LA ROME DE NAPOLÉON

LIVRE II. — LA CONSULTA EXTRAORDINAIRE - 10 JUIN 1809-31 DÉCEMBRE 1810

 

CHAPITRE II. — L'ENLÈVEMENT DU PAPE ET DE LA COUR.

 

 

Le Quirinal reste un centre d'opposition passive. — Influence grandissante du pape qui entrave toute action. — On se décide à enlever Pie VII : les responsabilités : Miollis, Murat, Radet. — La grande nuit du général Radet. — L'Escalade. — Les troupes de Radet. — Le soir du 5 juillet. — Miollis aux aguets et Radet à l'assaut. — Le réveil de la cour. — L'invasion : Costantini vole des horloges et Radet abat des portes. — Pie VII et Radet : dialogue historique. — Radet s'attendrit. — L'ordre de départ : la dernière bénédiction de Pie VII ; Radet enlève le pape Fouette, cocher ! — Le drame d'Anagni. — Rome indignée et terrorisée. — Le peuple se tait ; l'aristocratie se décide à danser. — Dispersion de la Curie ; les ambassadeurs congédiés ; enlèvement des derniers cardinaux ; Consalvi déçoit Miollis ; les généraux d'ordre embastillés, puis enlevés ; les administrations raflées. — Les prêtres étrangers dispersés ; Rome ne doit plus être la Métropolis catholique. — La délégation apostolique. — De Gregorio arrêté. — Atanasio, prélat médiocre et complaisant, reste par cascade, le seul représentant de Pie VII, mais comme évêque de Rome. — Rome délivrée.

 

Au centre de cette ville envahie avec une si grande fougue par la civilisation, le Quirinal demeurait sombre et fermé comme un dernier monument de la tyrannie et de l'obscurantisme. Le pis était que de ce monument partaient, au rapport des agents français, les appels à cette résistance passive, plus irritante que l'émeute. Le pape écouté y gouvernait du doigt plus que nous avec nos baïonnettes, — paralysant tout par son opposition obstinée[1].

En vain Miollis avait-il donné l'ordre d'arrêter les émissaires sortant du palais pontifical. A travers les ruelles du Monte Cavallo, les porteurs de lettres se glissaient, lettres du pontife et lettres du souverain également obéies[2] : le 20 juin c'est une neuvaine, que le pape ordonne, aux apôtres tutélaires Pierre et Paul, et les églises deviennent soudain trop petites pour contenir la foule qui, on le prévoit, refusera de se rendre à l'église le 15 août prochain, pour le Te Deum ordonné par l'Empereur. Les neuvaines, manifestation platonique[3] : mais l'abstention des fonctionnaires, les dédains du patriciat, l'inertie insolente qui paralyse l'action si exubérante de la Consulta, les affiches qui portent la protestation du pape recollées aussitôt qu'arrachées[4], voilà ce qu'on ne saurait pardonner. Si l'on reprend l'organisation de la malheureuse garde civique, défense du pape de s'y faire inscrire et nul ne s'y inscrit[5] ; si l'on a conquis à grand'peine un agent précieux, celui-ci, sur le point de céder, reçoit du Quirinal l'avertissement qui, en quelques heures. le fait revenir sur la parole donnée. Les opérations du gouvernement français sont frappés d'anathème et, partant, de stérilité[6]. Et le pape ne s'enfermait cependant que dans une opposition passive. Si, comme le bruit en courait, il lui prenait fantaisie de s'en aller, en sa qualité d'évêque de Rome, présider la neuvaine de Saint-Pierre, qu'y faire ? Les balles et les baïonnettes ne le laisseraient pas se fatiguer à la longue route qui mène à Saint-Pierre, écrit le ministre d'Italie[7] ; mais c'est là pure fanfaronnade, propos brutal qui décèle seulement l'énervement exaspéré des gouvernants impériaux.

L'Empereur ne proposait à ses agents aucune solution, mais il les engageait un peu vaguement à la vigueur : Vous ne devez souffrir aucun obstacle... Vous devez faire arrêter même dans la maison du pape tous ceux qui trameraient contre la tranquillité publique et la sûreté de mes soldats, et le 20, il vise nommément le pape : C'est un fou furieux qu'il faut renfermer. Faites arrêter Pacca et autres adhérents du pape[8]. Renfermer le pape ! il l'était. Le transférer du Quirinal au Vatican où il gênerait moins, c'était, tout en s'exposant aux périls d'une émeute, mettre le pape en contact avec la plus redoutable partie de ses sujets, le Borgo, le Transtevere : Miollis y songea, écarta la solution.

Il était perplexe : le parti qui lui avait, quinze jours avant, paru aussi monstrueux que dangereux, lui semblait maintenant le seul à prendre : l'expulsion par surprise, l'enlèvement du pape. Plus que tout autre, cet homme modéré, courtois, timoré, respectueux des choses de l'Eglise, se sentait, si le pape restait, dans une situation interminablement fausse : il en souffrait. Ces gens doux poussés à bout s'acculent aux pires violences.

Si d'ailleurs il était perplexe, au-dessus de lui et en dessous d'autres souhaitaient l'expulsion et y poussaient : au-dessus Murat, en dessous Radet.

Murat, la première manche perdue, ne désespérait pas de gagner la seconde. Le pape restait à Rome, obstacle à l'ambition napolitaine : car déchu, il régnait encore, et l'Empereur ne semblait nullement décidé à le faire sortir de Rome. Joachim entendait hâter la crise, dépêchait à Miollis le 30 juin huit cents Napolitains sous Pignatelli et écrivait, le 3, qu'il était décidé à faire arrêter le pape avec Pacca, celui-ci étant barricadé l'appartement pontifical dont il faudrait enfoncer les portes[9] ; Salicetti, en son nom, poussait à l'enlèvement, l'exigeait ; Norvins qui, ainsi que Savary et Champagny, défend l'Empereur d'avoir donné l'ordre suprême, charge Murat de toute responsabilité[10]. Pacca partageait cette opinion[11] ; de fait, le pape gênait Murat à Rome ; l'Empereur pressait le roi de Naples de se rendre aux bords du Tibre ; peut-être espérait-il, car chacun des deux beaux-frères entendait jouer l'autre, que Murat se compromettrait aux yeux des Romains en allant en personne expulser le pape. L'autre, roué, entendait esquiver tout l'odieux et ne manœuvra que secrètement, puisqu'après 1809, Consalvi le tenait encore pour un ami.

Pignatelli arrivant du sud, Radet venait d'arriver du nord. Il affirma par la suite que, dès les premières heures, Miollis l'avait entretenu de l'enlèvement et le lui avait imposé comme un ordre indiscutable de chef à subordonné. Le gendarme n'eût été qu'un agent passif. Il est étrange que tant de gens aient au contraire attribué à Radet les paroles qui, d'après eux, déterminèrent Miollis. Balbo, Consalvi, le général Desvernois, Tournon purent à des titres divers s'enquérir sur place : d'après eux, Radet enleva le consentement de Miollis. Le fait cadre bien avec le caractère hardi de ce gendarme et le vif désir qu'il montrait depuis plusieurs jours de se distinguer. Miollis signa l'ordre ; le papier est surchargé de ratures[12]. Il ne comportait même pas formellement l'arrestation du pape : on devait arrêter Pacca et, en cas de résistance, enlever tout.

***

Radet tenait sa journée[13]. Policier dans l'âme, entreprenant, gendarme de mélodrame, il entendait conduire une belle opération qui plût à Savary et étonnât Fouché. On tint secrète l'arrivée de Pignatelli et de ses gens de Naples : on fit taire les patriotes échauffés qui poussaient depuis quinze jours à cet assaut ; on consigna les troupes ; on employa tous les prétextes propres à écarter le soupçon. Le 5 juillet fut une journée fort calme.

A neuf heures, Radet convoqua chez lui les chefs militaires et distribua les rôles. Ces soldats avaient dans les années passées joué un plus glorieux personnage : peut-être en étaient-ils qui avaient été à Marengo, à Austerlitz ; aujourd'hui il fallait s'emparer d'une grande baraque défendue par quelques Suisses à hallebardes, quelques prêtres et un vieux moine. Mais on s'excitait : le lendemain un soldat racontera la chose dans le style d'un soldat de Santerre, opérant en 1793 : ces prêtres qui toujours cherchaient à faire le mal, on allait leur bien faire voir que les Français sont maîtres partout : on s'apprêtait avec de gros rires à les faire courir dans le palais que si vous aviez vu ça, vous auriez ri ; à cette opération révolutionnaire en perspective, tout le vieux levain jacobin fermentait. A ces soldats, cependant si échauffés, Radet ne se fiait pas entièrement : il y fallait joindre quelques-uns de ces personnages louches que, pour leur honte, les gouvernements les plus réguliers sont forcés d'employer aux besognes violentes et improbes, déserteurs, traîtres, émeutiers doublés de bas policiers ; il s'y mêla quelques patriotes de 1798, si compromis par leur récidive de 1809 qu'ils avaient plus qu'homme au monde intérêt à creuser le fossé entre le Pape et les Français ; c'est ainsi qu'on vit quelques petits nobles, le marquis Vivaldi, le comte Giraud, le comte Marescotti qui avait accepté la direction de la garde civique, coudoyer dans cette bande un Camillo Borgia, jacobin qui depuis 99 rentrait ses haines de vaincu et d'inassouvi, grand franc-maçon qui, en 1815, sera un instant un des chefs du carbonarisme romain[14], quatre ou cinq prêtres et moines en rupture de froc, trois ou quatre petits boutiquiers du Corso, un boucher, un armurier, un cocher, quelques sbires renvoyés de la police, un ex-laquais, un faquin du Palais depuis peu congédié, guide nécessaire à cette troupe à travers le dédale qu'allaient offrir les corridors et les escaliers, en tout soixante-dix Romains, Judas en ce drame où tant d'autres devaient jouer les Ponce Pilate.

A dix heures du soir, soldats, policiers, patriotes et émeutiers se trouvaient réunis place des Saints-Apôtres, à la caserne de la Pilotta où, écrit gravement Radet, se trouvait le centre de mes opérations. La place s'étend depuis le palais Colonna, en bas du versant occidental de la colline assez escarpée au haut de laquelle s'est bâti le palais pontifical : des ruelles en pente raide, des escaliers y mènent, et les lieux n'ont guère changé depuis 1809, la nouvelle Via Nazionale entamant à peine la place des Saints-Apôtres. A onze heures Radet plaçait sans bruit ses postes : des reconnaissances se firent dans la rue de la Daterie : le palais de la Daterie fut peu à peu entouré, investi. Dans la nuit un léger cliquetis d'armes indiquait, d'autre part, que les troupes napolitaines, qu'on jugeait impropres à un coup de main contre le pontife catholique, occupaient, comme au 10 juin, les ponts du Tibre, coupant le Quirinal des secours du Transtevere.

A minuit, à travers les ruelles grimpantes au rude pavé, on commença à se glisser, soldats à allures de bandits porteurs d'échelles, d ?, grappins, de cordes —les fusils seraient inutiles — avec deux serruriers munis de pinces et de maillets. Vers une heure, la place de Monte Cavallo semblait déserte : l'obélisque de Pie VI y élevait dans la nuit claire son aiguille blanche qui, ayant été jadis enlevée au tombeau d'Auguste, semblait se dresser, en monument funèbre, au seuil du dernier asile de la Papauté déchue, tandis que les Dompteurs de marbre profilant leur silhouette de fantômes blancs paraissaient les seuls humains attardés dans la nuit. A prêter l'oreille on eût cependant entendu des ordres chuchotés dans les ruelles du Monte Cavallo.

Le palais Colonna adosse ses jardins à la colline : la terrasse qui les termine s'érige ainsi à la hauteur même de la place : les bosquets en sont coupés çà et là par les ruines des Thermes de Constantin qui jadis ceignaient le Quirinal. Dans l'ombre des arbres et des ruines, seul, l'oreille au guet, immobile, le général Miollis essayait de percer la nuit. Il passa dans le jardin de Martin V cette nuit fatale, ce frère d'évêque, Dieu sait avec quels sentiments d'angoisse et d'amertume. La fatalité condamnait ce bon soldat au rôle bas du fauteur qui pousse ses bandits à l'assaut et fait le guet sans se découvrir. Dans quelle cuvette s'allait-il laver les mains, lorsque le matin il rentrerait dans son appartement du palais Doria ? Rome, dans son premier sommeil, semblait très calme.

Cette nuit-là, le pape se coucha tard : la sentinelle qu'on posait dans la tour du Quirinal durant la première partie de la nuit, et qu'on retirait à une heure, ne disparut qu'à deux heures. Alors tout parut mort dans le vaste palais massif.

Une demi-heure après un coup de sifflet mit sur pied les ombres rampantes. Radet prit la tête d'un petit peloton : il essaya de gagner les toits de la Daterie, le palais étant de telle façon relié à la demeure pontificale qu'on pouvait par ce passage accéder aux fenêtres du pape. Mais l'escalade échoua : deux échelles se rompirent non sans fracas, précipitant à terre les héros qui les escaladaient. On entendit du Quirinal la chute des misérables. Le cri All'arme ! Traditori ! Aux armes ! Trahison ! retentit, et, quelques minutes après, dans le silence de la nuit décidément troublé, la grosse cloche du Quirinal fit entendre le son lugubre du tocsin.

Il n'y avait plus de ménagements à garder : Radet se rua sur la poterne du Palais lui-même ; elle était solide, résistait ; car, depuis les aventures de 1808, Pie VII l'avait fait munir de triples verrous. Le général était aux abois, le tocsin continuant à répandre sur Rome l'alarme et la terreur. Dans les palais, on se réveillait : qu'était-ce ? Radet avait pris lui-même une hache ; à ces moments l'homme devient forcément logique : il était là pour enfoncer des portes, il les enfonçait, et, dans ce général aux graines d'épinards, suant, geignant, se battant contre l'huis, reparaissait un braconnier d'Argonne, un montagnard trapu des Islettes qui, devenu bandit, attaque nuitamment la maison d'un riche gentilhomme-verrier de son pays.

Soudain un bruit de verrous qu'on tire : plus heureux que le Varennois, le colonel Siry, son lieutenant, a pu escalader un mur, pénétrer avec ses vingt-cinq hommes par la fenêtre enfoncée d'une chambre inoccupée, dans le palais, et courir ouvrir la poterne contre laquelle Radet s'épuisait.

Le poste était composé de quarante Suisses : on leur enleva facilement leurs hallebardes. Ce n'étaient point les Kaiserlicks de l'archiduc Charles : la victoire se dessina rapidement.

***

Le cardinal Pacca avait été réveillé dès la première minute : il s'habilla en hâte, fit prévenir le pape ; celui-ci l'était déjà par le bruit : il avait passé à la hâte sur ses vêtements de nuit sa robe blanche, une mozette et une étole : il entendait par là que la main du gendarme s'abattît sur le prêtre. Il ne parlait pas : il n'avait pas peur, mais l'émotion lui serrait les dents : il s'était assis derrière une table, un Christ dans la main, qu'il regardait constamment ; près de lui quelques serviteurs accourus, le cardinal Despuig qui, depuis un an, logeait au Quirinal, et Tibère Pacca, neveu du cardinal.

De cette chambre on entendait approcher le bruit : les bandes maintenant réunies allaient de pièce en pièce, criant, s'excitant, abattant à coups de hache des portes à peine fermées. Le cher lui-même n'avait pas mis la main à l'épée : machinalement il gardait sa hachette ; qu'il s'en servît ou non, le général, plus ému qu'il ne s'en vanta d'abord, le visage hagard, les vêtements en désordre, semblait moins là un représentant de César Auguste que de Mandrin. Les hommes s'en donnaient à cœur joie : Il a fallu casser et briser les portes de son palais et ses fenêtres pour le prendre, écrit un soldat ; treize portes furent brisées, écrit avec fierté Alberti à Testi le 6 juillet. Prêtres et Suisses glacés de terreur laissaient passer ; les soldats emplissaient le palais de leur joie grossière, levaient les prêtres, faisaient détaler les Suisses dont les mollets drapés de rouge les égayaient fort. On les faisait courir par le palais que si vous aviez vu ça, vous auriez ri. Le Français s'amusait : les Romains, plus pratiques, volaient ; ils étaient moins pressés encore de prendre le pape que ses pendules ; ils raflaient linge, meubles, horloges, objets précieux. Le fait fut notoire, puisque l'ex-sbire Costantini — choisi comme bouc émissaire — fut le 11 juillet fusillé sur l'ordre de Miollis pour avoir dérobé un calice au Quirinal. Costantini dut être étonné : il avait cru, homme naïf, que l'arrestation du pape le remettait dans la tradition de 1798 : Angelucci et Visconti qui avaient été consuls n'avaient point pris un, mais cent calices. Tout à l'heure, Costantini et sa bande allaient descendre dans les caves chercher les fiasques de Chianti et d'Orvieto. On riait du côté français, on pillait du côté romain : tout le monde criait.

Le jour levant éclairait de sa lueur incertaine les pièces vides que Radet traversait : à l'extrémité d'un dédale de salles à travers lesquelles le guidait le laquais congédié, on se trouva en face d'une petite porte, celle du pape. Radet frappa, demanda qu'on ouvrit au nom de l'Empereur. Une clef joua dans la serrure et Tibère Pacca apparut, puis s'effaça. Au bout du corridor une porte, celle-là ouverte, laissait apercevoir de la lumière. Le général se précipita : il avait toujours sa hachette à la main, son chapeau à plumes sur la tête, la sueur au front, — car c'était une chaude nuit, — entouré de ses gendarmes et de ses sinistres auxiliaires ; ceux-ci reconnurent le pape ; ils étaient Romains, d'instinct ils mirent la main au chapeau ; quelques-uns reculèrent. Devant la table, le pape, pâle et la figure décomposée, crispait toujours la main sur le Christ. Le général s'arrêta sur le seuil, se découvrit, renvoya d'un geste les gendarmes et la racaille, laissa entrer quelques officiers. Les deux groupes étaient en présence : ces prêtres qui étaient les victimes dominaient de cent coudées ces soldats glorieux qui, à coups de hache, venaient, sans grand péril, d'enfoncer tant de portes ouvertes.

***

Le pape leva la tête. Que me voulez-vous, dit-il ; pourquoi venez-vous à cette heure troubler ainsi mon repos et ma demeure ?Très Saint-Père, répliqua Radet, je viens au nom du gouvernement français réitérer à Votre Sainteté la proposition de renoncer officiellement à son pouvoir temporel... D'après Alberti, Radet, qui se piquait d'être homme du monde, aurait ajouté qu'il avait déjà eu l'avantage de baiser la main de Sa Sainteté à Paris, lors du séjour qu'Elle y avait fait. Tout Radet est là : soit duplicité, soit inconscience, il se veut considérer, dès cette heure, comme un hôte qui reçoit audience et est tenu à quelques grâces.

Le pape parut peu sensible à ce souvenir : il avait cependant repris le ton paternel, voyant le général lui-même s'attendrir et se faire respectueux. Si vous avez cru devoir exécuter de tels ordres de l'Empereur à cause de votre serment de fidélité et d'obéissance, pensez de quelle manière nous devons, nous soutenir les droits du Saint-Siège auquel nous sommes liés par tant de serments. Nous ne pouvons céder ni abandonner ce qui n'est pas à nous. Le temporel appartient à l'Eglise, nous n'en sommes que l'administrateur. L'Empereur pourra nous mettre en pièces ; mais il n'obtiendra pas cela de nous. Après tout ce que nous avons fait pour lui, devions-nous nous attendre à un pareil traitement ? Radet était fort ému, il était prêt à des concessions, tout le vieux fond catholique remontant : pouvait-il ne pas évoquer à cette heure l'autre scène, celle de Varennes en 1791 et ne se pas rappeler l'émotion qui l'avait poigne en face de cet autre souverain débonnaire qui se livrait ? Je sais, Saint-Père, que l'Empereur vous a beaucoup d'obligations. Oui et plus que vous ne le savez. Mais enfin quels sont vos ordres ?Très Saint-Père, j'ai regret de la commission qui m'a été donnée ; mais puisque telle est la résolution de Votre Sainteté, je dois lui dire que j'ai l'ordre de l'emmener avec moi.

Le mot était dit : il était scandé par les coups de hache dont retentissait le palais. En vérité, mon fils, cette commission ne vous attirera pas les bénédictions divines, s'écria le pape. Voilà donc, reprit-il en levant les yeux au ciel, la reconnaissance qui m'a été gardée de tout ce que j'ai fait pour votre Empereur ? Voilà donc la récompense de ma longue condescendance envers lui et envers l'Eglise de France ! Mais peut-être à cet égard ai-je été coupable devant Dieu et c'est lui qui me veut punir ; je me soumets avec humilité.

Ce dialogue émouvant est emprunté à un témoin qui est un ami du pape ; mais rien, ni dans le rapport de Radet ni dans relui d'Alberti, ne vient le contredire. Tout au plus la dernière phrase parait-elle donner trop de satisfaction au parti antifrançais pour ne pas être un peu suspecte. Elle est cependant bien dans le style de Pie VII, timoré, toujours prêt à s'accuser, bourré de ces scrupules qui venaient soudain paralyser chez lui tout geste un peu hardi.

***

D'après Radet, Miollis, averti de ce qui se passait, venait le tirer d'embarras ; il fallait enlever incontinent le pape et Pacca, les emmener en France. Cette intervention de Miollis est assez vraisemblable et dégage en partie Radet de la responsabilité. La hâte où il était que tout fût terminé avant que Rome fût sur pied, le rendit pressant jusqu'à l'inhumanité. On ne lui a pas donné le temps de faire sa barbe, écrit le soldat. Ce soldat dit vrai. A peine le pape eut-il le temps d'écrire la liste des personnes dont il désirait être accompagné ; rapidement, il avait pris son bréviaire et son Christ, mais, accablé, il s'assit au pied de son lit. C'était en effet de quoi écraser ce vieillard aux épaules faibles qui souffrait d'une cruelle maladie, mal lancinant qui allait transformer sa disgrâce en martyre. Radet le pressant, il se leva, prit le bras du général ; ce simple geste émut le gendarme : il saisit la main du pape et, dit-il, la baisa. Pacca suivait : le pontife et le soldat s'acheminaient à travers les pièces dont le jour rose du matin éclairait le désordre, portes et boiseries brisées, cheminées dégarnies, meubles renversés.

En bas, une voiture attendait : il était quatre heures ;la journée allait être belle ; sur l'azur encore adouci du ciel, le soleil d'or allait luire ; le pape jeta un coup d'œil sur sa Rome. Elle dormait peut-être encore ; qu'en pouvait-il savoir, puisque la place du Monte Cavallo, cernée de toute part, ne lui présentait que les troupes françaises rangées en bataille, de vraies troupes celles-là, raides, immobiles, le fusil au pied, à la parade : seul Miollis manquait ; il était rentré au palais Doria ; il n'eût pu essuyer le regard du pape.

Celui-ci cherchait un visage ami. Ne pouvant en trouver il leva les mains et bénit l'ennemi. Le geste avait de la grandeur.

Radet tenait la portière ouverte, impatient d'être loin lorsque le Transtevere se réveillerait. Le pape s'engouffra dans cette nouvelle prison ; le gendarme en verrouilla lui-même la porte, puis d'un vigoureux coup de jarret il se hissa près du cocher. Il était apte à tous les métiers, et il en était fier, car. par une singulière aberration, il se voulut faire peindre prenant son élan vers ce siège de geôlier. On allait sortir de Rome par la porte Pia, et, en longeant les vieilles murailles, gagner la voie Flaminienne après la porte du Peuple. Et maintenant fouette cocher !comme l'écrit un témoin au style pittoresque, la voiture s'ébranle avec son escorte de gendarmes.

Vers cinq heures, les troupes regagnaient leurs casernes l'attentat consommé. Comme Boniface VIII à Anagni, Pie VII avait connu ses Pilate, ses Hérode et ses Judas.

Sur les murs de Rome on affichera les vers où Dante flétrit l'attentat d'Anagni.

Je vois dans son vicaire le Christ de nouveau captif

Je le vois de nouveau tourné en dérision

De nouveau abreuvé de vinaigre et de fiel...

E nel vicario suo Christo esser catto :

Veggiolo un altra volta esser deriso ;

Veggio rinovellar l'aceto el fele.

***

Rome se réveilla consternée et indignée : les Français eux-mêmes se montraient fort émus. Si Alberti écrivait au gouvernement de Milan que tout avait réussi à merveille, certains membres de la Consulta protestaient qu'ils n'étaient pour rien dans l'enlèvement : Tournon devait, à son arrivée, trouver encore chez certains Français des traces d'une :très vive indignation ; la générale Desvernois, logée avec son mari chez la princesse Barberini, courut se lamenter avec elle de l'événement[15].

Comme à l'ordinaire, le peuple stupéfait, effaré du barbare enlèvement de son aimé et légitime souverain, resta inactif. Rome était occupée sur tous les points par les troupes. Dans les chambres dévastées du Quirinal, des gendarmes étaient installés. Les cardinaux et les prélats expulsés...du palais regagnaient leurs domiciles tranquillement, dit Miollis[16]. Dès sept heures du matin, celui-ci fit comme à l'ordinaire sa promenade à cheval dans Rome et vint à huit heures présider lb Consulta où ne s'éleva aucune discussion. On décida simplement de faire passer devant un conseil de guerre un des pillards de la nuit, Costantini. Cette satisfaction parut calmer certaines indignations ; dans la soirée, le peuple avait repris ce masque d'impassibilité que Murat et Gaudin prenaient pour de l'indifférence[17] ; on affichait les adieux touchants du pape à ses sujets, un texte que le prévoyant Pacca avait à tout hasard confié à des fidèles[18]. Mais l'affichage en fut fait avec crainte. On vit ainsi, on put croire que l'âme de Rome s'en était envolée, et que le dernier ressort était brisé dans cette ville inerte.

Découragement dans le peuple, soulagement dans le patriciat. Miollis avait pu, le 7 au matin, faire sans être insulté sa promenade dans les faubourgs : le 11, il convia à un bal l'aristocratie qui jusque-là s'y était refusée ; elle y vint en foule, quitte à murmurer à demi-voix et en secret, — parce que, écrit un cruel Romain, il n'y avait plus rien à craindre du gouvernement pontifical bien mort. On se plaisait à dire que Pie VII avait cédé, embrassé Radet ; celui-ci, de retour, accréditait la légende, le prenait de très haut avec ceux qui esquissaient un geste de répugnance[19].

Que ne pouvait-on craindre de ce terrible homme et de tout ce gouvernement, puisqu'ils avaient osé mettre la main sur l'oint du Seigneur ?

***

Le pape déporté, il fallait que les débris du gouvernement pontifical disparussent à leur tour. Que le pape consentit. ainsi qu'on l'en conviait, à résider à Avignon, Fontainebleau ou Reims, c'était là que se devaient rendre logiquement ambassadeurs et cardinaux, prélats et généraux d'ordres : que le pape s'y refusât, continuât à revendiquer Rome, il ne fallait pousser que plus activement la dispersion de l'ancienne Curie.

L'ambassadeur d'Autriche Lebzeltern avait le premier cédé aux insinuations qui lui avaient été faites ; il n'avait pas attendu l'enlèvement du pape, était parti le 14 juin[20] ; les autres étaient des sous-agents de la France, ministres d'Italie et de Naples ; on avait enlevé le ministre espagnol[21], le ministre russe fit à plusieurs reprises mine de s'en aller, resta à Rome à titre purement privé[22].

La liquidation des cardinaux fut plus difficile ; il n'en restait que sept après les successives épurations de 1808 et 1809 : Vincenti, Despuig, Casali, Di Pietro, Erskine, Della Porta, Consalvi et, à Spoleto, l'archevêque Antonelli. Consalvi et Di Pietro seuls montraient quelque personnalité. Consalvi en butte, non aux persécutions, mais aux avances de Miollis et de Murat, y opposait maintenant un front de bronze[23]. Jusqu'au bout on espéra le gagner et, sans compter sur une trahison impossible, en faire cependant à Rome un agent de conciliation . Il entendit, tout en gardant sa sympathie aux Français, pousser la réserve jusqu'à paraître impoli, incivil et même ingrat. On laissa les sept porporati méditer jusqu'en décembre 1809 sur le parti à prendre. Ils aspiraient au fond à s'évader d'une situation fausse, mais entendaient néanmoins se laisser enlever. Radet estimait, dès novembre, cet enlèvement nécessaire. Ces messieurs... minaient clandestinement le gouvernement français... Ce noyau de cardinaux était la boussole de l'opposition... Prédicateurs du martyre, ils apitoyaient et intimidaient les consciences[24]. La preuve en était dans l'empressement tous les jours moins grand que mettait cette ville de ténèbres à s'ouvrir à la lumière que, par flots, la Consulta, nous l'avons vu, continuait à verser sur elle.

La difficulté était que la plupart de ces prêtres étaient infirmes : Erskine toujours alité, Vincenti en proie aux hémorroïdes, Della Porta à la phtisie, Casoni à des maux variés et Antonelli plongé dans l'enfance[25]. Le 6 décembre, on se décida à leur signifier cependant l'ordre de départ. Di Pietro s'insurgea, refusa ; Sa Sainteté lui ayant confié la délégation apostolique, il ne partirait pour Paris que sur un ordre du pape. Consalvi conforma sa réponse à celle de ce collègue récalcitrant. Miollis multiplia en vain les démarches officieuses : Consalvi se montra inébranlable[26]. Le 10, on livra à Radet ces nouvelles victimes. Deux heures avant l'Ave Maria, Consalvi vit entrer chez lui un piquet de gendarmerie au milieu duquel il dut quitter son palais et rejoindre en un carrosse Di Pietro pareillement enlevé. Quelques instants après, ces deux porporati, traités d'ailleurs en grands seigneurs plus qu'en prisonniers, roulaient à leur tour sur la route de France.

En dépit de leurs infirmités, Despuig, Vincenti, Casoni, Antonelli, Erskine et Della Porta suivirent les jours suivants la même route sous une escorte que leur faiblesse rendait inutile et presque ridicule.

***

Les généraux d'ordre avaient été plus promptement et plus radicalement liquidés. Moines, ils étaient par là plus particulièrement odieux à Napoléon et à ses agents. Miollis les avait donc, au lendemain du coup d'État, mis non dehors, mais dedans : Dominicain, Franciscain, Carme, Augustin et autres s'en étaient allé oublier sous les verrous du château Saint-Ange leurs anciennes querelles, ayant paru contribuer le plus aux ferments d'agitation que l'ancien gouvernement avait cherché à répandre[27]. Le 18 juillet, l'Empereur donnait l'ordre de les expédier à Paris : ils en furent ensuite éloignés, puisque, dès septembre, ces hauts moines ornaient de leurs figures insolites Châlons, Laon, Arcis-sur-Aube, Auxerre, Commercy, Vouziers, après avoir voyagé depuis Rome, comme de vulgaires voleurs, de brigade en brigade[28].

L'état-major de .la Papauté dispersé, on enlevait ses bureaux ; dès la fin de 1809, on raflait les papiers de la Daterie et de la Pénitencerie avec le personnel, on envoyait les archivistes du Vatican rejoindre leurs cartons à l'hôtel de Soubise sous bonne et sûre garde. Privés de papiers nécessaires, les fonctionnaires français de Rome protestèrent vainement, Napoléon entendant suivre jusqu'au bout son idée. Tout ce qui, de près ou de loin, se rattachait à la Papauté, devait venir résider à Paris ou autres lieux éventuellement destinés à la résidence du chef de l'Eglise. L'Empereur sécularisait la Propagande et, sans coiffer la tiare, se l'appropriait. Mon intention, écrivait-il, est de faire venir à Paris non seulement les ornements pontificaux, mais encore la tiare et autres joyaux servant à toutes les cérémonies du pape... Le pauvre Costantini, fusillé pour un calice, n'en avait pas tant pris.

Par une suite logique, il fallait que partissent également les prêtres étrangers qui, le pape absent, n'avaient pas de raison plus plausible d'habiter Rome que Vienne, Madrid ou Paris. Plus de séminaires ou de collèges irlandais, allemands, espagnols, portugais, siciliens. Il fallait renvoyer tout ce monde international à ses pays d'origine. La difficulté n'était pas mince ; l'indemnité de 150 francs, accordée à chacun d'eux, était dérisoire ; à ce prix ils n'eussent pas atteint Gênes ; ils étaient d'ailleurs pour la plupart Romains d'adoption, ne se connaissaient plus de famille et de pays même ; les 127 Espagnols, les 20 Portugais, anciens jésuites chassés par Aranda et Pombal, tranquilles à Rome, seraient gênants en leur pays ; on ne pouvait non plus rendre les prêtres anglais à la grande ennemie ; on interna à Plaisance les prêtres espagnols, à Paris les Irlandais, à Naples les Siciliens, et sans cérémonie on jeta sur les côtes de Sardaigne les anciens sujets de Charles-Emmanuel. On ferma les yeux sur la présence, à l'ombre de Saint-Pierre, de prêtres grecs, arméniens, africains et maltais[29]. A cette exception près, Rome était décidément dépouillée de son caractère de Métropolis ; car la France ne pouvait reconnaître le vagabondage titré connu sous le nom de pèlerinages ; elle ne pouvait permettre au sein de la seconde ville de l'Empire l'existence d'établissements contraires aux principes qui gouvernent l'Empire. Rome ne devait plus propager hors de son enceinte d'autres principes que ceux qui la rendent le siège et le centre des arts[30].

***

Il fallait cependant qu'une autorité spirituelle subsistât à Rome. On n'avait point seulement enlevé un prince à son État et un chef à l'Eglise, mais un très éminent évêque au premier diocèse de la Chrétienté. Le pape avait laissé au cardinal Di Pietro la délégation apostolique : Di Pietro enlevé la transmit à un prélat subalterne, Di Gregorio, secrétaire de la Congrégation du Concile. Cette délégation n'impliquait pas seulement le droit de gérer le diocèse de Rome, mais dans une certaine mesure la Chrétienté par l'octroi des facultés, dispenses, indulgences. Napoléon ne demandait qu'à avoir à Rome un vice-gérant, mais du seul diocèse. On fit saisir chez Di Gregorio l'anneau du Pécheur qui authentiquait les actes pontificaux ; le 30 janvier 1810, le prélat lui-même fut enlevé. Avant de partir, il se désigna de secrets successeurs ; ils furent à leur tour exilés[31]. C'est ainsi que, de cascade en cascade, écrit Tournon, la charge de vice-gérant délégué apostolique tomba entre les mains d'un prélat très inférieur, Atanasio. Il n'était ni un libéral ainsi que l'écrit Tournon, ni un hypocrite ainsi que l'affirmera Norvins : il était un timide. C'était le Dom Abbondio de Manzoni à un rang très supérieur, tremblant devant tout ce qui était autorité française et, comme tel, il fut définitivement agréé par Miollis[32].

D'ailleurs, on ne lui reconnut que des pouvoirs restreints, ceux d'un vice-évêque de Rome auquel on devait arracher des mandements et des absolutions fort peu orthodoxes. Il n'y avait donc plus à Rome de représentant, à un titre quelconque, de l'Eglise catholique universelle. Napoléon eût juré qu'on n'en reverrait plus sur les bords du Tibre.

Débarrassée de ce gouvernement de prêtres ainsi dispersé jusque dans ses plus modestes membres, Rome allait enfin entrer sans hésitations, sans regrets, sans réserves dans la voie nouvelle et glorieuse qu'un héros lui ouvrait.

 

 

 



[1] Radet, 13 juillet 1809, AF IV 1695 ; Alberti, 4 juillet 1809 (CANTU, p. 378). Ce pontife paralyse tout par son opposition obstinée.

[2] Alberti, 14 juin 1809 (CANTU, p. 376).

[3] FORTUNATI, p. 643.

[4] Benedetti (SILVAGNI, t. II, p. 603).

[5] FORTUNATI, p. 644.

[6] MIOLLIS, Mémoires inédits.

[7] Alberti, 14 juin cité.

[8] Napoléon à Miollis, 19 juin, 20 juin, Correspondance, 15383 et LECESTRE, t. I, p. 319.

[9] Murat à Napoléon, 26 juin 1809, 30 juin 1809, 3 juillet 1809, 8 juillet, Archives de la guerre, armée de Naples, 1809. Radet, Mém., 206.

[10] NORVINS, Napoléon et Pie IX, p. 110 (extrait du Mémorial) ; SAVARY, p. 84 ; CHAMPAGNY, p. 108.

[11] PACCA, t. II, p. 257 ; BALBO, p. 385, dit que Salicetti fut seul instruit.

[12] Cf. Le fac-similé photographié dans les mémoires de Radet, 218.

[13] Diana à Siry, 7 juillet, Radet, Mém., pièces justificatives, p. 560. — Traduction d'une relation italienne du 9 juillet, item, p. 56. Plan d'attaque du Quirinal, item, p. 557. — Radet, 13 juillet et récit postérieur, item, 530-535, 56 et 171-186. — Alberti, 6 juillet 1809 (CANTU, p. 679) ; Benedetti (SILVAGNI, t. II, p. 617-621 ;) Lettre d'un soldat français, (7 juillet 1809, publiée dans la Revue rétrospective, 1891, n° XIV) ; Enlèvement du pape Pie VII, relation anonyme, mss. de la bibliothèque Angelica de Rome (publiée dans la Revue rétrospective, 1887, t. VII) ; Mémoires inédits de Miollis ; Mémoires inédits de Tournon ; BALBO, cité, p. 385 ; DESVERNOIS, Mém., p. 364 ; PIGNATELLI, Mémoires ; PACCA, CONSALVI, cités. Autre relation italienne publiée par M. A Lumbroso avec un extrait de la relation de Lemierre d'Argy, 1814 ; Rome, 1898.

[14] RINIERI, Correspondance de Pacca et Consalvi, p. 589.

[15] Alberti, 6 juillet, cité ; DESVERNOIS,  p. 364 ; BALBO, p. 385 ; Mémoires inédits de Tournon.

[16] Miollis, Mémoires inédits.   

[17] Murat, 8 juillet 1809, AF IV 1695 ; Gaudin, 17 juillet, AF IV 1715.

[18] Adieux de Pie VII à son peuple. Collection Falzacappa, Bibi. Vallicellana, t. XIV ; transmis au gouvernement français, AF IV 1695.

[19] Murat, 9 et 10 juillet 1809, Archives de la guerre, armée de Naples, 1819 ; Alberti, 17 juillet (CANTU, p. 381), raconte que le pape bénit et embrassa en le quittant ce Radet homme excellent et plein de ressource et de présence d'esprit ; SILVAGNI, t. II, p. 642. Pour finir, il est presque plaisant de transcrire ici le résumé qu'Angles (Rapport sur l'Italie, 1810, F7 4435) donne de ces incidents dramatiques : le pape étant gênant, le gouverneur général lui signifia l'ordre de partir de Rome le 6 juillet et de se rendre à Florence avec le cardinal Pacca dont l'arrestation avait été ordonnée ; le lendemain même du départ, le parti porté pour les Français se prononça plus librement. Rien de plus bénin.

[20] Miollis à Fouché, 14 juin 1809, F7 6531.

[21] Rapport de Miollis au Bulletin du 2 juillet 1809, AF IV 1506.

[22] Alberti, 5 février 1810, CANTU, p. 406.

[23] CONSALVI, t. II, p. 151-152 ; Murat à Napoléon, 16 novembre 1809, AF IV 1715.

[24] Radet à Fouché, 20 décembre 1809, F7 6529.

[25] Radet à Fouché, 9 décembre 1809, F7 6529.

[26] Rapport de Radet au Bulletin du 21 décembre 1809, AF IV 1507 ; Miollis, 16 décembre 1809, F7 6529 ; CONSALVI, t. II, p. 158-162.

[27] Miollis, 14 juin 1809, F7 6531.

[28] Napoléon à Gaudin, 7 septembre 1809, Correspondance, n° 15767, et le dossier des généraux d'ordres exilés en France, note de Fouché du 18 septembre 1809, etc., F7 6529.

[29] Dal Pozzo à la Consulta, 14 février 1810, AF IV 1715.

[30] Rapport sur les biens fonds propres à former la dotation de la couronne, 1810, O2 1073.

[31] Elenco delle Facolta lequale communichiarno al Cardinale di Pietro, Archives du Vatican, App. Nap. Italia, I B ; Delegazione apostolica, Spiegazioni date al generale Miollis, etc. ; Lettre du cardinal di Pietro au capitaine Guyon, 13 juillet 1809 ; Doctrinale per le facoltà accordate al Delegate nel 1809-1810 : Motu proprio de Pie VII (item, Italia, I B) ; Miollis à Fouché, au Bulletin du 8 juillet 1809, AF IV 1506 ; le même, Bulletin du 9 février 1810, AF IV 1508 ; Ortoli à Champagny, 3 janvier 1810, 1er février 1810, 12 février 1810, Archives des affaires étrangères, Rome, 944 ; Miollis, 16 janvier 1811 (copie lettres inédites du général) ; BALBO, Autobiografia, p. 387 ; Alberti, 23, 25 janvier, 3 février 1810, CANTU, p. 401.

[32] Misure adottate da Msi Atanasio per nascondere la qualifica di delegato, Archives Vaticanes, App. Nap. Italia, I B ; Alberti, 7 janvier 1810, CANTU, p. 400 ; Norvins, 3 juin 1811, F7 8888 ; TOURNON, Mémoires inédits.