LA VÉRITÉ SUR LA MORT D’ALEXANDRE

 

par E. Littré

 

 

Des bruits d’empoisonnement coururent, on le sait, après la mort d’Alexandre.

Ceux qui pensaient alors que la mort avait été naturelle, alléguèrent comme une preuve non petite que le corps, étant resté pendant plusieurs jours sans aucun soin, à cause des discordes des généraux, n’avait présenté aucune trace de l’action d’un poison, bien que déposé dans des lieux chauds et étouffants. Ceci témoigne, non qu’Alexandre ne fût pas empoisonné, mais que les historiens qui invoquent de tels arguments sont sous l’influence de ce préjugé qui fit croire longtemps qu’un corps empoisonné cède plus vite à la putréfaction.

Les observations positives n’ont aucunement justifié ces idées préconçues ; la corruption inévitable de tout organisme de qui la vie s’est retirée et qui est livré aux affinités chimiques peut survenir très vite dans des cas où aucun poison n’a été administré, et réciproquement elle peut, suivant les circonstances, tarder beaucoup, même quand un poison a donné la mort.

Au reste, dire que le corps d’Alexandre resta sans se putréfier au sein de la chaleur et de l’humidité, c’est, par un autre côté aussi, obéir à ces chimériques notions qui élevaient hors de l’humanité les grands hommes et voulaient même accorder à leurs dépouilles inanimées une vertu d’incorruptibilité.

Les historiens anciens se sont partagés sur la question de savoir si Alexandre avait été victime d’embûches secrètes.

Quand on vit ce prince conquérant de l’Asie venir expirer à Babylone à moins de trente-trois ans, il n’est pas étonnant que des bruits aient circulé sur une fin si prématurée. Des projets gigantesques occupaient cet esprit actif et ambitieux qui sortait à peine de la jeunesse. Des députations lointaines étaient venues le visiter dans la vieille cité de Bélus ; il se préparait à faire le tour de l’Arabie, et on ne sait vraiment, où il se serait arrêté si tant de puissance n’avait été soudainement arrachée à tant d’activité.

On eut de la peine à penser que le hasard seul de la mort eût choisi cette victime, de qui dépendait un si grand avenir.

D’ailleurs des indices pouvaient conduire dans cette voie.

Durant le cours de ces campagnes qui avaient mené Alexandre jusqu’à l’Indus, bien des haines s’étaient développées dans le cercle ses plus intimes officiers, et, soit qu’il se fût livré trop hâtivement à des soupçons, soit que réellement des complots eussent été tramés contre lui, il avait plusieurs fois sévi.

C’était, pour une raison ou pour une autre, une cour dangereuse, un service, semé d’écueils, et il n’y aurait rien eu d’étonnant à ce que de secrètes vengeances eussent couvé auprès de lui.

Au moment de la catastrophe, un homme surtout se trouvait dans une situation menacée et par conséquent menaçante : c’était Antipater, commandant en Macédoine. Une grande victoire remportée sur les Lacédémoniens, qui avaient fait une diversion dangereuse au moment où Alexandre était au fond de l’Asie, porta très haut sa renommée et sa puissance. On prétendait que ses services avaient attiré sur lui, non la faveur, mais la haine et le soupçon ; de plus, la mère du roi, qui était en querelles continuelles avec Antipater, ne cessa d’exciter l’esprit de son fils contre ce général.

Aussi est-ce lui que la rumeur accusa de la mort d’Alexandre.

A ces présomptions générales, on ajouta des détails plus particuliers.

Sur le moment, dit Plutarque, personne n’eut le soupçon d’un empoisonnement, mais on rapporte que la sixième année, Olympias mit à mort beaucoup de monde et qu’elle fit déterrer les restes d’Iolas, qui avait déjà cessé de vivre, comme étant celui qui avait administré le poison.

Ceux qui disent qu’Aristote conseilla ce crime à Antipater, et que ce fut Antipater qui fit porter le poison, s’appuient d’un certain Agnothémis, qui prétendait le tenir du roi Antigone ; et Antigone, comme on sait, fut un de ces généraux qui se disputèrent et se partagèrent l’empire d’Alexandre.

Il paraît même qu’à Athènes les bruits d’empoisonnement trouvèrent un grand crédit, car au moment où cette ville, après la mort d’Alexandre, essaya de secouer le joug des Macédoniens, couronnant encore par quelques exploits glorieux cette dernière lutte pour sa liberté, Hypéride, un des orateurs qui tenaient avec Démosthène contre le parti macédonien, proposa, dit-on, par un décret que des honneurs fussent rendus à Iolas, qui avait délivré la Grèce de son formidable oppresseur.

Cette croyance à l’empoisonnement pénétra loin dans l’opinion commune. Les livres sibyllins, apocryphes il est vrai, mais anciens présentant comme futur ce qui était passé depuis longtemps, disent que le Mars Pella trouvera, trahi par d’infidèles compagnons, la fin de son destin, et que, revenu de l’Inde, une mort cruelle le frappera dans Babylone, au milieu des festins.

On ne s’arrêta pas là, et on indiqua les moyens à l’aide desquels l’empoisonnement avait été pratiqué. A la vérité, comme on va le voir, nous touchons ici de tous côtés au récit populaire et à la légende.

Il est en Arcadie, près d’un lieu nommé Nonacris, une source très froide que les Arcadiens assurent être l’eau du Styx. Il ne paraît pas que du temps d’Hérodote on eût attribué à cette eau des propriétés vénéneuses, car il en dit seulement que c’est un filet d’eau tombant d’un rocher dans un bassin, lequel est entouré d’un rebord en maçonnerie ; mais plus tard des dires étranges circulèrent sur cette eau mystérieuse : on prétendait que, dépourvue d’odeur et de saveur, elle n’en était pas moins un poison très subtil, exerçant une action coagulante à l’intérieur. Bien plus, elle ne peut être contenue dans aucune espèce de vase ; elle perce le verre, le cristal les métaux, et on n’a trouvé, pour la contenir et la transporter, que le sabot d’un cheval. De telles propriétés visiblement chimériques sont relatées par Vitruve, par Sénèque, par Pline, par Pausanias. C’est cette eau merveilleuse qui fut choisie pour l’empoisonnement d’Alexandre, et l’on comprend maintenant comment Aristote est impliqué là-dedans ; car, pour la légende populaire, il n’y avait que le philosophe — dont le savoir était aussi renommé que les conquêtes de son disciple — qui pût indiquer ce venin subtil et infaillible.

Ainsi préparé, le poison fut apporté par Cassandre, fils d’Antipater, à Philippe et à Iolas ses deux frères, qui étaient échansons du roi ; mais alors, comme leur charge les obligeait de goûter les mets et les breuvages, comment se fit-il qu’ils n’aient pas été eux-mêmes empoisonnés ? Justin, qui croit l’empoisonnement, rapporte qu’on leva ainsi la difficulté. Philippe et Iolas goûtèrent en effet d’abord le breuvage du roi, et ils n’ajoutèrent qu’ensuite le poison qu’ils tenaient dans de l’eau froide c’est, comme il sera dit plus loin, l’artifice dont on se servit pour empoisonner Britannicus[1].

Manifestement, nous n’avons là que des contes sans consistance : mais il se pourrait que, quoique l’imagination populaire eût fait les frais des moyens par lesquels le crime fut commis, l’empoisonnement n’en eût pas moins été réel. Ceux qui y croyaient remarquaient que Cassandre par ses actions mêmes témoigna la haine qu’il portait à Alexandre, et de la sorte se dénonça comme celui qui avait tranché la vie de ce prince ; car plus tard, ayant acquis la souveraine puissance, il se montra animé de sentiments très hostiles pour tout ce qui concernait son ancien souverain, égorgeant Olympias, laissant son corps sans sépulture, et rebâtissant avec ardeur la ville de Thèbes qu’Alexandre avait détruite.

Ces détails prouvent, comme on le sait d’ailleurs par toute l’histoire, de ces temps de trouble, que ce n’étaient pas les scrupules de la morale qui auraient arrêté ces hommes puissants se disputant l’empire. Un empoisonnement et un meurtre ne leur coûtaient pas beaucoup.

Cependant de pareilles présomptions ne suffisent en aucune façon pour assurer qu’Alexandre mourut, non par une maladie, mais par un poison. Aussi plusieurs ajoutent-ils qu’au moment où il sida la coupe présentée par Iolas, il ressentit une douleur aiguë. Soudain, dit Diodore, comme s’il avait reçu quelque coup violent, il gémit et, poussant de grands cris, fut emporté dans les bras de ses amis. Justin ajoute que ses douleurs étaient telles qu’il demandait un glaive pour s’ôter la vie, et, qu’il redoutait le moindre ; attouchement de ceux qui l’entouraient. Toutefois les assertions de Diodore et de Justin ne sont aucunement confirmées par un récit officiel que nous avons de la maladie d’Alexandre.

 Alexandre avait deux historiographes, Eumène de Cardia et Diodote d’Érythrée, qui consignaient jour par jour les événements. Ce recueil fut publié ; il était connu dans l’antiquité sous le titre d’Éphémérides royales. Des détails peu importants s’y trouvaient, comme le reste ; ainsi nous apprenons dans ces Éphémérides qu’il arriva plus d’une fois au roi de Macédoine, après s’être enivré, de dormir deux jours et deux nuits de suite. Sa dernière maladie y a figuré, et des extraits concordants ont été conservés par Arrien et par Plutarque. Voici ce qu’ils disaient :

Alexandre but chez Médius, où il joua, puis il se leva de table, prit un bain et dormit ; ensuite il fit le repas du soir chez Médius, et il but de nouveau très avant dans la nuit. C’était le 17 du mois de dæsius.

Étant sorti de là (c’était le 18), il prit un bain ; après le bain, il mangea un peu et dormit dans le lieu même, parce qu’il avait déjà la fièvre. Il se fit transporter sur un lit pour faire le sacrifice et sacrifia chaque jour suivant les rites. Après le sacrifice, il resta couché dans l’appartement des hommes jusqu’à la nuit. Là, il donna des ordres aux officiers pour l’expédition par terre et par la navigation ; il enjoignit à ceux qui devaient aller par terre de se tenir prêts pour le quatrième jour, à ceux qui se devaient embarquer lui de se tenir prêts pour le cinquième. De là, il se fit transporter sur un lit jusqu’au fleuve, s’embarqua sur un bateau et se rendit dans le jardin royal, situé sur l’autre rive. Là, il prit de nouveau un bain et il se reposa.

Le lendemain, il prit de nouveau un bain et fit le sacrifice ordonné. Étant allé dans sa chambre, il y resta couché et joua toute la journée aux dés avec Médius. Il commanda aux officiers de venir le trouver le lendemain matin de très bonne heure, puis le soir il prit un bain, fit le sacrifice aux dieux, mangea quelque peu, se fit reporter dans sa chambre ; et déjà il eut la fièvre toute la nuit sans interruption.

Le jour suivant, il prit un bain, et après ce bain il fit le sacrifice. Couché dans la salle de bains, il passa le temps avec les officiers de Néarque, écoutant ce qu’ils disaient de la navigation et de la grande mer.

Le jour suivant, il prit un nouveau bain, il fit les sacrifices ordonnés. Il ne cessa plus d’avoir la fièvre, et la chaleur fébrile fut plus grande. Cependant il fit venir les officiers, et leur recommanda de se tenir tout prêts pour le départ de l’expédition par eau. Il prit un bain sur le soir, et après le bain son état se trouva déjà fâcheux ; la nuit fut pénible.

Le jour suivant, il fut transporté dans la maison située près du grand bassin ; il fit, il est vrai, le sacrifice ordinaire, mais il avait beaucoup de fièvre. Il resta couché ; néanmoins, avec ses généraux, il parla des corps qui étaient privés de chefs, et leur recommanda d’y pourvoir.

Le jour suivant, il fut porté avec peine au lieu du sacrifice, qu’il fit cependant ; il ne donna plus aucun ordre à ses généraux sur la navigation.

Le jour suivant, ayant beaucoup de fièvre, il se leva pour le sacrifice, qu’il fit. Il ordonna aux principaux de ses généraux de passer la nuit dans la cour, aux officiers inférieurs dé la passer dehors, devant les portes.

Le jour suivant, il fut transporté du jardin royal dans le palais ; il dormit un peu, mais la fièvre n’eut pas de relâche. Les généraux étant entrés, il les reconnut, mais ne leur parla plus ; il avait perdu la parole, et il eut une fièvre violente la nuit.

Le jour suivant et la nuit, grande fièvre. Les Macédoniens le crurent mort, ils vinrent, en poussant de grands cris, jusqu’aux portes, et par leurs menaces ils forcèrent les hétères[2] de les leur ouvrir. Les portes ayant été ouvertes, ils passèrent tous en simple tunique devant le lit.

Le jour suivant ; même état, et le lendemain le roi mourut vers le soir.

Voilà le récit authentique. Est-il possible de l’interpréter médicalement ? D’abord remarquons que, dans tout le cours de ce récit, il n’est question que de l’état fébrile du roi, et qu’on ne mentionne aucun autre symptôme que de la fièvre. On ne parle ni de douleur en un point du corps, ni de gêne de la respiration, ni de toux, ni de rien, en un mot, qui puisse indiquer une inflammation locale.

C’est donc une fièvre qu’eut Alexandre.

Il y a dans la description que nous venons de citer assez de traits conservés pour qu’on puisse diagnostiquer, même rétrospectivement, quelle fut la maladie qui emporta le roi.

Ce qui est caractéristique ce sont les apyrexies[3] du commencement. Une fièvre qui dure onze jours, qui offre à son début des intermissions et qui finit par devenir continue, est une de ces fièvres, qui sont communes dans les pays chauds, et que plusieurs médecins de l’Algérie ont désignées sous le nom de pseudo continues.

Deus médecins ont déjà essayé de déterminer la maladie d’Alexandre ; mais, s’appuyant sur un passage mal interprété de Justin, ils crurent que la maladie du roi n’avait duré que six jours, et d’ailleurs ils ne se rendirent pas un compte exact de la série des jours dans les Éphémérides royales ; toutefois ce caractère intermittent les avait frappés.

Ainsi Alexandre est mort d’une de ces fièvres qui sont si communes en Algérie, en Grèce, dans l’Inde,et qui certainement règnent encore sur le bord de l’Euphrate.

Dès lors, la question d’empoisonnement se trouve résolue ; puisqu’il est établi que son affection fut une fièvre, il est établi par cela même que le poison et encore moins l’eau du Styx n’y furent pour rien.

Éphippus, dans son livre sur la Sépulture d’Alexandre et d’Éphestion, avait attribué la mort d’Alexandre à des excès de boisson. Protéas le Macédonien, dit-il, était très grand buveur, jouissant néanmoins d’une bonne santé, car il était habitué. Alexandre, ayant demandé une large coupe, la vida avant Protéas. Celui-ci la prit, donna de grandes louanges au roi, et à son tour but la coupe de manière à s’attirer les applaudissements de tous les convives. Peu après, Protéas, ayant demandé la même coupe, la vida de nouveau. Alexandre lui fit raison avec courage ; mais il ne put supporter cet excès de boisson ; il se laissa tomber sur son oreiller, et la coupe lui échappa des mains. Ce fut là que commença la maladie dont il mourut, maladie infligée par la colère de Bacchus, à cause qu’il avait, pris la ville de Thèbes, patrie de ce dieu.

On déchargera Bacchus de toute intervention dans la maladie du prince. A la vérité, des excès de vin peuvent, débilitant l’économie, la rendre plus accessible aux influences morbifiques ; mais Alexandre était dans un lieu où les causes qui produisent les fièvres intermittentes et rémittentes sont très puissantes ; il venait de faire avec quelques vaisseaux une promenade dans les marais que forme l’Euphrate au-dessous de Babylone, et c’était là un ennemi dangereux contre lequel ne pouvaient rien son invincible phalange et ses victoires, mais duquel un médecin habile et, actif l’aurait peut-être préservé.

Que fit-on pour combattre la maladie ? Les Éphémérides royales, au moins dans les extraits qui nous ont été conservés par Arrien et Plutarque, omettent toute mention des médecins et des secours médicaux ; elles ne parlent que des sacrifices qu’Alexandre fit régulièrement et des bains qu’il prit avec non moins de régularité tant que ses forces le lui permirent.

Les sacrifices lui avaient été prescrits pour détourner la colère des dieux. Les cérémonies religieuses exercent une influence morale qui dans certains cas peut être salutaire ; mais beaucoup de maladies, et, entre autres les fièvres dont, il s’agit ici, ne sont pas susceptibles d’être modifiées par ce genre d’action. Il ne resta donc des sacrifices auxquels Alexandre se soumit que la fatigue corporelle qu’ils lui imposèrent. Or toute fatigue, tout mouvement, tout effort tendent à aggraver le mal ; le repos et la tranquillité sont recommandés expressément, comme une condition de succès, par les médecins qui ont écrit sur ces fièvres. Alexandre sacrifia le premier jour de sa maladie, il sacrifia encore le second, le troisième ; le quatrième, quoiqu’il fût déjà dans un état fâcheux ; le cinquième, il fut porté avec peine au lieu du sacrifice ; le sixième, il accomplit encore la cérémonie malgré le mal qui l’accablait, et ce ne fut qu’après avoir persévéré jusqu’à l’extrême limite de ses forces qu’il cessa les sacrifices ordonnés. On peut prononcer avec certitude que dans l’état fébrile où il se trouvait, il ne se livra pas impunément à ces dérangements et à ces efforts quotidiens, et que le danger qu’il courait déjà par l’effet seul de la maladie fut encore accru par les pratiques qui lui étaient imposées.

Il ne faut pas porter un jugement plus favorable des bains qu’il prit avec constance pendant les six premiers jours de sa maladie ; les bains ne font pas partie du traitement dont les médecins modernes usent dans les fièvres dont nous parlons, et on peut dire que les médecins anciens ne les employaient pas non plus dans des cas semblables ; du moins Hippocrate ne veut pas qu’on v ait recours dans .ces fièvres graves.

Diodore de Sicile est le seul qui parle de l’intervention des médecins ; il se contente de dire qu’ils furent appelés et ne purent être d’aucun secours au roi. Nous ne savons pas quels moyens ils employèrent ; mais il est certain que le genre de vie suivi par Alexandre dans sa dernière maladie tendit à multiplier les chances mauvaises et à rendre plus immanquable la terminaison funeste.

Une maladie aiguë est toujours un grand péril à traverser ; il faut que le malade n’empire pas sa condition par des fautes ; il faut que le médecin use habilement des opportunités qui se présentent et des ressources que l’art lui fournit. Un bon médecin anglais ou français, habitué à traiter les maladies des pays chauds, aurait employé les émissions sanguines au début, si l’état général et local l’avait exigé ; puis il aurait eu secours aux évacuants et au sulfate de quinine, et il aurait eu beaucoup de chances pour guérir son malade ; — un bon médecin des temps hippocratiques aurait employé le même traitement, sauf le sulfate de quinine, et aurait été secourable encore, quoique notablement moins que le médecin moderne. Mais le roi de Macédoine, dirigé uniquement par des conseils superstitieux dans cet extrême péril, succomba malgré sa jeunesse et sa vigueur.

Les soupçons au sujet de la mort d’Alexandre, soupçons d’ailleurs démontrés faux par la pathologie, ne sortirent jamais du cercle des rumeurs et ne donnèrent lieu à aucune recherche.

 

 

 

 



[1] Les Romains avaient l’habitude de boire de temps en temps des verres d’eau chaude .... Apporter cette eau au point juste de chaleur qui plaisait était une grande affaire pour les serviteurs .... Ce fut à l'aide de cet usage qu'on empoisonna Britannicus sans empoisonner le dégustateur .... Un serviteur qui apporte l'eau beaucoup trop chaude, il la repousse ; on y verse de l'eau froide, mais de l'eau froide empoisonnée, et à peine a-t-il bu qu'il perd la voix et la respiration. Littré, la Science des poisons considérée dans l'histoire, n° du 15 novembre 1853 de la Revue des Deux-Mondes, p. 682.

[2] Familiers.

[3] Intervalles de la série d’affectations de la fièvre intermittente.