Les dynasties ne sont pas toujours présentées avec leurs détails ordinaires ; on n’y voit souvent que le nombre total des rois, et la somme des années de leurs règnes. Telles sont : la VIIe dynastie composée de vingt-sept rois Memphites, qui règnent 146 ans ; la IXe, dix-neuf rois Héracléotes, dont un seul est nommé, et qui règnent 409 ans ; la Xe, même nombre de rois Héracléotes, dont aucun n’est nommé, et qui, pour la variété sans doute, ne règnent que 185 ans ; la XIe, seize rois Diospolitains en 43 ans de règne ; la XXe, douze rois Diospolitains et 135 ans de règne. Il n’est pas démontré que ces omissions soient dues uniquement aux anciens chronologistes qui ont copié les dynasties ; mais, qu’elles viennent d’eux ou de Manéthon, le résultat est pour nous le même : elles jettent nécessairement plus d’incertitude, soit sur l’existence de ces rois, qu’on ne connaît point, soit sur la durée de la dynastie, qu’on n’a pas le moyen de vérifier. Nous n’avons pas parlé de la VIIe dynastie, qui est cependant remarquable. Soixante-dix rois Memphites qui règnent 70 jours ! On voit qu’elle n’est pas embarrassante pour la chronologie ; pour l’histoire, elle paraîtra curieuse, et néanmoins elle est authentique : Manéthon n’en dit que ce qu’il lisait dans ses archives ; ni Jules Africain, ni aucun autre ne l’aurait imaginée. C’est un des traits de l’histoire des premières dynasties qui en décèlent le plus clairement l’origine[1]. A l’omission des noms, si commode pour multiplier les dynasties que l’on crée d’un trait de plume, se joignent parfois des circonstances qui prouveraient que Manéthon ne s’est pas toujours refusé à ce moyen d’allonger sa liste. Si vous trouvez deux dynasties de suite appartenant au même peuple, ayant le même nombre de rois, et tous ces rois sans nom, ne se distinguant enfin que par le numéro, ne serez-vous pas tenté de croire que vous en avez deux pour une ? Ainsi les deux dynasties d’Héracléotes, la IXe et la Xe, qui ont chacune dix-neuf rois, dont un seul est nommé dans la première, n’en formeraient réellement qu’une. La XIe, qui a seize rois comme la XVIIe, pourrait encore être, ainsi que Guérin du Rocher le soupçonne, la même que celle-ci dont les noms serviraient pour les deux. |