JULES CÉSAR EN GAULE

 

PREMIÈRE ÉPOQUE. — COMPRENANT LES SIX PREMIÈRES ANNÉES DE LA GUERRE.

DÉFAUT D'UNION ENTRE LES CITÉS GAULOISES. GUERRES PARTICULIÈRES : DEFAITES SUCCESSIVES.

CHAPITRE TROISIÈME. — TROISIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av. J.-C. 56 — de R. 698).

 

 

Consuls : Cn. Cornélius Lentulus et L. Marcius Philippus.

 

§ I. — Expédition de Sergius Galba chez les Nantuates, les Véragres et les Séduniens[1].

 

En partant pour l'Italie, César avait envoyé Sergius Galba avec la douzième légion et un détachement de cavalerie chez les Nantuates[2], les Véragres[3] et les Séduniens[4], peuples qui s'étendent depuis le territoire des Allobroges, le lac Léman et le Rhône jusqu'aux sommets les plus élevés des Alpes. Son but était de rendre libre le passage des Alpes[5].

Galba soumit le pays, plaça deux cohortes chez les Nantuates, et, de sa personne, avec les autres cohortes de la légion, il alla prendre ses quartiers d'hiver dans un bourg des Véragres appelé Octodurus[6]. Un cours d'eau divisait ce bourg en deux parties : Galba laissa l'une aux Gaulois et s'établit dans l'autre, qu'il entoura d'un retranchement et d'un fossé.

Après quelques jours écoulés, les Véragres et les Séduniens reprennent les armes et viennent en grand nombre occuper les hauteurs qui dominent Octodurus. Galba d'abord défend son camp ; mais, après six heures de combat, les légionnaires étant à court de traits, exténués de fatigue et trop peu nombreux pour qu'aucun pût quitter le retranchement, il prend le parti de faire une sortie afin de se délivrer de tant d'ennemis. Les soldats s'élancent donc de toutes les portes, tuent environ dix  mille Gaulois sur plus de trente mille qui les entouraient, et dispersent le reste[7].

Puis, le lendemain, Galba ne se fiant pas à cette position, incendie toutes les maisons du bourg, et ramène sa légion, par le pays des Nantuates, chez les Allobroges, où il prend ses quartiers d'hiver.

 

§ II. — Guerre navale contre les Vénètes.

 

Les Vénètes[8] étaient l'un de ces peuples riverains de l’Océan, dont le territoire avait été occupé par Crassus, Tannée précédente, et qui avaient été forcés de lui livrer des otages. Ensuite Crassus, avec la septième légion, avait pris ses quartiers d'hiver chez les Andes ; et de là, les vivres lui manquant, il avait envoyé des préfets et des tribuns militaires en requérir chez les peuples voisins, entre autres chez les Vénètes. Ce dernier peuple, puissant sur mer, et très-influent parmi tous ses voisins, était impatient de reconquérir sa liberté. Ses nombreux vaisseaux et les difficultés de l'accès des positions fortes qui sont sur ses cotes, lui offraient de bons refuges. Il reprit donc les armes et s'entendit avec les autres peuples du littoral, depuis l'embouchure de la Loire jusqu'à celle de la Meuse. Us retinrent les envoyés de Crassus et lui notifièrent qu'ils ne les rendraient qu'en échange de leurs propres otages.

César, qui se trouvait en Italie, informé de ces faits par Crassus, envoya l'ordre de construire une flotte sur la Loire et de l’armer avec les ressources de la Province[9] et des peuples amis. Puis, dès que vint la belle saison, il se rendit lui-même à l'armée.

Il envoya T. Labienus avec de la cavalerie du côté du Rhin, chez les Trévires, en lui ordonnant de visiter aussi les Rhèmes et les autres Belges, pour les maintenir dans le devoir ; et de s'opposer au passage du Rhin par les Germains, dont les Belges avaient, disait-on, réclamé le secours. Il fit partir Crassus, avec douze cohortes de légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour l'Aquitaine[10], de crainte que les peuples de ces contrées n'envoyassent du secours aux autres Gaulois et ne se liguassent avec eux.

Il envoya le lieutenant Q. Titurius Sabinus avec trois légions chez les Unelliens[11], les Curiosolites[12] et les Lexoviens[13] pour les retenir dans leur pays. Il confia au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois, qu'il avait fait venir de chez les Pictons[14], les Santons[15] et les autres peuples soumis[16], en lui ordonnant de se rendre le plus tôt possible sur les côtes des Vénètes. Puis il se porta lui-même dans le pays des Vénètes avec le reste de l'infanterie.

Il s'ensuivit une bataille navale livrée sous les yeux de César et de son armée de terre, qui la considéraient du rivage. Voici quels furent de part et d'autre, dans cette bataille navale, les moyens militaires des deux flottes : — Les vaisseaux romains manœuvraient à la rame, marchaient mieux que les vaisseaux gaulois et évoluaient avec célérité ; ils étaient munis de moyens d’abordage et montés par les légionnaires armés à la perfection. — Les vaisseaux gaulois étaient à l’épreuve de l'éperon, mais ils ne manœuvraient qu’à la voile ; ils marchaient mal, évoluaient lentement, et leurs équipages n’avaient pour armes que des traits. — De sorte qu'il fut aisé aux Romains de courir sur les vaisseaux ennemis, de les joindre et de couper leurs cordages de manœuvre au moyen de longues perches armées de crocs tranchants ; puis, dès qu'un vaisseau gaulois se trouvait ainsi désemparé et entouré de plusieurs vaisseaux romains, les légionnaires montaient à l'abordage en se couvrant du bouclier ; et une fois dessus ils faisaient usage du gladius. Un calme plat, qui survint, mit le comble au désastre des Gaulois : leurs vaisseaux restèrent immobiles. Ainsi, la fuite même leur devenant impossible, les Gaulois perdirent presque tous leurs vaisseaux dans cette bataille, qui durait déjà depuis la quatrième heure du jour (dix heures du matin), quand les ténèbres de la nuit vinrent en sauver quelques-uns.

On peut se convaincre ici d'une manière certaine que César, au point de vue d'une guerre navale contre les Gaulois, outre l'avantage si important d'avoir dans son armée des hommes capables de lui construire sur place des navires de toute sorte, avait encore cet autre avantage inappréciable à la mer que les vaisseaux de combat, construits par eux avec tous les perfectionnements de l’époque et manœuvrant à la rame, l'emportaient de beaucoup sur ceux des Gaulois, soit en vitesse, soit en aptitude à évoluer, quel que fût l'état du vent, ou favorable, ou contraire, ou nul. D'où il résulta pour les deux flottes une situation respective parfaitement comparable à celle que présenteraient aujourd'hui une flotte de navires à vapeur attaquant une flotte de navires à voiles par un calme plat et avec un armement bien supérieur. Les rames, en effet, jouaient à cette époque, toutes proportions de vitesse gardées, le même rôle que la vapeur joue aujourd'hui sur mer[17].

Toute la jeunesse et l’élite de la population de ces côtes périrent avec la flotte ; les autres habitants du pays, n'ayant plus de refuge ni de moyens de défense, se rendirent à discrétion, avec tout ce qu'ils possédaient. César fit mettre à mort tous les sénateurs des Vénètes et fit vendre le peuple à l’encan.

Voilà donc encore un peuple de la Gaule emmené sur les marchés à esclaves de l'Italie !

 

§ III. — Expédition de Titurius Sabinus chez les Unelliens, les Aulerces-Éburovices et les Lexoviens.

 

Pendant ce temps-là, Q. Titurius Sabinus était parvenu chez les Unelliens et s'y était établi dans une position avantageuse. A deux milles de son camp vint prendre position Viridovix, chef des Unelliens, auxquels s'étaient réunis les Aulerces-Éburovices et les Lexoviens[18]. De là, chaque jour, Viridovix faisait avancer ses troupes et offrait la bataille à Sabinus. Mais Sabinus se tenait renfermé dans son camp, comme s'il n'eut osé en sortir, afin d'attirer les Gaulois dans une position désavantageuse.

Pour y mieux réussir, il choisit, parmi les Gaulois auxiliaires qui se trouvaient avec lui, un homme capable et rusé, qu’il détermina, à force d’or et de promesses, à passer du côté des ennemis. Ce traître y alla répandre la nouvelle que César se trouvait serré de près par les Vénètes, et que, pas plus tard que la nuit suivante, Sabinus devait décamper en silence pour aller à son secours. Trompés de cette manière, les Gaulois forcent leur chef à les mener au combat et volent assaillir le camp des Romains, en emportant avec eux des fascines de sarments et d'autres menus bois pour combler le fossé.

Le camp de Sabinus était établi sur une hauteur où l’on arrivait par une pente douce d'environ mille pas. Les Gaulois ayant couru très-vite, afin de ne pas laisser aux Romains le temps de se reconnaître et de prendre les armes, arrivent tout hors d'haleine. Sabinus anime les siens, leur donne le signal désiré, et par deux portes à la fois les lance sur les Gaulois embarrassés de leurs fardeaux. L'avantage de la position, l'ignorance et la fatigue des Gaulois, le courage des légionnaires et l’expérience qu'ils avaient faite de leurs armes dans les combats précédents, tous ces avantages réunis firent que les Gaulois ne purent soutenir même le premier choc, et qu'à l'instant ils tournèrent le dos. Les troupes de Sabinus, qui étaient toutes fraîches, les ayant atteints dans leur fuite embarrassée, en tuèrent un grand nombre ; le reste fut poursuivi par les cavaliers, qui n'en laissèrent échapper que bien peu[19]. Ainsi presque en même temps, et Sabinus fut informé du résultat de la bataille navale, et César de la victoire de Sabinus, et aussitôt toutes les cités de la contrée se soumirent à ce dernier.

Car, ajoute l'auteur des Commentaires, autant l’esprit des Gaulois est vif et prompt à entreprendre la guerre, autant il est mou et sans joueur à supporter les calamités.

 

§ IV. — Expédition de Publius Crassus en Aquitaine.

 

Presque en même temps Crassus était parvenu en Aquitaine. Après avoir réuni des vivres, levé des auxiliaires et de la cavalerie, et avoir de plus appelé un grand nombre d’hommes courageux de Toulouse, de Carcassonne et de Narbonne, pays de la Province limitrophes de l'Aquitaine, il fit entrer son armée sur le territoire des Sotiates[20]. A la nouvelle de son approche, les Sotiates avaient rassemblé, outre beaucoup d'autres troupes, leur cavalerie, qui faisait leur principale force. Ils attaquèrent l’armée romaine dans sa marche, d'abord avec leur cavalerie seule ; puis, leur cavalerie ayant été repoussée et poursuivie par celle des Romains, tout à coup ils démasquèrent leur infanterie, placée en embuscade dans une vallée, et celle-ci, attaquant les cavaliers de Crassus épars çà et là, reprit vivement l’offensive. Le combat continua, dès lors, avec beaucoup de vigueur. Enfin les Sotiates, couverts de blessures, tournèrent le dos, et Crassus, après en avoir tué un grand nombre, arriva devant leur oppidum, qu'il attaqua d'emblée.

Puis, les Sotiates se défendant avec beaucoup d'énergie et de courage, il en vint à pousser les vignes et les tours. Les assiégés, de leur côté, faisaient des sorties, poussaient des galeries de mine vers la jetée et les vignes :travail auquel les Aquitains étaient très-habiles, attendu qu'ils ont chez eux beaucoup de mines de cuivre. — Mais, après avoir vu tous ces moyens échouer contre la vigilance des Romains, ils envoyèrent une députation à Crassus, pour lui demander de les recevoir à discrétion, la vie sauve. Crassus ayant accédé à leur demande, sous la condition qu'ils livrassent leurs armes, ils commencèrent à les livrer.

Mais, pendant qu'on en opérait la livraison d'un côté de la place, de l'autre côté, le chef suprême de la cité, Adcatuan, tentait de s’ouvrir un passage à travers les assiégeants, avec six cents solduriens. — On nommait ainsi des hommes tout dévoués à la personne d'un chef, dont ils partageaient la bonne ou la mauvaise fortune, jusqu'à mourir pour lui ou avec lui ; et, si haut que les souvenirs pussent remonter, il était sans exemple qu’un soldurien eût manqué à cette obligation. — la clameur qui s'éleva au point attaqué, les Romains s'y portèrent en forces ; le combat devînt acharné, et Adcatuan fut rejeté dans la place. Néanmoins il obtint de Crassus d'être traité comme les autres Sotiates[21].

De là, Crassus se porta sur le territoire des Vocates[22] et des Tarusates[23]. Ces peuples coururent aux armes et appelèrent à leur secours les cités espagnoles limitrophes de l'Aquitaine, qui leur envoyèrent des troupes et des chefs. Le commandement fut déféré à quelques-uns de ces chefs, qui avaient été les compagnons de guerre de Sertorius jusqu'à sa mort[24]. Ceux-ci, à l'exemple des Romains, après avoir fait choix de positions avantageuses pour y établir leur camp, et après l'avoir fortifié, entreprirent de couper les vivres à Crassus, qui de son côté prit le parti de livrer bataille le plus tôt possible.

Dès l'aube du jour il fit sortir toutes ses troupes, les rangea sur deux lignes, plaça les auxiliaires dans l’intervalle et se tint en position d'agir suivant que l'exigeraient les circonstances. Quant aux Gaulois, jugeant plus avantageux de contraindre les Romains à la retraite par le manque de vivres, et de les attaquer dans les embarras d'une marche rétrograde, ils ne sortirent point de leur camp. Alors Crassus s'avança et tenta de les y assaillir. Il rencontrait une vigoureuse résistance, lorsque des cavaliers, qui avaient fait le tour de ce camp, vinrent l’informer qu'il était mal retranché par derrière, et qu'on pouvait Facilement y pénétrer. Sur cet avis, Crassus ordonna que les quatre cohortes réservées pour la garde de son propre camp allassent à la dérobée avec la cavalerie pénétrer par derrière dans celui des ennemis. Elles y parvinrent sans avoir été vues. Et lorsqu'elles s'avancèrent sur les combattants, une clameur s'éleva ; les ennemis, pris entre deux attaques, cherchèrent leur salut dans la fuite en sautant du haut de leurs retranchements, et la cavalerie, se mettant à leurs trousses dans un pays découvert, les tailla en pièces, jusqu'à la nuit close. Si bien que, de cinquante mille hommes, Aquitains et Cantabres[25] réunis là, c'est à peine si le quart parvint à s'échapper. À la nouvelle de cette défaite, la plupart des cités de l'Aquitaine se soumirent à Crassus et lui envoyèrent spontanément des otages.

 

§ V. — Dévastation du pays des Morins et des Ménapiens par César.

 

A peu près à la même époque, César, bien que l'été fût proche de sa fin, considérant que, de toute la Gaule, il n'y avait plus que les Morins[26] et les Ménapiens[27] qui fussent insoumis et restassent les armes à la main, sans jamais loi avoir envoyé aucune députation ni demandé la paix, et comptant d'ailleurs pouvoir en finir bien vite avec ces deux peuples, conduisit son armée de leur côté. Mais ceux-ci firent tout autrement que le reste des Gaulois. Après avoir vu que de puissantes cités n'avaient pu résister aux Romains sur les champs de bataille, comme la contrée qu'ils habitaient leur offrait une suite non interrompue de forêts et de marais, ils s'y réfugièrent avec tout ce qu'ils possédaient.

Parvenu à l'entrée de ces forêts sans avoir aperçu aucun ennemi, César commençait à fortifier son camp et les soldats étaient occupés aux travaux çà et là, quand tout à coup les ennemis accoururent de toutes les parties de la forêt voisine et les attaquèrent. Aussitôt les Romains prirent les armes, repoussèrent les assaillants dans là forêt et en tuèrent un certain nombre ; mais, ayant voulu les poursuivre jusque dans les fourrés, ils y perdirent quelques-uns des leurs.

Les jours suivants, César entreprit de s'ouvrir un passage en abattant les bois, et fit ranger de part et d'autre tous les arbres abattus, les branches tournées du côté de l’ennemi, pour s'en faire un retranchement. Après s'être ainsi avancé fort loin, en moins de temps qu'on ne saurait le croire, l'armée allait atteindre les troupeaux et la queue des bagages de l'ennemi, qui gagnait d'autres forêts encore plus épaisses, quand survint un temps tel qu'il fallut nécessairement suspendre cette entreprise ; et, la pluie ne cessant point, il n'était pas possible de laisser plus longtemps les soldats en campagne. C'est pourquoi, après avoir ravagé tous les champs, brûlé les villages et toutes les habitations, César ramena l'armée en arrière, et lui fit prendre ses quartiers d'hiver chez les Aulerces[28], les Lexoviens et les autres cités qui avaient dernièrement pris les armes. Ensuite César partit pour l'Italie.

En examinant avec attention cette partie du récit de César (que nous nous sommes efforcé de traduire et de résumer très-exactement), il est facile de constater que le célèbre guerrier n'a obtenu aucun succès contre ces deux petits peuples gaulois, courageux et intelligents. Il eu dut être profondément irrité, et son amour-propre ainsi froissé pourrait être ici une circonstance atténuante à l'égard de tous ces incendies et de toutes ces dévastations du pays des Morins et des Ménapiens : véritables procédés de barbares que le grand Romain employa si souvent dans notre vieille Gaule[29].

 

 

 



[1] Nous croyons devoir rappeler ici, une fois pour toutes, que, notre but étant de démontrer par les Commentaires mêmes le véritable caractère des faits rapportés, notre premier devoir est une fidélité rigoureuse dans l'analyse que nous en présenterons au lecteur, afin qu'il puisse apprécier avec connaissance de cause les inductions que nous en tirons. Et, à ce titre, nous comptons sur son indulgence s'il remarque çà et là quelques embarras de style, dont nous n'ayons pas su nous affranchir en voulant résumer textuellement le récit de César.

[2] Peuple placé à l'extrémité orientale du lac Léman, entre les Allobroges et les Véragres.

[3] Peuple occupant la région de Martigny, dans le bas Valais.

[4] Peuple occupant la région de Sion, dans le haut Valais.

[5] Le passage des Alpes par le col du grand Saint-Bernard.

[6] Aujourd'hui Martigny.

[7] On voit encore ici d'une manière très-claire la puissance irrésistible du gladius des légionnaires contre les faibles armes des Gaulois.

[8] Peuple du pays de Vannes.

[9] Ce simple nom indiquera désormais, en général, toute la province romaine attribuée à César, qui comprenait à la fois l'Illyrie, la Gaule cisalpine et la partie de la Gaule transalpine limitée par le Haut-Rhône, la ligne des Cévennes et la Méditerranée.

[10] Partie de la Gaule comprise entre la Garonne, les Pyrénées et l'Océan.

[11] Peuple du pays de Coutances.

[12] Peuple du pays de Saint-Brieuc et de Dinan.

[13] Peuple du pays de Lisieux.

[14] Peuple du pays de Poitou.

[15] Peuple du pays de Saintonge.

[16] César n'indique pas les moyens par lesquels il avait soumis tous ces peuples : s'il eût employé ses moyens militaires, sans doute il en eût parlé. On doit donc présumer qu'il avait employé ses moyens politiques.

[17] Il est regrettable que Paris n'ait pas pu avoir de nos jours le spectacle des évolutions d'une trirème antique. Certainement aucune difficulté à en exécuter un modèle, commode pour les rameurs, n'a pu se rencontrer que dans l’installation de plusieurs rangs de rames ; et peut-être eût-on mieux réussi dans celte disposition essentielle, en mettant la question au concours public. Très-probablement quelqu'un de ces intelligents Parisiens qui, par un labeur digne de Corinthe, ont porté si haut l'art de ramer, fût parvenu à trouver un moyen pratique de vaincre cette difficulté. Au besoin, nous eussions pu nous-même en proposer un bien simple, qui permettrait, croyons-nous, d'installer et de faire agir commodément autant d'étages de rames qu'en a vu jadis la population des rives de la Méditerranée, pendant tant de siècles.

[18] Rappelons que les Unelliens étaient le peuple du pays de Coutances. Les Aulerces-Éburovices occupaient le pays d'Évreux, et les Lexoviens celui de Lisieux.

[19] Nous voyons ici, et nous verrons encore plus d'une fois dans la suite que chez les Gaulois, une trop haute opinion de leur propre vaillance et de la terreur qu'ils inspiraient à leurs ennemis, les exposait à tomber facilement dans les pièges qu'on leur dressait en comptant sur ce faible de leur caractère.

[20] Très-probablement le pays de Sos, entre Mont-de-Marsan et Agen.

[21] C'est là un acte de générosité qui fait honneur au lieutenant de César. Ce P. Crassus était fils de M. Crassus le Riche, qui s'était enrichi du commerce des esclaves, et qui prétendait qu'un homme ne devait pas être considéré comme riche s'il ne pouvait entretenir une armée à ses frais. Tous les deux périrent dans la guerre des Parthes, où le fils avait accompagné son père, en emmenant à sa suite mille cavaliers d'élite tirés de la Gaule.

[22] Ou Vasates. — Peuple du pays de Bazas.

[23] Peuple du pays d'Aire sur l'Adour.

[24] Quinze ans s'étaient écoulés depuis l'assassinat de Sertorius par Perpenna.

[25] Peuple espagnol de la Biscaye.

[26] Peuple du Boulonnais et d'une partie de la Flandre maritime.

[27] Peuple d'une autre partie de la Flandre maritime, de la partie nord du Brabant Septentrional jusqu'à la Meuse, et entre Meuse et Rhin, des pays de Nimègue, Clèves et Gueldre.

[28] Trois cités, voisines les unes des autres, portent ce nom en commun, avec un surnom distinctif pour chacune d'elles, à savoir : les Aulerces-Cénomans, peuple du Maine ; les Aulerces-Diablintes, peuple du Perche ; les Aulerces-Éburovices, peuple du pays d'Évreux. Probablement il s'agit ici de ces derniers, qui étaient voisins des Lexoviens, mentionnés avec eux.

[29] Il est également facile de reconnaître que les Morins et les Ménapiens ont été habilement dirigés dans leur retraite au sein des forêts et des marais du littoral de l'Océan. César ne nous dit pas quel chef les dirigea ainsi. Peut-être fut-ce le gaulois Commius, homme de guerre, plein de talents, que nous allons bientôt voir paraître sur la scène et qui était de la cité des Atrébales, limitrophes des Morins. En effet, un ancien auteur militaire, Frontin, nous fait connaître un stratagème imaginé par ce même Commius, pour se tirer d'un mauvais pas où il se trouvait devant César, sur le rivage de l'Océan ; et les circonstances du fait ne peuvent se rapporter à aucune autre expédition de César qu'à celle-ci. L'Atrébate Commius, dit Frontin, vaincu par Jules César et cherchant à passer de Gaule en Bretagne (Angleterre), gagna le rivage de l'Océan dans un moment où, à la vérité, soufflait un vent favorable, mais où la mer s'était retirée ; et quoique ses navires fussent à sec et retenus immobiles sur le rivage, il fit néanmoins déployer les voiles comme pour partir. César, arrivant à sa poursuite et voyant de loin que les voiles étaient enflées et que le vent y donnait en plein, crut dès lors que Commius lui échappait en faisant route par un vent favorable, et il revint sur ses pas. (Frontin, Stratagèmes, II, XIII.) Sans doute, plus tard, le guerrier superbe connut la ruse du gaulois dont il avait été le jouet. Peut-être même fut-ce cette ruse qui porta César à tâcher de s'attacher Commius, ainsi que nous le verrons ? Mais nous reconnaîtrons aussi que ce digne gaulois était trop clairvoyant et trop patriote pour se ranger du côté de César dans la guerre de Gaule.