Napoléon arrive le 13 juin à Toulon avec tous les siens. Il établit sa famille à La Valette, petit village aux portes de la ville[2], et va rejoindre à Nice la portion du 4e régiment d'artillerie qui s'y trouve détachée. A Nice, il rencontre par fortune, le frère de son ancien général d'Auxonne, Jean du Teil[3], qui s'est prononcé pour la Révolution, tandis que son frère, Jean-Pierre, a quitté le service. Du Teil fait employer Napoléon au service des batteries de côte et c'est en cette qualité, peut-être comme aide de camp du général pour cette partie, que Bonaparte écrit, le 3 juillet, au ministre de la Guerre[4]. Au commencement de juillet[5], il reçoit de son général l'ordre d'aller à Avignon pour y chercher, soit des pièces d'artillerie appartenant à son régiment, soit des munitions de guerre que l'on craint de voir tomber aux mains des fédéralistes marseillais, révoltés contre la Convention à la suite du coup d'Etat du 31 mai. Napoléon se trouve dans l'impossibilité de remplir sa mission puisque Avignon, le Pont-Saint-Esprit et toute la basse Durance sont aux mains des insurgés ; il apprend la marche du petit corps conventionnel, détaché de l'armée de Lyon aux ordres de l'adjudant général Carteaux pour combattre les insurgés, et il vient, se mettre, sans doute de lui-même, à la disposition de Carteaux. Carteaux est parti de Valence le 9 juillet avec le 2e bataillon du 59e, le 3e bataillon des Basses-Alpes, un détachement de 49 hommes du 5e de cavalerie, 95 dragons allobroges, le 1er bataillon du mont Blanc et deux compagnies d'artillerie, l'une du 1er de la Lozère, l'autre légère aux ordres du capitaine Dommartin. Il a été rejoint à Montélimar, le 11 juillet, par la Légion allobroge, au Pont-Saint-Esprit, le 14, par le 1er bataillon du 59e[6]. Toutes ces unités sont organisées et ont leurs officiers. On ne voit donc pas quel commandement pourrait échoir à Bonaparte. Mais, on est en droit de penser que Carteaux, qui, le 15 juillet, est arrivé au Pontet, en face d'Avignon, et s'y est arrêté plusieurs jours, a, en vue d'une diversion, dirigé par la rive droite du Rhône une petite colonne composée du deuxième bataillon du 59e, de seize canonniers et de deux pièces longues de quatre ; et qu'il a mis Napoléon à la tête de cette artillerie[7]. Le 25, à deux heures du matin, Carteaux prononce contre Avignon l'attaque principale ; Dommartin, n'ayant que du 8 de campagne à opposer à du 24 et à du 18, envoie quelques bombes avec une pièce de canon démontée qui ne pouvait servir qu'à cela ; après un feu de six heures sans résultat, la petite armée conventionnelle, se croyant battue, se retire en assez bon ordre et rentre à son camp du Pontet. Il est cinq heures du soir. Une dame Tournal dont le mari, ami des représentants Mainvielle et Duprat, a été arrêté à Avignon par les Marseillais, arrive toute essoufflée au camp et annonce que l'armée fédéraliste évacue la ville, emmenant les habitants suspects qu'elle a faits prisonniers. On s'inquiète, on vérifie, et les Conventionnels vont camper sous les remparts d'Avignon où ils entrent le lendemain. On affirme[8] que c'est Napoléon qui a déterminé cette retraite. Ayant passé le Rhône avec son détachement au Bac de Roquemaure, il a marche par la rive droite, à travers les bois de Fours, sur Villeneuve-lès-Avignon. Il a traversé Villeneuve sans être inquiété et est venu mettre ses deux pièces en batterie sur une petite colline aride, appelée le Rocher de la Justice, qui surplombe le cours du Rhône et voit en entier le rocher des Doms sur la rive gauche, où les Marseillais ont établi leur artillerie. Vers les onze heures du matin, c'est-à-dire au moment où l'attaque de Carteaux faiblit, Napoléon, pointant lui-même ses pièces, a, du premier coup, démonté un canon des Marseillais, du second, tué et blessé deux artilleurs ; les Fédéralistes n'ont point attendu la cinquième bordée pour cesser leur feu, rentrer en ville et battre en retraite sur Saint-Remy[9]. Carteaux ayant fait son entrée à Avignon le 26, est rejoint le 27 par la colonne dont Bonaparte fait partie[10]. Celle-ci repart le 28 pour Tarascon et est, le 29, à Beaucaire. On présume que Napoléon marche avec cette colonne parce que la brochure qu'il va publier : Le souper de Beaucaire est, en l'édition Panckoucke laquelle a servi de type à toutes les éditions ultérieures, datée du 29 juillet 1793, qu'on sait que Beaucaire a été occupée le 29 et qu'on présume que Napoléon a réellement pris part à la conversation qu'il rapporte. Mais n'est-ce pas là surtout, et peut-être uniquement, un cadre ingénieusement choisi pour faire choquer les diverses opinions, mettre aux prises les interlocuteurs qui se peuvent rencontrer en une ville foraine telle que Beaucaire, et, selon la méthode platonicienne, obliger les adversaires à tirer eux-mêmes les conclusions de l'exposé des faits ? Ne peut-on penser que Bonaparte, ayant exposé le plan de son pamphlet aux Représentants et à Carteaux, resta à Avignon pour l'écrire et le faire imprimer, d'abord chez Sabin Tournal, imprimeur du Courrier d'Avignon, puis chez Marc Aurel, imprimeur de l'Armée ? Si l'on admet qu'il est venu à Tarascon et à Beaucaire, peut-on croire qu'il ait continué la campagne contre Marseille avec l'armée de Carteaux, et que ce ne soit qu'après la prise de Marseille qu'il soit revenu à Avignon pour faire imprimer sa brochure ? Elle n'aurait eu alors aucune actualité et les Représentants n'eussent point fait les frais d'une édition. Il est bien plus vraisemblable que Napoléon, ayant reçu l'ordre, soit de rester à Avignon[11], soit d'y retourner, de Beaucaire, pour organiser un parc de siège, ou simplement pour prendre enfin livraison des pièces et des munitions qu'il devait conduire à Nice, eut l'idée de cette brochure, la fit imprimer, l'adressa aux Représentants qui se trouvaient maintenant en nombre dans le midi et parmi lesquels était Saliceti[12]. On peut croire que Saliceti, en complète sympathie d'idées avec ses collègues Albitte, Escudier, Nioche, Ricord, Gasparin et Robespierre jeune, s'empressa de faire valoir l'œuvre de son compatriote et ami. Néanmoins, Napoléon ne fut point à ce moment mis en réquisition par les Représentants. On peut croire qu'il resta à Avignon d'où, en août, il sollicitait du ministre de la Guerre une place de lieutenant-colonel d'artillerie à l'armée du Rhin[13]. S'il avait été appelé à l'activité par Saliceti et les représentants à l'armée des Alpes ou d'Italie, il n'eût point demandé ailleurs un commandement. On a pensé d'autre part que, d'Avignon, Napoléon était venu à Marseille, où il avait retrouvé sa famille[14], mais l'on n'en a aucune preuve. Il est beaucoup plus vraisemblable que Napoléon toujours en mission pour recueillir des munitions et former le convoi destiné à l'armée d'Italie[15], se trouvait soit à Avignon, soit en route pour Nice, lorsque le capitaine Dommartin, promu lieutenant-colonel par Carteaux le jour de l'entrée des Conventionnels à Marseille[16], fut grièvement blessé, le 7 septembre, en attaquant les gorges d'Ollioules[17] défendues par les insurgés toulonnais. Aussitôt Saliceti, sachant où trouver Bonaparte, le mit en réquisition[18]. C'est ce qui résulte de cette lettre de Saliceti au comité de Salut Public en date du quartier général d'Ollioules le 26 septembre[19]. Nous avions de la grosse artillerie à Marseille, mais elle était en mauvais état, mais les moyens de charrois sont rares dans ce pays-ci, et la réparation ou le transport nous a retardés huit jours. Dommartin blessé nous avait laissés sans chef d'artillerie. Le hasard nous servit à merveille
; nous arrêtâmes le citoyen Buonaparte, capitaine instruit, qui allait à
l'armée d'Italie et nous lui ordonnâmes de remplacer Dommartin. C'est donc dans la première quinzaine de septembre 1793, le 12 vraisemblablement[20], que Napoléon arrive et est employé devant Toulon[21]. Là le prendra l'histoire pour ne plus le quitter, a dit Las Cases, là commence son immortalité. |
[1] On n'a sur les premiers mois du séjour de Napoléon en France que des renseignements très confus et contradictoires. J'ai essayé de réunir ici ceux qui offrent un caractère d'authenticité, mais je ne saurais prétendre avoir éclairci certains faits qui demeurent fort obscurs.
[2] Joseph. Mém., I, 55. Coston (I, 243) dit que Napoléon emmena tout de suite sa famille à Marseille où elle fut logea dans les petits appartements de l'hôtel Ciprières. Le fait est confirmé par UN VIEUX MARSEILLAIS (Esquisses historiques. Marseille depuis 1789 jusqu'en 1815, Marseille, 1841, 2 vol. in-8°, t. II. p. 75. Lucien (Mém. éd. 1836, p. 39) fait arriver la famille directement dans le port de Marseille. Mais Louis (Documents historiques sur la Hollande, I, 54) le contredit formellement : Ils vinrent s'établir à La Valette près Toulon et ensuite à Marseille. Il est probable que le séjour à La Valette fut de courte durée et que, aussitôt après la défaite de l'armée des Bouches-du-Rhône et avant que le siège de Toulon ne fût commencé, la famille Bonaparte s'installa à Marseille.
[3] Généalogie historique de la maison du Teil, p. 85.
[4] Iung, II, 325. M. Iung donne la date du 3 juillet, mais ne dit point d'où la lettre est écrite. Il résulte des indications de cet auteur que c'est de Nice. Voici le texte de cette lettre, importante en ce qu'elle précise d'une façon certaine les fonctions que remplissait Bonaparte :
Citoyen ministre,
Nous n'avions pas encore
l'usage dans l'artillerie d'établir des fours à réverbères près des batteries
de côtes, nous nous contentions d'une simple grille avec un soufflet de forge.
Mais l'avantage des fours à réverbères étant généralement connu, le général du
Teil me charge de vous demander un modèle avec les profils, en sorte que nous
soyons dans le cas d'en faire construire sur notre côte et de brûler les
navires des despotes.
Avec respect, citoyen
ministre,
Votre tout dévoué,
BONAPARTE,
Capitaine au 4e régiment d'artillerie.
Une autre lettre du 3 juillet 1793, aussi sans lieu, a passé à la vente faite par Sotheby, Wilkinson and Hodge, le 18 juillet 1892 : Catalogue of a very valnable collection of autograph letters and historical documents formed ly a deceased nobleman. Elle confirme la précédente et en voici le texte :
Au directeur d'artillerie de
Toulon.
Le général du Teil, citoyen et cher camarade, me charge de vous écrire pour vous demander les profils de la construction d'un four à réverbère comme l'on commence à en pratiquer pour les boulets rouges. Vous devez avoir reçu pour cet objet une instruction du ministre de la Guerre. Je vous prierai de me les faire passer le plus tôt possible.
[5] Iung, II, 346, dit le 8 juillet. Il est évident que la lettre du 3 juillet démontre la fausseté de la légende recueillie par M. Charvet, Bulletin historique et archéologique de Vaucluse. Avignon, 1880, in-8°, p. 413, suivant laquelle Napoléon serait arrivé à Avignon le 30 juin, commandant un convoi de quarante charrettes de poudre : de crainte de tomber avec son convoi aux mains des fédéralistes, il aurait mis son chargement à couvert dans l'ancien arsenal et aurait été logé par Billet chez M. Bouchet, ancien négociant, chez lequel il serait resté jusqu'au 24 juillet. Coston, I, 247, dit que Napoléon partit, à la fin de juin, de Nice en poste afin d'accélérer l'arrivée de poudres de guerre attendues de la poudrerie de Vonges. Selon Thibaudeau et Montholon, il s'agissait d'enlever d'Avignon les poudres qui pouvaient tomber aux mains des insurgés.
[6] D'après Krebs, p. 366 et CXXXII. Mais, page 366, Krebs donne la date du 14 pour la jonction du 1er du 59e et page CXXXII la date du 19.
[7] Cf. Charvet, p. 417. Iung, II, 347. Krebs 368. Dans DESSAIX et FOLLIET, Le général Dessaix, Annecy, 1879, in-8°, p. 63, il est dit que Bonaparte commandait en second la compagnie d'artillerie de la Légion allobroge. Cette assertion n'est appuyée d'aucun document, et n'est point reproduite dans FOLLIET, Les Volontaires de la Savoie, Paris 1887, in-12, p. 27. Folliet dit que Bonaparte avait le commandement en second de la compagnie Dommartin : mais Dommartin (ALFRED DE BESANCENET, Un officier royaliste au service de la République, Paris, 1S76, in-8°) n'en dit absolument rien dans ses curieuses lettres et, après mûre comparaison des textes, il parait préférable d'adopter la version qui, dès 1821, était mise au jour dans la brochure : Napoléon Bonaparte, lieutenant d'artillerie, documents inédits sur ses premiers faits d'armes en 1793, Paris, 1821, in-8°.
[8] Cf. Napoléon Bonaparte lieutenant d'artillerie, p. 9. CH. SOULLIER, Histoire de la révolution d'Avignon. Avignon, 18.44, 2 vol., in-8°, t. II, p. 150. I.-D. ANDRÉ, Histoire des la Révolution avignonnaise, Paris, 1844, 2 vol. in-8°, t. II, p. 215. JOUDOU, Souvenir de la Révolution dans Echo de Vaucluse du 28 juillet 1844, et du 20 mai 1841, republié dans l'Homme de bronze, journal de l'arrondissement d'Arles des 19 et 26août 1894. M. Charvet a donné en outre la bibliographie d'autres sources locales où il a puisé son récit.
[9] Ni dans le Souper de Beaucaire qu'on trouvera plus loin, ni dans les Mémoires de Sainte-Hélène (I, 6) Napoléon ne fait à ces événements où il aurait joué un tel rôle la moindre allusion. DOPPET (Mémoires, Paris, 1824, in-8°, p. 150) n'en parle pas davantage et je ne trouve à ce sujet aucune indication dans les Pièces justificatives du rapport fait à la Convention nationale par les représentants Dubois-Crancé et Gauthier, Imp. nat., 2 vol. in-8°. Il est vrai que pour juger du ton des rapports de Carteaux contenus dans ce recueil et des renseignements qu'ils contiennent, il suffira sans doute de citer le rapport de ce général à Dubois-Crancé, n° 108, p. 199.
Quinte et quatorze et le point
: J'ai gagné. Dubois-Crancé.
Le 14, la citadelle du Pont-Saint-Esprit,
le 15, Avignon, repic et capot sur Marseille, va le tout sur Lyon. Albitte bat
les cartes, moi je coupe, et l'armée taille.
CARTEAUX.
Il est remarquable enfin que ÉTIENNE MICHEL, Histoire de l'année départementale des Bouches-du-Rhône. Paris, an V, in-8°, p. 84, attribue à des causes toutes différentes l'évacuation d'Avignon.
[10] Selon M. Charvet, Napoléon durant le mois qu'il aurait passé à Avignon aurait logé chez M. Bouchet, ancien négociant ; il serait revenu chez lui après la prise de la ville ; et enfin y aurait fait un troisième séjour pendant qu'il faisait imprimer la brochure le Souper de Beaucaire. Au retour d'Egypte, à son passage à Avignon, Napoléon aurait, parait-il, fait appeler M. Bouchet et lui aurait remis vingt-cinq louis pour sa servante. Plus tard il aurait donné à M. Bouchet l'étoile de la Légion et la présidence du tribunal de commerce. Je ne trouve pas ce nom dans les listes de la Légion.
[11] Iung, II, 353.
[12] Wallon, Représentants en mission, II, 38.
[13] Wallon, Représentants en mission, IV, 159, août 1793, sans autre date ni désignation de lieu. Le ministre écrit sur un résumé de la demande : Voyez le citoyen Bonaparte, sa proposition est celle d'un patriote ; s'il a des moyens, profitez-en pour l'avancer.
[14] Iung, II, 376. Contredit par Charvet, p. 421. LE VIEUX MARSEILLAIS déjà cité dit bien (I, 277) : Un sous-lieutenant arrivait avec les Allobroges : l'homme du destin ne se doutait pas alors de sa fortune. Un billet de logement assigna la maison Clary au jeune officier, etc. Cela est formellement contredit par M. Félix Verany, l'auteur de la curieuse brochure La famille Clary et Oscar II, Marseille, 1893, in-12, lequel me fait l'honneur de m'écrire que ce ne fut qu'en février 1791 que Napoléon fit connaissance avec les Clary et qu'il tient cette affirmation de la famille elle-même.
[15] Joseph, I, 55. Coston, pour parvenir à justifier une assertion de Napoléon (Mémoires pour servir, etc., I, 11), qui est à coup sûr ambiguë, lui fait faire un voyage d'Avignon à Lyon, puis à Auxonne, à Paris, avec retour par Lyon, Avignon et Ollioules. (I, 260 à 265.) C'est absolument invraisemblable.
[16] Ceci me semble une preuve nouvelle qui contredit la légende de la prise d'Avignon. Si Napoléon y avait eu la part que l'on dit, n'aurait-il pas été promu comme l'avait été Dommartin ?
[17] Besancenet, loc. cit., p. 81 et suivantes.
[18] Miot (Mémoires, I, 258, note) prétend tenir de Cervoni que celui-ci, alors attaché à l'État-major de l'armée fut chargé par les Représentants du peuple d'aller à Marseille chercher un officier d'artillerie capable de remplacer Dommartin ; que, à Marseille, il rencontra Bonaparte qui, arrivé d'Avignon la veille, se rendait à son poste à Nice ; il le fait entrer dans un café, lui offre le commandement de l'artillerie et le décide à la fin à accepter. Comment admettre que Saliceti ignorât où était Bonaparte, ce qu'il était, et qu'il ait eu besoin de Cervoni pour le lui apprendre ? Tout au plus peut-on croire que Cervoni a pu être envoyé par Saliceti pour chercher Bonaparte. C'est une affaire entre Corses.
[19] Wallon, Représentants, III, 413.
[20] Mémoire pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, t. Ier, p. 11.
[21] On sait que Napoléon se souvint du service qui lui avait été rendu par Carteaux et par les représentants Gasparin et Saliceti. Je relève dans les comptes de Napoléon à la date du 18 pluviôse an XII, une ordonnance de 18.000 francs au nom de Carteaux ; à partir de l'an XIII, une pension de 3.000 francs et de nombreuses gratifications supplémentaires motivées par des suppliques singulièrement attendrissantes, Carteaux avait été nommé gouverneur de Vincennes (Chaptal, 192), puis administrateur de la Loterie nationale (Barbier et Beaumont, Galerie militaire, II, 272). Gasparin est l'objet dans le quatrième codicille du paragraphe suivant : Nous léguons cent mille francs aux fils ou petits-fils du député de la Convention Gasparin, représentant du peuple à l'armée de Toulon pour avoir protégé et sanctionné de son autorité le plan que nous avons donné et qui a valu la prise de cette ville et qui était contraire à celui envoyé par le comité du Salut public. Gasparin nous a mis par sa protection à l'abri des persécutions de l'ignorance des états-majors qui commandaient l'armée avant l'arrivée de mon ami Dugommier. Le fils aîné de Gasparin (Adrien-Étienne-Pierre), né à Vaucluse le 30 juin 1783, avait été déjà l'objet de diverses mesures gracieuses de Bonaparte, Canonnier au bataillon de l'école à Grenoble le 15 messidor an VIII, il avait été nommé sous-lieutenant au 15e de cavalerie le 1er brumaire an IX et recevait entre autres gratifications une somme de 600 francs en l'an X. Pour Saliceti, qui plus tard, à diverses reprises, se brouilla avec Bonaparte, on sait la fortune que Napoléon lui réserva dans le royaume de Naples où il fut en quelque façon vice-roi, et où ses descendants alliés aux plus grandes familles des Deux-Siciles, se trouvent maintenant, par suite de mariage, alliés à la famille même de Napoléon.