Faire de Joseph Fouché un type de vertu politique trop longtemps méconnu, serait à coup sûr une tâche au-dessus des esprits les plus exercés au paradoxe historique. Mais dégager de la légende cette physionomie intéressante d'homme d'État, se profilant à tous les tournants de notre histoire de 1792 à 1816, chercher aussi derrière cette figure volontairement fermée, derrière le masque officiel du proconsul terroriste et du ministre de l'Empire, la physionomie vraie et le caractère propre, si complexe, était une entreprise peut-être trop hardie, mais qui, après ces dix années d'études continues sur la Révolution et l'Empire, venait assurément à son heure ; je n'en veux pour preuve que les bienveillants encouragements que m'ont prodigués tous les maîtres de l'histoire révolutionnaire et impériale, et aussi ceux qui, moins versés dans ces études, n'étaient pas sans avoir rencontré cette figure énigmatique et piquante de Fouché, fût-ce dans la blanchisserie de Mme Sans-Gêne et dans les salons de la maréchale Lefebvre. Sans doute beaucoup d'honnêtes gens, pris de peur à me voir vivre depuis six ans en aussi mauvaise compagnie, m'ont, avec une sollicitude qui me touche beaucoup, engagé à ne me point laisser séduire ni conquérir par ce souple politicien et à ne point devenir ainsi la dernière dupe de ce merveilleux prestidigitateur qui trompa déjà tant de gens au cours de son invraisemblable carrière. Le fait se fût-il produit, que je serais en effet en trop illustre société pour m'en plaindre, car des sagaces oratoriens dont il fut l'élève aux hommes qui l'employèrent ou le fréquentèrent, Carnot ou Barras, Robespierre ou La Fayette, Napoléon ou Louis XVIII, chacun fut à son heure victime d'un incomparable mystificateur. La mauvaise réputation du personnage, à bien examiner les choses, vient même sans doute de ce fait avéré. L'homme pardonne tout plus volontiers que d'avoir été dupé, car toute dupe a contre elle les rieurs, et personne n'accepte sans déplaisir un rôle ridicule sur la scène de l'histoire. La venimeuse rancune de Barras, si complètement joué à la veille de Brumaire, les furieuses sorties de Napoléon à Sainte-Hélène au souvenir des Cent-Jours, les violentes attaques du parti ultra-royaliste après juillet 1815, n'ont sans doute pas d'autre secret : ce sont gens trompés qui, n'osant crier à l'escroc ! crient à l'assassin ! Fouché, partant, a été malmené par la plus grande partie de ses contemporains, encore que certains jugements soient faits pour étonner beaucoup ceux qui, ignorant ou négligeant l'extrême et incontestable complexité de cette catégorie d'esprits, le veulent très noir, le jugeant, du reste, ainsi plus intéressant. Napoléon, au cours de ses méditations de Sainte-Hélène, semblait n'avoir qu'un regret, celui de n'avoir pas fait pendre ce Figaro, ce coquin ; mais l'Empereur ne l'avait pas toujours ainsi jugé. Et Barras lui-même se contredit souvent en ses insinuations fielleuses. Savary, qui fut souvent la dupe de Fouché ; Carnot, personnage austère, comprenant mal les meilleures plaisanteries ; Pasquier, qui, ayant servi avec sérénité et dignité les régimes les plus divers, voyait peut-être en Fouché un compromettant et fâcheux compagnon de voyage ; Bourrienne, que Fouché avait frappé après des années de tromperies mutuelles ; Barère, qui né pouvait se consoler, ayant moins fait assurément aux heures rouges que le mitrailleur de Lyon, de n'avoir pas su se relever aussi heureusement que lui ; Chateaubriand, qui devait à sa haute vertu d'accabler Fouché, ont été très durs pour lui ; mais des personnages non moins hostiles ont mis plus d'une réserve à leurs récriminations, et chez les plus décidés adversaires, Fleury de Chaboulon ou Pozzo di Borgo, Charlotte Robespierre ou le baron de Vitrolles, Hyde de Neuville ou Méneval, on trouverait de ces restrictions dans le blâme ; Metternich a souvent parlé du personnage avec éloge ; Pontécoulant lui rendait justice, encore qu'il le détestât ; ses anciens collaborateurs, quoique ayant, lorsqu'ils écrivaient, des motifs pour le peu ménager, Réal, Desmarest, Thibaudeau, Jullian, Nodier, le tenaient en grande estime, et de son vivant les correspondances et journaux familiers de la marquise de Custine et de Mme de Rémusat, fort honnestes dames, du brave maréchal de Castellane et de l'aristocratique comte de Girardin, dix autres que je ne saurais citer, nous font soupçonner un personnage autre peut-être que celui que les pamphlétaires, soudain déchaînés après 1815, ont légué à la postérité. Celle-ci a renchéri, ne prêtant l'oreille qu'à ces ennemis mal remis de leurs rancunes et parfois intéressés à charger le vieil homme d'État, la fermant aux témoignages à peu près favorables et bâtissant ainsi ce personnage qui ne cesse d'être odieux que pour devenir plaisant, qui tient de Ganelon, de Méphistophélès et de Tartufe, lorsqu'il n'apparaît pas comme un Scapin de haute école. Car, dès 1820, dans la légende même, il y a deux types, qu'il est parfois assez malaisé de concilier. Il y a le génie ténébreux, profond, extraordinaire que notre grand Balzac, qui en avait tant entendu médire, compare à Tibère et à César Borgia ; mais il y a aussi ce valet de comédie, brouillant les cartes pour se faire donner mission de les débrouiller et finissant l'aventure, lorsqu'il est convaincu de fourberie, par quelque cabriole très amusante et qui relève ainsi de Molière et de Regnard. En réalité, Balzac et ses contemporains se faisaient déjà l'écho des hommes qui les avaient précédés. La litanie avait déjà commencé. Serpent qui dépouille sa peau rude et hideuse d'hiver et se couvre au printemps d'une peau brillante et souple, a dit le pamphlétaire Serieys en 1816 : le genre était créé. Cependant le poète Népomucène Lemercier honorait le duc d'Otrante de quatre vers qui ne sont pas, je l'espère, les meilleurs de sou répertoire : Acolyte espion qui, tout veux, tout oreilles, Assiste Jurispeur (Napoléon) de ses constantes veilles Et, jour et nuit rôdant et se glissant partout, Voit tout, recueille tout, sait tout et lui dit tout. Ce poète médiocre concevait ici le type du policier classique qu'est resté Fouché ; mais son contemporain, le rédacteur des Débats M. de Saint-Victor, ne voulait voir dans l'ancien ministre qu'un merveilleux faiseur de tours : Ecce iterum Crispinus, écrivait le publiciste, et Crétineau-Joly fournissait à cette école l'épithète dès lors admise : Fouché est le Scapin de la Révolution. Comme il fallait encore — Fouché ne mourut qu'en 1820 — tuer l'homme sous le ridicule, le type fut trouvé bon : Decazes ricanait en entretenant 'Metternich des prétentions de Fouché au titre d'homme d'État. Balzac, nous l'avons vu, conçut autrement l'homme, et soudain ou revint au tragique avec tout un choix d'épithètes flétrissantes : le valet moqueur qu'on raillait redevint le malfaisant bourreau que, professionnellement, chaque historien en passant flétrissait d'un mot ou d'une page. Michelet tombe dans le tragique : La figure déshéritée de Fouché... effrayait d'aridité. Le prêtre athée, le dur Breton, le cuistre séché à l'école, tous ces traits étaient repoussants dans sa face atroce... Et la page continue sur ce ton. Quant à Thiers, qui l'eût cru ? estimant sans doute que le duc d'Otrante s'était trop souvent égaré dans les intrigues de la politique, il découvrait à ce vieux maître une figure louche. J'en passe à regret, car ce concert est curieux ; c'est sur le dos du malheureux que Poujoulat se réconcilie avec Michelet et que Guizot se trouve d'accord avec Thiers. Les historiens, nos contemporains, gens de critique cependant, ont accepté le type des mains de leurs prédécesseurs : ils ont généralement abordé le personnage avec l'esprit prévenu et comme s'ils avaient tous quelques griefs personnels à venger. M. de Martel, royaliste très ardent, écrit sur Fouché plusieurs volumes dont j'aurai lieu de parler plus loin : il n'est pas de page où les épithètes d'odieux, d'infâme, d'atroce, de monstrueux, d'ignoble ne se dépensent c'est ici le socialiste de Nevers et de Moulins que ce conservateur flétrit, et le bourreau de Lyon, grand tueur d'aristocrates : mais M. Hamel, qui venge Robespierre du 9 Thermidor, appelle l'adversaire de l'Incorruptible un scélérat vulgaire, le sycophante Fouché. M. Aulard, qui pense sans doute à la façon dont le ministre de Bonaparte et de Louis XVIII a trahi la République, l'appelle le vil Fouché ; mais pour M. de Cadoudal, par exemple, écrivant la vie de son aïeul, Fouché a certainement trop bien servi la Révolution, car il est homme de boue et de sang. M. Wallon, historien catholique, lui décerne la suprême injure — fausse, du reste — de prêtre défroqué, moine apostat, cependant que M. Henry Houssaye venge l'Empereur trahi en traitant une fois de plus le personnage de Scapin tragique et même de sacripant. La litanie est ainsi complète. Voilà Fouché en fâcheuse posture : M. Victorien Sardou l'en tira quelque peu naguère et, devin en matière historique, fit jouer à Fouché le rôle qui certainement se rapprochait le mieux de celui qu'après six ans de constantes études nous avons fini par concevoir : celui d'un mystificateur hardi, d'un esprit très avisé, assurément dénué de tout sens moral et comme tel au service des intérêts plus que des principes, mais plus disposé au bien qu'au mal et aux bons services qu'aux mauvais. Encore a-t-il fallu, pour les besoins d'une comédie historique, lui laisser les traits du Figaro, du Scapin ministre, alors que, ce livre le prouvera, j'espère, le personnage, méprisable par bien des côtés, méritait cependant mieux[1]. ***En réalité, l'impopularité notoire dont jouit cet homme tient de bien des causes faciles à discerner. Le public, même le plus éclairé, est au fond toujours comparable aux clients de l'Ambigu. Dans tout drame historique vécu, comme en toute pièce forgée, il entend trouver, à côté du héros magnanime, le traître ténébreux et aussi, à côté du personnage noble qu'il faut admirer, le personnage comique qui fait rire. Il y a dans la grande tragi-comédie qui s'appelle l'histoire, à côté de héros, acceptés avec toutes les qualités du rôle, des fourbes et des traîtres que la légende a faits et que la critique aura peine à défaire. A côté de ce Napoléon, éclatant de toutes les gloires, préservé de toute réaction par un incomparable prestige, le drame voulait ce Fouché ténébreux et malfaisant, ou farceur et funambule. L'histoire découvre cependant sans peine au grand empereur des défauts de l'esprit et du cœur que la légende lui eût généreusement refusés, et il faut se résigner à trouver à ce traître qui après tout était homme, quelques qualités humaines, en lui laissant assez de défauts, du reste, pour ne pas trop contrarier les amateurs de cette physionomie traditionnelle. Pourquoi ce personnage odieux s'est-il ainsi créé, perpétué et en quelque sorte fortifié depuis cent ans ? Pourquoi ce type achevé, complet d'opportuniste n'a-t-il rencontré qu'impopularité, haine, outrage, mépris dans ce siècle d'opportunisme ? L'on suppose que pour avoir réussi toujours, il faut avoir assez souvent trahi, disait Villemain de Talleyrand. Le mot serait applicable à Fouché, si lui-même n'avait paru vouloir donner crédit aux pires suppositions. Tartufe, ont dit certaines gens de Fouché : c'est bien l'épithète qui. lui convient le moins. Ce qui perd Fouché, c'est au contraire ce manque de tenue, d'hypocrisie que la politique, comme le monde, impose aux pires scélérats, s'ils ne veulent servir de boucs émissaires. Il y avait chez Fouché une sorte de vanité à passer pour capable de tout lorsqu'il s'agissait d'arriver et se maintenir. Mystificateur de nature, sceptique et railleur, il lui plaisait à coup sûr, en dehors des profits qu'il tirait de ses voltefaces, d'avoir joué et Robespierre et Tallien, et Barras, et Sieyès, et Talleyrand et Murat, et Metternich et Wellington, et Blacas et Carnot, et La Fayette et les Bonaparte et les Bourbons ; mais il lui plaisait plus encore qu'on le sût, qu'on le crût. Il se faisait ainsi redouter, admirer, ménager par conséquent... mépriser et haïr. Il était réellement un fanfaron de trahisons. Or il est hors de doute que c'est surtout devant le tribunal de l'opinion, et partant de l'histoire, qu'il ne faut jamais avouer : Fouché avouait plus qu'il ne péchait. Nul de ceux qu'il avait bernés ne l'ignora donc, et le pire est qu'il n'avait pas seulement trompé des hommes, mais qu'il avait abusé tous les partis. Les personnalités meurent, les partis subsistent. Aucun ne le voulut adopter, chacun au contraire le renia, le flétrit cruellement. Pour les catholiques, qui la plupart ignorent qu'il fut après 1804 l'ami d'illustres prélats, il ne fut qu'un prêtre défroqué, la légende le voulait, et, ayant été l'apôtre du pire athéisme en 93, un lévite apostat et sacrilège ; pour les royalistes, aucun service n'effaça le vote régicide de janvier 1793 ; les amis posthumes de l'Empereur, ne voulant point partager la parfaite mansuétude de Jérôme Bonaparte après 1815, n'admettent point les très grands services que le ministre de la police rendit à leur maitre de 1799 à 1810, pour ne se rappeler que la grande trahison de 1815 ; par contre, les libéraux, ignorant qu'il avait été le grand protecteur des Benjamin Constant et des Manuel, lui gardent une terrible rancune d'avoir, comme ministre de la police, incarné le pouvoir césarien le plus arbitraire, aussi injustes que les républicains qu'il a constamment protégés contre tonte réaction et qui n'entendent pas lui pardonner d'avoir secondé Brumaire après Thermidor. Chaque parti ayant eu depuis un siècle ses historiens dévoués, le cas de Fouché s'explique. Ajoutons qu'il personnifia longtemps le grand policier ; en France nous aimons, comme au Guignol, à voir rosser le commissaire. Le Corentin de Balzac et le Javert d'Hugo, deux types odieux, sont de la redoutable corporation : Fouché, rebelle aux illusions, signalait dès l'an VIII cette impopularité invincible qui allait rejaillir de la police sur celui qui la dirigea avec tant de virtuosité de 1799 à 1815. Il semble, écrivait-il, que dans le haut prix qu'on paye les services de la police, on fasse entrer partout le dédommagement d'une certaine déconsidération convenue. Fouché fut donc très malmené. J'ai reçu des soufflets de tous les partis à tort et à travers, écrivait-il à la veille de sa mort. Il ne prévoyait pas que le XIXe siècle l'allait appeler scélérat et coquin ; singulière hypocrisie, car ce coquin eut simplement le tort d'incarner le type fort supérieur des innombrables politiciens que ce siècle a vus naître. Ce n'est pas un type mort que celui-là, et là réside l'intérêt de cette étude : le problème particulier qui se trouve posé dans cette biographie se rattache à une question plus générale et d'un sens bien actuel : Dans quelle mesure l'intérêt d'un politicien ambitieux et capable peut-il changer les destinées du pays dont il se sert ? Pour résoudre dans le cas présent ce problème attachant, il fallait se dégager de toute prévention. Contre tant d'antipathies il a fallu se défendre et, sans tomber dans une réhabilitation qui ne s'impose pas, chercher la vérité, qui, elle, s'impose toujours. Je ne me dissimule pas le côté téméraire de cette entreprise : car avec Fouché il faudra fort souvent n'être d'aucun parti ou être successivement contre tous : l'auteur fera en maintes circonstances le sacrifice d'opinions personnelles qui le gêneraient, pour juger l'homme et l'époque. ***Une autre difficulté réside dans l'énorme carrière qu'a parcourue le personnage — ceci dit pour excuser ce trop gros livre. — Fouché eut la vie politique très dure : le proconsul de Nevers, Moulins et Lyon eût mérité une étude déjà étendue. Mais que dire de cette biographie d'un homme d'État mêlé intimement, et parfois au premier rang, aux événements de l'histoire de France de 1792 à 1815, vingt-trois ans qui comptent un siècle ? Du jour où le président de la Convention déclare la session ouverte à celui où sombre devant la Chambre introuvable le ministère Talleyrand-Fouché, le personnage agit. Ce n'est pas de ces courtes et orageuses carrières comme celle d'un Danton, non plus de ces longues vies comme celles de Talleyrand ou de Thiers, mais coupées par d'immenses entractes. Représentant du peuple et membre actif des comités, commissaire de la Convention dans six départements, mêlé activement à la révolution de Thermidor et président du club des Jacobins, conseiller de Babeuf, après Thermidor, agent de Barras en vendémiaire et fructidor, diplomate du Directoire en Italie et en Hollande, ministre de la police générale de la République et comme tel acteur du drame de Brumaire, ministre bientôt principal de Bonaparte, consul et empereur, chargé du plus lourd et du plus important portefeuille et mêlé personnellement à toutes les intrigues de 1799 à 1810, gouverneur général d'Illyrie en 1813, plénipotentiaire de l'Empereur en Italie en 1814, conspirateur éminent sous la première Restauration, ministre encore et arbitre des partis aux Cent-Jours, chef du pouvoir exécutif, et ministre enfin, pour la cinquième fois, de la monarchie légitime, cet homme est de tous les actes d'un drame immense. Comme nul ne fut plus que lui l'homme de l'événement et le produit des circonstances, l'en isoler, l'entreprise fût-elle possible, serait s'exposer à ne rien comprendre à cette physionomie et à en dénaturer singulièrement les traits. Il a fallu replacer souvent Fouché dans son cadre et, quand ce cadre était mal connu, comme le monde politique de l'Empire, reconstituer de toutes pièces le cadre comme le portrait ; mais il a fallu aussi supposer connus bien des faits importants et les principales données du drame. Pouvais-je également ne pas 'n'arrêter à certains détails qui parfois paraîtront ténus et insignifiants ? Ils sont nécessaires à une biographie qui, après tout, est un essai, sans prétention, de psychologie autant qu'une étude d'histoire contemporaine. Le lecteur m'excusera donc d'aller du plus grand au plus petit et de suivre Fouché, de son cabinet d'homme public au foyer familial. Comment connaître cette nature complexe, comment lui rendre justice, si nous négligeons toute une partie de l'enquête ? Cette enquête, nous ne saurions le cacher, a été assez laborieuse. Beaucoup de documents, utiles à la biographie de Fouché, ont disparu ; les uns ont été détruits, d'autres se retrouvent avec beaucoup de peine. Pasquier avoue quelque part que, préfet de police et ministre, il a pu retirer des cartons de la Convention toutes les pièces qui le concernaient. Fouché a rendu à Barras, à Talleyrand, à beaucoup de familles nobles, en 1815, des dossiers entiers de la police. On pense si lui-même s'est fait faute de quelques reprises. L'historien de Nantes Mellinet, contemporain de Fouché, raconte que, dès 1804, cet homme précautionneux avait fait enlever des archives de Nantes tous les papiers qui le concernaient. Vingt détails attestent que, si ce modeste dépôt provincial a été drainé — nous avons pu constater que Mellinet disait, hélas ! vrai —, les archives de la police, livrées à la discrétion du ministre, furent triées, épurées, considérablement diminuées. Sans parler des papiers qu'il crut pouvoir retenir par devers lui, en quittant le ministère soit en 1799, soit en 1810, soit en 1815, il sut détruire, ou à peu près, tout ce qui le concernait personnellement dans les archives de la police : un mince dossier relatif à sa disgrâce de 1810 échappa seul probablement à ses investigations en 1815. Il eût été intéressant d'avoir les rapports que la police du Comité de salut public de 1793 à 1795, que celle de Barras de 1795 à 1799, celle de Régnier de 1802 à 1804, celle de Savary de 1810 à 1814, celle de Blacas en 1814 reçurent à coup sûr au sujet d'un homme aussi dangereux. Quant aux périodes durant lesquelles Fouché fut ministre, nous n'en parlons pas : tout le monde, à cette époque, était filé par la police, Talleyrand, Joséphine et Napoléon lui-même, tout le monde excepté le ministre de la police lui-même. Les archives de la police, si riches en renseignements sur certains personnages, ne livrent presque rien de personnel à Fouché. D'autre part, les correspondances de l'époque impériale parlent très peu de Fouché. On craignait les indiscrétions in cabinet noir et la rancune du redoutable policier. Le rédacteur d'un Dictionnaire des grands hommes du jour publié en l'an VIII écrivait à l'article FOUCHÉ : Il a mitr... Chut ! il est ministre de la police ! Chacun pensait de même. Beaucoup d'utiles renseignements nous échappent, en raison même du caractère spécial dont le personnage se trouva revêtu. Ces réserves faites pour expliquer certaines lacunes et faire mieux saisir le prix de certains documents subsistants, ajoutons que, si Fouché sut souvent imposer le silence à ses contemporains et parfois, grâce à des coupes sombres dans les papiers dont il avait la garde, faire disparaître la trace de certains faits et gestes compromettants, il n'en est pas moins vrai qu'une masse fort respectable de documents de tout ordre permettent de le suivre d'une façon très suffisante dans les différentes phases de sa longue et fertile carrière. Documents inédits ou publiés, sources contemporaines et contributions postérieures doivent faire ici l'objet d'un exposé que je voudrais faire plus court. I. — SOURCES CONTEMPORAINES A. — Sources inédites.1° Archives nationales. Les archivistes ont bien voulu m'accorder des facilités assez rares et se faire mes guides à travers cette série F7 (les archives de la police), dans ces milliers de cartons non catalogués et peu connus, me permettant en outre d'user, pour m'éclairer, des vénérables fiches individuelles qui sont encore celles de la police des Fouché et des Savary. MM. de Vaissière et Georges Daumet se sont faits ainsi mes meilleurs collaborateurs, et je me reprocherais de ne pas les en remercier ici une fois de plus. La SÉRIE F7 m'a fourni deux ordres principaux de documents : les bulletins de police et les cartons individuels dits Affaires politiques. Bulletins de police. — Nous disons ailleurs ce qu'était ce bulletin adressé chaque soir à l'Empereur par Fouché, et il suffira de se reporter à ce chapitre pour se rendre compte de tout ce que cette source de renseignements a d'inappréciable. Mais ces documents ont pour nous un autre intérêt : c'est Fouché qui est l'auteur de ce bulletin ; à ce qu'il dit et à ce qu'il cache, on pénètre aisément ses sentiments, ses desseins, sa politique. Le lecteur appréciera d'après nos notes tout ce que nous a fourni cette inestimable source. Quoi qu'en ait dit très légèrement M. Thiers, les bulletins de police n'ont pas été détruits par Fouché, affirmation, du reste, insensée. La série F7 nous en présente deux types : les Minutes F7 3704-3730 et les Bulletins mis au net, F7 3746-3766. Les Minutes sont corrigées de la main de Fouché, c'est en dire tout l'intérêt : les suppressions et les ratures y sont parfois caractéristiques : les Bulletins au net permettent de remédier à certaines lacunes, car il arrive parfois que, dans l'une ou l'autre série, des cartons se sont égarés ou ont été détruits : des semestres entiers manquent parfois. - Les deux séries se complètent alors. Nous verrons tout à l'heure qu'une troisième série de ces bulletins existe à la secrétairerie d'État. Les Rapports de la préfecture de police, 3832-3834 et 3846-3851, sont d'autant plus intéressants à consulter que le préfet de police Dubois n'avait ni les mêmes idées ni les mêmes intérêts que Fouché, et que l'aspect de ses rapports n'est nullement celui des bulletins de son ministre. Affaires politiques. — Le nombre des cartons de cette série est énorme, un millier au bas mot. Les fiches individuelles nous ont permis de nous y guider. Les principaux dossiers consultés sont ceux d'Ouvrard (6554, 6960), Rumbold (6448-6453), Alexis de Noailles (6538, 6817, 6882), Bourmont (6232), Montgaillard (6279), Lahorie (6400), Bourrienne à Hambourg (6485, 6588), d'André (6371), de la Ferronnays (6458), le général Malet (6499-6501), Fauche-Borel (6152, 6319, 6478, 6598), de Puisaye, Prigent, Chateaubriand (6480-6482), de Polignac (6403), Martelli (6479), Dumouriez (6171, 6488), Thurot (6542), Montrond (6540), Kolb (6540), Hyde de Neuville (6245-6251), Dubuc et Rosselin (6549), Malouet (4379), Babey (4229), Contades (4347), Jay (4229, 4379), Thornton (6412, 6423, 6479, 6484), Mathieu de Montmorency (6484, 6569), Sorbi (6465, 6519, 6526), général Guidal (6381, 6386, 6456), Jullian (6140, 6800), Mme de Genlis (6521), le dossier de l'affaire dite des Plombs (6356-6358), de l'affaire dite des Troubles de l'Ouest en 1809 (6356), les dossiers de la duchesse d'Otrante (6902), celui de Fouché dont nous parlions tout à l'heure (6549, dossier 2055), mince résidu d'un carton plus bourré, etc., etc., etc. Citons encore comme sources consultées dans la même série les Dossiers des commissaires généraux de police, F7 7015-7019, les cartons relatifs à l'Organisation et à l'administration du Ministère de la Police, F7 3224-3226, et aux Commissaires généraux et spéciaux, F7 6342-6353. LA SÉRIE AF a été la plus consultée après la série F7. La publication faite d'une façon si complète par M. A. Aulard des actes du Comité de salut public dont nous parlons plus bas, nous épargnait l'étude du fonds si précieux constitué dans la série AF (Comité de salut public) par la correspondance des représentants en mission : toutes les missions de Fouché à Nantes, Troyes, Dijon, Nevers, Moulins et Lyon sont là. En revanche, la série AFIII (secrétairerie d'État, du Directoire) reste en grande partie inexplorée et dans tous les cas inédite, M. Debidour, chargé, si nous ne nous trompons, de la publication des séances du Directoire, n'ayant pas encore terminé cette publication si attendue. Cette série AFIII nous a fourni deux ordres de documents : les uns sont relatifs aux missions diplomatiques de Fouché en Cisalpine (AFIII 71, dossier 290) et en Hollande (AFIII 70, dossiers 283-287), les autres à son ministère sous le Directoire : ce sont les Procès-verbaux des séances du Directoire (AFIII 15, 17), les Délibérations du Directoire relatives à la police générale (AFIII 148), les Lettres adressées au ministre de police par le Directoire (AFIII 145), les Rapports du ministre de la police (AFIII 47) et les Dépenses des ministres (AFIII 118, 119). — Mais naturellement la série AFIV (secrétairerie de l'Empire) devait nous fournir plus ample matière encore. Nous pourrions grouper en deux catégories les documents de la série AFIV employés : 1° ceux relatifs à l'administration de Fouché à la police ; 2° ceux relatifs à la personnalité de Fouché de 1799 à 1814. — Les Feuilles de travail des ministres avec le Premier Consul et l'Empereur (AFIV 925-971), la Correspondance du ministre de la police avec l'Empereur (AFIV 1043), les Budgets des ministères (1244-1247), les Rapports de la préfecture (1329) et du ministère de la police (1535-1555), le Répertoire chronologique des actes de la police (AFIVa 383), les Affaires diverses de la police (AFIV 1302, I-82), carton très important, notamment en ce qui concerne la chute du ministre, et enfin les Bulletins de police, troisième série (AFIV 1489-1508), qui contiennent, outre le bulletin de la série F7 déjà mentionné, des notes émanant personnellement du ministre, souvent autographes et du plus haut intérêt pour l'histoire du ministère de Fouché, car celui-ci s'y défend près de l'Empereur contre les attaques dont il est l'objet. A ce point de vue, ces bulletins rentrent bien dans la seconde catégorie. Dans celle-ci je range la correspondance des collègues de Fouché, notamment les ministres de la Guerre, de la Marine et de l'Intérieur, et les Rapports de Fouché comme ministre de l'Intérieur (AFIV 1046, 1049, 1050, 1051, 1056, 1058, 1064, 1060, 1066, 1095, 1096, 1100, 1192), le carton consacré à l'Affaire Ouvrard et Labouchère (AFIV 1674), et relativement aux différentes missions de Fouché en 1813 et 1814, la Correspondance de Murat (AFIV 1674), d'Élisa, grande-duchesse de Toscane (AFIV 1716), et du duc d'Otrante lui-même, gouverneur général des provinces illyriennes (AFIV 1716). Les Décrets manuscrits, formant une partie spéciale de la série AFIV, nous ont initié aux dotations du ministre. Diverses séries. — Les SÉRIES M et MM, où se trouvent les archives de l'ancien Oratoire, nous ont permis de reconstituer le curriculum vitæ du confrère Fouché, de l'Oratoire, particulièrement les cartons et registres M 221, 228. 230, et MM 592, 597, 609, 617. — Enfin les cartons F1a 550 (Correspondance des agents du pouvoir exécutif en 1793), CII 1-76 et ADXVIIIb (Procès-verbaux des élections à la Convention), C 251, 265 (Procès-verbaux de la Convention), nous l'ont fait suivre à la Convention. — Les autographes de la série Autographes et de la série AA nous en ont livré plusieurs lettres que nous avons pu utiliser avec profit pour différents chapitres de cette existence si variée. 2° Bibliothèque nationale. Manuscrits. Ce sont encore des lettres intéressantes de Fouché que nous avons pu consulter avec fruit dans les Manuscrits Fr. 11288, 12762-12765, N. A. Fr. 31, 323, 1301, 1309, 3087, 3572, 5214, 5215. 3° Archives du ministère des Affaires étrangères. C'est naturellement sur les missions diplomatiques de Fouché en Cisalpine et en Hollande (1798-1799), en Illyrie (1813), en Italie (1813-1814), en Saxe (1815), et sur son exil, que nous avons trouvé aux Affaires étrangères les documents les plus importants : ils sont capitaux. — Lombardie, Correspondance 56, — Hollande, Correspondance 602, — Naples, Correspondance 139-140 et Supplément 7, — Autriche (prov. illyriennes) 55, — Saxe 85, — Vienne 401-402[2]. Mais sur la biographie générale citons comme ayant été employés les volumes suivants : la Correspondance du comte d'Hauterive (660), Circulaires de Fouché (1772), Négociation Ouvrard (1780), Autriche (382, 383, 385), et dans les Mémoires et documents 1794, France et Bonaparte, — 346 France, Affaires intérieures, — 681 France et divers États, — 1801-1802 Lettres diverses. 4° Archives départementales. a) LOIRE-INFÉRIEURE. Archives municipales du Pellerin, Registres paroissiaux. — Archives départementales. Révolution. Série L. Instruction publique. — Détails intéressants sur l'origine de Fouché et son administration au collège de Nantes en 1791-1792. b) ALLIER. Arrêtés de Fouché, représentant du peuple ; sa correspondance avec le Comité de surveillance de Moulins. c) NIÈVRE. Délibération du directoire du département avec la mention Le représentant du peuple approuve... signé Fouché. d) RHÔNE. Arrêtés divers. En réalité, les manuscrits relatifs à la mission de Fouché àLyon se trouvent dans la Collection Coste acquise par la Bibliothèque de Lyon. (Cf. Vingtrinier. Bibliothèque lyonnaise de M. Coste, 1853.) 5° Archives étrangères. Un chapitre spécial de la vie de Fouché, son gouvernement des provinces illyriennes, a exigé des recherches assez longues dans les archives des anciennes provinces illyriennes. La grande obligeance des fonctionnaires impériaux nous a ouvert les dépôts, simples annexes des bureaux de l'administration, encore mal connus et mal organisés, mais riches en pièces de tout ordre sur la domination française en Illyrie. a) Trieste. Archives du gouvernement. Dossiers, Polizei, série A et B. — Arrest. C2. b) Laybach. Registrature du Rathaus. — Politica, LXXIII, LXXX, LXXXIV et XCIV. c) Bibliothèque de Trieste. Manuscrits. d) Bibliothèque Rudolphinum de Laybach. Manuscrits. A Milan, au cours de recherches, du reste infructueuses, sur la mission de Fouché en Cisalpine, nous avons également pu suivre le personnage en Illyrie, grâce à la correspondance des consuls italiens en Illyrie en 1813 (Archives, divisione II, busta 474). Les Manuscrits de la Bibliothèque Ambrosienne à Milan nous ont fourni deux journaux remplis d'intéressants détails sur la mission de 1798, le Giornale de Marelli et le Diario de Minola, tandis que dans la Bibliothèque Storia Patria de Naples, un Diario manuscrit et anonyme nous donnait quelques détails sur le séjour de Fouché en Italie en 1814 (Diario, 1798-1815, vol. 117). Enfin M. le professeur Wertheimer a bien voulu faire copier pour moi quelques pièces curieuses des Archives du ministère de l'Intérieur et des Archives de l'État à Vienne concernant les dernières années de Fouché (1815-1820). 6° Papiers inédits. a) Dossier Gaillard. — Le lecteur s'apercevra vite que si les dépôts d'archives nous ont fourni un nombre assez considérable de pièces inédites, une autre source de documents inconnus nous avait été ouverte. J'ai dit que Fouché n'avait jamais quitté le ministère en 1802, 1810 et 1815, sans emporter par devers lui un nombre considérable de pièces destinées à le défendre, au besoin, contre les attaques, à le justifier de certaines accusations, à le venger des trahisons et surtout — car c'était là sa principale préoccupation — à le dégager des responsabilités trop lourdes que l'Empereur n'hésitait pas à faire peser sur ses serviteurs disgraciés. Des faits que nous citerons an cours de cette étude nous avaient prouvé la réalité de ses rafles. Qu'étaient devenus ces papiers ? L'histoire des papiers de Fouché est curieuse — Nous verrons qu'il en fit brûler en 1810 en quittant le ministère et en 1820 la veille de sa mort : ces autodafés durent singulièrement diminuer la collection. On eût pu penser qu'il l'avait même anéantie. — M. le duc A. d'Otrante, auprès duquel S. E. M. Due, alors ministre de Suède en France, son parent, a bien voulu en 1894 faire en mon nom une démarche dont je saisis l'occasion de le remercier, m'a fait déclarer qu'il n'avait entre les mains aucune pièce d'un intérêt historique concernant son aïeul : les quelques documents de valeur avaient été confiés en 1824 à l'avocat qui défendit les intérêts de la famille dans le procès que souleva la publication des Mémoires de Fouché ; la famille les avait perdus de vue, et ils avaient été oubliés et dispersés ; l'homme d'affaires de M. le duc d'Otrante, M. Richardière, m'a confirmé ces déclarations. J'ai dû m'incliner. — Il était, du reste, possible que l'ancien ministre eût confié en 1815 ses papiers à un ami sûr : Barère (Mém., IV, p. 24) l'affirmait, ajoutant que cet ami était juge à la cour royale. Cette circonstance nie donna l'éveil : Fouché avait un ami très fidèle, M. Gaillard, ex-oratorien comme lui. Avait-il été le dépositaire Au moment où je me posais la question, on me mettait sur la trace d'un dossier de pièces provenant du cabinet de Fouché. Ce dossier était bien entre les mains et la propriété de M. Gaillard, petit-fils de l'ancien ami de Fouché. J'ai pu, un an durant, avoir entre les mains ces importantes liasses, grâce à l'obligeance de M. E. Plantet et à celle de mon ami le baron A. Lumbroso, le collectionneur napoléonien bien connu, qui s'est fait l'acquéreur de ces précieux documents. En réalité, ce dossier, qui contient 150 pièces relatives à la vie publique de Fouché de 1799 à 1820, et auquel est jointe une importante correspondance autographe du duc d'Otrante avec Gaillard de 1815 à 1820, n'est que le résidu de trois cartons que le ministre disgracié avait en 1815 laissés réellement entre les mains de M. Gaillard. — J'ai parlé ailleurs de ce dossier, de son histoire et de sa valeur (Revue la Révolution française, 14 janvier 1898). Je n'y reviens donc pas, et je renvoie le lecteur à cet article. Depuis, avec la conscience qui le caractérise, M. le baron Lumbroso, toujours prêt à faire profiter autrui de sa riche collection, a dressé un inventaire très complet du dossier auquel je renvoie le lecteur (Le portefeuille de Fouché. Miscellanea Napoleonica du baron Lumbroso. Série V). — On jugera par cet inventaire de la valeur générale de ces documents, mais surtout de l'intérêt capital qu'ils présentaient pour le biographe de Fouché. b) Collections d'autographes. — Les lettres de Fouché dont je prépare une édition sont très nombreuses : elles sont fort dispersées. En dehors des lettres officielles que nous fournissent en grand nombre les Archives nationales, j'ai pu en quelques années en réunir trois cents. Les Revues d'autographes en ont beaucoup publié ou signalé, le personnage ayant toujours intéressé ; les manuscrits de la Bibliothèque nationale, le dossier Gaillard, les archives des Affaires étrangères m'en ont beaucoup fourni, et M. Bardoux en a publié un curieux recueil en appendice à son intéressante biographie de Mme de Custine. La collection Charavay m'a été ouverte toute grande par le regretté Étienne Charavay, et notamment une correspondance intéressante de Thibaudeau et de Fouché de 1804 à 1817, tandis que M. Noël Charavay avait l'obligeance de me donner communication des autographes de Fouché alors en sa possession, particulièrement quatre ou cinq lettres de Fouché à Barras, dans les premières années du Directoire. M. le chevalier Fischer von Rosterstam (de Gratz) m'a communiqué de sa riche collection les lettres de Fouché à Elisa et à Murat ; M. A. Lumbroso m'a prodigué tous les trésors de sa collection, bien tôt la plus riche en documents napoléoniens, et enfin Mme Riom (de Nantes), petite-nièce de Fouché, a bien voulu non seulement dans trois lettres consécutives me communiquer d'intéressants détails sur sa famille, l'origine et l'enfance de Fouché, mais m'adresser quelques lettres de celui-ci et de sa femme, documents intimes précieux à consulter. B. — Sources publiées.Ces documents inédits sont loin de constituer les seules sources contemporaines que nous ayons eu à consulter et a employer. Le mouvement scientifique qui a amené au jour depuis quinze ans tant de documents de l'époque de la Révolution et de l'Empire, sans me dispenser, lorsque l'occasion s'en présentait, de tout contrôle, m'épargnait dans les pièces originales mi long travail inutile. Au surplus, beaucoup de pièces, émanant par exemple de Fouché lui-même, avaient été publiées dès l'époque. Citons les principales : Réflexions de M. Joseph Fouché de Nantes sur le jugement de Louis Capet. 1793, in-8°. Réflexions de Fouché de Nantes, représentant du peuple, sur l'éducation publique. 1793. Rapport des commissaires de la Convention nationale dans les départemens de la Loire-Inférieure. Paris, Imprimerie nationale, 1793. Rapport de Fouché (de Nantes), envoyé dans les départemens de la Mayenne et de la Loire-Inférieure. 1793. Le représentant du peuple député par la Convention nationale dans les départemens du Centre aux citoyens du département de l'Aube. Troyes, 1793. Lettres de Fouché de Nantes, représentant en mission
dans les départemens du Centre et de l'Ouest (Moniteur,
réimpression, XIV, 796 ; XVI, II ; XVII, 23 ; XVIII, 137, 172, 313, 318, 430,
491, 505, 564, 680 ; XIX, 37, 43, 502, 553, 705 ; XX, 104, 195, 473, 474). Recueil des arrêtés pris depuis le 2 brumaire jusqu'au 15 frimaire par les représentants du peuple envoyés à Commune-Affranchie. — A Commune-Affranchie, de l'imprimerie républicaine des représentans du peuple, an II de la République. Rapport de Fouché (de Nantes) sur la situation de Commune-Affranchie. Paris, 6 germinal an II (1794). Supplément aux rapports de Fouché (de Nantes) sur les diverses missions qu'il a remplies. Imprimerie nationale, pluviôse an III (1795). Réflexions de Fouché de Nantes sur les calomnies répandues contre lui, imprimées par ordre de la Convention. Imprimerie nationale, prairial an III (1795). Première lettre de Fouché de Nantes à la Convention nationale. Paris, Laurens aîné, 1795. Le ministre de la Police générale aux citoyens français. Thermidor an VII. (Placard.) Imprimerie nationale, 1799. Rapports divers au Moniteur, 1799 à 1810 et en 1815. Rapport fait à l'Empereur par le duc d'Otrante, ministre de la Police générale, imprimé par ordre de la Chambre, 17 juin 1815. Correspondance du duc d'Otrante avec le duc de *** (Wellington). Leipzig, 1816. Portefeuille de Fouché, Lettres à Napoléon, 1821. Mémoires de M. Fouché, duc d'Otrante, contenant sa correspondance avec Napoléon, Murat, le comte d'Artois, le duc de Wellington, le prince Blücher, S. M. Louis XVIII, le comte Blacas, etc., etc., 1819. Matériaux pour servir à la vie de J. Fouché, dit le duc d'Otrante. Paris, 1821. Cet ouvrage a été très contesté ; c'est un recueil de pièces intéressant Fouché de 1790 à 1816, qui, à certains égards, semble avoir été préparé par des amis de l'ancien ministre : beaucoup de pièces publiées sont connues ; d'autres, comme la profession de foi de Fouché, candidat en 1792, et sa lettre à Condorcet en 1792, ne se retrouvent pas ; mais le style de Fouché y apparaît d'une façon tellement nette que, pour le biographe du personnage, habitué à sa phraséologie très particulière, il ne peut y avoir de doute sur l'authenticité de ces documents. Parmi les publications de documents contemporains plus particulièrement employés dans cette étude, citons au premier rang : 1° Le Recueil des séances du Comité de salut public, par M. Aulard, dont la si parfaite ordonnance facilite singulièrement les recherches et dont la valeur est capitale ; nous en aurons dit assez lorsque nous aurons rappelé que les soixante-cinq lettres de Fouché à la Convention et au Comité du 21 mars 1793 au 21 ventôse an II, dont une vingtaine à peine étaient déjà publiées, se retrouvent dans ce recueil, permettant presque de suivre jour pour jour l'existence du représentant en mission pendant l'année la plus intéressante de sa vie. 2° La Correspondance de Napoléon Ier (Paris, 1858-1869), et plus encore les deux volumes de Lettres de Napoléon, publiées par M. Lecestre (Paris, 1897), et celui de M. Debrotonne (Paris, 1898), volumes dans lesquels se retrouvent principalement les lettres si caractéristiques de l'Empereur à son ministre de police, jugées trop compromettantes par la commission de 1858. 3° Les Procès-verbaux du Comité d'Instruction publique de la Convention nationale, publiés par .1. Guillaume, 1893 -1897. 4° Les Négociations du Concordat, par M. Boulay de la Meurthe. 5° Le Recueil des dépêches du feld-maréchal Wellington, par Gurvood, Bruxelles, 1843. 6° Les Rapports de police du baron Angles, en 1814-1815 (Firmin Didot. Royauté ou Empire. Paris, 1898). 7° Les Dépêches des ambassadeurs prussiens à Paris sous le Directoire et le Consulat, dans Bailleu, Preussen und Franckreich, 1795-1807 (Leipzig, 1881-1887). Parmi les correspondances contemporaines publiées depuis et utilisées ici : celle de Fouché avec sa famille (Caillé, J. Fouché d'après une correspondance privée inédite, Vannes, 1893), du duc d'Otrante avec la marquise de Custine (Bardoux, Madame de Custine, Paris, 1888), du maréchal Davout (Correspondance inédite, par Mme la comtesse de Blocqueville, Paris, 1887), du comte de Maistre (Correspondance diplomatique publiée par M. Blanc, 1860, Vincenzo Monti), de Talleyrand (Correspondance avec Louis XVIII, publiée par M. Pallain), de Pozzo di Borgo (Correspondance diplomatique, 1890), de Metternich (Mémoires du prince, contenant sa Correspondance), de Mme de Rémusat, de l'abbé Detorcy sur les derniers rapports de l'Église constitutionnelle avec Fouché (Correspondance publiée par Jovy, Vitry-le-François, 1898) ; les Lettres de Fiévée à Napoléon, 1802-1815 (Paris, 1837). Parmi les sources contemporaines imprimées, il faut aussi compter les journaux de l'époque : nous ne pouvons citer ici tous ceux que le rôle immense de Fouché de 1792 à 1820 nous a amené à consulter ; citons simplement pour mémoire, en soulignant les plus employés : le Moniteur. Réimpression 1789-1799, Plon, 1847-1858, et le Moniteur 1799-1815, source de premier ordre pour toute la vie publique et officielle du conventionnel comme du ministre. — Les Affiches de Nantes, 1793. — Les Antiennes républicaines de Milan, 1793. — L'Aristarque, 1815. — Le Censore de Milan, 1798. — La Chronique de la Loire-Inférieure, 1790-1793. — Le Conservateur impartial, 1815-1816. L'Écho de Paimbœuf, 1792. — Effemeride republicane, Milan, 1798. — La Gazzetta nazionale de Milan, 1798. La Gazzetta Toscana et uuiversale, de Florence, 1813-1814. — Giornale del departemento dell' Arno, 1813-1814. — L'Indépendant, 1815. — Le Journal du département de l'Aube, 1793. — Journal de la correspondance de Nantes, 1792. Journal des hommes libres, 1799-1802. — Le Journal universel (de Gand), 1815. — Le Journal du Lys, 1815. — Le Mercure britannique de Londres, 1798-1810. — Le Moniteur secret, ou Chronique scandaleuse de la cour de Napoléon, 1836. — Le Monitore delle Due Sicile, 1813-1814. — Le Nain jaune, 1815-1816. — L'Osservatore Triestino, 1813-1820. — Le Paris, 1795-1802, de Peltier, à Londres, et l'Ambigu, 1804-1816. — Le Patriote de 89, 1815. — Le Quotidiano Veneto, 1814. — Le Spectateur français de Hambourg, 1797-1802. — Le Termometro politico de Milan, 1798. — Le Télégraphe illyrien, 1812-1813. II. — SOURCES POSTÉRIEURES On m'a conseillé de livrer au lecteur la liste des ouvrages de seconde main, histoires générales, monographies, biographies, mémoires, qui ont servi à la confection de ce volume. Le lecteur, en se reportant aux très nombreuses références semées au bas des pages de cet ouvrage, se rendra compte de ce que l'entreprise aurait de fastidieux et, pour le dire, d'inutile. Ces six ou sept cents volumes formeraient une liste trop longue dans cette introduction déjà trop développée ; je me contenterai donc de citer ici les principaux ouvrages employés : 1° les mémoires, 2° les ouvrages spéciaux sur Fouché, 3° les œuvres diverses le plus fréquemment employées. a) Mémoires. — Je n'ai pas à revenir ici sur les questions de critique assez graves que soulève la publication des Mémoires de l'époque impériale. Qu'il s'agisse de toute la série des Mémoires parus par exemple entre 1820 et 1858 ou de ceux que depuis dix ans la vogue a fait sortir de tous les tiroirs de familles, des doutes assez sérieux se sont élevés sur l'authenticité de ces échos du passé. — J'ai eu l'occasion d'examiner la question à propos des Mémoires de Fouché, en ce qui concerne les souvenirs parus après 1820. —Je n'ai pu examiner la question à fond, en ce qui concerne, par exemple, Bourrienne et la duchesse d'Abrantès, que j'ai cependant employés, lorsque leurs affirmations se trouvaient toujours corroborées par des textes, ce qui, entre parenthèses, est un argument eu faveur de leur véracité. Mais, en ce qui concerne les Mémoires de Fouché, une étude très attentive, une comparaison constante avec les lettres et pièces d'archives, et beaucoup de circonstances, jusqu'ici mal connues, m'ont permis, en dépit d'un arrêt de justice, d'attribuer à Fouché sinon la confection, du moins l'inspiration et la composition première de ce livre controversé. J'examine ailleurs plus à fond cette question de critique qu'il fallait tout au moins indiquer ici[3] : j'ajouterai que la circonspection avec laquelle j'ai cru devoir me servir de ce texte m'a suivi dans l'étude et l'emploi des Mémoires en général, et que, même lorsque l'authenticité ne pouvait en être contestée, je n'en ai généralement accepté les affirmations que sous bénéfice d'inventaire ; on remarquera quelle place singulièrement plus importante j'ai donnée aux sources épistolaires. Ceci dit, je citerai parmi les Mémoires employés[4] : Les Mémoires de Joseph Fouché, duc d'Otrante, Paris, Lerouge, 1824 ; les Mémoires et Souvenirs de la duchesse d'Abrantès, d'Arnault, de Bausset, de Barras, de Barère, de Barante, du général Bellaire, du comte Berlier, de Beugnot, de Blanchard (de Nantes) (Revue de la Révolution, 2e année, 2e semestre), du duc de Broglie, de Caulaincourt, de Carnot (par son fils), le Journal de Catherine de Westphalie, le Journal du maréchal de Castellane, t. I ; les Mémoires ou Souvenirs de Champagny, de Mme de Chastenay, de Chaptal, de Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe), du Cardinal Consalvi, du général Coletta, de Benj. Constant (sur les Cent-Jours), de Desmarest, ancien chef de la police secrète (Témoignages historiques, dont une nouvelle édition excellente eu tous points vient de nous être donnée par M. A. Savine, 1900) ; de Dumouriez, de Fauche-Borel, 1829 (très contestés), de Fabre de l'Aude (Histoire du Directoire, équivalant à des Mémoires, 1832), du comte Ferrand, de Fleury de Chaboulon, le Journal et Souvenirs de Stanislas de Girardin, les Mémoires de l'ex-directeur Gohier, le Journal de Gourgaud (paru récemment, 1899), les Souvenirs de Guillon de Montléon (sur Lyon en 1794), de Guizot, de Hyde de Neuville, de l'ex-policier Jullian, 1815 ; de Larevellière-Lépeaux, de La Valette, de La Fayette, de Lacretelle (Dix années pendant la Révolution, 1842), de Larue (Histoire du 18 Fructidor, 1895), de Lecouteulx de Canteleu, de Malouet, de l'agent Macirone (surtout pour les événements de juin-juillet 1815), de Macdonald, de Metternich, de Méneval, de Mollien, de Montgaillard, de Molé (Revue de la Révolution, XI), de Réal (Indiscrétions, par Musnier-Desclozeaux, 1833, véritables Mémoires du célèbre collaborateur de Fouché à la police), de Nolhac (sur Lyon en 1793-1794), de Norvins (Fouché à Rome, Revue de Paris, septembre-octobre 1838) ; — Souvenirs personnels de Nodier (sur le séjour de Fouché en Illyrie), d'Ouvrard, du chancelier Pasquier, de Pignatelli-Strongoli, de Planat de la Faye (Correspondance et Souvenirs), de Pontécoulant, de Pons de l'Hérault, de Rapp, de Mme Récamier (Souvenirs et Correspondance, 1860), de Mme de Rémusat, du marquis de Rivière, de Charlotte Robespierre, de Rochechouart, de Rœderer, de Savary de Rovigo, d'Ida de Saint-Elme (Mémoires d'une contemporaine), du général de Ségur, de Mme de Staël (Dix ans d'exil), de Talleyrand, de Thibaudeau (Mémoires et Histoire du Consulat et de l'Empire), de Trouvé (Quelques éclaircissements sur la République Cisalpine), de Vitrolles, de Villèle, etc.[5]. b) Ouvrages spéciaux sur Fouché. — La bibliographie personnelle de Fouché est assez courte : aucun ouvrage d'ensemble n'a été écrit à aucune époque sur ce personnage : beaucoup de pamphlets et quelques articles biographiques plus ou moins longs avant l'essai du comte de Martel. Macédoine révolutionnaire (pamphlet). Article FOUCHÉ. 1815. Liébaud du Jura. Quelques mots sur deux ex-ministres (Talleyrand et Fouché), 1815. Gueau de Reverseaux. Rapport présenté au roi le 15 août, attribué à M. le duc d'Otrante. — Discussion en regard, 1815. Mandar. Notice biographique sur le général Carnot et le duc d'Otrante, 1815. Sept mois de la vie de Fouché de Nantes, 1793-1794. 1816. Sérieys. Fouché de Nantes (pamphlet), 1816. De Massacré. Du Ministère (Talleyrand-Fouché), 1815. Mémoire sur Fouché de Nantes, par un Anglais, 1816. Aus dem Leben J. Fouché's, Herzog von Otranto ; extrait des Zeitgenossen ; Leipzig, 1816. Le duc d'Otrante. Mémoires écrits à Linz par M. F... Paris, 1820. Vie de Fouché de Nantes depuis son entrée à la Convention jusqu'à sa mort. Paris, 1821. Mahut, art. FOUCHÉ, Annuaire nécrologique, année 1820. Daubman, Les Mémoires de Fouché, 1825. Saint-Edme, Biographie des ministres de la police, article FOUCHÉ (très long). Biographie des ministres français depuis 1789, Bruxelles, 1826 (article long et très favorable sur Fouché). Biographie conventionnelle (Petite). Art. FOUCHÉ. Biographie bretonne de Levot. Art. FOUCHÉ. Articles FOUCHÉ dans les biographies Michaud, Didot, la Biographie universelle des contemporains, la Biographie nouvelle des contemporains, dans la Grande Encyclopédie (art. de M. Aulard). De Martel (comte). Fouché, 1792-1794, 2 vol., 1870 ; M. Thiers et les historiens fantaisistes, 3 vol. M. le comte de Martel a, en 1869, entrepris une biographie de Fouché et a, pour ce faire, amassé une masse considérable de documents. Mais M. de Martel s'est jeté au sujet de Fouché en de si longues et si multiples digressions qu'il n'a eu le temps de publier que quelques épisodes de sa vie : ses missions de l'an II, et quatre ou cinq chapitres épars, sous forme d'articles détachés sur l'attentat de nivôse an IX, la paix d'Amiens, la conjuration de Georges, la descente des Anglais à Walcheren, la disgrâce de Fouché, qui n'ont même pas la valeur d'une œuvre historique ; mais on y trouve beaucoup de pièces extraites soit des Archives nationales, des archives de Nevers, Moulins, Lyon, du British Museum, du Record et du Foreign Office, etc. Je serais ingrat de ne pas louer une œuvre qui m'a facilité plus d'une recherche, mais qui, arrêtée en outre par la maladie de son auteur, se présente plutôt comme un recueil de pièces que comme une œuvre historique. En ce qui concerne enfin les ouvrages que nous avons consultés sur les différents épisodes de la vie de Fouché, on en trouvera l'indication dans nos références[6]. Il ne me reste plus qu'une tâche toujours agréable, celle d'exprimer ma gratitude à ceux qui, à un titre ou à un autre, se sont associés à cette œuvre : la bienveillante sollicitude des maîtres les plus éminents ne m'a pas fait défaut un instant, et c'est bien sincèrement que je remercie MM. Aulard, Ernest Daudet, Debidour, Henry Houssaye, Frédéric Masson, Victorien Sardou, Albert Vandal, Wertheimer, Welschinger de leurs conseils et de leurs encouragements ; les collectionneurs aussi qui m'ont ouvert leurs archives et m'ont guidé de leurs conseils ont droit à toute ma reconnaissance : MM. Fischer de Roslerstam, Noël Charavay, Picquée, le vicomte de Grouchy et, au premier rang de tous, le baron Albert Lumbroso. Mes remerciements doivent aller également à M. Puybaraud, qui m'a, dans une longue et si intéressante causerie à la préfecture de police, initié au fonctionnement des services de la police ; à S. E. M. Due, ancien ministre de Suède à Paris, qui s'est entremis avec une extrême bonne grâce près du duc d'Otrante ; à M. Plantet, ancien attaché au ministère des Affaires étrangères, qui a contribué plus que personne à mue faire communiquer les papiers de Gaillard et ceux du général de Miollis ; à MM. les fonctionnaires autrichiens qui ont mis au service de mes recherches dans les anciennes provinces illyriennes la courtoisie traditionnelle de leur administration : M. Von Rinaldini, gouverneur de Trieste ; M. le baron Hähn, gouverneur de Carniole, M. Andrea Hortis, député et bibliothécaire communal de Trieste ; M. de Krekich Strassoldo, commissaire à Trieste ; M. le baron Schönberger, de Laybach ; à MM. les archivistes de la Loire-Inférieure, de l'Allier, de la Nièvre ; à M. Rigaud, archiviste au ministère des Affaires étrangères ; à M. Riat, bibliothécaire au département des Estampes à la Bibliothèque nationale, et enfin à MM. de Vaissière et Daumet, archivistes aux Archives nationales, qui ont participé plus que personne à la préparation de cet ouvrage. Que tous agréent ici l'expression de ma vive reconnaissance ceux que j'ai nominés et tous ceux aussi, si nombreux, qui m'ont, au cours de ce travail de six ans, spontanément adressé de précieux renseignements et d'utiles conseils. Ils auront tous ainsi, à des titres divers, été les collaborateurs d'une œuvre que son modeste auteur présente dès lors avec moins d'appréhension au public. Louis MADELIN 28 juin 1900 |
[1] Les romanciers ont toujours été plus favorables à Fouché que les historiens. Pour n'en citer que quelques exemples, un roman assez inconnu de M. A. Adhibert, intitulé Trievenor, mettait en scène un Fouché un peu analogue à celui de M. Sardou, et M. Georges Ohnet, dans son drame le Colonel Roquebrune, ne semble pas avoir voulu mériter à Fouché les sifflets du parterre. Dans une très vieille pièce que l'acteur Torelli a récemment ressuscitée à Paris, Michel Perrin, de Duveyrier, jouée en 1834, il y a mieux : Fouché y joue le rôle de Providence : il y est sympathique presque sans restrictions.
[2] Citons en outre aux mêmes Archives : — Espagne. Supplément 17.328 et 329. Documents employés dans la 2e édition.
[3] La Révolution française, 14 septembre 1900.
[4] Je souligne (en italique) ceux que j'ai le plus couramment employés et dans lesquels j'ai le plus de foi.
[5] Il faut ajouter à ces Mémoires deux documents inédits : les Mémoires manuscrits de l'ex-oratorien Gaillard, que j'ai beaucoup employés du commencement à la fin, et ceux du général de Miollis. Je remercie ici les familles Gaillard et de Miollis.
[6] J'ai, dans la préface jointe à la première édition, indiqué une cinquantaine d'ouvrages qui m'avaient été particulièrement utiles. J'y renvoie.