LA COMTESSE DE CASTIGLIONE - 1840-1900

Le Roman d'une Favorite, d'après sa correspondance intime inédite et les Lettres des Princes

 

CHAPITRE NEUVIÈME. — L'HEURE DES CONFIDENCES.

 

 

Pour occuper son inaction et pour remplir sa solitude. — Des projets de mémoires accompagnés d'espérances millionnaires. — Commencements d'exécution. — Des plumes impatientes d'entrer au service de l'héroïne. — Ses collaborateurs élus. — Une correspondance originale, autour de ces préliminaires destinés à s'évanouir dans les brumes d'un songe irréalisé. — Des confidences arrêtées au premier mot. — Ce qu'elle voudrait faire dire et ce qu'elle défend bien d'écrire. — Tant de questions sans réponses. — Le chapitre des intimités ; refus d'explications. — Trop de curiosité, d'une part ; trop de mystère, de l'autre. — Ce que devait être la galerie des cinq cents portraits, prémédités pour l'Exposition de 1900. — Du mauvais sort attaché à toutes les entreprises de la capricieuse comtesse. — Fin d'écritures. — Un dernier geste de découragement. — Où s'en allèrent tant de papiers condamnés au feu.

 

Son Livre... ses Mémoires..., cette révélation publique glorieusement incomplète !... Elle y avait beaucoup songé ; elle en avait vu miroiter l'idée séduisante, pendant plusieurs années, dans les lointains de son imagination. L'amour du silence et de l'obscurité, dont elle s'était fait un rôle, n'aurait été, de sa part, qu'une sorte de condition à temps. L'indifférence du jugement des hommes, dont elle avait habillé son âme à la façon d'un vêtement de deuil, elle se la représentait, alors, comme une sorte de voile momentané, d'où elle espérait bien se dégager, à son heure, plus étonnante, plus brillante, et pour toujours. Loin des sceptiques et des envieux, elle préparerait, dans l'ombre de son recueillement, l'éclatante surprise de sa résurrection historique ; et ce serait comme une gerbe de lumière, qui jaillit, tout à coup, du profond des ténèbres.

Les livres, prononçait-elle, sont les portraits des morts ; les journaux ne sont que des photographies qui passent !

Elle s'était reprise, la sachette de la place Vendôme, la Notre Dame des nuits de Paris, comme elle se qualifiait, à une grande idée : façonner, à l'entour de sa personne morale, une opinion publique, noble, délicate, louangeuse à souhait, y contribuer de son propre effort, appeler des amis choisis selon son cœur, adresser le piédestal où poserait son effigie pure et durable.

On y travaillerait à plusieurs... Déjà, ses conseils, ses notes, ses demi-confidences se succédaient sans interruption. Un projet de grande envergure allait prendre corps. Elle en escomptait de loin la gloire étendue et les profits merveilleux. Prompte aux amplifications sans mesure, elle en échafaudait les chiffres par centaines de mille francs ; la sensation du million palpable voltigeait en sa cervelle éblouie.

En hâte, elle rassemblait, de tous côtés, pour l'illustration copieuse du texte, ces peintures, ces pastels, ces gouaches ou ces statues et statuettes, qui chantèrent, sous les formes les plus diverses, mais rarement à son avantage la merveille de son essence physique. Il y eut, en particulier, des réclamations pressantes el vingt , fois répétées, pour ravoir du duc d'Aumale, qui ne voulait pas s'en dessaisir, une terre cuite qu'on admire encore à Chantilly la représentant fièrement drapée dans les plis de son costume de reine, la reine d'Étrurie[1].

Il était beaucoup parlé, chez elle et hors de chez elle, de ce livre illusoire.

Sur la seule idée d'une suite de confidences, dont elle aurait été la mémorialiste en même temps que l'héroïne, bourdonnait toute une ruche d'écrivains en désir d'activité. Des candidats au plaisir curieux d'en partager le labeur surgissaient hors de son habituel entourage. De nobles amateurs en mal de littérature se présentèrent, qu'on ne prit pas en considération sérieuse, et qui en eurent l'âme blessée pour un temps infini. Des biographes professionnels s'étaient portés sur les rangs. Imbert de Saint-Amand ne fut pas le moins enflammé de ceux-là. Des éclats de son zèle déférent et impatient il harcelait la solitaire aux lèvres closes. Entrebâillait-elle, un tantinet, sa porte, il en poussait les deux battants, quitte à recommencer, par les fenêtres, le siège d'un appartement mystérieux, qui ne voulait pas lui livrer ses secrets. Il l'interrogeait sous forme de lettres, lui dénonçait des commencements d'études, qui aspiraient à être nourris et fortifiés, l'assassinait aimablement de mille questions et brûlait, à ses pieds, l'encens le plus capiteux, s'étonnant qu'elle n'en eût pas encore la tête troublée :

Il faudrait, lui disait-il en son langage prosterné, il faudrait à une beauté idéale, à un être exceptionnel, comme la comtesse de Castiglione, non point des hommes, non point même des anges et point même des archanges, mais des dominations et des trônes célestes[2].

 

Par malheur, cet historien diplomate, ou, comme elle le qualifiait avec un peu de méchanceté, cet écrivain pour femmes mortes n'était ni le secrétaire ni le peintre qu'elle aurait choisi. Elle ne desserrait point les lèvres, si fort qu'il l'en pressât. En vain recommençait-il l'assaut de la tour du silence, où elle se tenait emmurée. Il ne pouvait en tirer rien. Pas la moindre parcelle de copie en espérance. S'il parvenait à pénétrer dans la place, il n'en était pas plus avancé, quant au résultat décisif. Il avançait la tête, quêtait du regard, tournait, de droite et de gauche, sa prunelle chercheuse ; peine perdue, il se dépitait de n'y découvrir quoi que ce fût, ni correspondances à l'abandon, ni griffonnages dénonciateurs de mémoires en préparation ; pas de notes éparses, aucun lambeau visible de son passé ! Il en revenait, chaque fois, plus désolé. Sûrement, glissait-il au libraire Timotéi, sûrement elle cache ses manuscrits dans sa paillasse.

C'est qu'à la vérité celui-là n'avait pas sa place gardée, au chevet des confidences.

L'un des rares élus, Léon Cléry, avait retenu son feuillet à remplir dans ce livre d'or. Diplomate de quelques jours, en 1871, il aurait témoigné, avec l'autorité d'une expérience directe, des précieux services rendus par l'entremise secrète de la Florentine au gouvernement de la Défense nationale. Tel autre, Cornély, avait exprimé le désir qu'elle lui confiât une partie de ses manuscrits ébauchés, trop heureux s'il pouvait, d'une plume savante, les assortir et les fondre dans une trame continue.

Enfin, de son côté, le châtelain de Baromesnil réunissait en diligence les mille et mille documents, d'ailleurs nuageux, contradictoires et sans date, qui lui avaient été confiés. Chaque jour, la masse s'en augmentait des lettres courantes, où revenaient, par bribes, la suite oubliée des choses[3]. Avec lui des auxiliaires de bonne volonté s'efforçaient, non sans peine, d'apporter de l'ordre, de la clarté, en cette immense confusion. Leurs yeux et leur intelligence y perdaient courage, plus de vingt fois à la journée[4]. Comment se guider, comment se retrouver, d'une manière sûre, à travers le pêle-mêle de ces écritures, sans fixation des lieux ni des temps, énigmatiques à toutes places, criblées de rappels et d'allusions amphigouriques ? A vrai dire, il ne plaisait guère à Mm6 de Castiglione qu'une troisième voix, si modeste fût-elle, se mêlât à la conversation. Qu'y pouvait-elle comprendre, celle-là, n'ayant connu personne ? L'irritable comtesse était prête à s'en plaindre comme d'une intrusion gênante, indiscrète[5].

On y persévérait, néanmoins, mais à petites doses ; on se remettait à la besogne, mais sans qu'elle parût avancer beaucoup. Mme de Castiglione y contribuait de sa peine, brouillonnant des notes, les envoyant, les retirant, leur donnant des remplaçantes, stimulant et embarrassant le zèle des ouvriers.

Comme on n'est jamais mieux soigné ni servi que par soi-même, comme elle avait à se laver, disait-elle, de trente années de légendes galantes, et qu'elle était mieux informée que personne, en pareille cause, sur ce qu'il conviendrait d'exposer à la lumière du jour ou de couvrir d'une ombre épaisse, elle s'était réservé la bonne part d'exécution, dans ce genre de récits confidentiels, où l'amour-propre de l'auteur se développe sur son propre sujet. Pourquoi s'en serait-elle refusé l'avantage ? N'y avait-elle pas toutes les aptitudes reconnues ? Fréquemment, de bons juges avaient accordé des louanges, qu'elle estimait justes, à l'originalité de son esprit. Des lèvres complaisantes lui avaient murmuré qu'elle écrivait étrangement bien. Sous l'Empire, Napoléon avait lu d'elle une sorte d'épisode romanesque inédit et l'en avait complimentée. Le théâtre ne lui était pas étranger. N'avait-elle pas remanié, d'après une idée de Magnard, telle ancienne comédie intitulée la Tireuse de cartes ? Et les vers, ajoutait-elle, sont ma spécialité. Les mille incorrections de son style, la surabondance d'épithètes, qui était son péché mignon — elle répandait les adjectifs avec une profusion inouïe — et le décousu des phrases inachevées dont elle encombrait ses velléités de composition littéraire : ces défauts auraient pu l'inquiéter ; seulement, elle était la dernière à s'en apercevoir. En revanche, les mots à l'emporte-pièce, les bonnes fortunes d'images, de comparaisons, de traits qui jaillissaient, par éclairs, de son imagination en désordre, elle les voyait fort bien ; elle avait la conscience très nette, très claire, de ces contreparties heureuses ; elle y puisait une grande confiance[6]. On verrait de quoi étaient capables l'esprit et la plume d'une femme, dont la chronique babilla si frivolement !

En attendant de voir plus large et d'entrer en matière avec résolution, elle poussait à la mise en ordre préalable de ses archives privées. Le chef-d'œuvre, qu'elle mit dix ans à ne pas faire, elle avait le dessein de le composer diligemment, amoureusement, avec l'intime collaboration de son ami le châtelain de Baromesnil, les sonates à quatre voix sonnant mieux. Mais, que de dissonances devaient se trahir dans les accords distants et trop de fois interrompus de ces deux intelligences, où brillait plus de flamme que d'esprit de suite, où se révélaient plus d'élans passagers que d'application réelle, et qui, d'ailleurs, ne se comprenaient pas toujours et n'arrivaient point à se lire.

En son rêve des premiers jours, l'œuvre lui apparaissait déjà finie, très attendue, elle la voyait éclatant sur le monde, surprenante, glorieuse, réhabilitatrice et s'imposant comme la consécration d'une existence de femme où rien n'avait été ordinaire.

Mais il était dit qu'aucune des entreprises de la comtesse de Castiglione ne parviendrait à l'état d'achèvement. Il ne devait résulter de celle-là, qu'une sorte d'esquisse fantômale, et pas même. L'ardeur des commencements s'évanouirait en fumée.

***

Quand on n'en était encore qu'au tracé préliminaire, on avait dépensé des intentions excellentes afin de raviver une gloire de la veille, qui s'enfonçait déjà au sein d'une nuit opaque et menaçait de s'y perdre à jamais.

Le fameux livre était entamé. On y consacrerait un volume, deux peut-être[7] ; il aurait pour titre quelque chose de simple : La plus belle femme du siècle, par exemple, et ce titre agréait à l'héroïne du sujet. Elle le trouvait équitable, rien de plus, tant on en avait répété la louange, à son oreille. De sa tour d'ivoire, si l'on peut ainsi parler du 14 de la rue Cambon, elle dirigeait la marche du travail, traçait des plans, établissait des proportions, et marquait les places où auraient à se ranger, elle au centre, les personnages et les événements.

On n'y devrait oublier ni ceci ni cela. Il importerait de situer dans le relief le plus évident le rôle, qui lui fut dévolu entre les auteurs de l'unité italienne, et celui trop ignoré qu'elle avait tenu, d'accord avec Thiers, pendant l'interruption du siège de Paris. On aurait à réparer bien des omissions volontaires, dont firent injure à la vérité les inconscients, qui l'avaient négligée, dédaignée ou calomniée. De tant de publicistes et remueurs de plume, qui s'efforcèrent à pénétrer dans l'intime de son histoire, pour en dégager, à leur profit, des notes inconnues, des révélations piquantes sur les grands acteurs de la politique contemporaine, pas un seul n'avait eu l'intention sincère de lui rendre la part de justice, qui lui revenait. De ses pas multipliés, de ses interventions dans les hautes sphères diplomatiques, de ses démarches secrètes, de ses réussites aux répercussions lointaines, aucune gloire n'avait rejailli sur son nom. Saint-Amand qui l'obsédait, avait-il essayé seulement quoi que ce fût de bon, de sérieux, de sortable, en sa faveur ? Elle dirait un jour, là-dessus, son sentiment au complet. Elle en exprimerait son opinion entière, sans détour et sans gêne. Elle n'embarrasserait d'aucune restriction, non plus, son mécontentement, quand il lui plairait de régler son compte à l'historien du duc d'Aumale, si fervent à portraiturer son héros, de face et de profil, mais, qui, d'un bouta l'autre de son panégyrique, avait oublié tout ce qu'elle avait tenté, entrepris, sollicité, stimulé, pour faire de ce grand esprit vacillant un maître et un vainqueur. Elle ne s'arrêterait pas en si beau chemin d'exécutions personnelles. On apprendrait à traiter, selon leur mérite, les histoires galantes d'un Pierre de Lano et de tous ceux, qui ne trouvèrent rien de mieux, pour festiner à ses dépens, que de ramasser les miettes d'un Viel-Castel. Sur ce sujet, elle s'en échauffait très fort. Elle prenait les gens à partie nommément, directement. Ainsi, tout son sang bouillait de colère à l'idée de la femme écrivain, qui l'accusa d'avoir jeté, dans une scène de famille, ses souliers par la fenêtre. Qu'était-il ce geste prétendu, en comparaison de la désinvolture avec laquelle celle-là... C'est Mme de Castiglione qui parle et nous l'avons citée.

Quant au général Fleury, un témoin trop bien placé pour voir, et qui sans doute, avait trop vu, elle saurait trouver l'instant, l'occasion et le lieu de vider avec son ombre une ancienne querelle. Mot à mot elle traduirait, à la face du public, son échec d'amour maladif et taciturne pour celle qu'il disait avoir été la maîtresse de son maître.

On avait organisé contre elle la conspiration générale du silence lorsqu'il eût fallu parler juste, et de la médisance lorsqu'il eût mieux valu se taire. A son tour, elle n'oublierait quiconque, dans le soulagement de ses légitimes rancunes.

§

Le terrain était encore brûlant où s'engageraient ses appréciations et ses souvenirs. Des survivants de l'Empire la gênaient. Quoiqu'elle n'eût pas coutume de gazer les termes, ni en politique ni en amour, elle ne se sentait pas à son aise pour causer, comme elle l'aurait souhaité, de la princesse Mathilde et de l'ex-impératrice Eugénie. Je les voudrais mortes, disait-elle avec simplicité. Les d'Orléans aussi lui causaient de l'embarras, le duc de Chartres surtout, dont l'affection persévérante commandait de sa part des ménagements. Il lui en coûterait, elle l'avoue, de ne point divulguer les services qu'elle lui avait rendus auprès de l'empereur et dont elle avait en main des preuves éclatantes. Mais s'il le fallait absolument, on glisserait sur cette question délicate, on la tiendrait dans une ombre discrète, en attendant. Il n'en resterait que plus de marge pour y développer la matière capitale du récit : la participation réelle de Mme de Castiglione aux événements de 1838, de 1871, de 1873, de 1876. Assez longtemps avait traîné la légende, qui la figura sous les traits d'une frivole poupée, d'une demi-courtisane, d'une favorite moderne. C'était le moment ou jamais de renvoyer à la collection des anas de bas aloi les racontars, cent fois ressassés, qui tendirent à représenter son ermitage de Passy comme une sorte d'Œil-de-Bœuf amoureux.

Sur son propre fait, elle usait d'une extrême réserve et conviait son collaborateur à l'imiter en cela. Elle ne cessait de répéter au Normand : Surtout, corrigez ceci, biffez cela. N'allez pas raconter, vous aussi... Mais le Normand était sceptique. Il n'était et ne devait jamais être convaincu de l'invraisemblable point où elle espérait l'amener soumis et plein de foi : le désintéressement amoureux de l'empereur, l'abnégation entière de l'idée de plaisir dans son commerce politique avec Mme de Castiglione, l'éclat de vertu scipionienne de ce Jupiter polygame, dont les passe-temps voluptueux alimenteraient une si longue histoire ! Force lui sera, après des tentatives nombreuses et vaines pour aller au fond du mystère — qui n'en était pas un, d'ailleurs — de s'avouer qu'entre les racontars des alcôvistes et les dénégations de la comtesse, il ne saurait jamais l'absolue vérité. N'ayant à faire valoir, en la cause, aucun droit d'enquête rétrospective, il prendra, bon gré mal gré, le parti sage de ne point se casser la tête pour découvrir le sens d'une énigme, dont l'amour n'avait pas livré la clef. Il nous l'exprimait à nous-même, cet homme de raison : Quand il s'agit de femmes, il n'y a qu'un sot pour dire : Je le jure[8].

Cependant la provision de quelques faits positifs lui paraissait un élément indispensable. On aspirait à composer ensemble un pseudo-modèle d'histoire vivante. Quel en serait le mérite, si l'on n'y découvrait pas, au moins, la valeur de l'exactitude ? Que pouvoir attester si l'héroïne du livre se dérobait sans cesse et refusait avec obstination de répondre à la question directe ? Hélas ! il y perdait son encre et ses arguments. En guise de notes complémentaires elle renvoyait à son correspondant des paroles irritées. Il était trop curieux.

On lui réclamait des documents, les vrais, des pièces, les authentiques, en ordre et classés ! La croyait-on archiviste ? Pourquoi ne lui demandait-on pas aussi des dossiers secrets ? Comment s'imaginait-on qu'à travers quarante années de vagabondage elle eût pu garder ses milliers d'autographes, photographies, certificats, et le reste ?

Mais, vous en voulez trop ; je vais me débarrasser du tout. Vous m'y poussez, avec vos doutes et vos réfutations[9].

Qu'il était donc commode de travailler pour elle et avec elle !

De fait, elle n'était pas disposée à le suivre dans la voie des explications détaillées. Aborder, effleurer seulement de certains sujets trop ponctués d'équivoques, n'y appuyer que d'une touche légère, c'était assez déjà pour la mettre hors d'elle-même. Elle en avait dicté la consigne formelle : on ne devrait s'étendre que sur les parties de pure louange, placées hors de l'incertitude et de la discussion. Il marquait de la résistance à s'y cantonner. Impatiemment, elle aiguillonnait la chaleur amortie de son vieil ami, qui, ne se jugeant point assez renseigné, lâchait la plume et passait à des exercices d'un autre genre. Au gré de la comtesse, il se montrait trop passionné de la chasse et pas assez des calmes occupations du cabinet d'étude où elle l'eût voulu tenir clos, en un tête-à-tête permanent avec l'image de l'absente. Quel plaisir stérile, la chasse, et pour l'âge où il était parvenu, combien dangereux ! Elle lui citait, à l'appui de son dire, l'exemple du marquis Oldoïni, son père, mort à la Spezia d'un refroidissement contracté en quêtant la perdrix. Le Normand l'entendait fort bien, quoiqu'on lui reprochât, fort souvent, d'être sourd, et continuait, à marcher d'un bon pas, le fusil en main, à travers ses bois.

Les invitations au travail l'y relançaient fréquentes et pressées. Alors, il se laissait convaincre, déposait la carabine et remettait en mouvement la plume, qu'on lui avait mise de force entre les doigts. L'excellence de ses intentions n'était pas douteuse. Malheureusement, ce qu'il écrivait ne contentait jamais sous la première l'orme. Une grêle de conseils, de critiques, de corrections lui revenaient en diligence : tout était à recommencer et le chapitre en restait là.

Il était l'indépendance en personne. Nous l'avons dit, nul n'était plus rétif à la direction d'une volonté étrangère ; cependant, on contremandait ses pas et ses efforts à tout moment.

Engagé sur les voies de la question italienne, se voyait-il entamant le chapitre des bombes d'Orsini, obligatoire au sujet : N'en soufflez mot, lui criait-elle, ce serait me faire passer pour une complice de cet assassin d'empereur et de peuple.

Suivant en cela la rumeur générale, se croyait-il autorisé à pénétrer dans le détail des intimités de la belle comtesse et du maître des Tuileries, elle lui enjoignait de fermer les rideaux, sans aucun délai. A quoi pensait-il de vouloir dépeindre l'empereur sous ces couleurs amoindrissantes, et de représenter un Napoléon allant à Solferino fouetté par la peur des conspirations et poussé par l'amour trafiquant ? Combien les choses auraient meilleur et plus noble aspect, d'une autre façon présentées ! On le verrait son Napoléon, non pas séduit par sa beauté miraculeuse de femme, mais entraîné à la victoire par la force persuasive de cette même femme, par l'ardeur de ses paroles brûlant d'une double flamme pour l'Italie opprimée et pour la France libératrice.

Surtout, qu'il ne fût plus question d'une ridicule et méprisable histoire, à tous venants colportée, celle d'une tentative de meurtre commise contre l'empereur chez elle, à Passy, une invention de ragent corse Griscelli, ce coupe-jarrets, ce fou ! On avait trop de fois insinué qu'elle avait elle-même tendu le poignard. Il devait être avéré désormais — à tort ou à raison — que Napoléon n'allait pas visiter Mme de Castiglione ; qu'il était attendu, ailleurs ; qu'il se rendait fréquemment, le matin, sous sa garde policière, chez la Bellanger ; que ce fut bien à cette dernière que l'impératrice alla réclamer son époux, contre rançon ; enfin que s'il y avait eu faiblesse de grande dame, encore fallait-il distinguer et ne pas la confondre avec une autre ambassadrice, une Italienne aussi, dont on n'ignorait pas, à la Cour, les complaisances parfaites.

Sincèrement désireux de parer, d'enjoliver encore celle dont il espérait transmettre à la postérité l'image pleine de charmes, lui prenait-il envie de dire le nombre et la beauté de ses bijoux, ou songeait-il à décrire ses châteaux d'outre-monts (les palais de rêve auxquels il avait mis beaucoup de temps à croire), vite, elle l'engageait à changer de route. De ses biens matériels, de ses moyens d'existence, qu'avait-on besoin de s'occuper ?

S'il ne lui déplaisait point qu'on publiât très haut qu'elle écrivait à ravir[10], s'il lui tenait fortement à cœur qu'on exposât dans une évidence très flatteuse l'exceptionnelle faveur dont elle était l'objet, à la cour de Rome, l'importance et la diversité de ses relations en Angleterre, en Allemagne, en France, l'intérêt particulier de ses rapports avec Amédée, dont elle seconda l'avènement au trône d'Espagne, en revanche, elle ne désirait aucunement qu'on serrât de trop près sa genèse familiale et les révélations qui s'ensuivaient[11]. Dans sa peur effarouchée de l'opinion, elle élevait des barrières, à chaque pas qu'on faisait en avant. Comme il était aisé de se mouvoir, à travers tant de passages interdits, tant de sujets défendus, tant de restrictions conditionnelles !

Les particularités concernant ses hautes fréquentations princières et diplomatiques, les récits de cour chers à son amour-propre, ses voyages continentaux en belle et noble compagnie : voilà bien les tableaux représentatifs où se dilatait son approbation entière. A Bade, ne fut-elle pas l'intime d'Augusta, une autre politicienne, dont l'autocratie impériale germanique devait rabattre les ambitieux essors ? A Munich, n'avait-elle pas été l'invitée quotidienne des cousines de Napoléon III, filles de la grande-duchesse Stéphanie ? Il eût été nécessaire d'en préciser les circonstances et, au besoin, d'y appuyer.

Au surplus, licence était donnée complète pour hospitaliser au large tout un ordre de souvenirs, dont la vision enchantait sa mémoire, c'est-à-dire ses triomphantes apparitions aux Tuileries, et les empressements infinis, dont elle fut l'objet de la part du maître, comme de ses principaux serviteurs : Morny, Walewski, Rouher, Fould, Chasseloup-Laubat, Bourqueney, La Tour d'Auvergne, Baroche, Thouvenel et les Rothschild. Chacun de ces puissants personnages lui prodiguait à l'envi les égards et les invitations. Mais, elle ne se dérangeait que pour les Tuileries, disait-elle, vingt ans après, avec plus d'orgueil que d'exactitude.

***

Tel était, à peu près, l'ensemble des instructions de Mme de Castiglione sur les bornes assignables à son apologie livresque. Malgré tant de recommandations minutieuses, l'ouvrage allait bien petitement. Les progrès n'en étaient guère sensibles. Soit que les avis et prescriptions de la comtesse ne fussent pas suivis, selon son attente, soit qu'elle parût les distribuer avec excès ou se montrât, comme à l'hôtel, trop difficile à servir, on en était, encore, ou de peu s'en fallait, au point de départ. Le portrait magnifiquement ébauché n'arrivait point à prendre forme. Le minerai précieux ne se détachait point de sa gangue.

Des symptômes d'énervement mutuel se trahissaient, à travers les lettres échangées. C'étaient des difficultés prématurément mises en cause sur le format possible, sur la répartition des chapitres inexistants, et qui provoquaient d'inutiles débats. Le collaborateur et confident, qu'elle entravait de ses réticences, réclamait maints autographes, les déclarant utiles comme des preuves ; mais elle les jugeait, elle, compromettants et ne les fournissait pas. Elle ne parvenait point à se dessaisir de ces pièces significatives, qu'elle avait toutes gardées et emportées, parmi les mille péripéties de sa vie foraine. Des contestations s'élevaient, derechef.

Je ne veux pas me faire assassiner pour votre littérature historique, répliquait-elle à celui-là même qu'elle avait chargé de cette littérature.

Il prenait la mouche et protestait qu'il n'avancerait pas d'une ligne, puisqu'on lui refusait ces pages maîtresses — qui, peut-être, n'existaient pas. Elle se fâchait rouge : il osait émettre des doutes à l'encontre de leur authenticité ! Elle le menaçait de détruire radicalement toute cette paperasserie. Le livre, comme il le voyait, n'avait pas de raison d'être ; elle le trouvait hors saison, rococo, banal au delà de la permission : qu'attendait-on pour le jeter au feu ?[12] Puis, quelle obstination, quelle persécution à l'interroger sur le plus intime de son être ! Devait-elle des comptes à chacun pour tout ce qui concernait les origines de sa fortune et l'arrangement de son train domestique ? Il suffirait de l'établir, une fois pour toutes : son passé n'était que miroir sans tache, onde limpide et source cristalline[13]. Femme à l'esprit industrieux, elle avait su du prix de ses interventions diplomatiques, de la pension qui lui était attribuée, comme à la fille et à la veuve d'anciens dignitaires, enfin de ses héritages successifs, tirer tout le nécessaire et tout le superflu de ses larges dépenses. Au besoin, elle fournirait des justifications de ce qu'elle proclamait si haut, la téméraire comtesse : ni empereur, ni duc, ni mari, ni père, ni fils[14], ni amant même, ne l'avaient eue pour tributaire de leurs présents.

Mme de Castiglione en prenait à son aise avec la vérité. Des dénégations ou des affirmations aussi absolues tombaient dans une oreille sourde à l'en croire. Tant de riches cadeaux dont on savait la liste, ces colliers à plusieurs rangs de perles blanches ou noires, ces rivières de diamants, d'émeraudes ou de topazes, ces bracelets à la douzaine, quoi ! toutes ces belles choses, une fée mystérieuse les aurait improvisées, du seul toucher de sa baguette ? A d'autres !

Je ne sais pas tout, donc je ne sais rien, répliquait, en sa ferme logique, le Normand.

Ombrageuse et changeante comme elle l'était devenue, la comtesse eut l'impression qu'elle retombait à plat du plus haut de ses enthousiasmes. Décidément, il n'y aurait rien à faire. Il n'y avait plus à songer au .projet, dont les espoirs avaient réduit l'une de ses dernières formes d'illusion. On se défiait d'elle, on ne la comprenait pas, on ne la comprendrait jamais. Elle avait exigé, précédemment, qu'on lui fit revenir une malle remplie de documents. Tout devait lui être renvoyé, maintenant, sans rémission : autographes, lettres, portraits. On leur ferait prendre l'air du feu. Elle s'était, jusqu'alors, refusée à ce qu'on livrât entre des mains étrangères ou détruisît aucun de ses crayonnages noirs, verts ou rouges, susceptibles de redresser utilement des oublis de dates ou des absences de mémoire. Mais, le sort en était jeté : puisqu'on n'avait pas su, de son vivant, les animer d'une flamme immortelle, elle préférait les voir réduits en cendres, plutôt qu'exposés à rester, après sa mort[15], à la merci des curiosités de familles jalouses, foncièrement hostiles, ou à la solde des fabricants de faux écrits et des quêteurs de petits scandales privés.

Au fond très déçue de voir s'évanouir, comme une vapeur inconsistante, les beaux desseins de gloriole littéraire, qu'elle avait enfantés dans la fièvre et qu'elle ne se sentait pas la force de soutenir, elle ne put en cacher son mécontentement. A bien des reprises, quand l'impression de ce déboire lui remontait au cerveau, ses pointes mordantes, ses notes acerbes en découvraient toute l'amertume. Celui qui avait ambitionné d'être son historien et ne fut, en l'aventure, que le plus persévérant de ses amis, avait eu l'idée compensatrice d'insérer une Vie de Mme de Castiglione dans le cadre de ses propres mémoires trop tardivement commencés. Tandis qu'une femme dévouée de sa connaissance, fanatique d'admiration, l'y encourageait et l'y poussait, chaque jour, à grands cris d'amitié, la comtesse de Castiglione, l'âme repliée sur son personnel désenchantement, ne pensait qu'à l'en railler, lui décochant, au hasard de ses épistoles, des amabilités de la sorte : Laissez donc là ces Mémoires, où la Troyenne vous lance, si vous tenez tant à les publier, vous en serez réduit à les vendre gratis.

Estancelin composa son chapitre et s'en tint là. Le livre rêvé, dont elle eût été l'héroïne glorifiée, ne sortit pas de ces obscurs préliminaires. Les images, qu'on avait réunies, ne servirent ni pour l'illustration de l'œuvre, qui ne fut même pas un opuscule, ni pour l'exposition projetée des cinq cents portraits de La plus belle femme du siècle[16]. Car, nous allions omettre d'en révéler le détail : cette section merveilleuse, cette galerie unique, devait s'ouvrir, en 1900, dans l'un des pavillons de l'immense fête internationale déployée sur les terrasses du Champ-de-Mars. Qui ne s'en souvient ? L'universel concours de toutes les expressions de l'industrie, des arts et du commerce, n'était, au fond, que le prétexte d'une exhibition colossale de spectacles choisis parmi les plus étranges, ou de l'espèce la plus — rare, pour séduire les yeux, pour captiver les sens. La série des cinq cents portraits de la divine Castiglione eût été l'un de ces clous, l'une de ces attractions, et non des moindres. Hélas ! tableaux, crayons, pastels seraient dispersés, avant l'heure qu'elle avait entrevue dans une clarté de triomphe. Elle s'était, cependant, bien promis la douceur d'assister, modestement endeuillée, cachée parmi la foule, à cette apothéose des roses, des ors et des violets. Elle aurait revu les étonnements admiratifs, qui avaient environné son portrait d'exposition de 1867. Et c'eût été la réparation d'un long oubli.

Il n'en fut rien. Mme de Castiglione n'avait fait qu'entretenir dans son âme ardente des agitations sans suite, dont le seul fruit fut de l'aider à attendre la mort.

Où s'en allèrent l'abondance des belles images et le surcroît des notes éparses, qui, pour une seule fois, rejoignirent les émiettements de ses jours voyageurs ? Presque tout cela — sinon les choses peintes ou dessinées, du moins les choses écrites — était destiné à périr inexorablement dans les flammes de plusieurs auto-da-fé. Les lettres auraient eu pareil sort, si des mains pieuses ne les eussent retenues, malgré qu'elle en eût réclamé la destruction. Il était dit qu'elles devaient nous attendre, venir à nous pour la plus grande partie, et qu'il s'en dégagerait, sous une plume indépendante, des pages de vérité, que n'eût point fait connaître la comtesse de Castiglione avec ses goûts du mystère et de l'histoire arrangée.

Mais, depuis quelque temps, elle avait d'autres soucis en tête. On menaçait d'éparpiller au vent les lambeaux de sa fortune. Ses fermes, ses villas italiennes ne résistaient qu'à grand peine aux procès longs et ruineux. De plus, ses ennuis parisiens s'étaient fort aggravés, en la demeure nouvelle qu'elle habitait.

 

 

 



[1] Mademoiselle la Duchesse (son effigie) n'a pas été jetée en pâture aux académiciens, comme ma statue à moi. Faites donc des cadeaux et donnez des souvenirs ! Si vous écrivez à l'Oncle, dites-lui de me renvoyer l'objet ; on y ajoutera la légende de l'Empire, que j'écrivis, la dictant au duc d'Aumale. Ce sera drôle. (Lettres, CCXLIII.)

[2] Fragment d'une lettre retrouvée par nous, entre les feuillets d'un volume ayant appartenu à Mme de Castiglione et, maintenant, la propriété de M. Gabriel Hanotaux.

[3] Il y en eut des parties exécutées. Que devinrent-elles ? Mme de J***, qui était dans les secrets du laboratoire, écrivait à l'ami commun, quelques années plus tard : Vous rappelez-vous que nous avons été étonnés de l'activité de la comtesse et de Cléry : donc il y a eu du travail de fait. (Correspondance privée, archives de Baromesnil.)

[4] L'avouera-t-on ? L'auteur même aurait rendu les armes sans le secours des yeux juvéniles de son fils Édric, curieux de chercher une âme à travers ces griffonnages, et qui se dévoua.

[5] Ce m'est une réelle peine, écrivait-elle, que vous en employez une autre, pour cette besogne qu'elle ne peut comprendre n'ayant connu ni les princes ni ceux des Tuileries. (Lettres, CCCXXVIII.)

[6] Pour s'y préparer la main, secrètement elle façonnait de menus articles, à l'état d'esquisses, sur les gens pressés, sur les cartes postales, sur les innovations de l'époque trop pratique où le sort la condamnait à vivre :

Je viens de construire deux articles, l'un à propos des gens pressés, l'autre à propos des cartes postales. Ces gens, qui vous coupent les meilleurs entretiens par cette phrase : Je suis pressé ; et les cartes postales, une invention diabolique : je les déleste également. (Lettres, CCCIV.)

[7] Deux tomes, avant qu'on eût composé le tiers d'un chapitre, c'était beaucoup, en vérité, c'était trop. La comtesse, quel que fût le degré de son autolâtrie, s'en rendait parfaitement compte, quand elle écrivait à son généreux biographe, dans l'un de ses accès d'humeur si vite en ébullition :

Comment, vous coupez le livre en deux parties ? On ne lira pas le second volume. Ce maudit livre va tout gâter chez nous. Je suis déjà brouillée avec mes portraitistes. (CCLXXV.)

[8] Pyrrhonien, il l'était foncièrement en pareille affaire. Une dame de ses amies le plaisantait, un soir que la conversation maraudait autour de l'éternel fruit défendu :

Quel est le terrain le mieux gardé et le plus surveillé ? demandait-elle à ce chasseur.

C'est le terrain conjugal.

Quel est le terrain le plus braconné ?

C'est encore le terrain conjugal !

[9] Lettres, DCXXIV.

[10] Éloge badin du duc d'Aumale, qu'elle avait accepté comme un juste tribut à la réalité de son talent.

[11] Il n'est pas discret d'accuser sa mère. (Lettres, CLI.)

[12] Il est étonnant qu'une tête comme la vôtre s'obstine à de pareilles calamités. Arrêtez, malheureux ! ce serait pire que l'orage, ce serait la fin de tout. C'est se f... du monde que de broder de cette façon sur mon pauvre dos de malade, trop vieux pour riposter. (Lettres, CCLVI.)

[13] Tous ces détails provenant d'odieux calomniateurs, ces costumes à nudité étalés dans le monde, cette vie mondaine que je n'ai jamais menée (?) en mon lointain et solitaire Passy, alors complètement désert, ni en la pauvre maison du crime de Dieppe. Ne m'adressez donc plus de vos fausses appréciations sur la vertu ou culpabilité des jaunes mariées, qui, en plus, ne me sauraient toucher en aucune façon, puisque j'étais veuve. En outre, je ne saurais souffrir que quiconque, ami ou ennemi, s'immisçât dans le secret de mes affaires privées, dont j'ai toujours toute seule (elle avait oublié les pensions et dotations) supporté la responsabilité, au milieu de mes soucis, ennuis, privations, entre un mari à entretenir, à la Cour, (elle l'avait ruiné), un fils à la ville ou aux champs, sans l'ombre de ressources familiales ou amoureuses. (Lettres, CCLVII.)

[14] Ma prétendue fortune de famille. Des gens qui m'ont tout mangé ! (Lettres, CCLVII.)

[15] Je crois bien que je m'en irai de ce vilain monde avant vous. Ne me pleurez pas ! Puis, ce sera ma délivrance. En ce cas, léguez mes écrits et mes souvenirs au Colonel, et après lui, au feu : nul intérêt pour personne. (Lettres, DCCXX.) Qu'on était loin des envolées de la première heure, des espérances sans limites fondées sur le merveilleux intérêt de cette histoire de femme !

[16] Vous me ferez perdre l'argent et l'or de leur Exposition de 1900, où le titre : La plus belle femme du siècle était déjà accepté. (Lettres, CCLXXV.)