I Ce fut dans le château de Vincennes que l'on retrouva, après plus de 20 ans, Le Prévost de Beaumont, arrêté sous Louis XV pour avoir voulu dénoncer au parlement de Rouen la Société du Pacte de Famine. Voir Révolutions de Paris, t. III, n° 31 à 35. II A propos du décret de la Constituante qui ne maintient le droit électoral qu'aux citoyens payant une contribution directe, madame Roland remarque, dans une lettre à Brissot, que ce décret écarte un grand nombre de bons ouvriers des villes, momentanément réduits, par la cherté des vivres et par la suspension du travail, à l'impuissance de payer l'impôt ou même à l'assistance publique. Elle fait observer que les aristocrates, à Lyon et ailleurs, cherchaient à empêcher les ouvriers de se faire réinscrire sur les rôles d'impôts quand ils le demandaient. Voir à la suite des Lettres aux demoiselles Cannet, t. II, page 589, 1867 ; Plon. III D'après le Livre Rouge, tandis que Monsieur, comme nous l'avons dit, recevait 14 millions de Calonne, le comte d'Artois en avait reçu 22. Le comte d'Artois devait de plus, en 1783, 14 à 15 millions, que Calonne engagea le roi à payer par annuités. Voir Histoire de la Révolution, par deux amis de la liberté, t. V, page 165. IV Le 6 novembre 1790, la Société des Amis de la Constitution (Jacobins) demande, par l'organe de Mirabeau, que la salle du Jeu de Paume soit déclarée monument national et religieusement gardée dans l'état où elle se trouve. Mémoires de Mirabeau, t. VIII, page 156. V Brissot conçoit, le premier, en 92, l'idée de donner au roi de Sardaigne « la couronne constitutionnelle d'Italie e, moyennant qu'à la paix, il cède la Savoie et Nice à la France. Dumouriez, alors ministre des affaires étrangères, seconde mal ce projet et fait manquer ce qu'avait préparé un agent envoyé à Turin par Brissot. C'est Dumouriez qui amène par sa faute la rupture avec le roi de Sardaigne. Ce fait est mentionné dans les Mémoires d'un homme d'Etat, rédigés d'après les papiers de Hardenberg, et M. de Bourgoing en parle dans son Histoire diplomatique de l'Europe pendant la Révolution Française. On y peut constater à la fois la haute portée politique de Brissot et l'esprit trouble et brouillon de Dumouriez. Voir la République Française du 13 février 1875. VI L'Assemblée législative, le 16 août 92, fixe la grande majorité à 21 ans, et, le 30 août, décrète en principe le divorce. VII La Marseillaise ne fut pas tout à fait improvisée comme nous l'avons dit. Ce furent Dietrich et ses amis qui, dans la fameuse soirée de Strasbourg, demandèrent un chant de guerre à Rouget de Lisle, qu'ils savaient poète et musicien. Il promet d'essayer. Il sort, de nuit, à travers les rues encombrées de canons, de caissons, de faisceaux d'armes. Animé par ce spectacle et rentré dans sa chambre (rue de la Mésange, près de la place du Breuil), Il prend son violon, cherchant à la fois les vers et la musique. Quelques notes bien trouvées entraînaient un hémistiche ; un beau vers rendait l'essor à la mélodie hésitante. Le matin, Dietrich et quelques amis vinrent rappeler à Rouget de Lisle sa promesse. Il chanta comme il put, accablé de fatigue qu'il était ; il ne savait pas qu'il avait enfanté un chef-d'œuvre ; ses amis le lui apprirent ; Dietrich décida qu'on exécuterait l'hymne nouveau avec chœur et orchestre dans la solennité annoncée pour le départ des troupes. Il fallut que l'auteur se mit sur-le-champ à l'œuvre pour composer sa partition : dès le soir, les parties furent remises aux chanteurs, qui passèrent la nuit à l'étude. L'hymne fut exécuté le lendemain, devant les bataillons qui partaient. Peuple, volontaires et soldats, tout fut enlevé. — Qu'est-ce donc que cet air-là qu'ils nous ont chanté ? s'écriaient les soldats tout émus en sortant des portes de Strasbourg. — Cet air-là devait bientôt les rejoindre sur tous les champs de bataille. L'hymne nouveau commença de se répandre par le journal de Strasbourg qui l'avait publié. En juin 92, lorsque le Conseil général de la commune de Marseille arrêta la formation du fameux bataillon des fédérés marseillais, Montpellier en fit autant et envoya des délégués à Marseille pour s'entendre quant au départ. Un des délégués de Montpellier chanta, dans un banquet, l'hymne nouveau d'une voix magnifique. L'enthousiasme fut universel. L'hymne fut distribué à tous les fédérés. Ils le chantèrent sur la route. Ils le chantèrent à Paris, aux Cordeliers, au Palais-Royal, dans les théâtres. Dès la fin d'août, les artistes de l'Opéra s'en étaient emparés et tout Paris le répétait. Le 28 septembre, la Convention décréta que a l'hymne de la Marseillaise » serait chanté dans toute la République pour solenniser les triomphes de la liberté dans la Savoie. Le département de la guerre en avait fait tirer 100.000 exemplaires pour les envoyer aux quatorze armées. M. Jean Bertrand a résumé tout ce qui regarde les origines de la Marseillaise dans un très intéressant article de la République française du 13 mai 1878. |