NAPOLÉON DANS SA JEUNESSE

 

1769-1793

INTRODUCTION.

 

 

En 1895, j'ai publié, en collaboration avec M. Guido Biagi, conservateur de la Bibliothèque Médiceo-Laurentienne, les manuscrits que Napoléon avait confiés à son oncle le cardinal Fesch, que celui-ci avait remis à l'un de ses grands vicaires, l'abbé Lyonnet, que l'abbé Lyonnet avait vendus à Libri, Libri à Lord Ashburnham, et Lord Ashburnham au gouvernement italien.

Pour relier, expliquer et commenter ces manuscrits, je les avais encadrés de Notes sur la jeunesse de Napoléon que je détache pour former le présent volume. Les Manuscrits constituent désormais un volume séparé, qui, tel quel, fera à quelque édition que ce soit des œuvres de Napoléon une introduction nécessaire. Chacun pourra d'après eux former son jugement et établir sa conviction sans recourir à un travail qui m'est personnel et où mes opinions peuvent sembler discutables. Ces Notes d'ailleurs qui, depuis douze ans, ont été mises à contribution par tous les écrivains qui se sont occupés de la jeunesse de Napoléon, forment la première et l'essentielle assise des études que j'ai consacrées à Napoléon amant, époux, père, fils et frère. C'est ici le point de départ et rien n'est plus important que de le connaître.

Voici dans quelles conditions ces Notes avaient été recueillies et comme, en 1895, je les présentais au public :

 

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Dans le fonds Libri, disais-je, à côté des manuscrits de Napoléon, se trouvent divers autres papiers : d'abord les pièces qu'il avait assemblées en vue d'écrire l'histoire de la Corse — on en trouvera plus loin la liste complète ; — puis, un opuscule, inédit ou présumé tel, de Joseph Bonaparte ; enfin un assez grand nombre de lettres et de documents ayant trait à cette période de la vie de Napoléon.

Sur bien des points, ces papiers contredisaient ou rectifiaient les légendes jusqu'ici admises ; mais, imprimés sans commentaire et sans lien, ils eussent été incompréhensibles pour quiconque n'a point du sujet une connaissance approfondie. Rattachées étroitement aux écrits mêmes de Napoléon qu'elles commentent et expliquent, ces pièces ne devaient-elles point servir à établir, le plus exactement qu'il se peut dans l'état actuel des connaissances, quel a été, pendant ces années, l'itinéraire de Napoléon, quelle son existence, quelles sociétés il a fréquentées, quelles amitiés il a nouées, quelle part il a prise aux événements ? J'ai donc résolu de me servir de ces documents et de ceux que mes recherches m'avaient procurés, pour préciser par des Notes sur la jeunesse de Napoléon les époques auxquelles se rapportent les manuscrits et les circonstances dans lesquelles ils ont été rédigés. J'ai été amené par la logique à faire partir ces notes de la naissance même de Napoléon, et à ne les terminer qu'au moment où il parait devant Toulon. C'est à cette date en effet que commence la publication de la Correspondance ; ce n'est un secret pour personne qu'un historien de talent prépare depuis longtemps sur le siège de Toulon une importante étude. Enfin, et c'est ici la meilleure raison, c'est à cette date que s'arrêtent les documents du fonds Libri ; que se clôt la période de préparation, d'éducation et d'instruction, la seule que j'aie voulu envisager et dont j'aie à rendre compte.

Ces Notes contredisent certaines assertions, démontrent apocryphes un certain nombre de lettres et d'essais qu'on a attribués à Napoléon, rétablissent certains faits mal connus ou mal interprétés. Elles ont un caractère purement documentaire, nullement littéraire. Elles n'abordent aucune polémique : elles n'en soutiennent aucune. Elles affirment des faits ; elles ne contiennent pas d'appréciations. Pour que le lecteur puisse les distinguer à première vue, elles sont numérotées en chiffres arabes, et portent au titre courant, sur le verso, l'indication : Notes sur la jeunesse de Napoléon, sur le recto le numéro de la note et le sommaire de la page. Les Manuscrits de Napoléon, désignés ainsi au titre et au titre courant, sont numérotés en chiffres romains. Nulle confusion n'est possible entre les deux textes.

De ces Notes, j'indique la source, sauf lorsqu'il s'agit de documents qui m'appartiennent, de manuscrits dont les propriétaires ne veulent pas être nommés ou qui, devant faire l'objet de publications ultérieures, ne sauraient être désignés sans qu'il en résulte un préjudice évident. Je suis prêt d'ailleurs à fournir aux travailleurs consciencieux qui voudront bien s'adresser directement à moi, la preuve que je n'avance rien légèrement.

Pour compléter les indications que j'avais recueillies, j'ai fait appel à tous ceux qui pouvaient posséder des documents inédits. C'était en Corse qu'il fallait nécessairement fouiller à abord et j'y ai rencontré le plus précieux concours. Des hommes pour qui j'étais un inconnu ont bien voulu, à ce nom de Napoléon, ouvrir pour moi leurs trésors familiaux et m'en offrir les plus précieuses richesses. Cela m'était d'autant plus utile que si, déjà, il est singulièrement difficile de suivre matériellement Napoléon dans ses séjours en France, combien plus de débrouiller l'écheveau des événements qui se sont produits en Corse il y a cent ans et sur lesquels on ne saurait jusqu'ici attendre des imprimés presque aucune lumière !

Partagés entre leurs deux héros, Paoli et Bonaparte ; obligés par bienséance de louer celui-ci, mais, au dedans d'eux, préférant celui-là, qui est exclusivement Corse, à celui-ci qui est devenu Français ; ne pardonnant pas à Napoléon de n'avoir pas, au profit de la Corse, conquis et exploité la France, les historiens corses, dans la querelle survenue entre Paoli et Napoléon, se gardent de donner raison à l'un ou à l'autre ; ils flottent, atténuent les faits, dissimulent des pièges, se gardent de conclure et surtout de trop parler. Ces rivalités de familles, de villages, de pays en deçà et au delà des monts, ils n'en rendent pas compte. Bien moins encore des formations de partis et des constitutions d'influence. Les faits les plus graves, s'ils en sont gênés, ils les passent sous silence ; ils prennent avec la chronologie de telles libertés que peu leur importe de retarder ou d'avancer de six mois ou d'un an tel événement qui n'est pas en la place où ils le veulent. Ceux qui apportent quelque sincérité dans leurs recherches, et ne dissimulent point de parti pris les faits qui peuvent nuire à tel ou tel de leurs compatriotes illustres, abondent en amplifications, en récits légendaires ou romanesques, et manquent à ce point de sens critique qu'ils acceptent sans scrupule les anecdotes les plus contradictoires. Les documents qu'ils fournissent sont rares et l'on n'est jamais certain qu'ils soient exactement reproduits.

J'ai donc dû reprendre cette histoire et m'en instruire, pour en extraire ensuite ce qui touche Napoléon et les membres de la famille qui sont alors les plus mêlés à sa vie. Les imprimés m'ont fourni quelques points de repère, mais ne m'auraient point permis de me faire une conviction, si je n'avais reçu de M. Levie-Ramolino, conseiller à la cour de Bastia, de M. Levie, président du tribunal d'Ajaccio. de M. Giubega, conseiller à la cour d'Aix, la communication de documents inédits précieux qui, je crois, m'ont permis d'approcher la vérité de plus près au moins qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Ce n'est certes pas un travail définitif que j'apporte. Ce travail ne pourrait être fait que par un Corse qui, aux documents manuscrits et imprimés, saurait joindre les traditions locales, les traditions de famille, retrouverait des témoignages contemporains, établirait les liaisons des hommes et les causes de ces liaisons, montrerait les ruptures et en donnerait les motifs, porterait, pour expliquer les êtres, ce que Napoléon appelait l'Esprit de la chose ; mais, à défaut de ces qualités qu'un continental ne saurait avoir, j'espère, grâce aux pièces qui m'ont été communiquées, avoir établi les époques et fourni le lien essentiel de la vie de Napoléon.

Le lot le plus important est celui qui appartient à M. le conseiller Levie-Ramolino. On verra dans le § 1 de ce livre comment son grand-oncle, cousin germain de Madame Mère, avait reçu en don de l'Empereur la maison Bonaparte à Ajaccio, telle qu'elle était et se comportait. Or cette maison qui avait été saccagée en 1793, avait été, en l'an VI et l'an VII, reconstruite ou réparée par Mme Bonaparte qui l'avait habitée et y avait rassemblé ce que, au moment du pillage, ses amis avaient pu sauver de meubles et de papiers. A son départ pour la France en l'an VII, elle ne croyait nullement dire à la Corse un adieu définitif et elle laissa sa maison telle qu'elle était. A la donation, les objets qui s'y trouvaient suivirent le sort de l'immeuble. En 1815, au moment de la Terreur blanche, écrit M. Levie-Ramolino, mon grand-oncle, André Ramolino, qui, depuis l'acte de donation et d'échange du 2 germinal an XIII, habitait la maison Bonaparte, redoutant sans doute le sac de ladite maison, avait caché dans les combles sous un grand tas de charbon, tous les papiers provenant des membres de la famille. De 1815 au 29 décembre 1831, a-t-on jamais songé aux papiers ainsi cachés, je l'ignore : ce qu'il y a de certain, c'est que, après le mariage de mon père, célébré à Bastia le 4 juin 1832, ma mère qui jusqu'en 1844, a habité la maison Bonaparte, avant fait déblayer les combles, a trouvé un tas de papiers en grande partie détruits par l'humidité et par les rats, et c'est de ce tas qu'ont été retirés les seuls papiers qui fussent encore en assez bon état, c'est-à-dire les lettres actuellement en ma possession ainsi que celle que possède mon cousin Lucien Biadelli.

Ces lettres éclairent déjà singulièrement les époques inconnues de la vie de Napoléon et montrent son caractère, celui de sa mère et de ses frères, mais il eût fallu les compléter, au moyen du dépôt signalé par M. Blanqui, en 1830, et d'où sont tirées les seules pièces intimes authentiques qu'on connaisse jusqu'ici. Lors du sac de la maison Bonaparte, M. Braccini qui en était le familier et qui avait toute la confiance de Madame, avait mis à l'abri ce qu'il avait pu des papiers : correspondances de famille, travaux de Napoléon, de Joseph et de Lucien, etc. De cet ensemble, M Blanqui, lors de sa mission en Corse, avait tiré trois lettres de Napoléon et quatre ou cinq fragments sans date et composés d'une ou deux phrases. Tous les autres papiers, évalués à près de cinq cents, étaient — sauf une pièce — demeurés inédits, et c'est de là, sans nul doute, que l'on pourra tirer seulement la vérité tout entière. Grâce aux démarches de mon collaborateur M. Biagi et à l'extrême obligeance de M. Orenga, je parvins à retrouver le neveu et l'héritier de M. Braccini, M. Frasseto, qui voulut bien me promettre son secours : mais un examen de la précieuse cassette où les papiers Bonaparte avaient reposé si longtemps lui a prouvé que M. Braccini avait, peu de temps peut-être avant sa mort, disposé des lettres autographes et des documents les plus précieux. Cette source m'a donc presque entièrement échappé. Pourtant, durant le cours de l'impression de ce livre, les recherches auxquelles a bien voulu se livrer M. Frasseto, lui ont permis de retrouver trois pièces d'une importance capitale que l'on trouvera à l'Appendice. A l'Exposition organisée par la société la Sabretache, au profit de l'œuvre de la Société Maternelle, ont figuré deux autres pièces, provenant de la même source et appartenant à S. A. I. le prince Victor Napoléon, qui ajoutent encore quelques renseignements.

 

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Ainsi écrivais-je en 1895. J'aurais pu — peut-être aurais-je dû — compléter ces Notes par les documents qui, depuis leur publication ont été mis au jour. Sur quelques points, elles en auraient été rectifiées, sur d'autres développées. Il m'a convenu pourtant d'en donner encore cette édition tirée sur les empreintes de la première et où pas un mot n'est changé. Ainsi pourra-t-on comprendre pourquoi je me suis plaint qu'on l'eût pillée, démarquée et contrefaite. Ainsi pourra-t-on juger si le Napoléon inconnu fut un recueil de documents avec préface, comme l'a écrit un certain critique, et s'il ne renfermait de ma part aucun travail personnel. Ainsi pourra-t-on décider si j'eus tort ou non de prendre le parti de ne point citer mes sources, alors que, les ayant prodiguées, je les ai vu détourner sans qu'on prît la peine d'indiquer qui les avait captées d'abord, M. A. Chuquet, mon honorable confrère, ne s'est point mis dans ce cas et je saisis cette occasion de lui rendre hommage. Il y a plaisir à travailler parallèlement à lui et son irréprochable documentation est assez ample pour qu'il aime à reconnaître la part qu'il doit au labeur de ses émules.

Je ne me ferai pas faute dans l'avenir de recourir à son livre, dans la mesure où cette étude le comporte ; j'emploierai de même les quelques documents récemment publiés qui méritent confiance et qui présentent quelque intérêt ; au contraire de certains critiques, je sais lire. Je n'ai point cessé de glaner les pièces inédites qui ont pu sortir des archives privées ou publiques, mais la gerbe est encore bien mince et, sur les séjours de Napoléon en France, sur sa participation à la vie française, je doute fort qu'on puisse apporter des révélations caractéristiques.

Il n'en est pas de même des séjours en Corse et de la participation à la vie corse, mais là une récente expérience m'a appris que, sans le concours de certaines bonnes volontés qu'on est impuissant même à solliciter, puisqu'on ignore si les papiers existent et qui les possède, on ne saurait prétendre à quelque intelligence des événements. Et je ne saurais guère espérer des coïncidences telles qu'elles se sont présentées pour me permettre de me corriger et d'apporter, dans la neuvième édition du tome premier de Napoléon et sa famille, un récit à peu près exact des rapports des Bonaparte avec la Corse de l'An V à l'An VII.

L'anecdote vaut d'être contée : En rédigeant ce tome Ier, j'avais été amené à indiquer, sur la foi de deux lettres trouvées dans des catalogues d'autographes, que, entre les Bonaparte (Joseph et Lucien) et le Directoire exécutif, une sorte de lutte s'était engagée en germinal an VII ; nul document dans les archives publiques ne confirmait ni n'expliquait ces deux lettres. Un imprimé que ne possède, à ma connaissance, aucune bibliothèque parisienne et qui ne figure pas dans la bibliographie de la Corse publiée par le prince Roland Bonaparte, m'apporta quelques notions nouvelles. Dans le Compte rendu des opérations du Directoire du département du Liamone, l'on discernait, au milieu des phrases apologétiques, des actes engageant gravement la responsabilité des amis les plus dévoués des Bonapartes ; ce n'était là pourtant qu'un son de cloche. Une suite de hasards heureux, me procura successivement le registre de l'Administration départementale qui avait remplacé, à Ajaccio, celle formée par les Bonaparte, le copie-lettres du colonel commandant la Place d'Ajaccio, des brochures d'une rareté insigne publiées à Ajaccio, à Paris, et à Brignoles, enfin la correspondance entière de Joseph, de Lucien et de Fesch avec le principal de leurs amis du Liamone.

Ce ne fut plus désormais avec des hésitations ou des scrupules que je m'avançai à affirmer la lutte entre Lucien et le Directoire ; j'en avais les preuves, j'en tenais à peu près les causes, j'en suivais les péripéties : je pouvais affirmer. Non pas qu'il n'y eût plus rien à apprendre sur des détails et des à-côté. Il y a toujours à apprendre : dans les affaires corses, les dessous sont tellement multipliés, les intrigues si nombreuses et si croisées, les fils si ténus et si fragiles que, encore à présent, je ne suis point fixé sur certaines alliances et certaines vendettas que je constate sans les expliquer, et dont, quelque jour peut-être, l'on trouvera la clef. Ainsi, pour ne parler que de l'an VII, les vicissitudes des liaisons entre les Aréna et Lucien ; mais ce n'est là qu'un détail.

A la pierre d'attente que j'avais placée sans grand espoir dans ma construction première, étaient venus se souder des matériaux révélés par le hasard des trouvailles chez les libraires, offerts avec une grâce touchante par des familles, proposés par des amateurs d'autographes ; il en était venu, presque au même moment, sur le même sujet, de cinq côtés différents — et à présent, il en arrive encore !

Ce n'est là pourtant qu'un fragment de l'histoire des Bonaparte en Corse ; que de papiers il faudrait pour éclaircir quelle était la situation réelle, financière, morale, municipale de la famille dans cette minuscule société ajaccienne sur qui l'on n'a que des vues confuses et contradictoires ; par quels moyens, quelles alliances, quelles compromissions elle est parvenue à sortir du commun, à prendre position au milieu des notables, à capter, dans les diverses élections, des suffrages sur qui elle ne paraissait guère pouvoir compter ; pour quelles raisons elle s'est détachée de la faction paoliste pour embrasser la française, toutes choses qui demeureront obscures tant qu'on n'aura pas discerné l'action personnelle de chacun des individus, Fesch et Joseph en première ligne, tant qu'on n'aura pas rejoint cette action à celle des Aréna, des Saliceti, des Piétri, des Pozzo di Borgo, des Chiappe, des Moltedo, des Costa, d'autres personnages chefs de pièves qui semblent avoir joué des rôles importants, de certains isolés, tels que Campi et Sapey, dont partout on trouve la main.

Sans doute, à partir de 1793, Napoléon est comme désintéressé de la Corse ; lorsque la Corse est reconquise, il l'abandonne volontiers à ses frères ; plus tard, il en fait comme une principauté pour Madame-Mère et pour Fesch ; mais les Corses n'en tiennent pas moins une part considérable dans sa vie, n'en agissent pas moins activement sur ses destinées, depuis Saliceti qui certainement n'est point étranger à son brusque avancement à Toulon, et Moltedo qui influe certainement sur la désignation faite de lui pour commander en vendémiaire, jusqu'à Pozzo di Borgo dont la haine le poursuit au milieu de ses victoires, et finit par triompher de sa fortune.

Sur les affaires de Toulon et sur l'arrestation à Nice, sur les pratiques à Gènes et sur la conduite de l'Armée d'Italie, les Corses influent : durant le séjour à l'île d'Elbe, ils prennent une importance majeure, et leur rôle à Sainte-Hélène explique seul bien des choses : sans les liaisons du début, sans les relations de famille et de clan, rien ne saurait se comprendre.

Les faits en eux-mêmes sont à présent presque tous établis ; les causes immédiates sont à peu près débrouillées ; les personnages, pour la plupart, ont fait l'objet de notices succinctes qui fournissent des dates et un résumé de leur carrière officielle ; tout cela est bon, mais ne fait entrer ni dans l'intimité des êtres, ni dans les mobiles réels de leurs actes. C'est là qu'est l'intérêt passionnant de l'histoire, c'est là ce qu'il importe de saisir pour fournir des hommes une image qui ait des chances pour être vraie. Je ne dis point que j'y parviendrai, mais je me fais, peut-être à tort, l'illusion d'espérer que, aux communications très précieuses qui m'avaient été faites jadis et qui m'avaient permis de construire ce volume, à celles qui, récemment, m'ont été gracieusement offertes et dont je profite, d'autres viendront se joindre que je sollicite ici, et grâce auxquelles, dans une prochaine édition, je corrigerai mes fautes et j'ajouterai des notions nouvelles à celles que j'ai recueillies.

 

F. M.

23 juin 1907.