A Paris, a écrit Hoche, les femmes sont coquettes ! Certes, et Joséphine n'a point tardé à lui en donner la preuve. Ne trouvant pas l'appartement de la rue Saint-Dominique approprié à sa nouvelle vie ; voulant s'éloigner de la société qu'elle y a trouvée et qui ne pourrait approuver les liaisons qu'elle est disposée à former, elle passe le 2e des Sans-Culottides de l'an II (18 septembre 1794), un accord avec une de ses amies, cette Mme de Krény, personnage énigmatique qui, dans sa vie, jouera, de l'an II à l'an IX, le rôle essentiel de confidente et d'associée, sur qui jusqu'ici tous les renseignements recueillis sont douteux ou suspects et qui pourtant a tenu dans cette société une place considérable. Soit que Joséphine reprenne l'appartement de Mme de Kreny, soit qu'elle s'arrange pour vivre avec elle, elle s'installe rue de l'Université, n° 371. Tout au début de l'an III, elle écrit à Barras, devenu, depuis sa victoire de Thermidor, le dictateur militaire, qui mène à son gré la Convention et qui, plus puissant peut-être que lorsqu'il sera revêtu d'un titre constitutionnel et en but à une opposition, commande de la coulisse aux Comités parce qu'il a un sabre, qu'il saurait même s'en servir et qu'on l'appelle le Général Barras. La veuve Beauharnais le connaît donc. Et d'où ? A la vérité, elle ne connaît point tous les gens à qui elle écrit pour leur recommander quelqu'un, et c'est même un moyen pour elle d'entrer en relations : mais ici il ne semble pas en être ainsi[1]. Elle écrit donc à Barras pour lui recommander un volontaire qui a perdu une jambe en combattant pour la patrie et elle ajoute : Il y a bien longtemps que je n'ai eu le plaisir de vous voir. C'est bien mal à vous d'abandonner ainsi une ancienne connaissance. J'espère que vous serez sensible à ce reproche. Je demeure, maintenant, rue de l'Université, n° 371. Barras fut sensible. Il le fut si bien que de ce moment l'on doit constater chez Joséphine, qui fut toujours prodigue de recommandations, même quand son mari n'était que maréchal de camp, une facilité épistolaire qui presque instantanément est récompensée : Ainsi le 16 vendémiaire (7 octobre) elle écrit à Dumont pour lui reprocher que sa belle-sœur soit toujours en prison, et le 16 vendémiaire Françoise de Beauharnais est mise en liberté. Si elle ne se sent pas assez puissante pour emporter du coup ce qu'elle désire, Joséphine obtient quelque apostille de Barras, qu'elle relance. Dites à Barras, écrit-elle le 4 ventôse (22 février 1795) à Botot, l'homme de confiance, que je suis depuis trois jours dans mon lit malade d'un rhume, que c'est bien mal à lui de n'être pas venu me voir et qu'il faut être bien son amie pour le lui pardonner ; il s'agit là des citoyennes Montmorin, Menou et Laroche ; elle fera plus d'efforts encore pour obtenir que par un décret de la Convention du 26 thermidor an III (13 août 1795) rendu sur la proposition du Comité de législation, le cousin d'Alexandre, Claude de Beauharnais, soit rayé de la liste des émigrés : il a peu fait parler de lui ; jamais il ne fut, comme on a prétendu, député suppléant de la Noblesse aux Etats Généraux ; et l'on ne sait où il s'est terré durant la Révolution : loin sans doute, car il n'a pu, à partir de 1792, de la mort de sa femme née Lezai-Marnésia, prendre le moindre soin de sa fille Stéphanie âgée de trois ans (née le 28 août 1789), ni de son fils âgé de cinq et qui meurt durant ce temps. Brusquement, il surgit en l'an III et son ex-belle-sœur lui est serviable, comme elle le fut aux Lezai, comme elle le sera à Stéphanie, à ce Claude et à tant d'autres ; tant et tant, car, dès lors, de combien de dossiers ne s'échappent point des attestations signées : La Pagerie, veuve Beauharnais ! Mais, pour le moment, cela ne l'enrichit point. Il faut vivre, et Joséphine est singulièrement désargentée. Outre son appartement de la rue de l'Université, elle a à payer son loyer de la maison de Croissy. Hoche l'a débarrassée sans doute de tout souci quant à Eugène ; mais restent Hortense et l'entretien d'une domesticité assez lourde. Elle attend toujours de l'argent de la Martinique ; mais, par suite des dettes laissées par son père et des engagements pris par Mme de la Pagerie, on n'en a guère à lui envoyer ; d'ailleurs, en eût-on, comment le faire parvenir ? Les mers sont aux Anglais ; la colonie elle-même est en pleine guerre civile ; les Anglais, après une première tentative manquée en juin 1793, viennent, en février 1794, de s'en emparer sur le malheureux Rochambeau qui, à 6.000 ennemis débarqués, n'a eu à opposer que 60 soldats de ligne, 3 compagnies d'hommes de couleur et un corps de miliciens blancs, en tout 900 hommes. C'est donc avec une possession anglaise qu'il faut correspondre et les difficultés en sont doublées. Quant aux propriétés de Saint-Domingue, les théories des Amis des Noirs ont mis bon ordre aux revenus ; les biens que Beauharnais avait encore à la Ferté-Aurain, non payés entièrement à la Nation et déjà singulièrement grevés d'hypothèques, sont toujours confisqués, ainsi que les titres de rente, tous les papiers d'affaires ne devant être rendus à Joséphine qu'en thermidor an III. Pour ses domestiques, la citoyenne Lanoy, bonne de ses enfants ; une femme de chambre, Agathe Bible, qu'on voit déjà paraître, et un officieux, le citoyen Gontier, Joséphine s'en tire en ne leur payant point leurs gages et en leur empruntant même leurs économies ; mais 1.000 francs que prête Adélaïde, la sœur de Marie Lanoy, 12.000 francs même qu'a prêtés Sabatier, le beau-frère, au moment de l'émission des assignats, n'ont pas été d'un grand secours et l'on ne pourrait vivre sans une personne qui, à ce moment, à côté de Calmelet et de concert avec lui, joue dans la vie de Joséphine un rôle décisif en subvenant à ses besoins et en lui permettant d'attendre. C'est un M. Emmery, de son métier banquier à Dunkerque et vraisemblablement de longue date en relations avec les Tascher par son commerce avec les Antilles. Depuis trois ans il alimente Joséphine. Cet Emmery (Jean-Marie-Joseph), qu'il ne faut pas confondre avec un autre Emery, qui fut avocat à Metz, député, sénateur, pair de France et comte de l'Empire sous le nom de Grosyeulx, était colonel de la Garde nationale de Dunkerque lorsque, en 1791, il fut nommé député à la Législative. II y siégea parmi les constitutionnels ; ouvrit, en matière commerciale et maritime, plusieurs avis pleins de sens, défendit La Fayette et, en toute occasion, montra un esprit très ferme, très net et, en même temps, très libéral. Élu maire de Dunkerque après la dissolution de l'Assemblée, il fut, sous la Terreur, poursuivi et emprisonné ; seule, une grave maladie le sauva de la guillotine. Redevenu maire en l'an III, ayant repris, avec son associé, M. Vanhée, ses opérations avec les Antilles, il a continué à avancer à Joséphine les sommes dont elle a un pressant besoin. Malgré son extrême obligeance, il pouvait se lasser ;
d'ailleurs les remises qu'il faisait n'étaient guère en rapport avec les
désirs de Mme de Beauharnais : aussitôt donc que celle-ci fut parvenue à
reprendre le contact avec sa mère, à lui faire passer de ses nouvelles, à lui
annoncer son veuvage, à réclamer son soutien (lettre
du 30 brumaire an III-20 novembre 1794) et qu'elle eut obtenu réponse,
elle s'empressa de la prier de l'aider à se libérer. Sans
les soins de mon bon ami Emmery et de son associé, écrit-elle à sa
mère le 1er janvier 1795 (12 nivôse an III), je ne sais ce que je serais devenue. Je connais trop
votre tendresse pour avoir le plus petit doute sur l'empressement que vous
mettrez à me procurer les moyens de vivre et de reconnaître, en m'acquittant,
ce que je suis redevable à M. Emmery. Elle insiste pour que l'argent
dont Mme de la Pagerie peut disposer, non seulement comme revenus, mais comme
fonds de capitaux, soit envoyé soit à Hambourg, soit à Londres, à des
banquiers qui le feront passer à Dunkerque. Pour le détail, elle ne s'en
occupe point : ces Messieurs ont sa confiance sans
bornes et elle prie sa chère maman de faire tout ce qu'ils lui conseilleront
de faire pour le plus grand avantage de leurs intérêts communs. La réponse est favorable, car les 10 et 12 prairial (29 avril et 1er mai), Joséphine passe procuration d'abord à Emmery et Vanhée, puis à Vanhée seul, pour retirer et placer l'argent que remettra le banquier de Hambourg et pour gérer les biens que les enfants Beauharnais ont à Saint-Domingue. Les sommes ainsi reçues sont sans doute médiocres, car Joséphine insiste de nouveau et, à la fin, prenant le grand parti, elle tire sur sa mère pour I.000 livres sterling de lettres de change. Je ne vous dis pas, lui écrit-elle le 8 brumaire an IV (30 octobre 1795), combien il est important de remplir cet engagement, puisque ces mêmes effets sont passés pour les faire négocier aux amis qui me font vivre ainsi que mes enfants. C'est ce qui lui permet, quelques mois plus tard, d'écrire à sa belle-sœur Beauharnais, qui lui avait assez aigrement demandé un secours : Pour ce que vous appelez ma grande fortune, elle vous a été, je n'en doute pas, exagérée, mais un peu de numéraire que maman m'a fait passer me met assez à môn aise pour être utile à mes amies. Entre temps, elle est parvenue à recouvrer au moins les linges, hardes, meubles, bijoux et effets qui reviennent à elle et à ses enfants. A peine la loi du 8 pluviôse a-t-elle été rendue qu'elle s'est hâtée d'en invoquer le bénéfice ; elle a obtenu pour sa pétition l'apostille de Merlin de Thionville et de Tallien ; le Comité de Sûreté générale a rendu un arrêté conforme ; les scellés ont été levés par le juge de paix en présence d'un membre du Comité révolutionnaire et d'un commissaire de l'Agence des revenus nationaux ; Joséphine a repris ce qui était à son usage journalier, puis les scellés ont été réapposés[2]. Ils ne seront définitivement levés que plusieurs mois après. Elle s'est occupée enfin de protéger dans l'avenir la fortune de ses enfants, sa propre fortune, cal elle en a la jouissance : elle a assemblé, le 27 germinal (16 avril), un conseil de famille composé du citoyen Dorfaut, receveur de rentes, fondé de procuration du grand-père Beauharnais, et des citoyens Calmelet, Nys, Billault et Pelletier, amis des mineurs, lesquels l'ont nommée à la charge de tutrice et ont désigné pour la fonction de subrogé-tuteur le citoyen Calmelet. Forte de cette tutelle, Joséphine s'est rendue à Fontainebleau près de son beau-père et de sa tante et, par acte passé devant Lisle, notaire, le 30 messidor (18 juillet), elle a emprunté de Mme Renaudin, au nom de ses enfants, une somme de 50.000 livres assignats provenant de la vente de la maison de Fontainebleau, dont partie lui a servi à solder le prix des domaines nationaux achetés par Alexandre dans le district de Romorantin, partie à payer sa contribution à l'emprunt forcé de l'an IV, fixée à 60.000 livres assignats et réduite ensuite à 1.000 livres, valeur métallique[3]. Elle n'a rien négligé des petites créances qu'elle peut exercer sur la nation. Elle a obtenu du représentant Laurenceot, envoyé en mission en Loir-et-Cher, que l'argenterie et les livres qui se trouvaient à la Ferté et qui avaient été déposés à l'administration départementale, lui fussent restitués ; sur un arrêté du même représentant, elle a touché un acompte de 10.000 livres sur le prix des meubles qui ont été vendus après le décès de son mari, de l'autorité de la Nation ; mais ce ne sera que le 7 germinal an IV (27 mars 1796) que le séquestre sera levé sur les biens d'Alexandre et jusque-là il lui sera impossible de toucher aucun revenu. L'on peut juger à quel point fut précaire et difficile, durant la plus grande partie de l'an III, la position de Joséphine. Ce n'est qu'en prairial (fin avril) qu'elle voit une éclaircie ; en messidor (juillet) qu'elle trouve chez sa tante un secours, mais combien minime, — le louis d'or de 24 livres vaut alors 808 livres assignats. C'est seulement après l'année écoulée, dans le deuxième mois de l'an IV, qu'elle tire les 25.000 livres sur sa mère. Mais, de ces 25.000 livres, que ne doit-elle pas à Emmery ? Depuis 1792, elle vit des emprunts qu'elle lui fait : Vous jugez d'après cela, écrit-elle à sa mère, que je lui suis redevable de sommes considérables[4]. Et cette dette n'est pas la seule : elle doit à tout le monde et de tous côtés ; mais c'est là son élément, et cela ne l'empêche point de vivre. Outre les voyages à Fontainebleau assez fréquents, — elle finit, semble-t-il, par y entreposer Hortense près de son grand-père et de sa tante ; — elle a toutes sortes d'occupations mondaines qu'elle se crée, et ses goûts restent toujours pareils. Il lui faut une voiture de louage pour faire ses démarches près des gens en place, car elle n'est point femme à marcher, et elle n'a point encore inventé l'admirable combinaison qui, le 9 messidor an III (27 juin 1795), lui vaudra, du Comité de Salut public, en échange des chevaux et des équipages que Beauharnais a laissés à l'Armée du Rhin et dont les Représentants ont disposé, une voiture et deux chevaux. Elle se trouve donc devoir au loueur une assez grosse somme que, sur ses économies, paye Marie Lanoy. Elle aime les fleurs, constamment la dépense en revient. Ses toilettes sont bien modestes, mais il lui faut encore une pièce de mousseline de 500 livres, un schall de 270, un grand schall de 1.200, six aunes de taffetas Florence gris à 1320 et deux paires de bas de soie gris à coins de couleur de 700 livres. Qu'on n'aille pas pourtant prendre ces chiffres au sérieux : c'est le temps des assignats : une paire de souliers pour Hortense coûte 140 livres ; le port d'une caisse venant d'Orléans 1.520 ; un pain de sucre de six livres, à 220 livres la livre, 1.260 livres, et le papier timbré pour faire un billet 70 livres. Elle a recherché, repris ses anciennes relations : dans ce temps de famine de l'année 1795, on reçoit pourtant, même à dîner, mais les invités apportent leur pain : chez Mme de Moulins où Joséphine a retrouvé son couvert mis, elle est seule dispensée, ce qui lui fait dire qu'elle reçoit en vérité son pain quotidien ; mais elle a mieux, ou du moins plus à son goût : elle s'est liée d'intimité avec Mme Tallien. Entre ces deux femmes, combien de rapports Teresia est certes plus belle, d'une beauté qui ne se peut comparer à l'agrément de Joséphine, mais toutes deux sont, par origine, d'un milieu, d'une éducation, d'une qualité qui ne les préparent point à vivre avec les gens dont elles ont affaire. Toutes deux ont voulu sauver leur tête et n'ont point hésité à déchoir, à prendre des amis ou des amants qui ne peuvent guère leur plaire. Toutes deux ont mêmes goûts, mêmes désirs, mêmes. besoins du luxe, de l'élégance, du gaspillage. Toutes deux n'ont guère de scrupules de religion ou de morale, et toutes deux cherchent uniquement l'entreteneur, amant ou mari, peu importe, mais si riche qu'elles puissent se passer toutes leurs fantaisies et satisfaire tous leurs caprices. Pour Teresia, Tallien n'a été qu'une bouchée : elle en a tiré ce grand et légitime orgueil qu'un régime de sang et l'homme qui l'incarnait aient été renversés et abolis pour la sauver ; qu'une grande nation ait dû sa libération à l'amour qu'un homme avait pour elle ; que le peuple l'ait saluée : Notre-Dame de Thermidor ; que son nom ait été alors prononcé avec reconnaissance, avec admiration, avec une sorte de piété par ces gens de l'ancienne société, qui s'empressent à lui faire la cour et par elle à demander des faveurs ; mais, s'il lui a plu de jouer un temps à la simplicité, d'abriter sa gloire dans la chaumière de Tallien, à l'allée des Veuves, elle ne tarde pas à trouver qu'un tel théâtre est bien médiocre pour une femme comme elle. La chaumière, passe encore : c'est original ; mais il y faut les fleurs les plus rares, les officieux en 'nombre, les repas les plus délicats, les vins les plus exquis et des toilettes qui, pour exiger peu d'étoffe, n'en coûtent pas moins. Et, comme il faut chercher l'argent où il est, comme il y en a chez les banquiers et les gens d'affaires, c'est là que va Teresia et elle emmène Joséphine avec elle. Dès le 26 prairial an III (14 juin 1795), la voici en liaison avec Perregaux, et la voici à sa table avec son mari, Fréron, la vicomtesse de Beauharnais et quelques autres dames et messieurs, surtout dés banquiers. C'est le comte de Gervinus qui, après avoir dîné là, le raconte à Hardenberg. Et comme, en même temps que les banquiers, les gens de gouvernement — ceux surtout qui n'ont point de scrupules — sont bons à connaître, voici arriver Barras, et comme Barras se connaît en intrigues, ayant pour ses débuts travaillé avec les Lamotte-Valois, il ne tarde pas à passer sa maîtresse à Ouvrard, tout en conservant, lorsqu'il lui plaît, les privautés qui lui conviennent. D'autre part, Teresia n'a point de sottes jalousies ; Joséphine plaît à Barras ; Barras surtout, pour bien des raisons, plaît à Joséphine. Rien de mieux. |
[1] La date ici est essentielle : (Mémoires Barras, I, 358) veut faire croire que Mme de Beauharnais s'est, après le Treize vendémiaire An IV, servie du prétexte de réclamer ou faire réclamer par son fils les armes du général Beauharnais pour pénétrer, dit-il, dans ma société où elle savait Mme Tallien admise en première ligne depuis le neuf thermidor. Il est vrai que ce passage est formellement contredit par Barras même (I, 264). Madame de Beauharnais était à la suite des dames qui composaient la société de Tallien et la mienne ; et elle dînait le même jour 14 ou 15 vendémiaire chez Barras dont l'intimité était si bien établie, qu'il tutoyait Eugène. En réalité, Barras ou le rédacteur des Mémoires de Barras n'a pas pu, ou voulu, donner une date à l'entrée en liaison de Barras et de Joséphine : cette date désormais ne semble plus discutable : car, d'une part, la lettre de Hoche à Champein, d'autre part la lettre de Joséphine à Barras, font des bornes qui ne peuvent être esquivées.
[2] Joséphine, dans l'ordre d'arrestation, dans cet ordre de levée des scellés, dans la plupart des pièces la concernant, est dite demeurer rue Saint-Dominique, 953, et dans des procurations de même époque, elle est dite demeurer rue de l'Université. Faute d'avoir trouvé ci-devant l'indication du déménagement, j'avais ici fait une supposition erronée. A présent la chose, toute simple, se trouve confirmée par des pièces officielles. Barras (Mémoires, II, 59) dit : Elle vivait la plupart de l'année chez Mme Doué, créole comme elle ; je crois à une mauvaise lecture quant au nom : mais ne serait-ce pas quant au fait une confirmation ?
[3] Cette somme de 50.000 livres assignats, pour laquelle Joséphine s'engage à 1.500 livres de rente perpétuelle vaut, en espèces métalliques au cours du jour, 2.644 livres 10 sous, et c'est à ce chiffre que la créance se trouve réduite par arrangement du 13 messidor an VI.
[4] En reconnaissance des services qui lui avaient été rendus à cette époque par MM. Emmery et Vanhée, Joséphine leur prête, le 22 fructidor an XI, la somme de 200.000 francs dont, par divers actes postérieurs, elle renonce à toucher l'intérêt.