L’EMPIRE ASSYRIEN
L'Assyrie : Ninus et Sémiramis ; Tiglatphalasar 1er.Assour occupait la partie moyenne du bassin du Tigre,
depuis le confluent du fleuve avec le Kournib jusque vers l'endroit où il
débouche dans les plaines d'alluvion de Depuis Thoutmosis III, la position relative des États qui
dominaient dans ces parages avait changé du tout. Toute cette histoire n'est encore qu'une esquisse maigre
et sans couleur où les détails manquent. Plus tard, vers l'époque persane, la
légende mythologique se substitua à ce récit trop sec. On conta qu'au début
des siècles, un chef, nommé Ninus, s'était taillé dans l'Asie un empire qui
comprenait Une fois reine, elle fonda Babylone sur un plan mieux
entendu encore que celui de Ninive. Le mur en mesurait trois cent soixante
stades (soixante-six kilomètres) de long
il était flanqué de deux cent cinquante grosses tours et assez large pour
laisser passer six chars de front. Elle endigua l'Euphrate, elle le borda de
quais sur un développement de cent soixante stades (trente kilomètres), et elle réunit les deux rives par un
pont ; elle établît le temple du dieu Bel au milieu de l'enceinte. Le
tout venait à peine de s'achever quand une révolte éclata en Médie :
elle la réprima, puis elle entreprit de parcourir ses provinces l'une après
l'autre, afin d'en améliorer la condition. Elle bâtit Ecbatane en Médie,
Sémiramocarta en Arménie sur le lac de Van, Tarse en Cilicie. Partout où elle
allait, elle perçait les montagnes, elle brisait les rochers, elle pratiquait
de belles routes. Dans les plaines, elle érigeait des tumulus pour tombeaux à
ses généraux morts pendant l'expédition. Arrivée aux confins de Il y a loin de leur roman à l'histoire authentique des
premiers monarques assyriens. La conquête de L'Assyrie formait un royaume compact et vigoureux, dont
les forces pouvaient être concentrées rapidement sur un même point, de
manière à briser toute résistance, si obstinée qu’elle fût. Sauf vers le Sud,
où La soumission de La tranquillité assurée au nord et à l'est, il se rabattit
vers le nord-ouest et il s'acharna sur le Naïri. Brave
à outrance dans la mêlée, courageux dans les batailles, j'ai marché sans égal
contre les rois des bords de la mer supérieure, qui n'avaient jamais connu la
soumission, et qu'Assour m'avait signalés. J'ai traversé des hauteurs
inabordables, des cols ardus dans lesquels personne parmi les rois antérieurs
n'avait jamais pénétré ; j'ai passé par des chemins abrupts, dans des
fourrés épais. Les tribus, à l'est de l'Euphrate, n'opposèrent pas une
résistance sérieuse ; mais, au delà du fleuve, il fallut disputer le
terrain pied à pied. Vingt-trois rois du Naïri rassemblèrent leurs hommes,
appelèrent à leur secours les nations des bords de Depuis l'invasion des nations de la mer, sous Ramsès III,
les Khati avaient achevé de perdre l'empire qu'ils s'étaient taillé un moment
en Syrie et en Asie Mineure : ils n'étaient plus qu'un petit peuple,
resserré entre l'Euphrate et l'Aprié, autour de Gargamish. A côté d'eux, une
demi-douzaine de royaumes en miniature se partageaient la vallée de l'Oronte
supérieure et les plaines du Naharanna : celui de Patin[8], dont la capitale
s'appelait Kinaloua, celui de Pitrou, celui de Khaloupou, à qui les Assyriens
donnèrent le nom de Khalvân. L'antique Qodshou existait encore, mais réduite[9] : Hamath et
Soba gardaient le rang qu'elles avaient au temps des Pharaons.
Tiglatphalasar, arrivant dans ces contrées encore récentes de la domination
égyptienne, n'eut pas de peine à s'emparer d'elles. Il traversa Le récit de ces guerres ne peut manquer de donner une haute opinion du caractère du prince qui les mena et de son peuple. Comme autrefois les grands Pharaons de la dix-huitième et de la dix-neuvième dynastie, Tiglatphalasar est un général infatigable. Il conduit en personne la plupart des expéditions, dissipe et châtie d'innombrables ennemis, chevauche d'une extrémité à l'autre de son empire, sans souci de la distance et des obstacles matériels ; de plus, chasseur acharné de lions et tueur endurci d'animaux sauvages. Les Assyriens étaient sans contredit l'une des mieux douées parmi les races de l'Asie antérieure. Ils avaient moins d'originalité que les Chaldéens, leurs maîtres en civilisation, mais plus de ténacité et d'énergie. Ils possédaient au plus haut degré les qualités militaires, la force physique, l'activité, l'adresse, le sang-froid, la bravoure imperturbable : ils débusquaient l'urus gigantesque et les fauves qui abondaient sur leur territoire, et ils les abordaient face à face. Des vices fâcheux déparaient leurs vertus. Ils étaient un peuple de sang, plein de violence et de mensonges, sensuel, orgueilleux à l'excès, fourbe et traître par mépris de l'adversaire. Peu de nations ont abusé plus insolemment des droits de la force. Ils démolissaient et ils brûlaient les villes sur leur passage, ils empalaient ou ils écorchaient vifs les chefs rebelles : malgré l'éclat et les raffinements de leur civilisation extérieure, ils demeurèrent toujours des barbares. Et c'était au nom d'Assour qu'ils commettaient ces atrocités, car ils étaient le peuple religieux par excellence. Le roi se glorifie beaucoup, mais il glorifie les dieux encore plus. Il combat pour sa propre gloire et pour l'extension de son domaine, mais il combat aussi pour l'honneur des dieux que les autres nations rejettent, et pour répandre leur culte au loin dans tous les pays connus. Ses guerres sont des guerres de religion autant que des guerres de conquête; ses constructions, celles du moins sur lesquelles il appuie avec le plus de complaisance, sont des constructions religieuses[11]. - Le temple d'Anou et d'Adad, les grands dieux, mes seigneurs, que Shamshiadad, prêtre-souverain d'Assour, fils d'Ishmidagan, prêtre souverain d'Assour, avait édifié six cent quarante et un an auparavant, était tombé en ruines. Assourdan, roi du pays d'Assour, fils de Ninippalékour, roi du pays d'Assour, démolit ce temple, mais ne le reconstruisit pas. Pendant soixante ans on ne toucha pas à ses fondations[12]. Tiglatphalasar le rebâtit plus vaste qu'auparavant, et l'entoura de temples et de palais dont il vante la splendeur. Malgré ces éloges, l'architecture assyrienne ne saurait se comparer à l'architecture égyptienne, ni pour l'ampleur des plans, ni pour le choix des matériaux. Ses masses sont insignifiantes si on les compare à celles de Louqsor et de Karnak, ses formes sont gauches et empruntées. Elle se servait surtout de briques, recouvertes de minces dalles de marbre gypseux poli ou sculpté, tandis que les architectes égyptiens employaient de préférence le calcaire, le grès et le granit. Aussi les palais et les temples assyriens n'ont-ils pas eu la durée des égyptiens : ils se sont effondrés en monceaux informes et ils se confondent presque avec le sol qui en a fourni la matière. Après la conquête du Naïri, Tiglatphalasar avait dressé
une stèle de victoire à l'une des sources du Tigre. D'après
la volonté d'Assour, de Shamash, d'Adad, les grands dieux, mes maîtres, moi,
Tiglatphalasar, roi du pays d'Assour, fils d'Assourrishîshi, roi du pays
d'Assour, fils de Moutakkilnouskou, roi du pays d'Assour, le vainqueur des
peuples depuis la grande mer jusqu'au Naïri, pour la troisième fois j'ai
asservi le Naïri. Une nouvelle expédition le conduisit au
Nord-Ouest dans le Khoumanou (Comana) ;
une autre le porta au coeur de Occupation du pays de Canaan par les enfants d'Israël.Au sortir de l'Égypte, les Hébreux s'enfoncèrent dans la
péninsule du Sinaï. C'était le moment où les Libyens et les nations de la mer
menaçaient le Delta : il fallait se tenir à l'écart des grandes voies
militaires, afin d'éviter le choc des barbares et la poursuite de Pharaon. Le
désert offrit aux fugitifs l'asile le plus conforme aux instincts nomades de
leur race. La tradition sacerdotale affirmait y savoir leurs destinées et le temps
qu'ils y séjournèrent. Leur chef Moïse les aurait conduits au Sinaï, pour y
recevoir de Dieu même les articles de leur loi fondamentale. Quarante années
après le passage de la mer Bouge, il aurait arraché au Très-Haut la
permission de ramener son peuple au pays de Canaan, d'où ses ancêtres étaient
issus : il aurait envahi la contrée située à l'est du Jourdain, mais il
serait mort avant de pénétrer dans Il est probable que les Hébreux s'attardèrent assez long¬temps dans la péninsule du Sinaï : les victoires de Ramsès III ne devaient guère leur inspirer l'envie de s'attaquer aux régions où leurs anciens maîtres dominaient. La tradition postérieure assure qu'ils constituaient dès lors, comme la plupart des peuples de leur race[14] ; une association de douze tribus, rattachées par une parenté plus ou moins directe aux douze fils du patriarche Jacob : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issakbar, Zabulon, descendaient de sa première femme Lia, Joseph et Benjamin de sa seconde femme Rachel, Dan, Naphtali, Gad et Ashsher, des servantes de son harem. A Lévi et à Joseph on substituait les deux fils que Joseph avait eus d'une Égyptienne, Ephraïm et Manashshé. Cette division répondit toujours à une idée mythique plus qu'à la réalité des faits ; mais elle entra à tel point dans les moeurs qu'elle subsista nominalement, même après que les tribus se furent fondues en un seul peuple ou qu'elles eurent disparu en partie. Au temps que les Hébreux vivaient dans le désert, le nombre et la nomenclature n'en étaient plus fixés d'une manière aussi précise. Les clans qui les formaient étaient réunis les uns aux autres par des liens fort lâches ils agissaient chacun à sa guise, sans unité d'action ou de commandement, sans direction religieuse commune. Après avoir erré quelque temps à la recherche d'un territoire, ils s'arrêtèrent au sud-ouest de la mer Morte, dans la région montueuse qui environne la ville de Kadesh[15]. Le pays est pauvre, aride ; à peine offre-t-il quelques sources soigneusement ménagées, quelques ouadis favorables à la culture et à l'élevage des bestiaux. Les nouveaux venus y rencontrèrent des peuplades de même origine, les Kénite, les enfants d'Édom, les Madianite, avec lesquelles ils s'allièrent et ils se querellèrent tour à tour, menant la vie qu'y mènent aujourd'hui les Bédouins, moitié bergers, moitié brigands. Le souvenir de cet âge pastoral leur demeura cher longtemps après qu'ils se furent installés en Canaan. Le Séir et le Sinaï furent pour eux les montagnes saintes par excellence, celles où Jahvé, leur dieu, siégeait dans sa gloire mystérieuse, et d'où il s'élançait au secours de ses fidèles, pendant les heures de danger[16]. Quelques familles, d'où procédèrent plus tard les tribus de Juda et de Siméon, poussèrent droit vers le nord et se cantonnèrent, en compagnie des Kénites, dans les vallées les plus voisines de Kadesh, non, loin d’Hébron[17]. Le gros de la nation ne s'engagea pas sur cette route, la plus tentante de toutes, probablement par crainte des Égyptiens et des peuples qui leur payaient tribut. Il contourna lentement le versant méridional de la mer Morte, il longea la frontière de Moab et d'Ammon, puis il déboucha dans le pays de Galaad. C'est, à huit cents mètres environ plus haut que le Jourdain, un plateau coupé de ravins profonds et de vastes pâturages vers le sud, les arbres y sont rares et clairsemés ; mais, à mesure que l'on monte vers le nord, ils se multiplient en véritables bois où le hêtre, le pin, le chêne-liège, le sycomore se mêlent aux térébinthes et à d'énormes figuiers. Trois vallées, taillées abruptes dans la masse, versent au Jourdain et à la mer Morte les eaux de l'Arnon, du Jabbok et de l'Yarmouk. On contait que les ancêtres de la race, Esaü, Laban, Jacob, avaient autrefois erré dans ces parages, et la chronique s'efforça d'y retrouver leurs traces ; à Makhanaîm, Jacob avait vu Dieu face à face[18] ; à Pnouel, il avait lutté contre lui une nuit entière[19]. La tradition parle de batailles livrées par Moïse en Galaad, de victoires remportées par les Israélites confédérés sur Sihon, roi des Amorrhéens, et sur Og, roi de Bashan. La prise de possession ne comporta pas d'actions décisives et rapides ; elle fut lente et graduelle. Les immigrants se glissèrent dans le pays par bandes de bergers et de brigands, et, gagnant de proche en proche, ils s'y trouvèrent à la longue en nombre suffisant pour chasser, asservir ou absorber les anciens habitants. Gad retint pour lui le meilleur du territoire. Ruben essaya de se tailler un domaine sur la côte orientale de la mer Morte, aux dépens d'Ammon et de Moab. Plus tard, les clans de Makhir et de Jaïr, associés on ne sait comment à Manashshé, disputèrent aux Araméens les plaines situées entre le lac de Génésareth et la rive septentrionale de l'Yarmouk. Un moment même, le clan de Nobakh lança ses avant-postes à Kénath, au pied des montagnes du Hauran[20]. Une fois en possession de leur patrimoine, ces tribus vécurent isolées du reste de la nation : lorsqu'une demande de secours leur parvenait, Galaad restait au delà du Jourdain, et près des ruisseaux de Ruben, grandes étaient les délibérations, mais sans effet[21]. Aussi bien avaient-elles assez à faire de se défendre contre les empiétements continuels des Syriens de Damas, des Bédouins du Désert, de Moab et d'Ammon[22]. Gad, toujours menacé, se défendit toujours victorieusement[23] ; Ruben s'usa entièrement à ces luttes, et bientôt il ne fut plus qu'un nom parmi les enfants d'Israël[24]. Au couchant du Jourdain, l'immigration se continua certainement dans des conditions analogues à celles qui avaient favorisé l'entrée en Galaad. La chronique sacerdotale n'en convenait pas volontiers : elle préférait y voir une conquête brusque, opérée d'un seul coup, par l'ordre et sous la protection visible de Dieu. Après la mort de Moïse, Josué, fils de Noun, aurait franchi le fleuve un peu au-dessus de son embouchure et enlevé Jéricho. La chute de cette place décida celle des villes voisines, Aï, Béthel, Sichem. Sichem, au coeur même de Canaan, devint aussitôt le point de ralliement du peuple : Josué y fixa sa résidence et il y érigea, sur le mont Ébal, un autel de pierre, où les titres principaux de la loi étaient gravés. Une première coalition, suscitée par les Cananéens du Sud aux ordres d'Adonisédek, roi de Jébus, se brisa sous les murs de Gibéon et ses chefs furent mutilés ou égorgés. Une seconde, organisée par Jabin, roi d'Hazor, ne réussit pas mieux ; Jabin fut défait près des eaux de Mérom et sa capitale, fut brûlée. Le terrain déblayé, le partage aurait eu lieu selon les règles, et chaque tribu aurait reçu des mains de Josué le lot que le sort lui avait assigné. Ce n'est pas là l'histoire, c'est la légende de l'invasion[25]. Les tribus n'agirent pas avec cet ensemble qu'on nous vante si fort : elles travaillèrent chacune pour leur compte, et les plus nombreuses profitèrent de leur force pour se tailler la part large. Elles s'infiltrèrent au delà du Jourdain, groupe à groupe, clan à clan. La tradition veut qu'elles se soient introduites par les gués de Jéricho, et il est probable, en effet, que plusieurs d'entre elles forcèrent par là. Cependant, si l'on réfléchit que la plus nombreuse de leurs colonies se groupa autour de Sichem, on ne peut s'empêcher de croire que le corps principal traversa le fleuve vers le milieu de son cours[26]. Arrivées sur la rive occidentale, elles se heurtèrent à des nations beaucoup plus civilisées qu'elles ne l’étaient elles-mêmes et pourvues de moyens de résistance efficaces ; les villes murées et les chars de fer, qui avaient bravé pendant des siècles les soldats exercés de Pharaon, n'avaient pas grand'chose à craindre des bandes d'Israélites mal équipés qui rôdaient autour d'elles. Il n'y eut pas de guerres à proprement parler, mais une série de razzias, d'escarmouches, de surprises, où mainte place fortifiée succomba. Plusieurs des peuplades cananéennes, harassées par des alertes continuelles, préférèrent composer avec les pillards et leur céder une partie de leurs champs ; d'autres leur ouvrirent leurs portes de bonne grâce et s'allièrent avec eux par des mariages. La plus puissante des tribus de Joseph, celle d'Ephraïm, s'implanta solidement au centre, dans les montagnes qui séparent la vallée du Jourdain de la côte syrienne, et elle engloba peu à peu les Amalécites qui l'y avaient précédée ; les autres se logèrent du mieux qu'elles purent, Benjamin au sud, sur les hauteurs qui dominent la plaine fertile de Jéricho, Manashshé au nord, dans les marais du Jourdain et dans les gorges du Thabor. Quatre tribus secondaires, Issakhar, Ashsher, Naphtali et Zabulon, gagnèrent les collines qui s'élèvent derrière Tyr et Sidon. Deux autres, Siméon et Lévi, échouèrent dans un coup de main qu'elles tentèrent contre la cité de Sichem : Lévi fut détruit en entier, Siméon réduit à quelques familles qui s'unirent ensuite à Juda[27]. Les Danites errèrent longtemps à la recherche d'un territoire. Six cents d'entre eux finirent par surprendre, en pleine paix, le poste sidonien de Laïs ; ils passèrent les habitants au fil de l'épée, puis ils donnèrent leur nom à la ville[28]. Presque partout la plaine et les citadelles cananéennes conservèrent leur autonomie, Beth-Anat, Beth-Shemesh, Mageddo, Taanak, Beth-Sheân, Sichem, au nord, Jébus, Gibéon, Guézer, Aialon et d'autres encore[29], vers le sud. Faute d'avoir su comment s'en emparer, les envahisseurs se trouvèrent coupés en trois tronçons d'inégale importance et que rien ne reliait entre eux : au centre, Éphraïm et la maison de Joseph ; au sud, Juda et Siméon ; au nord Issakhar, Ashsher, Naphtali, Zabulon et Dan. Les années qui virent s'accomplir l'occupation et qui la suivirent sont l'âge héroïque du peuple hébreu. Les livres sacrés, qui nous en ont gardé la mémoire, supposaient qu’après la conquête, les noeuds qui rattachaient les tribus s'étaient relâchés, à mesure que le souvenir de Moïse et de Josué s'éloignait. Les vainqueurs prirent pour femmes les filles des Hittites, des Amorrhéens, des Phérésiens, des Hivites et des Jébusites, et ils donnèrent leurs filles à leurs fils, et ils servirent leurs dieux. Les enfants d'Israël firent donc ce qui déplaît à Jahvé ; ils oublièrent Jahvé, leur Dieu, et ils servirent les Baalim et les Ashérahs[30]. L'unité religieuse rompue, l'unité politique serait tombée d'elle-même. Les guerres éclatèrent de tribu à tribu, les plus fortes laissèrent les Cananéens opprimer les plus faibles, et toutes se révélèrent incapables de défendre leur indépendance. Israël, malgré ses quarante mille hommes en état de porter les armes, fut la proie facile des peuples voisins. Les Amorrhéens, les Ammonites, les Moabites, les Philistins, dominèrent tour à tour sur ses fractions diverses et ils lui rendirent avec usure les maux que Josué leur avait infligés. Partout où les enfants d'Israël allaient, la main de Jahvé était contre eux en mal, comme Jahvé le leur avait dit et juré, et ils étaient dans de grandes angoisses. Alors Jahvé leur suscitait des Juges[31], qui les délivraient de la main de ceux qui les pillaient. Mais ils ne voulaient pas même écouter leurs Juges ; ils paillardaient après d'autres dieux et ils se prosternaient ; ils se détournaient aussitôt du chemin par lequel leurs pères avaient marché, obéissant aux commandements de Jahvé ; mais eux ne faisaient pas ainsi. Or, quand Jahvé leur suscitait des Juges, Jahvé était aussi avec le Juge, et il les délivrait de la main de leurs ennemis pendant tout le temps du Juge, car Jahvé se repentait pour les sanglots qu'ils jetaient à cause de ceux qui les opprimaient et les accablaient. Puis, il arrivait qu'avec la mort du Juge ils se corrompaient de nouveau plus que leurs pères, allant après d'autres dieux pour les servir et pour se prosterner devant eux : ils ne diminuaient en rien leur mauvaise conduite ni leur entêtement[32]. Rien de plus factice que cette manière d'envisager les faits. Les Juges ne se sont pas succédé régulièrement les uns aux autres. Ils n'étaient pas des magistrats revêtus d'une autorité officielle et reconnue par toute la nation, les présidents d'une république bien organisée, élus directement par le dieu national[33]. Ils n'étaient que des héros locaux, illustres chacun dans sa tribu, mais le plus souvent sans influence sur les tribus voisines : Éhoud est Benjaminite ; Jephtéh sort de Galaad, Gédéon de Manashshé. Plusieurs d'entre eux ont existé réellement ; mais d'autres ne sont, comme Othniel, que la personnification mythique d'une race ou d'un clan. Enfin, le Juge sur lequel nous avons les récits les plus étendus, le fort Samson, doit être considéré, il est vrai, comme un personnage historique, mais la description de ses exploits et de ses souffrances a un caractère tout légendaire et montre un tel mélange de raillerie amère et de profondeur tragique, qu'on ne rencontre rien de semblable dans l'Ancien Testament[34]. Il ne peut donc être question d'annales suivies pour cette époque. L'oubli le plus profond a enseveli les luttes d'Israël contre les cités de Canaan : le souvenir de quelques épisodes a surnagé çà et là. Joseph se posa comme le champion de Dieu et comme le protecteur de ses frères plus faibles. Quand les Cananéens demeurés dans la vallée du Kishon eurent réduit au désespoir les tribus du nord, ce fut lui qui souleva une véritable coalition contre leur chef Sisera, et qui assembla pour la première fois, en vue d'une entreprise commune, la moitié de la nation. A la voix des opprimés, d'Ephraïm Amalek envoie ses rejetons ; - à eux tes bataillons, Benjamin, vont se joindre ; de Makîr accourent les capitaines, - et de Zabulon ceux qui tiennent le bâton de commandement. - Les chefs d'Issakhar avec Déborah - [et Naphtali] avec Barak, - à sa suite se précipitent dans la plaine ». Ruben et Gad, Ashsher et Dan refusèrent de répondre à l'appel qui leur avait été adressé. De son côté, Sisera rassembla les cheikhs des Cananéens et descendit en plaine. Le choc des deux troupes eut lieu « à Taanak, sur les eaux de Mageddo. – Du haut des cieux les astres combattirent, - de leurs orbites ils combattirent Sisera. - Le torrent du Kishon les entraîna, - l'antique torrent, le torrent de Qishon ! - Elance-toi, mon âme, hardiment ! Mors ils frappaient le sol les pieds des chevaux, - au galop, au galop de leurs braves ! - Maudissez Méroz, dit l'Éternel en personne, - maudissez, maudissez ses habitants, - de ce qu'ils ne sont pas venus au secours de l'Éternel, - au secours de l'Éternel contre les guerriers. Dans sa fuite, Sisera s'arrêta auprès de la tente de Jaël, femme d'Héber le Kénite ; il demanda de l'eau, elle lui donna du lait, - dans le gobelet d'honneur elle présente la crème. - Sa main, elle l'étend vers le pieu, - de sa droite elle saisit le maillet, - elle assomme Sisera, lui brise la tête, - elle lui perce le crâne d'outre en outre ; - sous ses pieds il se renverse, il tombe, il s'allonge, - à la place où il est tombé, il gît écrasé[35]. Longtemps encore après la victoire on chanta dans Israël comment, par sa fenêtre, à travers le treillis, - la mère de Sisera regarde et appelle : - Pourquoi son char tarde-t-il à venir ? - Pourquoi ses coursiers ralentissent-ils le pas ? - Les plus avisées de ses dames lui répliquent, - et elle-même se donne cette réponse : - Ne trouvent-ils pas du butin à partager ? - Une fille ou deux pour chaque homme, - un butin d'étoffes teintes pour Sisera, - un tissu bigarré ou deux pour mes épaules ! - Ainsi périssent tous tes ennemis, Éternel ! - Et que tes fidèles soient comme le soleil - quand il se lêve dans son éclat[36]. L'effet d'une pareille victoire ne durait pas longtemps. Les clans, associés pour un effort commun, se disloquaient aussitôt après l'événement, et les Cananéens, comme jadis aux siècles de la sujétion égyptienne, se remettaient promptement de la défaite et devenaient plus pressants que jamais. Ils n'étaient pas d'ailleurs les seuls ennemis qu'Israël eût à redouter : les Bédouins du désert traitaient les Hébreux comme ceux-ci traitaient les Cananéens. Leurs bandes ne se contentaient pas de harceler sans cesse Ruben et Gad ; elles franchissaient le Jourdain et elles fondaient à l'improviste sur les tribus du centre. Déjà Éhoud le Benjaminite avait délivré ses compatriotes en allant tuer Églon, roi des Moabites, jusque dans son palais[37]. Mais, Moab repoussé, Madian était entré en lice, et ses incursions, répétées d'année en année, avaient ruiné Éphraïm. Le sentiment de leur faiblesse poussa les opprimés à se coaliser une fois de plus et même à se choisir un chef unique, un roi. Le premier qui paraît avoir porté ce titre en Israël fut un homme de Manashshé, Jéroubbaal, que d'autres nomment aussi Gédéon. D'après le récit le plus vraisemblable, deux cheiks madianites, Zébah et Salmounna, eurent le malheur de tuer ses deux frères auprès du Thabor. Il se lança à leur poursuite, les atteignit au delà du Jourdain et les égorgea de sa propre main en expiation de leur crime : son exploit en imposa aux nomades et assura la tranquillité, au moins pour quelques années[38]. Les gens de Manashshé offrirent la royauté à Jéroubbaal celui-ci eut sa résidence à Ophra[39], et il y fonda, selon l'usage des despotes orientaux, un sanctuaire où les prêtres étaient à sa dévotion. La tradition le représente comme un prince puissant et riche, dont l'autorité était reconnue jusque dans Sichem. A sa mort, l'héritage aurait dû revenir à l'un de ses nombreux enfants légitimes ; mais Abîmélek, le fils qu'il avait eu d'une femme cananéenne, se fit proclamer roi à Sichem, grâce à l'appui des frères de sa mère. Comme les chefs bédouins de nos jours, Abîmélek abusait de la position avantageuse qu'il tenait dans la montagne pour lever des droits de péage sur les caravanes qui défilaient à portée, et pour piller celles qui refusaient de se plier à ses exigences. La vieille aristocratie de Sichem, alliée aux Israélites depuis les débuts de la conquête, ne supporta pas longtemps cette domination d'un seul et se révolta, à l'instigation d'un chef d'aventuriers nommé Gaal. Elle paya cher cette velléité d'indépendance : Gaal fut vaincu, Sichem prise sans résistance, et un millier environ de fugitifs qui s'étaient réfugiés dans le temple de Baal Berîth[40] périt parmi les flammes. Sichem reconquise, Abîmélek vint mettre le siège devant Tebez ; la ville succomba, mais le vainqueur fut abattu d’un coup de pierre à l'attaque de la citadelle. Ainsi se termina ce premier essai de royauté éphraïmite[41]. Après la mort d'Abîmélek, les tribus, isolées l'une de l'autre, privées de leurs chefs, s'affaiblirent de plus en plus et offrirent une proie facile aux pillards. La tradition enregistre encore çà et là des succès : ainsi, elle attribue à un chef de brigands, à Jephté, l'honneur d'avoir affranchi des Ammonites le pays de Galaad. Mais ces victoires, si elles furent remportées réellement, n'avaient aucune conséquence durable ; quelques années après, l'ennemi reparaissait plus hardi et plus insolent que jamais.
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[1] Aux temps classiques,
le nom d'Assyrie servit à désigner des régions d'étendue fort diverse. Hérodote
l'applique à
[2] Maspero,
[3] Fr. Lenormant,
[4] Maspero,
[5] Ce n'est pas
[6] Le pays situé sur les deux versants du mont Masios, entre le haut Tigre et le moyen Euphrate.
[7] Le pays de Karti,
Khourti, était situé à l’est du pays des Khâti à l'ouest du lac d’Ourmiah, dans
la région montagneuse où le Tigre prend sa source. Il couvrait en partie l’Arzanène,
[8] Sur le pays de Patin, cf. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 214-221 ; Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 269 sqq.
[9] La dernière mention
qu'on en trouve avant Hérodote est dans
[10] Ces faits sont empruntés à un monument brisé qui n'est peut-être pas de Tiglatphalasar.
[11] G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. II, p. 72-73.
[12] Les inscriptions de Tiglatphalasar ont été traduites par M. Lotz, Die lnschriften Tiglalhpilezer's I, Leipzig, 1880, in-8° ; aucune explication historique ou géographique n'est jointe à cet ouvrage.
[13] Maspero,
[14] Les Édomites avaient douze tribus, auxquelles était adjointe une tribu illégitime, celle d'Amalek (Genèse, xxxvi, 4-14, 16-22); les Nakhorides (Genèse, xxii, 26-24), les Ismaélites (Genèse, xxv, 12-16) et les Qétouréens (Genèse, xxx, 1-6) ont le même nombre.
[15] Aujourd’hui Aïn Qadis ; cf. C. Trumbull, A visit to Aïn Qadis, the supposed site of Kadesh Barnea, dans le Pal. Expl. Fund, Quart. St., July 1881, p. 208 sqq.
[16] Cantique de Déborah (Juges, ch. v, 4-6), d'où découlent les passages : Deutéronome, xxxiii, 2 ; Habbakuk, iii, 2 ; Psaumes, lxviii, 8.
[17] B. Stade, Geschichte
des Volkes Israël, p. 131-132.
[18] Genèse, xxxi, 2-3.
[19] Genèse, xxxii, 23-33.
[20] Stade, Geschichte
des Volkes Israël, p. 148-152.
[21] Cantique de Déborah (Juges, V, 15 sqq.).
[22] Cf. les
expressions employées dans
[23] Genèse, xlix, 19.
[24] Cf. I Chroniques, v, 18-19, la mention, probablement historique, d'une des guerres de Ruben.
[25] Reuss,
[26] Stade, Geschichte
des Volkes Israël, p. 137-138.
[27] Il est dit déjà
dans
[28] Juges, xviii, 1, 27-31.
[29] Juges, i, 21 sqq., où est l'énumération des villes cananéennes non soumises.
[30] Juges, iii, 5-7.
[31] Le nom de Juge est assez mal choisi ; il suggère l'idée d'une magistrature civile régulièrement organisée. Le mot hébreu Shophet, le même que nous trouvons aux époques classiques sous la forme de suffète, a bien ce sens, mais il exprime plutôt l'idée d'un commandement absolu, régulier ou non ; il serait mieux traduit par chef, prince, capitaine.
[32] Juges, ii, 15.
[33] Ed. Reuss,
[34] Th. Nöldeke, Histoire littéraire de l'Ancien Testament, trad. Derenbourg et Soury, p. 62. Cf. Wellhausen, Prolegomena, p. 245.
[35] Juges, iv-v.
Le Chant de Déborah est seul
authentique (voir cependant M. Vernes, les
Débuts de la nation juive, dans
[36] Juges, v, 2-30, trad. Ed. Reuss.
[37] Juges, iii, 12-30.
[38] L'histoire de Gédéon se compose de deux parties mal soudées et parfois contradictoires. Le seul récit qui mérite quelque créance est malheureusement incomplet (Juges, viii, 4 sqq). Cf. Wellhausen, Prolegomena, p. 252-255.
[39] Il y avait plusieurs Ophra : celle-ci était distinguée des autres par l'indication du clan auquel elle appartenait, Ophra d'Abiézer. L'emplacement n'en est pas connu avec certitude : elle devait être située à peu de distance de Sichem.
[40] Baal du Pacte.
[41] Selon le rédacteur du Livre des Juges (viii, 22 sqq.), Gédéon aurait refusé la royauté ; sur l'invraisemblance de cette tradition, cf. outre Wellhausen (Prolegomena, p. 252-255), Stade, Geschichte des Volkes Israël, p. 190-191.
[42] Juges, i, 9-16.
[43] Juges, ii-ix ; Hitzig, Urgeschichte und Mythologie der Philistœer, p. 14 sqq. ; Gesenius, Thesaurus, aux mots Caphtor, Crethi, etc. ; Ewald, Geschichte des Volkes Israël, I, p. 325 sqq., 2 édit. ; Bertheau, Zur Geschichte der Israeliten, p. 188 sqq. ; Movers, Die Phœnizier, I, p. 3-4, 10, 27-29, 33 sqq., 663 ; Tuch, Commentar über die Genesis, p. 243 ; Lengerke, Kenaan, I, p. 193 sqq. ; Knöbel, Die Vœlkertafel der Genesis, p. 245 sqq. ; Munk, Palestine, p. 82 sqq.
[44] I Samuel, xxx, 44; Sophon., ii, 5 ; Ezéch., xxv, 16.
[45] II Samuel, xx, 23 ; II Rois, xi, 4, 19.
[46] Ewald, Geschichte,
I, 285 ; Winer, Bibl. Realw., art. Krethi und Plethi ; Bertheau, Zur Geschichte, pp. 307, 312 sqq.
[47] Le chapitre x, 44, de
[48] Aux mots Gza et MinÅa. E. Renan, Histoire générale des langues sémitiques, 4e édit., t. I, p. 53-55.
[49] Chabas conteste
cette opinion, Etudes sur l'antiquité
historique, 4e édition, p. 292-296 ; Recherches sur l'histoire de la dix-neuvième dynastie, p. 99-101 ;
cf. à ce sujet, Maspero dans
[50] Voir, au Papyrus Anastasi III, verso, pl. v-vi, la liste des chefs sémites en
garnison à Gaza, sous Mineptah 1er, un demi-siècle à peu prés avant l'arrivée
des Philistins. Cf. Chabas, Recherches
sur l'histoire de
[51] Sur les Philistins, on peut consulter encore, avec quelques réserves, la monographie de Starke, Gaza und di Philistinische Küste, Iéna, 1852.
[52] C'est du moins l'hypothèse émise pour la première fois par Sayce, The Hamathite Inscriptions, dans les Transactions of the Society of Biblical Archœology, 1876. t. V, p. 31-32.
[53] O. Meltzer, Geschichte
der Karthager, t. I, p. 28.
[54] On connaît la
réponse d'André Doria à Charles-Quint : « Juin, Juillet, Août et
Port-Mahon sont les meilleurs ports de
[55] Polybe, dans Athénée, VII, p 302 ; Aristote, Hist. An., VIII, 19.
[56] Strabon, L. III, 5. Le nom de Gadir signifiait clos, enceinte, en phénicien : « Pœni Gadir, ita Punica lingua septum significante » (Pline, H. N., IV, 22.)
[57] Sur la marche suivie dans ces régions par la colonisation phénicienne, cf. en dernier lieu, Otto Meltzer, Geschichte der Karthager, t. I, p. 28-38.
[58] Thucydide, VI, 2.
[59] L'Héracle Minoa des Grecs. Héraclide de Pont (xxix, édit. Didot, Fragm. H. Gr., t. II, p. 220-221) nous donne la forme grécisée du vieux nom Makara ou Makaria.
[60] Située sur une île, à environ un kilomètre de la côte, non loin de Lilybée.
[61] Le nom grec est dérivé de Sela, le roc, qui revient plusieurs fois dans la nomenclature phénicienne.
[62] Le nom de Makhanath, qu'on voit sur les médailles et qu'on applique d'ordinaire à Panorme, ne désigne qu'une monnaie frappée dans les camps pour la paye des mercenaires carthaginois. Le vrai nom phénicien de la ville paraît être Ziz (cf. Schröder, Die Phönizische Sprache, p. 278-279).
[63] Il n'est pas dit expressément que le sanctuaire d'Éryx remonte aussi haut dans le passé : cependant la vénération dont il était l'objet chez les Carthaginois semble montrer qu'il avait été fondé par les Phéniciens longtemps avant que Carthage elle-même eût pris de l'importance.
[64] Suivant l'historien Philiste, bien placé pour connaître l'histoire de Carthage, cette ville aurait été fondée vingt et un ans avant la prise de Troie, par Ézoros (Zoros ? Tyr) et Carchédon, Tyriens (Fragm. H. Gr., édit. Didot, t. I, p. 190, fragm. 50). Pour tout ce qui regarde la fondation de Carthage, cf. O. Meltzer, Geschichte der Karthager, t. I, p. 90-141.
[65] Salluste, Bellum Jugurtha, 18. Sur l'invraisemblance de cette tradition, trop bien accueillie par Movers, voir O. Meltzer, Geschichte der Karthager, t. I, p. 54 sqq. Vivien Saint-Martin (le Nord de l'Afrique, p. 113 sqq.) a bien vu que l'erreur de Salluste venait d'une ressemblance fortuite des noms classiques Perses, Mèdes, etc., avec les noms de certaines tribus libyennes.
[66] Procope, De Bello Vandalico, II, c. xx.
Cf. Movers, Die Phönizier, t. II, 2ter Theil, p. 427-435.
[67] Justin, XVIII, 3.
[68] Sur Dan, cf. Stade, Geschichte
der Volkes Israel, t. I, p. 165-168.
[69] Juges, xiii-xvi.
[70] I Samuel, iv, 1-18. Cf. Wellhausser, Prolegomena, p. 147 sqq.