LA ROME DE NAPOLÉON

LIVRE IV. — LA DÉBÂCLE

 

CHAPITRE II. — ROME MENACÉE.

 

 

Réapparition à Rome du roi de Naples revenant d'Allemagne. Murat trahira-t-il ? Joachim, Caroline et Maghella. Celui-ci veut faire de Murat l'instrument d'un risorgimento. Le plan de Maghella ; ne comptant pas séduire Miollis et ne voulant pas le combattre, il entend l'envelopper et le paralyser. Murat acquiesce à cette politique. Entrevue de Murat avec Miollis et Tournon, le 4 novembre 1813. — Tournon apprend par un des officiers la défaite de Leipzig. — Le parti Napolitain se constitue définitivement. — Zuccari ; patriciens et carbonari. — Murat réclame le commandement des États romains. En attendant qu'il l'obtienne, son parti se fait fauteur de troubles. — Dernières hésitations de Miollis. La débâcle est connue à Rome. Le conseil municipal délègue une nouvelle ambassade à Paris. Deux ambassades. Derniers efforts tentés pour en imposer aux Romains. — La dernière fête officielle : le 2 décembre 1813. — L'opposition grossit : les cafés s'insurgent. — Les Anglais appellent le Transtevere aux armes. — Tournon flétrit l'étranger. — Les Anglais entrent en scène. — L'affaire d'Anzio. Démoralisation qui résulte de l'attitude de la garnison. Les côtes sont toutes menacées. — Mille périls à la fois. — Le conseil du 7 novembre ; Miollis parle haut ; on défendra Rome ; attitude admirable des hauts fonctionnaires ; les petits meurent de peur ; ils sont prêts à la défection, on renforce les garnisons.

 

Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1813, le baron de Tournon apprit que le roi Joachim était arrivé à Rome et, sous le voile de l'incognito, descendu modestement à l'hôtel.

Le roi de Naples ! On le croyait en Saxe ; car après bien des hésitations, cet illustre cavalier avait consenti à se rendre, au cours du printemps de 1813, en Allemagne où l'ancien chasseur de la République avait bien voulu reprendre la tête d'un corps français. On l'avait vu si aigri dès l'hiver de 1812-1813, certains ennemis de la France à Naples et à Rome avaient paru si peu douter que Joachim n'eût, en quittant précipitamment, en décembre 1812, l'armée de Russie, définitivement déserté la cause française, que ce départ pour l'armée en mai 1813, donnant aux méchants bruits un éclatant démenti, n'avait pas peu contribué à imposer à l'opinion romaine elle-même, à mettre un frein aux révoltes sourdes et à décourager certains meneurs. Tant que Murat restait fidèle, la France avait toujours, à quelques journées de Rome, une armée nombreuse, sinon très aguerrie, l'armée de Naples, et on savait Murat si inconstant, si fantasque dans ses ardeurs, que les ennemis de la France le tenaient pour aussi capable de comprimer très violemment une émeute au Transtevere ou dans la Sabine que d'en fomenter une au besoin. Si Norvins, ennemi du roi de Naples, prédisait, dès les premiers jours de 1813, la trahison certaine, Miollis et Tournon répondaient par le départ de Murat pour l'armée ; à Naples la propre sœur de Napoléon, Caroline, devenue régente, n'étoufferait-elle pas les factions de trahison, ne paralyserait-elle pas le mouvement antifrançais qui, de jour en jour, s'accentuait et s'aggravait à Naples ?

C'était mal connaître le mari et la femme : elle ambitieuse ardemment, folle de grandeur, dépourvue de tout scrupule, lui incertain, jaloux, rusé maladroitement, sachant dissimuler, mais livré par une totale absence de conscience et de jugement aux conseils du plus persuasif ou du plus offrant, et, sous eux, mais les dominant, elle par la connaissance qu'il avait de ses désordres, lui par la science qu'il avait de son cerveau mal équilibré, le Maghella, le rusé Génois qui, après s'être probablement débarrassé de son chef Salicetti, avait pris sa place à la tête de la police générale du royaume et dans la confiance mêlée de terreur de souverains sans principes.

Maghella ! énigmatique figure placée au seuil de l'histoire du Risorgimento italien, car cette cause qui eut avec les Mazzini, les Pellico, les Cavour, les d'Azeglio, les Garibaldi, ses martyrs, ses héros ; ses organisateurs et ses soldats, est cependant en partie née dans le cerveau de ce politicien louche, Maghella.

Napoléon était perdu : avant même qu'il l'estimât tel. Maghella avait, nous l'avons vu, conçu — éventuellement l'idée de faire de Joachim, ce latin somptueux et vaillant, le chef d'une Italie indépendante et une : le ohef ? qui sait ? Le soldat dans tous les cas qui eût tout entraîné et que peut-être on eût, la besogne faite, supprimé de façon ou d'autre. Autour de lui, Naples entière, d'avance, était complice : de Naples allait partir le grand mouvement... Chez les aristocrates qui remplissaient le ministère comme chez les lazzaroni de Santa Lucia, les agents que Norvins entretenait à Naples n'avaient point de peine à entendre des propos qui, grossissant tous les jours, disaient à la fois la haine du Français et la confiance dans Murat, la chute de l'étranger, le triomphe des Napolitains dominant, grâce au sabre de Joachim, l'Italie unifiée.

Le coup droit, porté à la faction par le départ du roi pour l'armée d'Allemagne, n'avait point tué le rêve ; il n'avait même pas fait cesser un instant les bavardages. Le roi n'était point là un fauteur ; au contraire, la présence de ce soldat, beau-frère de l'Empereur, intimidait parfois. Lui parti, on fit ouvertement, pour lui, des plans de trahison. Le roi, à son retour, les accepterait-il ? agréerait-il — ce que préparaient Maghella et les autres — les négociations secrètes avec l'Anglais et l'Autrichien, la rupture avec Napoléon, l'appel à l'Italie contre la France ?

La grosse objection, c'était la présence de Miollis à Rome. Ce soldat ne se laisserait pas entraîner à la trahison ; il était probe, patriote, d'une fidélité absolue ; il n'avait qu'une petite armée ; mais il n'hésiterait pas à s'en servir contre un ennemi déclaré de son pays et de son souverain, fût-il le beau-frère de l'Empereur et l'ancien chef de sa cavalerie. Devant ce chef résolu, Murat allait hésiter ; faire tirer sur des soldats français, le malheureux Joachim n'en était pas encore là ; il aurait, forcé de faire mitrailler une troupe française, ce dernier sursaut d'honneur qui, soudain, pouvait faire tomber toute l'intrigue.

A cette objection Maghella répondait : on ne combattrait point Miollis ; ne pouvant le séduire, ne voulant le combattre, il fallait l'envelopper, le paralyser en le trompant, le garrotter en douceur ; lorsque le général se réveillerait de sa confiance, il serait ligoté, incapable de se défendre : Rome serait au roi de Naples. Faire croire qu'une armée napolitaine marchait vers les plaines de Lombardie pour prêter son appui au vice-roi menacé par la défection de l'Autriche, obtenir, s'il était possible de l'Empereur le commandement en chef de l'armée d'Italie ou dans tous les cas le commandement des États romains, remplir, cependant, Rome sans garnison sérieuse, de deux ou trois divisions napolitaines, et, un beau jour, sous prétexte d'émeutes, de mouvements, de troubles, s'emparer des États romains au nom même de la sécurité des Français, voilà le plan machiavélique que l'on forgeait à Naples.

D'avance, le roi entrait dans ce plan ; il devait séduire son esprit cauteleux et ce Roland, en passe de devenir Ganelon, croyait évidemment être grandement généreux en trompant les Français au lieu de les faire tuer ; peut-être même s'excusait-il .d'avance de les remplacer sous le fallacieux prétexte qu'il les sauvait ; son imagination de Gascon suffirait à dorer l'entreprise. Et puis il allait assurer l'indépendance à l'Italie, idée généreuse qui souffrait bien quelques sacrifices de conscience, et qu'était-ce que tromper ce brave soldat de Miollis pour sauver les Français et libérer les Italiens ?

Le roi, cependant, était en Allemagne ; on se rassurait donc .à Rome, le sachant sous l'œil et la main de l'Empereur[1] ; et brusquement, Joachim reparaissait, ce 3 novembre, place d'Espagne.

***

Tournon et Miollis coururent à l'hôtel. Joachim les reçut avec une certaine lassitude. Il ne prononça, à l'adresse du préfet, que quelques paroles insignifiantes. Se tournant vers Miollis, il lui dit qu'il allait se mettre à la tête de 30.000 hommes à Naples, et marcher sur le Pô pour défendre l'Italie. D'ailleurs, toujours dévoué à l'Empereur, il ne songeait qu'au salut de l'Empire. Pour l'heure Miollis n'avait rien à craindre ; en cas d'attaques sérieuses sur Rome, il était convenu que les troupes-napolitaines, celles des Abruzzes à l'est, celles de la Terre de-Labour au sud, viendraient prêter main-forte ; if y avait aussi, prêts à marcher, trois escadrons de cavalerie légère à Fondi et Itri, deux bataillons d'infanterie légère à Corteleone, quatre bataillons d'infanterie légère à Terano, Citta San Angelo, Cirta Ducale, et Aquila sous le général Daquino. Ces officieux : alliés étaient un peu trop nombreux et bien près ; Miollis se demanda sans doute, dès ce moment, qui le pourrait bien sauver de ces sauveurs[2].

C'était aussi l'impression de Tournon : il s'était, sortant perplexe de la chambre du roi, arrêté à l'antichambre et avait interpellé les aides de camp qu'il connaissait. L'un d'eux se-départit du silence qui était évidemment la consigne ; brusquement, il dit : Tout est perdu ; l'Empereur n'a plus d'armée ; les alliés doivent être sur le Rhin ; et il donna au préfet atterré-les détails les plus émouvants sur l'épouvantable bataille de Leipzig des 16, 17, 18 et 19 octobre : le roi avait quitté l'armée-le lendemain, courait à Naples prendre d'importantes décisions. Tournon rentra au Monte Citorio le cœur serré. Tout était bien noir.

***

Pendant qu'à Naples, où nous ne saurions aujourd'hui suivre-Murat, se préparait la trahison, Norvins en suivait de Rome-les progrès et en signalait les indices. Il y avait à Rome un parti napolitain romain bien constitué : les familles Giustiniani et. Barberini en faisaient le noyau[3]. L'agent actif du parti, le trait d'union, était le vice-consul Zuccari ; son chef, Crivelli, expulsé de Rome sur un ordre formel de l'Empereur, Zuccari était resté espion actif et très mal intentionné. Espérant jouer quelque temps encore la comédie de la cordiale amitié, il avait essayé de s'insinuer dans les bonnes grâces de Norvins : ce Zuccari, dira de lui un an plus tard Pacca parfois facétieux, qui sous les apparences du zuccaro (sucre), est plus amer que le poison[4], n'avait rencontré du côté de Norvins qu'une méfiance invincible. Dès le printemps de 1813, il dénonçait dans ce Zuccari un agent chargé des plus louches besognes.

Après le passage du roi de Naples à Rome, Zuccari devient personnage. Le palais Farnèse où habite l'agent napolitain est une terre ennemie : on n'y illumine plus aux fêtes nationales. Cela réjouit fort les opposants de tout ordre. Zuccari qui, en février 1813, essayait encore d'obtenir de Norvins l'insertion au Journal de Rome d'un article du Moniteur des Deux Siciles où était raconté, sur un style mirifique, l'entrée, au milieu de transports de joie et d'amour, du bien-aimé Joachim à Naples, se départait maintenant de toute prudence et, autorisé ou non, faisait du palais un club. Ce commis du consulat pénétrait tous les milieux, essayait de démoraliser et de conquérir[5].

Nous avons à plusieurs reprises vu se former à Rome, lentement, secrètement, dès le début, ce parti de Naples. Reprenant la vieille tradition napolitaine, il proclamait que Rome et Naples unis sous un même sceptre, c'était l'Italie une et libérée des Stranieri, Français ou Allemands. La noblesse était favorable à la combinaison : les Doria, Colonna, Orsini, Caetani. Chigi, Giustiniani étaient mi-patriciens romains mi-barons napolitains ; quels que fussent par ailleurs leurs sentiments et surtout leurs manifestations politiques, qu'ils fussent papalins ou impérialistes, ralliés, soumis, résignés, hostiles au régime napoléonien, ils se seraient tous accommodés aisément du consortium romano-napolitain qui, d'ailleurs, n'eût pas tardé à installer à Rome, capitale italienne, le roi national. Cette société que les gouvernants français avaient tout fait pour gagner était mûre pour la trahison ; Zuccari y était le bienvenu.

Ces nobles de Rome ne font point de révolutions ; ils les subissent ou les complètent. Il fallait un élément actif dans ce parti napolitain... A partir de novembre 1813, on surprend la main de Zuccari dans toutes les entreprises : il a des agents dans la montagne parmi les pires bandits, il a des brigands à sa solde, il a des agents dans le clergé aigri, tout à l'heure il armera le curé Battaglia et sa bande ; il a surtout des agents dans les Vente de carbonari, ou plutôt tous les francs-maçons sont ses agents. Ce fut le grand levier auquel se fia Murat, la franc-maçonnerie romaine.

Tout porte à croire qu'il avait, dès août 1809, accepté la grande maîtrise de la franc-maçonnerie, tout au moins de la maçonnerie italienne : on la lui avait offerte dans tous les cas[6]. Les carbonari s'étaient greffés sur le grand arbre, tiers ordre maçonnique voué plus spécialement à la libération de l'Italie. Murat les avait d'abord tenus pour faux francs-maçons dont il allait demander la suppression aux francs-maçons eux-mêmes[7]. Puis il s'était probablement laissé conquérir. Cette association des carbonari semble s'être établie à Rome en dehors des loges officielles que Radet avait présidées ; alors que la Loge Marie-Louise publiait, propageait même ses procès-verbaux, ses discours emphatiques et pompeux, les carbonari se réunissaient en cachette chez le prélat Martorelli où Barras lui-même se laissait prendre à leurs serments vengeurs et à leur caractère antique[8]. Quel était exactement le degré de liaison entre Murat, ou plutôt Zuccari, et les Vente ? On sait quelles difficultés on rencontre dès qu'on veut pénétrer dans ce dédale des sociétés secrètes. Quel était même exactement l'esprit du carbonarisme à cette époque ? Il semble bien que, voyant chanceler Napoléon, ces gens entendaient ne point se laisser ensevelir sous les ruines du colosse qu'ils avaient encensé. Ils avaient alors trouvé ou reçu de Naples le mot d'ordre : L'Italie libre, qui à cette époque semblait plus encore dirigée contre l'oppresseur présent que contre les oppresseurs futurs. Ils avaient adopté Murat ; à la suite de quelles négociations, c'est ce que nous ignorons. Un officier de Miollis écrit qu'à Rome deux sociétés travaillaient pour Murat, les Carbonari et les Crivellari — cribleurs[9] —. Ces associations étaient remplies d'avocats et de prêtres. A tout hasard, tous les ennemis de la France, même les plus ardents partisans du Pape, se faisaient complices de Murat qu'on écarterait ensuite, et d'une association dont l'hostilité à l'Eglise n'éclatait point encore.

Quoi qu'il en soit, des cavernes de la montagne aux palais du patriciat, des presbytères de la province aux loges des Charbonniers, Murat était l'homme du moment — pour beaucoup de ces étranges partisans, l'homme d'un très petit moment.

Des papiers couraient à profusion où Murat était appelé à délivrer l'Italie. L'ode à l'Italie disait : C'est le brave, c'est l'invincible Joachim qui, aujourd'hui, te rend à toi-même ; c'est pour toi seulement qu'il reprend l'épée, ne brûlant d'amour que pour toi[10].

A la fin de l'automne personne ne mettait en doute l'entrée probable de Murat dans la coalition. On regrettait, dans les milieux français, que Miollis n'eût point arrêté le roi lors de son passage à Rome[11].

Le 31 octobre, le roi avait réclamé de l'Empereur le commandement des États romains ; il n'obtint point de réponse. De cette heure les troubles commencèrent : il fallait faire de Murat un homme nécessaire : Zuccari lança contre Miollis brigands, prêtres, déserteurs, pirates, francs-maçons, Anglais — le patriciat romano-napolitain restant prêt à fournir, au lendemain de la victoire, des préfets à Joachim.

***

A dire la vérité, Zuccari travaillait sur le velours : il avait à surexciter plus qu'à fomenter. Depuis le début de l'automne, le gouvernement français ne subsistait plus à Rome que par une fiction à laquelle personne ne croyait.

Miollis oscillait : il avait reconstitué une sorte de Consulta avec Tournon, Daru, Janet et Norvins, y appelait parfois le premier président, le procureur général, les généraux : on crut qu'il y allait appeler les colonels. Ces gens, aigris les uns contre les autres depuis trois ans, furent plus avisés que leur chef, le sommèrent de ne point leur demander cette direction qu'une seule main devait imprimer. Le général, un instant incertain, parut se ressaisir[12].

Le plus pressant semblait d'en imposer une fois de plus, d'étouffer les méchants bruits sous les salves et les Te Deum. On célébra la victoire de Dresde à grand fracas[13]. Le Pasquino ricana : Solennel Te Deum ce matin à Saint-Pierre en l'honneur de la grande bataille perdue par les Français et dont ils chantent victoire. — Pendant qu'ils étaient à l'église, que n'ont-ils chanté les prières des agonisants ? ripostait Marforio[14].

Rome s'amusait, incorrigible bavarde. On cherchait à la soulever : le Transtevere était inondé de manifestes signés du gouvernement anglais annonçant les défaites, la chute prochaine de l'usurpateur ; qui lui resterait soumis s'exposerait aux représailles des alliés ; trouvant l'Italie soulevée, ceux-ci y rétabliraient la paix, y fonderaient la liberté[15].

Ces papiers étaient nuisibles ; l'Illyrie envahie, la Vénétie menacée, le désastre de Leipzig, la retraite des Français sur le Rhin et l'Adige, tout était su à Rome avec une rapidité qui étonnait. Comment les prêtres faisaient-ils pour être si promptement et si fidèlement instruits des pires nouvelles, c'est ce que Norvins se demandait encore vingt ans après. Vienne les leur expédiait mystérieusement ; les agents de Norvins les recueillant instruisaient celui-ci, Tournon et Miollis des nouvelles de la Coalition avant qu'on les sût à Paris, et des nouvelles de Paris même[16]. On connut tous les détails de Leipzig au palais Doria par les bruits de Rome, bien avant que Paris en informât ses agents, et l'histoire de ce pont qui, par la providence et miséricorde de Dieu, sauta en l'air au moment où passaient les Français, disaient à Rome d'aimables nouvellistes[17].

Si décourageante que fût l'attitude plus narquoise encore qu'hostile de la population, Miollis essayait de réagir et d'illusionner. Il fallut que Braschi soumit une nouvelle adresse aux hommes du Capitole, leur fit élire une députation qui partit pour porter au pied du trône cette preuve d'un inaltérable dévouement. La députation partit bien, Altieri, Palaviccini. Albani, partisans du Pape, qui entendaient bien être arrêtés en route par les Autrichiens, cependant que leurs congénères, signataires de l'adresse d'inaltérable dévouement, s'apprêtaient à revêtir les livrées de Murat, puis de Pie VII. L'aventure devint bouffonne quand la députation, parvenue à bon port, vint offrir à la régente l'assurance du dévouement des Romains à la personne de son auguste époux à l'heure où, Murat ayant, nous le verrons, occupé Rome, les commettants des trois ambassadeurs envoyaient au roi de Naples au sud et à Pie VII au nord des messages analogues[18].

On n'en était pas encore là en novembre 1813. On affectait de croire à la prise imminente de Berlin, de lire avec satisfaction les innombrables adresses à l'Empereur que le Journal publiait ; la feuille officielle réservait cependant une de ses colonnes à énumérer les bienfaits dont la France inondait Rome, travaux du Pincio qui s'achevaient, fouilles du Forum qui rendaient à Rome ses titres de noblesse, Académies où renaissaient des Virgiles, campagne qui s'allait couvrir de frondaisons et de moissons ; in extremis, le Journal essayait d'attendrir les cœurs rebelles en assurant que, grâce aux Français, la campagne allait voir fleurir pour la première fois le Polygala flavescens, le Cnicus pungens et le Carduus pycro-polycephalus[19].

En vain le 2 décembre déploya ses pompes officielles. Ah ! que tout cela paraissait tout à la fois fastidieux et ridicule, l'éternel Te Deum dans Saint-Pierre vide, la revue sur la place d'une garnison dont, chose incroyable, des Russes et des Allemands exaspérés formaient encore la majeure partie, les courses de chevaux, le dîner chez Miollis, les toasts à l'Empereur invincible, à l'Empereur bien-aimé. Et par surcroît — car les troupes napolitaines arrivent par paquets — on se sent gêné en face de ces beaux officiers de Joachim à la taille souple, au regard rusé, à la lèvre souriante, qui approuvent bruyamment les toasts, applaudissent, s'attendrissent : Bravo ! bravissimo ! Evviva l'Imperatore, alors que dans cette assistance personne ne doute que ces hôtes enthousiastes ne soient de mortels ennemis dans la place, traîtres qui vont mordre — avec quel plaisir ! — la main qu'on leur tend. Eux le savent mieux que personne. Ces belles dents blanches que découvre le sourire s'aiguisent ; le champagne coule, allume les yeux. Ce fut la dernière réception du général Miollis[20].

***

On portait ailleurs des toasts qui manquaient de discrétion : c'était dans les cafés avoisinants. Au Casino établi au palais Ruspoli la haine trop longtemps frémissante éclatait ; au café Barcaccia, les artistes allemands fêtaient Leipzig avec une si insolente ardeur qu'il fallut l'intervention du bon Le Thiers, alors directeur de l'Académie, pour leur épargner une sévère correction ; de vrais clubs se formaient sur tous les points de Rome ; le maître d'hôtel du prince Chigi en tient un dans ses cuisines, il s'en improvise un au Monte Citorio, en face de la préfecture : il s'en organise au café de Venise, au café Greco, chez Martorelli, dans les sacristies et dans les ateliers[21]. Et voici que les libelles, forgés dans ces réunions, inondent Rome et la province : d'autres sont introduits par les pêcheurs, écrits dans une langue italienne dont l'incorrection révèle les auteurs, les Anglais de Sicile. On les trouve partout à Viterbe, en Sabine, en Ombrie. dans les faubourgs de Rome et de Civita Vecchia. Il faudrait arrêter tout le monde, car la complicité est universelle[22]. Tournon peut-il sans sourire signaler aux maires et curés, en une véhémente circulaire, ces misérables étrangers qui essayent de fomenter les troubles, ces Anglais, stranieri, forestieri, hérétiques qui ignorent la fidélité des braves Romains à cette religion catholique qui prêche l'obéissance et, par conséquent, l'amour du souverain ? Cette phrase émouvante est-elle une simple introduction à cette autre où nos valeureux soldats sont évoqués prêts à réprimer l'audace de qui veut allumer le feu de la discorde dans la patrie ? On entend que les curés lisent en chaire la lettre du préfet français flétrissant les intrigues de l'étranger. Mais soudain, par crainte d'une contre-manifestation, on leur interdit de rien en lire. Evidemment on hésitait entre une fermeté et une diplomatie également nécessaires. On se décida à ne point faire flétrir en chaire les hérétiques Anglais que, depuis quelques années, Rome, tenant Napoléon pour le diable, estimaient les meilleurs serviteurs de la Chrétienté[23].

Les Anglais ! Pour la première fois, ils venaient jouer un rôle dans ce scénario compliqué, et si petit que fût ce rôle, le prestige était tel de cette fabuleuse nation, que, de Terracine à Civita Vecchia, de Rome à Pérouse, l'État 'romain en avait tressailli.

Certes on les avait vus, trois ans, rôder le long des côtes ; ils avaient, un jour, lancé quelques bombes sur Terracine ; ils avaient menacé le littoral, au sud comme au nord du Tibre, jeté à terre des pirates, des bandits, entretenu quelque trouble. En octobre 1813, ils s'étaient décidés à opérer un débarquement.

Dès le mois d'août, ils avaient jeté un premier coup de sonde. Après un premier essai de débarquement le 15 août, — comme pour s'associer à la fête qui se célébrait si tristement à Rome, ils avaient, le 17 août, tenté une démonstration : débarquant, fort audacieusement, à quelques lieues de Rome, à Paterno, quatre-vingts marins et soldats, ils les avaient jetés sur la tour délabrée et désarmée, mais où, pour le principe, se tenait une misérable garnison, cinq vétérans et six chasseurs du 2e étrangers. Les défenseurs ayant précipitamment battu en retraite, les Anglais avaient fait sauter la tour et emmené un des soldats étrangers, un Espagnol, enchanté d'être capturé ; puis, la démonstration leur paraissant suffisante, ils avaient regagné leur bord bien avant que la garnison de Fiumicino eût pu accourir[24].

Au commencement de septembre, une division composée d'un vaisseau, trois frégates, deux bricks, fut aperçue, croisant le long de la côte romaine ; on approvisionna les tours et postes maritimes ; on donna de sévères instructions aux petites garnisons que pouvait impressionner, d'ailleurs, la traduction devant le conseil de guerre des soldats qui, le 17 août, avaient abandonné la tour de Paterno[25].

Anzio paraissant particulièrement menacé, Miollis en renforça la garnison de 25 gendarmes et rassura les alarmes du général Lasalcette qui commandait ces côtes : n'avait-on pas à Anzio 46 canonniers, 36 vétérans, 130 hommes du 2e étrangers, 100 hommes du 22e d'infanterie légère, les employés des douanes, les gendarmes, sans compter que ; les garnisons de Velletri et Albano7allaient sous peu détacher 80 hommes de renfort ? Enfin Miollis n'avait-il pas fait appel à la reine de Naples, alors encore régente, pour qu'elle massât des troupes à Fondi ?[26] En dépit de ces préparatifs de défense, les Anglais s'étaient plu à braver le général : dans la nuit du 29 au 30 septembre ils avaient débarqué à trois milles d'Anzio et fait sauter la tour de Caldera avec une partie des onze hommes qui étaient censés la défendre[27].

Puis, brusquement, dans la nuit du 5 au 6, l'ennemi attaqua Anzio[28] ; le 5 il jeta quelques bombes et, dans la nuit, il débarqua une centaine d'hommes qui marchèrent sur la ville. La panique y fut générale. Le, général Le Monnier, dont on ne peut expliquer la conduite qu'en pensant qu'il avait les organes affaiblis, battit précipitamment en retraite ; canonniers, vétérans, soldats, douaniers abandonnèrent leurs postes sans tirer un coup de fusil et, pêle-mêle avec les habitants affolés, se jetèrent dans les bois qui s'étendent à l'est de la côte. On ne donna même pas à la garnison de Velletri le temps d'arriver ; même lorsque ce renfort eut rejoint à Nettuno le général Le Monnier, celui-ci refusa de marcher sur Anzio pour en chasser l'ennemi. Pendant ce temps, les Anglais, maîtres de la petite ville, enclouaient les canons, faisaient sauter les ouvrages, pillaient la ville, et paraissaient vouloir s'y installer.

L'émotion fut immense ; on crut à un débarquement plus considérable. Dans la nuit du 6 octobre, la générale fut battue dans les rues de Rome ; les troupes consignées, le général Miollis partit ; déjà le général Lasalcette marchait sur Anzio, combinant tout un plan de campagne contre ce qu'il supposait être un corps d'armée. Lorsqu'il arriva, après avoir pris les dispositions les plus savantes, en vue du petit port, il aperçut Anzio dans les flammes : l'ennemi avait mis le feu et s'était rembarqué.

Miollis parut sur les lieux le 10 ; il ne put que constater le désastre. Le désastre moral était plus grand. En vain le général fit-il arrêter et traduire devant un conseil d'enquête le malheureux Le Monnier ; en vain fit-il jeter au château Saint-Ange le lieutenant de douane qui avait, le premier, lâché pied ; en vain, fit-il traduire devant un conseil de guerre les officiers et sous-officiers. L'effet moral restait irréparable : une garnison de plus de 300 hommes avait, affolée, battu en retraite sans combattre. Les habitants de Porto d'Anzio sont indignés. Ceux de Nettuno s'attendent à subir le même sort ; ils sont dans l'anxiété et la méfiance. A quoi servent ces fameux Français, s'ils ne savent même pas se battre et protéger leurs sujets ?

Comme, d'entre part, Fiumicino, à quatre heures des portes de Rome, avait été, le 4, menacé par une flottille, que la tour Santa Marinella, à six milles de Civita Vecchia, avait été assiégée par un détachement anglais pendant trois heures, il parut que ces débarquements n'étaient que le prologue d'événements plus graves, et qu'ayant constaté la faiblesse numérique et la démoralisation évidente des garnisons côtières, l'Anglais n'hésiterait pas à jeter un corps d'armée sicilien sur le littoral[29].

Miollis, à la vérité, passa dès lors plusieurs heures de sa journée à combiner des plans de défense : une sorte de colonne mobile fut établie, qui pourrait courir d'un point menacé à l'autre ; mais qu'eût pu le plus valeureux chef, le plus savant tacticien avec ce corps d'armée en délabre[30] ? Tout le monde le sentait. On savait que par surcroît on manquait de fonds. Janet déclarait sa caisse vide[31]. Les premières troupes napolitaines arrivaient, ennemies ou amies, dans tous les cas peu sûres, insolentes, semant le désordre. Les Autrichiens menaçaient le nord de l'Italie ; Norvins craignait que leur entrée sur le territoire lombard n'amenât une insurrection générale en Italie, qui fermât la retraite aux fonctionnaires et aux soldats français. On était pris entre la trahison probable de Naples, l'insurrection proche du pays, le brigandage de la montagne, la menace d'un important débarquement anglais. La démoralisation pouvait être redoutable.

***

Le 7 novembre, Miollis réunit le conseil : ce n'était plus le galant soldat que nous avons vu si empressé auprès des Vénus et des Junon du palais Doria ; ce n'était pas non plus le gouvernant un peu hésitant, timoré, bienveillant qui, pendant quatre ans, avait balancé entre deux politiques. A l'heure où e péril était extrême le soldat ferme, consciencieux, un peu rude qu'il était d'autre part, se révélait tout entier. Ce n'étaient plus des conseils qu'il venait demander à Tournon, Janet, Daru, Norvins, Cavalli, Le Gonidec, aux généraux Simon, Lasalcette et Lecrosnier. Le général prit la parole de cette voix de commandement qu'on n'avait point entendue de longtemps. Il fit un exposé des périls dont Rome était assiégée ; ces périls ne pouvaient le faire faiblir : il était résolu à se maintenir à Rome envers et contre tous. Le château Saint-Ange était armé. Il n'admettait point de retraite. La seule retraite que je vous présente est un fusil et des cartouches pour concourir à défendre Rome[32].

Ce langage trouvait des oreilles pour l'entendre. Ces hommes, que des tempéraments si différents avaient jusqu'à cette heure divisés jusqu'à la haine, étaient tous de vaillants patriotes, des agents très supérieurs autant par la fonction dont ils étaient investis, que par leur intelligence et leur conscience ; aucun d'eux — sauf un, nous le verrons, qui faiblit — ne songea jamais à déserter. Ils se réconciliaient, communiant dans un même sentiment élevé du devoir envers la France, leur Empereur, et Rome même. Déserter, c'eût été laisser une ville et un pays dans l'anarchie, sans parler des Français qui, jusqu'au bout, ne fût-ce que pour s'assurer une retraite honorable et se -sauver du massacre qui les menaçait, devaient en imposer par un sang-froid, un courage indéfectibles.

Mais les paroles de Miollis étaient destinées à passer par-dessus ces auditeurs complaisants à l'entendre. Le pays était affolé. Dans la colonie française un mouvement de débâcle s'était produit : la femme du préfet du Trasimène, Mme Rœderer, était partie précipitamment pour la France ; Miollis adressa de sévères observations à son mari[33] : ce signal d'alarme était une faute ; Mme Daru, Mme de Tournon montraient à toutes l'exemple de la constance, prêtes à s'enfermer au besoin au château Saint-Ange[34]. Sur l'invitation du préfet, le maire ferma les portes de Rome aux voitures et équipages qui prétendraient en sortir[35].

De la province arrivaient des plaintes lamentables. Les fonctionnaires romains étaient désespérés ; ils avaient peur des vengeances, des représailles, peur des Napolitains, des Autrichiens, du Pape, des bandits, des Anglais et le pis est pour eux qu'ils avaient encore très peur de Miollis et de Norvins. Ils eussent préféré une solution prompte : Messieurs les membres de mon tribunal et encore plus messieurs les membres de la Cour, écrit le procureur impérial de Pérouse, Corradi, voient déjà levées sur leurs têtes les épées des Allemands... Il est très probable que si nous restons ici sans aucune force, au cas que les Allemands s'approchent, la populace nous sacrifie. Il faudrait savoir ce que nous devons faire dans cette circonstance... Je suis disposé à tout, mais je n'aime pas m'exposer à être sacrifié sans aucun avantage[36]. Cette plainte naïve n'est qu'un témoignage de la terreur générale. Les arrondissements sont dans l'épouvante. De fait, la plupart des Romains employés s'apprêtent à trahir au premier signal, des capitaines de gendarmerie Borgia et de Filippi jusqu'aux conseillers municipaux de Rome, du commissaire de police Domenico Pepe, dont le cahier de rapports nous livre l'âme fluctuante, jusqu'aux membres romains des cours et des tribunaux, aux commis romains de la préfecture et des finances[37].

Miollis n'avait aucune confiance dans ces trembleurs ; il n'avait plus les yeux fixés que sur le château Saint-Ange qu'on approvisionnait et qu'on armait, et sur Civita Vecchia où le général Lasalcette avait juré de tenir jusqu'à toute extrémité. Deux mille hommes pourront s'enfermer au château, 1.200 à Civita Vecchia ; c'est un branle-bas ; on visite les batteries, on passe revue sur revue, on évacue les 1.300 forçats de Civita Vecchia sur Livourne, on encadre solidement de troupes de gendarmerie les soldats étrangers qui ont tenu de mauvais propos. On envoie encore des colonnes mobiles battre les arrondissements menacés[38]. Et on a raison. Car, grâce à ces actes de fermeté, l'on respecte encore le nom français et jusqu'à la fin on le respectera, en dépit des épreuves qui, à cette heure, fondent de toute part sur le malheureux gouvernement.

 

 

 



[1] Miollis à Savary, 4 août 1813 (copie lettres). Son départ pour l'armée a produit grand effet, écrit Miollis. On trouve la trace de cet effet dans le Diario de FORTUNATI, 3 août 1813, f. 667.

[2] Mémoires inédits de Tournon ; BELLAIRE, Invasion des États romains, p. 5-6 ; Norvins, 21 novembre 1813, AF IV 1685.

[3] Norvins, 21 décembre 1813, F7 8890.

[4] Pacca à Consalvi, 3 décembre 1814, RINIERI, p. 173.

[5] Norvins, 13 février 1813, F7 6531 ; Norvins, 6 décembre 1813, F7 6531 ; Tournon, 3 décembre 1813, F7 6531 ; Note de police, 4 décembre 1813, Archives de la guerre.

[6] Murat à Napoléon, 27 août 1809, AF IV 1685.

[7] Durand à Maret, Archives des affaires étrangères, Naples, Correspondance, 139, f. 78.

[8] BARRAS, t. IV, p. 209.

[9] BELLAIRE, p. 5-6 ; Borgia était déjà l'agent actif de Murat dans la franc-maçonnerie. En 1815, il devait former au service du roi de Naples une compagnie ouvertement nommée Compagnie des francs-maçons (Correspondance de Pacca et Consalvi ; RINIERI, p. 589).

[10] Tournon, 3 décembre 1813, F7 6531 ; Miollis, 7 décembre 1813 (texte in extenso de l'ode à l'Italie), Archives de la guerre.

[11] Norvins, 21 novembre 1813, AF IV 1685.

[12] Miollis, 8 octobre 1813, F7 6531 ; Norvins, 28 août 1813, Archives de la guerre, armée d'Italie, 1813 ; TOURNON, Mémoires inédits.

[13] Miollis, 22 septembre 1813, Archives de la guerre ; Journal de Rome, 27 septembre 1813, n° 116.

[14] Diario de FORTUNATI, 24 septembre 1813, f. 668.

[15] Correspondance de Rome au Mercure de Souabe du 29 octobre 1813, extrait au Bulletin du 4 novembre, AF IV 1532 ; Diario de FORTUNATI, 30 septembre 1813, f. 668.

[16] NORVINS, Fouché à Rome.

[17] Diario de FORTUNATI, 3 novembre, f. 673.

[18] Journal de Rome, 6 novembre 1813, n° 133 ; Diario de FORTUNATI, 13 novembre, f. 673.

[19] Journal de Rome, 3 novembre 1813, n° 132 ; Mois de novembre 1813, passim.

[20] Journal de Rome, 6 décembre 1813 ; Diario de FORTUNATI, 3 décembre, f. 671.

[21] Miollis à Norvins, 9 et 25 novembre 1813 (copie lettres) ; Miollis, 15 novembre 1813, au Bulletin du 24, AF IV 1532.

[22] Miollis à Clarke, 28 septembre, 29 septembre, 30 septembre 1813. Archives de la guerre ; Rapports de la gendarmerie, 24-27 décembre 1813. Bulletin du 29, AF IV 1533 ; Tournon, 6 décembre 1813, F1c III, Rome, 2.

[23] Circulaire de Tournon du 1er octobre 1813, Archives du Vatican, App. Nap., VI D ; Diario de FORTUNATI, 4 octobre, f. 669.

[24] Miollis à Clarke, 19, 24 août, Archives de la guerre ; Norvins, 13 et 17 août, au Bulletin des 28 et 29 août, AF IV 1530 ; Diario de FORTUNATI, 19 août, f. 667.

[25] Miollis, 25 septembre 1813, Archives de la guerre.

[26] Miollis au général Lasalcette, 22 septembre 1813 ; A la reine de Naples, 1er octobre 1813 (copie lettres) ; A Clarke, 2 octobre, Archives de la guerre.

[27] Miollis à Clarke, 1er et 3 octobre 1813, Archives de la guerre.

[28] Sur tout cet épisode, Miollis à Lasalcette, à Tournon, 5 octobre 1813 ; à Lasalcette, 7 octobre ; à Pignatelli, 8 octobre ; à Clarke, 8 octobre ; à Lasalcette, 13 octobre (copie lettres du général) ; Registre des délibérations de la commission d'enquête, Archives de la guerre, armée d'Italie, 1813 ; Tournon à Miollis, 6 octobre ; Miollis à Clarke, 6 octobre, Archives de la guerre ; Dossier des débarquements, 14214 F7 8900 ; Ortoli, 6 octobre. CANTU, p. 445 et 446 ; Diario de FORTUNATI, 6 octobre, f. 668 ; Tournon, 23 septembre, F1c III, Rome 2.

[29] Miollis, 6 octobre 1813, Archives de la guerre ; Ortoli, 7 octobre 1813, CANTU, p. 446.

[30] Miollis à Lasalcette, 1er novembre 1813,13 décembre ; à Degallo, 13 décembre (copie lettres) ; BELLAIRE, p. 7. 4.500 hommes dont à peine 2.000 combattants, troupes exclusivement composées de conscrits italiens déserteurs étrangers et anciens soldats pontificaux.

[31] BELLAIRE, p. 5-6.

[32] Miollis à Clarke, 8 novembre 1813, Archives de la guerre ; BELLAIRE, p. 12.

[33] Miollis à Rœderer, 11 novembre 1813 (copie lettres).

[34] Mémoires inédits de Tournon.

[35] Diario de FORTUNATI, 24 novembre, f. 673.

[36] Corradi à Le Gonidec, 11 novembre 1813, Archivio di Stato de Rome. Polizia giudiziale.

[37] Carnet de Domenico Pepe, 1813-1814, Archivio di Stato, Polizia giudiziale, Busta 16.

[38] Miollis à Lasalcette, à De Gallo, 13 décembre 1813 (copie lettres) ; Miollis, 25 septembre, 9 octobre, 26 octobre, Archives de la guerre.