article qu'a publié La Vie contemporaine, a signalé l'existence d'un des chapeaux du Consul. Il me permettra de lui exposer mes doutes. Il dit que ce chapeau est conservé par Mme Claite, petite-fille de M. Giraud, vétérinaire en chef de l'armée et vétérinaire particulier de S. M. l'Empereur et Roi ; à Marengo, dit-il, M. Giraud suivait le Consul ; celui-ci, dans un moment critique, se jeta en avant et dédaigna de faire ramasser son chapeau que le vent avait emporté ; M. Giraud mil pied à terre et prit le chapeau, conservé depuis comme une relique dans la famille.

Joseph Giraud a bien été vétérinaire en chef des Écuries, aux appointements de 1.800 francs ; mais il n'a pu être vétérinaire en chef de l'armée ; cette fonction n'existant pas. Il est étrange qu'un serviteur du Consul, ramassant le chapeau de son maître, ne lui remette point elle garde pour en faire une relique. Nulle part il n'est dit que Bonaparte fût loto nue à Marengo, et les témoins qui ont raconté la bataille n'eussent point manqué de le mentionner ; toutes les représentations graphiques contemporaines montrent au contraire le Consul coiffé d'un chapeau très haut, brodé ou galonné.

Lorsque, passant pour aller au Sacre de Milan, l'Empereur fit répéter à Marengo les manœuvres accomplies durant la bataille, on sait qu'il eut la fantaisie de revêtir le costume qu'il portait cinq années auparavant. Doux témoins oculaires parlent de son chapeau endommagé, dont la large broderie d'or était noircie. Il est vrai que sans doute M. Bapst récusera ces deux témoins, dont les livres, dira-t-il, ont été arrangés. Il n'est point discutable que les Mémoires de Constant et de Mlle Avrillon n'ont pas été rédigés par eux, mais ils l'ont été sur des notes précises, analogues à celles de Roustam, et s'il s'y rencontre des erreurs de dates, mes recherches m'ont prouvé que les faits y sont exactement rapportés, et que Constant par exemple, donne très souvent des notions que ne fournit nul autre mémorialiste et dont les comptes de l'Empereur, les comptes les plus secrets, permettent de vérifier l'exactitude. Donc, en l'an XIII, selon ces deux témoins, l'Empereur avait encore dans sa garde-robe son chapeau de Marengo. C'est ce même chapeau qui a été prêté à David pour son tableau du Mont-Saint-Bernard et M. David, le fils, confirme que son père a eu entre les mains l'habillement complet du Consul.

Une vérification serait peut-être possible : l'auteur de la brochure Marengo et ses monuments, possédait le carton du chapeau de Bonaparte. Peut-être ce carton est-il encore à Marengo ; on pourrait vérifier si le chapeau dont M. Germain Bapst donne les mesures exactes — 55 centimètres d'une corne à l'autre, 26 centimètres dans la plus grande hauteur — peut y être contenu. Mais encore, ce chapeau est-il bordé, comme était le chapeau de Marengo ? M. Bapst ne le dit point, et il est bien probable que s'il n'y a au chapeau appartenant à Mme Claite, ni galon, ni trace d'ancien galonnage, ce chapeau n'a point appartenu au Consul.

N° 13. — Sept chapeaux unis.

L'ordre en date du 19 août 1811 portait qu'il devait être fourni :

Quatre chapeaux par an en même temps que les habits.

Le complet aurait dû être de douze chapeaux ; mais il était rarement atteint, l'Empereur en perdant fort souvent, témoin l'histoire de Boulogne, etc. En Russie, dans la retraite, il en perd trois. Poupard, chapelier, costumier et passementier de l'Empereur et des Princes, faisait d'abord payer ses chapeaux 48 francs (deux louis), puis il les éleva à 60 francs, mais au règlement on lui rabattait presque régulièrement 10 francs : ce qui ramenait le chapeau castor français à 50 francs.

La coiffe était souvent grise, toujours piquée en soie, fréquemment renouvelée. Le chapeau mesurait de 44 à 47 centimètres de longueur et de 24 à 26 centimètres de hauteur.

A Sainte-Hélène, il restait à l'Empereur quatre chapeaux d'uniforme : un fut placé dans le cercueil ; un second était réservé par l'Empereur à son fils — c'est celui qui appartient aujourd'hui à M. Gérôme, membre de l'Institut[1] —, un échut à Montholon, le quatrième enfin devint la propriété de Marchand. C'est celui qu'il offrit au Musée des Souverains où il était exposé sous le n° 391 et qui est ainsi décrit par Marchand lui-même : Ce chapeau que portait l'empereur en quittant la France, orné comme il l'est de la cocarde nationale, est celui avec lequel il est arrivé à Sainte-Hélène. Sa coiffe était grise : elle eut besoin d'être changé : Santini lui mit celle qui existe. Mis plus tard à la réforme, enfermé dans une armoire jusqu'à la mort de l'Empereur, il devint alors un objet de vénération, fut tiré au sort entre le comte Bertrand, le comte Montholon et moi. Il m'échut en partage.

On peut admettre que de 1803, époque à laquelle il commença à porter le chapeau uni, dit chapeau français, jusqu'en 1815, Napoléon eut près de cinquante chapeaux. En dehors de celui de Marchand, il s'en trouvait trois au Musée des Souverains et, de ces trois, deux étaient dits venir de Sainte-Hélène. On vient de voir pourquoi c'était impossible. Mais ils n'en sont pas moins authentiques et l'on connaît leur origine. Quant aux chapeaux que divers marchands ont présentés depuis quelques années comme des chapeaux de l'Empereur, il est presque impossible d'assurer qu'ils lui aient appartenu.

N° 14. — Six aiguillettes en or.

Dans aucun de ses portraits l'Empereur n'est représenté portant des aiguillettes, insigne distinctif de la Garde, des troupes d'élite et des états-majors. On peut supposer qu'il tenait ces aiguillettes en réserve pour en décorer ceux des officiers qu'il appelait près de lui à un service d'aide de camp. Néanmoins, il est remarquable que, le 14 juillet 1804, Stendhal qui a été militaire et sait ce que parler veut dire, note qu'il le voit passer en uniforme de colonel de ses gardes avec des aiguillettes. Il en aurait donc porté quelquefois dans les cérémonies, tout au début de l'Empire.

Aucun de ces objets ne se retrouve dans l'inventaire de 1821.

 

§ 2. — Effets de voyage.

 

N° 16. — Un grand manteau de drap bleu pour le bivouac.

TESTAMENT. ÉTAT. Un manteau bleu, celui que j'avais à Marengo. Légué par l'Empereur à son fils.

ÉTAT DU MOBILIER (1821). Un manteau bleu, collet brodé (Marengo).

La précision avec laquelle l'Empereur insiste sur ce fait que c'est là le manteau de Marengo, empêche de supposer qu'il s'agit ici du manteau de drap de Louviers bleu, payé 744 francs à Chevalier en mars 1809.

N° 16. — Un manteau à la mameluck en drap écarlate, brodé en or.

Perdu en Russie. (Note de l'Inventaire de 1814.)

N° 17. — Une pelisse en velours vert, brandebourgs en or, fourrure de martre.

On trouve dans les comptes deux pelisses de cette espèce : la première (velours vert, fourrée, avec 12 olives en or) fournie au moment du départ pour la Prusse en septembre 1806 ; la seconde, semblable, en velours vert, à brandebourgs et olives en or, fournie le 26 mars 1813.

Dans le tableau de Lejeune, la Bataille d'Eylau, bien plus documentaire que celui de Gros, l'Empereur semble représenté avec cette pelisse.

Il est possible que ce soit la pelisse désignée dans l'État du mobilier sous le titre : une pelisse zibeline ; pourtant dans l'État A elle est dite par l'Empereur : une zibeline petite veste. En tout cas, cet objet a péri, mangé par les miles, pendant la traversée de retour des exécuteurs testamentaires

N° 18 — Une polisse en étoffe écarlate, brandebourgs en or, fourrure en renard rouge.

Remise à M. le Préfet du Palais. (Note de l'Inventaire de 1814.)

Est-ce la même que la capote de drap écarlate, avec olives et brandebourgs en or, fournie le 10 novembre 1806 ?

L'Empereur, comme on le voit, a fait usage d'une façon fréquente de vêtements fourrés ; ceux qui se trouvent indiqués dans l'Inventaire de 1811, sont loin d'être les seuls qu'il ait portés.

A Strasbourg, en frimaire an XIV, il se fait faire une redingote grise fourrée ; en septembre 1806 la capote de velours vert ci-dessus (n° 16) ; en 1807, une witchoura de renard jaune et de martre zibeline qui est transformée en redingote l'année suivante ; en novembre 1806, la pelisse en étoffe écarlate n° 17.

En septembre 1808, Chevalier fournit une capote en velours gris dont voici le détail :

Neuf aunes velours gris pour capote, à 42 francs 388 fr.

Les brandebourgs garnis de 30 olives avec bouquet et 30 glands à torsade : 505 fr.

Façon et poche de la capote : 42.

Plaque de la Légion d'honneur pour la grande capote : 62.

Total : 997 fr.

En décembre 1812, une pelisse de drap gris ouatée avec bordures et parements de chinchilla de 753 fr. 50 ; en mars 1813, une pelisse de velours vert (ci-dessus n° 16). On en trouverait d'autres encore.

Ces pelisses ont en général des agrafes forme de boucliers ciselés en relief. Ainsi l'agrafe fournie par Biennais en septembre 1808, prix 140 francs ; ainsi l'agrafe en vermeil de la redingote faite à Strasbourg en 1805.

N° 19. — Cinq bonnets en velours pour les voitures.

Perdus en Russie. (Note de l'Inventaire de 1814.)

L'Empereur a porté constamment ces bonnets en velours, non seulement lorsqu'il voyageait, mais même à la guerre. On lui en fournit de plusieurs sortes :

En vendémiaire an XIII, deux bonnets de velours à 21 francs pièce.

En frimaire, sept bonnets en velours de Gênes, garnis de glands, à 48 francs.

En août 1807, un bonnet de velours vert garni en or, bandeau de peau de loutre du Kamtchatka, 78 francs ; un bonnet de velours vert garni en or, bandeau de fourrure, 60 francs ; un bonnet de voyage en velours bleu ; un bonnet de velours vert garni en or ; un bonnet de velours gros bleu garni en or.

En 1811, huit bonnets de différentes couleurs et une toque de voyage en velours bleu.

En 1813, six bonnets de velours à 30 francs. (Fournisseurs : Poupard, Poupard et Delaunay, Maneglier.)

C'est un bonnet en fourrure, un bonnet à coiffe de velours vert, qu'il porte à Eylau lorsqu'il visite le champ de bataille.

C'est un bonnet en velours cramoisi, garni de martre zibeline, qu'il porte à le Bérézina. Il est vêtu de l'uniforme des chasseurs de la garde, avec veste et culotte blanches, et pardessus, d'une pelisse de martre zibeline.

En 1815, l'Empereur fait acheter pour le voyage deux bonnets de soie noire à 3 francs et 3 fr. 50.

Aucun de ces bonnets ne se retrouve à Sainte-Hélène.

N° 20. — Deux draps de peau.

Perdus à Thorn. (Note de l'Inventaire de 1814.)

L'Empereur avait depuis longtemps l'usage, en campagne, de ces draps de peau qu'on voit nettoyer en 1807, au retour de la guerre de Prusse.

 

§ 3. — Habits de chasse.

 

N° 21. — Trois habits de chasse à courre.

N° 22. — Trois habits de chasse à tir.

L'ordre du 19 août 1811 porte :

Deux habits de chasse : un à courre, à la Saint-Hubert ; un à tir au 1er août, 860francs.

Ces habits devront durer trois ans.

L'habit de chasse à courre galonné or et argent, fourni par Chevalier, coûte 580 francs ; l'habit de chasse à tir, 190 et 200 francs.

Plusieurs de ces habits avaient été emportés à Sainte-Hélène. L'Empereur avait fait enlever les galons de l'habit de chasse à courre et le portait habituellement. Tout une suite de dessins du général Gourgaud et d'officiers anglais le montrent en ce costume.

Dans l'État du mobilier (1821) on ne trouve pas d'habit de chasse, mais aux habits bourgeois, au moins un habit vert et une redingote verte.

N° 23. — Trois ceinturons de chasse. Service ordinaire.

En février 1806. Un ceinturon de chasse or sur veau lac, boucle ciselée or mat.

En 1809, deux ceinturons de chasse, galon d'or, 100 fr. pièce.

MUSÉE DES SOUVERAINS, N° 239 : Ceinturon porté par l'Empereur Napoléon Ier pour soutenir son couteau de chasse. Conservé par M. le comte de Turenne. Donné au Musée des Souverains par l'Empereur Napoléon III, longueur 0m,950. Il est de velours vert ; des abeilles et des étoiles d'or sont brodées sur les bords ; une tête de Méduse, d'un léger relief, orne la plaque d'argent doré qui ferme la ceinture.

N° 24. — Deux couteaux de chasse.

ÉTAT DU MOBILIER (1821) : Un couteau de chasse.

ÉTAT A, joint au testament : Mon couteau de chasse confié au comte Bertrand pour le remettre à mon fils, lorsqu'il aura seize ans.

Un couteau de chasse, venant de l'Empereur, se trouve à Rome, appartenant au prince Napoléon-Charles Bonaparte.

 

§ 4. — Habits bourgeois.

 

N° 25. — Quatre habits de drap.

L'ordre du 19 août 1811 porte :

Un habit bourgeois au 1er novembre. Devra durer trois ans, 200 francs.

A Sainte-Hélène, État du mobilier, il y a quatre habits bourgeois : deux, un gris et un brun, sont attribués à Bertrand ; un, vert, est pour Montholon. Marchand a le quatrième, dont la couleur n'est pas désignée.

On ne trouve guère dans les comptes depuis 1810, la façon de plus de cinq habits bourgeois : un brun, en 1810 ; un bleu et un brun en 1811 ; un vert et un gris en 1812.

(Voir la note du n° 21.)

N° 26. — Six redingotes de drap.

Trois brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire de 1814.)

La couleur de ces redingotes n'est point désignée dans l'Inventaire de 1811 et c'est une erreur de croire que l'Empereur a porté uniquement des redingotes grises. Dans les dernières années, dit Mme d'Abrantès, il en portait souvent une bleue.

On trouve dans les comptes de 1810 : deux redingotes, une verte et une bleue ; en janvier 1813 une redingote verte ; en janvier 1814, une redingote verte ; ailleurs, deux capotes de drap bleu.

L'ordre du 19 août 1811 porte d'ailleurs :

Deux redingotes, une grise et l'autre d'une autre couleur, 400 francs.

Elles seront fournies chaque année au 1er octobre et dureront trois ans.

La redingote de couleur fournie par Chevalier coûtait 180 francs. La redingote grise fournie par le même, 190 francs.

En voici le détail lorsque la fourniture est faite par Lejeune :

Redingote. 2 aunes ½ drap gris : 115 fr.

Façon : 15

3 aunes de croisé pour la doublure : 6

Toile de coton pour les poches, compris celle du portefeuille, pièce d'estomac, taille du collet et des revers : 6

Boutons de soie : 6

Total 178.fr.

A Sainte-Hélène (État du mobilier), il restait deux redingotes grises, une verte.

L'Empereur lègue à son fils (État A), une capote grise et une capote verte.

La capote grise restant est attribuée à Montholon par le tirage au sort.

MUSÉE DES SOUVERAINS, N° 220 : La redingote grise de l'Empereur Napoléon Ier donnée au Musée des Souverains par l'Empereur Napoléon III.

La lettre qui suit y était jointe : L'Empereur me donne l'ordre de vous remettre le chapeau et la redingote grise ayant appartenu à l'Empereur Napoléon Ier. Sa Majesté désire que ces deux objets, dont l'authenticité a été reconnue, prennent, dans le Musée des Souverains, la place qui leur appartient. — Lettre adressée le 4 février 1854 à M. le Directeur général des Musées, par le Grand-Chambellan duc de Bassano. Archives du Musée.

Il n'est point dit d'où proviennent ces objets : on peut présumer que ce sont ceux qui avaient été légués par l'Empereur à son fils, remis par Marchand au général duc de Padoue, mandataire de Madame Mère, et attribués par elle à l'un de ses enfants. Mais il est permis d'en douter puisque l'on sait d'une façon certaine que le chapeau (Voir ci-dessus II § 12) réservé par l'Empereur à son fils, attribué par Madame Mère à sa fille, la Reine Caroline (Mme Murat), fut donné par celle-ci à M. F.-B. de Mercey, dont le fils le vendit à M. Gérôme. J'ai eu entre les mains toutes les preuves irrécusables de son authenticité, Donc, ce n'était pas le chapeau de Sainte-Hélène qui était au Musée des Souverains, et quant à la redingote, si authentique qu'elle paraisse — sans doute, c'est celle qui se trouve aujourd'hui au Musée d'artillerie — il serait bon, de savoir comment elle était venue entre les mains de Napoléon III.

N° 27. — Quatre gilets de piqué blanc.

(Voir n° 9 ci-dessus).

N° 28. — Un gilet de drap de soie noire.

Un gilet semblable fourni par Lejeune en 1815.

N° 29. — Un gilet de casimir noir.

N° 30. — Une culotte de casimir noir.

Des culottes semblables sont fournies par Lejeune en janvier 1813 et en juin 1815.

N° 31. — Trois chapeaux ronds.

En bourgeois, dit Mme d'Abrantès, il avait un chapeau rond posé sur les yeux et planté tout droit.

On trouve un chapeau rond de 36 francs fourni le 19 août 1808 et en frimaire an XIII un chapeau rond boucle en or. Dans l'ordre du 19 août 1811, la fourniture des chapeaux ronds n'est point prévue. Elle rentre dans les objets extraordinaires.

Il s'en trouve un à Sainte-Hélène (État du mobilier). L'Empereur le lègue à son fils (État A).

N° 32. — Cinq dominos pour les bals.

En 1810, deux dominos en taffetas.

En 1812, deux dominos : un gris, un bleu.

En 1813, un domino de levantine noire.

Dans les comptes de la petite cassette :

26 mars 1809 : à Constant, un mémoire de fournitures de dominos et de masques faites pendant le carnaval : 320 fr.

18 mars 1811 : à Constant, pour des masques et dominos : 628 fr.

Les masques sont noir, bleu, violet, etc.

Aucun de ces objets ne se retrouve à Sainte-Hélène.

En dehors des habits bourgeois inventoriés de 1811 à 1814, il s'est trouvé à Sainte-Hélène, dans la garde-robe de l'Empereur, en dehors des objets désignés dans la note additionnelle du n° 9 ci-dessus, un chapeau de paille qui fut attribué au général Bertrand. D'après la mesure prise exactement sur ce chapeau, l'Empereur avait 57 centimètres de tour de tête. Ce chapeau a été légué par Mme Thayer, née Bertrand, à S. A. I. le prince Victor Napoléon. Il existe diverses représentations contemporaines de Napoléon en chapeau de paille, d'après, des dessins faits par des officiers anglais à Sainte-Hélène. On est en droit de supposer que pour son Napoléon à Sainte-Hélène, Horace Vernet a eu, du Grand-maréchal Bertrand, l'autorisation de peindre d'après nature le chapeau et le costume de nankin de l'Empereur. Ce tableau a été gravé et n'est pas un des moins intéressants de l'œuvre du peintre.

 

§ 5. — Chaussures.

 

N° 33. — Quatre-vingt-douze paires de bas de soie blancs.

Cinquante-quatre paires perdues en Russie. (Note de l'Inventaire de 1814.)

L'ordre du 19 août 1811 porte :

Deux douzaines de bas de soie à 18 francs (une paire tous les quinze jours). 432 francs.

Doivent durer six ans.

Un jour, dit Marchand, il me demanda ce que coûtaient les bas de soie qu'il portait.

Pour Votre Majesté, lui dis-je, ils sont de 18 francs,

Et pourquoi plus chers pour moi que pour un autre. Je n'entends pas cela. Dois-je être volé ?

Non, Sire. Je me plais à croire que la qualité, jointe à ce que c'est pour Votre Majesté, en élève le prix.

C'est ce que je ne veux pas, à moins que tu n'en supportes la différence pour ton compte, me dit-il en me serrant fortement l'oreille.

Le prix de ces bas fournis par Panier n'a point varié, mais ce qui varie ce sont les fournitures : 60 paires en 1807, 30 en 1808, 30 en 1810, 36 en 1813.

Sainte-Hélène (État du mobilier) : 27 paires de bas de soie. Bertrand, Montholon et Marchand en ont chacun sept paires.

Par l'état A, l'Empereur en lègue six paires à son fils.

N° 34. — Deux paires de bas de soie noire.

Il ne s'en trouve pas à Sainte-Hélène.

C'est un objet extraordinaire non compris dans le budget.

N° 35. — Trente paires de souliers à boucles.

Douze paires perdues en Russie. (Note de l'Inventaire del8f4.)

L'ordre du 19 août 1811 porte :

Vingt-quatre paires de souliers (une paire tous les quinze jours, devant durer deux ans), 312 francs.

Le complet serait donc de 48 paires. Il n'est jamais atteint, l'Empereur, comme on l'a vu, brûlant constamment ses chaussures en poussant le feu.

Les souliers, doublés en soie, sont fournis par Jacques. Ils coûtent 15 francs la paire. Avant qu'ils soient portés par l'Empereur, ils le sont, ainsi que ses bottes, par Joseph Linden, garçon de la garde-robe, aux gages de 1200 francs par an, lequel est chargé de les briser.

L'Empereur a Sainte-Hélène n'avait plus que quatre paires de souliers. Une est léguée à son fils par l'État A. Les trois autres sont partagées entre les exécuteurs testamentaires. Mais il semble douteux que ces souliers aient été apportés de France. Ceux qui étaient échus nu général Bertrand sont très gros, très lourds, très épais, d'un travail qui semble anglais. Ils ont un centimètre de plus que les pantoufles, lesquelles venaient de Paris.

N° 36. — Trois paires de souliers à cordons.

Les souliers à cordons, également fournis par Jacques au prix de 15 francs, sont un objet extraordinaire.

Ces trois paires de souliers sont perdues en Russie. (Inventaire de 1814.)

N° 37. — Six paires de pantoufles unies.

N° 38. — Six paires de pantoufles fourrées.

Les pantoufles sont toujours en maroquin vert ou en maroquin rouge. Elles sont fournies par Jacques et coûtent 15 et 16 francs. Celles qui sont doublées de fourrure ou doublées en peau d'agneau coûtent 18 francs. L'Empereur, ne pouvait se séparer de ses vieilles pantoufles et on prétendait mémo qu'en 1815 son cordonnier avait fait voir un compte de raccommodages et de ressemelages se montant a 18fràncs, et portant l'arrêté du Maître de la Garde-robe.

Napoléon n'avait plus, à Sainte-Hélène, que quatre paires de pantoufles qui ont été partagées comme les souliers (voir ci-dessus n° 35). Les pantoufles en maroquin rouge très usées, qui viennent du général Bertrand, mesurent exactement 26 centimètres de longueur.

N° 39. — Vingt-deux paires de botte à l'écuyère.

D'après le budget (ordre du 19 août 1811) on devait fournir : six paires de boites devant durer deux ans : 600 francs.

Le complet aurait donc dû être de douze paires.

Les bottes fournies par Jacques, doublées en maroquin ou en peluche de soie, coulent uniformément 80 francs. Une paire faite en Allemagne en l'on XIV coûte seule 100 francs.

En 1821, il s'est trouvé dans la Garde-Robe quatre paires de bottes. Elles ont été partagées comme les souliers et les pantoufles.

La paire qui échut a Marchand, offerte par lui au Musée des Souverains, n'était pas exposée.

N° 40. - Deux paires de bottes à revers.

On ne sait quand elles sont entrées dans la Garde-Robe et il ne s'en fait point ordinairement. On a vu ci-dessus (n° 8 et 9) que l'Empereur essaya de se remettre a en porter pendant son séjour a l'Ile d'Elbe. Il ne s'en trouve pas dans le mobilier de Sainte-Hélène.

 

§ 6. — Linge.

 

N° 41. — Neuf douzaines de chemises.

Six douzaines ont été brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire de 1814.)

Chaque chemise emploie 2m,88 d'une toile demi-hollande, qui coûte par aune (84 centimètres) 20 francs. La toile est fournie Mlles Lolive et de Beuvry, lingères. La chemise, façon comprise, fournie blanchie, est payée 48 francs, quelquefois en toile hollande 60 francs.

D'après l'ordre du 19 août 1811, on doit chaque année fournir quatre douzaines de chemises qui doivent durer six ans. (Crédit ouvert : 2.830 francs — 58 à 59 fr. par chemise.) Le complet qui ne semble jamais avoir été atteint, devait donc être de 24 douzaines.

Le blanchissage par Mme Durand, A la Pologne, rue de la Bienfaisance, coûte par chemise 60 centimes ; par Barbier, à Neuilly, 50 centimes.

A Sainte-Hélène, il reste encore à l'Empereur quatre-vingt-sept chemises en toile de hollande. Il en lègue six à son fils. Chacun des exécuteurs testamentaires en reçoit vingt-sept.

N° 42. — Sept douzaines de cravates blanches.

Cinq douzaines brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les cravates blanches sont en mousseline de l'Inde qui coûte 45 francs l'aune.

Elles sont fournies par Mlles Lolive et de Beuvry, qui emploient 56 centimètres de mousseline par cravate.

D'après l'ordre du 19 août 1811, on doit chaque année fournir 2 douzaines de cravates (crédit ouvert : 720 francs ; 30 francs par cravate). Elles doivent durer six ans. Le complet devrait donc être de 12 douzaines.

Le blanchissage par Mme Durand coûte 20 centimes par cravate.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) on ne trouve pas de cravates blanches et pourtant dans l'État A (testament), l'Empereur en lègue six à son fils.

N° 43. — Douze cols de soie noire.

Onze brûlés en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Ces cols de soie fournis par Mlles Lolive et de Beuvry coûtaient 8 francs la pièce. Ils sont épais, très hauts et lourds, moulés sur double ou triple toile forte.

D'après l'ordre du 19 août 1811, on doit en fournir une douzaine par an. Ils étaient attachés par derrière par une petite boucle en or (voir ci-dessous IV, C. n° 8).

A Sainte-Hélène (État du mobilier) il s'en trouve quatre. L'Empereur les lègue à son fils (État A). Pourtant, d'après le partage entre les exécuteurs testamentaires, deux seulement sont réservés à Napoléon II. Bertrand et Montholon en reçoivent chacun un.

N° 44. — Douze douzaines de mouchoirs de poche.

Huit douzaines brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les mouchoirs fournis par Mlles Lolive et de Beuvry, sont en batiste ; soit blancs unis, soit a vignettes et imprimés en diverses couleurs, mais toujours avec chiffre couronné, ils coûtent uniformément 12 francs pièce.

D'après l'ordre du 19 août 1811, on doit en fournir quatre douzaines par an. Ils doivent durer six ans. Le complet serait donc de 24 douzaines.

Le blanchissage d'un mouchoir par Mme Durand coûte 20 centimes ; par Barbier (1810) 15 centimes.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) se retrouvent 63 mouchoirs. Bien que par l'État A l'Empereur en ait légué six à son fils, les exécuteurs testamentaires en reçoivent chacun vingt.

N° 45. — Dix-neuf douzaines de serviettes de toilette.

Douze douzaines brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les serviettes de toilette sont en toile de Coudray, fournies par Mlles Lolive et de Beuvry et coûtent 8 francs l'aune. La serviette a une aune en carré.

Pourtant, d'après l'ordre du 19 août 1811, un crédit de 720 francs est ouvert pour la fourniture annuelle de deux douzaines de serviettes, lesquelles reviendraient ainsi n 30 francs la pièce.

Le blanchissage d'une serviette par Mme Durand (1806) coûte 28 centimes ; par Barbier (1810) 15 centimes.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) se retrouvent 15 serviettes. Bien que par l'État A/1'Empereur en ait légué six à son fils, les exécuteurs testamentaires se les partagent et en reçoivent chacun cinq.

N° 46. — Trois douzaines de serviettes à enveloppes.

Deux douzaines brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Je ne rencontre aucun renseignement à ce sujet.

N° 47. — Trois douzaines de chaussons de mérinos.

Deux douzaines brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les chaussons de laine ou de mérinos sont fournis par Panier et coûtent 2 fr. 50 la paire.

D'après l'ordre du 19 août 1811, il doit en être fourni deux douzaines par an, et l'Empereur ouvre un crédit de 432 francs, ce qui met la paire de chaussons à 18 francs, comme la paire de bas de soie. Pourtant la facture de Panier en 1808 précise bien le chiffre de 2 fr. 50.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) il en reste 18 paires de ces chaussons qui se trouvent désignés sous le nom de chaussettes. Bien que l'Empereur en ait légué six paires à son fils, les exécuteurs leslamentair.es s'en partagent douze paires.

Une de ces paires de chaussons qui appartenait au général Bertrand, a été léguée par Mme Thayer, née Bertrand, à S. A. I. le Prince Victor-Napoléon. Ces chaussons, fort usés du bout, mesurent en longueur un peu moins de 26 centimètres.

 

§ 7. — Service de la chambre à coucher.

 

N° 48. — Douze robes de chambre en basin piqué.

Huit brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les robes de chambre en basin piqué, parfois doublées en molleton de colon, sont fournies par le tailleur. Chevalier, en 1808, les fait payer 200 francs. Lejeune (1813 et 1815) ; 175 francs et 130 francs lorsqu'elles ne sont pas doublées.

L'ordre du 19 août 1811 ordonne la fourniture annuelle d'une robe de chambre de piqué le 1er mai. Elle devra durer trois ans et le, crédit ouvert est de 250 francs.

Le blanchissage d'une robe de chambre coûte 3 francs par Mme Durand et 2 fr. 50 par Barbier.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) il s'en trouve huit. Deux sont léguées par Napoléon à son fils. Les six autres sont partagées entre les exécuteurs testamentaires.

N° 49. — Six robes de chambre en molleton de laine.

Quatre brûlées en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Je ne vois pas d'indication au sujet des robes de chambre en molleton de laine qui, peut-être, se trouvent dans les factures et dans l'Inventaire de 1821, confondues avec les robes de chambre en piqué. Le même crédit (250 francs) était ouvert pour les unes et les autres. On devait en fournir par année, le 1er octobre, une seule, qui devait durer trois ans.

N° 50. — Douze pantalons à pied en futaine.

Cinq brûlés en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les caleçons de futaine a 22 francs fournis par Chevalier en 1808, les pantalons de laine fins À 21 francs fournis par Panier la même année, les pantalons a pied de finette à 28 francs fournis par Lejeune en 1815, peuvent servir n établir un prix moyen.

L'Empereur, par ordre du 19 août 1811, avait ordonné la fourniture annuelle d'un pantalon à pied de piqué (crédit ouvert à 30 francs) et d'un pantalon à pied de futaine (crédit ouvert : 30 francs). Mais à moins que ces pantalons à pied de piqué ne soient représentés par les caleçons de toile à 20 francs la pièce, fournis à diverses reprises par Chevalier, je n'en trouve pas la trace.

A Sainte-Hélène (État du mobilier) il reste neuf pantalons de nuit (sic). L'Empereur, par l'État A, en lègue deux à son fils. Les exécuteurs testamentaires s'en partagent six.

N° 51. — Trois gilets de taffetas ouatés.

Chevalier a fourni en germinal an XIII, quatre gilets de soie ouatés à 48 francs pièce ; il fournit en octobre 1808 quatre gilets de taffetas ouatés a 54 francs l'un.

C'est un objet extraordinaire et il ne s'en retrouve pas à Sainte-Hélène.

N° 52. — Douze madras pour la tête.

Huit perdus en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les madras devaient coûter un louis pièce (24 francs). On devait en fournir six par an et ils devaient durer trois ans. Ils coûtaient 20 centimes de blanchissage.

Il s'en trouve dix-neuf à Sainte-Hélène. L'Empereur (État A) en lègue six à son fils. Bertrand en reçoit quatre, Montholon quatre, Marchand deux.

Pas d'indication sur la destinée des trois autres.

N° 53. — Trente-six gilets de flanelle.

Trente perdus en Russie. (Note de l'Inventaire en 1814.)

Les gilets de flanelle fournis par le tailleur coûtaient 30 francs pièce.

Chevalier (germinal an XIII) 38 francs ; le même (septembre 1808) 40 francs ; le même (décembre 1808) 40 francs. Lejeune, tailleur de l'Empereur, en 1811, les remet à 30 francs.

D'après l'ordre du 19 août 1811, on devait en livrer 48 par an, au prix de 30 francs.

Ils devaient durer trois ans.

Le blanchissage par Mme Durand coûtait 1 franc, par Barbier, 60 centimes.

Il se trouvait à Sainte-Hélène vingt-et-un gilets de flanelle. Six ont été légués par l'Empereur à son fils. Les exécuteurs testamentaires se sont partagés les quinze autres.

N° 54. — Neuf gilets de cachemire.

Brûlés à Orcha. (Note de l'Inventaire en 1814.)

On trouve en 1808 la façon à 10 francs pièce, par Chevalier, de six gilets de cachemire. Nulle autre indication.

 

III. — ARMES.

 

N° 1. — Un glaive en or, fourreau en écaille avec son étui. Grand costume de la Légion.

Fournis par Biennais Au Singe violet le 7 brumaire, an XIII : Un glaive à poignée d'or, la garde formée de deux aigles portant en sautoir une croix de la Légion d'honneur émaillée. Les aigles sur une couronne d'étoiles du nombre des cohortes de le Légion. Devises : VENI, VIDI, VICIHONNEUR ET PATRIE. Le pommeau décoré de la Couronne de Fer, de la couronne Impériale et de couronnes de lauriers, payé 7.000 fr.

La botte, 192 francs.

Ce glaive ne se retrouve pas à l'inventaire de 1821.

Il semble bien être le même que celui qui était exposé sous le n° 173 au MUSÉE DES SOUVERAINS et dont voici la description :

Epée de cérémonie de l'Empereur Napoléon Ier. Donnée au Musée des Souverains par l'Empereur Napoléon III.

(Longueur 0m,910.)

La lame, étroite et fine, est d'acier, ornée à sa partie supérieure, mais d'un côté seulement, d'incrustations d'or, ciselées, dont les principaux motifs sont une couronne impériale, la lettre N, initiale du nom de Napoléon, l'aigle impérial et, plus bas, les lettres : I. R. (Imperator Rex.)

La poignée est d'or richement et finement ciselé ; un aigle couronné et portant au cou la croix de la Légion d'honneur est placé sur le milieu de la garde, appuyant ses serres sur un écu que remplit la lettre N ; une guirlande d'étoiles et la devise : VENI, VIDI, VICI. Sur les branches de la garde on lit : HONNEUR ET PATRIE. Des abeilles, encadrées dans des lauriers, décorent la fusée. Le pommeau est composé de la superposition de quatre couronnés ; la première, d'olivier et chêne, la seconde, d'étoiles, la troisième est la Couronne de Fer, la quatrième, la couronna Impériale. L'extrémité du pommeau peut servir de cachet. On y voit, gravées en creux, les armes de l'Empire et on y lit ces mots : NAPOLÉON, EMPEREUR ET ROI

 (Les deux côtés de la poignée sont semblables.)

Le fourreau d'écaillé, semé d'aigles et d'abeilles, qui sont d'or incrustés et gravés, est, à trois places, garni d'armatures en or ciselé dont les motifs principaux sont des foudres, des abeilles, des palmes.

L'orfèvre quia exécuté cette épée a gravé son nom sur l'extrémité supérieure du fourreau, en un endroit que recouvre la pointe de la garde : BIENNAIS, ORFÈVRE DE LEURS MAJESTÉS IMPÉRIALES, et de l'autre : A PARIS 1806.

Cette date est gênante pour l'assimilation. — Mais les mauvaises lectures sont fréquentes dans le Catalogue de M. Henry Barbey de Jouy. En tout cas, l'identité des deux descriptions est singulière.

N° 2. — Deux épées montées en or avec leurs fourreaux montés en or. Service ordinaire. Un fourreau de rechange pour lesdites.

Inventaire de 1821 : UNE épée, celle que S. M. portait à Austerlitz.

Léguée par l'Empereur à son fils.

Confiée au Grand-maréchal Bertrand : Je charge le comte Bertrand de soigner et de conserver ces objets et de les remettre à mon fils lorsqu'il aura seize ans.

Offerte par le comte Bertrand au Roi Louis Philippe, en 1840.

Déposée dans la Cella du Tombeau, aux Invalides.

Facture de Biennais en 1806 : Une épée en or à 20 k. Ciselée : la poignée, ornée par le bas d'une Couronne de Fer enveloppée d'une couronne de lauriers ; le milieu avec têtes de Minerve et d'Hercule dans des médaillons enrichis d'arabesques. Le pommeau avec casque et hibou ; la branche, ornée d'aigles et d'abeille, et terminée par une petite tête de lion antique. La garde, a coquille renversée avec aigle posé sur son foudre, ciselé sur un bouclier dont la bordure est parsemée de 16 abeilles, nombre des seize Cohortes. La lame, fusée en acier et incrustée d'ornements. Le fourreau en écaille, les bélières et le bout en or : 5.700 francs.

Remis à neuf l'épée en or de S. M., avoir démonté, remonté et nettoyé ses pièces, fait graver et incruster sur la lame ces mots : Épée que portait l'Empereur à la bataille d'Austerlitz.

Si l'épée payée en 1806 n'est point celle d'Austerlitz, elle est en tout cas presque semblable. Mais ce qui doit attirer l'attention c'est que de 1811 à 1814, l'Empereur n'a absolument que deux épées en service ordinaire, que, en 1821, il ne s'en trouve plus qu'une et que celle-ci, qui est SON ÉPÉE est aux Invalides.

On ne saurait nier, néanmoins, que dans les comptes, pourtant fort incomplets de la Garde-robe de l'Empereur, ne se trouve l'indication de fournitures d'épées bien plus nombreuses. On sait que l'une de ces épées a été donnée par Napoléon à l'Empereur Alexandre, une autre au Grand Duc Constantin, mais ce sont les seules dont on connaisse la destinée. C'est le sabre qu'il a porté dans ses campagnes d'Italie, qu'il envoie à Eugène, en présent, au mois de janvier 1808, c'est le sabre qu'il portait à Marengo qu'il donne à son frère Jérôme ; c'est un sabre qu'il a fait fabriquer par Biennais et qu'il a payé 14.500 francs qu'il donne à son frère Louis ; c'est un glaive, aussi fabriqué par Biennais et payé 7.000 francs qu'il offre au Roi de Bavière ; il donne des sabres à des officiers russes, à quantité de gens ; mais ce ne sont point les épées qu'il a portées : et pourtant voici une épée de son modèle fournie en l'an XIV ; deux en 1806 ; une en 1808, et il en est bien d'autres. Ce point est donc un des plus nécessaires à éclaircir et, sans prétendre en rien à donner une explication, je me borne à poser la question : à qui Napoléon a-t-il donné de ses épées ? Que sont devenues ces épées ?

N° 3. - Une épée à la française en vermeil.

En 1821, cette épée est en dépôt chez M. le comte de Turenne.

L'Empereur l'a léguée à son fils (État B).

Non retrouvée.

N° 4. — Un glaive, poignée en ivoire, fourreau en nacre. Costume de Premier Consul.

En 1821, ce glaive est en dépôt chez M. le comte de Turenne. L'Empereur le lègue à son fils (État B).

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 168. Glaive de Napoléon, Premier Consul. C'est celui que l'Empereur, dans son testament, appelle son glaive et qu'il lègue à son fils, (Longueur 0m,910).

La lame est d'acier quadrangulaire, terminée en pointe, ornée, en sa partie supérieure d'incrustations d'or dont les motifs sont des trophées et qui se détachent sur un fond dépoli. La poignée, d'ivoire, est presque cylindrique, taillée à côtes, enrichie, sur lès deux côtés aplatis, de trophées ciselés on relief d'argent doré, composés d'armes, d'étendards et ayant, sur leur milieu, un bouclier dont le fond, d'émail rouge, porte une tête de Méduse, ciselée en or ; au dessus du bouclier est un écusson sur lequel se détachent, en or et en émail bleu, les lettres R. P. F. (République Française). Deux aigles sont ciselés en or sur la garde qui est d'argent doré, orné d'émaux rouges et, sur le côté qui regarde fa lame, sont deux médaillons contenant ces mots : MANUFACTURE À VERSAILLES — BOUTET, DIRECTEUR ARTISTE. Le pommeau est formé par deux têtes de lion, adossées, d'argent duré, ciselées en ronde bosse.

Le fourreau (n° 169) — longueur 0m,775, est composé de plaques de nacre de perles, ajustées dans des encadrements dorés. A la partie supérieure et vers la pointe, des ornements ciselés sur le métal en constituent la partie décorative ; quelques médaillons dont les fonds sont en émail rouge ajoutent un peu de couleur à l'éclat du métal ; sur l'un de ces médaillons est une tête de la République ; sur celui qui lui est opposé, une image de la patrie ; et les trophées finement ciselés qui se relient à l'un et à l'autre sont composés de la réunion, d'instruments de métiers, des sciences et des arts.

Il se trouve au MUSÉE D'ARTILLERIE (J. 306 et J. 418, collection Lepel-Cointet) deux glaives de Premier Consul (sic) qui n'ont aucun rapport avec celui du Musée des Souverains et dont l'attribution semble plus que douteuse. Au surplus, c'est dans cette collection Lepel-Cointet que se rencontre une croix de commandeur de la Légion à honneur DU CONSULAT !

N° 5. — Une épée à lame plate, garde en ivoire.

Non retrouvée.

N° 6. — Un sabre que portait S. M. à la bataille d'Aboukir.

Donné au général Drouot à Fontainebleau (Inventaire en 1874.)

Il n'est point douteux que l'Empereur a donné, à Fontainebleau, au général Drouot, un sabre oriental, mais est-ce celui qu'il portait à la bataille d'Aboukir ? Le biographe le mieux informé de Drouot dit simplement de ce sabre, offert par le général à la ville de Nancy le 5 décembre 1835 et conservé, depuis lors, au Musée de cette ville : Un magnifique cimeterre que l'Empereur avait porté longtemps avant de lui en faire présent.

Dans l'Inventaire de 1821 dressé à Sainte-Hélène on trouve : Un sabre, celui que S. M. portait à Aboukir. Ce sabre, l'Empereur l'a confondu avec le sabre de Sobieski qui n'était pas à Sainte-Hélène, mais chez M. le comte de Turenne — et c'est ainsi qu'il a disposé deux fois, en faveur de son fils, de l'arme qu'il appelle le sabre de Sobieski. De fait, le sabre qu'il portait à Aboukir, bien qu'il se trouvât à Sainte-Hélène, ne lui appartenait plus : il l'avait donné, en 1814, à Fontainebleau, au général Bertrand. (Voir ci-dessous n° 13)

N° 7. — Deux sabres à la mamelouk.

Donnés au Roi de Naples. (Inventaire en 1814.)

N° 8. — Un sabre ayant appartenu au roi de Pologne.

Ce sabre, désigné dans l'État B comme le sabre de Sobieski, dans l'Inventaire comme donné par la ville de Varsovie, est, en 1821, déposé chez le comte de Turenne. Il est légué par l'Empereur à son fils à deux reprises (État A, § 2, État B, § 3).

On peut se demander s'il ne s'agit pas du sabre conservé au Musée d'Artillerie sous le n° J. 119, comme celui d'Etienne Bathory, roi de Pologne, et venu au Musée, en 1801, de la Bibliothèque Nationale. M. Du Casse dit (LES DESSOUS DU COUP D'ÉTAT, page 234) que ce sobre, venu ou roi Jérôme dons le partage des objets de Napoléon Ier, aurait été, vers 1851, racheté par le Prince Président, moyennant la somme de 7000 francs et déposé au Musée d'Artillerie.

N° 9. — Un sabre, la poignée en ivoire, le fourreau en fer, orné d'étoiles d'or. (Modèle.)

Est-ce l'épée désignée dans l'état B comme se trouvant en dépôt chez le comte de Turenne, que l'Empereur nomme : Une épée en fer et qu'il lègue à son fils ?

N° 10. — Un sabre que portait S. M. à la bataille du Mont-Thabor.

Donné par S. M. au Maréchal duc de Tarente à Fontainebleau. (Inventaire en 1814.)

Macdonald rapporte que l'Empereur, en lui donnant ce sabre, aurait dit : Vous pouvez, sans blesser votre délicatesse, accepter un cadeau d'un autre genre. C'est le sabre de Mourad-Boy que j'ai porté à la bataille du Mont-Thabor. Acceptez-le en souvenir de moi et de mon amitié pour vous.

N° 11. — Un sabre à lame droite, garde en cuivre doré.

Donné au comte de Turenne (Inventaire en 1814.)

N° 12. — Un sabre dont le fourreau est en cristal. La lame entièrement gravée. Ce sabre à son ceinturon en drap rouge brodé en or. Le tout renfermé, dans un étui.

Donné au duc de Vicence (Inventaire en 1814.)

N° 13. — Un sabre dont la poignée est surmontée d'une tête de cheval. Le fourreau garni en perles. Le tout renfermé dans un étui.

Donné au comte Bertrand (Inventaire en 1814.)

Le général Bertrand, dans l’Exposé fait par l'ancien Grand-maréchal Bertrand, relativement aux armes de Napoléon, dit, page 5 : L'Empereur me fit don du sabre qu'il portait à la bataille d'Aboukir.

Celle note de Bertrand se trouve en contradiction avec l'indication du gardien de la garde-robe (Voir n° 6 ci-dessus) et concorde d'autre part avec la note de Marchand (Inventaire. — ARMES DE S. M.) : Un sabre, celui qu'Elle portait à Aboukir.

Le fait que l'Empereur eût conservé dans sa garde-robe le sabre qu'il avait précédemment donné a Bertrand, s'explique fort bien par l'instabilité de l'habitation du Grand-Maréchal, par le fait que l'Empereur, à Sainte-Hélène, aimait à avoir sous la main tout ce qui lui rappelait les temps anciens. Il avait aussi (v. Exposé cité ci-dessus) donné à Bertrand son grand nécessaire et pourtant il le reprend dans sa garde-robe et, par son Testament, il le lègue à son fils. Bien mieux, il a emprunté à Mme Bertrand un médaillon représentant l'Impératrice Joséphine, et ce médaillon est compris dans l'Inventaire.

Il est a remarquer que si, dans le testament et les codicilles, il est fait deux mentions du sabre dit de Sobieski, il n'en est faite aucune du sabre donné au général Bertrand et les exécuteurs testamentaires, pour expliquer la confusion entre les deux mentions du sabre de Sobieski ont rédigé celle note : Le sabre, porté sur l'État A (Testament § 2), est celui que l'Empereur portail à Aboukir et QUI EST ENTRE LES MAINS DU COMTE BERTRAND.

N° 14. — Trois étuis ne contenant rien.

N° 15. — Une garde de sabre démontée, antique.

Poignée de sabre antique qui, en 1821, est en dépôt chez M. le comte de Turenne. Léguée par l'Empereur au Prince Jérôme (État B, § 2).

N° 16. — Un poignard à la mameluck : la poignée en or, le fourreau en velours.

Désigné Inventaire de 1821 : Un poignard, Testament, § 2 : Mon poignard. Légué par l'Empereur à son fils.

MUSÉE DES SOUVERAINS. N° 170. Poignard ayant appartenu à l'Empereur Napoléon Ier. C'est celui que l'Empereur, dans son testament, appelle son poignard et qu'il a légué à son fils.

(Longueur, 0m,303.)

La poignée est un travail d'orfèvrerie italienne du XVIe siècle ; la composition est fort ingénieuse et l'or est ciselé avec autant de finesse que de goût. Ce sont des cartouches dont la succession et l'enlacement forment une sorte de réseau sertissant de places en places comme dans un cadre élégant des petites têtes d'hommes ou de femmes et, sur le pommeau, des mufles de lions. Des émaux de couleurs variées sont posés sur tous les enroulements dont ils accusent les contours.

Ce beau poignard du XVIe siècle fut offert à Napoléon Bonaparte, général en chef de l'armée d'Egypte, après la prise de Malte et la dissolution de l'ordre de Malte. Il avait été jusque-là en la possession des grands-maîtres de l'Ordre de Malte, ayant été donné à l'un d'eux, Jean Parisot de La Valette, par le pape Pie IV, pour avoir défendu Malte contre l'armée de Soliman.

Le fourreau, d'argent doré, est garni de velours rouge, il a été fait par Biennais, orfèvre de V Empereur, et porte son nom gravé à l'intérieur. Les ornements sont finement ciselés : de chaque côté, on voit l'aigle impérial couronné et une abeille.

Il convenait de conserver telle quelle la rédaction de M. H. Barbey de Jouy. En réalité, ce poignard fui enlevé de la Conservatorerie de Malte en même temps que l'épée du grand-maître La Valette, l'estoc et le casque de Manoel Vilhem, des trophées de toutes sortes, l'argenterie des églises et des chevaliers, etc. — Suivant Miège, III 152 et Boisgelin, II. 220, il avait été donné, non par le Pape, mais par le roi d'Espagne, Philippe II, au grand-maître La Valette.

N° 17. — Un ceinturon en cuir noir, boucle en or.

N° 18. — Un ceinturon en soie.

Peut-être le ceinturon de soie blanche fourni en 1811, payé 36 francs.

N° 19. — Un cordon soie et or avec sa garniture en cuivre doré.

N° 20. — Deux ceinturons en soie avec crochets en or.

N° 21. — Trois crochets d'épée en or.

N° 22. — Un ceinturon boucle en or.

N° 20 et 22 : six boucles de ceinturon en forme de boucliers ornés de tôles d'aigles, lettre initiale N et garnis chacun d'un S en serpent pour servir de crochet, l'un pour ceinturon de soie, les autres pour ceinturon de peau de renne brodés en or — 1.268 francs (Biennais).

On trouve, en février 1806, une fourniture de dix ceinturons veau lac, garniture d'argent fin ; en 1815, une autre fourniture de six ceinturons d'épée à 60 francs le pièce.

A Sainte-Hélène, on ne trouve, dons l'État du partage du mobilier, qu'un ceinturon d'épée qui fut attribué à Montholon.

 

IV. — BIJOUX.

A. — Ordres de Sa Majesté.

 

I. — LÉGION D'HONNEUR

N° 1. — Un grand collier de la Légion d'honneur.

En 1821, est en dépôt chez M. le comte de Turenne. L'Empereur le lègue à son fils. (Voir ci-dessous n° 2.)

N° 2. — Deux grandes décorations de la Légion d'honneur.

Une à Sainte-Hélène. Inventaire de 1821. L'Empereur la lègue à son fils.

Le 24 juin 1843, le roi Joseph chargea M. Sapey, membre de la Chambre des députés, de déposer en son nom, sur le tombeau de l'Empereur, le grand collier de la Légion d'honneur et deux autres objets qu'il portait habituellement. Le 14 juillet 1843, M. Sapey remet au général Petit, commandant l'Hôtel des Invalides, en l'absence du maréchal Oudinot, duc de Beggio, le grand collier, le grand cordon et la plaque de la Légion que portail habituellement Napoléon. La plaque était brodée d'ordinaire sur ses uniformes, il s'agit probablement ici d'une plaque ciselée. Ces trois objets ont été déposés dans la Cella.

L'Empereur, dans son cercueil, est revêtu du grand cordon de la Légion. C'est peut-être la seconde des deux grandes décorations.

La plaque de la Légion coûtait 62 francs, fournie par le tailleur.

La croix grand modèle 150 francs, fournie par Biennais.

N° 3. — Deux croix pour les grands habits.

Perdues en Russie. (Inventaire en 1814.)

N° 4. — Douze petites croix.

N° 5. — Cinq grand-croix de la Légion d'honneur.

N° 6. — Huit petites d'officier.

La croix d'or émaillée fournie par Biennais coûtait 75 francs.

Ruban avec rosette, 0,37 centimes.

N° 7. — Seize petites de Légionnaire.

N° 8. — Une croix de la Légion d'honneur.

N° 2 a 8.

Inventaire du 16 avril 1821 : Deux Ordres de la Légion.

(Un de ces ordres est à l'uniforme de l'Empereur dans le tombeau. Le second doit être vraisemblablement celui indiqué au n° 2.)

Trois décorations de la Légion d'honneur.

Une grand-croix de la Légion d'honneur.

Un cordon du même ordre.

Inventaire du 5 mai 1821 : Une grand-croix de la Légion d'honneur.

Deux petites croix de la Légion d'honneur.

Trois décorations de la Légion d'honneur.

Un cordon de la Légion.

 

II. — COURONNE DE FER.

N° 9. — Deux grandes décorations d'Italie.

N° 10. — Deux croix pour les grands habits.

N° 11. — Douze petites croix.

N° 9 à 11.

Inventaire du 16 avril 1821 : Trois décorations de la Couronne de Fer dans le second fond de la botte à tabatières.

Restent seulement deux décorations dans l'Inventaire du 5 mai. Une doit donc être dans le tombeau.

La croix de la Couronne de Fer (le mot croix est ici tout à fait impropre), fournie par Biennais, en or émaillé, se payait 90 francs.

 

III. — ORDRE DE LA RÉUNION.

N° 12. — Trois petites Croix de la Réunion.

N° 13. — Deux plaques.

Inventaire du 16 avril 1821 : Trois décorations de la Réunion.

Inventaire du 5 mai 1821 : Deux décorations.

Une doit donc être dans le tombeau.

N° 14 —Trois très petites croix de France, de la Couronne de Fer et de la Réunion.

 (Non retrouvé en 1821.)

 

IV. — ORDRES ÉTRANGERS.

N° 15. — Une grande décoration de l'Union de Hollande.

N° 16. — Une grand-croix.

N° 17. — Une grande décoration de la Toison d'Or.

N° 18. — Un grand collier de la Toison d'Or.

En dépôt chez le comte de Turenne. — Légué par l'Empereur à son fils. État B, § 1.

N° 19. — Une grande décoration de Saint-André de Russie.

N° 20. — Une grande décoration de Sainte-Anne de Russie.

N° 21. — Une grande décoration de Saint-Alexandre de Russie.

N° 22. — Une grande décoration de l'Aigle Noir de Prusse.

N° 23. — Une grande décoration de l'Aigle Rouge de Prusse.

N° 24. — Une grande décoration de la Fidélité de Bade.

N° 25. — Une grande décoration de l'Éléphant de Danemark.

N° 26. — Une grande décoration de Westphalie.

N° 27. — Une grande décoration des Séraphins de Suède.

N° 28. — Une grande décoration de Saint-Hubert de Bavière.

N° 29. — Une grande décoration de la Couronne verte de Saxe.

N° 30. — Une grande décoration de Saint-Henri de Saxe

N° 31. — Une grande décoration de Saint-Jacques de Portugal.

N° 32. — Une grande décoration de Saint-Joseph de Wurtzbourg,

N° 33. — Une grande décoration de Hesse-Darmstadt.

N° 34. — Une grande décoration de Saint-Étienne d'Autriche.

N° 35. — Une grande décoration de Saint-Léopold d'Autriche.

N° 36. — Une grande décoration de l'Aigle d'Or de Wurtemberg.

Sauf le grand collier de la Toison d'Or, aucune de ces décorations ne se retrouve dans l'Inventaire de 1821, Elles ont été prises à Waterloo dans la voiture de l'Empereur.

 

B. — Bonbonnières et Tabatières.

 

A Sainte-Hélène, les bonbonnières et tabatières sont enfermées dans trois boîtes dont une est à double fond. Une de ces belles est vraisemblablement l'écrin d'acajou avec ornements de cuivre incrustés ; et compartiments de velours blanc pour renfermer les tabatières de Sa Majesté fourni par Biennais en 1808 et payé 625 francs, plus 45 francs pour un étui en peau doublé de serge pour le renfermer, avec les armes dorées dessus.

N° 1. — Une bonbonnière en écaille avec filigranes d'or et d'émail ornée du portrait de la reine de Naples, sœur de l'Empereur.

Inventaire du 16 avril 1021, n° 9 : Bonbonnière en écaille ornée du portrait de la reine de Naples, sœur de l'Empereur.

Léguée à son fils.

N° 2. — Une bonbonnière en écaille, portrait de Madame Mère.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 24 : Bonbonnière ornée du portrait de Madame.

Léguée à son fils.

N° 3. — Deux bonbonnières en écaille avec gorges d'or.

Une seule bonbonnière en écaille est portée à l'inventaire du 16 avril 1821.

L'État du mobilier (5 mai) en indique deux.

L'Empereur lègue à son fils la bonbonnière qu'il croit seule existante.

N° 4. — Une bonbonnière en écaille avec cercles et une gorge d'or.

N° 5. — Trois bonbonnières en écaille unie.

Les n° 4 et 5 non retrouvés à Sainte-Hélène.

L'Empereur parait avoir fait une grande consommation de ces bonbonnières. Il en avait toujours une sur lui, contenant de la réglisse anisée en tout petits morceaux.

Ces bonbonnières, on écaille blonde généralement, coûtaient chez Biennais de 22 A 42 francs, monture comprise.

N° 6. — Une tabatière en or, carrée, avec paysage entouré de perles.

Inventaire du 10 avril 1821 : Une tabatière en or, émaillée à l'intérieur, ornée d'une vue de Lacken, entourée de perles.

Léguée à son fils.

N° 7. — Une tabatière en écaille, carrée, avec un médaillon en émail de Petitot.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 16 : Tabatière en écaille doublée en or, ornée d'un portrait de Turenne, peint par Petitot.

Léguée à son fils.

N° 8. — Une tabatière en or avec médaillon d'agate onyx représentant Auguste et Livie.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 14 : Tabatière en or, carré long, ornée d'un camée antique : Auguste et Livie, le seul qui existe.

Léguée à son fils.

N° 9. — Une tabatière carrée, en or, à double couvercle, médaillon en agate onyx représentant Silène.

C'est la boite léguée par l'Empereur à Lady Holland. On sait qu'elle avait été donnée au général Bonaparte par le pape Pie VI après le traité de Tolentino et que, à Sainte-Hélène, dans les tout derniers jours de sa maladie, l'Empereur y enferma un billet sur lequel il avait écrit de sa main : Napoléon à Lady Holland, témoignage de satisfaction et d'estime.

Il désigne ainsi cette boite dans son testament : Je lègue à Lady Holland le camée antique que le pape Pie VI m'a donné à Tolentino.

Il existe une représentation de la boîte gravée par Bradley, une représentation du camée gravée par Golding ; les deux gravures sur une même planche qui porte encore le fac-similé de la note de l'Empereur.

N° 10. — Une tabatière en écaille, carrée, médaillon d'agate onyx, tête de guerrier.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 13 : Tabatière en écaille doublée en or, ornée de la tête d'Alexandre, camée antique.

Léguée à son fils.

N° 11. — Une tabatière en écaille carrée ornée de cinq médailles antiques.

Donnée par le Cabinet des médailles. (Inventaire de 1814.)

Inventaire du 16 avril 1821, n° 8 : Tabatière en écaille, doublée en or, ornée de cinq médailles du moyen âge.

Léguée à son fils.

Voir sur les tabatières ornées de médailles antiques provenant du Cabinet des médailles, la note en fin du paragraphe B.

N° 12. — Une tabatière en écaille, avec médaillon représentant S. A. Madame Mère.

Donnée par Madame Mère le jour du Sacre. (Inventaire de 1914.)

Inventaire du 16 avril 1821, n° 7 : Tabatière carré long en écaille doublée en or, ornée du portrait de Madame fort ressemblant.

Léguée à son fils.

N° 13. — Une tabatière en écaille, ovale, garnie en or, pierre gravée.

Inventaire du 16 avril 1821 : La Sagesse de Scipion, pierre gravée ornant une tabatière en écaille doublée en or, donnée par Pie VII lors du Couronnement.

Léguée à son fils.

N° 14. — Une tabatière en écaille, ovale, garnie en or. — Cinq médailles antiques.

Peut-être, à défaut de désignation plus ample, est-ce cette tabatière qu'il convient d'assimiler avec le n° 8 de l'inventaire du 16 avril.

(Voir ci-dessus n° 14, en fin de l'article, la note.)

N° 15 — Une tabatière en écaille, ovale, garnie en or. — Trois médailles.

Donnée par le Cabinet des médailles. (Inventaire en 1814.)

Inventaire du 16 avril. Sans numéro : Une tabatière ornée de trois médailles d'argent, dont se servait l'Empereur à Sainte-Hélène.

Léguée à son fils.

C'est la boîte fournie par Biennais en septembre 1809 : Une boîte d'écaillé noire, doublée d'or, de forme carré long, arrondie par les bouts, montée de trois médailles d'argent, encadrées de cercles d'or ciselés, et, par dessous, des glaces pour empocher le tabac de passer. 590 francs.

(Voir la note en fin de l'article)

N° 16. — Une tabatière en or émaillé, ovale, avec médaillon peint sur émail.

Donnée par la ville de Gènes. (Inventaire en 1814.)

Inventaire du 16 avril 1821, n° 12 : Fédération de Milan ou création de la République Cisalpine en 1797, peinture sur émail, garnie intérieurement en or.

Léguée à son fils.

C'est à celle tabatière que se rattache l'anecdote suivante racontée par Rœderer (Œuvres, III, 302). Quelques jours après (le 18 brumaire), j'appris par M. de Talleyrand que Bonaparte avait l'intention de me faire un présent. Il avait reçu de la ville de Milan une boîte d'or sur laquelle était peinte en émail la Fédération de Milan. C'était, disait-on, un chef-d'œuvre. 11 avait ordonné qu'on l'entourât de vingt mille francs de diamants. Je fus blessé de cette idée. Je priai Regnaud de Saint-Jean-d'Angély qui voyait Bonaparte et plus souvent Bourrienne, je priai aussi M. de Talleyrand de me préserver de ce présent. Je ne sais à qui des deux j'ai l'obligation de n'en avoir plus entendu parler.

N° 17. — Une tabatière en écaille, garnie en or, ovale portrait du Roi et de la Reine de Westphalie. — Donnée par la Reine de Westphalie.

Inventaire du 16 avril, n° 5 : Tabatière en or ornée du portrait du roi et de la reine de Westphalie.

Léguée à son fils.

N° 18 — Une tabatière en or, ronde, garnie de quatre médaillons. — Donnée par l'Impératrice Joséphine.

Inventaire du 16 avril, n° 10 : Tabatière en or, ornée de quatre portraits : L'Impératrice Joséphine, le prince Eugène, la Reine Hortense et le Roi de Hollande.

Léguée à son fils.

N° 19. — Une boite à cure-dents en bois de santal avec un médaillon. — Donnée par l'Impératrice Joséphine.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 20. — Une boîte ronde en ivoire avec médaillon représentant la bataille de Marengo. — Donnée par la ville de Dieppe.

Inventaire du 16 avril, n° 22 : Tabatière en ivoire, bataille de Marengo, donnée par la ville de Dieppe.

Léguée à son fils.

N° 21. — Tabatière en ivoire avec médaillon représentant une revue de Frédéric II. — Donnée par la ville de Dieppe.

Inventaire du 16 avril, n° 27 : Tabatière ronde en ivoire, Frédéric le Grand à Postdam.

Léguée à son fils.

N° 22. — Tabatière octogone en or émaillé, chiffre en brillants. — Donnée par le Grand Seigneur.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 26 : Boite carrée en or émaillée ornée d'un chiffre en diamants qui lui-même est entouré de diamants. Donnée par le Schah de Perse.

Note de l’État du mobilier (5 mai) : Tabatière persane enrichie de pierres fines.

Autre État : Tabatière persane enrichie de diamants.

Léguée à son fils.

N° 23. — Tabatière ronde en lave, avec médaillon en mosaïque. — Donnée par le roi de Bavière.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 21 : Tabatière ronde en lave, paysage mosaïque.

Léguée à son fils.

N° 24. — Tabatière ronde en mosaïque garnie en or. — Donnée par la ville de Vienne.

Inventaire du 16 avril 1821, n° 19 : Plan de Vienne, tabatière mosaïque.

Léguée à son fils.

N° 25. — Tabatière ronde en écaille garnie en or avec médailles de Pierre le Grand et Charles XII. — Donnée par le Cabinet des médailles.

Inventaire du 16 avril, n° 18 : Tabatière en écaille ornée d'une médaille en or d'une grande dimension Paul Ier (sic) empereur de Russie et, au revers, celle en argent de Charles XII.

Léguée à son fils.

Voir la note en fin de l'article.

N° 26. — Tabatière ronde, en écaille garnie en or avec médailles de Charles-Quint et de François Ier. — Donnée par le Cabinet des médailles.

Inventaire du 16 avril, n° 32 : Tabatière ronde en écaille ornée d'une médaille en or de grande dimension Charles-Quint et, au revers, en argent, celle de François Ier.

État du mobilier : Même désignation.

Cette tabatière figurait sous le n° 108 dans le musée de San Martino à l'ile d'Elbe avec cette description :

Une tabatière ronde, en écaille, doublée en or, avec deux médailles en argent, l'une de Charles-Quint, l'autre de François 1er.

Donnée par S. S. le pape Pie VII à l'Empereur à l'occasion du Sacre (1804).

Elle était accompagnée d'une note de M. Joseph Tastu sur la médaille de Charles-Quint, d'un certificat autographe de S. A. I. le prince Jérôme, attestant l'authenticité de la tabatière donnée par le Pape Pie VII à Napoléon, le jour de son Sacre, ledit certificat en date de Quarto le S8 avril 1840.

Elle a été comprise, sous le n° 199, dans la vente faite en 1880 au Palais de San Donato, et désignée de la même façon que dans le catalogue. On y donne les dimensions de la tabatière : diamètre : 0,085mm. Diamètre de la médaille de Charles-Quint 0,065mm, de la médaille de François Ier, 0,07 centimètres.

Il est extrêmement douteux que l'indication du donateur primitif soit exacte.

N° 27. — Tabatière octogone en caillou de Vienne, garnie en or, ornée de trois médailles. — Donnée par la ville de Vienne.

Inventaire du 16 août, n° 29 : Tabatière caillou de Vienne ornée de trois médailles d'argent.

Léguée à son fils.

N° 28. — Tabatière carrée en Burgos travaillée sur toutes ses parties. — Donnée par le Roi de Naples.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 29. — Tabatière ovale en or.

État du mobilier, 5 mai 1821 : Une boite de chagrin rouge contenant une tabatière en or uni.

N° 30. — Tabatière ronde en or émaillé. Ne se retrouve pas en 1821.

N° 31. — Tabatière ovale en écaille garnie en or ornée de deux médailles. — Donnée par le comte de Rémusat.

Inventaire de 1821, 3° boite : Une tabatière ornée de deux médailles d'argent dont se servait l'Empereur à Sainte-Hélène.

Léguée à son fils.

Cette tabatière correspond au n° 216 du Musée des Souverains dont voici la description :

Tabatière de l'Empereur Napoléon Ier, donnée au Musée des Souverains par l'Empereur Napoléon III. Longueur 0,063mm, largeur 0,045mm.

De forme ovale, elle est d'écaillé et doublée d'or. Elle a été faite chez Biennais dont le nom est gravé sur la gorge de l'intérieur. Deux médailles grecques, d'argent, ornent le couvercle de la boîte ; elles sont montées de manière à laisser voir à l'intérieur leur revers : l'une est la tête de Démétrius Ier, roi de Macédoine... l'autre est la tête d'Antiochus Hiérax, prince de la dynastie des Séleucides.

N° 32. — Tabatière ovale en écaille garnie en or, ornée de trois médailles antiques. — Donnée par le Cabinet des médailles.

Inventaire de 1821, n° 11 : Tabatière ovale en écaille doublée on or, ornée de trois médailles en or parmi lesquelles se trouve celle de César.

Léguée à son fils.

N° 33. — Tabatière octogone en écaille garnie en or ornée de quatre médailles antiques. — Donnée par le Cabinet des médailles.

Inventaire de 1821, n° 4 : Tabatière ovale long, en écaille doublée en or, ornée de quatre médailles où se trouvent Jules César et Timoléon. L'Empereur s'est souvent servi de celle tabatière.

État du mobilier : Tabatière ovale, quatre médailles en argent : Regulus, Sylla, Pompée, Jules César.

Léguée à son fils.

N° 34. — Tabatière carrée en or ornée d'une pierre de silex faisant médaillon. — Donnée par la Reine de Naples.

Inventaire de 1821, n° 9 bis : Petite boîte à odeurs en or, ornée du portrait cornaline de la Reine de Naples.

Léguée à son fils.

Cette petite boîte aurait été prise, à la douane, à M. le comte de Montholon lorsqu'il rentra en France.

N° 35. — Tabatière octogone en or ornée de deux médaillons représentant les Princesses d'Espagne. — Donnée par la Reine d'Espagne.

Inventaire de 1821, n° 20 : Tabatière en or garnie de deux portraits : nièces de l'Empereur, filles du Roi Joseph.

Léguée à son fils.

N° 36. — Tabatière ovale en écaille garnie en or, ornée du portrait de S. M. l'Impératrice. — Envoyée de Vienne au moment du mariage.

Inventaire de 1821, n° 31 : Tabatière en écaille doublée en or. Portrait de l'Impératrice Marie-Louise, tabatière que portail souvent l'Empereur.

Léguée à son fils.

Au MUSÉE DES SOUVERAINS, sous le n°217, figurait une tabatière dont voici la description :

Tabatière de l'Empereur Napoléon Ier, donnée au Musée des Souverains par l'Empereur Napoléon III. Longueur 0,094mm, largeur 0,046.

De forme ovale, elle est d'écaillé et doublée d'or. Le portrait de l'Impératrice Marie-Louise dont elle est ornée a été fait par Isabey. La date du 2 AVRIL 1810, incrustée en lettres d'or au dessous du portrait, rappelle l'un des jours de la semaine qui a suivi la célébration du mariage de l'Empereur ; le chiffre incrusté en or et en argent au dessus du portrait, est composé des lettres N et L, initiales des noms de Napoléon et de Marie-Louise.

La tabatière, qui fut un cadeau de la jeune Impératrice à son glorieux époux, avait été faite chez M. E. Milot, dont le nom est gravé sur la gorge de l'intérieur.

Il a dû se glisser dans cette notice un certain nombre d'erreurs et il est difficile de concilier la note du n° 36 de l’Inventaire de 1811 avec la note n° 31 de l'Inventaire de 1821. La date du 2 avril 1816 n'est point destinée, comme on l'a dit, à rappeler un des jours de la semaine qui a suivi la célébration du mariage, mais elle consacre la date même du mariage religieux. Celle tabatière a été fournie à Marie-Louise, par Nitot, joaillier, le 11 septembre 1810. Une tabatière en écaille noire, doublée d'or et enrichie du portrait de Sa Majesté dans un cadre ciselé. Cette boite est ornée du chiffre de LL. MM. et d'une légende en or incrustée sur le couvercle.

Pour or, façon, fourniture de la boite d'écaillé et du cristal de roche et étui : 596 fr.

Le portrait, par Isabey, a dû être payé comme d'ordinaire : 600 fr.

N° 37. — Tabatière ovale en écaille garnie en or, ornée du portrait de S. M. le Roi de Rome. — Donnée par l'Impératrice Marie-Louise.

Inventaire du 16 avril 1821 n° 2 : Le Roi de Rome enfant, miniature d'Isabey, tabatière en écaille doublée en or, dont l'Empereur a lait usage pendant plusieurs années.

Léguée à son fils.

Cette tabatière d'écaillé noire doublée d'or, ornée d'un cadre ciselé émaillé avec le portrait du Roi de Rome, a été fournie par Nitot à Marie-Louise, le 29 février 1812, et payée 600 francs.

N° 38. — Tabatière ovale en écaille garnie en or, avec une pierre gravée. — Donnée par le Cabinet des Médailles.

État du mobilier, 9 mai 1821 : Une boîte de chagrin rouge contenant une tabatière avec camée antique.

L'Inventaire de 1811 contient donc de plus que l’Inventaire de 1821 les numéros 3, 4, 5, 19,28, 29, 30 et 38, qui ne sont point assimilés, ou n'ont point été retrouvés.

Par contre, l’Inventaire du 16 avril 1821 énumère les objets suivants qui, depuis 1811, ont été achetés par l'Empereur ou qui, par diverses causes, se trouvaient entre ses mains au moment de sa mort :

N° 3. Portrait orné de perles de l'Impératrice Joséphine, première femme de l'Empereur.

Ce portrait appartenait a la comtesse Bertrand. L'Empereur le lui fit demander pour que M. Marchand le copiât, et le porta lui-même sur son inventaire. Marchand ne put donc le rendre a la comtesse lorsqu'elle le lui réclama, l'Empereur l'ayant compris dans les objets à remettre à son fils.

N° 6. Petite boîte à cure-dents en ivoire, ornée du portrait de Madame, envoyée à l'Empereur pendant son séjour à Sainte-Hélène.

N° 12bis. Petite boite carrée en or garnie d'une agate.

Désignée dans l'État du mobilier : Tabatière surmontée d'une agate.

N° 15. Tabatière en lapis, ornée d'un camée, portrait de l'Empereur Napoléon.

N° 25. Tabatière en or, portrait du Roi Joseph, frère de l'Empereur.

N° 28. Tabatière en écaille doublée en or, ornée d'une tête en or d'Alexandre, la seule qui existe.

L'Empereur avait pourtant cette boîte dès avant 1809 où, en janvier, Biennais répare, moyennant 18 francs : Une boîte d'écaillé cintrée, où est une tête de Mars en or.

N° 30. Bonbonnière en écaille : Le Roi de Rome priant Dieu pour son père et la France.

On sait que cette miniature, popularisée par la gravure, a été exécutée en 1814.

Sans numéro. Inventoriée dans la deuxième boite à tabatières remise à Marchand.

Douze boites en or, ornées d'un N en or couronné.

Ce sont des boîtes de présents.

Une boite en pierre de Russie, ornée intérieurement d'un portrait.

Une boîte en ivoire ornée des portraits de Louis XVI, la Reine et la Dauphine.

Une boite ronde en écaille, une chasse à Fontainebleau.

Une boîte en or, ornée d'un paysage en ivoire.

Ces boîtes ont été trouvées dans le Cabinet du Roi lors des Cent-Jours.

Cinq boîtes se trouvaient dans le tiroir de la table de Louis XVIII, dit Marchand. L'une en malachite doublée en or, avait à l'intérieur le portrait de Madame de Savoie, femme de ce prince : l'autre, en écaille, offrait la vue d'une chaise à Fontainebleau ; la troisième, un paysage en ivoire, ouvrage de Dieppe, sur une boîte d'or émaillé ; la quatrième, en écaille noire, avait sur son couvercle un saule en ivoire, représentant la Reine, Louis XVI, le Dauphin et la Dauphine. Des chœurs d'anges environnaient cet ouvrage. La cinquième était une boite d'or, émaillée, renfermant une médaille du Roi, nouvellement frappée, et une médaille en argent de Pie Vil. L'Empereur me remit ces tabatières en me disant d'en prendre soin. Elles sont allées à Sainte-Hélène, et depuis, remises à la Famille impériale après la mort du Roi de Rome.

La cinquième boite ne se retrouve ni dans l'Inventaire de 1821, ni dans l'État du mobilier.

 

NOTES SUR LES TABATIÈRES ORNÉES DE MÉDAILLES PROVENANT DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

 

M. Du Mersan, auteur des Saltimbanques et conservateur du Cabinet des Médailles, a, dans une brochure publiée en 1838 accusé l'Empereur d'avoir dépouillé à son profit cet établisse ment national. Il est vrai que le même Du Mersan, dans uni autre brochure publiée on 1844, a fort atténué les termes de son réquisitoire, et simplement regretté que Napoléon ai accepté les médailles qui lui étaient offertes. En combinant ses diverses affirmations, dont plusieurs sont contradictoires on pourra sans doute rétablir la vérité et, du même coup, on découvrira peut-être à quelles effigies sont les médailles non décrites qui ornaient les tabatières inventoriées sous les n° 11, 14, 15, 31,32, 33 et 38.

En 1803, dit M. Du Mersan, les Consuls de la République font livrer, par les Conservateurs du Cabinet des médailles antiques offrant quelques allusions aux vertus dont ils st regardaient comme les types. Le Premier Consul obtint un Marc-Aurèle, un Antonin et un Hadrien. Je ne sais pourquoi on y joignit un Domitien.

Le 13 février 1809, M. de Rémusat, maître de la garde robe autorisé par le Ministre de l'intérieur, vient choisi] des médailles d'or pour orner une tabatière destinée à Sa Majesté. Il prend les médailles des plus illustres conquérants et des fondateurs de dynastie : celles de Ptolémée, fils de Lagus, fondateur de la monarchie grecque en Egypte ; Démétrius Poliorcète ; Antiochus le Grand ; Mithridate Ier, conquérant de la Médiè ; Phraate II, vainqueur de Démétrius et d'Antiochus ; enfin, celles de Titus, de Trajan, de Septime Sévère et de Constantin.

Dans la visite que Napoléon, accompagné de Marie-Louise, fait à la fin de 1810 au Cabinet des Médailles, il demande à voir les médailles de divers chefs de dynasties : Séleucus Nicanor, Ptolémée Lagus, César, Pompée, Mithridate, Constantin, Démétrius Poliorcète, Antiochus le Grand, Phraate II roi des Parthes. On les lui offre : elles ornent une tabatière.

Voilà donc, d'après M. Du Mersan, d'une part, quatre médailles prises par le Consul en 1803, cinq et quatre en 1809, onze en 1810. A la vérité, ici, M. Du Mersan est moins affirmatif. Dans sa brochure de 1838, il omet cette visite, et il fait d'autant mieux que plusieurs des médailles désignées par lui comme ayant été offertes en 1810, auraient fait double emploi avec celles choisies par Rémusat en 1809.

Il est plus que vraisemblable que les trois médailles de 1803 sont celles qui ornent la tabatière n° 15.

Quant aux médailles choisies en 1809, deux figurent, comme on l'a vu ci-dessus, sur la boite n° 31. Une boite d'écaillé noire doublée d'or, avec deux médailles d'argent montées dessus, et cercles ciselés dessus et dessous, livrée par Biennais en septembre 1809, et payée 560 francs.

Mais en même temps Biennais livre :

Une boite d'écaillé noire doublée d'or, de forme carré long, arrondie par les bouts, montée de trois médailles d'argent encadrées de cercles d'or ciselés et, par dessous, des glaces pour empêcher le tabac de passer ; prix 590 francs.

C'est bien probablement la boîte n° 15.

Une autre boite de même genre, mais à pans, ayant sur le couvercle quatre médailles d'or avec cercles d'or ciselés ; prix, 595 francs.

C'est ici incontestablement la boîte octogone n° 33.

Restent a trouver les boites n° 11, 14 et 32. La note suivante, rédigée par Visconti, vraisemblablement sur la demande du Grand-maréchal ou de M. de Rémusat, pourra mettre sur la trace et aider à les assimiler.

 

NOTE DE QUELQUES MÉDAILLES D'OR ET D'ARGENT PROPRES A ORNER LES TABATIÈRES DE SA MAJESTÉ ET REPRÉSENTANT DES PORTRAITS DE GRANDS HOMMES.

ROMAINS

Argent petit module. — Romulus ; Numa ; Scipion l'Africain ; Marcellus, le vainqueur de Syracuse ; Sylla ; Agrippa.

Or petit module. — Auguste ; Titus ; Trajan ; Hadrien, grand protecteur des Arts ; Antonin Pic ; Marc-Aurèle ; Septime Sévère ; Aurélien, le vainqueur de Palmyre ; Probus, Constantin le Grand.

ROIS GRECS

Médaillons d'argent. — Ptolémée, fils de Lagus, fondateur de la monarchie grecque en Egypte ; Lysimaque ; Démétrius Poliorcète Attale Ier, roi de Pergame, vainqueur des Gaulois en Asie ; Attale II, guerrier distingué et grand protecteur des lettres et des arts ; Antiochus le Grand.

Médailles d'argent, petit module de moyenne forme. — Gélon, roi de Syracuse et vainqueur des Carthaginois en Sicile ; Mithridate Ier roi des Parthes, conquérant de la Médie et d'une partie de la Bactriane ; Phraate II, roi des Parthes, vainqueur de Démétrius et d'Antiochus VII.

On a omis des portraits que Sa Majesté a déjà sur ses tabatières, ainsi qu'Alexandre le Grand, Mithritade IV, roi du Pont, César, etc.

On retrouve ici tous les noms cités par M. Du Mersan : il est vraisemblable seulement que les boites où figurent les médailles choisies par Rémusat sur les indications de Visconti, ne furent point confectionnées immédiatement.

En prenant les choses au pied de la lettre, en admettant que M. Rémusat ait emprunté au Cabinet les deux médailles de la boite n° 31, il résulte des inventaires que Napoléon n'a eu sur ses tabatières que 26 médailles et un camée, savoir :

Boite n° 11. — 5 médailles antiques.

Boite n° 14. — 5 médailles antiques.

Boite n° 15. — 3 médailles antiques.

Boite n° 25. — 2 médailles modernes.

Boîte n° 26. — 2 médailles modernes.

Boite n° 31. — 2 médailles antiques.

Boîte n° 32. — 3 médailles antiques.

Boite n° 33. — 4 médailles antiques.

Boîte n° 38. — 1 camée antique.

Par conséquent, en admettant qu'il les ait toutes reçues du Cabinet des Médailles, voilà le tort qu'il a fait à ce dépôt public.

Après Tilsitt, par un seul de ses dons, il l'avait enrichi de 8.465 médailles antiques et quatre volumes in-folio suffisent à peine a établir le compte de ce qu'il y a fourni de 1796 à 1814.

 

C. — Autres Bijoux.

 

N° 1. — Un médaillon d'agate onyx représentant une tête d'Empereur avec un aigle au revers.

En note (1814 ?). Donné au Grand Écuyer. (Caulaincourt.)

N° 2. — Un médailler contenant des pièces de monnaie.

Donné par le Vice-roi. (Inventaire en 1814.)

Ce sont les monnaies d'Italie qui ont été mises dans le cercueil.

N° 3. — Une boite eu velours brodé en or, renfermant trois, médailles : (Or, argent, bronze).

En note (Inventaire en 1814) : donnée par la ville de Paris.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 4. — Une boîte en maroquin renfermant quatre médailles : Deux en or, deux en argent.

En note (Inventaire en 1814) : donnée par la ville de Paris.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 5. — Une boîte en maroquin renfermant deux médailles : une en or, une en argent.

En note (Inventaire en 1814) : donnée par la ville de Paris.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 6. — Quatre paires de boucles de souliers en or.

Dans l'Inventaire du 16 avril 1821. Troisième boite : Une paire de boucles à souliers dont se servait l'Empereur a Sainte-Hélène.

Léguée à son fils.

Dans l'État du mobilier (5 mai), en outre : Une de boucles à souliers.

L'Empereur la lègue au prince Joseph.

Biennais taisait payer à l'Empereur la paire de boucles de souliers en or, 563 francs.

N° 7. — Six paires de boucles de jarretières en or.

Dans l'Inventaire du 16 avril 1821. Troisième boîte : Une paire de boucles de jarretières.

Léguée à son fils.

Dans l'État du mobilier, en outre : Une paire de boucles à jarretières.

L'Empereur la lègue au prince Lucien.

Biennais faisait payer la boucle de jarretière en or, chape en or, 29 francs ; chape en acier, la paire, 33 francs.

N° 8. — Deux paires de boucles de col en or.

Dans l'Inventaire du 16 avril 1821. Troisième boite. Une paire de boucles de col, en or.

Léguée à son fils.

Dans l'État du mobilier, en outre : Une boucle de col.

L'Empereur la lègue au prince Jérôme.

N° 9. — Une agrafe en diamants.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 10. — Trois montres en or à répétition.

A Sainte-Hélène, l'Empereur n'avait plus que deux montres, ainsi désignées, dans l'Inventaire du 16 avril :

Deux montres de l'Empereur en or, l'une ayant une chaîne de cheveux de l'Impératrice, Marie-Louise, un petit cachet avec une N couronnée ; l'autre, sans chaîne ni cachet.

L'Empereur les lègue à son fils et ordonne que Marchand fera faire à Paris une chaîne de ses cheveux pour la seconde montre.

Le 1er janvier 1819, l'Empereur avait donné, au Grand-Maréchal Bertrand, une de ses montres en or, en lui disant : Tenez, Bertrand, elle sonnait deux heures de la nuit à Rivoli, quand je donnai ordre à Joubert d'attaquer.

En quittant l'Ile d'Elbe, au moment ou Marchand dressait l'inventaire des objets qu'il laissait à Madame Mère, l'Empereur, trouvant sous sa main une montre de Lapine, semblable à celle qu'il portait : Prends cette montre, dit-il, je te la donne. Elle date de mon Consulat. A cette montre était attachée une chaîne en or et une clef.

C'était cette montre que M. Marchand avait offerte au Musée des Souverains, où elle figurait sous le n°382. M. Barbet de Jouy n'en a malheureusement pas donné la description.

On ne trouve, se rapportant aux montres, que l'indication des réparations faites, en février et avril 1806, par Mugnier, aux diverses montres de Sa Majesté, dont une grosse montre de voiture, 336 francs. Il faut noter en passant que si cette montre d'argent que nous croyons assimilée à l'une des deux, du n° 14, est la montre de voilure, réparée par Mugnier, en février et Avril 1806, elle ne saurait Cire, comme le dit Marchand, le réveil-matin du Grand Frédéric. Pourtant dans l'Inventaire de hies effets que Marchand doit garder pour remettre à mon fils, l'Empereur dit bien : Mon réveil-matin. C'est le réveil-matin de Frédéric II, que j'ai pris à Postdam (dans la boite n° 3), et il ne se trouve, dans l'inventaire de la boîte, aucune autre montre d'argent que celle-ci.

N° 11 — Une montre à quatre cadrans.

Inventaire en 1814 : donné à Murat à Smolensk, le 10 novembre 1812.

N° 12. — Trois chaînes de montre en or.

Voir ci-dessus, n° 10, pour une de ces chaînes.

N° 13 — Quatre clefs de montre.

Voir ci-dessus, n° 10 :

N° 14. — Deux montres en argent à sonnerie.

Inventaire du 16 avril 1821. Une grosse montre d'urgent, cette montre se mettait dans la voiture de l'Empereur en campagne. La clef est attachée par une chaîne d'or. Cette montre est léguée, par l'Empereur, à son fils. Elle a été donnée au prince Victor Napoléon, par le duc de Padoue qui la tenait de son père.

Marchand ajoute à la note dictée par l'Empereur : C'est le réveil-matin du Grand Frédéric. Cette assertion se trouve en contradiction avec la note ci-dessus, n° 10.

L'autre montre ne se retrouve pas en 1821.

N° 15. — Trois flacons de chasse en argent.

État du mobilier, 5 mai 1821. Trois flacons à eau-de-vie, dont deux en argent et un en vermeil.

État dressé, par Marchand, pour le Roi de Rome : Deux flacons à eau-de-vie, en argent, que portait le chasseur en campagne et un autre en chagrin vert. Ce dernier flacon porté sur l'état : flacon en vermeil, n'a de vermeil que l'anneau. Le corps du flacon est en maroquin vert. Il est resté aux mains de M. de Montholon.

Légués à son fils.

N° 16. — Douze paires d'éperons en argent.

Au 5 mai 1821, il ne restait à l'Empereur que trois paires d'éperons en argent. Une paire fut mise à ses bottes, dans le cercueil, deux légués à son fils, un éperon isolé échut, dans le partage, à Marchand. L'Empereur avait quatre paires d'éperons en arrivant à Sainte-Hélène, mais il en avait donné une paire à Las-Cases, le 10 janvier 1816 ; les éperons qui lui avaient servi dans la campagne de Dresde et dans celle de Paris : Tenez, mon cher, lui dit-il, voilà pour vous, ils m'ont servi à Champaubert. Un de ces éperons, donné par M. le baron E. de Las Cases à J.-B. Lousada, jun esq. figurait au Musée des Souverains, sous le n° 208. Il mesurait 0,110 de long et 0,070 d'ouverture.

La paire d'éperons fournie par Biennais coûtait 54 francs.

N° 17. — Deux étuis de ciseaux en vermeil.

Ne se retrouvent pas en 1821.

N° 18. — Quatre petites lorgnettes.

Inventaire du 16 avril 1821 : 1° Deuxième boîte des tabatières : Deux petites lunettes dont se servait l'Empereur aux armées.

2° Troisième boîte. Une petite lorgnette du nombre de celles donl se servait l'Empereur aux armées.

Léguées à son fils.

État du mobilier, 5 mai. En dehors de ces trois petites lorgnettes inventoriées avec les tabatières : Une petite lorgnette attribuée, dans le partage, au comte Montholon.

Ces lunettes peuvent être celles qui furent fournies par Lerebours, en septembre et octobre 1806 : Deux lunettes en vermeil de 21 lignes, à tirages, coûtant 440 francs ; deux lunettes de 18 lignes, coûtant 360 francs.

N° 19. — Deux tuyaux de pipes en bois de jasmin avec bout d'ambre.

Ne se retrouvent pas dans les inventaires de Sainte-Hélène.

N° 20. — Deux pièces d'étoffe de Perse.

État du mobilier, 5 mai : Deux pièces de drap d'or de Constantinople. Point de désignation d'attribution dans le partage des effets.

N° 21. — Quatre tapis de Turquie.

L'Empereur a sans doute disposé de deux de ces tapis : il ne se souvient, en tout cas, que de deux, qui sont déposés, à Paris, chez le comte de Turenne et qu'il lègue, l'un à la Reine de Naples, l'autre à la Reine Hortense.

 

D. — Objets divers

 

N° 1. — Deux grands nécessaires un vermeil.

L'un de ces nécessaires est nécessairement celui que l'Empereur lègue à son fils et qu'il désigne en ces termes : Mon nécessaire d'or, celui qui m'a servi le matin d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau, de Friedland, de l'Ile Lobau, de la Moskowa, de Montmirail ; sous ce point de vue, je désire qu'il soit précieux à mon fils. (Le comte Bertrand en est dépositaire depuis 1814.)

Ce nécessaire renferme trois séries d'objets : 1° Objets pour le travail du cabinet, au nombre de seize.

2° Objets pour la toilette, au nombre de quarante-neuf.

3° Objets pour la bouche, au nombre de quarante-quatre.

On n'a point le prix qu'il a été payé à Biennais : certains des objets qui le composent sont marqués d'un B, ce qui prouve qu'ils ont été achetés antérieurement à l'Empire. La plus grande partie des objets portent pourtant les armes impériales, mais, si l'Empereur, comme il le dit, s'en est servi pendant la campagne de l'an XIV, c'est tout an début de l'an XIII qu'il l'a fait compléter, et la facture n'a point été encore retrouvée. Toutefois, on peut s'en faire une idée si l'on se souvient qu'un nécessaire acheté par l'Empereur, au retour d'Espagne, en 1809, et composé seulement de soixante-huit pièces, dont dix-neuf pour la bouche, a été payé à Biennais 4 062 francs.

Ce nécessaire, avant d'arriver au Musée de la ville de Paris, où il est aujourd'hui conservé, cul toute une histoire. Voici ce que raconte le Grand-maréchal : En avril 1814, l'Empereur avait chargé M. de Turenne, maître de sa garde-robe, d'examiner ses nécessaires et d'en choisir un dont il voulait me faire présent. M. de de Turenne proposa à Sa Majesté de me donner son grand nécessaire qui était peu portatif. L'Empereur m'en fil gracieusement cadeau. En 1815, à Rochefort, lorsqu'il avait dit qu'il lui serait agréable que je fisse venir son grand nécessaire des batailles, et qu'il m'en paierait la valeur. Je répondis que je le ferais venir très volontiers, puisque telle était sa volonté, mais que j'attachais trop de prix à ce beau présent pour renoncer à en être propriétaire. L'Empereur, animé dans ses derniers moments du désir d'environner son fils de tous les souvenirs qui pouvaient lui rappeler la gloire de son père, exprima l'intention que ce meuble fût joint à tous les autres objets qu'il laissait à son unique descendant légitime. Après la mort du Roi de Rome, le Grand, maréchal considéra que le nécessaire, — et, bien plus, les armes de l'Empereur ! —étaient devenues sa propriété personnelle. Il disposa des armes et du nécessaire au mépris des droits incontestables de la famille de Napoléon, et, malgré les protestations du Roi Joseph, il remit, le 4 juin 1840, les armes de l'Empereur à Louis-Philippe et fit, le même jour, don du nécessaire à la ville de Paris.

Ce nécessaire fut déposé, en 1853, au Musée des Souverains, tout en restant la propriété de la ville et, après que le Musée des Souverains eut fait place au Musée Thiers, il fut restitué à la ville, et fit partie du Musée Carnavalet.

J'ignore la destinée du second grand service en vermeil. Un fut acheté à Biennais, en janvier 1809 ; les pièces sont contenues dans un coffre en acajou massif, à portant incrusté, avec serrure en trèfle. Tous les objets sont en argent vermeille ; ils sont d'ailleurs fort simples d'ornementation et la seule pièce où la ciselure semble jouer un rôle est le plateau pour le déjeuner, avec bordure à aigles et couronnes. Les autres pièces, quoique fort bien exécutés, ne sortent point du courant de la fabrication de Biennais et ne se distinguent que par les armoiries impériales dont elles sont timbrées. Ce nécessaire coûte 4.062 francs. Mais sur la même facture de Biennais on trouve celle indication : Mis en état le grand nécessaire, le nécessaire de vermeil, deux petits nécessaires de portemanteau. Donc, le nécessaire de vermeil existait avant 1809, et ce n'est point celui qui a été fourni à cette date.

N° 2. — Trois grands nécessaires en argent.

Un de ces nécessaires est vraisemblablement celui que l'Empereur désigne sous le n° 4 du § III de l'État A : Mon nécessaire de toilette et dans l'Inventaire des effets que Marchand doit remettre au Roi de Rome : Mon nécessaire d'argent, celui qui est sur ma table garni de tous ses ustensiles, rasoirs, etc. Marchand ajoute cette note : Plusieurs pièces manquent a ce nécessaire dont l'Empereur, depuis longtemps, ne se servait pas à Paris. La boite, qui contient le cœur de l'Empereur, enfermée dans le tombeau, appartient à ce nécessaire. Ce nécessaire est légué par Napoléon à son fils.

On trouve deux grands nécessaires d'argent que l'Empereur achète postérieurement à 1809, l'un de 1.200 francs, l'autre, bien plus complet, de 3.730 francs 94 centimes, mais, a défaut de renseignements détaillés sur le nécessaire légué par l'Empereur à son fils, il serait hasardé de tenter une assimilation.

N° 3. — Sept petits nécessaires de portemanteau.

Il ne se trouve, dans l'Inventaire du 5 mai, aucune indication relativement à ces nécessaires de portemanteau et il est certain qu'il ne se trouvait aucune boîte de ce genre à Sainte-Hélène. Pourtant le nombre en était singulièrement multiplié : l'Empereur en a acheté plus de douze en très peu d'années. Chacun coûte 400 francs (un seul 450). Ce genre de nécessaire est du type courant, avec double fond pour les flacons et les boîtes à éponges, etc., et tablette supérieure pour la coutellerie, réduite à très peu d'objets. Le Prince Victor-Napoléon possède le compartiment supérieur d'un nécessaire de ce type ; il le tient du duc de Padoue, mais celui-ci faisait erreur lorsqu'il pensait que ce nécessaire avait servi à l'Empereur à Sainte-Hélène. On peut en voir la reproduction dans le Figaro Illustré du mois d'avril 1890.

N° 4. — Un nécessaire contenant un déjeuner complet.

Ne se retrouve pas dans l'Inventaire de 1821.

N° 5. — Deux bidets en vermeil.

État du mobilier, 5 mai 1821 : Un bidet et une seringue en vermeil. L'Empereur lègue expressément à son fils son bidet de vermeil, mais dans l'État, dressé par Marchand, des effets dont il est dépositaire, on trouve seulement : Un bidet, la cuvette en plaqué et la seringue en vermeil.

En août et septembre 1808, Biennais fournit : un bidet en argent vermeil, la seringue et ses canons, la cuvette, la boite à éponge, le tout en argent doré, deux flacons en cristal taillé à diamants et les armes gravées sur toutes les pièces : 1.904 francs. Le coffre d'acajou avec ornements de cuivre incrustés, serrure et sabots dorés et l'étui en peau de vache doublée en serge, 452 francs.

Je ne trouve point de fourniture du second.

N° 6. — Un bidet en argent.

État du mobilier, 5 mai 1821 : Deux bidets ordinaires avec cuvettes en plaqué, attribués un à Montholon et un à Marchand.

En janvier 1809, Biennais remet à neuf le bidet eu argent et son coffre : 60 francs.

N° 7. — Un bidet en étain.

Peut-être le second bidet à cuvette en plaqué ci-dessus.

En janvier 1809, fourni par Biennais, un bidet en acajou, cuvelle argentée, seringue en étain fin, compartiments en peau. 300 francs.

N° 8. — Une seringue en argent.

État du mobilier, 5 mai 1821 : deux seringues d'argent.

N° 9. — Trois pots de nuit en vermeil.

État du mobilier, 5 mai 1821 : Un pot de chambre en vermeil. L'Empereur lègue à son fils : Mes tables de nuit, celles qui me servaient en France. Marchand, dans l'État des effets dont il est dépositaire, signale : Deux tables de nuit de campagne avec accessoires.

En 1806, Biennais fournit un pot de chambre en argent vermeil de 501 francs ; en 1809, un pot de chambre en argent vermeil avec les armes de 424 fr. 40 centimes.

N° 10. — Une seringue en argent. (Voir n° 8.)

N° 11. — Une bassinoire en argent.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 12. — Deux bassinoires en cuivre.

Ne se retrouvent pas en 1821.

N° 13. — Deux lampes de nuit en argent.

Ne se retrouvent pas en 1821.

N° 14. — Deux cassolettes en vermeil pour les parfums.

État du mobilier, 5 mai 1821 : Une cassolette en vermeil.

Léguée par l'Empereur à son fils.

N° 15. — Une cassolette en argent pour les parfums.

Ne se retrouve pas en 1821.

N° 16. — Quatre boites à rasoirs.

Biennais répare, en 1809, deux bottes à six rasoirs chacune et les double en velours vert — de même pour deux boites à douze rasoirs — ce qui fait bien les quatre boîtes en question.

D'autre part, en 1821, il se trouve dans l'État du mobilier une boîte de rasoirs qui est partagée entre Marchand et Montholon.

N° 17. — Trois grandes boîtes à tabac fermant à clef.

L'Empereur lègue à son fils : Une petite boite pleine de son tabac et Marchand précise : Une petite boîte en acajou contenant du tabac. Est-ce l'une de ces boîtes ?

N° 18. — Une boite en chêne pour le tabac contenant 12 kilogrammes.

Non retrouvée en 1821.

N° 19. — Quatre rondins en étain pour le tabac.

Le 30 mars 1809, Boicervoise, potier d'étain, a fourni cinq boîtes en étain garnies de leurs bouchons et clés à vis, coûtant ensemble 54 francs et contenant 3 kilos 250 grammes de tabac.

N° 20. — Une boîte en acajou pour le bois d'aloès.

Non retrouvée en 1821.

N° 21. — Deux sacs de maroquins pour le bois d'aloès.

Non retrouvés en 1821.

Le bois d'aloès coûtait 72 francs l'once et était fourni par Biennais. L'Empereur en faisait une grande consommation dans les cassolettes à parfum.

 

 

 



[1] Signée par lui au Musée Condé.