Telle que la donnent
Manéthon et les Auteurs Grecs. Formée tout entière de traits divers de celle
de Nabuchodonosor.
Amasis, Ahmosis dans Manéthon. L’Histoire véritable des temps fabuleux a fait connaître ce
qu’était le long et brillant règne que Manéthon et Hérodote donnent à Amasis.
Parmi les emprunts faits aux Livres Hébreux, celui-ci est un des plus
remarquables par le nombre et la singularité des rapprochements, plus
frappants les uns que les autres. Il en résulte que l’histoire du successeur
d’Apriès ne se compose que de traits tirés de celle du roi de Babylone,
Nabuchodonosor, le véritable vainqueur d’Apriès, le véritable conquérant de
l’Égypte ; que son règne n’est que celui du grand Nabuchodonosor et de ses
successeurs en Égypte après la conquête ; que ce règne n’a été introduit dans
les récits des Égyptiens, et ne s’y prolonge si longtemps, que pour remplir
l’intervalle entre la fin du dernier roi national qu’ait eu l’Égypte, et
l’occupation de ce pays par les Perses. Ce n’est pas qu’au temps de la
décadence de l’empire Babylonien, il n’ait pu y avoir en Égypte, comme il y
en eut sous la domination des Perses, quelques chefs plus hardis ou plus
accrédités, qui, profitant des circonstances, aient secoué le joug et pris le
titre de rois : mais les monuments en donnassent-ils la preuve ainsi qu’on
l’annonce, nommassent-ils même le roi Amasis, la durée et les actions de son
règne n’en seraient pas plus sûres. Quoique Apriès ait véritablement régné, son
histoire, dans les Auteurs profanes, n’est pas d’un autre genre que celle
qu’ils nous donnent de son successeur. Leur Apriès, ou Vaphris,
est l’Ephrée des Livres saints : la guerre qu’il soutient contre Amasis
révolté, sa défaite, sa mort, les traits les plus bizarres de la narration
d’Hérodote, n’offrent qu’un travestissement continu de traits divers du récit
de l’Écriture, sur l’irruption des Chaldéens en Égypte, la victoire de
Nabuchodonosor sur Ephrée, la mort de ce prince, la dévastation entière du
pays, et le renversement final de la monarchie des Pharaons. Les deux travestissements dont nous venons de
parler terminent les recherches de Guérin du Rocher. Dans un ouvrage destiné
à faire suite au sien, nous avons été obligé de
revenir sur la chute d’Apriès, vaincu par Nabuchodonosor, parce qu’elle se
trouve inséparablement liée à la chute de Psamménite
vaincu par Cambyse ; laquelle n’est au fond, chez les Historiens, qu’une répétition
de la première, portant le même caractère et provenant de la même source.
Par-là, nous avons eu occasion de développer davantage ce que les Livres saints
nous apprennent de la conquête de l’Égypte par les Chaldéens, de son étendue
et de ses suites : point important que l’on s’efforce en vain
d’atténuer, ou sur lequel on passe trop légèrement, par la difficulté sans
doute, disons mieux, l’impossibilité de le concilier avec les récits des
Auteurs profanes. L’ouvrage contiendra l’examen détaillé du IIIe Livre entier d’Hérodote, et du IVe jusques et compris le siège de Babylone ; c’est-à-dire, les règnes de Cambyse et du faux Smerdis, et la première partie de celui de Darius, fils d’Hystaspe. S’il nous est donné de pouvoir en achever la révision, trop souvent interrompue, nous ne craindrons pas, nous nous ferons plutôt un devoir de le publier en ce moment même, si peu favorable en apparence, où l’ancienne Égypte occupe toutes les pensées, où ses monuments, cessant d’être muets, réveillent toutes les espérances, où l’on semble ne chercher dans les découvertes déjà faites, et n’attendre de celles dont on se flatte, que la confirmation de sa fabuleuse histoire[1]. |
[1]
Cet ouvrage vient enfin d’être publié. Il a pour titre : L’Histoire des
derniers Pharaons et des premiers Rois de Perse, Selon Hérodote, tirée des
Livres Prophétiques et du Livre d’Esther. 2 gros vol. in-8°. Avignon, chez
Seguin aîné. (Note de l’Éditeur.)