LA ROME DE NAPOLÉON

LIVRE III. — LE RÉGIME CONSTITUTIONNEL

 

CHAPITRE II. — LA GUERRE DES PRÊTRES.

 

 

Une journée de prêtre. — La Croisade commence. Les moines, disparus officiellement, pullulent ; la question des pensions ; le moine est un élément réfractaire. — Savone continue à parler. — Le clergé assermenté se rétracte, d'autant qu'il est de plus en plus misérable et méprisé. — Atanasio consent aux Te Deum, sans les prescrire. — Les évêques jureurs refusent de faire acte de juridiction dans les diocèses réunis. — Un seul évêque romain au concile de Paris. — Sourdes, mais actives menées. — Le refus de prières ; déportations qui s'ensuivent. — La figure de Pie VII prend un caractère surnaturel et surexcite les passions ; miracles et prophéties ; les punitions du ciel. Les Vierges remuent les yeux. — Guerre de racontars ; toutes les mauvaises nouvelles connues à Rome avec une étonnante rapidité, colportées et grossies. — Ces nouvelles amènent un arrêt dans les adhésions. — Refus général de serments chez les laïques ; les Curiali, les Montisti, Canova ; les chantres ; Zingarelli fait école. — On envoie au bagne laïques et ecclésiastiques.

 

Une journée de prêtre détruit ici tout ce que l'on a cru établir après un mois de travail. Celui qui écrit ces lignes découragées est le fringant directeur de police qui, six mois auparavant, arrivait à Rome plein d'espoir et de présomption[1].

De fait, l'instabilité du régime résulte avant tout de ce que ce régime est — à Rome — combattu par les prêtres avec une croissante ardeur : pernicieux système, écrit un chanoine de San Martino, envers lequel la moindre condescendance doit inspirer l'horreur. Nous avons vu, dès la fin de 1810, des prêtres, appeler de leurs vœux exaspérés le Sicilien, l'Anglais, la peste : ils appelleraient le Turc pour les délivrer de Napoléon[2].

Les moines, officiellement disparus, donnaient de gros soucis et de toutes sortes. Jamais l'on n'en avait tant vu que depuis que, pour le gouvernement, il n'y en avait plus. On a beau fermer les quelques couvents que la faiblesse de la Consulta avait laissé subsister, et renvoyer de Rome les moines âgés qui, par exception, avaient obtenu d'y demeurer[3]. Le moine reste à Rome. Où est-il ? Partout, sous l'habit séculier ou même sous le froc ; et les gendarmes de Radet perdent leurs peines à le chercher[4]. On avait compté sur un moyen de contrôle et de sujétion : les pensions. Mais, refusant le serment de fidélité à Sa Majesté, ces misérables moines se montrent indignes de ses bienfaits ; d'autres, la plus grande partie, sont insaisissables, ne réclament aucune pension. Janet, à dire vrai, en prend son parti. La liquidation des couvents est plus lourde qu'on ne l'a imaginé, et les millions qu'on a fait miroiter avant 1809, aux yeux de l'agent financier, ont disparu, fondu. Nous avons dit plus haut que ce mécompte était fatal. Le peu qu'on retirait des ventes de biens passerait tout entier aux pensions ; tout en se donnant l'apparence d'une vive indignation pour tant d'ingratitude, ce n'était pas sans satisfaction que Janet, déclarant close la liste des pensionnés en octobre 1811, constatait que, sur 3.016 religieux — 20.000 avaient été expulsés — ayant droit à la pension, 1.888 se dérobant au serment, n'en toucheraient aucune. Mais, dès lors, aucun moyen de surveillance sur ces milliers de religieux chassés, soit qu'ayant dépouillé le froc ils se terrassent à Rome, soit qu'au contraire ils promenassent comme des reliques leurs robes en loques à travers la province. Les uns minent le terrain sourdement, les autres provoquent des manifestations, se font nourrir, héberger par l'habitant, et, dans les paroisses dont le curé insermenté est déporté, prennent la direction des consciences — on pense dans quel esprit peu conciliant[5].

Les communautés de femmes maintenues deviennent par ailleurs foyers de pieuse opposition. Elles ont pour directeur des prêtres réfractaires qui les poussent à la rébellion. Qu'on n'aille pas croire que ces saintes filles descendent dans la rue ; mais elles prient Dieu pour Pie VII ; quelques-unes mêmes se permettent des extases, des miracles et des prophéties, toutes choses que n'autorise pas le concordat. Dès juillet 1811, Miollis demande leur suppression[6].

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Si je dois à la crainte de la déportation en Corse quelques serments, j'apprends au même moment autant de rétractations, écrit Norvins[7].

Pie VII a fait entendre sa voix. En dépit d'une surveillance rigoureuse jusqu'à l'indécence, des papiers s'envolent de Savone vers Rome d'où des comités occultes, que, tous les mois, on pense surprendre et dissoudre, propagent la parole pontificale dans les provinces[8]. On a cru notamment déconcerter la tactique de Savone en arrêtant, le 18 janvier 1811, le prélat Dominique Sala, une des créatures du pape : Norvins épluche ses papiers, scrute ses tiroirs ; mais si on y trouve des pièces curieuses intéressant le passé, aucune trace ne s'y rencontre d'une correspondance clandestine avec Savone[9]. Sala enlevé, cette correspondance secrète continue : elle a pour conséquences d'incessantes rétractations.

D'ailleurs rien n'engage les prêtres à jurer. De jour en jour la situation de ceux qui l'ont fait devient plus misérable. Ils ne sont point payés : le vicaire général de Civita Vecchia qui est un homme dévoué et a rendu de grands services, a dit à Norvins qu'il n'avait pas de pain ni de quoi acheter des cierges[10]. Rœderer transmet aux Cultes un dossier dont j'aimerais extraire les pièces, pétitions, suppliques de prêtres jureurs que le peuple abreuve de mépris sans que le gouvernement leur donne un morceau de pain. L'Empereur répond, le 27 décembre 1811, avec l'impatience que, dès cette époque, excitent chez lui les affaires de Rome, qu'il ne peut augmenter le traitement des curés romains, car ce serait grever le budget de 500.000 livres[11]. On parle même de supprimer les fameuses messes à quinze bajocques de Saint-Louis et du Panthéon qui attirent à Rome la tourbe de prêtres déclassés[12]. Alors c'est la misère noire.

Fussent-ils nourris, que la portion plus ou moins congrue qu'ils recevraient, ne paierait pas les outrages dont on les accable. A Rome, les curés assermentés objets d'une proscription scandaleuse et coupable n'ont plus de fidèles. On quitte leur messe avec ostentation : les ragazzi refusent d'aller au catéchisme chez le giuratore, le Judas. On affiche sur les murs que Pie VII excommunie ceux qui assisteraient à la messe d'un jureur. A Foligno, un collège qui accueille parmi ses professeurs deux prêtres jureurs, voit partir tous ses élèves[13].

Dans ces conditions, on comprend qu'ils aient, vis-à-vis d'un gouvernement qui ne les paye ni ne les protège après les avoir compromis, des sursauts d'indépendance. Ce clergé a juré, mais n'en est pas beaucoup plus docile. Sans doute le clergé de Saint-Louis multiplie les adresses de dévouement à l'Empereur. mais elles sont contresignées de Norvins, ce qui les juge[14]. Le reste du clergé romain insermenté est rétif, ménage sans cesse de désagréables surprises à ses gouvernants. Atanasio consent à des Te Deum : il consent, il refuse d'ordonner et il n'assiste pas. Il faudra qu'un jour Miollis se décide à le faire sortir de son lit en lui envoyant deux gendarmes ; tout pâle, il paraîtra à Saint-Pierre : on pense quelles sincères prières le prélat terrorisé adressera au ciel pour le grand Napoléon. Ses mandements sont des monuments de la peur. Pour prévenir de plus grands maux il pourrait être bien, en conscience, de se conformer aux ordres de Monsieur le préfet. Cela ne peut passer pour une exhortation convaincante[15]. D'ailleurs sa voix, fêlée par la peur, n'est pas entendue : à tout instant, des prêtres dont on se croyait sûr refusent de chanter Te Deum et Domine Salvum. Au moment où deux ou trois l'entonnent, les autres s'échappent de l'église avec un scandaleux tumulte[16]. Certains font avec leur conscience ou leurs fidèles des compromis qui alarment le gouvernement. Lorsqu'au début de 1812, Napoléon se décide à augmenter le traitement des curés, tel, comme le bon abbé Tonni, curé de Corforcella, qui a juré, refuse quatre fois de suite ce supplément de congrue : il est arrêté, prend des airs désintéressés : Ma paroisse donne des revenus suffisants pour mon entretien. Le peuple de cette paroisse veut bien m'estimer, c'est particulièrement pour mériter toujours cette estime que j'ai jugé convenable de refuser ledit supplément[17]. Evidemment des jureurs qui ne veulent point toucher à l'argent de Napoléon ne sont point de très solides suppôts ; et à qui entendre ? les uns réclament avec aigreur, d'autres refusent avec hauteur ; et ce sont cependant les prêtres dévoués à nos institutions.

Une autre question était soulevée par les évêques jureurs. Outre qu'ils montrent chez eux la plus mauvaise volonté, car ils sont convenus entre eux d'être malades aux jours où doivent se faire des cérémonies en l'honneur de l'Empereur[18], ils refusent formellement de faire actes de juridiction dans les diocèses que l'Empereur, coiffant la tiare, a annexés aux leurs. Les curés des diocèses annexés — même jureurs — ne les reconnaissent pas pour leurs évêques[19]. On tient pour une éclatante victoire que les enfants des diocèses de Terracine, Pérouse, Sonnino, Velletri et Tivoli réunis à celui d'Anagni, aient consenti à recevoir la confirmation des mains de l'évêque d'Anagni[20]. Celui-ci ne se fût ni étonné ni froissé d'un refus. Ces faits sont menus, mais bien caractéristiques de l'anarchie où dès lors vit l'Eglise romaine assermentée.

Becchetti lui-même, naguère si soumis, devient arrogant et inquiète son préfet : ce gaillard, promu dans la Légion d'honneur, voudrait recevoir la pourpre des mains de l'Empereur, ambitionne un siège au Sénat : Il se mêle des affaires de l'administration ; il est intrigant : Rœderer ne le croit pas sincère dans son remuant et bruyant dévouement[21]. Cet ambitieux court à Paris dès que la convocation au Concile lui parvient ; il y court seul : l'évêque de Ferentino — premier rallié — répond qu'il est fort dévoué à l'Empereur protecteur du monde et de la religion, mais qu'il a quatre-vingt-quatre ans[22] ; l'évêque d'Anagni, sur lequel on comptait, s'excuse sur son peu de fortune, sa récolte n'ayant rien donné[23]. Les autres sont malades, de ce mal mystérieux qui, à la même heure, cloue au lit, de Terracine à Viterbe, de Pérouse à Rome, patriciens nommés sénateurs, évêques convoqués au Concile, bourgeois appelés à voter, maires conviés à gouverner, toute une population.

Obtenir de nouveaux serments serait téméraire : on s'estime heureux quand les assermentés ne se rétractent pas. Et quand les agents français considèrent leur clergé, ils se sentent pris de dégoût. On n'a encore trouvé pour prêter serment que des ecclésiastiques sans considération et sans talents. La disette a fait recevoir tout ce qui se présentait, même des hommes flétris ; encore le clergé à demi-déshonoré que le gouvernement salarie sans en recevoir aucun service et qui se dégrade jusqu'à mendier dans les rues, est bien loin de suffire aux besoins du culte. Il faut nécessairement que l'autorité ferme les yeux et laisse desservir presque toutes les églises par des prêtres non assermentés, les seuls que le peuple respecte et qui conservent une grande influence. Ce sont aujourd'hui des ennemis irréconciliables aussi fourbes, aussi cauteleux qu'opiniâtres et vindicatifs.

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De fait, la campagne avait commencé, d'abord sourde, puis exaltée par la persécution. Rien ne la découragera : teintée de mysticisme, elle devient vite une croisade, et des pires, car sans chefs à atteindre, sans cadres à briser, sans porte-drapeau à renverser, elle est conduite avec une prudence qui déconcertera, après ses agents, l'Empereur lui-même et, plus qu'une révolte ouverte, l'exaspérera.

Pie VII connaissait son clergé quand il avait prêché la résistance passive et opiniâtre sous l'apparence d'une soumission prudente.

Ce ne sont point, ces ecclésiastiques romains, de ces prêtres qui, à cette heure, embrasent l'Espagne ; on ne devait point les voir, la soutane troussée autour des reins, diriger les bandes, soulever les villages, recevoir au bout de leurs fusils l'agent de Bonaparte. En 1811 et 1812, on fût venu à bout d'une pareille résistance : la division de Miollis, la gendarmerie de Radet, les troupes de Murat, les auxiliaires appelés, on se le rappelle, sur l'Apennin, cent mille hommes, s'il le faut, eussent, à coups de fusils, de sabres et de canons, mis fin à la rébellion cléricale[24]. Devant une opposition qui le mine, il faut que l'Empereur se donne les torts, envoie au bagne à grand tapage des prêtres que cent autres se déclarent prêts à remplacer dans leur souterraine besogne.

La seule manifestation qui permette de frapper les coupables, c'est le refus de prières. En 1809, en 1810, des prêtres qui en 1789 semblaient avoir, sans de trop grandes difficultés, appelé sur la République jacobine les bénédictions du ciel, se refusaient déjà à les faire descendre sur le Robespierre à cheval ; mais la prudence de la Consulta avait par un procédé fort simple évité à Rome la vue de ce scandale : afin de ne se point exposer à un refus public, on n'avait sollicité qu'officieusement le concours du clergé aux fêtes nationales. Saint-Pierre était resté fermé le 15 août et le 2 décembre, deux ans durant. On ne l'avait ouvert que pour célébrer la naissance de l'enfant promis aux nations, si bien que sur plus de deux cents églises, trois seulement résonnaient du Te Deum officiel, Saint-Eustache, le Panthéon à moitié laïque et Saint-Louis devenu, depuis la déportation de ses premier chapelains en 1809, une annexe de la préfecture[25]. En 1811, Miollis, pressé par le cabinet de Paris, parut tout à la fois plus disposé à provoquer les refus et à les punir. Par disgrâce, les occasions se multiplièrent en cette année de bénédictions. Il ne fallut pas seulement rendre des grâces au ciel pour le 15 août et le 2 décembre, naissance et couronnement de l'Empereur : il fallut chanter, et pour la grossesse de l'Impératrice, et pour la naissance du prince, et pour son baptême... Cinq Te Deum en une année ! Un suffisait à faire expédier cinquante curés ou chanoines au bagne ; car lorsqu'un curé a chanté en hésitant le premier Te Deum, il reçoit de si vertes admonestations de ses fidèles qu'il se refuse à chanter le second, et l'on sent ainsi sur quel sable mouvant est fondée la fidélité des prêtres dévoués à Sa Majesté.

L'exemple part de haut. En dépit des conseils — à la vérité timides — d'Atanasio pro meliori bona pace[26], Rome et, dans Rome, les trois basiliques majeures se conduisent fort mal. Le Te Deum qui doit saluer la naissance du fils de César parait une sorte de consécration et presque de sacre administré au nouveau roi de Rome ; mais si l'Empereur l'entend ainsi et par conséquent tient à donner à la fête un éclat inusité, les prêtres romains le comprennent de leur côté et, partant, se refusent avec plus d'énergie qu'à l'ordinaire, en remerciant le ciel, à consacrer l'usurpation. Les trois chapitres de Saint-Pierre, de Sainte-Marie Majeure et du Latran refusent net de chanter : on insiste, on caresse, on menace : on fait appeler individuellement les rebelles devant des policiers, des gendarmes ; au Latran, six seulement sur vingt-neuf cèdent ; à Sainte-Marie, six aussi, mais sur cinquante-sept, et à Saint-Pierre quatorze capitulent, mais soixante persistent dans leurs rébellions. Ce sont donc cent quarante-huit prêtres qu'il va falloir déporter et qui effectivement le seront, tandis que six autres sous les voûtes du Latran, six sous celles de Sainte-Marie, quatorze sous celles de Saint-Pierre — maigre chœur — loueront le Seigneur d'une voix frémissante de crainte et de remords, encadrés de gendarmes, de sbires et de soldats[27].

Mais ce ne sont point des héros exceptionnels que ces cent quarante-huit chanoines romains : des trois basiliques, que la Chrétienté entière révère, aux églises perdues dans l'Apennin romain, sous les voûtes de brique comme sous les voûtes de marbre, des prêtres refusent de chanter et de sonner les cloches, à Tivoli, Frascati, Amelia, Rieti, vingt autres lieux signalés entre cent à la colère impériale. Ils empêchent leurs confrères mieux disposés de chanter, et cela en toutes les circonstances, le 2 décembre, le 25 mars, le 8 juin, le 15 août. Ils ont même renoncé à chanter, à la fin des offices, le Domine Salvum fac Imperatorem dominical. A Montefiascone, les professeurs du propre séminaire du cardinal Maury ont fait imprimer, par contre, un recueil de prières séditieuses dont Tournon a ordonné de briser la planche. Le 15 août 1811, nous l'avons vu, certains curés renoncent à célébrer l'Assomption pour ne se point donner l'apparence de fêter l'Empereur[28]. A travers les États romains circule un libelle — infâme écrivent les agents — qui excite les prêtres à refuser les prières. Ce n'est pas notre Empereur comme les prières le portent, y lit-on, c'est le sacrilège usurpateur des biens de l'Eglise. Il veut détruire la religion par la religion même et par les prières. Il détient dans les chaînes notre Souverain Pontife[29]. Et, de fait quand, entre les gendarmes les six chanoines du Latran, sous leurs oripeaux violets, bénissent Dieu d'avoir fait naître le Maître qu'ils détestent, n'est-ce point pure mascarade et peut-être indigne profanation ? Qui sait si des cœurs de ces pauvres confrères de don Abbondio ne part pas une prière ardente, suppliante, sincère celle-là, qui voue l'usurpateur à l'enfer et rappelle parmi eux le souverain pontife enchaîné ?

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La figure de Pie VII grandit étrangement à Rome en ces conjonctures : elle prend un aspect mystique et par conséquent redoutable ; le pape devient l'esprit de lumière opposé à l'esprit de ténèbres qui s'incarne dans ce geôlier. Ce n'est plus le souverain dépossédé, chassé, auquel des fidèles restent dévoués : c'est un saint, un confesseur, un thaumaturge.

Les bruits les plus étranges circulent : ce n'est point de chaînes métaphoriques qu'on le représente couvert et meurtri, mais de chaînes réelles dont les sicaires de l'Antéchrist ont chargé ses bras : des Romains jureraient que leur pape est dans une cage de fer. Pie VII est un saint : il a des extases, dit-on, et dans ses extases, il s'élève dans les airs ; qu'on en croie les vignettes qui courent les États Romains : Pie VII soulevé de terre surnaturellement[30]. De loin, le saint pontife fait des miracles ; qu'on aille le demander à Ambrogio Cornacci, de Rome : il affirmera de la meilleure foi du monde que sa pauvre femme Lucia se mourant, sa sœur a eu l'inspiration de faire toucher à la bouche de la malade deux fils d'une pièce de la chemise de Pie VII et que la poveretta a été subitement guérie : qu'on aille le demander au médecin, au prêtre qui assistait, Lucia, aux assistants, et, un mois après, à tous les opposants de Rome et des environs : le médecin raconte le miracle au café, le prêtre dans les réunions religieuses, les assistants dans les faubourgs ; les uns y croient, les autres l'exploitent ; le prestige de l'Empereur en reste diminué. Si puissant qu'il soit, que pourra-t-il contre un pontife qui, à cent lieues de Rome, y ressuscite les morts ?[31]

A ces mystiques histoires s'en mêlent de sanglantes : on dit le cardinal Di Pietro guillotiné à Paris ; les populations soulevées contre l'Empereur en France, au nom de Pie VII, vont massacrer les mécréants. Pie VII prêchera la croisade ; s'il ne la prêche' pas, si surtout il faiblissait, une association s'est formée franc-maçonnerie dont les signes ne sont entendus que par les seuls partisans, dans le but de faire élire un autre pape en Sicile[32].

D'ailleurs on tient le pape pour inébranlable, protecteur mystique de la Cité. Il y a dans la rue Quattro Fontane une prophétesse, sœur Flaminia de l'Incarnation, qui remonte sur son trépied, prédit la chute de l'usurpateur : on propage ses oracles, on en provoque d'autres, on l'entoure. Son couvent — un des rares qu'on ait conservés — des Sagramentine di Santa Anna devient le point de réunion de nobles fanatiques : des prêtres dirigent la prophétesse. Il faut fermer le couvent, envoyer la sœur Flaminia vaticiner en Toscane, ses aumôniers méditer en un bagne. De par l'Empereur, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu[33].

Dans le peuple, les prêtres entretiennent aussi une atmosphère mystique qui se double d'une crainte mystérieuse. Les plus grands malheurs vont atteindre les usurpateurs et Rome même. N'a-t-on pas vu la princesse Marianne Borghèse frappée d'apoplexie dans un salon où elle venait de plaisanter l'excommunication pontificale[34] ? N'a-t on pas vu enlevé par un mal mystérieux, terrible et foudroyant, ce misérable Salicetti qui, plus que personne, avait contribué à la spoliation ? Colère de Dieu. Un épouvantable orage se déchaîne-t-il sur les côtes, ravageant tout de Gaëte à Civita Vecchia ? Colère de Dieu ; on expose le Saint Sacrement, on se précipite dans les églises si vides les jours de Te Deum, on chante le Miserere. Dans le ciel on aperçoit un globe de feu énorme : on tient pour assuré que la terre va trembler ; de fait elle tremble ; elle tremble en temps opportun, car, en dépit des avertissements des prêtres, le peuple a fait mine, en 1811, de célébrer le carnaval ; au milieu des premiers divertissements la terre frémit : dans la nuit du 17 au 18 février 1811, d'Albano à Ostie, un long craquement se fait entendre : colère de Dieu. Que sera-ce un an après quand, dans la nuit du 21 au 22 mars 1812, un nouveau tremblement de terre fendra en deux la voûte du Quirinal restauré ?

L'impie Achab détruit, et de son sang trempé

Le champ que, par le meurtre, il avait usurpé.

Le pis est que la police impie refuse d'autoriser les prières en l'honneur de Saint-Enridio, qui seul protège — le fait est patent — contre les tremblements de terre[35].

Le peuple énervé, surexcité, voit partout des prodiges. Dr le 10 mai 1811, une Vierge a fermé et rouvert les yeux à Civita Vecchia, dans la chapelle du Saint Sauveur ; on interne la Vierge coupable dans une église plus officielle, la cathédrale. Mais à Rome le miracle est courant : Olivetti, a, dès la fin de 1810, dû enlever des Madones coupables de ce délit ; le 22 mars 1812, ce sera un Christ qui, en plein Borgo, à son tour, roulera les yeux ; une foule s'émeut, s'ameute, crie au miracle : la police disperse le rassemblement et ferme la chapelle. En avril 1812, on confisque également, à Velletri, un Christ qui, entre les mains d'un moine fanatique, exorcise des possédés. On vit en plein miracles et il ne suffit point de déporter des prêtres, il faut maintenant tenir tête à des Madones rebelles, à des Christs séditieux[36].

Le peuple qui, à Rome, n'est point fanatique, se fanatise. Le 6 juin 1811, on trouve le Crucifix qui étend ses bras au centre du Colisée, mutilé, les bras cassés, la tête disparue. L'émeute gronde : ce sont les Français, on n'en peut douter[37]. D'autres incidents dont les. Français sont moins innocents surexcitent ce fanatisme : on a vu vendre des cloches qui jadis ont appelé les foules à la prière : Janet les a livrées aux revendeurs juifs qui, sans vergogne, les brocantent, et de même des ornements, des chandeliers de l'autel : ces signes palpables de la spoliation religieuse émeuvent, scandalisent[38]. Le peuple, qui, jadis, se montrait plus sceptique, devient d'une susceptibilité nerveuse : des visions le hantent et il attache aux prophéties une créance inusitée.

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Plus que les miracles, les nouvelles fâcheuses ébranlent le crédit des Français et c'est la grande campagne menée contre l'Empire que celle des faux bruits. Dans ce peuple de bavards où la chiacchiera, nous l'avons vu, colporte des cafés aux places publiques les moindres racontars, c'est une campagne qui trouve de faciles et innombrables alliés. A parcourir les bulletins et rapports de police, on est étonné et presque égayé de voir. à Rome, un général de division, un général de gendarmerie, un directeur général de police, deux préfets s'user à combattre, avec un énervement croissant, les fausses nouvelles — et parfois les vraies. Cela donne à penser que les prêtres ont touché juste quand ils se sont faits, contre ce gouvernement dont, avant tout, l'instabilité doit être tenue pour certaine, les inspirateur, et premiers propagateurs des mauvais bruits[39].

Les vœux et l'espoir des prêtres restant les vœux et l'espoir de la majorité du peuple, toute nouvelle répandue par les prêtres trouve créance[40]. Or, les prêtres ne font point qu'inventer : leurs fables sans fondements s'éventeraient vite. Ils sont, de l'aveu de Norvins stupéfait, instruits avec une rapidité incroyable des nouvelles défavorables, qu'elles viennent de Vienne, de Londres ou de Paris. Dans les cent bruits propagés, il en est assurément de forgés à Rome, tous sont avec soin dramatisés, exagérés ; mais on retrouve dans la plupart une parcelle de vérité : le moindre refroidissement entre la France et son alliée la Russie, qu'on pourrait ne croire connu que dés cabinets, le moindre échec des Français au delà des Pyrénées, la plus inoffensive tentative faite par les Anglais sur les côtes de l'Empire — demain les terribles événements de Russie — trouvent à Rome un écho surprenant, et les complots contre l'Empire, et les oppositions faites à l'Empereur, et les propos des mécontents de Paris, et le, aigreurs des frères de l'Empereur, et — ce qui touche le plus Rome — les progrès de l'opposition en Italie, qu'on dit minée, avant tout la résistance de Murat à son beau-frère[41]. Dès lors, rien n'est moins douteux, pour les Romains les moins avertis, que la chute prochaine, assurée, de l'Empereur et de son régime d'antéchrist.

La population, souffrant beaucoup et abusée par de semblables fables, attend l'effet des prédictions[42]. Une constante anxiété pèse sur Rome, une persévérante espérance règne parmi les ennemis de la France. Dans ce pays, les faux bruits font plus de tort au gouvernement français qu'une émeute : les prêtres ont deviné où il fallait frapper. Chaque fois que se répandent ces bruits, on constate une diminution dans les adhésions[43] ; qui pis est, on reçoit des démissions ; la vente des biens nationaux se ralentit soudain. L'Eglise opprimée mène ici la seule guerre où Napoléon ne puisse avoir le dessus, la guerre des racontars.

Racontars tendancieux, déconcertants, alarmants à l'excès parfois justifiés et confirmés, — qui intimident les ralliements et exaltent l'opposition, miracles et prophéties qui émeuvent, énervent, surexcitent le peuple, libelles répandus en un style violent et apocalyptique, refus de prières pour l'Empereur, refus de sacrements aux agents romains du gouvernement entretiennent une fièvre maligne dont le clergé, en état de légitime défense, sème à pleines mains, de Terracine à Pérouse, les germes pernicieux.

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La pire conséquence d'une défiance si savamment, si continument nourrie, d'une si active et si féconde hostilité, c'est que le serment de fidélité au gouvernement apparaît tous les jours comme un acte plus grave et plus scabreux qui, tout à la fois, engage la conscience et compromet l'avenir. Or, plus les prêtres travaillent le pays, plus il semble nécessaire d'étendre aux catégories qui, vraiment, pourraient en être affranchies, la loi du serment : à Paris, à Rome, on entretenait l'idée — assurément ingénue — que lorsque, sous divers prétextes, on aurait fait prêter le serment, non seulement aux agents romains de dix administrations, non seulement aux électeurs des collèges convoqués, non seulement aux avocats, avoués et notaires, mais aux artistes attachés à la Maison, aux chantres de la Chapelle, aux employés du Mont-de-Piété et de la Loterie, aux commerçants patentés et aux balayeurs des rues, on pourrait tenir pour certaine la fidélité ainsi affirmée d'un peuple, des plus grands aux plus petits, assermenté.

Les avocats refusaient de revenir sur leur première décision. A la fin de 1810, quarante, on se le rappelle, sur douze cents, s'étaient soumis au serment. C'était un des plus grands soucis du gouvernement que la situation de ces hommes de lois rebelles et l'Empereur lui-même en paraissait hanté. Le 18 février 1811, il entendait leur faire grâce à condition qu'ils la demandassent par une adresse à cause de la circonstance de la naissance du roi de Rome. Ayant prêté serment, ils se verraient restituer le droit de plaider : l'affaire devait s'enlever avec dextérité[44].

Norvins s'y appliqua : le président du tribunal, Petrarca, lui-même ancien Curiale, manda l'un après l'autre ceux de se anciens confrères qu'on jugeait les plus disposés à se laisser ébranler. Ils le prirent de haut, voulurent dicter des conditions et des réserves, traiter individuellement avec l'Empereur de puissance à puissance. Invités à prêter serment nommément, en juin et en novembre 1811, quarante-sept, puis cent vingt-sept d'entre eux ne parurent point ébranlés par les menaces dont était accompagné cet appel individuel. Au commencement de 1811 Norvins et Petrarca avaient obtenu quarante-cinq serments : la signature de ces quarante-cinq — rappelons qu'ils étaient mille deux cents — peut facilement passer pour la soumission du corps entier, écrit Norvins qui essaye de consoler[45]. L'Empereur entendait être non consolé, mais satisfait. Dès juillet, on arrêtait, sur son ordre, cinquante curiali coupables et on séquestrait leurs biens. L'émotion fut extrême : on en peut juger par ce que l'on sait du rôle que jouaient à Rome ces hommes d'affaires. Mais il restait plus de mille coupables ! Allait-il déporter, ce gouvernement issu de 1789, mille avocats qui ne l'entendaient point honorer de leur serment ? On ne fit que quelques exemples : le 24 novembre 1811, l'ordre fut donné à Savary de déclarer hors de la protection civile une poignée de récalcitrants particulièrement en vue et de les expédier au bagne de Corse sans éclat et rapidement[46].

Avec les employés du Mont-de-Piété, on fit moins de cérémonies. Sur cinquante-quatre, vingt-trois refusèrent le serment : ils furent en un jour destitués, arrêtés, incarcérés au Château, expédiés à Civita Vecchia — dans l'expectative d'un voyage en Corse[47].

Comment toutes ces petites gens n'hésiteraient-ils pas quand les employés de la Maison, et à leur tête Canova, tergiversent ; il faut deux ans d'instances et de négociations à Daru pour décider au serment le grand sculpteur, qui croyait, par l'effet des scrupules qu'on lui inspirait, qu'il ne lui était pas possible de jurer ce que cependant sa conduite attestait. Canova refusant de jurer, tous les employés des musées, de l'école des Beaux-Arts, de la Maison impériale se dérobaient ; il ne se décidera qu'au début de 1813. Camuccini ne voulut jurer qu'avec des réserves, et un troisième artiste, le jardinier en chef des jardins impériaux, Cenarelli, fit craindre fort longtemps un suprême refus. C'est avec un soupir de soulagement que Daru fait part, en février 1813, que sculpteur, peintres, jardiniers, bibliothécaires et gardiens de musées ont enfin ! juré[48].

Une ombre obscurcissait cette joie : les musiciens s'étaient révoltés. L'exemple néfaste donné par Zingarelli avait produit son effet ; en mai 1811, sur quarante-cinq chanteurs incorporés sous la condition du serment dans la chapelle impériale, trente refusèrent, refus méritoire, car, tout chantres qu'ils fussent de la Sixtine, ils avaient, d'après le rapport officiel, une nombreuse famille et la plupart dans la misère. La colère de Paris avait éclaté sur Zingarelli. Faire mettre cet imbécile fanatique dans un cachot au pain et à l'eau, écrit Savary ; ce ne sont pas des êtres de raison ; il faut les traiter comme des animaux. Au pain et à l'eau, le musicien que Rome entière entourait d'une vénération et d'une adoration que connaissent dans la seule Italie les musiciens populaires ! Qu'importe au duc de Rovigo ! L'Empire n'a pas besoin de musiciens ! répondrait ce gendarme promu ministre. Zingarelli — à qui l'Empereur saura personnellement, quelques mois plus tard, offrir à Paris une éclatante réparation — va apprendre au château Saint-Ange ce que vaut le bâton d'un chef d'orchestre contre celui d'un agent de la police impériale. La Sixtine insermentée ne chante plus que pouille à l'Empire[49].

Ces exemples pris entre cent — car on soumet au serinent sans beaucoup de succès, les libraires, les imprimeurs, les plus humbles employés de la ville — montrent quelles difficultés rencontrait une politique qui, allant au-devant des affronts, condamnait le gouvernement à sévir toujours, à sévir partout et — s'il était logique — à envoyer au bagne ou à réduire à la misère tous ceux qui refusaient de lui promettre, non point la soumission, mais la fidélité sur la foi du serment. Dès 1812, il y a dans les prisons et déjà dans les bagnes, à côté de chanoines, curés, moines, vicaires et aumôniers, des docteurs récalcitrants, des avocats, des employés du Mont-de-Piété, des bibliothécaires du Vatican, des professeurs et des musiciens[50]. Nous verrons de quelles rigueurs nouvelles, de Paris, on les va menacer au printemps de 1812 ; et cependant, chaque jour, de nouveaux refus répondent à de nouvelles sollicitations. Plus on exige de serments, plus on découvre, sous ce qu'on tenait pour indifférence narquoise ou timide opposition, l'opiniâtre et invincible résistance de consciences en révolte et d'âmes indomptables.

Les prêtres inspirent, nourrissent, exaltent cette résistance. Elle est leur vengeance et leur revanche. Derrière ces misérables employés qui lui tiennent tête, Napoléon perçoit 2.000 prêtres rangés en bataille contre lesquels l'armée d'Austerlitz et d'Iéna ne pourrait rien ; car ils sont une force morale, l'âme du pays romain.

 

 

 



[1] Norvins, 2 août 1811, F7 6531.

[2] Chanoine Claes, 24 avril 1811 (lettre interceptée), F7 6532 ; Note de Rome au Bulletin du 11 avril 1811, AF IV 1514.

[3] Janet, 26 mars 1812 (papiers Janet, Archives des affaires étrangères).

[4] Diario de FORTUNATI (Bibliothèque vaticane), f. 654.

[5] Miollis, 13 janvier 1811 (Copie lettres, papiers Miollis) ; Journal du Capitole, 11 avril 1811, n° 49 ; 30 novembre 1811, n° 143 ; Note au Bulletin du 6 juin 1811, AF IV 1516.

[6] Norvins, 18 août 1811, F7 6531 ; Bulletin du 28 mars 1812, AF IV 1520.

[7] Renseignements donnés par Duval, préfet des Apennins, SCLOPIS, p. 41 ; Miollis, 13 janvier 1811, 8 mai 1812, copie lettres du général, papiers inédits.

[8] Miollis à Savary, 16 janvier 1811, copie lettres, papiers Miollis ; Norvins, 5 février 1811, F7 6531.

[9] Miollis au Bulletin du 10 juillet 1811, AF IV 1516.

[10] Norvins, 25 mai 1811, F7 6351 ; Rœderer, 5 août 1812, F19 1023.

[11] Napoléon à Gaudin, 27 décembre 1811, LECESTRE, t. II, p. 188, n° 917.

[12] Janet, 14 janvier 1812 (papiers Janet, Archives des affaires étrangères).

[13] Note de janvier 1811, F7 8892 ; Norvins, 1er mai 1811, F7 8888 : Norvins, au Bulletin du 5 avril 1811, AF IV 1514 ; Bulletin du 6 février 1811, AF IV 1513 ; du 14 février 1811, ibid.

[14] Journal du Capitole, 11 mars 1811, n° 30.

[15] Norvins, 5 février 1811, F7 6531 ; Norvins, au Bulletin du 5 avril 1811, AF IV 1514 ; Ortoli, 1er février 1811, CANTU, p. 415 ; Miollis, 21 février 1811, F7 6532.

[16] Norvins au Bulletin du 5 avril 1811, AF IV 1514 ; Chiappina à Barsanti, 22 avril 1811 (lettre interceptée), F7 6532.

[17] Lettres relatives à la liquidation des congrues de curés, 1810-1813. Interrogatoire de Tonni, 1812, F7 8887.

[18] Norvins, 8 octobre 1812, F7 6531.

[19] Norvins, 29 novembre 1812, F7 6531.

[20] Miollis à Bigot, 28 janvier 1813 (copie lettres, papiers Miollis).

[21] Norvins, 1er octobre 1812, F7 6531.

[22] Norvins, 13 mai 1811, F7 6531.

[23] Bulletins des 25 et 26 mai 1811, AF IV 1515.

[24] On connaît d'ailleurs les principes de Napoléon. A tout pays conquis, écrit-il à Joseph en 1808, il faut une révolte.

[25] Ortoli, 31 janvier et 12 mars 1811, CANTU, p. 415 et 417.

[26] L'avocat Fabrizio Gaspari à son frère, 14 avril 1811 (intercepter). F7 6533.

[27] Tournon, au Bulletin du 2 avril 1811, AF IV 1514 ; Bulletin du 14 mai, AF IV 1515 ; Diario de FORTUNATI, 8 mars 1811, f. 653.

[28] Norvins au Bulletin du 5 avril 1811, AF IV 1514 ; Bulletin du 30 avril 1811, AF IV 1510 ; Miollis au Bulletin du 22 juin 1811, AF IV 1516 ; Miollis, 13 septembre 1811, AF IV 1517 ; Bulletin du 13 février 1811, AF IV 1513 ; Raffin, 17 août 1811, F7 6531.

[29] Raffin, 17 août 1811, F7 6531.

[30] Raffin, 17 août 1811, F7 6531.

[31] Diario de FORTUNATI, 8 juillet 1811 (Bibliothèque vaticane), f. 655.

[32] Norvins, 13 février 1811, F7 6531 ; Hédouville, 1812, AF IV 1715.

[33] Note du ministère, 4 juillet 1811, F7 6529 ; Norvins, 26 mai 1811, F7 8892 ; Décisions au Bulletin du 21 juillet 1811, AF IV 1516.

[34] SILVAGNI, t. II, p. 612-615.

[35] Correspondance de Rome à la Gazette d'Arau, de janvier, du 15 avril, des 12 février et 2 mai, Extraits dans le Bulletin du 7 mai 1812, AF IV 1520 et 1521 ; Diario de FORTUNATI, 21 mars 1812, f. 657 ; Norvins, 18 février 1811, F7 8891 ; Raffin à Savary, 18 février 1811, F7 6531.

[36] Le commissaire général de Civita Vecchia, mai 1811, F7 8887 ; Norvins, 23 mars ; 22 avril 1812, F7 8897 ; Norvins, 5 août 1811, F7 8893 ; Olivetti, 20 juillet 1810, F7 8888 ; Note au Bulletin du 8 avril 1812, AF IV 1521 ; Alberti, 24 juillet 1810, CANTU, p. 410.

[37] Ortoli, 10 juin 1811, CANTU, p. 419 ; Diario de FORTUNATI, 6 juin 1811, f. 654.

[38] Janet, 11 décembre 1811 (papiers Janet, Archives affaires étrangères) ; Raffin, 2 février 1811, F7 6531 ; Diario de FORTUNATI, 5 juin 1811, f. 665.

[39] Dans les correspondances de Miollis, Norvins, Tournon, Raffin, passim ; il faudrait citer cinquante lettres : tous les échecs vrais présumés sont annoncés ou prédits ; il y a vraiment de curieuses confidences qui feraient croire à ce que dit Norvins de la prodigieuse rapidité avec laquelle les prêtres étaient informés.

[40] Raffin, 23 juin 1811, F7 653.

[41] Bulletin de police de 1811, 1812, 1813, passim.

[42] Raffin, 2 février 1811, F7 6531 ; Note au Bulletin du 15 février 1811, AF IV 1513.

[43] Un commissaire de police à Norvins, 20 mai 1811, F7 6531.

[44] Napoléon à Savary, 18 février 1811, LECESTRE, n° 768 ; Dossiers des Curiali, juin 1811-mai 1813, F7 8893.

[45] Norvins, 19 mai 1811, F7 6531, et décrets relatifs aux Curiali, F7 8893.

[46] Napoléon à Savary, 24 novembre 1811, LECESTRE, n° 903 ; Norvins au Bulletin du 23 juillet 1811, AF IV 1516, et du 8 août 1811, AF IV 1517.

[47] Bulletin du 10 novembre 1811, AF IV 1518 ; et Diario de FORTUNATI, 23 novembre 1811, f. 657.

[48] M. Daru à Champagny, 18 février 1813, O2 1074.

[49] Zingarelli au maître de chapelle, F7 6536 ; Note de Rome du 16 mai 1811 au Bulletin du 26, AF IV 1515 ; Raffin, 16 mai 1811, F7 6531 ; Diario de FORTUNATI, 8 juin 1811, f. 654.

[50] Clarke à Miollis, 17 juillet 1812, Archives de la guerre, armée d'Italie, 1812 ; Miollis à Clarke, 7 octobre 1812, item.