L’EMPIRE ASSYRIEN
Assournazirapla et Salmanazar ; les rois de Dansas et la maison d'Omri.Les années qui suivirent la défaite d'Assournazirapla II
avaient été pour l'Assyrie un temps de misère et d'humiliation. Non seulement
les acquisitions de Tiglatphalasar 1er en Syrie lui échappèrent,
mais Babylone secoua le joug ; les peuplades du Naïri et de l'Oumliash
reprirent leur liberté ; A mesure que leur autorité montait vers le nord, la cité d'Assour perdait peu à peu l'importance dont elle avait joui durant les siècles héroïques de la monarchie : elle cessait d'être le point central de l'empire et elle ne gardait son rang de capitale que par respect pour la tradition. Assournazirapla III (885-860), successeur de Tougoultininip II, lui porta un coup mortel en se choisissant une autre résidence. Près de cinq siècles auparavant, Salmanasar 1er avait construit, à Kalakh, sur la rive gauche du Tigre et au confluent de ce fleuve avec le grand Zab, une ville dont le hasard des révolutions empêcha longtemps la croissance. La quatrième année de son règne Assournazirapla rasa ce qui subsistait des édifices de son antique prédécesseur et il jeta les fondements d’une cité neuve. Dés lors et pendant un siècle au moins, tous les rois d'Assyrie, Salmanasar, Shamshiadad, Adadnirari, l'embellirent à l'envi et se plurent à l'habiter dans les rares instants de répit que la guerre leur laissa. Palais après palais s'éleva sur la riche plate-forme qui la soutenait, chacun richement orné de bois, d'or, de peinture, de sculpture et d'émail, chacun rivalisant de splendeur avec les premiers construits : des lions de pierre, des sphinx, des sanctuaires, des tours sacrées, variaient l'aspect de la ville et en rompaient la monotonie. La haute pyramide à degrés (ziggourat) annexée au temple de Ninip dominait tout et ralliait autour d'elle cet amas de palais. Le Tigre qui baignait à l'ouest le pied de la plate-forme, en reflétait la silhouette dans ses eaux et, doublant la hauteur apparente des édifices, dissimulait un peu l'écrasement des masses, qui est le point faible de l'architecture assyrienne. Quand le soleil couchant plaquait sur cette vue ces tons éclatants qu'on ne voit qu'au ciel d'Orient, Kalakh devait sembler comme un mirage du pays des fées au voyageur qui l'apercevait pour la première fois[2]. C'est d'elle que les monarques d'Assyrie partirent presque
chaque année pour leurs guerres. Adossés au plateau de Médie, bornés par les
massifs de l'Arménie, ils n'étaient guère tentés de s'attaquer aux peuples de
l'est ou du nord-est : ils y auraient trouvé d'aventure beaucoup de
peine et peu de gain. Tout au plus cherchèrent-ils à maintenir sous le joug
les tribus remuantes qui s'agitaient à la frontière de la vallée du Tigre et
dans les montagnes du Kourdistan : s'ils dépassèrent parfois ces
limites, ce fut pour entreprendre quelques razzias vers la mer Noire et la
mer Caspienne, ou pour pousser des pointes hardies aux extrémités de Assournazirapla commença cette marche en avant. Grâce à lui, l'empire assyrien se développa soudain et déborda sur toutes ses frontières à la fois. Il débuta par un raid dans le Kourdistan et dans les régions méridionales de l'Arménie. Les indigènes, incapables d'affronter une bataille rangée, se retirèrent sur les montagnes inaccessibles et se retranchèrent sur les sommets afin que je ne pusse les joindre ; car ces pics majestueux se haussent comme la pointe d'un glaive, et les oiseaux du ciel dans leur vol peuvent seuls y parvenir… En trois jours je gravis la montagne, je semai la terreur dans leurs retraites… leurs cadavres jonchèrent les pentes comme les feuilles des arbres, et le surplus chercha un refuge dans les rochers. Il incendia les villages de ces malheureux, puis il s'abattit sur le district de Karti[3] ; j'y livrai au fil de l'épée deux cent soixante combattants, je leur coupai la tête et j'en construisis des pyramides. Après Karti, ce fut le tour du Koummoukh. Assournazirabal avait déjà perçu le tribut des Moushki et il se préparait à pousser plus loin vers le nord, quand la révolte d'une ville de Mésopotamie le contraignit à revenir sur ses pas. Les rebelles désarmèrent à son approche et implorèrent le pardon de leur faute : il fut impitoyable. J'en tuai, dit-il, un sur deux… Je bâtis un mur devant les grandes portes de la ville ; j'écorchai les chefs de la révolte et je recouvris ce mur avec leur peau. Quelques-uns furent murés vifs dans la maçonnerie, quelques autres empalés au long du mur ; j'en écorchai un grand nombre en ma présence et je revêtis le mur de leur peau. J'assemblai leurs têtes en forme de couronnes et leurs cadavres transpercés en forme de guirlandes. Le chef principal fut emmené à Ninive, écorché lui aussi, et sa peau clouée à la muraille. Après cela, on ne s'étonnera plus si les gens du pays de Laki renoncèrent à lutter. D'autres insurrections qui éclatèrent dans les recoins de l'Arménie furent étouffées avec non moins de promptitude et de férocité en rentrant à Kalakh vers la fin de cette première année, Assournazirapla pouvait se vanter d'avoir fait sentir la pesanteur de son bras à tous ses voisins. Les années suivantes ne démentirent pas les promesses de
ces heureux débuts. En 881, guerre contre les peuples situés dans la région
du Zagros ; en 880, guerre contre l'Arménie ; en 879, guerre contre
le Koummoukh, le Naïri et la plupart des cités du haut Tigre. Ce sont
toujours les mêmes récits de victoires et les mêmes cruautés contre les
vaincus. En 879, les habitants de Karkhi, attaqués une seconde fois,
« abandonnèrent leurs places fortes et leurs châteaux ; pour sauver
leur vie, ils s'enfuirent vers Matni, un pays puissant. Je me ruai à leur
poursuite : je semai mille cadavres de leurs guerriers dans la montagne,
je jonchai la montagne de leurs cadavres, j'en remplis les ravins. Deux cents
prisonniers qui étaient vivants entre mes mains, je leur tranchai les poignets ».
Il restait encore au milieu de L'année d'après le vit dans des régions où nul monarque
assyrien ne s'était aventuré depuis près de deux siècles. Au printemps de 877
il quitta Kalakh, s'enfonça dans Après avoir vaincu Thibni, fils de Ginath, Omri avait
cherché à s'affermir sur son trône. Jusqu'alors Israël n'avait pas eu de
capitale fixe : Sichem, Tirzah, Rama, avaient tour à tour servi de
résidence aux successeurs de Jéroboam et de Baésha. Dans les derniers temps,
Tirzah avait semblé l'emporter, mais son palais avait été brûlé par Zimri, et
d'ailleurs la facilité avec laquelle elle avait été forcée était propre à
exciter les inquiétudes d'un chef de dynastie. Omri s'installa sur un terrain
situé un peu au nord-ouest de Sichem et du mont Ébal, et, comme il l'avait
acheté à un certain Shomer, il lui donna le nom de Shimrôn (Samarie)[8]. Ce choix était
habile et judicieux : la fortune rapide de la ville le prouva. Elle
était assise sur la croupe d'une colline arrondie, qui surgissait au milieu
d'une sorte de bassin large et profond, et qui se reliait aux hauteurs
environnantes par une langue de terre étroite et basse. La vallée est fertile
et abondamment pourvue d'eau ; les montagnes sont cultivées presque
jusqu'au sommet : il aurait été malaisé de trouver ailleurs dans Le vieux Benhadad 1er, qui avait guerroyé
contre Baésha, profita de la querelle entre Omri et Thibni pour renouveler
ses assauts il enleva plusieurs villes
et il força le roi d'accorder aux Syriens la possession d'un quartier spécial
de Samarie[11].
Omri se dédommagea par des représailles sur les Moabites. Il leur imposa un
tribut très lourd en laine et en bétail[12], mais ce n'était
pas là un succès de nature à compenser ses pertes ; à n'en gagner que de
ce genre, Israël courait risque de perdre son indépendance et de demeurer toujours
vassal de Damas. Omri le sentit et il chercha un appui au dehors. L'Égypte
était trop loin, les Assyriens venaient à peine de franchir l'Euphrate, les
haines religieuses et politiques avaient creusé un abîme entre lui et
Juda : il se tourna du côté de Hirom 1er, l'ami de David et de Salomon, avait porté la grandeur de Tyr à son apogée. L'autorité de la métropole rétablie sur Kition et sur Chypre, le commerce avec l'Espagne régularisé et développé, les voies qui mènent vers l'Extrême-Orient ouvertes grâce à l'alliance hébraïque, la ville devint trop petite pour la population qui affluait dans son sein. Elle couvrait alors plusieurs îles, séparées l'une de l'autre par des bras de mer peu profonds et semés de ces rochers coupés à fleur d'eau qui hérissent par endroits les abords de la côte syrienne. Sur la plus grande et au point le plus élevé, les premiers colons avaient bâti le temple de Melkarth près de huit siècles auparavant : un îlot voisin possédait le temple du dieu que les Grecs identifièrent plus tard à leur Zeus Olympios. Hirom s'ingénia à doubler l'étendue du sol sur lequel reposait sa capitale. Il combla les goulets qui divisaient les divers quartiers et il gagna sur la mer, vers le sud, un terrain assez considérable au moyen de remblais et de quais fortifiés. Même en cet état, l'aire occupée par les maisons n'était pas large et elle ne devait guère loger plus de trente à trente-cinq mille âmes : comme Arad, Tyr déborda sur le continent, et ses marchands qui sont des princes, ses trafiquants qui sont les plus honorables de la terre[13] étagèrent leurs villas sur les dernières pentes du Liban, mais l'île demeura le siège du gouvernement, grâce à sa position admirable et au fossé qui l'isolait du monde[14], Hirom mort, elle fut agitée par des insurrections sanglantes. La royauté avait peine à s'acclimater parmi cette tourbe de manufacturiers et de matelots : quand Baléastart, successeur d'Hirom, fut allé rejoindre son père après sept ans de règne, l'aîné de ses enfants, Abdastart, tomba dans une échauffourée populaire. On sait la faveur dont les nourrices de rois jouissent en Orient les quatre fils de la nourrice d'Abdastart assassinèrent leur frère de lait et donnèrent la couronne au plus âgé d'entre eux. Soutenus par cette masse d'esclaves, de soldats mercenaires et d'ouvriers que les villes phéniciennes renfermaient, ils se maintinrent douze ans au pouvoir. Leur domination eut des effets désastreux ; une partie de l'aristocratie émigra au loin, les colonies se détachèrent de la mère patrie : c'en était fait de l'empire tyrien.
Si cet état de choses avait duré. Une révolution chassa l'usurpateur et restaura l'ancienne lignée royale, sans rendre à la malheureuse cité la tranquillité dont elle avait besoin les trois fils survivants de Baléastart, Astart, Astarim et Phéli, se remplacèrent rapidement sur le trône. Le dernier fut assassiné, après neuf mois de règne, par un de ses parents, Ithobaal, qui garda le pouvoir trente-deux ans[15]. Le commencement de ces troubles avait coïncidé avec le
schisme des tribus : les Hébreux n'en avaient tiré aucun avantage.
Néanmoins, il était toujours à craindre qu'un de leurs rois plus entreprenant
ou moins absorbé que ses prédécesseurs ne se laissât tenter aux richesses de Déjà, dans Juda, le dévot Asa, fils et successeur d'Abijam, avait renversé l'image d'Ashérah, que sa mère Maakha avait fabriquée pour son propre compte[17]. Quelques prophètes d'Israël prirent parti contre Baal, contre la reine qui l'adorait, contre le roi qui en souffrait la religion, et ils les poursuivirent de leur haine sans relâche[18]. Un d'eux surtout, Elie de Thisbè, manifesta son opposition violente. Ses aventures et ses exploits, grossis et transformés par l'imagination populaire, sont aujourd'hui mêlés de tant de prodiges, qu'il est impossible de discerner la part de vérité que renferment les récits que nous en possédons. Elie, inspiré par le souffle de Dieu, annonce devant Achab qu'il n'y aura dans les années prochaines ni rosée, ni pluie, sinon à sa parole, et il s'enfuit au désert pour échapper à la fureur que cette prédiction soulève contre lui. Il est nourri d'abord par des corbeaux qui, soir et matin, lui apportent de la viande et du pain, ensuite, quand la source à laquelle il buvait fut tarie, par un baril de froment et par une cruche d'huile inépuisables, dont il partagea le contenu avec une veuve de Sarepta au pays de Sidon. Le fils de cette femme meurt subitement : il le ressuscite au nom de Jahvé, puis, toujours guidé par l'esprit d'en haut, il quitte sa retraite pour se présenter de nouveau devant Achab. Celui-ci l'accueille sans lui témoigner aucune rancune, mais il rassemble les prophètes païens et il les met face à face avec lui sur le Carmel. Les Phéniciens invoquent à grands cris leurs Baalim, se déchirent le corps à coups de couteau. Elie, après les avoir laissés s'épuiser en contorsions et en prières, implore Jahvé à son tour : le feu du ciel descend à sa voix et consume l'holocauste en un moment. Le peuple se rue sur les idolâtres, il les massacre, et la pluie commence à tomber. On dit qu’après cette épreuve Elie se retira encore une fois au désert et qu'il comparut, sur Horeb, devant l'Eternel. Or voici, Jahvé passait, et un vent impétueux, qui fendait les montagnes et brisait les rochers, allait devant Jahvé, mais Jahvé n'était point dans le vent. Après le vent, un tremblement de terre, mais Jahvé n'était point dans le tremblement. Après le tremblement venait un feu, mais Jahvé n'était point dans ce feu, et après le feu un vent doux et subtil. Et voici, dès qu'Elie l'eut entendu, il enveloppa son visage de son manteau, et il sortit et il se tint à l'entrée de la caverne, et une voix lui fut adressée et lui dit : Quelle affaire as-tu ici, Elie ? Jahvé donc lui ordonna d'oindre Khazaël pour roi de Syrie et Jéhu, fils de Nimshi, pour roi sur Israël, et Elisée, fils de Shapat, pour prophète en sa place, et quiconque échappera de l'épée de Khazaël, Jéhu le fera mourir, et quiconque échappera à l'épée de Jéhu, Élisée le fera mourir[19]. Le prophète que Jahvé honorait directement de sa parole était au-dessus des lois communes de l'humanité ; Elie monta vivant au ciel, sur un char de feu[20]. Ainsi le veut la tradition, et son exagération même nous montre quelle impression puissante le grand prophète avait laissée sur l'esprit de son peuple. Cette première tentative de réforme n'était pas destinée à
aboutir : elle fut pourtant assez sérieuse pour ajouter une querelle de
religion aux malheurs de la guerre étrangère. Benhadad 1er mort,
Achab avait rompu aussitôt son vasselage : Benhadad II convoqua ses
vassaux et marcha droit sur Samarie. Le roi implora la paix aux conditions
qu'il plairait au vainqueur de lui indiquer : la réponse à ses
ouvertures fut si outrageante, que les Hébreux se résolurent à tout braver
plutôt que de l'accepter. La fortune leur revint avec le courage :
Benhadad fut surpris en plein La lutte cessait à peine quand les Assyriens surgirent sur
l'Oronte. Benhadad avait suivi leurs progrès d'un oeil inquiet, et il s'était
préparé à les recevoir chaudement. Il avait renouvelé ses alliances avec
Hamath, avec Arad et La paix n'avait pas duré entre Achab et Benhadad. En traitant de la restitution des villes juives, on avait négligé de mentionner Ramoth-Galaad. C'était cependant une place importante : elle commandait la rive gauche du Jourdain et elle menaçait à la fois Israël et Juda. Achab voulut profiter de l'issue douteuse de la campagne contre les Assyriens pour réparer son oubli, et il se procura des alliés afin de l'appuyer dans son entreprise. Un grand changement d'esprit et de politique venait de s'accomplir à Jérusalem. Jehoshaphat (Josaphat) était un adorateur fervent de Jahvé ; mais sa piété ne le rendait pas aveugle aux nécessités politiques du temps présent. L'expérience des règnes précédents avait prouvé combien la rivalité était funeste aux deux adversaires : par l'effet de leurs discordes, Moab, Ammon, Édom, les fiefs philistins avaient secoué le joug ; Damas était devenue la capitale d'un royaume redoutable et elle menaçait de restaurer l'empire de David à l'avantage de Benhadad. La crainte d'être attaqué à son tour, si les tribus d'Israël succombaient, prévalut sur les récriminations des prophètes de Jahvé, à qui la haine de Baal fermait les yeux sur le danger de la patrie. Josaphat se convainquit de la nécessité d'effacer le passé et de réunir toutes les forces de la nation contre les Syriens. Il maria son fils Joram avec Athaliah, fille du roi d'Israël[25], et quand Achab le pria de l'accompagner sous les murs de Ramoth-Galaad, il y consentit volontiers[26]. Pour la première fois depuis près d'un siècle, les milices de Juda entrèrent sans intentions hostiles sur le territoire d'Ephraïm et les deux moitiés de la nation se confondirent sous les mêmes drapeaux. Josaphat s'était montré actif et belliqueux dès le début de son règne : il avait conduit contre ses voisins du sud plusieurs expéditions heureuses qui affermirent son autorité sur Édom[27]. Sa valeur échoua contre la fortune de Benhadad. Il manqua d'être pris dans le combat qui s'engagea en vue de Ramoth, et son armée fut à moitié détruite. Achab, blessé mortellement d'une flèche au commencement de la journée, demeura vaillamment à son poste et mourut d'épuisement vers le coucher du soleil : ses soldats, saisis de panique, se débandèrent (853). Achaziah ramena le corps de son père à Samarie. Josaphat s'enfuit à Jérusalem[28]. Israël retomba au rang de vassal, probablement aux mêmes conditions qu'avant la victoire d'Aphek, et ses rois, Achaziah (853-851), puis Joram, durent fournir leurs contingents habituels à Benhadad contre l'Assyrie. Salmanasar, après avoir réglé les affaires de Babylonie, revint à la charge après 850 et deux fois de suite, en 849 et en 848, il affronta le choc de la coalition syrienne. En 848, dix mille des Damasquins périrent, une partie de leurs chariots et de leur matériel de guerre resta sur le champ de bataille. Mais les Assyriens, toujours victorieux, s'il faut les en croire, étaient toujours trop affaiblis par leur victoire pour en user. Ils employèrent les deux années suivantes à soumettre quelques tribus de l'Arménie et des marches médiques et ils ne reparurent en Syrie que vers 846, sans plus de succès qu'à l'ordinaire[29]. Benhadad ne laissa pas entamer son royaume, et Salmanasar, découragé par son opiniâtreté, se résigna à lui accorder quelque répit à peine débarrassé de cet adversaire, il se rejeta sur les Hébreux. Ils avaient déjà réparé leur désastre (853-851). Après la bataille de Ramoth-Galaad,
Mesha, roi de Moab, avait refusé le tribut que son peuple payait depuis quarante
ans aux rois d'Israël[30]. Ses débuts
furent heureux : il rafla du coup Médéba, Nébo, Atarôt, que les gens de
Gad avaient possédées de tout temps, Horonaïm, égorgea la population hébraïque
ou l'emmena en esclavage, lui substitua partout des colons moabites, puis
fortifia la plupart des villes, à commencer par Dhibon, sa capitale[31]. L'événement
prouva que ces mesures de prudence étaient bien entendues. Joram, qui avait
succédé à Achaziah en 854, ne se sentit pas assez fort pour le réduire à lui
seul et il appela Josaphat à son secours. Comme les deux confédérés n'osaient
mener l'attaque vers le nord, par crainte des garnisons syriennes qui étaient
en Galaad, ils la dirigèrent au sud de la mer Morte et ils vinrent assiéger
le Moabite dans sa cité royale. Malgré
quelques succès partiels, l'entreprise avorta. Mesha, serré de près et
désespérant des hommes, eut recours au moyen suprême que la religion lui
offrait en pareil cas : il dévoua son fils à Kamosh et il le brûla sur
la muraille, en présence du camp ennemi. A la vue des fumées de l'holocauste,
les Israélites, convaincus que Jahvé serait désormais sans force, furent
saisis de terreur et se débandèrent. A dire vrai, une invasion de Benhadad
dut être pour quelque chose dans le triomphe des Moabites. Il fondit sur
Ephraïm et il monta jusqu'à Samarie : elle tint bon, et Benhadad,
désespérant de la forcer, leva le siège au moment où la famine l'avait déjà
presque rendue. Il ne devait plus rentrer en Israël : malade et presque
mourant, il fut achevé par Khazaël, un de ses officiers, qui se proclama roi
en sa place[32].
Il avait régné près de trente ans, non sans gloire. Il avait noué d'étroites
alliances avec Hamath et avec Khazaël ne se montra pas indigne du haut rang où son crime
l'avait élevé. Il se fit reconnaître sur les deux versants de l'Anti-Liban et
sur la majeure partie de Le prince qui les inaugura, Jéhu, venait d'être porté au trône par une des révolutions les plus tragiques que les historiens hébreux aient enregistrées. Les prophètes n'avaient jamais pardonné à la maison d'Omri l'introduction des religions phéniciennes. Déjà Élie avait songé à détrôner Achab et à le remplacer par Jéhu[35] ; Élisée, le disciple favori et le successeur d'Eue, exécuta le projet de son maître. Joram avait été blessé devant Ramoth et il s'était retiré pour se guérir au palais de Jezréel, loin de sa capitale et de son armée. Un émissaire d'Élisée s'introduisit dans le camp, à Ramoth, et voici, les capitaines étaient assis, et il dit : Capitaine, j'ai à te parler. Et Jéhu répondit : A qui de nous t'adresses-tu ? Et il dit : A toi, capitaine. Lors, Jéhu se leva et entra dans la maison ; le jeune homme lui versa l'huile sur la tête, lui ordonna de détruire la race d'Achab et s'enfuit. Alors, Jéhu sortit vers les serviteurs de son maître, et ils lui dirent : Tout va-t-il bien ? Pourquoi ce fou est-il venu vers toi ? Il leur répondit : Vous connaissez l'homme et vous savez ce qu'il peut dire. Mais eux : Ce n'est pas cela ; déclare-nous donc maintenant ce qui en est. Il reprit donc : Après m'avoir conté telle et telle chose, il m'a dit : Ainsi a dit Jahvé : Je t'ai oint pour être roi sur Israël. Alors, ils se hâtèrent et prirent chacun leurs vêtements et lui en firent un divan au plus haut des degrés, et sonnèrent de la trompette et proclamèrent : Jéhu a été fait roi. Achaziah de Juda était venu rendre visite à son oncle et à sa grand’mère Izebel. Quand la vigie annonça qu'on voyait une troupe s'avancer, les deux rois, au lieu de s'enfuir, montèrent sur leurs chariots pour aller à sa rencontre : c'était se livrer sans défense aux mains de l'ennemi. Jéhu perça Joram d'une flèche et il abandonna aux gens de sa suite Achaziah, qui s'échappait. En apprenant le meurtre et l'approche du meurtrier, la vieille Izebel voulut du moins mourir en reine : elle farda son visage, orna sa tête et regarda par la fenêtre. - Et comme Jéhu entrait dans la porte, elle dit : En a-t-il bien pris à Zimri qui tua son seigneur ? - Et il leva sa tête vers la fenêtre et dit : Qui est ici de mes gens ? qui ? Alors deux ou trois eunuques regardèrent vers lui, - et il leur dit : Jetez en bas. Et ils la jetèrent, de sorte que son sang rejaillit contre la muraille et contre les chevaux ; et il passa par-dessus elle. Restaient les princes de la maison d'Achab, au nombre de soixante-dix selon la tradition : il ordonna qu'on lui envoyât leurs têtes de Samarie et il les exposa en deux tas à la porte du palais de Jezréel. Les princes de la maison de Juda, qui venaient rejoindre Achaziah, furent assassinés de même sur le bord de la route ; les adorateurs et les prêtres de Baal, réunis par trahison dans le temple, furent égorgés jusqu'au dernier, et Jahvé resta seul maître d'Israël. Le contrecoup de cette révolution se fit sentir à Jérusalem d'une manière assez imprévue. Athaliah, fille d'Izebel et mère d'Achaziah, voyant la race de Josaphat à peu prés détruite, extermina ce qui en survivait : un seul enfant, Joas, échappa par les soins du grand prêtre. Le massacre achevé, elle saisit le pouvoir, s'entoura d'une garde phénicienne et pratiqua officiellement la religion de son Baal. Le crime de Jéhu avait donc produit ce résultat singulier de rehausser la religion nationale en Israël pour l'abaisser dans Juda : Jahvé trôna seul dans Samarie, mais Baal s'installa dans Jérusalem à côté de Jahvé[36]. La réforme de Jéhu n'avançait pas beaucoup les affaires
des Hébreux : Khazaël était toujours menaçant. Deux ans après sa première
défaite, en 840, il avait de nouveau affronté les Assyriens, mais sans
succès : il avait perdu quelques forteresses et payé tribut, de même que
les rois de Tyr, de Sidon et de Gébel. Ce fut son dernier essai de résistance
contre Salmanasar ; plutôt que de s'exposer à des malheurs inévitables,
il préféra acheter par des cadeaux le droit de poursuivre en paix ses
entreprises contre les Israélites. Elles lui réussirent au delà de toute
espérance : Jéhu était meilleur assassin que général et il fut battu sur toutes ses frontières, - depuis le Jourdain jusques au
soleil levant, dans tout le pays de Galaad, des gens de Gad, de Ruben et de
Manashshé, depuis Aroer qui est sur le torrent d'Arnon jusques en Galaad et
en Bashan[37]. Damas, humiliée
au nord par les Assyriens, était encore assez puissante pour humilier les
Juifs au Elle vaincue, l'oeuvre principale de Salmanasar était
accomplie. Son père avait conquis Décadence de l'empire assyriens ; l'Ourartou ; les prophètes d'Israël : Jéroboam II ; Tiglatphalasar III ; chute de Damas.Après lui la suprématie militaire de l'Assyrie se maintint
quelque temps encore. Shamshiadad IV (824-812),
par des assauts répétés, eut raison des tribus du Naïri et conquit Monté à ce degré de gloire et de puissance, l’empire s’affaissa d'un coup. Un rival se dressa devant lui qui, un demi-siècle durant, balança sa fortune et menaça de le supplanter dans l'hégémonie de l'Asie occidentale, l'Ourartou. Le pays tourmenté où le Tigre et l'Euphrate prennent leurs sources était habité alors par une seule race, les Kaldi, différente des Arméniens modernes, mais affiliée vraisemblablement aux Géorgiens et à quelques autres nations du Caucase. Il était morcelé en un grand nombre de principautés minuscules auxquelles il n'est pas toujours facile d'assigner une position certaine sur la carte ; la plus importante était celle de Biainas, dont la capitale, Dhouspas, est notre ville moderne de Van[44]. Les rois, entrés en contact avec l'Assyrie dès le règne d'Assournazirabal, se civilisèrent à l'école de leurs adversaires et ils apprirent d'eux l'art de l'écriture. Loutipris, puis Shardouris II attirèrent à leur cour des scribes ninivites qui rédigèrent les documents officiels dans leur langue, et qui prodiguèrent les épithètes les plus ronflantes du protocole assyrien à leurs patrons barbares. L'Assyrien fut, dans ces premiers temps, l'idiome savant des Kaldi, mais, dès le règne d'Ishpouinis 1er, fils de Shardouris, le système fut appliqué aux dialectes indigènes avec quelques modifications : déjà nombre d'inscriptions conçues dans le parler de Van ont été découvertes, et chaque jour le sol de l'Arménie nous en rend de nouvelles. Elles nous introduisent dans un monde étrange, où nous ne sommes pas encore à notre aise pour nous orienter. L'Ourarti adorait trois divinités principales, Khaldis, le dieu suprême, l'éponyme de la race, Téishbas, le maître de l'air et des cieux, Ardinis, le soleil. Une armée de dieux secondaires se ralliait autour de cette trinité, Aouis, l'eau, Ayas, la terre, Selardis, la lune, Irmousinis, Adaroutas, Kharoubaïnis : une seule inscription en énumère quarante-six dont plusieurs avaient été empruntés aux nations voisines. Il semble qu'au début, ce panthéon ne renfermât point de déesse : la seule qu'on y rencontre, Sharis, paraît n'être qu'une doublure d'Ishtar. Les textes historiques ne font pas grand cas de ces personnages subalternes et ils les comprennent tous sous un titre collectif, celui d'enfants de Khaldis. Les rois de Van, sans cesse en armes, domptèrent graduellement les principautés du voisinage, celle des Mannai, le Mousassir, le mont Mildish, et mainte autre dont le nom n'éveille aucune idée précise dans notre esprit, Sisirikhadris, Oudoukhais, Irdaniou dans le pays d'Iskigoulou, Baltou, Khaldiri. Le plus ancien d'entre eux, après Shardouris 1er, Aramé, commandait déjà au Milid, sur la rive occidentale de l'Euphrate. Ses successeurs, Shardouris II et Ishpouinis, gagnèrent du terrain vers l'Est et vers le Sud, malgré les défaites que leur firent subir Salmanasar II (829) et Shamshiadad IV (849). Menouas, le fils d'Ishpouinis, poussa ses armes en tout sens, de l'Araxe au Taurus, puis au lac d'Ouroumiyah, et son fils Argishtish 1er entama l'Assyrie : le Parsoua et le Khouboushkhia passèrent sous sa suprématie. Les souverains ninivites s’évertuèrent en vain à les refouler dans les montagnes les épidémies qui décimèrent l'Asie vers cette époque et l'épuisement de la population entravèrent leurs efforts. Ils finirent par désespérer de leur cause et par s'abandonner à leur sort sans résistance. Salmanasar III (782-772),
fils d'Adadnirari III, commença la décadence ; après une seule incursion
contre Damas (772), il fut contraint
d'évacuer Sa faiblesse avait rendu les peuples de Syrie à eux-mêmes : ils n'usèrent de leur liberté que pour se déchirer mutuellement et pour s'abîmer de plus en plus dans leurs discordes. Athaliah avait tenté d'anéantir la maison de Josaphat et d'introduire officiellement en Juda le culte de Baal : elle ne réussit ni dans l'une ni dans l'autre de ses entreprises. Le grand prêtre Jehoïada avait dérobé au massacre un fils d'Achaziah, nommé Joas, et il l'avait nourri secrètement dans le temple. Ses menées débauchèrent à la longue les commandants de la garde et d'autres chefs militaires ; quand il fut assuré de leur appui, il leur révéla l'existence de l'enfant et il le proclama roi devant eux. Athaliah, accourue au bruit, fut tuée ; Mattan, le grand prêtre de Baal, partagea son sort[47]. Jehoïada s'imposa comme tuteur au souverain nouveau, qui avait sept ans à peine : ce fut le règne des prêtres. Ils se confièrent à eux-mêmes l'administration des domaines de Jahvé et ils s'approprièrent sans scrupule le meilleur des revenus sacrés : le scandale devint si fort que Joas dut leur en retirer la libre disposition. Israël était dans une situation pire que celle de Juda. Général médiocre, politique plus médiocre encore, Jéhu ne put repousser Khazaël. Le Syrien pénétra jusqu'à Gath, sur la frontière philistine, et tourna son visage pour monter vers Jérusalem. Joas acheta la paix : il déroba au sanctuaire ce que Josaphat, Joram et Achaziah, ses pères, y avaient consacré, et tout l'or qui se trouva dans les trésors du temple et du palais, il l'envoya à Khazaël, pour que celui-ci se retirât de devant Jérusalem[48]. La misère fut au comble sous le fils de Jéhu : Joachaz fit ce qui déplaît à Jahvé, et la colère de Jahvé s'embrasa contre Israël et le livra entre les mains de Khazaël, roi de Syrie, et entre les mains de Benhadad, fils de Khazaël, durant tout ce temps-là[49]. Joas, délivré par la retraite des Syriens des attaques du dehors, et par la mort de Jehoïada d'un maître dont l'autorité lui pesait depuis longtemps, essaya de se soustraire à l'influence sacerdotale ; il souleva la haine du clergé et il fut assassiné dans son lit. Son fils Amaziah l'enterra au tombeau des rois et le vengea par le supplice des meurtriers : mais, avec une générosité rare chez les gens de son siècle, il ne fit point périr les enfants de ceux qui avaient égorgé son père[50]. Deux années auparavant, Joachaz s'était éteint à Jérusalem dans la misère, laissant des coffres vides, une armée impuissante et un État réduit de moitié[51]. Tant de malheurs, frappant coup sur coup, avaient remué fortement les esprits. Puis d'autres désastres étaient survenus : la famine, la sécheresse, la peste[52] ; enfin, l'apparition soudaine des Assyriens avait porté l'angoisse au comble. Depuis l'établissement du royaume, les Hébreux avaient vécu dans une sorte de petit monde, où de petits États, taillés sur le même modèle qu'eux, Moab, Ammon, Gaza, Tyr, même Damas, se livraient de petites batailles propos de bourgades obscures et de cantons à moitié déserts. Une fois seulement, au temps de Sheshonq, ils avaient senti la main d'un des grands empires orientaux s'appesantir sur eux, mais pour un instant seulement. L'entrée en lice d'une nation nouvelle, plus féroce, et plus belliqueuse encore, que l'Égypte, les rappela au sentiment de leur propre faiblesse et les poussa à comparer leur dieu national aux dieux de leurs vainqueurs. Certes, il n'y avait guère place pour le doute absolu et pour la négation de toute divinité, à cette époque de foi superstitieuse ; mais beaucoup en arrivèrent à se demander si Jahvé était réellement aussi puissant qu'on l'avait cru jusqu'alors. Les dieux de Damas et d'Assour, qui venaient de foudroyer Gath, Galnéh, Hamath[53], ceux de Tyr et de Sidon qui octroyaient aux Phéniciens le commerce du monde entier, ceux même de Moab et d'Ammon, ne valaient-ils pas mieux qu'un dieu toujours humilié malgré ses promesses ? Israël leur prêta hommage avec plus d'ardeur qu'il n'avait jamais fait auparavant : il se prosterna devant toutes les armées du ciel, il s'attroupa autour des reposoirs de Kevân, l'étoile d'El, il se pressa dans les tentes du roi des dieux[54]. Jahvé ne perdit rien à l'adjonction de ces partenaires, loin de là : le peuple redoubla de piété à son égard, et les souverains suivirent l'exemple du peuple. Plus qu'autrefois peut-être, on alla en pèlerinage à Béthel, à Gilgal, à Mizpah, à Pnouel, à Bershéba ; chaque matin, on apportait les sacrifices, tous les trois jours les dîmes, et les dons volontaires affluaient[55]. Mais ce culte dont on ne sevrait pas le dieu national, on le mêlait le plus qu'on pouvait de pratiques en usage chez les étrangers et qu'on supposait lui être agréables. Achaz de Juda érigea dans le temple de Jérusalem un autel construit sur le modèle de ceux qu'il avait admirés à Damas[56]. Les jeûnes et les pénitences publiques se multiplièrent[57], avec les holocaustes. Les dieux cananéens aimaient la chair grillée du premier-né : Achaz eut recours au même moyen qui avait si bien servi Mesha contre Israël, et il brûla son fils en l'honneur de Jahvé[58]. L'usage de passer les enfants par le feu devint si général à Jérusalem, qu'on réserva, au pied de la colline, un endroit spécial où ces horreurs s'accomplirent au plein jour[59]. L'influence du sacerdoce officiel et des collèges de prêtres ne pouvait que gagner à ce redoublement de ferveur religieuse. On a vu le rôle prépondérant que Jehoïada avait joué dans la catastrophe d'Athaliah : pourtant le grand pontife n'était encore que l'humble serviteur du roi, et mal lui en prit de l'avoir oublié, quand son protégé Joas eut atteint l'âge d'homme. Dans le royaume du nord, les révolutions de palais, les guerres étrangères, les usurpations, surtout l'existence de plusieurs sanctuaires aussi bien achalandés l'un que l'autre, ne permirent pas au clergé royal d'ancrer solidement sa prépondérance. Dans le royaume du sud, qui était plus petit et moins exposé aux assauts du dehors, il acquit bientôt une force et une stabilité extraordinaires. Comme toutes les corporations influentes, il tendit à devenir une classe fermée, où l'on n'admit que les descendants des familles vouées depuis longtemps à la prêtrise, une tribu qui figura dans la légende à côté des douze autres tribus d'Israël et qui prétendit se rattacher directement à Lévi, fils de Jacob. Israël protesta contre cette centralisation du culte et contre l'unité de sanctuaire qui l'avait produite : vers la fin du neuvième siècle, il promulgua le petit code connu sous le nom de Livre de l'Alliance[60]. La morale et les règles de conduite en étaient de mise dans les deux royaumes, et elles ne sont probablement qu'un sommaire des lois en vigueur à cette époque; mais les versets du début visent directement l'idée du temple de Jérusalem et ils la condamnent. Tu me feras un autel de terre, sur lequel tu sacrifieras tes holocaustes et tes oblations de prospérité, ton gros et ton menu bétail ; en quelque endroit que le mette la mémoire de mon nom, j'y viendrai vers toi et je te bénirai. Que si tu me fais un autel de pierre, ne le taille point, car, en le touchant avec le fer, tu le souillerais. Ne monte pas non plus à mon autel par des degrés, de peur que tu ne découvres ta nudité en y montant[61]. Les patriarches et les ancêtres de la race avaient adoré Dieu en plein air, sur des autels grossiers et bas, en présence de pierre brutes : il faut les imiter et non les clercs de Juda. D'ailleurs, en augmentant le nombre des sanctuaires, n'augmente-t-on pas celui des liens qui enchaînent Jahvé à ses enfants ? Cependant, ni l'adoption des idoles étrangères, ni l'éclat du culte national, ni le développement du sacerdoce judéen, ne remédiaient aux malheurs publics : Damas et Assour ne cessaient pas de vaincre et de prospérer, Israël et Juda d'être vaincus et de dépérir. Les prophètes envisagèrent cette persistance de la mauvaise fortune de tout autre manière que les prêtres ne faisaient : ils y virent la preuve même de la grandeur de Jahvé et une raison nouvelle de n'honorer que lui. Le vulgaire confessait le Dieu d'Israël, mais il admettait aussi la réalité des dieux étrangers : là était l'origine de la colère de Jahvé contre les siens. Les dieux des nations ne sont pas des dieux, ils sont des non-dieux ils ne sont pas seulement impuissants et ridicules, ils n'existent pas ailleurs que dans l'imagination humaine. Jahvé, lui, est le dieu unique : il est, et nul n'est que lui, il a tiré l'univers du néant, il le conserve. Il aurait pu, s'il l'avait voulu, accorder sa protection particulière â l'une des nombreuses familles qu'il a placées ici-bas : « N'êtes-vous pas pour moi, ô fils d'Israël, ce que sont les fils des Koushites ? N'ai-je pas tiré Israël d'Égypte comme j'ai tiré les Philistins de Kaphtor et les Araméens de Kir ?[62] » Pourtant, par un privilège insigne, qu'il était libre de ne pas conférer, il a choisi Israël pour être son peuple et il lui a promis de le continuer en Canaan aussi longtemps qu'Israël lui restera fidèle. Israël a pêché, Israël a dévié vers les faux dieux et il a manqué aux conditions du pacte qu'il avait conclu avec son Seigneur les malheurs qui l'accablent sont la juste punition de son manque de foi. Jahvé, ainsi conçu, cesse d'être le dieu d'une race pour devenir un dieu universel, et c'est bien sous l'image d'un dieu universel que nous le présentent les premiers prophètes dont nous lisons les oeuvres[63]. Le plus ancien d'entre eux, Amos, était né au bourg de
Tekoâ, dans la tribu de Juda, mais son action s'exerça de préférence sur
Israël[64] : la vie
politique était concentrée presque entière dans le royaume du nord, et
c'était là qu'il convenait de frapper les grands coups. Amos, exalté par
l'inspiration au-dessus des formules où le patriotisme de tribu emprisonnait
l'idée de Jahvé, accable de ses imprécations ceux
qui se confient en Sion et qui se croient tranquilles en la montagne de
Samarie, et qui pensent que tout leur est permis parce qu'ils sont le
peuple de Dieu. Poussez jusques à Kalnéh et vous en
allez de là vers Hamath L'avènement de Joas au trône d'Israël et d'Amaziah au
trône de Juda sembla rajeunir et renforcer les Hébreux. Joas battit Benhadad
III, près d'Aphek[72] et dans trois
autres combats, mais il ne le chassa pas complètement. On contait qu’avant
d'affronter cette guerre il avait consulté le vieil Élisée mourant. Celui-ci
lui avait ordonné de tirer des flèches contre terre en sa présence. Le roi frappa trois fois, puis s'arrêta. - Et l'homme de
Dieu se mit fort en colère contre lui et lui dit : Il fallait frapper cinq à six fois, et tu aurais frappé les Syriens
jusqu'à les anéantir ; mais maintenant tu ne les frapperas que trois
fois[73].
Amaziah de son côté avait écrasé les Édomites dans la vallée du Sel, sur le
champ de bataille de David, et il avait saccagé Sélah leur capitale. Enivré
de son succès, il se crut appelé à rétablir le royaume de Salomon et il défia
Joas dans Samarie. Celui-ci lui répondit par une parabole : Le chardon qui était au Liban fit dire au cèdre qui est au
Liban : “Donne ta fille pour femme à mon fils”. Mais une bête sauvage du
Liban vint à passer et foula le chardon aux pieds. - Parce que tu as rudement
frappé Édom, ton coeur s'est exalté. Contente-toi de ta gloire et te tiens
dans ta maison : pourquoi soulèverais-tu le mal par lequel tu tomberas,
toi et Juda avec toi ? La rencontre eut lieu à Bethshemesh
sur la frontière philistine. Amaziah fut vaincu et pris Joas entra sans opposition
dans Jérusalem, la démantela sur une longueur de quatre cents coudées, pilla
le temple comme s'il se fût agi d'un dieu païen et non de Jahvé, emmena des
otages et retourna à Samarie, où il mourut bientôt après[74]. Jéroboam II
acheva ce que son père avait à peine eu le temps d'ébaucher : de même
que David et Salomon, il réunit toutes les tribus sous sa domination, au
moins pendant les quinze premières années de son règne, et il courba
quelques-unes des nations voisines sous son autorité. Leur faiblesse fut au
moins pour autant que sa vigueur dans cette renaissance. Les rois d'Assyrie
avaient laissé échapper la suzeraineté sur l'Aram et sur Le règne de Jéroboam II marque mieux qu'un moment de
grandeur politique selon toute
vraisemblance, il fut une des époques les plus fécondes de la littérature
religieuse. La concentration des tribus en deux royaumes solidaires l'un de
l'autre avait amené les Hébreux à scruter leurs origines et à recueillir les
poèmes nationaux, les fragments de lois, les prophéties, les proverbes, les
chansons d'amour, les traditions qui couraient chez le vulgaire et parmi les
lettrés au sujet de la création, des patriarches, du séjour en Égypte et au
désert, de la conquête et des héros qui avaient gouverné les clans avant
qu'il y eût des rois. Environ un siècle après la mort de Salomon, vers 840,
un prêtre de Juda composa une histoire, où il contait à sa manière les débuts
de la race humaine, les légendes relatives à la fondation des vieux
sanctuaires, Hébron, Pnouel, Sichem, Béthel, les conventions que Moïse le
législateur avait conclues au Sinaï avec Dieu, et les événements qui
s'étaient écoulés depuis lors jusqu'au temps où il vivait. Aucune tendance
théologique n'est sensible dans ce qui nous reste de son oeuvre ses récits
ont encore la saveur populaire. Jahvé, chez lui, est un dieu du type et de la
famille de Kamosh et de Melkarth. Lorsqu'il veut conférer une faveur à son
serviteur Abraham, il lui apparaît sous forme humaine, il boit et il mange
avec lui. Sodome et Gomorrhe ont commis des crimes abominables, si bien que le cri contre elles est augmenté et que leur
péché est aggravé : avant de les punir, il descend lui-même, pour
voir de ses propres yeux si elles ont agi selon la rumeur qui est venue
jusqu'à lui, et, si cela n'est pas, je le saurai[78]. Ailleurs, il
lutte une nuit entière avec Jacob[79], et il se
précipite en fureur sur Moïse afin de le tuer[80]. Une façon aussi
naïve de présenter les choses sacrées ne pouvait plus suffire à une époque où
Amos proclamait l'unité de Dieu : un prêtre éphraïmite, probablement
contemporain de Jéroboam, et déjà imprégné de l'esprit prophétique, s'empara
du sujet et y joignit des faits nouveaux. Naturellement, tout ce que le
premier avait raconté à la plus grande gloire de Juda, son successeur
l'adapta à la plus grande gloire d'Israël : ainsi il refuse à Juda le
droit d'aînesse parmi les enfants de Jacob pour le conférer à Ruben. Mais en
quoi il diffère surtout de son prédécesseur, c'est en l’idée qu'il se fait de
Dieu. Dieu n'a plus chez lui le caractère purement matériel. Il ne se montre
plus en tout temps ni en tout lieu, mais seulement la nuit et en rêve. Il
commence même à ne plus vouloir communiquer directement avec la
créature : il se sert d'anges comme intermédiaires et il ne se dévoile
que graduellement. Les patriarches l'ont adoré sous le titre d'Élohim, les
dieux, et il attend la venue de Moïse pour livrer son vrai nom, qui est Jahvé.
Désormais, l'intérêt de l'histoire se concentre autour de Jahvé, sur ses
prêtres, sur ses prophètes. Moïse n'est plus le seul libérateur du
peuple : à côté de lui, on voit apparaître Aaron et le grand prêtre
Éléazar. Le sacrifice n'est plus accessible à tous : il devient le
privilège d'une tribu, celle de Lévi. La conquête de Canaan s'accomplit en
une seule fois par l'ordre de Dieu, et le partage du territoire s'opère par tirage
au sort, sous la sanction de l'autorité religieuse[81]. C'est sans
doute vers le temps où cet historien élohiste écrivait que les légendes relatives
à Samuel, à David, à Salomon, au prophète Éli, reçurent leur forme première.
Des préceptes moraux, mis dans la bouche de Ce furent quarante années de prospérité et de paix, les
dernières du royaume. Six mois après la mort de Jéroboam, son fils Zakariah
fut assassiné, en présence du peuple, par Shalloum, fils de Jabèsh, et la
maison de Jéhu cessa d'exister[82]. Shalloum
lui-même ne demeura qu'un mois aux affaires : il fut tué dans Samarie
par Ménakhem, fils de Gadi[83], et Taphsakh et
plusieurs autres villes qui avaient essayé de résister à celui-ci furent punies
avec une cruauté sans égale. Le châtiment ne se fit pas attendre. En 745, une
révolte éclata à Kalakh, dans laquelle disparut Assournirari, et le pouvoir
échut aux mains d'un homme peu disposé à mener la vie de roi fainéant. On ne
sait d'où sortait Tougoultipalêsharra (Tiglatphalasar)
III, s'il appartenait à la même famille qu'Assournirari, ou s'il n'était
qu'un usurpateur habile ; mais tandis que son origine est obscure, sa
personne brille, dans l'histoire, d'un éclat incomparable. Il était taillé
sur le patron des grands conquérants d'autrefois, actif et ambitieux, plus
assidu au camp qu'au palais. Venant, comme il faisait, après des années de
faiblesse et de décadence, il marque un des points tournants de l'histoire
d'Assyrie. Un successeur d'Assournirari, qui aurait suivi les errements
d'Assournirari, aurait consommé la ruine de son peuple : Tiglatphalasar
releva les énergies déprimées, montra de nouveau à ses soldats le chemin de
l'étranger et les conduisit plus loin qu'ils n'étaient jamais allé avant lui.
Il joignit même aux qualités du général celles de l'administrateur. Ses
prédécesseurs comprenaient encore la conquête telle que les Pharaons
l'avaient entendue : les pays vaincus étaient pillés à loisir, puis
soumis au tribut et leurs chefs assujettis à l'hommage, mais ils n'étaient
pas incorporés au territoire de l'Assyrie. Tiglatphalasar procéda par voie
d'annexion et de colonisation. Les cantons qui lui paraissaient utiles à
garder, il détrônait la famille qui les avait régis, il y implantait des
troupes de prisonniers arrachés aux contrées lointaines, et il en confiait le
gouvernement à des officiers assyriens qui relevaient de lui directement. La
population, astreinte au service militaire, livrait chaque année un nombre déterminé
de recrues. Les villes payaient un impôt fixe en métal et en nature :
Ninive, trente talents, dont dix consacrés aux frais généraux et vingt
assignés à l'entretien de la flotte ; Kalakh, neuf, sans parler des
étoffes des chariots, des chevaux, du blé, des produits du sol et de l'industrie
locale. Par malheur, ce règne si brillant et si fécond en résultats glorieux
est l'un des plus difficiles à enfermer dans le cadre reçu des histoires
orientales : les données que ses monuments nous fournissent sur Israël
et Tiglatphalasar monta sur le trône le 45 lyar (avril) de l'an 745. Il employa six mois à se
consolider au pouvoir, puis il partit vers le Sud. Les conditions politiques
de Depuis longtemps, les peuples de
Au nord de ces barbares, mais au sud du Zab inférieur, le
Namri, puis, au nord-est, le Parsoua, complétaient la barrière vivante qui
séparait Ninive du plateau central. Plusieurs rois y avaient déjà pratiqué la
brèche ; même Adadnirari IV l'avait forcée. La première fois que
Tiglatphalasar l'assaillit (758), son effort se concentra d'abord sur
l'Oumliyash et sur les contrées du sud-est. Le succès fut rapide, complet :
tandis qu'il dévastait systématiquement le pays, son lieutenant Assourdaninâni
exécutait une razzia fructueuse chez les Mèdes
puissants qui habitent au lever du soleil, et il leur enlevait cinq
mille chevaux, des hommes des boeufs, des moutons. La campagne terminée, les
Assyriens occupèrent solidement les points les plus rapprochés de leur territoire.
Tiglatphalasar réorganisa les villes, leur inculqua
le respect d'Assour, son maître, y installa les hommes des pays que sa main
avait conquis, et, à leur tête, des officiers comme préfets. Des
troubles le rappelèrent l'année suivante : ils furent promptement
étouffés, et l'armée regagna Ninive chargée de butin. L'annexion et la colonisation
de quelques cantons, la soumission de quelques autres à un tribut plus ou
moins exactement payé, furent les seuls résultats de ces deux
campagnes ; Cet intermède brillant, mais sans conséquences durables,
était clos à peine, que des soins plus pressants ramenèrent Tiglatphalasar au
sud et à l'ouest. Jusqu'alors Juda avait eu des rapports peu fréquents avec
l'Assyrie. Après sa défaite par Joas, Amaziah avait employé le reste de sa
vie à réparer son désastre. Son fils Azariah ou Ozziah acheva la conquête
d'Édom et recouvra sur la mer Rouge le port d'Elath, perdu depuis
Josaphat ; mais atteint par la lèpre dans la force de l'âge, il associa
son fils Jotham au trône[94]. Grâce à
l'énergie de ces deux princes, Juda redevint puissant et prospère, au moment
même où le dernier espoir d'Israël s'éteignait avec Jéroboam II. L'énergie
féroce de Ménakhem ne put le protéger contre les Assyriens : il dut
acheter leur retraite au prix de ses trésors[95]. Son fils
Pékakhiah, qui lui succéda, fut assassiné l'année d'après par un de ses
généraux, Pékakh, fils de Rémaliah[96]. Pékakh gagna à
ce meurtre une royauté précaire et menacée de toutes parts. Damas n'avait pas
gardé longtemps les garnisons israélites ; après un Benhadad IV dont on
ne sait rien[97],
Rézôn II ceignit la couronne, et, sous sa direction, Tiglatphalasar accourut : voyant combien la puissance
de Rézôn avait augmenté pendant son absence, il ne l'assaillit point de
front, mais il s'attaqua d'abord à Israël. Pékakh ne se sentit pas de taille
à lutter et il s'enferma dans Samarie, abandonnant le reste du royaume. Les
tribus du nord et de l'est, déjà plus d'à moitié ruinées pendant les guerres
avec Damas, reçurent alors le dernier coup. Tiglatphalasar vint et prit Ijon, Abel-Beth-Maakha, Janoha, Kedesh,
Hazor, Galaad et Il semblait que les Assyriens n'eussent plus qu'à passer
en Égypte pour compléter leur domination sur l'ancien monde ; La vingt-deuxième et la vingt-troisième dynastie ; les Éthiopiens en Égypte : Piônkhi et Shabakou. Chute du royaume d'Israël.La révolte éclata aussitôt dans les provinces situées au
delà de l'Euphrate, en Phénicie et dans Israël. Pékakh avait été assassiné en
729 par le général de son armée, Hoshéa, et celui-ci n'avait obtenu
l'investiture de l'Assyrie qu'à la condition de payer dix talents d'or et
mille d'argent[105]. Dès qu'il
apprit la mort de Tiglatphalasar, il cessa les versements, comptant sur les
troubles qui accompagnent d'ordinaire un changement de règne. Il fut trompé
dans son attente. Le fils de Tiglatphalasar monta en paix sur le trône, comme
Salmanasar IV en Assyrie, comme Ouloulaï (Eloulaios)
à Babylone. Il avait déjà gouverné Pour quelque temps, mais non pas pour longtemps. Il
n'était ni pire ni plus méprisable que la plupart de ses prédécesseurs ;
peut-être même valait-il mieux que beaucoup d'entre eux, car la tradition
nationale, en le comprenant dans la censure générale qu'elle leur inflige,
affirme que s'il fit ce qui déplaît à Jahvé, il ne
le fit pas autant que ceux qui avaient été avant lui[108]. Mais son
royaume ne se soutenait plus les pays au delà du Jourdain, le territoire des
tribus du nord, L'expédition de Sheshonq 1er en Palestine
n'avait été dans l’histoire de la vingt-deuxième dynastie qu'un intermède
glorieux, mais sans conséquences durables. Il était arrivé alors à l'Égypte
ce qui arrive souvent aux peuples vieillis : l'avènement d'un prince
actif et vaillant semble les ragaillardir en leur vigueur première. Les
troupes de Pharaon, même celles d'alors, bien commandées et lancées
résolument contre les bandes désordonnées des Hébreux, ne pouvaient manquer
de les écraser : Jérusalem plia sous leur choc, et les villes de Osorkon 1er, Takelôti 1er, Osorkon
II, Sheshonq II : les Bubastites régnaient depuis cent ans déjà ; à
n'en juger que l'apparence, rien n'était changé dans l'état général du pays,
et pourtant des actions et des réactions dont nous devinons enfin la nature
l'avaient poussé quelques degrés plus bas sur la pente qui l'entraînait à la
ruine. Pour éviter des usurpations analogues à celle des grands prêtres
d'Amon, Sheshonq et ses descendants s'étaient appliqués à n'octroyer les
charges importantes qu'aux princes de la famille royale. Un fils du Pharaon
régnant, et d'ordinaire l'aîné, était grand prêtre d'Amon et gouverneur de
Thèbes, un autre administrait à Khmounou, un autre à Khninsou, d'autres
encore dans les grosses villes du Delta et de Au milieu de ces roitelets turbulents et pillards, une race surgit, que son énergie politique et le mérite des hommes qui la composaient haussèrent sans peine au-dessus de ses rivales. Certes, il ne manquait ni d'habiles ni d'ambitieux à Tanis, à Khninsou, à Bubaste ; mais aucune des villes ni aucun des souverains de cette époque ne jouèrent un rôle aussi prépondérant que celui de Saïs et des princes qui la régissaient. Actifs, remuants, batailleurs, mêlés à toutes les péripéties qui se déroulent autour d'eux, dès l'instant que nous les voyons sur la scène, les Saïtes ont un but unique vers lequel tendent tous leurs efforts : déposséder les seigneurs locaux et fonder sur les débris des dynasties partielles qui ruinent le pays une dynastie nouvelle dont la suprématie se propage dans l'Égypte entière. L'histoire du temps est au fond l'histoire des tentatives qu’ils font pour arriver à leurs fins et des échecs qui retardent à chaque instant les progrès de leur ambition. Les autres princes, toujours coalisés contre eux, mais toujours vaincus, appellent l'étranger à leur secours et trahissent l'intérêt de la patrie commune au profit de leurs intérêts particuliers. De là les invasions éthiopiennes : la dynastie koushite arrête un moment les empiétements des Saïtes sans les abattre, ni même les décourager. L'insuccès de Tafnakhti ne sert pas de leçon à Bocchoris ; le désastre de Bocchoris ne fait pas hésiter ses successeurs. L'intervention assyrienne n'est pour eux qu un moyen d'user la puissance éthiopienne. Les Éthiopiens humiliés, les Assyriens embarrassés en Asie, Psammétique reprend l'avantage. En quelques années, il réunit sous sa main la vallée entière, et il proclame l'avènement de cette vingt-sixième dynastie sous laquelle l'Égypte devait vivre encore quelques jours de gloire et de prospérité[115]. Tafnakhti est le premier des Saïtes qui nous soit connu
par les monuments. Il était d'origine obscure et il ne possédait de son chef
que la bourgade de Noutir, non loin de Canope[116]. Quelques
expéditions heureuses contre ses pairs les plus proches l'encouragèrent
bientôt à élargir le cercle de ses entreprises. Ce fût surtout une guerre de
sièges. Les barons, maîtres chacun d'une parcelle du territoire national, ne
duraient que par la force des armes : ils se sentaient entourés
d'ennemis, et pour se défendre des compétitions rivales, ils avaient dû se
retrancher fortement. Depuis un siècle, le sol s'était hérissé de citadelles,
placées aux points stratégiques de la contrée, sur les rares monticules qui
commandent les bords du Nil, dans les îles du fleuve ou à la rencontre des
canaux de navigation. Embastillés dans leurs châteaux et dans leurs villes,
appuyés sur des mercenaires Mashouasha et Tahonou, ils opposaient une
résistance acharnée à l'envahisseur. Tafnakhti pourtant triompha d'eux. Il
s'empara des nomes situés à l'occident de la branche principale du fleuve, le
Saïte, l'Athribite, le Libyque, le Memphite. Respectant les régions à
l'orient du Delta, où les Tanites continuaient de régner, il remonta le cours
du Nil : Mîtoum, le Fayoum, Khninsou et son roi Pefââbastit, Khmounou et
son roi Osorkon l'acclamèrent pour suzerain. Il passa ensuite sur la rive
droite et il y reçut l'hommage de Onou et de Pnibtepâhe. Il poursuivait le
cours de ses succès et il venait de frapper le nome de Ouobou, quand les
chefs encore insoumis du Delta et de Les descendants des rois-prêtres d'Amonrâ, exilés en Nubie
par les Pharaons de la vingt-deuxième dynastie, y avaient fondé, avec les
provinces colonisées plus de deux mille ans auparavant par les Sanouasrît, un
royaume indépendant dont la capitale était Napata. Bâtie au pied de Piônkhi-Mîamoun, celui d'entre eux à qui les barons égyptiens présentèrent leur requête, régnait déjà depuis vingt ans lorsqu'ils lui proposèrent la conquête de l'Égypte. L'idée de réunir toute la vallée du Nil sous un même sceptre lui était familière : il manda aux troupes qu'il avait en Thébaïde l'ordre de partir sans retard, tandis que lui-même rassemblait ses forces à Napata et qu'il se préparait à entrer en campagne. La guerre débuta pour lui par un succès : sa flotte rencontra au nord d'Abydos la flotte de Tafnakhti qui cinglait vers Thèbes, chargée de soldats et de munitions, en détruisit une partie, mit l'autre en déroute. Une seconde flotte, montée par les contingents de trois rois vassaux de Tafnakhti, fut battue après un combat de trois jours, et les Éthiopiens abordèrent au nome d'Ounou. La lenteur de leurs mouvements permit au roi Nâmaroti de se jeter dans Khmounou et de s'y retrancher : une partie des troupes d'invasion resta en observation devant la place, tandis que le reste continuait sa marche vers le nord, sur la rive gauche par Pamazaît, sur la rive droite par Ta Tehni Oïrnakhîtou[118] et par Hibonou. Nâmaroti, cerné de tous les côtés, ne pouvait plus espérer le secours de ses alliés ou de son suzerain : il s'obstina pourtant dans sa résistance et il tint les envahisseurs en échec. Il fallut, pour avoir raison de lui, l'arrivée de Piônkhi, à la tête de nombreux renforts. Piônkhi changea le blocus de Khmounou en un siège régulier : il dirigea des jetées d'assaut contre la muraille et il dressa des tours pour les archers et pour les frondeurs. En trois jours la place, assaillie sur tous les fronts à la fois, ne fût plus tenable, et son commandant demanda grâce par l'intermédiaire de sa femme, la reine Nsitentnsi, et des dames du harem. Piônkhi le reçut à merci, entra dans l'enceinte au bruit des acclamations, alla prier au temple de Thot et prit solennellement possession du butin au nom d'Amon Thébain. La chute de Khmounou entraîna la reddition de toute la moyenne Égypte. Khninsou ouvrit ses portes, ainsi que Pisokhmoukhopirrî[119], qui commandait l'entrée du Fayoum. Mîtoum, Pisokarsahaz et même Titôouï suivirent cet exemple : Piônkhi parvint sous Memphis presque sans coup férir. A peine arrivé, il l'envoya sommer. Ne fermez point vos huis ; ne combattez point contre
le pays de l'intérieur[120]. Shou, le dieu de la création, quand j'entre, il
entre ; quand je sors, il sort : aussi ne peut-on résister à mes
attaques. Je ne veux qu'offrir des offrandes à Phtah et aux dieux du nome
memphite ; je veux honorer Sokari dans sa chapelle, voir le dieu
Rîsânbouf, et puis je retournerai en paix. Si vous me livrez Memphis, elle sera
épargnée, et l'on n'y fera pas même un petit enfant pleurer. Voyez les nomes
du midi : on n'y a massacré personne, excepté les impies qui avaient
blasphémé Dieu. On a exécuté ces obstinés. Piônkhi avait appuyé
son discours d'un détachement d'archers, de matelots et de soldats du génie,
qui devaient s'emparer du port. La garnison était en alerte : elle
repoussa ces troupes et elle leur infligea des pertes sérieuses. Bientôt
après, à la faveur d'une nuit obscure, Tafnakhti se glissa dans la place,
avec un convoi d'armes et un corps de huit mille hommes, fortifia les points
faibles de l'enceinte, puis repartit vers le nord, afin de recruter des
bandes fraîches. Il comptait sur une résistance sérieuse, mais la flotte
éthiopienne, trompant la vigilance des assiégés, s'introduisit dans le port
et y captura les vaisseaux des Saïtes, tandis qu'une division de pionniers et
d'archers se coulait le long de la rivière et pénétrait dans la ville par les
quais. Après deux jours de bataille dans les rues, la garnison mit bas les
armes. Piônkhi s'empara des forteresses voisines et ne s'arrêta qu'un instant
à Héliopolis pour y célébrer le sacrifice royal. Il
monta l'escalier qui conduit au grand adyton pour y voir le dieu qui réside
dans Hâbenbon, lui, lui-même. Tout seul, il tira le verrou, ouvrit les
battants, contempla son père Râ dans Hâbenbon, ajusta la barque Mâdit de Râ,
la barque Soktit de Shou ; puis il ferma les battants, plaça la terre
sigillaire et y imprima le sceau royal. Osorkon de Bubaste le
reconnut aussitôt pour son suzerain légitime ; un mouvement des
Éthiopiens décida les autres princes du Delta à se conformer à cet exemple.
Tafnakhti, abandonné par ses vassaux, implora la paix, et Piônkhi la lui
accorda sans conditions. Après avoir reçu l'hommage, non loin d'Athribis, au
coeur même de Pour la première fois depuis deux cents ans l'empire des Pharaons était reconstitué des sources du Nil Bleu aux bouches du fleuve, mais non plus au profit de l'Égypte. L'Éthiopie, si longtemps vassale, dominait à son tour : Napata était reine à la place de Thèbes et de Memphis. On ne sait combien de temps ce premier asservissement dura peut-être autant que la vie de Piônkhi, peut-être moins. La victoire des Éthiopiens n'avait pas détruit les germes de discorde qui fermentaient dans le pays. Les petits rois, tout en appelant l'étranger à leur aide, ne s'étaient pas livrés sans réserve ils avaient voulu garder leur indépendance et ils la gardèrent en effet, sous des apparences de vasselage. Tafnakhti avait été vaincu, mais non réduit à l'impuissance ; il avait même gagné à sa défaite la reconnaissance de son pouvoir. Ce n'était plus seulement un aventurier heureux, un chef militaire sans autre titre que ses hauts faits, sans autre droit que le droit du plus fort. Piônkhi, en l'accueillant à merci, lui avait octroyé l'investiture officielle pour lui et pour sa famille. Il s'arrogea les cartouches, la couronne, les insignes de la royauté souveraine et il régna désormais à Saïs aussi légitimement qu'Osorkon III à Bubaste, Nâmaroti à Khmounou, Pefââbastit à Khninsou, et les autres princes dans les autres villes[122]. L'Éthiopie était loin, la dynastie tanite sans force et sans prestige ; il ne dut pas tarder à redescendre dans la lice. Les événements favorisèrent son ambition. Piônkhi mourut
quelque temps après son retour d'Égypte, et nous trouvons à sa place un
certain Kashto, dont le nom trahit une origine étrangère à la lignée des
prêtres d'Amon[123]. Kashto était
roi par son mariage avec une princesse encore inconnue de la famille
thébaine, peut-être avec une fille de Piônkhi : son autorité demeura
confinée dans On ne sait trop quels droits il prétendait à la
couronne : peut-être il se rattachait par quelque alliance lointaine à
la famille qui venait de s'éteindre, peut-être il n'avait d'autres titres que
sa valeur personnelle et l'éclat des services rendus pendant les règnes précédents.
Héritier de Salmanasar à Ninive, il espérait l'être également à Babylone,
mais Ainsi tomba Samarie, et avec Samarie le royaume d'Israël, et avec Israël la dernière barrière qui séparait l'Égypte de l'Assyrie[128]. La marche en avant commencée par Assournazirabal était terminée enfin : comme jadis sur l'Euphrate et le Tigre, les deux puissances rivales se rencontraient face à face sur la frontière de l'Afrique et de l'Asie, prêtes à se disputer une fois encore l'empire du monde. |
[1] Maspero, les Empires, p. 3-6.
[2] G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. II, p. 98-99
[3] Ou Kourti.
[4] Aujourd'hui Arban.
[5] Circésium, au
confluent du Khabour et de l'Euphrate. Cf. Fox Talbot, Assyrian Texts,
p. 30-31.
[6] Maspero, les Empires, p. 6-51.
[7] Maspero, les Empires, p. 52-69.
[8] I Rois, xvi, 24.
[9] Robinson, Biblical
Researches in
[10] Oppert, Histoire,
105-106; Schrader, Die Keilinschriften
und das Alte Testament, 1885, p. 189-
[11] I Rois, xx, 34.
[12] II Rois, iii,
[13] Isaïe, XVIII, 8.
[14] Movers, Die Phönizier, t. II, 1ter Theil, p. 488, sqq ; E. Renan, Mission de Phénicie, p. 341-575.
[15] Movers, t. II, 1ter Theil, p. 340-346.
[16] Akhaziaou, quem Jahveh sustinet ; Jehoram, Jahveh altus est ; Athalia, quam Jahveh afflixit.
[17] I Rois, xv, 13.
[18] Wellhausen, Prolegomena, p. 505 sqq.
[19] I Rois, xix, 8-17.
[20] II Rois, ii, 1-12.
[21] I Rois, xx.
[22] Karkar était au voisinage d'Hamath (Schrader, Die Keilinschriften und
das Alte Testament, 1885, p. 180).
[23] Un autre texte porte vingt mille cinq cents.
[24] Maspero, les Empires, p. 69-75.
[25] Cf. II Rois, viii, 48, combiné avec II Rois, viii, 26.
[26] I Rois, xxix, 1-19 ; II Chroniques, xvii, 1-27.
[27] II Chroniques, xviii.
[28] I Rois, xxii, 20-29 ; II Chroniques, xviii, 28-34.
[29] Maspero, les Empires, p. 75-78.
[30] Ces faits nous
sont connus par la fameuse stèle de Dinbân, découverte en
[31] II Rois, iii, 4-27.
[32] II Rois, vi, 8 ; viii, 15.
[33] II Rois, viii, 28-29.
[34] Maspero, les Empires, p. 79-87.
[35] I Rois, xix, 16.
[36] II Rois, ii-xi, 2.
[37] II Rois, x, 32-33.
[38] Maspero, les Empires, p. 87-95.
[39] Un canton
montagneux dans le voisinage de
[40] Manna est placé par Sayce, toujours d'après les inscriptions vanniques, entre le territoire de Van et celui de Parsoua (loc. laud.).
[41] Une des femmes
d'Adadnirari se nommait Sammouramat. Comme ce nom est le type original du nom
de Sémiramis, on a préposé de reconnaître en cette Sammouramat
[42] Sur les limites de
l'Assyrie sous Adadnirari, voir les observations très justes de Delattre, Esquisse de Géographie assyrienne
(extrait de
[43] Ezéchiel, xxxi, 3-6.
[44] Dhouspas est
[45] Sur la légende de Sardanapale, voir Ctésias, Fragments, édit. Didot, p. 39-41 ; cf. Diodore, II, 23-25 ; Athénée, XII, 7, etc.
[46] Maspero, les Empires, p. 102-
[47] II Rois, xi ; cf. Wellhausen, Prolegomena, p. 204-208.
[48] II Rois, xii, 17-18.
[49] Ibid., xiii, 1-8.
[50] II Rois, xiv, 5-6.
[51] Ibid., xiii, 9-10 ; xiv, 1.
[52] Amos, iv, 4-11.
[53] Ibid., vi, 1-2.
[54] Amos, v, 25-27.
[55] Ibid., iv, 4-5 ; v, 4-6.
[56] II Rois, xvi, 10-16.
[57] I Rois, xxi, 9, 27-29.
[58] II Rois, xvi, 5.
[59] Jérémie, vii, 31 sqq.
[60] Exode, xx, 23 ; xxiii, 30, où le livre de l'Alliance est inséré sous forme de discours adressé par Dieu à Moïse, sur le mont Sinaï.
[61] Exode, xx, 24-26.
[62] Amos, iv, 7.
[63] Sur cette transformation de l'esprit prophétique en Israël, cf. Wellhausen, article Israël, dans la nouvelle édition de l'Encyclopædia Britannica, t. III ; Kuenen, Religion nationale et religion universelle, p. 86 sqq.
[64] Joël a le pas sur Amos d'après l’opinion reçue ; les arguments qu'on fait valoir en faveur de l'ancienneté de son oeuvre sont trop faibles pour emporter la conviction. Amos vivait vers le milieu du huitième siècle avant notre ère.
[65] Amos, vi, 2.
[66] Ibid., I-II.
[67] Amos, iii, 9.
[68] Ibid., v, 21-24.
[69] Ibid, vi, 8-10.
[70] Ibid., ix, 2-4.
[71] Amos, x, 14-45. Le rôle d'Amos a été défini d'une manière fort claire par Kuenen, Religion nationale et universelle, p. 108-110.
[72] II Rois, xiii, 17.
[73] Ibid., xiii, 25.
[74] II Rois, xii, 1-15 ; II Chroniques, xxv, 1-24.
[75] II Rois, xiv, 23-28.
[76] Amos, I, 5.
[77] II Roi, iii, 5, où le passage est appliqué au temps de Joachaz.
[78] Genèse, xviii, 1-2, 7-8, 20-21.
[79] Genèse, xxxii, 24 sqq.
[80] Exode, iv, 24-27.
[81] Le premier
écrivain est désigné d'ordinaire sous le nom de Jahviste, le second sous celui
de deuxième Élohiste ou même, simplement d’Élohiste. On trouvera dans les manuels
spéciaux les renseignements nécessaires sur la façon dont leurs oeuvres ont été
remaniées, mêlées, coordonnées, sous l'influence deutéronomique d'abord, puis
sous l'influence sacerdotale, avant de prendre la forme que nous leur
connaissons aujourd'hui dans les livres historiques de
[82] II Rois, xv, 8-12.
[83] Ibid., xv, 13-17.
[84] Tiglatphalasar eut
affaire à trois rois d'Israël, Ménakhem, Pékakh, Hoshéa, et à deux rois de
Juda, Azariah et Joachaz. Sans entrer dans le détail des arguments donnés de
part et d'autre, je dirai que le Phoul et le Tiglathphalasar de
[85] Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 200-203.
[86] Ibid., p. 237-241.
[87] Les inscriptions jusqu'à présent connues confondent en un seul récit les deux campagnes de 745 et de 751. J'ai suivi les indications de Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 249 et 259.
[88] Aujourd'hui
Tell-Erfàd, à deux lieues environ d'Alep (Kiepert, dans
[89] Il est probable,
mais non certain, que Ménakhem de Samarie et Rézôn de Damas se soumirent au
tribut. Cf. Smith, Assyrian History,
dans
[90] Smith, The Annals of Tiglath-Pilezer II, dans
[91] G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. II, p. 555, 554, 557-558.
[92] Selon un rapprochement ingénieux de M. Delattre le Peuple et l'Empire des Mèdes, p. 90, les Ellibi seraient les Élyméens de Strabon, XVII, i, 17-18.
[93] La présence des
noms de Zikrouti, Araqouttou, Ariarva, Nishsha parmi les noms des peuples
vaincus, a fait croire que Tiglatphalasar était allé en Asie, en Arachosie et
jusque dans la vallée de l'Indos (E. Norris, Assyrian Dictionary, s. v. Namri, Zikrouti, Ariarva, Araqouttou ;
Fr. Lenormant, Sur la campagne de
Teglathpalazar II dans l'Ariane, dans
[94] II Rois, xiv, 17-21 ; xv, 1-7, 32-38.
[95] II Rois, xv, 49-20, où Tiglatphalasar porte le nom altéré de Phoul.
[96] II Rois, xv, 22-25.
[97] Ce Benhadad est mentionné dans un texte mutilé comme père de Rézôn. Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 261-252.
[98] Les textes assyriens l'appellent Joachaz.
[99] M. Oppert a
supposé que le nom du fils de Tabéel était Azariah d'après les monuments
assyriens (cf.
[100] II Rois, xvi ; Isaïe, vii, viii, ix.
[101] II Rois, xv, 29.
[102] Schrader, Die
Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, d. 255-256.
[103] II Rois, xvi, 9 ; cf. Isaïe,
xvii, 1 sqq. Schrader, Die
Keilinschriften, und das Alte Testament, 1883, p. 264-265; Smith, The Annals of Tiglath-Pilezer II, dans
[104] II Rois, xvi, 40 ; Chroniques, xxvi, 20-21.
[105] II Rois, xv, 30.
[106] Ménandre d’Ephèse, dans Josèphe, Ant. Jud., IX, 4.
[107] II Rois, xvii,
3 ; Schrader, Die Keilinschriften und das
Alte Testament, 1883, p. 266-269.
[108] II Rois, xvii, 2.
[109] Hoshéa, xiii, 16.
[110] Isaïe, xxviii, 1-4.
[111] Lepsius, Denkm., III, 256 ; cf. Chabas, Mélanges égyptologiques, 2e série, p. 73 sqq.
[112] Mariette, Renseignements sur les Apis, dans le Bulletin archéologique de l'Athenœum français, 1855, p. 98-100.
[113] Lepsius, Denkm., III,
[114] Lepsius, Ueber die XXIIe Königsdynastie ; le Psimout que M. Lepsius rangeait dans la vingt-troisième dynastie est en réalité Psimout II de la vingt-neuvième (Maspero, Découverte d'un petit temple à Karnak, dans le Recueil de travaux, t. VI, p. 20).
[115] Maspero, dans
[116] En Copte Manouti, près de Canope (Brugsch, G. Ins., t. I, p. 289-290, et Champollion, l'Égypte sous les Pharaons, t. II, p. 282).
[117] Mariette, Monuments divers, t. I, pl. I, l. 1-7. Cf. E. de Rougé, Mémoire sur une inscription historique de Piânkhi Meriamoun, p. 3-4, 21-23.
[118] Aujourd'hui Tehnéh (Maspero, Notes sur quelques points de grammaire et d'histoire, dans les Mélanges, t. I. p. 291-292), sur la rive droite du Nil, un peu au-dessous du Miméh. Cf., sur Tehnéh, Willkinson, Handbook, p. 275-276.
[119] Place forte située à l'entrée du Fayoum, aujourd'hui Illahoup.
[120] Khonou,
[121] La grande stèle de Piônkhi, publiée par Mariette, Monuments divers, pl. I-VIII, a été traduite, en français par E. de Rougé (Chrestomathie égyptienne, IVe fascicule), en allemand par MM. Lauth et Brugsch, en anglais par M. Cook.
[122] Stèle d'Athènes de l'an VIII de Tafnakhti, découverte et publiée par Mallet dans le Recueil de travaux, t. xviii, p. 1-6.
[123] Sur Kashto, voyez Mariette, Notice des principaux monuments, et Monuments divers, pl. XLVIII, s ; E. de Rougé, Étude sur les monuments du règne de Tahraka, dans les Mélanges d'archéologie égyptienne et assyrienne, t. I, p. 87-88.
[124] Ménandre d’Éphèse dans Josèphe. Ant. Jud., IX, 14, 2.
[125] Schrader, Die Keilinschriften und des Alte Testament, 1885, p. 267-269. Voici, autant qu'il est permis de le rétablir, le tableau de la seconde dynastie assyrienne :
[126] 27 280 âmes, au témoignage de Sargon lui-même (Oppert, Inscription du palais de Khorsabad).
[127] II Rois, XVII, 50; cf. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament,
1885, p. 271-285.
[128] Voici la liste des rois d'Israël :