LES DYNASTIES ÉGYPTIENNES

SECONDE PARTIE. — LES DYNASTIES ÉGYPTIENNES

CONSIDÉRÉES SOUS LE RAPPORT DE LA CHRONOLOGIE ET DE L’HISTOIRE

 

ARTICLE PREMIER. — L’HISTOIRE D’AMASIS.

 

 

Telle que la donnent Manéthon et les Auteurs Grecs. Formée tout entière de traits divers de celle de Nabuchodonosor.

 

Amasis, Ahmosis dans Manéthon. L’Histoire véritable des temps fabuleux a fait connaître ce qu’était le long et brillant règne que Manéthon et Hérodote donnent à Amasis. Parmi les emprunts faits aux Livres Hébreux, celui-ci est un des plus remarquables par le nombre et la singularité des rapprochements, plus frappants les uns que les autres. Il en résulte que l’histoire du successeur d’Apriès ne se compose que de traits tirés de celle du roi de Babylone, Nabuchodonosor, le véritable vainqueur d’Apriès, le véritable conquérant de l’Égypte ; que son règne n’est que celui du grand Nabuchodonosor et de ses successeurs en Égypte après la conquête ; que ce règne n’a été introduit dans les récits des Égyptiens, et ne s’y prolonge si longtemps, que pour remplir l’intervalle entre la fin du dernier roi national qu’ait eu l’Égypte, et l’occupation de ce pays par les Perses. Ce n’est pas qu’au temps de la décadence de l’empire Babylonien, il n’ait pu y avoir en Égypte, comme il y en eut sous la domination des Perses, quelques chefs plus hardis ou plus accrédités, qui, profitant des circonstances, aient secoué le joug et pris le titre de rois : mais les monuments en donnassent-ils la preuve ainsi qu’on l’annonce, nommassent-ils même le roi Amasis, la durée et les actions de son règne n’en seraient pas plus sûres.

Quoique Apriès ait véritablement régné, son histoire, dans les Auteurs profanes, n’est pas d’un autre genre que celle qu’ils nous donnent de son successeur. Leur Apriès, ou Vaphris, est l’Ephrée des Livres saints : la guerre qu’il soutient contre Amasis révolté, sa défaite, sa mort, les traits les plus bizarres de la narration d’Hérodote, n’offrent qu’un travestissement continu de traits divers du récit de l’Écriture, sur l’irruption des Chaldéens en Égypte, la victoire de Nabuchodonosor sur Ephrée, la mort de ce prince, la dévastation entière du pays, et le renversement final de la monarchie des Pharaons.

Les deux travestissements dont nous venons de parler terminent les recherches de Guérin du Rocher. Dans un ouvrage destiné à faire suite au sien, nous avons été obligé de revenir sur la chute d’Apriès, vaincu par Nabuchodonosor, parce qu’elle se trouve inséparablement liée à la chute de Psamménite vaincu par Cambyse ; laquelle n’est au fond, chez les Historiens, qu’une répétition de la première, portant le même caractère et provenant de la même source. Par-là, nous avons eu occasion de développer davantage ce que les Livres saints nous apprennent de la conquête de l’Égypte par les Chaldéens, de son étendue et de ses suites : point important que l’on s’efforce en vain d’atténuer, ou sur lequel on passe trop légèrement, par la difficulté sans doute, disons mieux, l’impossibilité de le concilier avec les récits des Auteurs profanes.

L’ouvrage contiendra l’examen détaillé du IIIe Livre entier d’Hérodote, et du IVe jusques et compris le siège de Babylone ; c’est-à-dire, les règnes de Cambyse et du faux Smerdis, et la première partie de celui de Darius, fils d’Hystaspe. S’il nous est donné de pouvoir en achever la révision, trop souvent interrompue, nous ne craindrons pas, nous nous ferons plutôt un devoir de le publier en ce moment même, si peu favorable en apparence, où l’ancienne Égypte occupe toutes les pensées, où ses monuments, cessant d’être muets, réveillent toutes les espérances, où l’on semble ne chercher dans les découvertes déjà faites, et n’attendre de celles dont on se flatte, que la confirmation de sa fabuleuse histoire[1].

 

 

 



[1] Cet ouvrage vient enfin d’être publié. Il a pour titre : L’Histoire des derniers Pharaons et des premiers Rois de Perse, Selon Hérodote, tirée des Livres Prophétiques et du Livre d’Esther. 2 gros vol. in-8°. Avignon, chez Seguin aîné. (Note de l’Éditeur.)