LA RÉVOLUTION

TROISIÈME PARTIE. — LA CONVENTION NATIONALE

 

CHAPITRE XXIX. — LE RÉGIME DU SALUT PUBLIC.

 

 

La guerre prétexte de la dictature jacobine. Le Comité de Salut public. La Convention machine à décrets. Les représentants en mission. Le double réseau : les Sociétés populaires et les Comités révolutionnaires. La défense nationale. L'Amalgame. Les Quatorze armées de la République. L'organisation de la victoire et Lazare Carnot. Les soldats de la Révolution.

 

Le régime du Salut public avait reçu son couronnement avec l'entrée de Robespierre au Comité.

Il n'eût pas eu le temps de s'organiser si l'ennemi avait en l'été de 1793 — foncé droit sur Paris. Sans les lenteurs systématiques des Autrichiens, dit Thiébault, nous étions perdus cent fois pour une. Eux seuls nous ont sauvés, en nous donnant le temps de faire des soldats, des officiers et des généraux.

Lenteurs systématiques : le soldat voyait clair, Sorel l'a démontré. Vienne était restée mécontente du partage qui s'était fait sans sa participation en Pologne. L'Autriche avait voulu Cracovie ; on lui offrait Strasbourg et Lille... à conquérir. Elle en gardait rancune à la Prusse. Celle-ci, par ailleurs, rencontrait, à prendre possession de son morceau de Pologne, d'imprévues difficultés et elle soupçonnait Vienne de les susciter. Les deux alliées n'avaient jamais été moins amies. Elles marchaient sans entente vers l'Ouest et, se méfiant l'une de l'autre, sans entrain. La Prusse, ayant repris Mayence, s'arrêtait à la frontière d'Alsace ; les Autrichiens, ayant enlevé Condé et Valenciennes, menaçaient Lille sans se décider à l'assiéger. L'Angleterre qui se dépensait — dans le sens le plus réaliste du mot — n'arrivait pas à galvaniser ces chiens de faïence. Et d'ailleurs elle-même, par d'âpres revendications, n'avait pas peu contribué à semer la division parmi les coalisés.

Les émigrés cherchaient à les électriser : la France était maintenant en dissolution ; on y pouvait facilement restaurer le roi. Cela semblait à l'Europe une vieille chanson ridicule. Impatientés, ses diplomates devenaient cyniques : Vous croyez donc que nous faisons la guerre pour vos beaux yeux, répondait Mercy aux émigrés qui s'indignaient de voir flotter le drapeau autrichien sur Valenciennes, forteresse du roy ; vous en verrez bien d'autres !

Bien d'autres, c'étaient les provinces françaises que, d'avance, on se partageait. Mais parce qu'on n'était pas d'accord sur le partage, on attendait. Ne pouvait-on attendre ? La France, déchirée par la guerre civile, se livrait ; on serait en quinze jours à Paris ; on entendait y arriver avec un traité de partage bien en règle. Jamais la peau de l'ours ne se marchanda avec plus de sottise.

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L'ours, cependant, bandait ses muscles et aiguisait ses griffes. La Convention, de pièces et de morceaux, avait bâti son gouvernement révolutionnaire et, avec le gouvernement révolutionnaire, s'organisait, cette fois pour de longs succès, la défense nationale.

Au sommet le Comité : c'est vraiment le pouvoir exécutif — le Conseil exécutif disparaitra le 12 germinal an II —. Les ministères mêmes sont supprimés ; ils gêneraient ces ministres supérieurs que sont les membres du grand Comité.

Celui-ci a bientôt centralisé toutes les affaires : il s'est subordonné tous les rouages. A côté de lui, un seul comité subsiste, indépendant, le Comité de Sûreté générale, vrai ministère de la police, que, pour assurer l'unité de marche, le Comité de Salut public peut appeler à venir délibérer avec lui. Sauf en matière de finances, le Comité est maître. On lui accorde — avec d'énormes fonds secrets, principe de toute omnipotence — le droit de nommer et de destituer les généraux, partant, de les conduire, de diriger les représentants envoyés en mission dans les départements, de révoquer, puis de nommer les fonctionnaires civils, enfin de mener la politique extérieure sans contrôle. Il n'est pas jusqu'à l'instruction publique et les fêtes civiques qui ne ressortissent de lui — et la religion el les beaux-arts. Le Comité fait ouvrir les lettres : il y a un cabinet noir et des fonds secrets ; à ce signe qui ne reconnaîtrait qu'un gouvernement se refonde ? Que durera-il ? Le 10 octobre 1793, Saint-Just le fera proclamer : Jusqu'à la paix !

Signe de sa puissance, le Comité s'installe chez le roi guillotiné. C'est au rez-de-chaussée du Pavillon de Flore — ci-devant appartement royal — qu'est cette fameuse salle verte où délibèrent les décemvirs, tandis qu'à l'entrée du couloir des canons sont disposés — la garde du souverain. Les degrés du trône, dit, en souriant, Baudin à Barère devant le perron du Pavillon.

Les Dix se sont à peu près partagé les pouvoirs. Robespierre, s'occupant un peu de tout, sera surtout l'organe du Comité à la tribune. Saint-Just, bras droit du maître, dirige de haut la police ; ce bras droit s'étend loin, jusqu'aux frontières où, commissaire aux armées, il porte la foudre ; volontiers, il s'occupe des opérations militaires ; car ce jouvenceau se tient pour omniscient. Couthon, lui aussi, est associé à la politique intérieure, mais Billaud et Collot recevront bientôt la correspondance avec les représentants en mission. Hérault s'absorbera longtemps dans la diplomatie, si le mot se peut appliquer à cette politique de poing fermé, mais Barère la lui dispute, puis s'y substitue à lui, maître Jacques du Comité, écrit avec raison M. Gros, car il s'est fait donner aussi l'instruction et les beaux-arts ; Prieur de la Marne, le plus effacé des décemvirs, est constamment en mission. Prieur de la Côte-d'Or a pour département les subsistances, où Lindet, gros travailleur, déploie par ailleurs une admirable activité ; Jeanbon Saint-André ayant pris en main les affaires de la marine, Carnot se fait l'organisateur de nos armées.

En réalité tous, à certaines heures, s'occupent de tout. Carnot a exagéré, lorsqu'après thermidor, il a — pour les besoins de la cause — parlé de deux groupes : les politiques et les travailleurs. Les politiques travaillent sans cesse et les travailleurs, parfois, politiquent. A étudier le Recueil des Actes du Comité, publié par M. Aulard, on voit qu'aucune cloison étanche ne séparait ces départements. Jamais ministère ne frit plus solidaire que ce terrible Comité.

Jamais aucun ne fut, par ailleurs, aussi prodigieusement actif. Miracle ! a dit Joseph de Maistre : on serait tenté de le dire avec lui, si l'on croyait aux miracles. Des mois durant, ces hommes vécurent dans une sorte de geôle volontaire, passant des jours et des nuits à triturer les dossiers et, avec les dossiers, la chair humaine, jetant les suspects à la guillotine et les soldats au canon ennemi, vouant des milliers d'hommes les uns à la prison, les autres à la victoire, presque tous à la mort, redonnant des muscles, infusant du sang à une nation entière, pétrissant le cerveau et le cœur d'un pays surmené. Parfois, la lassitude les prenant, ils se jetaient sur des matelas, reposaient trois heures, se relevaient et recommençaient.

Ce n'est pas une légende : cette salle verte, au fond du corridor obscur, fut un laboratoire où fut travaillée une nation, puis une forge où sur l'enclume elle fut martelée. Elle sortit des mains de ces hommes défigurée, mais trempée. Napoléon se sentait au fond une légitime gratitude pour qui lui avait préparé cet acier résistant et souple.

Officiellement, les membres du Comité ne sont que les ministres de la Convention : mais, comme maints ministres, ils tiennent leur souveraine en tutelle. Tutelle volontaire : Thibaudeau vient nous dire que la mentalité de la Convention étant celle du Comité ; elle se reconnaissait en ces gens et les soutint. Elle ne s'en débarrassera que le péril conjuré. Le Comité proposait des décrets ; elle les votait. En trois ans, elle en rendit 11.200 : dans telle séance, elle en vota dix, quinze, tout ce qu'il fallait aux décemvirs pour régner, tuer et vaincre. Entraînée par le principe de-Danton qu'en révolution il faut bâcler, elle bâclait pour triompher : elle avait supprimé toutes les garanties que les deux précédentes assemblées avaient établies — déjà bien fragiles — contre leurs propres entraînements : plus de déclaration d'urgence, plus de seconde lecture. C'est ainsi, écrit M. Aulard, que les plus graves décrets, les décrets terroristes, furent votés en une seule séance. Elle était sous l'œil du Comité qui, bientôt, devint tyrannique. Elle se révoltera parfois, mais en secret, comme un Louis XIII put le faire, deux siècles avant, contre telle mesure de vigueur qu'un Richelieu lui arrachait ; mais le plus souvent, elle votera volontiers. La machine à décrets était, en tous cas, au service des terribles mécaniciens du pavillon de Flore.

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Quels seront, dans le pays, les instruments de ce gouvernement ? C'est en effet la France entière qu'il faut faire marcher. Les instruments seront les Commissaires, représentants en mission, les Sociétés populaires et les Comités révolutionnaires.

Dès le 6 mars 1793, le Convention a décrété l'envoi de deux de ses membres dans chaque département pour y faire exécuter la grande levée ordonnée le 24 février. Mais pour qu'aucun obstacle ne les vienne entraver, pouvoir leur sera donné d'abattre tout obstacle, politique, administratif, financier, économique, religieux. Ils seront ainsi autorisés, que dis-je ? ils seront invités à s'ériger en proconsuls. La levée finie, l'armée pourvue, ils resteront dans les départements pour y étouffer les complots liberticides.

Le Comité a mis la main sur ces commissaires : ils deviennent alors les intendants de ce Richelieu à dix têtes. Le 9 nivôse an II, une nouvelle mission leur sera confiée : épurer les administrations empoisonnées de fédéralisme et surveiller les suspects. Comment, nouveaux venus, connaîtront-ils les suspects ? En s'abouchant dès l'abord avec les Sociétés populaires.

Issu de la Révolution jacobine, le Comité sait mieux que personne où a été, dès les premiers mois, la force de cette Révolution. Elle a été dans le grand club et les sous-clubs. Maintenant la grande Société étend son réseau jusqu'aux moindres bourgs. Le Comité connaît sa puissance et, comme il s'est emparé des Commissaires créés avant lui, il s'empare des Sociétés, dont il est né. La Société des Jacobins, cultivée avec soin par Robespierre et flattée dans la personne de Collot d'Herbois, grand favori en 1794, devient instrument officiel ? ainsi que ses filiales. Cette savante organisation double celle des commissaires. La machine à broyer a deux branches que Robespierre sait merveilleusement mettre en mouvement. Si les Commissaires se refusent — vers la fin — à subir docilement l'impulsion du Comité, on les remplacera par ces agents nationaux, jeunes séides, choisis dans l'entourage des décemvirs et dont le petit Jullien, missionnaire de Robespierre à Nantes, Bordeaux et Toulouse, sera, nous le verrons, le type accompli. Enfin, quand les Sociétés populaires, fort exaltées par le décret du 14 frimaire an II — il les investit du droit d'élire les fonctionnaires que ne se réserve pas le Commissaire —, sembleront le prendre de trop haut, on les replongera dans le néant, en leur indiquant — par une sorte de mystification courante —, comme unique objet de leur zèle, le soin de trouver du salpêtre. A leur place, un nouveau réseau, de fabrication gouvernementale, s'étendra autour du malheureux pays, tous les jours plus ligoté, celui des Comités révolutionnaires.

D'abord chargé, par le décret du 24 mars 1793, de la seule surveillance des étrangers, un comité a été créé par commune. Il a étendu sa surveillance à tous les suspects. Le 17 septembre 1793, on lui reconnaîtra officiellement le droit d'en dresser la liste et, le 14 frimaire an II, celui d'appliquer toutes les lois révolutionnaires. Ce nouveau filet aux mailles serrées, comme s'exprime M. Aulard, le Comité de Salut public en tient les cordons. Par ces Comités redoutables, bientôt exécrables, se complète l'organisation du Salut public qu'il fallait connaître pour que fût intelligible la suite de cette histoire.

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Le premier résultat de cette étrange reconstitution gouvernementale fut l'organisation emphatique en ses lois, magnifique en ses conséquences, de la défense nationale.

Le 23 août, Barère a soulevé d'enthousiasme toute l'Assemblée en en traçant le plan : Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont. en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances ; les femmes feront des tentes, des habits et serviront dans les hôpitaux ; les enfants mettront le vieux linge en charpie ; les vieillards se feront transporter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la République. La levée sera générale ; les citoyens non mariés ou veufs sans enfants, de dix-huit à vingt-cinq ans, marcheront les premiers... Le bataillon qui sera organisé dans chaque district sera réuni sous une bannière portant cette inscription : Le peuple français debout contre les tyrans ! On va organiser militairement, suivant le mot de Carnot, la fureur populaire.

Il fallait une réquisition : le grand élan de 1791, de 1792 était brisé. La France était fatiguée et surtout écœurée. Elle restait, certes, attachée aux principes et aux conquêtes de 1789, mais elle avait conscience qu'un parti l'exploitait. Même enivrée, un moment, à l'idée d'une gloire militaire sans pareille, elle se demandait avec raison si cette gloire n'était pas un nouvel appât offert par l'oiseleur pour l'enfermer plus étroitement entre les barreaux d'une cage. Le décret du 24 février avait été mal reçu. Il avait fallu la rude poigne des commissaires pour que le pays accouchât de cette nouvelle armée de 200.000 hommes. Et quand on fit, en septembre, la première réquisition, prévue par le décret emphatique du 23 août, il fallut encore que les commissaires poussassent l'épée dans les reins de ces jeunes hommes, qui, d'ailleurs, contraints à l'héroïsme, vont devenir les premiers soldats du monde. Ces enfants, poussés par milliers aux frontières, écrira Rivarol, y venaient, en tremblant, pour faire trembler l'Europe.

N'importe : cette nouvelle levée pouvait donner des résultats pires, au point de vue de la discipline, que celle de 1792. Mais déjà le gouvernement de Paris, averti précisément par les déplorables incidents de 1792, a décidé de ne plus laisser les volontaires de 1792 et à plus forte raison les réquisitionnaires de 1793 à leurs fantaisies. On les absorberait, par l'amalgame, dans la vieille armée de ligne. Chassin, après Camille Rousset, nous a dit la façon dont on procéda et comment deux bataillons de volontaires, fondus avec un bataillon de vétérans, formèrent les fameuses demi-brigades qui s'allaient illustrer. Cette fusion se fait en cérémonie au chant de la Marseillaise avec discours du commissaire de la Convention et embrassements fraternels tout le monde en larmes. Le cérémonial paraît un peu puéril, mais tout de même, de ces embrassades naît cette armée magnifique qui va faire trembler l'Europe. Le petit paysan, le petit ouvrier est maintenant jeté à la gloire.

Naïvement, la Convention, tout aux phrases, avait entendu que quatorze armées se dressassent soudain : quatorze armées de 100.000 hommes ! C'était une conception enfantine. Les 75.2000 soldats, dont la République va réellement disposer, furent, par Carnot, esprit rassis qui mit des réalités sous les phrases de Barère, répartis en forces naturellement inégales aux frontières et à l'intérieur, de l'armée du Nord et Meuse qui en compta 113.000, à l'armée de l'Intérieur qui n'en eut que 4.000.

Courbé sur ses états et ses cartes, ce Lazare Carnot devient, de ce jour, le chef d'état-major général de la Nation. Ce solide Bourguignon, type de l'officier des armes savantes, fort capable, au surplus, il le montrera, de se jeter, tout comme un hussard, devant les balles et les boulets, mais calculateur méthodique et perspicace, dépaysé dans la politique où nous le verrons toujours s'empêtrer, peu susceptible de se décourager, moins encore de se fatiguer, ce fut pour la France l'homme du destin. En cette nation en ébullition, il ne fut l'organisateur de la victoire que parce qu'il fut, calme jusqu'à paraître glacial, l'organisateur de la discipline. Toute cette Terreur grandiloquente et sanglante qui, à en croire certaines gens, eût suffi à nous valoir la victoire, n'eût abouti, en dehors de ses effroyables hécatombes à l'intérieur, qu'à de plus effroyables hécatombes à la frontière, si ce froid ingénieur n'eût canalisé toute cette lave vers les points utiles. Dans son bureau à cartons verts, cet homme-là, disons-le après tant d'autres, sauva la France de l'invasion et, en lui valant tant de victoires, préserva la Révolution d'un opprobre sans réserves.

Il fallait cependant armer, nourrir, habiller, payer ces quatorze armées. On trouva l'argent en transformant en trésor de guerre les biens confisqués des émigrés. Des milliers de nouveaux assignats furent créés. On organisa la fabrication de la poudre : les savants révolutionnaires s'y mirent : Fourcroy, Monge, Berthollet, Guyton-Morveau, démontrèrent que la République avait grand besoin de chimistes. Guyton dirigeant et perfectionnant l'aérostation militaire, qui, à Fleurus allait étonner les armées, Chappe était enrôlé avec le grade de lieutenant télégraphiste. Quant aux vêtements et aux vivres, les réquisitions des commissaires y pourvoiront en partie, de Marseille où Barras requerra soudain 20.000 citoyens aisés de livrer chacun deux chemises, à Lyon où Fouché privera de chaussures la population civile, sans oublier l'arrêté du 10 novembre mettant en réquisition pour la nourriture du soldat la huitième partie des cochons de la République.

Levée, amalgamée, armée, vêtue enfin, il fallait que l'armée fût conduite. Grave problème. Si on livre l'armée aux patriotes que recommandent les clubs, on la perd. Heureusement, voici des jeunes gens qui se révèlent à la fois patriotes ardents et chefs distingués : Hoche, Jourdan, Moreau, et à côté voici que font leurs preuves des soldats admirables, comme ce général Chancel qui, à des soldats affamés, répond : Apprenez que c'est par une longue suite de travaux, de privations, de fatigues et des souffrances, qu'il faut acheter l'honneur de combattre et de mourir pour la patrie.

Ces généraux seront sévèrement surveillés par les commissaires aux armées. Mais si de valeureux et malheureux chefs sont victimes de ce système, il semble que chez d'autres la terreur surexcite le génie. Ou plutôt, c'est l'audace, chère à Danton et prônée par les proconsuls, qui, pénétrant facilement ces âmes de jeunes chefs, en fait ces stratèges qui déconcerteront tous les plans de campagne des vieux et lourds tacticiens de l'Europe.

Lorsqu'à l'automne de 1793, l'Europe se décidera à agir, elle se trouvera en face d'un gouvernement. et d'une armée et l'apprendra, sans tarder, à ses dépens. Malheureusement le pays de France apprenait, à ses dépens aussi, qu'une main de fer s'abattait sur lui ; le gouvernement de Salut public, avant de se manifester par la Victoire, s'accuse par la Terreur.

 

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SOURCES. Œuvres déjà citées d'Aulard (Jacobins, V). Choudieu, Durand de Maillane, Aulard, Actes du Comité (passim). — Thibaudeau, Mémoires, I, 1821. B. Constant, Correspondance, 1895. Billaud-Varennes, Mémoires et correspondance (éd. Begis), 1893. Carnot, Correspondance (II et III, 1892-1897). Fricasse, Journal, 1892. Gouvion-Saint-Cyr, Mémoires, 1829. Marmont, Mémoires, 1857. Lannes, Lettres (Rev. Fr., 1900).

OUVRAGES déjà cités de Gros, Chuquet (I et II), Rousset, Chassin, Schmidt (Jeanbon), Hamel (Robespierre, II). — Aulard, Introduction au Recueil des Actes du Comite de Salut public, 1889. De Maistre, Considérations, 1796. Guillaume, Le Personnel du Comité de Sûreté Générale (Rev. Fr., 1900). Young, Dubois-Crancé, 1884. Bonnat de Ganges, Les représentants en mission aux armées, 1908. Lévy Schneider, L'armée et la Convention (dans Œuvre sociale de la Révolution, 1901). De Sérignan, La vie aux armées sous la Révolution (Rev. des Questions historiques, 1901). Bliard, Prieur de la Marne, 1907.